7 J. Bot. Soc. Bot. France 76, 7‑29 (2016)
Un site majeur pour la conservation des bryophytes : les gorges de la Rhue (Cantal, France)
par Vincent Hugonnot1, Thomas Darnis2, Jaoua Celle1
1 Conservatoire Botanique National du Massif Central, Le bourg, F‑43230 Chavaniac‑Lafayette
2 Office National des Forêts, Agence Montagnes d’Auvergne, 12 allée des Eaux et Forêts, BP 107, F‑63370 Lempdes
Introduction
La vallée de la Rhue est située dans le département du Cantal (Auvergne). L’ensemble de la vallée est essentiellement forestier et bien connu pour recéler d’importantes surfaces (plus de 2000 ha) de forêts anciennes (Barnouin et al., 2013). Les habitats naturels y sont particulièrement diversifiés. Une partie de ces versants boisés (1 024 ha) est incrite dans le réseau européen Natura 2000 (site «Gorges de la Rhue FR830‑1068). Le site Natura 2000 et sa proximité immédiate sont aujourd’hui identifiés comme un hot‑spot de biodiversité, avec une concentration exceptionnelle d’espèces dans des groupes aussi variés que les Coléoptères saproxyliques, les chauves‑souris ou les champignons (Barnouin et al., 2013). Du côté des bryophytes, Héribaud (1899) signalait la présence de «Plagiochila spinulosa » et «Hedwigia imberbis » et remarquait la grande richesse «en espèces à tendances occidentales » comme les espèces du genre Campylopus.
Plus récemment, De Zuttere (1991a, b, 1992, 1993 a, b), a mentionné l’existence de plusieurs taxons remarquables, notamment le rarissime Harpanthus scutatus. Ces divers taxons témoignent de conditions écologiques particulières qui sont généralement propices au développement de