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collection Expertise collégiale

Expertise réalisée par l’IRD


à la demande de la Délégation
à la Recherche du Gouvernement
de Polynésie française

Version bilingue

Substances naturelles
en Polynésie française
Natural substances in French Polynesia
Coordination scientifique
JEAN GUEZENNEC, CHRISTIAN MORETTI, JEAN-CHRISTOPHE SIMON

Institut de recherche
pour le développement
Substances naturelles
en Polynésie française
STRATÉGIES DE VALORISATION
Substances naturelles
en Polynésie française
STRATÉGIES DE VALORISATION
Coordination scientifique
Jean GUÉZENNEC, Christian MORETTI, Jean-Christophe SIMON
Rapporteur
Marie-Luce HAZEBROUCQ

La première partie (synthèse et recommandations) du rapport


est présentée successivement en français et en anglais sur support papier.
La seconde partie (analytique) est présentée sur le CD-Rom joint.

IRD Éditions
INSTITUT DE RECHERCHE POUR LE DÉVELOPPEMENT
collection Expertise collégiale
Paris, 2006
Relecture scientifique
Solange Lavielle (Université Pierre et Marie Curie)
Michel Trometter (Inra)

Préparation éditoriale
Yolande Cavallazzi

Mise en pages
Bill Production

Maquette couverture et intérieur


Pierre Lopez

Traduction en anglais
Harriet Coleman

Coordination
Michèle Bouchez, Anne Glanard
Département Expertise et Valorisation, IRD

Suivi de fabrication
Elisabeth Lorne

Cette expertise collégiale a été réalisée à la demande


de la Délégation à la recherche du gouvernement de la Polynésie française.

La loi du 1er juillet 1992 (code de la propriété intellectuelle, première partie) n’autori-
sant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les « copies ou
reproductions strictement réservées à l’usage du copiste et non destinées à une utilisation
collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans le but d’exemple
ou d’illustration, " toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le
consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite " (alinéa 1er de
l’article L. 122-4).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait
donc une contrefaçon passible des peines prévues au titre III de la loi précitée.

© IRD, 2006
ISSN 1633-9924 / ISBN : 2-7099-1587-1
Composition du collège d’experts

COORDINATION SCIENTIFIQUE
Jean GUÉZENNEC (Ifremer)
Christian MORETTI (IRD)
Jean-Christophe SIMON (IRD)

RAPPORTEUR
Marie-Luce HAZEBROUCQ (IRD)

MEMBRES
Cécile DÉBITUS (IRD)
Yves BARBIN (Pierre-Fabre Médicament)
Valérie BOISVERT (IRD)
Pierre CABALION (IRD)
Frédéric DEMARNE (Gattefossé Holding)
Jacques FLORENCE (IRD)
Isabelle FOURASTÉ (Université Paul-Sabatier)
Christine NOIVILLE (CNRS)
Bernard WENIGER (CNRS)

AVEC LA CONTRIBUTION DE
Hinano BAGNIS
Solenne DE GROMARD

Les nombreuses références qui viennent à l’appui des analyses présen-


tées dans la synthèse sont insérées dans les chapitres analytiques de l’ex-
pertise collégiale sur le CD-Rom.
Table des matières
Abréviations 11
Objectifs et méthodes de l’Expertise collégiale en général
Mise en œuvre de l’expertise « Substances naturelles en Polynésie française » en particulier 13
Introduction 19
Aux origines de l’expertise collégiale :
une question et un contexte en rapide évolution 19
Le questionnement soumis aux experts 20
Champ et obligations de l’expertise collégiale 21
Caractéristiques de cette expertise collégiale 22
■ Première partie
Synthèse et recommandations
Les substances naturelles en Polynésie française : état des lieux 27
Données générales 27
Le territoire et ses ressources 27
Le panorama économique 29
L’environnement des activités économiques :
quels atouts pour l’innovation ? 30
État actuel de la valorisation économique
des substances naturelles en Polynésie française 34
L’exploitation du milieu marin 34
L’exploitation de la matière première végétale terrestre 37
Le capital biodiversité de la Polynésie française 46
Les ressources végétales terrestres 46
Démarche et méthode de l’expertise collégiale 46
Les ressources marines 50
Généralités 50
Les différentes formes de la ressource 51
Domaines de valorisation 53
Quelles stratégies de valorisation ? 54
8 Substances naturelles en Polynésie française

Éléments pour une stratégie de valorisation des substances naturelles 56


Approche juridique 57
La CDB et le nouveau statut juridique de la biodiversité 57
La Polynésie française et la nouvelle donne juridique 58
Le dispositif juridique de base : institution du principe d’APA 61
Approche technique et économique 66
Pour des filières viables : les conditions de base 67
Principes et modalités de protection des produits 75
Les opportunités de valorisation à court terme 81
Les perspectives de valorisation 86
L’exemple des substances naturelles marines 86
Bioprospection et collections :
pour la constitution d’un pôle technologique en Polynésie française 88
Droits des populations locales et intérêts collectifs 93
De quels intérêts collectifs parle-t-on ? 93
La Polynésie, un cas « à part » ? 95
Conclusions et recommandations 96
Quel est l’intérêt potentiel et comparatif
de la biodiversité de la Polynésie française ? 96
Substances naturelles exploitées, substances naturelles exploitables 97
Grandes tendances de l’évolution des marchés et de la réglementation
et orientations de recherche-développement par secteurs de valorisation 98

Annexes
Annexe 1 – Fiches des espèces végétales du groupe 1 103
Callophyllum inophyllum L. (CLUSIACEAE) 103
Gardenia taitensis DC. (RUBIACEAE) 111
Ilex anomala Hook. & Arnott (AQUIFOLIACEAE) 113
Morinda citrifolia L. (RUBIACEAE) 116
Piper methysticum G. Forst. (PIPERACEAE) 125
Table des matières 9

Santalum insulare DC. var. insulare (Tahiti) Santalum insulare var. marchionense
(Skottsb.) Skottsb. (Marquises) Santalum insulare var. margaretae (F. Br.) Skottsb.
(Rapa) Santalum insulare var. raiateense (J. W. Moore) Fosberg & Sachet (Raiatea,
Moorea) Santalum insulare var. raivavense F. Br. (Raivavae, Australes) 130
Tephrosia purpurea (L.) Pers. var. piscatoria (Ait.) Fosberg (FABACEAE) 136
Vanilla tahitensis J. W. Moore (ORCHIDACEAE) 140
Annexe 2 – Sur le secteur cosmétologie 142
Aperçu d’ensemble 142
De la difficulté de se prononcer sur l’intérêt en cosmétique
des plantes retenues : réflexions d’un expert versées au débat 144
Annexe 3 – Le cahier des charges de l’expertise collégiale 147
Les substances naturelles en Polynésie Française :
un secteur prometteur mais actuellement encore très fragile 147
Les objectifs de l’expertise 147
Questions posées aux études préalables ou d’accompagnement –
« fiches substances » et « analyse des potentialités économiques
et techniques locales » 149
Les questions posées au collège d’experts 150
Annexe 4 – Présentation du collège d’experts 153
Annexe 5 – Comité de suivi 156
Table des tableaux 157

■ Seconde partie
Chapitres analytiques (CD-ROM)

1 – Les ressources végétales polynésiennes


CHRISTIAN MORETTI, JACQUES FLORENCE CD-ROM
2 – Les ressources marines de la Polynésie française :
applications en matière de biotechnologie
JEAN GUÉZENNEC, CÉCILE DÉBITUS CD-ROM
10 Substances naturelles en Polynésie française

3 – Recherche d’indices dans la littérature spécialisée,


en vue de valoriser la biodiversité polynésienne
PIERRE CABALION CD-ROM
4 – Potentialités de la recherche innovante en chimie-biologie
des substances naturelles
BERNARD WENIGER CD-ROM
5 – Le contexte de la valorisation des substances naturelles :
dimensions économiques, sociales et institutionnelles
JEAN-CHRISTOPHE SIMON CD-ROM
6 – Développement des filières de production adaptées
aux substances naturelles en Polynésie française
YVES BARBIN CD-ROM
7 – Règlement des produits à base de plantes
ISABELLE FOURASTÉ CD-ROM
8 – Étude économique : modes de valorisation et de protection
des substances naturelles
VALÉRIE BOISVERT CD-ROM
9 – Aspect juridique : droits d’accès aux ressources biologiques
et partage des avantages
CHRISTINE NOIVILLE CD-ROM
Fiches végétales groupes 1, 2, 3
Abréviations

ADN Acide désoxyribonucléique


Adpic Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au
commerce, en anglais TRIPS
Afssa Agence française de sécurité sanitaire des aliments
AMM Autorisation de mise sur le marché
AOC Appellation d’origine contrôlée
APA Accès (aux ressources génétiques) et partage des avantages
APCC Accord préalable en connaissance de cause
ATM Accord de transfert de matériel
Cairap Centre d’analyses industrielles et de recherche appliquée pour
le Pacifique
CDB Convention sur la diversité biologique
Cirad Centre de coopération internationale en recherche agronomique
pour le développement
CNRS Centre national de la recherche scientifique
CPS Communauté du Pacifique Sud
DRRT Délégation régionale à la recherche et à la technologie
Epic Établissement public à caractère industriel et commercial
Gepsun Plate-forme technologique « Génie des Procédés – substances
naturelles »
GIE Groupement d’intérêt économique
Ifremer Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer
IG Indication géographique
ILM Institut Louis-Malardé
Iteipmai Institut technique interprofessionnel des plantes à parfums,
aromatiques et médicinales
Inra Institut national de la recherche agronomique
IUCN International Union for Conservation of Nature and Natural
Resources
METUA Multimedia Environment based on Technologies for a Universal
Access
Ompi Organisation mondiale de la propriété intellectuelle
Onippam Office national interprofessionnel des plantes à parfums, aroma-
tiques et médicinales
R&D Recherche et développement
UPF Université de Polynésie française
Objectifs et méthodes
de l’Expertise collégiale en général
Mise en œuvre de l’expertise « Substances naturelles
en Polynésie française » en particulier

Cet ouvrage, le sixième publié dans la collection « Expertise collégiale »


de l’IRD, répond aux mêmes objectifs généraux que ceux qui l’ont précédé
et a été réalisé selon la même méthode, dont on rappellera brièvement ici
les lignes générales.
Les expertises collégiales sont engagées par l’Institut de recherche pour
le développement « sur commande », pour éclairer la décision politique et
le débat public sur des enjeux de société : mettre la recherche et les connais-
sances des chercheurs à la disposition de la collectivité fait en effet partie des
missions des établissements publics de recherche.
Cependant, il n’entre pas dans la fonction d’un établissement scienti-
fique d’élaborer des « projets d’action » pour les pouvoirs publics : les choix
d’action sont éminemment politiques et ils font appel à d’autres données,
extérieures au monde scientifique. En mettant au point la méthode des
Expertises collégiales, l’IRD entend, plus modestement, contribuer à rassem-
bler sur un sujet donné les connaissances disponibles dans la littérature spé-
cialisée, pour en dégager la portée dans le cas spécifié, mettre en évidence
les conclusions fermes sur lesquelles s’accordent les scientifiques, identifier
les points encore controversés et désigner les domaines sur lesquels les tra-
vaux disponibles sont insuffisants pour qu’on en tire quelque conclusion pra-
tique que ce soit.
Pour réaliser une expertise utile et fiable, trois réalités sont à prendre en
compte :
■ Le temps de la décision n’est pas celui de la recherche : il est souvent
beaucoup plus court ; les citoyens ont besoin que des mesures soient prises
14 Substances naturelles en Polynésie française

rapidement, parfois en urgence. L’expertise collégiale vise donc à faire le point


sur les connaissances existantes dans la littérature internationale : elle ne com-
porte en principe ni collecte de données, ni exploitations complexes nouvelles.
■ La question posée concerne rarement une discipline unique : toutes les
facettes du problème posé doivent être éclairées à la lumière de la littérature
la plus récente. C’est pourquoi l’expertise mobilise un collège très interdisci-
plinaire d’une dizaine d’experts. Les conclusions d’ensemble sont débattues et
assumées collectivement, en toute responsabilité. Le Département Expertise
et Valorisation de l’IRD fait assurer une relecture du rapport par des person-
nalités qualifiées, extérieures au groupe d’auteurs, pour vérifier la complétude
de l’exposé, sa clarté et sa conformité à la littérature internationale. Le groupe
d’experts reste maître de ses conclusions.
■ Le décideur et le citoyen maîtrisent rarement le vocabulaire des diffé-
rentes disciplines scientifiques ; pourtant, le débat public nécessite qu’ils
aient un accès direct aux raisonnements et aux conclusions des scientifiques-
experts. Ceux-ci doivent donc se plier à un double exercice : d’une part, pré-
senter leurs analyses dans leur langage de spécialistes, afin d’assurer la « tra-
çabilité » de leurs raisonnements ; d’autre part, élaborer une synthèse simple
et assez concise, accessible aux non-spécialistes.
L’agenda des expertises, ainsi que la forme des publications, sont fixés en
fonction de ces réalités. De leur prise en compte procède notamment la
démarche originale caractéristique des phases initiale et finale de l’expertise :
■ Avant même la constitution du groupe d’experts, les questions à poser
à ces derniers sont élaborées d’un commun accord au cours d’un « atelier
initial » entre scientifiques et institutions commanditaires (qui souhaitent en
général s’entourer d’acteurs-partenaires directement intéressés). Il faut, en
effet, s’entendre précisément sur les attentes réciproques. D’une part, cer-
taines questions, cruciales pour la décision, ne relèvent pas d’une approche
scientifique : il convient donc de les écarter. D’autre part, pour bien cibler
leurs conclusions, les scientifiques ont besoin d’une bonne connaissance du
contexte dans lequel des décisions doivent être prises. Il n’est pas exclu qu’ils
prennent connaissance du terrain, si nécessaire.
■ Après rassemblement des données et analyses apportées par chaque
scientifique-expert dans son champ de compétence, c’est la confrontation
des connaissances et des avis qui doit être organisée ; enfin, les conclusions
élaborées collégialement sont rédigées et publiées sous forme d’une syn-
Objectifs et méthodes de l’Expertise collégiale 15

thèse accessible à un public relativement large. Souvent, de telles synthèses,


qui représentent un travail considérable rarement réalisé sous cette forme,
ont une portée (scientifique comme pratique) qui va bien au-delà de la
région ou du pays concerné : c’est pourquoi la publication en est systémati-
quement faite en deux langues (français et anglais).
Réalisée selon ce schéma général, la présente expertise « Substances natu-
relles en Polynésie française » comporte également quelques traits spécifiques :
■ Pour répondre à leurs besoins très opérationnels, les autorités polyné-
siennes commanditaires souhaitaient que l’évaluation de leur potentiel natu-
rel leur permît de savoir au plus tôt et dans les termes les plus précis sur
quelles substances encourager l’investissement. Mais les conclusions des
scientifiques ne peuvent prendre en compte les fluctuations imprévisibles de
marchés sur lesquels l’argument de vente n’est pas toujours directement lié
aux propriétés actives des substances elles-mêmes. La demande initiale
(matérialisée par une inscription de financement pour l’expertise au contrat
de développement entre l’État et la Polynésie) faisait apparaître un net écart
entre ces deux logiques. Pour dissiper le risque potentiel de malentendus
entre commanditaires et experts, l’expertise a été précédée d’une mission de
l’IRD à Papeete, qui a cerné soigneusement les contours de l’expertise collé-
giale et a proposé un cahier des charges intégrant ces besoins et ces
contraintes.
■ Pour qu’une expertise à vocation aussi directement opérationnelle
porte tous ses fruits, il était nécessaire d’instaurer des contacts réguliers
entre le groupe d’experts, résidant pour la plupart à Paris ou en régions, et
les opérateurs intéressés, en Polynésie. À cet effet, la Déléguée à la recher-
che de Polynésie a réuni autour d’elle un comité de suivi composé des repré-
sentants des administrations et des acteurs concernés. C’est ce comité de
suivi qui a validé le cahier des charges. Pendant le déroulement de l’exper-
tise, le comité a été informé de l’avancement des travaux et a pu avoir, à plu-
sieurs reprises, par visio-conférence entre Paris et Papeete, des échanges de
grand intérêt avec le président et divers membres du groupe d’experts ;
enfin, il a été le premier destinataire des résultats de l’expertise.
Au terme de ce processus, l’expertise collégiale répond à une partie des
préoccupations légitimes de la collectivité polynésienne, mais pas à toutes. Il
est clair que les interlocuteurs, publics ou privés, qui voudront mettre en place
une valorisation active de certaines substances naturelles devront recourir, au
16 Substances naturelles en Polynésie française

plan technique ou économique, à des études complémentaires, qui ne relè-


vent pas des compétences d’une institution de recherche scientifique.
■ Toute analyse de « l’état des connaissances » est nécessairement datée
et destinée à être plus ou moins rapidement dépassée : c’est vrai a fortiori
d’une expertise visant à identifier un « potentiel » de valorisation. Les pos-
sibilités de valorisation sont déterminées par des facteurs susceptibles d’é-
voluer de façon très différenciée. Les évolutions relativement lentes des don-
nées économiques et juridiques donnent à penser que les conclusions tirées
par l’expertise dans ces domaines sont dotées d’une relative pérennité.
Quant aux conclusions concernant les propriétés chimiques et pharmaco-
chimiques des substances étudiées, l’expertise présentée ici peut être quali-
fiée de très complète sur la base des données actuellement disponibles. Bien
évidemment, des potentialités nouvelles seront reconnues à l’avenir (notam-
ment dans le domaine marin, dont seule une infime partie est à ce jour étu-
diée) ; mais les procédures scientifiques à mettre en œuvre pour identifier,
isoler et analyser de nouveaux principes actifs sont généralement longues.
Au demeurant, de telles considérations donnent toute leur pertinence aux
conclusions des experts concernant la mise en place de modalités pérennes
de suivi des recherches en Polynésie.
Conformément aux choix établis pour cette collection, le lecteur trouvera
dans l’ouvrage lui-même la synthèse et les conclusions du groupe d’experts,
en français et en anglais ; dans le CD-Rom inclus, les neuf chapitres analy-
tiques sur lesquels s’appuie cette synthèse.
Une autre originalité de cette expertise réside dans la collection de
« fiches-substances » (incluses dans le CD-Rom), produit d’une synthèse plu-
ridisciplinaire inédite des connaissances sur chacune des substances « à
potentiel » identifiées par les experts.
Nous ne saurions conclure sans remercier très vivement toutes les per-
sonnes qui ont bien voulu contribuer à la réalisation de cette publication. Aux
experts eux-mêmes revient la responsabilité de l’expertise et l’essentiel du tra-
vail considérable qu’ils ont accompli sous la présidence de Christian Moretti
(IRD). Une mention particulière doit être faite de la contribution de Céline
Bonhomme, alors stagiaire du corps des Ponts et Chaussées, à la phase
initiale de l’expertise : elle a très activement participé aux études et à la mis-
sion préparatoires en Polynésie et assumé en grande partie la rédaction du
Objectifs et méthodes de l’Expertise collégiale 17

cahier des charges de l’expertise et le rassemblement du groupe d’experts. Le


rôle de messager et d’intermédiaire Paris-Papeete et retour, sans lequel rien
n’aurait pu se faire aisément, revient naturellement à Jacques Iltis, directeur
du centre de l’IRD à Tahiti.
Nos remerciements vont également à toutes les personnalités qui, en
Polynésie ou à Paris, ont bien voulu soit apporter leurs contributions spécia-
lisées, soit échanger avec les experts sur leur expérience, ainsi qu’aux scien-
tifiques des diverses institutions de recherche qui ont fait part de leurs
connaissances, de leurs données et de leurs avis sur les premières versions
de ce rapport.
C’est à Solange Lavielle (professeure de chimie, université Pierre et Marie
Curie-Paris VI) et à Michel Trometter (économiste, Inra Grenoble) qu’a été
demandée la relecture scientifique de la première version du rapport final :
qu’ils soient ici très vivement remerciés tant pour leur lecture attentive que
pour l’acuité et la pertinence de leurs observations et suggestions, dont les
experts ont tenu le plus grand compte dans la mise au point de la version
définitive.
Et enfin, le collège d’experts et l’équipe « Expertise Collégiale » du DEV
souhaitent exprimer leurs plus sincères remerciements à Marianne Berthod,
directrice du département, qui a piloté l’ensemble de ce travail avec rigueur
et compréhension.
Marie-Laure Beauvais
Chargée de mission Expertise collégiale,
Département Expertise et Valorisation
Introduction

AUX ORIGINES DE L’EXPERTISE COLLÉGIALE :


UNE QUESTION ET UN CONTEXTE EN RAPIDE ÉVOLUTION
Au cours des quinze dernières années, marquées par le formidable essor
des biotechnologies, l’exploitation des substances naturelles de toutes origi-
nes, terrestres ou marines, végétales et animales, utilisées comme produits
en soi ou comme sources de nouvelles molécules, a suscité un intérêt crois-
sant de la part des industriels et du grand public. Le phénomène trouve ses
manifestations les plus nombreuses et les plus « médiatiques » dans les sec-
teurs des produits et compléments alimentaires, de la cosmétologie et de la
parfumerie. Dans le domaine thérapeutique, il suscite de grandes attentes,
plus ou moins fondées. Mais il concerne également bien d’autres secteurs :
produits phytosanitaires, dépolluants, nouveaux matériaux, pour ne citer
que quelques exemples de ce qu’on appelle la « chimie verte ».
Dans ce contexte, la Convention sur la diversité biologique (CDB), adop-
tée à Rio en 1992, entrée en vigueur le 29 décembre 1993 et réunissant dé-
sormais 188 États, constitue une référence et un moteur essentiels. La CDB
vise en effet à promouvoir :
■ la conservation de la biodiversité,
■ l’utilisation durable de ses composantes,
■ le partage juste et équitable des avantages tirés de l’utilisation des res-
sources génétiques.
Ce triple enjeu est d’une importance considérable au regard de l’appétit
des marchés pour ces ressources. Pour promouvoir la protection de la biodi-
versité, la CDB a posé comme axiome qu’une des voies les plus efficaces était
d’en faire une activité rentable, dans le respect de principes dont l’élaboration
lui incombe et moyennant le recours à des instruments juridiques adéquats.
À ce contexte général s’ajoute une donnée spécifique à la Polynésie fran-
çaise : l’évolution de son statut politique et administratif. La loi organique
de 1996 a instauré un nouveau statut d’autonomie selon lequel « les auto-
20 Substances naturelles en Polynésie française

rités de la Polynésie française sont compétentes dans toutes les matières qui
ne sont pas dévolues à l’État ». La loi organique de 2004 a érigé le Territoire
en Pays d’outre-mer de libre gouvernance et a encore élargi la sphère de
compétence de ses autorités. C’est dans ce nouveau cadre institutionnel que
s’est développée la réflexion sur le thème de la valorisation économique des
substances naturelles.
Cette réflexion a conduit la Délégation à la recherche du gouvernement
de la Polynésie française à s’adresser à l’IRD pour la réalisation d’une exper-
tise collégiale sur le thème suivant : quelles orientations stratégiques pour
une politique de valorisation des substances naturelles en Polynésie fran-
çaise ? à partir d’un questionnement dont nous rappelons ci-après les gran-
des lignes.

