07.00

Pourvu que les acteurs n'aient pas raté leur train, qu'il n'y ait pas de grève, qu'il fasse beau... Chaque matin, je me réveille avec la boule au ventre ! Il y a mille choses à penser pour l'organisation de la journée. Alors je m'installe au café, je lis la presse et scrute les éventuelles critiques : des gens qui n'ont pas pu voir un film car il y avait trop de monde, un acteur qui n'a pas passé assez de temps avec le public... Je suis très attentif à ces remarques car, avec Marie-France [Brière, ndlr], nous avons voulu créer un festival où il y a un vrai rapprochement entre les artistes et la population. Nous organisons même une projection en prison en présence du réalisateur. C'est émouvant car, au début, ils n'étaient qu'une dizaine de prisonniers à oser venir, ils sont maintenant une centaine. Et nous avons même réussi à obtenir que femmes et hommes soient réunis pour cette occasion.

10.00

Première projo des films en sélection officielle. C'est moi qui les présente tous. J'aime ce contact avec le public, les gens que je recroise d'année en année et qui viennent me faire des commentaires sur le film de la veille. Pour cette édition, on rouvre, le temps du festival, un cinéma mythique d'Angoulême : L'Éperon. Ça me ravit à l'heure où les petites salles ferment. Et puis c'est là où les habitants de la ville ont tous le souvenir de leur premier esquimau ou de leur premier baiser !

13.00

Je passe d'un restaurant à l'autre, d'une table à l'autre, pour aller papoter avec telle ou telle équipe ou le jury. Cette année, j'ai choisi Karin Viard comme présidente. Nathalie Baye, Sandrine Bonnaire, Catherine Frot... sur onze éditions, neuf femmes présidentes. J'ai toujours pensé qu'une femme ferait une excellente présidente de la République. Comme ce n'est pas près d'arriver, à défaut, je les mets à la présidence de mon jury ! Pour le choix des jurés, je fais des propositions, mais je ne force jamais. L'idée, c'est de créer une harmonie et des rencontres. La plus belle que j'ai orchestrée reste celle de Roman Polanski et Emmanuelle Seigner. D'ailleurs, j'aurais pu tout à fait être une Madame Desachy bis !

15.00

Je fais venir des personnalités d'univers différents. Cette année, Hervé Vilard, dont le dernier concert à L'Olympia était formidable. J'aime rencontrer d'autres métiers, d'autres vies. Je peux rester des heures sur une terrasse à regarder et à écouter les gens. De la même manière, j'adore les biographies de gens célèbres ou tombés dans l'oubli, comprendre à quel moment ça n'a plus marché.

20.00

Comme je connais le background de tout le monde, c'est moi qui place. Pas question de mettre côte à côte des gens qui ne s'apprécient guère...

23.00

Direction Les Chais pour un dernier verre. L'ambiance est vraiment particulière. Tout le monde - les artistes et les spectateurs - se parle et s'amuse. La première année du festival, Jean Dujardiny était resté jusqu'au petit matin, avant de se faire raccompagner à son hôtel par les agents de nettoyage de la ville ! Ici, les nuits sont courtes !