ETUDES et DOSSIERS
L'ŒUVRE DE E. POILANE EN INDOCHINE DE 1918 A 1942
Par Auguste CHEVALIER.
Il est fort heureux qu'au moment où disparaissait, vers 1920 à la suite d'un accident de voiture, Miéville, un autre spécialiste de l'arboriculture fruitière indochinoise, E. Poilane (1), déjà entraîné à la prospection botanique de la colonie, se soit trouvé juste à point pour poursuivre la tâche commencée.
Ce sera une des fiertés de ma vie d'avoir découvert un jour, en Indochine, ce chercheur intrépide et d'en avoir fait mon disciple.
Dans le courant de 1918, peu de temps avant le départ de F. Fleury, mon fidèle et dévoué collaborateur dans la prospection botanique des forêts d'Afrique tropicale et d'Indochine, qui devait hélas ! succomber à l'entrée de la Mer Rouge en rentrant en France, je fus abordé un jour, dans le Jardin botanique de Saigon, par Poilane. Soldat sans aucune instruction, il s'intéressait à l'élevarc
(1) Poilane (Eugène), né à Saint-Sauveur-de-Landemont, canton de Chan- teceaux (Maine-et-Loire), le 16 mars 1888 ; fils d'humbles paysans, il perdit j\i mère de bonne heure et il ne put aller à l'école de son village que jusqu'à l'â^'e de dix ou douze ans ; il faisait du reste souvent, comme il le dit lui-même, l'école buissonnière. Dès l'âge de huit ans, il passait une partie de la journée à garder les vaches, puis bientôt il accompagna son père dans les champs pour les gros travaux ; enfin vers la quinzième année on le plaça comme domestique dans une ferme. A l'âge de 18 ans, il s'engagea dans l'Artillerie coloniale à Toulon. De là il fut envoyé comme ouvrier d'artillerie en Cochin- chine en 1909. Il devait y rester une quinzaine d'années sans rentrer en France. Lorsque survint la guerre de 1914-1918, il demanda à partir pour le front mais on lui refusa cette faveur. Je le vis pour la première fois à Saigon, au Jardin botanique, quelques semaines avant l'armistice. C'était un simple caporal employé à l'Arsenal de la Marine. Mon ami, l'Ingénieur en chef des constructions navales M. Bertrand qui étudiait alors avec moi les bois de la colonie pour en rechercher les emplois, voulut bien le mettre à ma disposition. Il resta militaire jusqu'en 1923 et fut enfin nommé maréchal des logis avant sa mise à la retraite. Sa carrière de botaniste-prospecteur commença donc avec moi dès 1919. (D'après une autobiographie manuscrite communiquée par M. Poi-
I.ANE.)
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JOURNAL D'AGRICULTURE TROPICALE ET DE BOTANIQUE APPLIQUÉE, T. I, N° 10-12, OCT.-DÉC. 195 1