LE QUESTIONNEMENT SOUMIS AUX EXPERTS


■ Telle qu’elle a été formalisée dans le cahier des charges (voir annexe 3),
la demande du commanditaire est motivée par un double constat :
– Dans le domaine de la valorisation des substances naturelles, la
Polynésie française dispose d’atouts importants : la qualité des ressources
disponibles en termes d’endémisme et d’originalité taxonomique ; une
demande des marchés en forte croissance ; l’image de la Polynésie ; un envi-
ronnement favorable, grâce à un capital d’expériences diversifiées construit
sur plusieurs produits, de la perle au monoï1 ou au jus de nono2 et grâce à
un dispositif scientifique assez étoffé.
– Toutefois, ce potentiel n’est encore que très partiellement mis en valeur et
même inventorié, ce que le cahier des charges souligne en ces termes : « D’une
part, les substances exploitées pourraient l’être de manière plus intensive […]
D’autre part, certaines substances pourraient demain créer de nouveaux mar-
chés et offrir un support de développement à la Polynésie française […] »

1 Monoï : produit cosmétique, utilisé comme onguent ou liniment. « Le monoï de Tahiti est le pro-
duit obtenu par la macération de fleurs de tiaré dans l’huile de coprah raffinée, extraite de noix de
coco récoltées dans l’aire géographique de Polynésie française au stade de noix mûres, sur des sols
d’origine corallienne. Ces noix doivent provenir du cocotier Cocos Nucifera et les fleurs de tiaré de
l’espèce végétale Gardenia taitensis (flore de Candolle) d’origine polynésienne récoltées au stade
de bouton… » (décret 92-340).
2 Nono : fruit du nono (Morinda citrifolia) qui, récolté toute l’année, est transformé pour l’essen-
tiel en jus, même s’il existe aussi des préparations en capsules, en poudres, etc.
Introduction 21

Il y a donc là un vaste champ d’investigation pour la recherche scienti-


fique et pour la prospective économique.
■ L’écart entre l’estimation du potentiel et l’état actuel de sa valorisation
suscite des espoirs stimulés (à l’excès ?) par un exemple de success story tel
que celui du nono (voir infra). Les attentes sont-elles proportionnées aux
dimensions effectives du « gisement » de substances naturelles valorisables,
à savoir : combien d’espèces intéressantes ? Disponibles en quelles quanti-
tés ? Dans quelles conditions d’accès et de préservation de la biodiversité ?
À quel coût et avec quelles contraintes ? Nécessitant quel degré d’implica-
tion des pouvoirs publics ?
■ Pour dimensionner le plus exactement possible les perspectives de
valorisation des substances naturelles, étape indispensable à la définition
d’une politique de la Polynésie française en ce domaine, il convenait d’é-
clairer, en toute rigueur scientifique, les deux grands aspects de la question :
d’une part, l’évaluation du potentiel, d’autre part, les conditions de mise en
œuvre de son exploitation.

Champ et obligations de l’expertise collégiale


Au terme d’un processus d’affinement du questionnement, mené conjoin-
tement par le commanditaire et le Département Expertise et Valorisation de
l’IRD (DEV), un double objectif a été assigné à cette expertise collégiale.
La réalisation d’un « état des lieux » scientifique et économique
Cet état des lieux comprend :
■ l’état des connaissances sur la ressource, soit « un rassemblement aussi
complet que possible des données disponibles sur les substances naturelles
de Polynésie française » ;
■ la caractérisation de l’exploitation économique actuelle de la ressource, soit
une étude « actuelle et approfondie du secteur industriel et commercial des sub-
stances naturelles en Polynésie française et du contexte dans lequel il évolue ».
L’identification de « perspectives »
■ Perspectives pour le développement de la connaissance de la ressource,
avec proposition de nouvelles voies de recherche afin d’identifier de nouvel-
les substances naturelles d’intérêt économique. C’est ce que formulent les
points suivants du cahier des charges :
22 Substances naturelles en Polynésie française

– quel est l’intérêt potentiel et comparatif de la biodiversité polynésienne ?


– à partir de cette analyse de la biodiversité polynésienne, quelles sont les
substances naturelles exploitées ou potentiellement exploitables en Polynésie
française, pour quelles retombées économiques et à quel pas de temps ?
■ Perspectives pour la définition d’une stratégie globale de valorisation
de la ressource :
– à partir d’une analyse des tendances de l’évolution des marchés et de
leurs cadres réglementaires ;
– à partir de propositions d’orientations de recherche-développement
(R&D) par secteurs de valorisation.
■ En conclusion, les perspectives ainsi dégagées donneront lieu à la for-
mulation de recommandations, portant notamment sur :
– les modes de protection du marché ;
– les principes généraux de structuration des filières ;
– les liens et partenariats à développer : recherche-industrie, public-privé.

Caractéristiques de cette expertise collégiale


■ Le thème de l’expertise collégiale et le questionnement qu’il induit
engagent donc à entreprendre une démarche scientifique résolument orien-
tée « valorisation ». Pour mener le plus loin possible cette démarche, il a été
posé que le produit final de l’expertise collégiale qui, dans sa forme habi-
tuelle, se compose d’un ensemble de chapitres analytiques par domaines
disciplinaires et d’un document de synthèse sera, dans le cas présent, com-
plété par deux documents d’accompagnement :
– En ce qui concerne les substances naturelles végétales d’origine terres-
tre, l’étude de la ressource donne lieu à une série de fiches. Ces fiches pré-
sentent les substances d’intérêt sous les divers aspects liés à la question de
leur valorisation, actuelle et potentielle, et justifient par un avis d’expert le
rang de priorité plus ou moins élevé qui leur est donné.
– L’étude du contexte économique local, qui a fait l’objet d’une mission
spécifique, donne lieu à un rapport distinct sur les potentialités économiques
et techniques de la Polynésie française mobilisables en vue du développe-
ment d’activités nouvelles dans le domaine de la valorisation des substances
naturelles. Ce rapport est destiné au seul commanditaire qui décidera ensuite
de sa diffusion éventuelle.
Introduction 23

■ Pour mieux cerner la portée de cette expertise, il convient de bien déli-


miter la question de la ressource : plus que les ressources génétiques stricto
sensu au sens de « matériel biologique héréditaire des plantes utiles, gènes,
chromosomes… », ce sont les produits et les services dérivés de la biodiver-
sité qui sont économiquement rentables.
Ce fait a induit depuis quelques années une extension du concept de
« ressources génétiques » aux produits dérivés, notamment moléculaires, qui
ne sont pas auto-reproductibles. Cette extension est manifeste dans la CDB
et les accords internationaux qui en sont issus : les termes de ressources
génétiques et de ressources biologiques, incluant les substances naturelles
issues des organismes vivants, y sont employés de manière indifférenciée.
Une telle extension conduit à une confusion entre matière vivante et
molécule, matière inerte extraite des organismes. Cette confusion n’est pas
sans conséquences dans le débat sur la brevetabilité du vivant : du débat sur
la brevetabilité du gène (matière essentielle du vivant), le discours glisse ainsi
au brevet concernant les molécules d’origine naturelle. Alors que celles-ci ne
sont pas plus « vivantes » qu’une tasse de thé, elles pourraient fort bien être
définies comme un « extrait végétal contenant des substances chimiques »,
c’est-à-dire des « substances naturelles » !
■ S’agissant du champ de compétence de l’expertise collégiale, le ques-
tionnement des autorités polynésiennes est très extensif. Rappelons qu’il a
été pour l’essentiel élaboré en amont du démarrage des travaux de l’exper-
tise collégiale. Dans la logique de l’interrogation majeure, à savoir comment
concevoir une politique globale de valorisation des substances naturelles, il
inclut des aspects qui outrepassent le cadre classique d’une expertise collé-
giale ou se situent hors du domaine de compétence des experts dont le
nombre demeure nécessairement limité. Certains aspects relèvent, en fait,
d’autres types d’approches (consultance, études de marché…). C’est pour-
quoi le collège d’experts a tenu à préciser le périmètre de ses travaux au
commanditaire et au comité de suivi dès l’atelier initial (mai 2003), puis dans
le document d’étape remis pour la deuxième visioconférence avec le comité
de suivi (février 2004). Par ailleurs, d’autres contraintes, de nature diverse
comme l’état de la documentation disponible, la durée restreinte de la mis-
sion d’étude économique, ont pu elles aussi obliger les experts à borner le
champ de leurs investigations et de leurs conclusions.
24 Substances naturelles en Polynésie française

Toutefois, le caractère fragmentaire et lacunaire des données disponibles


sur la ressource a pour conséquence que les travaux d’identification des sub-
stances d’intérêt effectués pour l’expertise collégiale dépassent sensible-
ment le cadre d’un pur état de l’art. Ces travaux constituent à bien des
égards un apport original. Cela s’applique notamment à la réalisation d’un
« fichier des plantes utiles de Polynésie française »3, véritable instrument de
première main. Mais plus globalement ce trait d’originalité caractérise l’en-
semble de la démarche de sélection des espèces végétales.

3 Il est présenté en annexe à la contribution Moretti-Florence (voir CD-ROM).


Synthèse
et
Recommandations
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Papouasie
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0 500 km

Rapa
150˚ O 140˚ O 130˚ O
Les substances naturelles
en Polynésie française : état des lieux

L’ensemble des observations exposées ici vise à caractériser en premier


lieu le contexte local, puis l’état actuel de la valorisation des substances
naturelles en Polynésie française.

DONNÉES GÉNÉRALES
Sous ce titre, il ne s’agit pas de présenter ni même d’esquisser une des-
cription complète du territoire et de ses activités, mais d’en souligner les
traits les plus étroitement corrélés à l’objet de notre étude.

Le territoire et ses ressources


Le territoire polynésien se caractérise par :
■ la dispersion insulaire avec 118 îles sur un espace maritime de quelque
5 000 000 km2 (ZEE4), soit deux fois la taille de l’Europe ;
■ de fortes disparités entre les îles, en termes de concentration de popu-
lation, d’activités et d’infrastructures ;
■ une ressource foncière limitée par la superficie réduite (3 500 km2) et
les contraintes topographiques et pédologiques ; la superficie agricole utile
ne représente guère que 8 à 10 % de la superficie totale, soit moins de
25 000 ha (hors cocoteraie) ;
■ l’éloignement par rapport aux grands marchés.

Avec une population totale d’environ 250 000 habitants, la ressource


humaine est limitée. Il existe toutefois un réel dynamisme démographique
(taux d’accroissement de 1,5 %). Le développement de nouvelles activités
représente donc un enjeu en termes d’emploi et de formation. On notera

4 ZEE : zone économique exclusive.


28 Substances naturelles en Polynésie française

toutefois le vieillissement de la population agricole. Pour le développement


de nouvelles activités se pose le problème du coût du travail, car le niveau
des salaires et de la protection sociale est sensiblement plus élevé que dans
les pays de l’ensemble régional.
Comme le montre la section suivante (« Le capital biodiversité de la
Polynésie française »), la biodiversité polynésienne est intéressante avec un
fort endémisme des espèces végétales terrestres et une riche biodiversité
marine. Elle apparaît prometteuse, dans certaines limites toutefois pour les
substances naturelles végétales. Mais elle est encore relativement peu explo-
rée, notamment sous l’angle chimiotypes ou cultivars propres à la Polynésie
française, et peu exploitée, seules quelques espèces étant valorisées com-
mercialement. Soulignons enfin que les plantes ont une forte valeur patri-
moniale en Polynésie française ; nombre d’entre elles sont consommées lors
de cérémonies rituelles ou utilisées en médecine traditionnelle.
Les mesures de conservation des espèces et des écosystèmes demeurent
très limitées et, en dehors du problème des espèces invasives (essentielle-
ment le Miconia pour les plantes envahissantes et, pour les insectes, la
« cicadelle pisseuse » et les mouches des fruits) qui est l’une des grandes
préoccupations des autorités en charge de l’environnement et de l’agricul-
ture, on constate peu d’initiatives publiques dans ce domaine. Des arrêtés
territoriaux, datant de 1996, ont défini la protection de certaines espèces
végétales ou animales et institué aux Marquises des domaines protégés,
d’intérêt floristique et touristique. Mais les moyens de contrôle sont faibles,
surtout sur un ensemble aussi dispersé, et rien ne permet d’affirmer que les
mesures de préservation sont effectivement appliquées.
En l’état des choses, caractérisé par l’absence de dispositions pour met-
tre en vigueur les articles clés de la CDB, le risque de « biopiratage » ne peut
être contrôlé ; des cas de pillage des ressources ont d’ailleurs été avérés sur
le territoire. De façon plus générale, on peut se demander si la Polynésie
française est en mesure d’assurer sa juste part dans la gestion des avantages
attendus de l’exploitation de sa biodiversité. Conservation de la biodiversité
et protection des droits sont désormais des questions de tout premier plan
depuis l’entrée dans « l’ère de la CDB » et l’expertise en traitera largement.
Enfin, sur un plan plus économique qu’environnemental, on peut cons-
tater un réel souci de protection des productions du territoire par des pro-
État des lieux 29

cédures variées. La Polynésie française détient en effet depuis 1992 une


appellation d’origine contrôlée (AOC) pour le monoï. Des projets allant dans
le même sens ont été mis à l’étude pour la vanille et pour la perle ; on note
aussi un projet d’écocertification « agriculture biologique » pour le coprah5,
le nono, le taro et la vanille.

Le panorama économique
On notera tout d’abord le poids prépondérant qu’y représentent d’une
part les transferts financiers et sociaux de la métropole (environ 55 % du PIB
polynésien) et d’autre part la perliculture et le tourisme, secteurs très sensi-
bles aux aléas de la conjoncture économique des grands pays industrialisés
(États-Unis, Japon, Europe), qui en sont les principaux clients. Ces deux traits
suscitent les réflexions suivantes : d’une part, toute activité nouvelle doit
être située par rapport à ces deux activités « emblématiques » ; d’autre part,
la Polynésie a tout intérêt à dégager de nouvelles perspectives de diversifi-
cation de ses activités économiques.
Une donnée récente – le boom du nono depuis la fin des années 1990 –
vient confirmer le bien-fondé des préoccupations de diversification des activi-
tés à partir de la valorisation des ressources naturelles. Mais la question se pose
de savoir si ce scénario à succès peut être répliqué pour d’autres produits.
Quant au tissu économique concerné par l’exploitation des produits et sub-
stances naturels, on donnera ici un rapide aperçu des activités en ce domaine,
les filières économiques par produit étant présentées plus loin (cf. p. 34).
Le tissu industriel intéressant les substances naturelles est hétérogène. Y
coexistent en effet une très grosse entreprise, Morinda Inc., « poids lourd »
du nono comme le montrera la description de la filière, quelques entreprises
de taille moyenne telles que la société Cairap et les Laboratoires de cosmé-
tologie du Pacifique Sud, présentés ci-après à titre d’exemples, et de nom-
breuses petites entreprises pour beaucoup à structure familiale, dont les pro-
ductions (jus de fruits, produits cosmétiques) ont un marché principalement,

5 Coprah : aussi appelée « huile de noix de coco », cette huile obtenue à partir de la chair de la
noix de coco est solide à température ambiante. Très utilisée dans l’industrie alimentaire pour la
confection de chocolat, de crèmes glacées et de margarines, et comme huile de cuisson, on la
retrouve aussi dans l’industrie cosmétique où elle entre notamment dans la composition de savons,
et surtout du monoï. Son contenu en acides gras saturés est très élevé.
30 Substances naturelles en Polynésie française

voire exclusivement, local. Les seules filières présentant une véritable orga-
nisation sont celles de la perle, du monoï, de la vanille, ainsi que celle du
coprah, de nature d’ailleurs très différente.
■ Implanté depuis 1989 sur le territoire, le Cairap était originellement un
laboratoire d’analyses industrielles effectuant des contrôles qualité pour l’in-
dustrie alimentaire. Son activité s’est ensuite étendue aux analyses de l’eau
(pour les hôtels, restaurants, etc.), avec un volet conseil dans le domaine de
l’hygiène et de la qualité alimentaires. Le Cairap cherche à accentuer sa
diversification en étant très présent sur le créneau R&D. Il est notamment
partie prenante de plusieurs thèses Cifre6, dont deux7 concernent directe-
ment le domaine des substances naturelles.
■ D’abord spécialisés dans la production de monoï, les Laboratoires de
cosmétologie du Pacifique Sud y ont ensuite associé le tamanu8, fait excep-
tionnel car les autres entreprises ont l’une ou l’autre spécialisation. Exportant
leur production à 99 %, essentiellement vers la métropole, ils fournissent en
ingrédients (huiles purifiées) et matière première, dont des plantes fraîches
des Marquises, de grandes entreprises internationales de la cosmétique. La
réussite de l’entreprise repose très largement sur un solide réseau relationnel
en métropole.

L’environnement des activités économiques :


quels atouts pour l’innovation ?
L’infrastructure scientifique et technique
La Polynésie française bénéficie sur ce plan d’un dispositif assez étoffé et
d’un bon niveau d’équipement, malgré un déficit en équipements « lourds »

6 Les Conventions industrielles de formation par la recherche (Cifre), instruites et gérées par l’ANRT
(Association nationale de la recherche technique) pour le compte du ministère de la Recherche,
permettent à de jeunes doctorants de réaliser leur thèse en entreprise en menant un programme
de recherche-développement en liaison avec une équipe de recherche extérieure à l’entreprise.
Elles associent donc trois partenaires : un jeune diplômé souhaitant entreprendre un doctorat dans
le cadre d’une entreprise, une entreprise qui l’embauche et bénéficie en contrepartie d’une sub-
vention, une équipe de recherche qui assure l’encadrement de la thèse.
7 En partenariat avec l’Université de la Polynésie française et avec l’Ifremer.
8 Tamanu : l’huile de tamanu est obtenue à partir des noix du Calophyllum inophyllum, longue-
ment séchées au soleil puis pressées. C’est un soin capillaire à l’action cicatrisante, anti-inflamma-
toire, anti-bactérienne et anti-parasitaire.
État des lieux 31

(spectromètres RMN9, par exemple) et l’absence d’une structure de coordi-


nation et de gestion de ces équipements, alors même que la dualité des
tutelles des organismes de recherche – État et « collectivité » – engendre des
situations complexes.

Les organes territoriaux de recherche


■ Le Service du développement rural (SDR) a dans ses attributions une
mission de recherche agronomique et de formation-vulgarisation. Dans les
dix dernières années, il a principalement travaillé en étroite collaboration
avec l’Institut Louis-Malardé sur le nono (sélection des morphotypes, déve-
loppement de la mise en culture) et le kava (sélection des cultivars).
■ Dans le domaine des ressources marines, le Service de la Pêche a éga-
lement une compétence en matière de recherche, de recherche-développe-
ment, de transfert et de vulgarisation ; il est partie prenante de deux actions
en cours, concernant la valorisation des déchets de poisson et l’extraction
d’acides gras (oméga 3) des yeux de thon (en collaboration, pour cette der-
nière, avec l’Institut Louis Malardé).
■ L’Institut Louis-Malardé (ILM), ayant statut d’Epic10 depuis 2001, com-
porte, outre un laboratoire d’analyses médicales et un laboratoire d’analyse
de la salubrité des eaux, cinq unités de recherche, dont une est dédiée aux
substances naturelles. En ce domaine, les travaux portent essentiellement
sur les substances volatiles et aromatiques issues de la flore locale et l’ana-
lyse de la composition chimique et des propriétés biologiques d’espèces
végétales employées en médecine traditionnelle. L’ILM est doté d’équipe-
ments performants : chromatographe à phase gazeuse, spectromètre de
masse, chromatographie liquide à haute performance. Cet institut envisage,
pour la période à venir, d’orienter prioritairement ses travaux vers des sub-
stances offrant des perspectives libres de brevets, contrairement aux kava,
nono et tamanu, en coopération avec d’autres instituts de recherche pré-
sents sur le territoire. Signalons enfin qu’au sein de l’ILM, le Laboratoire de
recherche sur les micro-algues toxiques (LMT) a constitué une algothèque et
une banque de standards de ciguatoxines.

9 RMN : résonance magnétique nucléaire. La spectroscopie RMN du proton et du carbone 13 per-


met la détermination structurale des molécules organiques.
10 Epic : établissement public à caractère industriel et commercial.
32 Substances naturelles en Polynésie française

Les organismes de recherche d’État


L’Université de Polynésie française (UPF)
Dans le domaine relevant du champ de l’expertise collégiale, deux enti-
tés sont à signaler :
■ Les activités de recherche de l’Équipe « Terre-Océan » comportent un
axe « Biodiversité ». Ce dernier s’intéresse à la constitution d’une flore aca-
démique du domaine marin (couvrant l’ensemble de la Polynésie française),
aux espèces invasives et à l’érosion de la biodiversité par les espèces autoch-
tones (étude génétique des populations), aux microorganismes marins (bac-
téries, cyanobactéries et microalgues) en vue d’applications biotechnolo-
giques, en partenariat avec l’Ifremer et le Cairap ;
■ Le laboratoire de chimie analytique mène pour sa part deux program-
mes sur le santal, dont un en partenariat avec le Cirad, un programme sur
le tamanu et un autre sur les acides gras de la nacre en collaboration avec
l’ILM. Deux de ses chercheurs travaillent également sur les arômes des fruits
de Polynésie française.
Les instituts de recherche
■ Le Cirad intervient dans le cadre d’un accord cadre État-territoire,
signé en 1995. Il mène ses activités principalement en réponse aux deman-
des du Service du développement rural, qu’il oriente selon trois axes :
recherches d’accompagnement, expertises et études de filières, actions de
formation des cadres locaux. Les travaux innovants couvrent notamment
les domaines de la caractérisation des santals des Marquises et des virus des
vanilliers.
■ Les activités de l’Ifremer en Polynésie française concernent principale-
ment l’aquaculture, les actions de recherche en soutien à la filière huîtres
perlières (ou nacre), les coproduits de la pêche hauturière, en collaboration
avec l’ILM, et plus récemment des actions au niveau des molécules marines
et de leurs applications biotechnologiques dans les domaines d’intérêt pour
la Polynésie.
■ L’IRD mène des actions de recherche dans les domaines de la taxono-
mie florale et de la biologie marine, intéressant notamment la gestion des
milieux lagonaires et l’application de la télédétection à la prévision des
déplacements des stocks halieutiques. Il dispose d’un centre et de labora-
toires permanents.
État des lieux 33

L’attitude des pouvoirs publics face à l’innovation


La mission consistant à coordonner la recherche et le développement tech-
nologique est dévolue à la DRRT (Délégation régionale à la recherche et à la
technologie). Il lui revient d’harmoniser l’action des établissements publics, de
mener ou susciter toutes les actions nécessaires en vue de favoriser le décloi-
sonnement de la recherche et son ouverture sur le monde socio-économique,
de développer les actions de valorisation et d’organiser les transferts de tech-
nologie. Cette mission n’est pas facilitée par l’ambiguïté ou le chevauchement
des compétences État-collectivité, notamment dans le domaine qui est celui
de cette expertise collégiale.
Compte tenu de la modestie relative du tissu local d’activités producti-
ves, l’innovation semble être demeurée jusqu’ici un thème mineur tant pour
les politiques publiques que pour les milieux économiques : c’est peut-être
l’indice d’une manière de « déliaison » entre les attentes de ceux-ci et la
recherche commanditée par celles-là. Cependant, des phénomènes de por-
tée générale – problèmes écologiques (espèces invasives, gestion des
déchets), questions de santé publique – ou des événements plus ponctuels
comme la Fête de la science, suscitent une réflexion et des réactions en
faveur de l’introduction de technologies nouvelles et de pratiques innovan-
tes, et, globalement, en faveur d’un meilleur ancrage de la recherche dans
le territoire. Au niveau du gouvernement de la Polynésie française, cette
réflexion s’est traduite notamment par des actions mobilisatrices, telles que
le projet METUA ou l’initiative Gepsun :
■ Le projet METUA (Multimedia Environment based on Technologies for
a Universal Access) a été conçu pour devenir l’instrument principal de la
politique territoriale en faveur du développement des technologies de l’in-
formation et des communications en Polynésie française. Décidé en avril
1999, c’est un élément significatif en faveur du développement d’une acti-
vité économique fondée sur les NTIC11. Il s’agit de transformer en atout un
handicap structurel, la dispersion géographique, qui pénalisait jusqu’alors
le développement économique de la Polynésie française. En effet, les dis-
tances apparaissent désormais comme créatrices d’un marché pour les
technologies de l’information et des communications, et pour l’innovation
en général.

