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Pascale Arbillot prend le pouvoir

Pascale Arbillot prend le pouvoir
Pascale Arbillot prend le pouvoir © François Berthier/Paris Match
Karelle Fitoussi

Déjà à l'affiche de « Mon cousin » et des « Apparences », l’actrice impressionne et émeut dans « Miss » en néo-Mme de Fontenay aussi froide que solaire.

Dans « Miss », elle incarne l’élégance et la rigueur glacée, croisement non identifié entre Sylvie Tellier et Mme de Fontenay dissimulant des montagnes de failles derrière son Brushing impeccable et sa cape d’impitoyable superwoman. A la ville, elle est l’opposé : nature et sans filtre, à livre ouvert, rêvant de cinéma social anglais – Ken Loach et Mike Leigh – tout en baladant depuis une vingtaine d’années sa blondeur hitchcockienne dans des comédies populaires pour CSP+ (Jaoui, Attal, Canet).

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Loin de regretter la contradiction, Pascale Arbillot en a pris son parti. « Dans ce métier, on dit toujours : “Il ne faut pas jouer dans des comédies si on veut avoir de beaux rôles”. Eh bien moi j’ai envie de faire les rôles qu’on ne doit pas faire. Les seconds rôles, c’est ma liberté ! Ça me fait des vacances. C’est une façon de m’affranchir du jugement des autres, moi qui paradoxalement en ai tellement peur. »
Très tôt, celle qui est tombée dans le cinéma au hasard d’un cours de théâtre suivi sur le tard a appris l’art du grand écart. « Je me suis toujours sentie décalée. A la maison, ma mère était de droite giscardienne libérale – aujourd’hui, on dirait macroniste – et mon père ancien trotskiste, militant PS, tous les deux hyper politisés. Quand les cloches de l’église d’à côté sonnaient, mon père mettait “L’internationale” à fond. J’ai très tôt vécu la dichotomie entre ce qui se passe dans l’intimité du foyer et ce qui se passe dehors. La comédie humaine de la vie. »

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Je me suis longtemps sentie illégitime parce que je n'ai pas fait le Conservatoire

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Les stéréotypes, les étiquettes à décoller, les normes étouffantes à détourner, c’est justement le sujet de « Miss », comédie réussie et fable sur la puissance de la différence à l’ère de l’uniformisation et de la frilosité généralisées. « L’univers de Miss n’est pas mon idéal pour les femmes, mais c’est comme le service militaire pour les hommes ; certaines femmes sont sorties de leur condition grâce à ça, analyse-t-elle. Et puis l’enjeu de la beauté supposerait que celles qui se montrent belles se trouvent belles, or c’est souvent beaucoup plus complexe que ça : on cherche une approbation dans le regard de l’autre. Moi je me suis longtemps sentie illégitime parce que je n’ai pas fait le Conservatoire, donc je n’ai pas le tampon “validé” alors que je bosse dans ce métier depuis vingt ans. J’ai l’impression que je commence seulement maintenant. C’est fou ! »

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J'ai d'abord eu très peur de faire "Miss" car je redoutais les clichés

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Femme de vieux beau greffée à ses chihuahuas dans « Guy », mariée à un Magimel gay placardisé dans « Les petits mouchoirs », grande bourgeoise tout récemment dans « Les apparences », éditrice, violoniste, à chaque fois l’ex-diplomée de Sciences po apporte humanité et failles à des archétypes qui pourraient être des lieux communs. « Il y a encore beaucoup de comédies en France où les femmes ont des rôles d’appoint, un peu sous-écrits, admet-elle. J’ai d’abord eu très peur de faire “Miss” car je redoutais les clichés. En même temps, dans la vie aussi on nous assigne souvent un rôle. C’est pour ça que je n’appartiens à aucune bande. Quand il y a plein de monde, j’ai l’impression qu’on a tous une étiquette et qu’on ne peut pas en bouger. Moi, ça me donne de l’espoir sur la nature humaine que chacun ait sa chance malgré le conditionnement social et le communautarisme. »

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Elle aimerait devenir la « productrice d’elle-même », s’écrire de beaux rôles, apprendre à dire enfin « moi je ». En attendant, celle qui se définit comme lente enchaîne les projets. Cinq films sortis cette année (« Balle perdue » sur Netflix, « Les apparences », « Mon cousin », et bientôt « Irréductible »), un autre annoncé pour janvier (« Haute couture » aux côtés de Nathalie Baye) et bientôt « Présidents » dont elle vient de débuter le tournage post-confinement avec Jean Dujardin-Sarkozy et Grégory Gadebois-Hollande. 2020, l’année du changement ? 

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