11 NTIC : nouvelles technologies de l’information et de la communication.


34 Substances naturelles en Polynésie française

■ Le projet de plate-forme technologique Gepsun12, inscrit au contrat de


Plan avec l’État, s’affiche comme un moyen de renforcer la recherche-déve-
loppement sur les substances naturelles dans le territoire, en créant un
dispositif d’interface, absent jusqu’ici, à même de réunir recherche publique
et secteur privé sur des projets d’études finalisées dans le domaine des sub-
stances naturelles. Le lancement du Gepsun est certes trop récent (second
semestre 2003) pour qu’on puisse augurer de sa capacité à atteindre ces
objectifs. Mais il est en soi l’indice qu’il y a bien sur le territoire, tant du côté
public que du côté de certaines entreprises, une prise de conscience des
enjeux de l’innovation et de la nécessité de se doter des moyens nécessaires
pour y répondre. D’autres indices en ce sens sont repérables du côté des
entrepreneurs, si bien qu’on peut parler d’un contexte local globalement
assez favorable à des projets novateurs, appuyés sur la recherche.
Reste à conduire cette démarche avec prudence, en l’étayant sur une
double expertise, scientifique et économique, de manière à éviter les décep-
tions suscitées dans un passé récent par des projets restés sans suite en
Polynésie (tels ceux qui portaient sur la crevette ou sur le kava) et de façon
à ne pas entamer, chez les divers acteurs potentiels, le capital d’intérêt pour
l’innovation.

ÉTAT ACTUEL DE LA VALORISATION ÉCONOMIQUE


DES SUBSTANCES NATURELLES EN POLYNÉSIE FRANÇAISE
L’exploitation du milieu marin
À s’en tenir rigoureusement à l’intitulé, « État actuel de la valorisation
économique des substances naturelles en Polynésie française », ce dévelop-
pement n’aurait pas lieu d’être ici. En effet, actuellement en Polynésie fran-

12 Le Gepsun est un groupement d’acteurs scientifiques et industriels. Son statut définitif (GIE,
association...) n’est pas encore fixé. Les fondateurs en sont : côté recherche, l’UPF, le Cirad et l’IRD,
et, côté industriels, l’entreprise Jus de Fruit de Moorea, le Laboratoire de cosmétologie du Pacifique
Sud et le Cairap. Les partenaires fondateurs sont convenus que la coordination est organisée à par-
tir de l’Université de Polynésie française.
Le Gepsun bénéficie pour ses deux premières années d’activité d’un financement de l’État, prévu
au contrat de Plan quadriennal. Il vise à promouvoir les projets d’études finalisées sur les substan-
ces naturelles dans le territoire. Des travaux peuvent être réalisés par les membres du groupement
pour des clients extérieurs, des projets de recherche-développement peuvent être soutenus par les
moyens du groupement.
État des lieux 35

çaise, l’exploitation économique des richesses de la mer concerne essentiel-


lement non des substances d’origine marine, mais des organismes marins :
tel est le cas de la pêche, hauturière ou lagonaire, et de la perliculture.

Pêche et perliculture

Tableau 1 – Poids à l’exportation des produits de la perliculture et de la pêche


Exportations 2000 2002 2003
millions millions millions millions millions
FCFP FCFP d’euros F CFP d’euros

Produits perliers 20 934 15 006 126,1 10 345 86,9


Poissons/crustacés 804 1 137 9,6 656 5,5
Nono 220 733 6,2 722 6,1
1 euro = 119 F CFP ; 1 F CFP = 0,0084 euro. D’après la contribution SIMON (voir CD-ROM).

Il a paru intéressant de mettre en parallèle, dans le tableau 1, les résul-


tats des deux principales productions liées à l’exploitation du milieu marin,
avec ceux du nono :
■ Les perles représentent quelque 80 % de la valeur des exportations
locales en 2002, 77 % en 2003. La Polynésie française se situe au 2e rang
mondial des pays exportateurs de perles et représente un tiers du marché
mondial.
■ En 2003, elles demeurent toujours, et de très loin, la première recette
à l’exportation, mais avec un montant en baisse de 50 % par rapport à
2000, signe d’une crise sévère.
■ À noter enfin qu’en 2003, les recettes du nono à l’exportation dépas-
sent celles des produits de la pêche, alors qu’elles étaient près de quatre fois
moindres en 2000, et encore inférieures d’un tiers en 2002.
L’importance pour la Polynésie française de la perliculture et de la pêche
s’apprécie également en termes d’emplois (en particulier dans les îles éloi-
gnées pour la perliculture) et d’image. Ces activités font l’objet de beaucoup
d’attentions de la part des acteurs économiques, notamment des pouvoirs
publics, et ce, sous trois formes principales :
36 Substances naturelles en Polynésie française

■ Un effort de recherche visant à faire progresser les techniques de l’a-


quaculture et de la perliculture (rôle du centre de recherche de l’Ifremer) mais
aussi les perspectives de valorisation de coproduits de la pêche (étude
conjointe Ifremer-Institut Malardé). Ce travail de prospective concerne essen-
tiellement l’exploitation potentielle d’acides gras (EPA et DHA) extraits de la
graisse orbitale du thon.
■ Un effort de professionnalisation et d’organisation des filières, qui se
manifeste dès 1993 avec la création du GIE « Perles de Tahiti ». Dans le
contexte de crise de l’activité perlière de ces dernières années, la Polynésie fran-
çaise a mis en place une réglementation de l’accès à la profession en instaurant
une « carte de producteur » qui confère, outre divers avantages, l’autorisation
d’occupation du domaine maritime public : sa délivrance est soumise à des cri-
tères d’aptitude professionnelle et à l’acceptation d’un cahier des charges.
■ Un effort de gestion concertée des espaces littoraux visant à arbitrer
entre les impératifs immobiliers, touristiques, environnementaux et écono-
miques (élaboration de plans de gestion de l’espace maritime pour Moorea
et Bora Bora). C’est là un acquis appréciable dans la perspective de nouvel-
les formes de valorisation du potentiel marin.
S’appuyant sur l’image de la perle de Tahiti, les producteurs eux-mêmes
sont à la recherche de nouvelles formes de valorisation. L’exemple sans
doute le plus marquant est l’utilisation dans le domaine des cosmétiques de
la poudre de perle noire. Promue par le Groupe Robert-Wan et le GIE Perles
de Tahiti, cette formulation a donné lieu au lancement, fin 2003, d’une nou-
velle gamme de produits « anti-âge » de la société L’Oréal.

Autres ressources marines


Les micro-organismes. En fait d’activités économiques directement liées
à l’exploitation de micro-organismes d’origine marine, il convient de men-
tionner celles de l’entreprise Biolib, filiale de la société Cairap. À partir de
travaux d’étude d’écosystèmes originaux, telles les « mares à kopara »13,

13 Mares à kopara : « kopara » est le terme utilisé par les habitants de l’archipel des Tuamotu de
la Polynésie française pour désigner les tapis microbiens qui se développent dans des mares d’eau
saumâtre à salée localisées sur la couronne corallienne des atolls. Par sa structure et son dévelop-
pement, le kopara peut être défini comme un stromatolite et est donc inclus dans les microbiali-
tes. Le terme de « microbialites » désigne tous les sédiments dans la formation desquels sont impli-
quées des communautés microbiennes benthiques. Le kopara est une structure microbiologique
sédimentaire potentiellement très ancienne.
État des lieux 37

elle a en effet constitué une collection de bactéries, cyanobactéries et micro-


algues, dont elle commercialise les échantillons. Son approche technolo-
gique et commerciale particulièrement innovante est sans doute ce qui, sur
le territoire, préfigure le plus concrètement un futur développement d’acti-
vités de valorisation des substances marines.
Les algues. La mission d’étude économique n’a pas recueilli d’informa-
tion sur des activités actuelles d’exploitation des algues. Doit-on faire l’hy-
pothèse qu’il n’y a pas d’avantages spécifiques de la Polynésie sur ce cré-
neau ? Et si oui, est-ce en raison de la non-spécificité des espèces, du coût
de la main-d’œuvre, de la distance par rapport aux marchés, ou de la com-
binaison de ces facteurs ? Faut-il également mettre en cause la dissociation
entre recherche et application (et leurs acteurs respectifs), puisqu’il existe au
sein de l’Université un très dynamique pôle de recherche en algologie ?

L’exploitation de la matière première végétale terrestre


Premier aperçu
Les deux tableaux ci-dessous font apparaître :
■ l’importance prise dans l’activité économique par la production du
nono, qui mobilise à elle seule autant, voire plus, d’actifs que le coprah et la
vanille réunis ;
■ globalement, le faible niveau de transformation des produits exportés
puisqu’on reste très proche de la production primaire.

Tableau 2a – Données chiffrées sur quelques productions


Données sur la production
2002 Production commercialisée Nombre Exportations
(en tonnes) de récoltants (en tonnes)
Coprah 9 649 3 000 5 201
Monoï 260 ? 243
Nono > 10 000 8 à 10 000 ? 3 580
Vanille mûre 37 5 000 11
Source : contribution SIMON (voir CD-ROM).
38 Substances naturelles en Polynésie française

Tableau 2b – Données chiffrées sur quelques productions


Données relatives à l’exportation
Produits exportés Exportateurs Volume exporté
recensés (en tonnes)
à partir du coprah : huile de coprah 1 5 201
à partir du nono :
jus, purée, pulpe, tisane 15 3 580
à partir de la vanille mûre :
gousses, extraits 5 11
Divers (produits cosmétiques) :
monoï, huiles essentielles 11 Monoï : 243
Divers (produits comestibles) :
liqueurs, confitures, sauces 3 nd
Source : contribution SIMON (voir CD-ROM).

La description plus détaillée des filières « produits végétaux » fait appa-


raître la grande diversité de leurs caractéristiques : c’est ce qui ressort de
façon très affirmée du parallèle coprah/nono.
Le coprah
La production de coprah (huile de coco brute) est l’exemple même d’une
filière subventionnée, avec un prix de soutien supérieur au cours sur le mar-
ché international, et organisée par les pouvoirs publics dans un but d’inté-
rêt social. Aux termes de la convention passée avec le territoire et la Caisse
de soutien des prix du coprah, la SA Huilerie de Tahiti (détenue à 99 % par
le territoire) est tenue d’acheter comptant la totalité de la production de
coprah à un prix fixé par les pouvoirs publics. L’objectif en est de garantir
aux producteurs un revenu stable, confortant une pratique agricole tradi-
tionnelle et favorisant dans les îles distantes (principalement Tuamotu-
Gambier) le maintien sur place de la population et l’entretien des espaces
ruraux.
L’huile de coprah raffinée sert à produire le monoï, seule branche de la
filière coprah à avoir une rentabilité économique.
État des lieux 39

Le nono

Tableau 3 – Le nono à l’exportation


Exportations 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Volume total 2 648 3 689 3 091 3 427 3 579 4 150
(en tonnes)
Valeur 271 345 370 861 959 935
(millions F CFP)
Source : Rapport 2003, IEOM (voir contribution SIMON sur le CD-ROM).

■ Le produit : il s’agit du fruit du nono (Morinda citrifolia) qui, récolté


toute l’année, est transformé pour l’essentiel en jus, même s’il existe aussi
des préparations en capsules, en poudres, etc.
En une décennie, le succès a été foudroyant. Ce succès combine la nou-
veauté, une réputation « santé » et un affichage « nature + savoirs tradi-
tionnels », avec l’image paradisiaque de la Polynésie. Le tout est soutenu par
une intense promotion et un puissant réseau financier et commercial, celui
de la firme Morinda Inc. basée dans l’Utah (États-Unis) et liée au « consor-
tium » mormon.
De 2000 à 2003, l’exportation de nono pratiquement inexistante il y a dix
ans, a augmenté de 30 % en volume et a été multipliée par 2,5 en valeur. Le
moteur de cette explosion est la croissance de la demande des marchés amé-
ricain et japonais. Le tableau 3 donne une idée du « boom du nono » à l’ex-
portation. La production est exportée à 80 %, essentiellement sous forme de
purée de pulpe, c’est-à-dire au stade minimal de la transformation.
■ La filière : on évalue entre 5 et 8 000 le nombre des actifs collecteurs
(réguliers ou occasionnels). La production est répartie sur plusieurs archipels,
avec une part croissante de la production cultivée par rapport à la cueillette.
Il existe au total une cinquantaine de marques commercialisant des produits
à base de nono, et 15 exportateurs. Mais le marché est dominé par la firme
Morinda Inc. (plus de 1 000 salariés) qui a joué le rôle moteur dans le déve-
loppement de la filière. Elle la contrôle largement en matière de fixation des
prix et des normes de qualité, de collecte, de sous-traitance, de marketing
et de commercialisation (dans plus de 50 pays, notamment via Internet ou
40 Substances naturelles en Polynésie française

la vente à domicile) ; son emprise va jusqu’à la transformation directe avec


l’implantation d’une usine qui devrait entrer en activité en 2005 (jusqu’à
présent, la purée de nono, exportée telle quelle, était transformée aux États-
Unis). C’est elle qui détient l’appellation « Tahitian Noni Juice ». En Europe,
la diffusion est encore à venir, puisque l’autorisation de commercialisation
pour le jus de nono est récente (juin 2003). Elle sera riche d’enseignements
quant au potentiel commercial réel de ce produit, et donc aux perspectives
économiques qu’il offre à la Polynésie française (à long ou à court terme ?).
La vanille
Des trois variétés de vanille, vanille de Madagascar, de la Réunion et de
Tahiti, c’est cette dernière qui a les arômes les plus étendus. Or, si elle est lar-
gement présente dans toute la ceinture tropicale, elle ne fleurit vraiment
bien qu’en Polynésie française. Dans un contexte de hausse des cours mon-
diaux du produit, ces caractéristiques constituent autant de raisons poussant
à en développer la valorisation, par l’amélioration de la qualité et par la
labellisation. Depuis les années 1980, et surtout depuis 1994, la Polynésie
française a multiplié les efforts dans ces deux directions. Elle a sollicité le
concours du Cirad pour améliorer les pratiques culturales (développement
d’une production intensive sous ombrière qui, réduisant l’emprise foncière,
rend possible l’installation de nouveaux producteurs), pour homogénéiser la
qualité, désormais moins soumise aux aléas climatiques, mais aussi pour évi-
ter la propagation des viroses, risque inhérent à ce système de production.
La politique volontariste du territoire s’est traduite par la création de l’Epic
Vanille, doté de moyens importants. L’objectif visé est l’obtention d’une
AOC consacrant les qualités originales de la vanille de Tahiti sur son marché,
celui de la gastronomie (produits à usage alimentaire haut de gamme). Avec
la vanille, on a affaire à une filière très organisée, encouragée et suivie de
près par les pouvoirs publics. Cette filière est promise à une bonne rentabi-
lité par la tendance à la hausse de la demande et des prix, sa vulnérabilité
résidant toutefois dans la dépendance à l’égard d’un seul marché, avec le
risque afférent d’effondrement des cours en cas de surproduction.
La valorisation du tiaré
Le monoï. Résultant de la macération de fleurs de tiaré (Gardenia taiten-
sis) dans l’huile de coprah, le monoï est un produit élaboré, tirant parti d’une
ressource spécifique de la Polynésie. Il est le substrat d’une filière active, tour-
née à la fois vers le marché local et vers l’exportation, celle-ci étant toutefois
État des lieux 41

orientée à 95 % vers la métropole. La filière est structurée par l’existence


d’un Groupement interprofessionnel (GIE) et confortée par l’obtention, en
1992, d’une « appellation d’origine ». C’est le produit auquel est attachée le
plus spécifiquement l’image du « paradis polynésien ». Les efforts du GIE
pour diversifier la destination des exportations, pousser la R&D et développer
une démarche qualité suffiront-ils pour permettre d’accroître la demande,
voire éviter sa diminution au profit de produits inédits ?
L’essence de tiaré. C’est un exemple d’activité intéressante et bien adap-
tée à la Polynésie française en raison de sa forte valeur ajoutée et de la sta-
bilité de la collecte de « matière première » qui assure une activité à temps
partiel aux producteurs. On note la présence active sur ce créneau de la firme
Tahiti Arômes (filiale du Cairap) qui a créé récemment (2003) à Moorea une
unité de production de la concrète de tiaré. La question majeure qui se pose
pour ce produit est celle de son adéquation à un marché international de la
cosmétique aussi exigeant que versatile.
Le tamanu
L’huile de tamanu est obtenue à partir des noix du Calophyllum inophyl-
lum, longuement séchées au soleil puis pressées. Contenant une grande
quantité de résines, l’huile devient, une fois purifiée, un produit d’un prix
élevé, du fait d’une production limitée en quantité (difficultés de la cueillette
et faibles rendements) et du coût de l’extraction. Les usages traditionnels lui
attribuent des propriétés anti-inflammatoires et antibactériennes, qui lui
valent d’être commercialisée de façon encore confidentielle comme produit
cosmétique en soi pour les soins de la peau et des cheveux. Par ailleurs, en
tant qu’ingrédient, l’huile purifiée de tamanu fait l’objet d’une demande en
forte augmentation, qui dépasserait même les capacités actuelles de produc-
tion à l’échelle mondiale, d’où des encouragements, notamment au Vanuatu
et en Nouvelle-Calédonie, à développer les plantations de Calophyllum. Du
fait de ce développement des cultures dans la zone Pacifique, et compte tenu
de l’espace agricole restreint en Polynésie française, on peut se demander si
celle-ci est bien placée pour ce type de valorisation. En revanche, la qualité
avérée du tamanu polynésien (liée à la fois à la matière première et au mode
traditionnel d’extraction) ainsi que le prix élevé du produit incitent à considé-
rer attentivement les divers paramètres d’une valorisation plus poussée en
tant que produit de terroir. En cette direction, il faudrait entre autres com-
pléter l’étude des propriétés de l’espèce et repérer les brevets déposés. Deux
42 Substances naturelles en Polynésie française

données de nature différente traduisent l’intérêt actuellement porté au


tamanu : d’une part, des travaux d’analyse génétique du tamanu polynésien
et une étude approfondie de l’huile de tamanu sont en cours à l’UPF ; d’au-
tre part, 2002 a vu la création du Syndicat interprofessionnel du tamanu.
Autres ressources végétales
Les fleurs. Une première tentative de créer une « filière fleurs » pour valo-
riser la grande richesse de la flore ornementale polynésienne n’a pas connu
dans le passé la réussite escomptée. Il n’en est pas moins vrai qu’il y a là une
ressource potentielle, sur laquelle les fiches espèces réalisées par les experts
apportent des éléments de repérage (notamment à propos des fougères).
Les fruits. En l’absence d’espèces originales, et du fait de handicaps en
termes d’éloignement des marchés et de l’espace agricole restreint pour une
production en plus grand volume, les opportunités de valorisation sont à
fonder sur la spécificité du goût, donc des arômes des variétés polynésien-
nes d’ananas, mangues et autres fruits. On observe en ce domaine des
initiatives émanant d’acteurs du secteur privé (sur l’ananas). Des études sont
en cours avec le concours scientifique du Cirad, sur la mangue notamment.
Mais on est là dans le domaine de la recherche agronomique, et donc hors
du champ de cette expertise.
Le santal. Plante de grande valeur patrimoniale, elle est menacée d’ex-
tinction aux Marquises. Elle est mentionnée ici non parce qu’elle fait l’objet
d’une valorisation économique effective, mais parce que son intérêt poten-
tiel (voir fiche Santalum insulare) est à l’origine d’un programme d’étude en
cours de réalisation par le Cirad.
Un cas controversé : le kava
Bien qu’il n’y ait pas de « filière kava » en Polynésie française, ce produit
doit être évoqué ici car il fait l’objet de vifs débats et d’avis contradictoires,
y compris au sein du collège d’experts de cette expertise. Il est à la base
d’une boisson d’usage traditionnel (lors de fêtes ou de cérémonies rituelles)
dans une grande partie de l’Océanie, notamment au Vanuatu, aux îles Fidji,
Wallis et Futuna, Cook, Tonga et Samoa et en Nouvelle-Calédonie, et aussi,
mais de façon beaucoup moins affirmée, en Polynésie française (surtout aux
Marquises). En Nouvelle-Calédonie et dans les villes du Vanuatu, s’est déve-
loppée sous forme de néo-tradition une consommation conviviale de kava
dans des bars spécialisés ou « nakamals ». Cette boisson est préparée à par-
État des lieux 43

tir de racines fraîches ou sèches de Piper methysticum, dont existent diffé-


rents cultivars. Les principes actifs du kava, les kavalactones, ont des pro-
priétés sédatives, analgésiques et anxiolytiques. Également commercialisé
comme phytomédicament sous forme de gélules, le kava a connu un essor
spectaculaire à la fin des années 1990 (notamment aux États-Unis, en
Allemagne, en Suisse), suivi d’un effondrement tout aussi brutal, à la suite
de plusieurs cas d’hépatites fulminantes (en Europe), qui ont entraîné en
2002 son retrait pur et simple du marché en France, Espagne, Italie et
Royaume-Uni, d’autres pays se bornant à des recommandations de pru-
dence. Mais le coup était porté, et le marché s’est effondré, avec de lourdes
conséquences socio-économiques pour les quatre principaux producteurs
(Vanuatu, Fidji, Samoa et Tonga). Pour l’heure, le marché est totalement
saturé. Pour tenter de sortir de la crise, les États producteurs misent sur des
actions de lobbying auprès des grandes organisations internationales (OMS)
et régionales (Union européenne) pour « blanchir » le kava en établissant la
non-toxicité des kavalactones et obtenir sa remise sur le marché. Quelle que
soit l’issue des études et démarches entreprises, il paraît désormais impossi-
ble d’en envisager la commercialisation en vente libre comme complément
alimentaire. Quant à son retour sous des formes plus contrôlées, la contro-
verse fait rage (voir la fiche Piper methysticum qui lui est consacrée).
Premiers enseignements des filières « produits végétaux »
Dans la grille présentée ci-après, on propose une première vue d’ensem-
ble comparative des principales activités fondées sur l’exploitation de sub-
stances naturelles terrestres. Les principaux produits évoqués précédemment
y sont repris pour en caractériser les dynamiques particulières en fonction de
critères économiques, sociaux et institutionnels.
Sans prétendre à une précision forte dans la caractérisation, cette grille
permet de dégager plusieurs éléments de réflexion :
■ La filière coprah constitue l’exemple paradigmatique d’un système de
production fortement subventionné. Est-il envisageable que de nouvelles filiè-
res viennent réduire son espace (foncier) et son coût (subventions publiques)
sans peser sur son rôle social et son enjeu de solidarité inter-archipels ?
■ Le succès du nono suggère qu’il peut offrir une solution de rechange
à des activités peu rémunératrices et fortement subventionnées. Pourtant,
cette nouvelle filière reste à étayer sur le moyen terme. La demande des
consommateurs pour ce « produit santé » est-elle durable ?
44 Substances naturelles en Polynésie française

Tableau 4 – Caractéristiques des principales filières « produits végétaux »


Expérience Rentabilité Innovation Enjeu social Formes Perspectives de
commerciale ou patrimonial d’organisation développement
Coprah > 40 ans nulle nulle Fort Caisse de soutien nulles
(1967)
Monoï > 20 ans forte moyenne Moyen GIE (2002) moyennes
AOC (1992)
Vanille > 50 ans moyenne moyenne Fort Epic 2003 fortes
Nono < 5 ans forte forte Moyen - moyennes
Tamanu < 5 ans ? ? Moyen Syndicat de potentielles
producteurs d’huile
Source : contribution SIMON (voir CD-ROM).

■ Il est risqué d’envisager une transposition pure et simple du « schéma


nono » au cas du tamanu. Le système de production et la dynamique des
marchés apparaissent en effet très dissemblables.
■ Les incitations financières publiques sont présentes tant pour des activi-
tés d’intérêt social, non rentables, que pour le développement ou la réacti-
vation d’activités d’intérêt économique, mais elles apparaissent inégalement
mobilisées. Faut-il voir là un héritage du passé, l’effet d’un « saupoudrage »
au cas par cas ou le résultat de choix délibérés ?
■ Les formes d’organisation de producteurs sont instructives : la capacité
locale d’organisation est réelle, mais il y a lieu de pousser la réflexion sur les
modalités de l’appui à apporter aux entreprises en aval de la production
agricole.
■ L’enjeu des marchés extérieurs est déterminant et perçu avec acuité en
Polynésie française. La volonté des entrepreneurs locaux de se situer face
aux États-Unis, au Pacifique et à l’Europe est réelle. Un renforcement des
actions d’exportation est en cours, appuyé par les pouvoirs publics.
Trois points critiques
Le dynamisme des filières de produits naturels issus de l’agriculture peut
être, dans certains cas, entravé par trois difficultés.
État des lieux 45

L’accès au foncier pour le développement de nouvelles cultures


La pratique coutumière de l’indivision induit une forte pression sur le niveau
des prix du foncier. Certes, des exemples comme celui de la filière vanille ou de
la production d’ananas attestent que le développement de la production peut
être obtenu grâce à des systèmes culturaux plus intensifs, et donc sans demande
de terres supplémentaires. Il n’en demeure pas moins vrai que le problème de
l’accès au foncier pourrait gêner le développement de filières, nouvelles ou « jeu-
nes », reposant sur la mise en culture d’espèces polynésiennes intéressantes.
Dans le même ordre d’idées, se pose la question de la gestion du littoral :
l’absence d’espaces disponibles a annulé les perspectives de développement
de l’aquaculture semi-intensive de la crevette. A contrario, les expériences de
gestion de la ressource lagonaire (plans locaux d’utilisation) suggèrent qu’un
partage de la ressource espace peut être organisé.
La formation et la vulgarisation agricoles
Les récentes mesures de déconcentration administrative font reposer sur
les agents du Service du développement rural (SDR) un très (trop ?) large
éventail de fonctions, allant jusqu’à l’accompagnement des filières, alors
que s’expriment des besoins importants en fait de formation et de diffusion
de l’information technique agricole. Une réflexion doit donc être conduite
sur les moyens humains, techniques, organisationnels et financiers à mettre
à disposition du secteur agricole pour accroître sa capacité à développer ou
accompagner de nouvelles activités productives. En tout état de cause, le
territoire ne peut se passer d’un réseau d’animation et de vulgarisation pour
répondre aux attentes des producteurs et encadrer des activités soucieuses
de développement durable et de labellisation.
La démographie des exploitants
Le vieillissement des agriculteurs est un fait dont il convient d’apprécier l’im-
pact sur le dynamisme du secteur. Dans le secteur agricole polynésien, prédomi-
nent les activités traditionnelles de cueillette et de culture vivrière, pratiquées par
des actifs âgés : c’est le cas de nombreuses vanilleraies, mais aussi de la plupart
des productions fruitières traditionnelles (ananas, mangues, etc.). Les agricul-
teurs polynésiens ne sont pas pour autant dénués de dynamisme. C’est ce qu’at-
testent les réactions positives quant au « montage » de dossiers de développe-
ment dans le cadre de la création de l’Epic Vanille, ou l’accueil favorable des
producteurs d’ananas locaux aux projets de la société Jus de fruit de Moorea.
46 Substances naturelles en Polynésie française

Le capital biodiversité
de la Polynésie française

LES RESSOURCES VÉGÉTALES TERRESTRES


La flore de la Polynésie française se caractérise par une pauvreté rela-
tive, avec une flore primaire de quelque 900 espèces, et donc par sa fragi-
lité par rapport aux espèces introduites. Mais ses autres traits marquants
sont l’originalité et un fort endémisme (62 % d’espèces propres), qui tien-
nent à l’insularité, à la grande dispersion géographique et à la forte exten-
sion en latitude du territoire. Si elle est bien étudiée au plan botanique,
cette flore l’est encore très peu au plan chimique et pharmacologique. Pour
80 à 90 % des plantes endémiques, il n’existe en effet aucune référence
bibliographique témoignant d’études scientifiques. La conjonction de ces
deux données ouvre, à l’évidence, de vastes perspectives en termes de bio-
prospection14.
À l’exception des usages locaux et de quelques ressources bien identi-
fiées à vocation commerciale, l’originalité floristique de la Polynésie française
est donc encore peu exploitée. Le nombre d’espèces locales ayant bénéficié
d’un processus de valorisation demeure très réduit.
À partir de ce constat initial se dessinent deux axes de travail :
■ Comment identifier et sélectionner de nouvelles espèces exploitables ?
■ Comment valoriser plus complètement les espèces déjà exploitées ?

Démarche et méthode de l’expertise collégiale


Il n’existe pas de méthode éprouvée et unanimement reconnue pour déter-
miner quelles sont les ressources végétales exploitables d’une région donnée.

14 La bioprospection consiste en l’exploitation, l’extraction et le criblage ou tri de la diversité bio-


logique et des connaissances indigènes pour découvrir des ressources génétiques ou biochimiques
ayant une valeur commerciale.
Le capital biodiversité de la Polynésie française 47

De même, il n’existe pas, à notre connaissance, de tableau synthétique


ou de base de données réunissant l’information pertinente concernant les
ressources végétales exploitables de Polynésie française, en dehors d’ouvra-
ges sur les usages locaux des plantes.

Tableau 5 – Critères d’exclusion-sélection des espèces végétales


Critères Sélection Exclusion
Originalité Plantes endémiques Plantes naturalisées
botanique et largement répandues
Critères Espèces non vulnérables Espèces vulnérables
bio-écologiques (indice IUCN15)
Critères Accessibilité Espèces peu accessibles
biogéographiques (peuplements dispersés,
éloignés)
Usages locaux Plantes médicinales ■ Plantes médicinales
locales largement répandues
dans le monde, bien étudiées
et souvent exploitées.
Pas de spécificité
polynésienne
■ Plantes alimentaires,
épices et condiments banals16
Critères Le genre – niveau Espèces ou genres de faible
chimiotaxonomiques taxonomique le mieux intérêt pharmacobotanique
corrélé à la distribution
des métabolites
secondaires
Source : contribution Moretti et Florence (voir CD-ROM).

15 Depuis 1994, l’IUCN (International Union for Conservation of Nature and Natural Resources) a éla-
boré un classement des espèces végétales et animales en cinq catégories, qui permet de mesurer les
risques encourus par la biodiversité : espèces éteintes ou menacées d’extinction (CR) ; espèces en
danger (EN) ; vulnérables (VU) ; à faible risque (LR) ; statut indéterminé, faute de données (DD).
16 Ce critère ne s’applique pas à la vanille de Tahiti (Vanilla tahitensis) qui est une variété propre à
la Polynésie. Elle figure donc dans les espèces retenues.
48 Substances naturelles en Polynésie française

Le travail réalisé par le groupe d’experts tend à combler cette lacune.


Pour ce faire, les experts ont opté pour une approche par ressources bio-
logiques, rendue possible par le fait qu’on dispose pour la Polynésie fran-
çaise de données botaniques relativement fiables. Les principales étapes de
cette démarche ont été les suivantes :
■ Quoique le nombre en soit relativement circonscrit, il était impossible
d’analyser la documentation scientifique disponible sur toutes les espèces
végétales du Territoire. On a donc élaboré, sur la base de l’analyse critique
des connaissances scientifiques disponibles, une méthode de présélection
des substances végétales potentiellement exploitables.
■ S’agissant d’une flore insulaire fragile et présentant un fort taux d’endé-
misme, un premier croisement de critères s’est imposé : il convenait de croiser
l’originalité botanique, comme critère premier d’inclusion avec le statut écolo-
gique, comme critère premier d’exclusion. La vulnérabilité constitue bien ici le
critère d’exclusion car, à l’évidence, des espèces vulnérables ne peuvent raison-
nablement être considérées comme « potentiellement exploitables » sans risque
de disparition de la ressource elle-même et donc d’atteinte à la biodiversité.
■ Le nombre d’espèces à examiner s’est ainsi trouvé ramené à 430. À cet
effectif a été appliquée une série de critères d’exclusion/sélection complé-
mentaires (cf. tabl. 5).
L’ensemble des critères d’exclusion/sélection a conduit à retenir 78 espè-
ces à expertiser. Chacune fait l’objet d’une fiche, sur le modèle présenté ci-
après, qui permet de croiser les informations (quand elles existent) et les
commentaires provenant des différents spécialistes.
Pour chaque fiche, les experts proposent un classement dans l’une des
trois grandes catégories suivantes, définies collectivement :
■ Groupe 1 – Sélection restreinte concernant les espèces exploitées et
espèces exploitables17.
■ Groupe 2 – Espèces dont la valorisation est possible à moyen terme,
mais exige préalablement des travaux de recherche et développement.
■ Groupe 3 – Espèces non prioritaires qui répondent aux critères de
sélection pris en compte dans l’expertise mais pour lesquelles, en l’absence
de données bibliographiques significatives, il n’est pas possible de proposer
des orientations de recherche et développement.
17 Pour en faciliter la consultation, les fiches de ce groupe particulièrement intéressant sont repro-
duites dans l’édition papier (cf. annexe 1).
Le capital biodiversité de la Polynésie française 49

Nom scientifique :
Statut IUCN
Accessibilité
Usages
Composition chimique
Propriétés pharmacologique et toxicologique
Intérêt industriel le cas échéant
Contraintes réglementaires le cas échéant
Itinéraire de production le cas échéant
– mode d’obtention :
– mode de commercialisation :
– contrôle qualité :
Orientations le cas échéant

ADMISSION DANS LE GROUPE 1, 2 OU 3

Pour les espèces classées dans les groupes 1 et 2, les experts formulent
un diagnostic sur les orientations possibles en matière de recherche, déve-
loppement et valorisation. Deux points sont à remarquer :
■ La comparaison des fiches des groupes 1 et 2 fait bien apparaître l’état
sensiblement différent, selon l’espèce considérée, de l’information disponi-
ble, d’où le caractère plus ou moins affiné des orientations qu’il a été possi-
ble de formuler.
■ La plupart des espèces du groupe 2 relèvent des catégories UICN sensibles.

En conclusion, alors que la majorité des espèces étudiées sont encore, à


quelques exceptions près, faiblement identifiées en termes de valorisation,
les travaux de l’expertise mettent à la disposition de la Polynésie française un
premier tableau de bord rassemblant les informations pertinentes sur les res-
sources exploitables. Il s’agit là d’un apport original, tant dans la méthode
que dans la production finale.
Il convient toutefois d’attirer l’attention sur deux faits :
■ D’une part, comme nous l’avons souligné, la biodiversité végétale locale
demeure, à l’heure actuelle, sous-étudiée et, par voie de conséquence, son
50 Substances naturelles en Polynésie française

potentiel reste mal estimé. À l’encontre de cet état de fait, l’expertise collé-
giale apporte un instrument précieux, avec la réalisation d’un fichier « Flore
utile de Polynésie française » (qu’on trouvera en annexe à la contribution
Moretti-Florence sur le CD-ROM). Les plantes utiles citées dans les ouvrages
de référence sont ainsi réunies en un seul fichier, qui recense, après vérifica-
tion et actualisation de leur statut taxonomique, les espèces utiles de
Polynésie française. Au-delà de la seule révision taxonomique, ce fichier
apporte aussi des données originales ou actualisées sur leur distribution géo-
graphique et leur disponibilité, cette dernière notion permettant de préciser
l’accessibilité, l’abondance et la structuration des peuplements actuels.
■ D’autre part, la méthode de sélection adoptée ici a sans doute eu pour
effet de laisser passer au travers de son crible des espèces intéressantes,
mais qui ne répondaient pas aux critères retenus, notamment l’originalité
(endémisme). C’est le cas, par exemple, des « espèces introduites échappées
des cultures », dont plusieurs, au premier chef les quinquinas, présentent un
réel intérêt économique. Un développement de la contribution Moretti-
Florence (sur CD-ROM) attire l’attention sur des cas de ce genre que, dans
la logique de sa grille de critères, l’étude n’a pu retenir.

LES RESSOURCES MARINES


Généralités
En fait de molécules originales d’intérêt biologique, les organismes
marins représentent une réserve immense, mais encore très partiellement et
très inégalement étudiée, et encore plus faiblement exploitée. Les groupes
les mieux inventoriés sont les coraux et les mollusques, indicateurs reconnus
de la biodiversité marine, ainsi que les algues. La situation est tout autre
pour les spongiaires ou les micro-organismes.
On estime qu’à ce jour, plus de 500 000 espèces marines, animales et
végétales, ont été identifiées, mais que moins de 5 % de ces organismes ont
fait l’objet d’études de leurs propriétés chimiques et biochimiques. La litté-
rature scientifique s’enrichit régulièrement de résultats mettant en évidence
des métabolites bioactifs d’origine marine. À cet égard, des analyses attes-
tent une plus forte probabilité de réussite à partir des molécules marines :
10 pour 10 000, contre 1 pour 10 000 en ce qui concerne les molécules pro-
venant d’organismes terrestres.
Le capital biodiversité de la Polynésie française 51

Pour orienter la recherche de molécules d’intérêt dans cet « océan de


possibles » (de la bactérie au requin !), on ne dispose pas, à la différence des
substances terrestres, de guides ethnopharmacologiques, car il n’existe que
de très rares usages traditionnels des substances marines.
Compte tenu de l’état actuel de l’inventaire et des connaissances, les res-
sources marines et leur potentiel de valorisation, à la différence des sub-
stances naturelles végétales, ne donnaient pas matière à la rédaction de
fiches distinctes et ne pouvaient faire l’objet que d’une approche globale
(voir la contribution Guézennec-Débitus sur CD-ROM). On trouvera ici une
présentation rapide des différentes formes de la ressource, par grands types
d’organismes, ainsi qu’un exposé des perspectives de valorisation par grands
secteurs économiques.

Les différentes formes de la ressource


Les co-produits de la pêche
L’utilisation des co-produits de la pêche s’inscrit dans une démarche
essentiellement « santé », s’agissant notamment des propriétés des acides
gras polyinsaturés et plus spécifiquement des oméga-3 et des oméga-6. Des
potentialités de valorisation existent dans le domaine de la nutrition
humaine, dans le cadre de la lutte contre les maladies cardio-vasculaires et
en oncologie.
Un autre aspect de la valorisation des co-produits de la pêche se situe au
niveau de la recherche de lipides spécifiques.
De façon générale, si des pistes existent, les recherches n’en demeurent
pas moins très en amont par rapport à d’autres molécules marines.

Les algues
L’utilisation et l’exploitation des algues marines sont relativement peu
connues du grand public, bien qu’elles soient désormais présentes dans
nombre de produits de grande consommation. À l’échelle internationale, les
algues sont exploitées majoritairement (à 70 %) dans le secteur de l’agroa-
limentaire, et essentiellement sur le marché de l’alimentation humaine en
Asie. L’utilisation des algues pour l’alimentation humaine constitue un mar-
ché de près de 4 milliards de dollars US par an. Si les principaux utilisateurs
sont effectivement les pays de l’Asie, on assiste actuellement au développe-
52 Substances naturelles en Polynésie française

ment de « l’algue alimentaire » en Occident, en particulier sur le marché des


compléments alimentaires et nutrition-santé.
La valorisation de cette ressource marine connaît un vif essor et semble
promise à un bel avenir. Or, comme cela a déjà été mentionné, la Polynésie
française dispose en ce domaine d’acquis et d’outils très intéressants en ter-
mes de recherche : citons notamment une importante collection d’algues à
l’Université de la Polynésie française, une autre à l’ILM, et le récent travail de
synthèse (réalisé dans le cadre d’une thèse) sur les algues de Polynésie et leur
valorisation potentielle dans différents secteurs, qui vont de la gestion de
l’environnement à la cosmétologie.

Les micro-organismes
Sous le vocable « micro-organismes » sont ici regroupés micro-algues,
champignons, bactéries, archaébactéries et cyanobactéries.
La Polynésie française possède en ce domaine des spécificités liées à son
positionnement géographique, mais aussi à la présence d’écosystèmes par-
ticuliers tels que les « mares à kopara » (sujet d’un travail de thèse en cours).
Les micro-organismes constituent une source de nombreuses molécules
présentant un véritable potentiel en biotechnologie : polymères biodégrada-
bles, polysaccharides, enzymes, métabolites secondaires, etc. (cf. tabl. 7 p. 86).
Les avancées considérables de la biologie moléculaire au cours de ces
dernières années rendent désormais possible, et surtout plus accessible, l’é-
tude des écosystèmes microbiens. De nombreuses études ont montré en
effet que les techniques classiques de biologie, telles que les mises en cul-
ture sur milieux à caractère plus ou moins sélectif, ne permettent d’accéder
qu’à une infime partie (de 0,1 % à 1 %) des espèces microbiennes présen-
tes dans les écosystèmes marins. Cela signifie également qu’une proportion
très importante de métabolites microbiens d’intérêt biotechnologique peut
échapper à toute investigation. Cette ressource peu connue à ce jour et
donc inexploitée pourrait s’avérer le principal gisement de nouvelles molé-
cules d’intérêt biotechnologique des prochaines décennies. On peut donc
considérer que l’un des enjeux majeurs de la recherche en matière de bio-
technologie marine, et plus spécifiquement au niveau des micro-organis-
mes, porte sur le développement de méthodes d’identification, de caracté-
risation et d’analyse de la fraction dite incultivable.
Le capital biodiversité de la Polynésie française 53

Pour les différentes raisons qui viennent d’être évoquées, il apparaît


impossible, voire inutile, d’inventorier les espèces microbiennes présentes au
sein des différents écosystèmes polynésiens, tant du fait de leur nombre que
de la représentativité fort incertaine d’une telle nomenclature éventuelle. Il
est admis que seul un très faible pourcentage des espèces microbiennes sont
cultivables, donc identifiables, selon les méthodes de taxonomie classique et
que, par ailleurs, la notion de « milieu de culture » induit celle de sélectivité
d’espèces par rapport à d’autres. Il en est de même au niveau de la valori-
sation de ces micro-organismes où la synthèse de métabolites d’intérêt bio-
technologique peut être la conséquence d’une action au niveau de leurs
conditions de croissance et de fermentation. En résumé, il faut pouvoir cul-
tiver ces micro-organismes pour pouvoir les étudier scientifiquement et a
fortiori les développer dans le domaine économique.
Dans ces conditions, le plus judicieux serait d’envisager, spécifiquement
pour les micro-organismes, une orientation vers la préservation et la consti-
tution de collections de ces micro-organismes, cette ou ces souchothèque(s)
constituant la base de toute action ultérieure en matière de valorisation et
d’exploitation dans les différents secteurs de la biotechnologie.

Domaines de valorisation
Les applications potentielles des ressources marines sont multiples et
peuvent concerner, comme source de nouveaux modèles, nouveaux pro-
duits ou nouveaux procédés, de nombreux secteurs industriels. En effet, leur
diversité et leur adaptation à des conditions de vie atypiques ou extrêmes
ouvrent des perspectives originales quant au développement de nouvelles
molécules bioactives. Le vif intérêt qu’elles suscitent se traduit notamment
par le dépôt en nombre croissant de brevets relatifs aux activités biologiques
des produits issus des organismes marins (principalement des invertébrés
jusqu’à présent).
En termes de valorisation, et quelles que soient les ressources marines
concernées, un certain nombre d’axes paraissent correspondre à une
demande à la fois économique et sociétale :
■ L’environnement en quête de « technologies propres » (« chimie
verte ») pouvant se substituer à d’autres techniques plus polluantes, moins
spécifiques, moins performantes ou plus onéreuses.
54 Substances naturelles en Polynésie française

■ La cosmétologie/dermocosmétologie, domaine en quête permanente


de nouvelles molécules innovantes tant par leur « histoire » qu’en raison de
leurs propriétés physico-chimiques et de leur efficacité. En dépit de nom-
breuses incertitudes – notamment, mais pas uniquement, au plan de la
réglementation – ce secteur apparaît souvent, de façon plus ou moins fon-
dée, comme « le » créneau à privilégier dans une démarche de valorisation
à court terme.
■ L’agro-alimentaire, pris au sens large du terme, demandeur de nouvel-
les molécules texturantes pouvant s’adapter à de nouvelles contraintes de
marché.
■ La chimie de synthèse et/ou d’hémisynthèse, à la recherche de nouvel-
les molécules ou de précurseurs.
■ Le domaine de la santé avec une recherche, parfois très ciblée, d’une
grande spécificité, d’efficacité et/ou de forte activité, pour la mise au point
de substituts à des molécules existantes mais d’origine non souhaitée pour
diverses raisons. Ainsi, le recours à des composés bioactifs d’origine marine
peut s’avérer un avantage majeur par rapport à l’emploi de molécules
– héparine, acide hyaluronique – d’origine animale, du fait de la découverte
d’agents pathogènes non conventionnels.

Quelles stratégies de valorisation ?


La biodiversité marine et le niveau actuel de connaissance sont tels qu’il
semble délicat, voire impossible dans une première phase, de privilégier un
axe de valorisation plutôt qu’un autre. Une telle valorisation implique
comme préalable l’étude pluridisciplinaire de la flore et de la faune des dif-
férents biotopes.
Les conditions de cette valorisation seront de surcroît fort diverses selon
les voies d’obtention des extraits. De fait, l’un des critères déterminants pour
l’exploitation d’un produit original est la facilité et la rentabilité (coût) de son
obtention. Trois méthodes peuvent être utilisées pour obtenir les produits en
quantité suffisante : par extraction-purification de métabolites (primaires et
secondaires) à partir des organismes (macro et micro-), par synthèse, ou
encore par hémisynthèse, compromis entre les deux voies précédentes
(transformation d’un précurseur naturel). Synthèse comme hémisynthèse
sont parfois complexes, rarement impossibles, mais, compte tenu des coûts
Le capital biodiversité de la Polynésie française 55

induits, pas toujours rentables pour l’exploitation des molécules. Dans ce


contexte, la voie de production par biotechnologie de molécules actives
constitue bel et bien, économiquement parlant, une voie d’avenir : soit par
aquaculture en milieu naturel des organismes producteurs (éponges, asci-
dies, gorgones, algues…), soit par recours à des procédés biotechnologiques
(fermentation, photobioréacteur) en ce qui concerne notamment les micro-
organismes (cyanobactéries, micro-algues, champignons, bactéries).
Pour tout cet ensemble de raisons, la constitution de collections couplées
à une forte composante en chimie marine apparaît, à court et moyen terme,
comme l’orientation la plus pertinente en fait de valorisation. Les conditions
requises pour ce faire sont à la portée de la Polynésie française et seront
détaillées dans la section suivante.
56 Substances naturelles en Polynésie française

Éléments pour une stratégie de valorisation


des substances naturelles

Après avoir examiné, pour en tirer de premiers enseignements, ce qui


existe actuellement en Polynésie française en fait d’exploitation économique
des substances naturelles, l’expertise collégiale a identifié des ressources
potentielles nouvelles. On en arrive ainsi à la question centrale qui lui a été
posée : comment traduire le potentiel identifié en de nouvelles pistes de valo-
risation, cohérentes entre elles et adéquates aux capacités locales, c’est-à-
dire en une véritable stratégie ? Tel sera l’objet, et l’objectif, de cette troi-
sième section.
Soulignons l’importance de l’enjeu. Il en va en effet du bon emploi des
moyens qui seront impartis à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une telle
politique, et donc du bon « retour sur investissement » qu’on peut en atten-
dre : investissement financier certes, mais aussi investissement humain, sous
de multiples formes.
Nous nous attacherons en premier lieu à fournir des orientations pour
définir les principes et le cadre juridique indispensable à la préservation des
intérêts écologiques et économiques de la Polynésie française face à l’essor
souhaité des activités de valorisation de ses substances naturelles.
Puis nous présenterons les conditions économiques et techniques requi-
ses pour le bon développement de nouvelles filières de production, condi-
tions qui incluent notamment les contraintes réglementaires spécifiques à
certains secteurs sur les marchés français et européen, ainsi que les instru-
ments de protection des produits.
Enfin, nous développerons les orientations de valorisation proprement
dites, en différenciant deux cas de figure : d’une part, les substances natu-
relles du groupe 1 ; d’autre part, les substances du groupe 2 et les substan-
ces marines, avec, dans les deux cas, des indications sur le dispositif néces-
saire à la mise en œuvre de ces orientations.
Éléments pour une stratégie de valorisation… 57

APPROCHE JURIDIQUE
La CDB et le nouveau statut juridique de la biodiversité
Les ressources biologiques (et leurs composants) sont de plus en plus convoi-
tées et, loin de n’acquérir de valeur qu’à proportion des transformations techno-
logiques dont elles font l’objet, elles ont une valeur en soi. C’est l’ensemble de la
biodiversité qui est devenu potentiellement valorisable et par là même stratégique.
Avec le développement des biotechnologies, le statut juridique des res-
sources biologiques s’est profondément renouvelé. Jusqu’à la fin des années
1980, ce statut s’articulait schématiquement autour de deux catégories juri-
diques : d’une part, la souveraineté nationale, pour ce qui est de leur exploi-
tation directe et immédiate ; d’autre part, la notion de « patrimoine com-
mun de l’humanité », dans le cadre de la recherche ou d’une valorisation
indirecte et différée, à partir des potentialités chimiques ou génétiques de la
ressource susceptibles de générer un nouveau produit.
Dès le milieu des années 1980, ce statut s’est trouvé en porte-à-faux face à
l’évolution du droit qui, aux États-Unis d’abord, en Europe ensuite, et finalement
à l’échelle mondiale, a consacré la brevetabilité du vivant. Au terme de cette évo-
lution, toute ressource vivante – ou tout élément qui en est issu, cellule, gène,
molécule, etc. – peut désormais être protégée par un brevet d’invention si, une
fois retravaillée, elle apparaît nouvelle, inventive et applicable dans un procédé
industriel. D’où une distorsion entre, d’un côté, le patrimoine commun de l’hu-
manité, qui postule l’absence de propriété, la liberté et la gratuité des collectes,
et, de l’autre, le brevet qui permet une exploitation non seulement lucrative,
mais aussi exclusive des substances ainsi librement et gratuitement collectées.
C’est pour prévenir les conflits d’intérêts pouvant découler de cette situation
que la Convention sur la diversité biologique (CDB) du 5 juin 1992 a établi un
nouveau statut juridique des ressources biologiques. Abandonnant la qualifica-
tion de patrimoine commun de l’humanité, la Convention rattache les proces-
sus biologiques au principe de souveraineté des États sur leurs ressources natu-
relles, ce qui permet à ces derniers de réglementer comme ils l’entendent toute
forme d’accès au matériel biologique se situant sur leur territoire. L’objectif est
de permettre aux États de mieux en contrôler l’utilisation et d’en organiser les
échanges, mais aussi de tirer profit des richesses qui en découleront à la suite
d’un processus de recherche-développement chimique ou biotechnologique.
58 Substances naturelles en Polynésie française

C’est l’article 15 de la Convention qui constitue à cet égard la disposition


clé ; en voici les points essentiels :
« 1 – Étant donné que les États ont droit de souveraineté sur leurs res-
sources naturelles, le pouvoir de déterminer l’accès aux ressources génétiques
appartient aux gouvernements et est régi par la législation nationale. […]
5 – L’accès aux ressources génétiques est soumis au consentement pré-
alable donné en connaissance de cause de la Partie contractante qui fournit
les dites ressources, sauf décision contraire de cette Partie. […]
7 – Chaque Partie contractante prend les mesures législatives, adminis-
tratives ou de politique générale appropriées [...] pour assurer le partage
juste et équitable des résultats de la recherche et de la mise en valeur ainsi
que des avantages résultant de l’utilisation commerciale et autre des res-
sources génétiques avec la Partie contractante qui fournit ces ressources. Ce
partage s’effectue selon des modalités mutuellement convenues. »
En vertu de la Convention, l’accès aux substances naturelles s’organise donc
désormais autour de trois grands principes corrélés entre eux : souveraineté de
l’État, consentement préalable en connaissance de cause de l’autorité publique
avant toute collecte, partage des avantages résultant de l’utilisation des res-
sources fournies. Le système fondé sur ce socle de principes est désigné par l’a-
cronyme APA : accès (aux ressources génétiques) et partage des avantages.

La Polynésie française et la nouvelle donne juridique


Alors que nombre d’États ont saisi l’opportunité offerte par l’article 15 de
la CDB, la Polynésie française ne s’est pas encore, à ce jour, dotée d’une
réglementation spécifique sur l’accès aux ressources génétiques. Un projet de
texte étant en cours d’élaboration en Polynésie française, il est bon de souli-
gner combien il serait opportun qu’elle légifère en la matière, et de relever
qu’elle en a parfaitement la compétence.
L’absence, à ce jour, de dispositions spécifiques à l’APA ne peut s’expli-
quer par l’absence de compétence juridique de la Polynésie française. La
CDB énonce bien que le pouvoir de déterminer l’accès appartient aux États.
Mais en vertu de la loi organique n° 2004-192 du 27 février 2004 portant
statut d’autonomie de la Polynésie française, les institutions polynésiennes
sont dotées d’une autonomie renforcée et disposent de larges compétences
déléguées dans toute une série de domaines, parmi lesquels l’environne-
Éléments pour une stratégie de valorisation… 59

ment et les ressources marines. Les questions d’accès aux ressources biolo-
giques et de circulation de ces ressources relevant au premier chef de l’en-
vironnement (terrestre ou marin), la Polynésie française a donc bel et bien
compétence pour mettre en place un dispositif juridique en ce domaine.
Quant à l’utilité d’un tel dispositif, voyons, a contrario, ce qu’entraîne
son inexistence. Certes, la CDB est applicable en Polynésie française, par le
biais de la loi n° 94-477 du 10 juin 1994 qui en porte ratification en France.
Toutefois, la France, comme beaucoup de pays développés, n’a pas jugé
utile de la traduire en une réglementation spécifique. De ce fait, aucune
disposition n’organise l’accès à la biodiversité et le partage des avantages
qui peuvent en découler ; aucune ne réglemente précisément les conditions
de la collecte de ressources biologiques (sauf cas des espèces et espaces pro-
tégés) ni le partage des avantages qui peuvent en découler. Il s’ensuit que
les opérateurs désirant prospecter en Polynésie des ressources biologiques
pour leur capacité réelle ou potentielle à servir de base au développement
de médicaments ou autres produits nouveaux n’ont ni à solliciter un accord
préalable, ni à s’engager à une contrepartie.
Ainsi donc, s’en tenir au droit en vigueur n’offre pas à la Polynésie française
les moyens de tirer au mieux avantage des perspectives de valorisation de ses
substances naturelles. En effet, ni les règles classiques issues du droit civil, du
droit de l’environnement ou du droit de la mer, ni les dispositions en cours d’é-
laboration ces dernières années au plan international dans la logique de la
CDB (Lignes directrices de Bonn, futur régime international sur l’accès et le
partage des avantages18), ne répondent pleinement aux besoins en la matière.
Cette insuffisance du droit en vigueur se manifeste à plusieurs égards :

18 Adoptées (à l’unanimité) en avril 2002 par la Conférence des parties (180 pays), les Lignes direc-
trices de Bonn constituent un outil essentiel de la mise en œuvre de la CDB. Elles visent à assister
les parties dans l’établissement des mesures législatives, administratives ou de politique générale
sur l’APA ou pour la négociation des contrats en la matière. Elles énoncent les exigences fonda-
mentales auxquelles doivent répondre ces contrats, précisent le rôle et les responsabilités tant des
utilisateurs que des fournisseurs, les éléments qui doivent être pris en compte dans les accords rela-
tifs au transfert de matériel et une liste indicative des avantages monétaires et non monétaires.
Elles ont déterminé la mise en place d’un programme de renforcement des capacités pour per-
mettre aux PED de mettre en œuvre les dispositions correspondantes de la Convention. Dans le
même sens, les participants au Sommet mondial pour le développement durable organisé à
Johannesburg en août-septembre 2002, ont demandé que les pays négocient, dans le contexte de
la CDB, un régime international propre à promouvoir et à assurer un partage juste et équitable des
bénéfices découlant de l’utilisation des ressources génétiques. Les Lignes directrices de Bonn feront
certainement partie de ce cadre de travail plus vaste.
60 Substances naturelles en Polynésie française

■ D’un point de vue écologique, la valorisation des ressources biologiques


ne peut se concevoir qu’avec le souci d’assurer leur pérennité. À cette fin, il
s’agit de se donner les moyens de prévenir les incidences néfastes sur l’envi-
ronnement de la Polynésie, milieu biologiquement riche mais vulnérable.
■ D’un point de vue économique, sans agiter l’épouvantail du pillage des
ressources biologiques (biopiraterie), s’abstenir d’organiser plus précisément
les conditions de bioprospection peut à tout le moins empêcher la Polynésie
de tirer correctement avantage des retombées économiques de la valorisa-
tion de sa biodiversité. Il s’agit donc purement et simplement de se donner
les moyens de tirer au mieux profit des éventuelles opérations de valorisa-
tion, certaines ayant fait la preuve qu’elles pouvaient profiter à la fois aux
pays et aux prospecteurs à la condition qu’aient été organisés juridique-
ment, de façon précoce, les droits et les obligations de chacun. Un tel cadre
constitue d’ailleurs un élément important pour la sécurité juridique des
futurs utilisateurs industriels de ressources biologiques, qui pourraient hési-
ter à investir dans des pays sans dispositif juridique clair quant aux condi-
tions d’accès à la biodiversité (l’accès est-il autorisé ou non ? à quelles condi-
tions ? quelle administration saisir ? etc.).
■ D’un point de vue politique, s’abstenir d’organiser plus précisément les
conditions de bioprospection, ce serait risquer de voir les opérations de pro-
spection contestées par les populations locales : on reviendra plus loin sur cet
aspect. Plus généralement, la conception d’un tel cadre s’inscrit « dans le sens
de l’histoire ». Il faut en effet rappeler qu’à l’échelle de la région du Pacifique
Sud, toute une série d’actions poursuivent précisément ce but. On peut citer
les travaux (encore embryonnaires) engagés par le Secrétariat général de la
Communauté du Pacifique Sud (CPS), acteur clé du développement régional
et qui se présente aujourd’hui comme le gardien des ressources du Pacifique,
des savoirs traditionnels et des expressions des cultures de la région.
Intérêt du monde de la recherche et de l’industrie pour les substances
naturelles, nouveau statut juridique de la biodiversité, évolution des concep-
tions et des pratiques en ce domaine : la conjonction de ces facteurs fait
qu’il est de l’intérêt bien compris de la Polynésie française de se doter d’un
dispositif juridique adéquat et efficace.
Reste à en définir les grandes lignes :
■ Dans le paragraphe suivant, on présentera le socle d’un tel dispositif :
consentement préalable, formes des contrats, contrôle, droits de propriété
Éléments pour une stratégie de valorisation… 61

industrielle, tels sont les points essentiels à prendre en compte si la Polynésie


française veut se doter d’une réglementation de l’accès à sa biodiversité.
■ Dans la perspective où la Polynésie française entendrait développer une
activité de prestation de service dans le domaine qui nous occupe, avec l’éta-
blissement de collections, biothèques et extractothèques, assumant une partie
de l’activité d’extraction des substances naturelles au profit d’instituts de
recherche et d’entreprises, on apportera l’éclairage d’une réflexion juridique sur
des questions comme le statut des collections et biothèques, l’activité contrac-
tuelle de ces institutions, etc. (cf. « Les perspectives de valorisation », p. 86).
■ Enfin, on abordera la question, rendue de fait incontournable par l’ar-
ticle 8 (j) de la CDB, des éventuels droits des populations autochtones ou
locales sur les résultats de l’exploitation des ressources biologiques
(cf. « Droits des populations locales et intérêts collectifs », p. 93).

Le dispositif juridique de base : institution du principe d’APA


Les deux éléments clés pour l’élaboration d’un texte relatif à l’APA étant
le principe d’accord préalable en connaissance de cause ou APCC, et sa tra-
duction en un document contractuel, quels sont les points essentiels à la
préservation des intérêts de la Polynésie française en tant que fournisseur de
substances naturelles ?
L’accord préalable en connaissance de cause (APCC)
Posé par l’article 15 de la CDB, son principe implique que la collecte ne
peut être réalisée qu’une fois acquis l’accord de l’autorité publique, cette
dernière ayant préalablement eu à sa disposition les éléments d’information
lui permettant de préserver ses droits sur les ressources et les bénéfices qui
en seront éventuellement tirés.
Cette formalité de l’accord préalable doit obéir à une double exigence :
d’une part, une exigence de clarté (quelle administration saisir ? dans quel
cas de figure ? etc.) ; d’autre part, une exigence de souplesse, afin d’éviter
que la lourdeur des procédures ne soit dissuasive pour les demandeurs, ce
qui irait à l’encontre de l’objectif visé.
À quelle instance demander l’APCC ?
Il est nécessaire de définir quelle autorité doit être saisie ou donner son accord
à l’autorisation de collecte. On s’en tiendra ici à quelques indications générales :
62 Substances naturelles en Polynésie française

■ Le consentement préalable de la Délégation à la recherche devrait être


requis.
■ Les autorités en charge de l’environnement et des espaces protégés
devraient également être impliquées.
■ Pour qu’elles puissent effectivement se prononcer « en connaissance
de cause », il importe de renforcer les capacités des administrations concer-
nées (conformément aux Lignes directrices de Bonn). Dans ce but, elles
auront intérêt à créer, au cas par cas, des comités scientifiques d’appui en
faisant appel aux organismes scientifiques compétents.
À quels types de collectes doit s’appliquer l’APCC ?
Même si elle élargit le périmètre de la réglementation existante, limitée
aux seules espèces protégées, l’application de l’obligation d’autorisation aux
espèces endémiques ne paraît pas suffisante. En effet, ce critère risque
d’empêcher la Polynésie française de profiter pleinement des droits conférés
par la CDB. Dans ce milieu insulaire, l’évolution a ségrégué des taxons extrê-
mement spécifiques. Bien qu’ils ne soient pas endémiques à proprement
parler, ces taxons sont porteurs de caractéristiques potentiellement intéres-
santes. Dans ces conditions, distinguer entre l’endémique et le non-endé-
mique, c’est donner le feu vert à des opérations de prospection susceptibles
d’aboutir au développement d’un produit sur lequel la Polynésie ne se sera
ménagé aucun droit.
Cette remarque amène à formuler une idée plus générale. En réalité, il
ne convient pas de poser un critère discriminant, quel qu’il soit, pour distin-
guer les collectes soumises à autorisation et celles qui y échapperaient : ni
critère tenant aux ressources susceptibles d’être prélevées, ni critère tenant
aux personnes désirant prospecter ou aux objectifs qu’elles assignent à leur
prospection. En effet :
■ Toute ressource, in ou ex situ (puisque des collections existent en
Polynésie), endémique ou non, marine aussi bien que terrestre, entière ou
non (cellules, ADN, etc.), brute ou accompagnée de connaissances quant à
ses vertus thérapeutiques, insecticides, etc., étant susceptible d’être valori-
sée à l’issue d’un processus industriel chimique ou biotechnologique, toutes
doivent donc être soumises au principe de l’APCC.
■ La même conception vaut pour les demandeurs désirant prospecter :
étrangers aussi bien que français, entreprises privées comme instituts de
Éléments pour une stratégie de valorisation… 63

recherche publique, car, dans le domaine qui nous occupe, il n’existe pas de
frontière nette entre public et privé, recherche fondamentale et recherche
appliquée à débouchés commerciaux. Une classique activité d’inventaire est
toujours susceptible d’ouvrir sur des recherches appliquées. La plupart des
instituts de recherche, qu’ils soient privés ou publics, s’investissent dans la
recherche appliquée et déposent des brevets. Ils sont par ailleurs en relation
directe avec des entreprises privées, non seulement lorsque ces dernières
exploitent leurs brevets, mais aussi plus en amont, lorsque l’institut de
recherche réalise des prospections pour leur compte. On en arrive parfois à
des cas de figure où un institut de recherche public sert de « paravent » pour
éviter d’avoir à demander l’APCC… Dans ces conditions, il est artificiel et
contre-productif de tenter des distinguos. S’impose ainsi la conclusion que
l’APCC doit être sollicité dans tous les cas.
Toutefois, afin de ne pas multiplier inutilement de lourdes formalités
administratives, on pourra, après avoir posé le principe de l’APCC dans les
termes indiqués, en exempter par dérogation les activités classiques d’ex-
ploitation et de valorisation des ressources biologiques (pêche côtière,
exploitation du jus de nono ou du kava par l’industrie alimentaire, fleurs
coupées, etc.) pour autant qu’elles se situent bien dans une perspective
d’exploitation et de valorisation directes. Tout transfert de la ressource, à
titre gratuit ou onéreux, ou tout transfert d’autres ressources qui auraient
été capturées ou prélevées à titre accessoire, au profit d’un tiers ayant pour
but d’en faire une valorisation indirecte, sera interdit sauf APCC de l’auto-
rité compétente. C’est ainsi que, sans APCC, une entreprise pharmaceutique
ne saurait récupérer auprès des pêcheurs les captures annexes de leur acti-
vité de pêche (algues, micro-organismes, etc.). Il doit en être de même dans
le cas où une entreprise entendrait mener des opérations de recherche hau-
tement technologiques (par exemple, utilisation d’un gène de la plante ou
synthèse d’une molécule) à partir d’une ressource commercialisée telle que
le nono.
Ainsi conçu et défini en extension, le principe du consentement préala-
ble vise à donner à la Polynésie française les moyens de tirer au mieux avan-
tage de ses ressources biologiques, que ce soit pour avoir fourni le substrat
matériel de l’innovation, ou pour compenser les pertes liées au fait que ce
substrat peut être remplacé en totalité par des produits ou processus issus
de la chimie de synthèse, du génie génétique, etc.
64 Substances naturelles en Polynésie française

L’accord de transfert de matériel


Dans le cas où la collecte de matériel biologique est autorisée, il convient
d’en préciser les conditions de réalisation. À cet effet, la signature d’un
contrat (appelé de façon générique « accord de transfert de matériel », ou
ATM) constitue le mécanisme le plus adapté. Il permet en effet de détermi-
ner les droits et les obligations de chacune des parties.
Loi vs contrat
Qui dit contrat dit théoriquement liberté des contractants de s’engager
selon des termes « mutuellement convenus ». Pourtant, en ce qui concerne
la prospection de ressources biologiques, il paraît nécessaire que la loi donne
un cadre à cette liberté, ne serait-ce que pour la raison suivante. Dans ce
domaine sont en jeu des intérêts publics, qui requièrent que la loi fixe une
série de dispositions auxquelles ces contrats ne peuvent déroger. Au demeu-
rant, cela n’aurait rien de spécifique à la prospection de la biodiversité : le
contrat médical ou le contrat de consommation doivent ainsi obéir à des
dispositions telles que l’obligation d’informer le patient, le délai de rétracta-
tion du consommateur, etc.
Quel type de contrat ?
Le contrat entre les parties prenantes doit-il se borner à organiser les
opérations de prospection pour la recherche ou doit-il anticiper d’emblée sur
d’éventuels développements commerciaux ? Il y a matière à débat entre
deux types de contrat : le contrat de recherche et le contrat commercial.
S’agissant de valorisation différée, comme c’est le cas pour la majorité
des programmes de bioprospection, la question des modalités de partage
des avantages entraîne souvent de longues, difficiles et coûteuses négocia-
tions. Il apparaît plus expédient de s’en tenir initialement à un contrat de
recherche, à la condition expresse d’y faire figurer l’obligation pour l’utilisa-
teur de renégocier un nouveau contrat avec le fournisseur, dans le cas d’une
valorisation industrielle ou commerciale. Afin d’éviter tout malentendu, il
convient en effet de poser que cette obligation vaut si un brevet est déposé
ou si un produit est commercialisé, car le produit final ne sera pas nécessai-
rement protégé par un brevet. En tout état de cause, il faut donc éviter de
délivrer une licence ou un permis de collecte à visée de recherche scienti-
fique sans y prévoir expressément qu’en cas de développement d’une inno-
vation, un accord de partage devra être négocié.
Éléments pour une stratégie de valorisation… 65

Dispositions contractuelles d’ordre public


Dans l’ATM, nombre de dispositions relèvent, bien entendu, de la liberté
des contractants, par exemple, les lieux de la collecte, l’exclusivité et la durée
de celle-ci. Mais y seront également stipulées les dispositions prévues par la
loi, auxquelles les contractants ne pourront déroger :
■ En matière d’accès sous condition d’utilisation durable ;
■ En matière de partage des avantages.

Le partage des avantages est susceptible de revêtir diverses modalités :


bénéfices immédiats ou à long terme, financiers ou en nature. Sans entrer
dans le détail de ces modalités (à peser au cas par cas), trois observations
générales peuvent être formulées :
■ Le principe d’un partage des avantages doit être mentionné dans le
texte de loi comme un principe d’ordre public, auquel les prospecteurs ne
peuvent déroger.
■ En fait d’avantages à court terme, un ensemble de raisons fait appa-
raître plus intéressant d’envisager l’option prestations en nature, l’utilisateur
par exemple s’engageant à apporter une aide technique.
■ Enfin, il faut avoir conscience de ce que toute perspective de partage
à terme risque de n’être qu’une coquille vide si les dispositions à cet égard
ne sont pas complétées par des dispositions organisant le contrôle des dif-
férentes opérations.
Les moyens de contrôle
Le contrôle du respect des dispositions contractuelles est assurément l’un
des aspects les plus difficiles à mettre en œuvre. Le fournisseur du matériel
doit avoir la possibilité d’exercer un contrôle sur chacune des étapes allant
du prélèvement au développement d’un produit, faute de quoi la perspec-
tive d’un partage équitable des avantages devient bien incertaine :
■ Contrôle de la prospection stricto sensu, afin, au minimum, d’identifier
précisément ce qui est collecté et d’en mesurer l’impact environnemental.
■ Contrôle des transferts successifs des spécimens collectés : une disposi-
tion du contrat doit prévoir les moyens d’un tel contrôle. Toujours est-il que
la meilleure formule semble celle par laquelle le prospecteur s’engage pure-
ment et simplement à ne pas transférer les spécimens collectés à des parte-
naires non mentionnés dans le contrat. Il n’y a pas à redouter qu’une telle
disposition soit dissuasive. Les instituts de recherche commencent à être rom-
66 Substances naturelles en Polynésie française

pus à cette pratique. Quant aux entreprises, à l’heure actuelle nombre d’en-
tre elles, désireuses de conserver l’exclusivité de jure ou de facto des spéci-
mens, y demeurent favorables, même si d’autres commencent à y renoncer
afin de multiplier les opportunités de valorisation.
■ Contrôle des travaux du co-contractant : dans l’attente d’un hypothé-
tique accord international sur le contrôle aval des brevets, le contrôle des tra-
vaux de recherche et développement doit être organisé par le contrat lui-même.
Plusieurs dispositions peuvent être prévues : la meilleure, parce que la mieux à
même d’assurer le retour d’informations sur l’avancement des travaux de
recherche, est la conclusion de conventions associant aux recherches des insti-
tutions scientifiques locales (universités, centres de recherche) ou régionales.
S’il est illusoire et vain de rechercher un contrôle absolu, la combinaison
des dispositions venant d’être mentionnées n’en est pas moins nécessaire
pour permettre à la Polynésie française de maîtriser l’évolution des recher-
ches auxquelles ses ressources donneront matière.

APPROCHE TECHNIQUE ET ÉCONOMIQUE


Quels sont les éléments à prendre en compte pour offrir les meilleures
chances de viabilité économique aux filières de production à lancer ou à sou-
tenir dans le but de donner une dimension nouvelle à la valorisation des sub-
stances naturelles polynésiennes ? Nous retiendrons ici deux axes principaux :
■ les paramètres économiques, techniques, réglementaires, auxquels ces
filières doivent satisfaire,
■ les principes à observer en fait de protection des produits qui en sont issus,

étant entendu que :


■ d’une part, les paramètres environnementaux, socle d’un développe-
ment durable, seront au premier plan des orientations proposées infra
comme perspectives de valorisation ;
■ d’autre part, les appuis techniques aux filières de production (qui sont
à rechercher auprès des services centraux spécialisés : Onippam, Iteipmai …)
n’entrent pas dans le périmètre de l’expertise ; cependant en raison de l’a-
cuité de ces questions pour les décideurs locaux, on a sollicité l’avis d’experts
venant du secteur industriel, chargés de la veille technologique et des filiè-
res d’approvisionnement.
Éléments pour une stratégie de valorisation… 67

Pour des filières19 viables : les conditions de base


Une ressource stable, une production de qualité, des prix compétitifs
Pour être viables et jouer pleinement leur rôle économique, les filières
doivent répondre à un certain nombre de conditions. En effet, injecter de
l’argent ou des moyens (ce qui revient au même) ne devrait être envisagé
que lorsqu’il existe une probabilité raisonnable de succès ou de progrès.
L’engagement de programmes de développement non maîtrisés aboutit
généralement à des échecs qui découragent les tentatives ultérieures (les
exemples ne manquent pas, y compris en métropole…). Trois conditions de
base s’imposent.
Stabilité
La condition sine qua non du développement d’une filière de valorisation est
la mise à disposition d’une matière première naturelle, cultivée ou collectée, sta-
ble en quantité. Cette exigence de stabilité doit prendre en compte les phéno-
mènes de saisonnalité mais aussi les aléas climatiques, par la mise en place d’une
logistique adaptée : dispersion des cultures, stockage, pré-transformation…
Qualité
L’objectif n’étant pas de produire une ressource naturelle mais bien d’a-
limenter des activités de valorisation, il est nécessaire d’assurer aux industries
transformatrices des approvisionnements répondant à des critères de qua-
lité spécifiques, définis à l’avance.
Prix
Le prix auquel est proposée la « matière première » doit être suffisamment
attractif pour permettre la mise en place d’une filière de valorisation viable. Il
s’agit sans doute, dans le cas de la Polynésie française, d’un des points les plus
critiques. Le surcoût lié à l’insularité et au système social français rend incertaine
la compétitivité de certaines productions. C’est en particulier le cas pour des res-
sources largement répandues au niveau mondial comme le tamanu. La com-
pétition des pays à faible coût de main-d’œuvre ne sera supportable que s’il est
possible de valoriser une spécificité locale forte, fondée sur la qualité ou l’image.

19 La notion de filière est ici entendue comme la structure économique permettant de mettre à la
disposition du transformateur (industriel ou artisanal) de la matière première (végétale ou autre)
nécessaire à son activité. La partie aval de cette filière (transformation industrielle en produit semi-
fini ou fini) n’est pas incluse dans cette définition car elle est trop diversifiée.
68 Substances naturelles en Polynésie française

Pour mettre en place de nouvelles filières


Partir des besoins du marché
Il ne peut y avoir de développement d’une filière de production que s’il
existe un besoin réel du marché pour ce produit. Toute autre démarche relève
plus d’un traitement social que d’un traitement économique. En général, on
ne peut que constater l’échec des projets de développement reposant sur
une démarche du type : « Nous disposons d’un produit que nous savons pro-
duire en quantité. Nous allons le commercialiser et in fine nous verrons s’il y
a des clients… ». Parallèlement, la démarche consistant à aller voir un indus-
triel pour lui demander : « De quelle plante, ou organisme-source, avez-vous
besoin ? Nous pouvons la produire ou en développer la culture pour vous »,
est également vouée à l’échec. Lorsque le besoin industriel est avéré, l’utili-
sateur a depuis longtemps élaboré sa stratégie d’approvisionnement.
Il est donc important de procéder à l’identification des besoins du mar-
ché avant d’engager tout investissement, humain et matériel. C’est particu-
lièrement vrai pour des initiatives qui viseraient le marché des produits cos-
métiques, marché à la fois très attractif et très difficile. On se reportera à cet
égard à la note « Sur le secteur de la cosmétologie » (Annexe 2) : le débat
qu’elle reflète illustre bien la complexité et l’imprévisibilité de ce marché.
À ce stade, il serait sans doute pertinent de recourir, en appui ponctuel
ou à plus long terme, aux conseils d’organismes officiels tels que l’Onippam
dont la connaissance du marché des plantes, national et international, à la
fois au niveau de la production et des débouchés, peut se révéler précieuse.
Mais c’est parfois ultérieurement, lors de la phase de recherche-déve-
loppement, que le besoin du marché se révèle plus important que prévu à
l’origine. Il est alors très intéressant, dans le cadre d’un partenariat avec l’u-
tilisateur, d’avoir anticipé la mise en place des conditions de production. En
règle générale, cette stratégie qui suppose une proximité de contact avec les
utilisateurs, peut s’avérer extrêmement payante pour deux raisons :
■ les contacts fréquents permettent d’instaurer la confiance, nécessaire
pour un projet à moyen ou long terme ;
■ l’étude d’un projet dès la phase R&D permet de prendre une longueur
d’avance sur d’éventuels concurrents.
Les remarques précédentes concernaient d’éventuels produits nouveaux.
Dans le cas d’un produit élaboré ou semi-élaboré ayant déjà, traditionnelle-
Éléments pour une stratégie de valorisation… 69

ment, un marché sur le territoire, une autre approche, plus institutionnelle,


consisterait à en étudier le potentiel d’introduction sur les marchés extérieurs.
Cette démarche implique un investissement initial, de dimension raisonnable,
dans des études qui, confiées à des cabinets spécialisés, sont à mener au plan
économique et réglementaire, ce qui nous conduit au point suivant.
Prendre pleinement en compte l’environnement réglementaire
Pour les substances naturelles ou les produits issus de telles substances, un
élément essentiel d’appréciation de leur potentiel économique – notamment
en termes de dimension du marché, et même de pure et simple possibilité de
mise sur le marché – est déterminé par l’environnement réglementaire. En
effet, des législations multiples et complexes régissent les modalités et condi-
tions d’utilisation des plantes en tous domaines. Mais c’est plus particulière-
ment vrai encore dans ces domaines qui sont à la fois très demandeurs, très
« porteurs » et en même temps très sensibles : la santé ou la cosmétique.
Il convient tout particulièrement de tenir compte de la législation sur les
médicaments et compléments alimentaires à base de plantes, actuellement
en pleine évolution, de manière à orienter les options de valorisation vers les
filières les plus accessibles et les plus intéressantes pour la Polynésie française.
Les produits médicamenteux
Trois cas de figure peuvent être rencontrés :
■ Le cas général : le médicament à base de plantes est traité comme tout
médicament. Il est donc tenu de répondre à l’ensemble des exigences du
dossier standardisé (en 5 modules) de demande d’autorisation de mise sur
le marché (AMM). On connaît la longueur du processus et la lourdeur de ses
protocoles, notamment celle des études cliniques.
■ Les produits à « usage médical bien établi » : sous condition de rem-
plir les critères de définition, ils bénéficient, par dérogation, d’un sensible
allègement du dossier d’AMM, allègement portant sur les études toxicolo-
giques, pharmacologiques et cliniques.
■ Les produits d’« usage traditionnel » : ils relèvent encore, pour l’heure,
de la seule législation nationale. Mais c’est le secteur où sont attendues les
plus importantes évolutions, avec l’adoption ou la refonte des principaux
textes de référence. En effet, la nouvelle directive européenne, adoptée en
décembre 2003 et publiée en 2004, doit entrer en vigueur à partir du
30 octobre 2005, alors qu’à la même échéance, devrait disparaître le Cahier
70 Substances naturelles en Polynésie française

de l’Agence n° 3. À signaler également la révision en cours de la « Liste


alphabétique des plantes médicinales de la pharmacopée française », atten-
due dans la même période.
Les produits alimentaires
Deux cas de figure peuvent se présenter :
■ Les denrées considérées comme « traditionnelles » : moyennant l’adé-
quation à quelques critères (par exemple, une allégation exclusivement ali-
mentaire et sans aucune revendication thérapeutique), leur commercialisa-
tion ne requiert aucune procédure d’AMM.
■ Les produits innovants, revendiquant une ou plusieurs allégations relati-
ves à la santé : il y a obligation de soumettre à l’Afssa un dossier complet, com-
plexe et en fait très proche du dossier d’AMM requis pour les médicaments.
Les compléments alimentaires
Une directive européenne en donne la définition et la liste (ainsi que celle des
nutriments) : « […] source concentrée de nutriments ou d’autres substances
– vitamines et sels minéraux dans un premier temps – ayant un effet nutrition-
nel ou physiologique […] ». Les compléments alimentaires sont commercialisés
sous forme de doses (ex. gélules, comprimés, sachets de poudre…). Toutefois, la
notion d’« effet physiologique » reste à clarifier, car elle se retrouve aussi bien
dans la définition du médicament que dans celle du complément alimentaire.
Une réglementation européenne sur les denrées alimentaires à allégation de
santé est en cours d’élaboration et devrait permettre une délimitation plus pré-
cise entre les domaines « santé » et « alimentation ». En juillet 2007 au plus tard,
la Commission présentera un rapport et des mesures appropriées concernant
d’autres catégories de nutriments (ayant un effet nutritionnel ou physiologique)
utilisés dans les compléments alimentaires, comme les acides gras essentiels, les
fibres, les plantes, les herbes aromatiques et leurs extraits, qui ne sont pas
concernés pour l’instant par la directive 2002/46/CE. C’est une question à suivre
de très près dans les trois ans à venir, dans la mesure où les ressources végétales
exploitables identifiées par les experts sont des candidats pour ce secteur d’acti-
vité en pleine expansion, la directive mentionnée plus haut ayant fixé à 2007 la
date-butoir pour l’harmonisation des réglementations concernant ces produits.
Les produits cosmétiques
Tous les produits correspondant à la définition qu’en donne la direc-
tive 76/768 CEE doivent se soumettre à la législation que ce texte a mise en
place. Ainsi, l’étiquetage des produits cosmétiques doit comporter la liste de
Éléments pour une stratégie de valorisation… 71

la totalité des ingrédients. En cosmétologie, tous les végétaux sont autorisés


s’ils ne figurent pas sur la liste des plantes réputées toxiques (annexe II de la
directive). Toutefois, les colorants, naturels ou synthétiques, font l’objet d’une
liste positive d’autorisation.
De ce bref repérage, il ressort que les années 2003-2004 marquent un
tournant décisif dans le devenir des produits à base de plantes, puisqu’il y a,
comme nous l’avons vu, refonte ou mise à jour des textes fondamentaux.
Une démarche gagnante consisterait à anticiper sur les réglementations en
préparation, ce qui implique, pour le territoire et pour les organisations pro-
fessionnelles des secteurs concernés de se doter d’un dispositif de veille à
même de suivre l’évolution de ces dossiers et de tenir les acteurs en alerte.
Organiser les conditions d’obtention de la ressource
La possibilité de création d’une filière sur le territoire polynésien est fonc-
tion d’un certain nombre de conditions matérielles quant à la disponibilité
de la ressource. Nous en rappellerons ici les principales :
■ Si la ressource est suffisamment disponible à l’état sauvage, une struc-
ture de collecte doit pouvoir être organisée dans des conditions respectueu-
ses de la pérennité de la ressource, ce qui implique la mise en place de plans
de gestion de la ressource prenant en compte l’impact du prélèvement.
■ La main-d’œuvre nécessaire doit être disponible.
■ La culture de la plante doit être possible. S’il s’agit d’une plante sau-
vage, un programme de domestication doit être mis en place avec succès.
■ Les terrains nécessaires doivent être disponibles. À cet égard, la faible
superficie de l’archipel, son morcellement géographique et la structure de
son foncier représentent des obstacles réels, pas forcément insurmontables
mais dont il conviendra de se préoccuper.
Réunir l’environnement technique adéquat
Une filière de production structurée n’est pas une entité autarcique,
totalement indépendante du milieu qui l’entoure. Pour en assurer la mise en
place et le développement, il convient donc d’établir les articulations et les
synergies nécessaires avec le tissu économique local.
Un premier atout est la présence de structures de recherche, fondamen-
tale et appliquée, à même d’apporter l’appui scientifique et technique
nécessaire. Dans le domaine qui nous intéresse ici, les compétences recher-
chées émaneront principalement :
72 Substances naturelles en Polynésie française

■ des laboratoires de chimie et de biochimie qui se chargeront de la


connaissance fondamentale de la composition de la plante (ou autre res-
source) mais qui assureront aussi, par exemple, la mise au point des métho-
des d’analyse nécessaires au suivi des programmes de sélection agrono-
mique ou à l’évaluation des ressources sauvages. Si la partie connaissance
fondamentale peut être assurée par un laboratoire géographiquement éloi-
gné, la partie analytique doit impérativement être réalisée sur place. La rapi-
dité de réponse et l’implication de laboratoires de chimie et/ou de biochimie
dans les programmes de sélection sont des facteurs clés du succès.
■ des laboratoires de biologie au sens large : là aussi, la partie fonda-
mentale (botanique, écologie…) peut être effectuée par des laboratoires
éloignés. En revanche, les domaines appliqués, en particulier l’agronomie et
les sciences conjointes, doivent impérativement disposer à la fois de labora-
toires sur place et de moyens d’expérimentation « au champ », sous forme
de parcelles d’essais ou de fermes expérimentales.
Un deuxième atout est l’existence sur le territoire de filières économiques
proches, dont les moyens techniques, les infrastructures et le savoir-faire
pourront être utilisés en coopération.
L’horticulture constitue à cet égard un bon exemple. Ses moyens tech-
niques et son savoir-faire sont nécessaires à la production en masse de
semences, de jeunes plants, à la multiplication des plantes, à la propagation
et à la conservation in vitro du matériel génétique d’intérêt.
Pour les phases de traitement industriel, la présence d’une industrie alimen-
taire peut se révéler très intéressante en fournissant des possibilités de première
transformation sur place (voir le jus de nono produit par l’entreprise Jus de Fruits
de Moorea pour la société Morinda). Dans le même ordre d’idées, le recours à
des systèmes de séchage (fours) employés en industrie alimentaire peut être
précieux pour la déshydratation de ressources végétales et leur préservation en
vue d’une utilisation ultérieure. L’absence de cette possibilité technologique est
souvent un obstacle au bon développement de la filière. La proximité techno-
logique entre l’agro-alimentaire et les industries de première transformation des
ressources naturelles permet une synergie qui doit être exploitée par un recen-
sement systématique des possibilités technologiques offertes sur place.
En règle générale, une bonne connaissance de l’environnement technico-indus-
triel local est un préalable important. Ce travail d’inventaire et de mise en réseau
des potentialités offertes permet un gain de temps et de moyens appréciable.
Éléments pour une stratégie de valorisation… 73

Au-delà de ce travail local, un appui doit être recherché auprès d’organis-


mes spécialisés de la filière plantes médicinales et aromatiques. Outre
l’Onippam déjà cité, on mentionnera des centres techniques comme l’Iteipmai
ou autres, spécialisés dans la recherche agronomique. Leur expérience, à la
fois technique et économique, de ce secteur qui se présente comme une mul-
titude de micro-marchés, sera précieuse.
Apprécier l’environnement « psychologique »
La volonté exprimée par les producteurs potentiels de ressources naturel-
les de s’engager dans cette voie est un facteur essentiel de réussite, faute de
quoi la démarche est condamnée à plus ou moins long terme, quelle que soit
la volonté des autorités politiques et administratives de privilégier cette option.
L’exemple de la filière nono et des signes comme la mise en place du GIE
monoï sont à cet égard des éléments encourageants. En effet, l’auto-organi-
sation des producteurs, avec le soutien des autorités, sous forme de coopéra-
tives ou de groupements de producteurs est un signe positif de leur engage-
ment dans cette démarche, et peut faire envisager par la suite la mise en place
d’un instrument de régulation des marchés permettant la gestion des crises.

Les conditions de pérennisation des filières


Une fois la filière mise en place, il importe d’assurer son avenir. Dans
cette optique, il convient d’agir sur différents registres.
Les actions de communication sont parmi les premières à étudier. La pro-
duction d’une ressource naturelle, brute ou transformée, doit s’accompa-
gner de sa promotion.
■ S’il s’agit d’une matière brute ou peu transformée, destinée à être utilisée
comme ingrédient de formulation, quel que soit le secteur économique visé, il
est judicieux de travailler avec un distributeur, de préférence international, bien
introduit chez les utilisateurs potentiels. Ce dernier sera le plus à même de pro-
céder au travail long et fastidieux d’approche et de démarchage des clients. En
parallèle, des actions de marketing direct (participation aux salons profession-
nels internationaux, site Internet, publicité dans la presse écrite…) peuvent être
mises en œuvre, éventuellement en partage de frais avec le distributeur.
■ S’il s’agit d’un produit fini, la communication dépendra de la stratégie
de marketing/vente envisagée. Mais dans tous les cas, s’agissant de produits
originaires d’un territoire géographiquement isolé comme la Polynésie fran-
çaise, une stratégie Internet est le minimum requis.
74 Substances naturelles en Polynésie française

Une R&D prospective doit également être définie. Cette action peut être
gérée par les organes professionnels de producteurs. Ses tâches consisteraient :
■ à prévoir (si possible) l’évolution technologique du produit et à plani-
fier les travaux de développement à effectuer ;
■ à lancer des programmes d’amélioration génétique et/ou agronomique ;
■ à développer des programmes de caractérisation et d’objectivation des
activités biologiques des ressources naturelles produites ;
■ à mettre en place des programmes d’étude pour défendre le produit
contre les imputations de nocivité dont il pourrait faire l’objet. Il s’agirait d’en-
treprendre, par exemple, des études toxicologiques sur le modèle de l’étude
clinique lancée par les producteurs français d’huiles essentielles de lavande et
de lavandin. Le kava entre bien dans ce cadre : la mise en place d’études toxi-
cologiques visant à préciser son innocuité ou les conditions de son éventuelle
toxicité est le type même de tâche qui pourrait être gérée par une structure
scientifique, émanation d’une interprofession territoriale ou régionale.
À partir du moment où un produit est entré en production, la démarche
initiale de prospective économique est à poursuivre avec un contenu nou-
veau. Il s’agira d’évaluer l’évolution des marchés existants, d’identifier de
nouveaux marchés, d’étudier la concurrence. Cette veille économique per-
mettra également de piloter la mise en place des programmes scientifiques
nécessaires et d’assurer les arbitrages pour l’attribution des moyens requis.
En conclusion, il est difficile de donner des orientations plus précises
concernant la mise en place de filières de production, compte tenu du carac-
tère très prospectif de cette étude. Il convient toutefois de souligner dere-
chef les points suivants :
■ Ces actions de développement sont à conduire à partir des demandes
du marché.
■ Elles conservent un caractère aléatoire lié au succès des produits sur le
marché.
■ Du fait de la taille et de l’isolement de son territoire, mais aussi de la
nature des produits dont il s’agit, il semble opportun pour la Polynésie fran-
çaise d’insérer ses actions autant que faire se pourra dans une démarche
régionale, au sein de la Communauté du Pacifique Sud.
■ Enfin, le souci d’assurer la réussite commerciale durable des produits
issus de la biodiversité polynésienne, et donc la pérennité des filières qui les
produisent, implique de concevoir et de mettre en place un dispositif de pro-
Éléments pour une stratégie de valorisation… 75

tection légale bien adapté aux produits eux-mêmes et aux marchés visés. Tel
est l’objet du développement suivant.

Principes et modalités de protection des produits


Quelles sont les dispositions permettant de commercialiser de façon ren-
table et durable des produits issus de la biodiversité polynésienne, et ainsi
d’optimiser leur valorisation économique ? Donner à ces produits une iden-
tité juridiquement reconnue permet de protéger de la concurrence, de l’a-
dultération et de la contrefaçon, leurs caractéristiques tant matérielles qu’in-
tellectuelles, autrement dit, l’authenticité des substances et/ou l’originalité
des savoir-faire qui leur sont spécifiques.
Mais avant d’examiner les types de protection envisageables, il convient
de rappeler quelques considérations générales dont une démarche de pro-
tection doit tenir compte :
■ Une protection ne se justifie que s’il y a un marché, une demande réelle
pour le produit, des débouchés au moins locaux, une certaine concurrence.
■ Toute protection ayant un coût, il convient d’estimer si les avantages
attendus sont proportionnés à ce coût.
■ Les mesures de protection ne se substituent pas aux investissements
nécessaires à la promotion de la qualité du produit concerné.
Deux types principaux de protection sont à distinguer
■ L’indication géographique (IG) : déclinée en appellation d’origine sim-
ple (AO) et appellation d’origine contrôlée (AOC), elle consacre le lien fort
du produit à un terroir. Elle nécessite une bonne organisation des produc-
teurs et de la filière, ainsi que le soutien des pouvoirs publics.
■ La marque : elle assure une bonne protection juridique au plan inter-
national. C’est le système qui prévaut dans une grande partie du monde, et
notamment aux États-Unis.
Marque et indication géographique ont en commun de protéger la réputa-
tion d’un produit, plutôt que l’innovation, mais aussi d’être bien adaptées à la
protection des productions agricoles, et de s’appliquer à des marchés segmentés,
où la concurrence se fait sur la différenciation des produits plutôt que sur le prix.
Mais elles diffèrent de nature et d’extension (voir encadré ci-après), de sorte que
leur coexistence sur un même marché n’est pas envisageable. Une indication géo-
graphique ne pourra s’imposer sur un marché où une marque homonyme existe
76 Substances naturelles en Polynésie française

déjà. Il convient donc d’opter pour l’un ou l’autre mode de protection, selon le
produit concerné et selon le marché visé, sur la base de données très précises.

La marque est adaptée L’indication géographique est adaptée


■ aux produits pour lesquels ■ aux produits marqués par une forte typicité
le lien au terroir est distendu
■ aux produits dont la zone de production ■ aux produits bénéficiant d’un marché local
est trop grande ou trop petite
■ aux produits tirant leur spécificité ■ aux produits haut de gamme
d’un assemblage ou d’une sélection
des intrants
■ aux produits soumis à une forte variabilité ■ aux produits présentant
du marché et réalisés par un collectif des caractéristiques communes
de producteurs
■ aux produits nécessitant
une protection internationale forte
C’est le seul système reconnu aux États-Unis. Le système est reconnu en Europe.
Source : contribution BOISVERT (voir CD-ROM).

Pour les mêmes raisons, toute suggestion en matière d’organisation/


réorientation de filières doit reposer sur une information très diversifiée et
détaillée. Il serait à cet égard particulièrement précieux de disposer, pour de
futures initiatives, d’un bilan de l’expérience AO « Monoï de Tahiti » et d’au-
tres tentatives de développement de filières, mais aussi de suivre attentive-
ment les initiatives régionales concernant la biodiversité, sa valorisation et la
protection des ressources qui en sont issues.
Les indications géographiques (IG)
Elles s’appliquent à un espace donné, pour un produit donné, et tous les
producteurs présents dans la zone protégée peuvent en bénéficier à condi-
tion de remplir les conditions fixées par le cahier des charges. Ce sont donc
des droits collectifs, inaliénables.
Ces droits portent non pas sur l’innovation mais sur la réputation du pro-
duit, ce qui implique à la fois un certain savoir-faire dans la production,
éventuellement des traditions, mais aussi une reconnaissance du produit et
Éléments pour une stratégie de valorisation… 77

de ses particularités de la part du public. Les IG permettent ainsi de déve-


lopper un marché visant une clientèle de consommateurs sensibles aux
notions de terroir, d’environnement, de traditions socio-culturelles. En revan-
che, elles ne sont pas adaptées aux « nouveaux produits », ou n’en concer-
neront que la matière première. Pour obtenir une indication géographique,
il faut en effet que l’application que l’on se propose de valoriser soit la
même que l’utilisation traditionnelle. Signalons que, dans l’Union euro-
péenne, elles peuvent se présenter sous plusieurs déclinaisons (« appellation
d’origine », « indication géographique protégée », « spécialité traditionnelle
garantie »). Si le marché visé est le marché européen, cela offre la possibi-
lité de choisir la formule la mieux adaptée au produit à protéger.
Elles réclament un fort encadrement institutionnel et organisationnel :
conseil technique, assistance juridique, formation. En revanche, les besoins
technologiques sont faibles.
Les indications géographiques en tant que telles font l’objet d’une pro-
tection internationale depuis l’accord de Lisbonne (1958) pour la « Protection
des appellations d’origine et leur enregistrement international ». Les indica-
tions géographiques doivent d’abord faire l’objet d’une protection dans le
pays d’origine pour pouvoir prétendre à l’inscription dans ce registre interna-
tional, géré par l’Ompi20. La protection conférée est très forte, et les critères
si stricts que seuls 20 pays ont adhéré à l’accord, ce qui en réduit considéra-
blement la portée. Ce système international, réaménagé par l’accord Adpic21,
bénéficie essentiellement aux pays européens qui représentent 95 % des
appellations enregistrées.
La protection internationale des indications géographiques est explicite-
ment garantie par l’accord Adpic (articles 22 à 24). Les produits déjà proté-
gés par une indication géographique dans leur pays d’origine le sont dans
l’ensemble des pays membres, et il est impossible d’utiliser comme nom de
marque un nom protégé par une appellation géographique. Il existe toute-
fois des exemptions à cette protection :
20 L’Ompi, Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, est une agence des Nations unies qui
compte 180 États membres. Sa mission est de « promouvoir la protection de la propriété intellec-
tuelle » et de coordonner les politiques mondiales de brevets, droits d’auteur et marques déposées.
21 L’accord sur les Adpic (« Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au com-
merce », en anglais TRIPS), signé en 1994 dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce
(OMC), a pour but d’intégrer les droits de propriété intellectuelle (droits d’auteur, marques de
fabrique ou de commerce, brevets, etc.) dans le système GATT/OMC.
78 Substances naturelles en Polynésie française

■ Si le nom est considéré comme générique et déjà largement employé


sans référence à la zone d’origine initiale du produit ;
■ Si le nom a déjà été déposé comme nom de marque avant la demande
de protection par une indication géographique. Autrement dit, quand des
noms de produits associés à une origine géographique, voire des topony-
mes, ont déjà été déposés comme noms de marques par des firmes étran-
gères, il est trop tard, la protection n’est pas rétroactive ;
■ Si le produit a cessé d’être fabriqué dans la région dont il est originaire
ou s’il n’est pas protégé dans son pays d’origine.
En résumé, on soulignera que l’IG est surtout adaptée aux produits finis
directement vendus aux consommateurs. Appliquée à des ingrédients inter-
médiaires utilisés par des industriels dans des formulations, elle induit en
revanche des contraintes de formulation supplémentaires (pourcentage incor-
poré) qui sont susceptibles d’entraver le développement de son utilisation. En
témoigne l’exemple de l’huile essentielle de lavande dont l’AOC a failli dispa-
raître par manque d’utilisation ; à l’heure actuelle, la principale utilisation de
cette AOC concerne, non pas les gros volumes d’huile essentielle utilisés par
les industriels, mais les petites quantités vendues directement pour l’aroma-
thérapie. Ce type de certification est également de peu d’intérêt pour le sec-
teur pharmaceutique, qui ne peut le valoriser.
Les marques
Contrairement aux indications géographiques, les marques sont la pro-
priété d’individus ou de groupes qui peuvent les céder, les vendre ou les
léguer et qui conservent le droit d’utiliser leur marque s’ils délocalisent la
production. Les produits concernés peuvent éventuellement évoquer la tra-
dition ou une relation particulière au terroir si tels sont les attributs que la
communication de l’entreprise entend mettre en avant, mais elle n’est en
aucun cas tenue d’apporter la preuve de telles allégations. De ce fait, la
marque peut protéger de nouveaux produits, des utilisations nouvelles de
plantes qui sont l’objet de pratiques traditionnelles, ou des préparations
dans lesquelles l’ingrédient traditionnel n’intervient que de façon marginale.
La plus forte contrainte de ce mode de protection est probablement son coût
global élevé : coût de la procédure de dépôt de la marque, coût de l’effort (per-
manent) de marketing, coût des services juridiques indispensables pour surveiller
et poursuivre les contrefaçons et autres atteintes au droit des marques, etc.
Éléments pour une stratégie de valorisation… 79

Dans le cadre de cette expertise collégiale, deux déclinaisons de la marque


peuvent être intéressantes : d’une part les marques collectives ; d’autre part,
les marques certifiées.
■ Les marques collectives sont détenues et gérées par un groupement de
producteurs, un syndicat professionnel ou une association, par exemple.
Comme c’est le groupement de producteurs détenteur de la marque collective
qui décide des conditions de son utilisation, il y a par cette voie, possibilité d’ins-
taller un cadre assez proche de celui de l’indication géographique, mais nette-
ment moins contraignant. Il n’y a par exemple pas d’obligation de démontrer
le caractère traditionnel de l’activité, ni l’origine locale de tous les intrants.
■ Ces marques collectives peuvent être certifiées, ce qui implique le
recours à une organisation tierce garantissant que les arguments mis en avant
par les détenteurs de la marque (origine du produit, méthode de production
employée…) sont authentiques. Ce mode de protection est utilisé notamment
par des communautés amérindiennes pour le marketing de leurs produits arti-
sanaux. Très développé en Amérique du Nord, il commence à s’étendre en
Amérique du Sud : la certification est assurée par les organisations autochto-
nes ou les administrations en charge des autochtones. Dans ce cas, il s’agit
alors de valoriser les savoir-faire traditionnels plus que la matière première.
Marques vs IG
Aux États-Unis et au Japon, les noms de marques qui font référence à
une origine géographique sont très fréquents. Ainsi, le dépôt de toponymes
amazoniens comme noms de marque au Japon a récemment fait grand
bruit au Brésil, où il a été dénoncé comme une nouvelle forme de biopira-
terie. Dans les conflits pouvant surgir entre marque et indication géogra-
phique, cette dernière, on l’a signalé plus haut, ne pourra s’imposer sur un
marché où une marque homonyme existe déjà (par exemple, « Tahitian
noni » et les multiples noms proches déposés par Morinda Inc. aux États-
Unis et en Europe). Il est donc inutile d’investir dans une indication géogra-
phique si on vise les marchés des États-Unis et du Japon. La marque, y com-
pris à référence géographique, est plus adaptée.
Une double protection est possible. Certains producteurs à l’intérieur
d’une zone couverte par une indication géographique peuvent commercia-
liser leur produit sous un nom de marque, ce qui leur permettra de tirer seuls
les fruits de stratégies de communication ou de marketing plus ciblées et
d’investissements publicitaires.
80 Substances naturelles en Polynésie française

Autres options envisageables en fait de « signes de qualité »


On peut envisager la certification « bio » selon les directives européennes en
vigueur. Il s’agit a priori d’une solution tout à fait conforme au contexte local :
■ Elle est adaptée aux productions de petite surface.
■ Elle nécessite un surcroît de main-d’œuvre par rapport au mode de
production dominant.
■ Elle bénéficie d’une bonne image auprès des consommateurs des pays
développés.
■ Elle permet un prix de vente plus attractif.
■ Le mode de production « bio » est maintenant reconnu pour les ingré-
dients et les produits de cosmétologie.
Cette certification est particulièrement adaptée aux produits alimentaires et
désormais, dans un contexte qui reste à étudier en raison de la nouveauté des
textes, aux produits cosmétiques. Dans le secteur pharmaceutique, cette certi-
fication ne présente quasiment aucun intérêt, les médicaments étant exclus du
champ de la certification bio qui, de plus, renchérit la matière première.
Sur un autre registre, il sera possible, au cas par cas, de discuter avec l’u-
tilisateur des possibilités d’un contrat d’exclusivité sur des productions loca-
les. Cette modalité de travail peut avoir un effet fortement incitatif sur l’uti-
lisateur en lui permettant de développer un marketing exclusif.
Dans ce cas de figure :
■ L’industriel doit s’engager en termes de volume et/ou de chiffre d’af-
faires à réaliser pour ne pas simplement bloquer la voie à un concurrent.
■ Le contrat doit porter sur le long terme.
■ L’utilisation faite de l’image doit être contrôlée par le territoire concerné.

En conclusion de la réflexion sur les modes de protection, il convient d’at-


tirer l’attention sur la nécessité de distinguer de façon permanente et claire
les deux registres qui se trouvaient rassemblés dans le questionnement sou-
mis à l’expertise collégiale. Étudier les possibilités de commercialiser de façon
rentable et durable des produits tirés de substances naturelles est en effet
une tout autre question qu’identifier des substances à l’activité prometteuse.
Le premier pas dans la perspective d’une valorisation économique des sub-
stances naturelles est le passage de la substance identifiée comme potentiel-
lement intéressante à un produit. À cet égard, l’endémisme ou l’originalité
des substances ne sont pas forcément des critères adéquats pour définir la
Éléments pour une stratégie de valorisation… 81

spécificité, voire l’unicité des produits. Ce ne sont pas, en tout cas, des critè-
res suffisants. Sont déterminants aussi les techniques ou savoir-faire mis en
œuvre dans la transformation ou l’élaboration d’un produit commercialisa-
ble, ses différences par rapport à des produits comparables, les coûts cor-
respondants, etc. Un produit peut être unique sans être tiré de substances
naturelles uniques, de même que le caractère unique de certaines substances
naturelles ne sera pas forcément reconnu comme tel par le marché. C’est
l’objet même des marques que de créer de la différenciation et de distinguer
certains produits, à l’identité forte, d’autres plus génériques.
Il n’est par ailleurs pas évident qu’il faille à tout prix et dans tous les cas
rechercher la différenciation, la spécialisation à l’extrême ou la production
pour des marchés de niche, par définition limités. La plupart des ressources
identifiées dans le cadre de l’expertise sont présentes ailleurs dans le
Pacifique Sud ou pourraient y être mises en culture. Il faut se poser la ques-
tion de l’opportunité de développer pour des produits proches une différen-
ciation forte, et donc une forte concurrence, alors qu’une approche régionale
concertée pourrait se révéler plus avantageuse pour l’ensemble des parties.

LES OPPORTUNITÉS DE VALORISATION À COURT TERME


C’est ici que se rejoignent les deux axes de travail de l’expertise collégiale.
En effet, le tableau 6 présenté ci-après permet de passer des espèces dont les
propriétés sont détaillées dans les fiches correspondantes aux produits qui en
sont issus et aux secteurs d’activité dont relèvent ces produits (colonne 1).
Croisant les apports des chapitres spécialisés, les indicateurs figurant aux
colonnes 2 à 5 (état de la recherche-développement, impacts environne-
mental et socio-économique, points forts et points faibles prenant en
compte notamment les contraintes réglementaires) visent à éclairer les
opportunités de développement des principaux produits polynésiens. Ils sont
complétés par des commentaires et recommandations (colonne 6) qui pré-
cisent le pronostic et orientent la démarche vers des actions considérées
comme de première importance.
Élargissant le champ du tableau 4 à l’ensemble des substances retenues
dans le groupe 1, cette grille constitue ainsi le « tableau de bord » de leur
valorisation et la matrice des conclusions de l’expertise dans le domaine des
substances naturelles d’origine végétale.
82 Substances naturelles en Polynésie française

Tableau 6 – Récapitulatif « Produits végétaux du groupe 1 »

PRODUITS ÉTAT DE LA R&D IMPACTS ENVIRONNEMENTAL


ET SECTEURS D’ACTIVITÉ ET SOCIO-ÉCONOMIQUE

ESPÈCE : Calophyllum inophyllum


– Huile de Tamanu : – Caractérisation des qualités – Obtention actuelle essentiellement par cueillette
produit fini ou semi-fini, spécifiques des huiles locales – Plan de gestion de la ressource à mettre
commercialisation locale pour leur promotion comme en place, si exploitation à plus grande échelle,
INDUSTRIE COSMÉTIQUE produits du terroir avec mise en culture pour accompagner
une éventuelle augmentation de la demande
– Opportunité de diversification des économies
insulaires
– Huile de Tamanu : – Développement – Mise en culture nécessaire en vue
matière première de procédés de purification d’une exploitation à plus grande échelle
– Ingrédient pour l’obtention d’huile pour répondre à une éventuelle augmentation
ou formulation pour : à forte valeur ajoutée de la demande
INDUSTRIE COSMÉTIQUE
Extraits végétaux : – Molécules à activités – Faibles
source de molécules anticancéreuses en
anticancéreuses développement
PHARMACIE

ESPÈCE : Gardenia taitensis


Monoï : produit fini – Études en cours – Culture (mode de production artisanal)
ou semi-fini pour : ou à poursuivre
INDUSTRIE COSMÉTIQUE sur l’amélioration
PARFUMERIE de la qualité
(marchés local et international)
Monoï : matière première – Études en cours
(ingrédient ou formulation) ou à faire sur l’amélioration
INDUSTRIE COSMÉTIQUE de la qualité

ESPÈCE : Ilex anomala

– Boissons caféinées : – Plusieurs étapes à franchir – Plan de gestion de la ressource à mettre


COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES (voir fiche produit et en place pour son exploitation, avec essais
– Ingrédient de tisanes contributions Weniger, Barbin de domestication
PHARMACIE et Fourasté sur CD-ROM)
Éléments pour une stratégie de valorisation… 83

Tableau 6 – Récapitulatif « Produits végétaux du groupe 1 »

POINTS FORTS POINTS FAIBLES COMMENTAIRES ET RECOMMANDATIONS

ESPÈCE : Calophyllum inophyllum

– Qualité de l’huile liée à la – Espèce largement répandue – Connaissance des modes de production
ressource polynésienne et/ou dans le Pacifique et l’océan encore insuffisante pour étayer une démarche
au mode de préparation Indien appropriée de valorisation et de protection
– Possibilité de promotion – Un marché local encore – Dépôt de marque collective conseillé
d’un produit à forte réduit, à faible valeur ajoutée
connotation de terroir
– Produit (huile) – Polynésie française mal
élaboré sur place positionnée pour
– Prix élevé une production de masse
à moins de viser la qualité
– Molécules isolées avec – Polynésie française mal – S’il y a mise sur le marché de ces molécules,
fortes activités thérapeutiques positionnée compte tenu de l’huile peut devenir une source renouvelable
l’état d’avancement de la R&D de pyranocoumarines, intéressante au regard
des faibles rendements de leur extraction à partir
du latex. Le fait de contenir des molécules dotées
de fortes propriétés biologiques risque même
d’être un handicap pour une valorisation dans
les domaines « compléments alimentaires » ou
cosmétique, car l’huile tombe alors sous le coup
de la réglementation appliquée aux médicaments.

ESPÈCE : Gardenia taitensis


– AOC – Effets positifs de l’AOC sur les produits locaux
– Bonne adéquation à évaluer
entre production artisanale
et état actuel du marché
– Bonne adéquation – Efficacité trop peu objectivée – Effet négatif possible de l’AOC
entre production artisanale pour emporter la décision par les contraintes qu’elle introduit
et état actuel du marché des formulateurs pour les nouvelles formulations
– Demande encore faible

ESPÈCE : Ilex anomala


– Ressource potentielle pour – Plusieurs étapes à franchir – En priorité : une étude du marché des boissons
un marché réel, avec bonne avant d’arriver à la production caféinées (à confier à un cabinet spécialisé)
probabilité de répondre – Insuffisance des données – En fonction de cet éclairage :
aux exigences réglementaires attestant l’ancienneté recherches (chimie-pharmacologie)
spécifiques aux boissons des usages locaux sur la ressource polynésienne
caféinées – Recherche sur usages anciens22
22 L’attestation d’usages anciens est un élément important dans la réglementation européenne sur les
« médicaments d’un usage bien établi » ou les « médicaments à base de plantes traditionnellement utili-
sés » (cf. contribution Fourasté sur CD-ROM).
84 Substances naturelles en Polynésie française

Tableau 6 – Récapitulatif « Produits végétaux du groupe 1 »

PRODUITS ÉTAT DE LA R&D IMPACTS ENVIRONNEMENTAL


ET SECTEURS D’ACTIVITÉ ET SOCIO-ÉCONOMIQUE

ESPÈCE : Morinda citrifolia


Nono : marché principal : – Produit bien étudié – Plan de gestion de la ressource à mettre
jus et purée du fruit (fruit) en place pour son exploitation,
COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES – Caractérisation chimique avec essais de domestication
– Ingrédient de jus et thérapeutique
de fruits en Europe des feuilles à poursuivre
INDUSTRIE ALIMENTAIRE
– Source de molécules – Molécules à activités
anticancéreuses anticancéreuses et anti HIV
PHARMACIE en développement

ESPÈCE : Piper methysticum


– Kava : boisson – Relance des études sur les – Pas d’impact repérable : consommation
traditionnelle locale effets nocifs des kavalactones, marginale en Polynésie française
et complément alimentaire promue à l’échelle régionale (à l’exception des îles Marquises)
COMPLÉMENTS – Caractérisation chimique
ALIMENTAIRES et agronomique des cultivars
– Phytomédicament locaux à poursuivre23

ESPÈCE : Santalum insulare


– Santal blanc : huile – Caractérisation – Ressource actuellement très menacée
PARFUMERIE de la ressource – Long travail de mise en culture avant
polynésienne en cours24 d’entrer dans la phase de production

ESPÈCE : Tephrosia purpurea


– Extraits des racines : – Espèce bien étudiée, – Ressource abondante et possibilité
produits phytosanitaires mais l’analyse des de culture
(insecticides, pesticides) roténoïdes de la ressource – Possibilité de fournir des produits
PHYTOPHARMACIE polynésienne reste à mener peu transformés, donc à faible coût,
– Plante broyée : pour une agriculture raisonnée
« engrais vert » dans les conditions d’isolement insulaire
ESPÈCE : Vanilla tahitensis
– Vanille Retenue du fait de son chimiotype original, mais l’espèce est bien étudiée
INDUSTRIE ALIMENTAIRE (voir la fiche qui lui est consacrée) et la recherche se situe à présent
sur le terrain agronomique ; la filière est bien organisée et fortement
soutenue ; bonnes perspectives de rentabilité.
23 Ce travail peut être effectué sans grand investissement, dans le cadre d’une thèse. En revanche, la relance
des études pharmacologiques visant à démontrer la sécurité du kava est à inscrire dans une démarche régio-
nale, impliquant les autres pays concernés de la zone Pacifique.
Éléments pour une stratégie de valorisation… 85

Tableau 6 – Récapitulatif « Produits végétaux du groupe 1 »

POINTS FORTS POINTS FAIBLES COMMENTAIRES ET RECOMMANDATIONS

ESPÈCE : Morinda citrifolia


– Marché du complément – Marché sensible – Commercialisation largement sous contrôle
alimentaire à base à la communication ; d’une seule firme, communiquant
de fruit en plein essor allégations allant souvent sur la qualité supérieure du nono
(mais pour combien bien au-delà des propriétés de Polynésie française
de temps encore ?) objectivées scientifiquement – Toutefois, malgré sa bonne image,
– Idem pour les feuilles – Nombreux brevets le produit local n’est pas assez typifié
déposés (tous domaines) pour une AOC
– Polynésie française mal
positionnée sur la R&D de
médicaments anticancéreux

ESPÈCE : Piper methysticum


– Regain – Marché du complément – Produit faisant actuellement l’objet
de la consommation alimentaire en forte baisse de très vifs débats, à l’issue incertaine
de la boisson dans la zone et dépendant de la (notamment en Europe)
Pacifique réglementation en vigueur – Inscrire les études de caractérisation
– Peu d’avenir en pharmacie, dans une initiative régionale de préservation
et limité à quelques pays des cultivars locaux

ESPÈCE : Santalum insulare


– Ressource polynésienne – Longueur des délais pour
originale, prometteuse atteindre la phase de
et à forte valeur ajoutée production

ESPÈCE : Tephrosia purpurea


– Un marché réel – L’emploi en agriculture – Suivre de près l’évolution des
en phytopharmacie biologique soulève réglementations dans les pays à forte
(agriculture bio) des débats sur son production « agribio »
pour une ressource innocuité réelle
facile à produire – Des difficultés techniques
et financières pour
l’exploitation des racines
ESPÈCE : Vanilla tahitensis

Retenue du fait de son chimiotype original, mais l’espèce est bien étudiée (voir la fiche qui lui est
consacrée) et la recherche se situe à présent sur le terrain agronomique ; la filière est bien organisée
et fortement soutenue ; bonnes perspectives de rentabilité.

24 Intérêt d’anticiper sur les contraintes réglementaires en vérifiant l’absence des molécules allergènes lis-
tées au 7e amendement de la « directive cosmétique ».
86 Substances naturelles en Polynésie française

LES PERSPECTIVES DE VALORISATION


L’exemple des substances naturelles marines
Au regard de la grande biodiversité marine et du niveau actuel de connais-
sance qu’on en a, mais aussi de la pluralité des applications potentielles, il
apparaît à l’évidence difficile de concevoir une stratégie unique de valorisa-
tion. Il s’agira plutôt de stratégies diversifiées en fonction des organismes et
des marchés considérés.
Le tableau présenté ci-après illustre cette double diversité, celle des orga-
nismes marins et celle des secteurs d’application, qui justifie la pluralité des
options stratégiques.

Tableau 7 – Aperçu des secteurs de valorisation


potentielle pour les organismes marins
Domaines d’application Organismes Molécules
considérés (exemples)
Cosmétologie Macro-algues
et dermo-cosmétologie Micro-algues Métabolites secondaires
Cyanobactéries Exopolymères, oligomères,
Bactéries Enzymes
Champignons
Environnement Macro-algues Enzymes
(ex. : antifouling, Micro-algues Polyesters biodégradables
détoxification, …) Cyanobactéries Exopolymères
Bactéries Biocapteurs
Industrie pétrolière Bactéries Exopolymères
(ex. : récupération
assistée du pétrole)
Agro-alimentaire Tous organismes Enzymes, exopolymères,
métabolites
Pharmacologie/santé Tous organismes Tous métabolites
Source : contribution Guézennec, Debitus (CD-ROM ci-après).
Éléments pour une stratégie de valorisation… 87

Pour mieux éclairer ce tableau, rappelons que :


■ Du fait de l’étendue en latitude de son territoire, la Polynésie française
présente une diversité biologique intéressante, à savoir des organismes tro-
picaux au nord et tempérés aux îles Australes.
■ Du fait de la dispersion géographique des archipels de Polynésie, l’in-
ventaire taxonomique reste limité aux principales îles des archipels de la
Société, des Tuamotu et des Australes (Atelier biodiversité de Rapa en
2002).
■ Par ailleurs, seuls les groupes majeurs, coraux, poissons, mollusques,
échinodermes et algues, ont reçu une attention particulière, tandis que la
connaissance des autres groupes d’invertébrés reste à ce jour fragmentaire.
Dans ce contexte, on ne trouve pas motif à envisager un axe de valori-
sation plutôt qu’un autre. La valorisation des micro et macro-organismes est
en outre nécessairement différente selon les voies d’obtention des extraits,
tant au niveau du pré-criblage qu’à celui du développement.
En revanche, comme il a été dit en conclusion de la présentation du
potentiel marin, la constitution de collections apparaît, à court et moyen
terme, comme l’orientation la plus pertinente en fait de valorisation. D’une
manière générale, une telle orientation devrait comporter ces différents
volets :
■ échantillonnage ;
■ mise en place de collections ;
■ constitution d’une banque de molécules et gestion de cette banque ;
■ approfondissement de la connaissance de ces molécules (propriétés
chimiques, physico-chimiques, activités biologiques) via des études spéci-
fiques et/ou des actions de criblage orientées ;
■ développement de ces molécules (choix de stratégies) ;
■ production de molécules et/ou d’extraits à l’échelle pré-industrielle et
industrielle avant commercialisation.
Sans entrer plus avant dans le détail de ce dispositif (voir la contribution
Guézennec-Débitus sur CD-ROM), soulignons ici qu’il convient de poser très
tôt les questions de propriété intellectuelle, de dépôt de micro-organismes,
de brevets (avec possibilité de copropriété), de cession de licences (brevets,
exploitation) et de propriété industrielle.
88 Substances naturelles en Polynésie française

Bioprospection et collections :
pour la constitution d’un pôle technologique en Polynésie française
Considérations générales
En ce qui concerne les activités de bioprospection, le début des années
1990 a été marqué par la véritable révolution qu’a constituée, avec l’intro-
duction de la robotique dans les techniques de criblage pharmaceutique, le
développement des techniques de criblage automatisées à haut débit (HTS :
High throughput screening). Sont à l’heure actuelle principalement concernés
les secteurs santé-médicament, cosmétologie et agrochimie.
Pour alimenter leurs installations de HTS, les firmes achètent des biblio-
thèques entières de produits ou d’extraits. La fourniture d’extraits végétaux ou
animaux, terrestres et marins, est ainsi devenue une activité économiquement
intéressante pour une institution locale, une communauté ou une entreprise.
Dans le cadre posé par la CDB, la mise en œuvre des programmes de bio-
prospection est négociée sous la forme juridique de conventions entre les
États fournisseurs des ressources, qui cherchent à valoriser leurs « gisements »,
et les organismes utilisateurs (firmes ou institutions scientifiques).
Les avantages attendus de cette activité nouvelle sont de plusieurs types :
■ Des revenus financiers : produit de la vente d’échantillons ou d’extraits,
recettes des activités de criblage et d’identification des composés bioactifs,
royalties perçues sur les applications industrielles des principes actifs fournis
ou dérivés des échantillons vendus…
■ Des retombées au plan scientifique et au plan socio-environnemental,
notamment en termes d’emplois.
Cela étant, l’enjeu pour la Polynésie française est de développer ces acti-
vités sur son territoire dans la gamme la plus étendue possible, afin de béné-
ficier au maximum de leurs retombées de toute nature.

Pour un pôle technologique « substances naturelles » en Polynésie française


Considérant que pour 80 à 90 % des plantes endémiques il n’existe
aucune référence bibliographique témoignant d’études scientifiques, et que,
de ce fait, la majorité des plantes endémiques n’a pu être retenue par l’ex-
pertise, on est fondé à dire qu’en termes de connaissance de la ressource, la
situation est tout à fait comparable à celle des substances marines. Aussi, à
Éléments pour une stratégie de valorisation… 89

l’instar de ce qui a été recommandé pour les ressources du domaine marin et


dans les mêmes formes, proposons-nous la création d’un pôle technologique
ayant pour vocation le développement des activités de bioprospection en
Polynésie française. Ce pôle regrouperait les activités de prospection et de col-
lecte des substances ou organismes, les activités de conservation, les activités
de caractérisation et d’extraction des molécules d’intérêt potentiel en lieu et
place et pour le compte d’organismes scientifiques ou de firmes industrielles.
Ce pôle aurait en charge la création et la gestion :
■ de souchothèques pour les micro-organismes marins ;
■ d’extractothèques : herbiers, échantillons et extraits végétaux ou
marins (pour une estimation du nombre d’échantillons récoltables) ;
■ de chimiothèques : collections de molécules isolées en laboratoire.

Il assumerait ainsi, dans la fourniture de matériel biologique, un rôle plus


diversifié et plus « stratégique » que celui de simple pourvoyeur et, par là
même, pourrait être en position de susciter, voire d’initier des projets de
valorisation en collaboration avec le monde de la recherche et l’industrie. Si,
jusqu’à présent, le choix a prévalu de laisser en ce domaine l’initiative au
secteur privé, d’autres orientations sont possibles et parfaitement compati-
bles avec le souci de préserver, dans un partenariat public-privé indispensa-
ble, l’espace de déploiement et les intérêts des deux parties. On peut ainsi
envisager l’émergence d’un organisme public ou d’intérêt public gérant les
collections et pilotant l’ensemble du dispositif.
Dans la conception et la mise en œuvre d’un tel projet :
■ Il serait judicieux de se rapprocher des responsables du programme
Chimiothèque nationale mené par le CNRS.
■ Du fait de la dispersion géographique et de l’endémisme insulaire
élevé, il convient de prévoir l’organisation de campagnes de récoltes stricte-
ment contrôlées, accompagnées de mesures conservatoires, avec mise en
culture et conservation in vitro des espèces les plus menacées.
En ce qui concerne le dispositif à mettre en place (et les équipements de
base nécessaires), sont à réunir :
■ Une plate-forme d’échantillonnage comprenant un herbier et des col-
lections correctement gérées et actualisées, ainsi que l’équipement permet-
tant la conservation ex situ des échantillons végétaux ou marins.
90 Substances naturelles en Polynésie française

■ Une plate-forme d’extraction et de formatage des extraits, incluant :


– Le fractionnement et la mise en plaques standards dites « plaques
mères », avec la constitution d’un stock d’échantillons disponibles pour
essais pharmacologiques ultérieurs.
– L’isolement et la déréplication pour le repérage rapide des composés
ubiquistes peu intéressants. L’équipement de base est constitué d’un appa-
reillage du type robot diluteur adapté au moyen ou haut débit, le moyen
débit paraissant a priori suffisant. Ces opérations peuvent être réalisées en
Polynésie où existent plusieurs équipes performantes de chimie.
■ Le criblage biologique spécifique : pour la sélection des extraits actifs
sur les cibles choisies au moyen de tests biologiques ; en effet des tests fia-
bles et facilement réalisables peuvent être développés et utilisés par les équi-
pes locales, en collaboration avec les équipes de recherche en biologie médi-
cale, comme celles existant à l’Institut Malardé.
Quant au criblage biologique robotisé (randomisé), outre le problème du
coût des équipements nécessaires, cette étape implique de disposer de spé-
cialistes en pharmacologie et en ingénierie (miniaturisation des tests, robo-
tisation, puis tests de confirmation), double condition qui semble difficile à
remplir localement.
Intérêt et faisabilité du pôle technologique
Ce rapide aperçu des conditions d’une activité de bioprospection en
Polynésie française permet de dégager une conclusion importante. Si le der-
nier aspect mentionné apparaît hors de portée de la Polynésie française, tou-
tes les autres activités que l’on a évoquées peuvent y être avantageusement
développées. La maîtrise de la production des plaques de tests destinées aux
opérations de criblage biologique permet en outre de diversifier les parte-
naires. Il s’agit bel et bien ici d’activités de valorisation, au sens le plus
directement économique, c’est-à-dire d’activités productives, créatrices de
recettes et créatrices d’emplois, sans parler de l’élévation du niveau de for-
mation des jeunes Polynésiens qui ne pourrait que s’en trouver favorisé.
Une telle orientation suscite l’intérêt des entreprises de biotechnologies.
En effet, biothèques et extractothèques leur évitent d’une part d’assumer
elles-mêmes les formalités liées à la demande d’APCC, d’autre part de se
lancer dans des opérations de prospection « à l’aveugle ». Des firmes
comme Servier, Astra Zeneca, Pharmamar ou Pierre Fabre se sont montrées,
Éléments pour une stratégie de valorisation… 91

dans d’autres contextes, favorables à un tel système de mise à disposition de


séries d’échantillons présélectionnés. Qui plus est, l’institution de collections
et extractothèques permet d’initier des projets de R&D et d’y associer plus
étroitement les acteurs locaux. Enfin, elle offre, dans le cas des extracto-
thèques, un moyen de surmonter partiellement les délicats problèmes de
contrôle évoqués dans l’approche juridique. Les extractothèques fournissant
non les souches mais des extraits, l’industriel désireux de développer un pro-
duit doit donc (sauf à se lancer dans la synthèse) revenir vers la collection.
Ainsi l’accessibilité peut-elle être contrôlée à la source, du moins dans toute
une première phase du processus de développement.
L’institution de collections de micro-organismes apparaît donc tout par-
ticulièrement indiquée pour tout un ensemble de raisons ; on peut y ajouter
le réel succès de plusieurs expériences de ce type, étrangères ou locales,
publiques ou privées. En Australie, l’Australian Institute of Marine Science
(AIMS) est actif depuis 1972. En Amérique centrale, l’Instituto Nacional de
Biodiversidad du Costa Rica (INBIO), institution scientifique privée d’intérêt
public, est spécialisé dans la collecte, le traitement, la production et le par-
tage d’informations sur la biodiversité. Dans la région de l’océan Indien et
plus particulièrement à la Réunion, l’Agence pour la recherche et la valori-
sation marines (Arvam) a pour mission d’assurer un relais entre recherche
scientifique, et responsables de l’environnement et du développement25.
Citons encore l’entreprise privée espagnole Pharmamar qui est un des lea-
ders du secteur ou, à Tahiti même, la firme Biolib, qui développe une dou-
ble activité d’extraction et de criblage à partir d’une collection de bactéries
et cyanobactéries.
Pour mener à bien un tel projet de pôle technologique, quatre éléments
sont particulièrement importants :
■ Étant donné qu’il n’existe sur place que peu de structures privées
disposant des moyens adéquats pour s’engager dans cette voie, les pouvoirs

25 Observant l’intérêt croissant suscité par les micro-algues en raison de leur implication dans les
phénomènes d’écotoxicologie marine (prévention des risques de santé publique), mais aussi en rai-
son de leurs potentialités pharmacologiques, l’Arvam a mis en place, avec le soutien du départe-
ment et de la région Réunion, une banque de micro-algues isolées des fonds marins de la Réunion
et des îles voisines (Phytobank). Chaque souche déposée dans la banque est identifiée, classée et
travaillée en partenariat avec différents laboratoires (Cesac de l’université de Toulouse-III, labora-
toire de cryptogamie du MNHN de Paris, etc.). Phytobank a déjà noué plusieurs coopérations avec
des firmes industrielles.
92 Substances naturelles en Polynésie française

publics auront à jouer un rôle décisif de soutien aux porteurs de projet, qui
peuvent dans de nombreux cas être des institutions publiques (des Epic, par
exemple). Ils peuvent même tenir un rôle « d’amorçage », en créant des
structures d’incubation. La mise en place de souchothèques ne nécessitant
pas des investissements lourds, un tel engagement ne paraît pas hors de
portée de la Polynésie française.
■ Un atout précieux est constitué par l’existence de structures locales
scientifiques et techniques sur lesquelles la création de souchothèques pourra
prendre appui, en particulier les laboratoires concernés de l’Université de
Polynésie française, de l’Ifremer, de l’Institut Louis-Malardé, etc. Ce dernier
notamment, sous réserve que son personnel et ses moyens techniques soient
renforcés, pourrait prendre en charge une partie des opérations de prestation
de services. En effet, un laboratoire de recherche sur les substances naturel-
les y a été institué en 1991 ; depuis 1998, l’activité du laboratoire se concen-
tre sur l’analyse de la composition chimique associée aux propriétés biolo-
giques de certaines espèces employées par les tradipraticiens de la région
Pacifique. Dynamiser et coordonner ces infrastructures, telle pourrait être une
des fonctions essentielles de la plate-forme biotechnologique Gepsun.
■ Si l’idée en est retenue, le pôle technologique polynésien aura sans nul
doute intérêt à s’inscrire dans le système des Centres de ressources biolo-
giques (CRB) en cours de construction. Cette initiative de l’Organisation de
coopération et de développement économique (OCDE) vise à regrouper sous
l’appellation « CRB » les collections végétales, animales, microbiennes et
humaines, avec une double finalité : d’une part, inciter à la rationalisation du
contenu des collections existantes, aujourd’hui éparses et hétérogènes, et en
promouvoir la qualité ; d’autre part, faire de ces centres un instrument stra-
tégique en développant leurs activités de service (stockage, mise à disposi-
tion, etc.) pour mieux en valoriser le contenu par des coopérations scienti-
fiques. Sous l’égide du ministère français de la Recherche, est en cours de
constitution un réseau de collections auxquelles l’administration entend
conférer une sorte de « label CRB » assorti d’une aide financière dès lors
qu’elles accepteront de souscrire à certaines règles désormais consignées
dans une « charte » : règles de conservation et de transformation des res-
sources biologiques, déclaration de cette activité auprès du ministère chargé
de la Recherche, dégagement des crédits nécessaires en personnel et équi-
pements, etc. Relier l’initiative polynésienne à ce système des CRB permettrait
non seulement de conforter « l’assurance qualité » aux yeux des partenaires,
Éléments pour une stratégie de valorisation… 93

chercheurs et industriels mais aussi d’obtenir des financements publics, voire


une aide au développement des coopérations scientifiques puisqu’un Comité
consultatif des ressources biologiques a été mis en place en février 2001 avec
mission, entre autres, de développer des liens entre les CRB et les industries
du secteur des biotechnologies.
■ Enfin, prendre ce cap implique d’avoir bien mesuré les implications juri-
diques du projet. L’institution de collections rend en effet nécessaire de pré-
ciser le statut juridique des extraits ainsi mis à disposition. Les relations juri-
diques bilatérales entre les organismes fournisseurs et leurs partenaires sont
en général clairement fixées par contrat. Il s’agit le plus souvent d’un contrat
de mise à disposition de matériel (ATM). Mais il peut aussi s’agir d’un contrat
de prestation de service si le partenaire sous-traite certaines recherches à
l’organisme fournisseur. Quel qu’en soit le type, le contrat fixe donc les
droits et obligations de chacune des deux parties. Il laisse toutefois indéter-
minée la question des relations juridiques unissant ces partenaires au pays
sur le territoire duquel les spécimens ont été prélevés. Deux points notam-
ment sont à préciser : l’organisme détenteur des collections en est-il sim-
plement gestionnaire ou en est-il propriétaire ? À qui, dans l’un et dans l’au-
tre cas, profiteront les avantages éventuels ? De façon générale, il n’y a
aucune raison que ces organismes, qu’ils soient publics ou privés, qu’ils
soient ou non promus par l’autorité publique, échappent à la future obliga-
tion d’APCC et ce pour deux raisons au moins : primo, parce que l’autorité
publique doit pouvoir évaluer au plus près les incidences écologiques de leur
activité de prospection systématique ; secundo, parce que les ressources des
collections auront été, pour la plupart, acquises sur le domaine public et,
pour certaines, sur les recommandations ou selon des indications fournies
par les populations locales. Or, ces populations pourraient en arriver à s’op-
poser aux activités de valorisation si, à terme, la mise au point d’inventions
devait léser les intérêts collectifs, ce qui conduit à prendre en considération
la question des intérêts collectifs dans le système d’APA.

DROITS DES POPULATIONS LOCALES ET INTÉRÊTS COLLECTIFS


De quels intérêts collectifs parle-t-on ?
Le régime juridique de l’accès à la biodiversité a été pensé par les rédac-
teurs de la CDB comme un dispositif de nature à satisfaire deux objectifs
94 Substances naturelles en Polynésie française

considérés comme intrinsèquement liés : l’équité des transactions et l’utilisa-


tion durable de la biodiversité. Sauf à se heurter, à terme, à l’opposition des
populations, ce système ne peut se dispenser de prévoir la réaffectation d’une
part des avantages issus de la bioprospection au profit d’actions de conser-
vation de la biodiversité et au profit des populations locales. Autrement dit,
le système n’a d’avenir, au plan scientifique, technique et politique, que si les
retours de bénéfices ne sont pas entièrement captés par les institutions d’É-
tat mais sont bel et bien réaffectés pour partie.
En ce qui concerne les actions de conservation, les modalités d’une telle
réaffectation sont multiples, de l’affectation de fonds aux institutions en
charge de la protection de l’environnement à la création d’un trust fund (sur
le modèle indien, par exemple). L’important est que le texte relatif à l’APA
en prévoie expressément le principe.
S’agissant des populations locales, les choses sont plus complexes.
L’article 8 (j) de la CDB dispose que chaque État :
« dans la mesure du possible et selon qu’il conviendra [...], sous réserve
des dispositions de sa législation nationale, respecte, préserve et maintient
les connaissances, innovations et pratiques des communautés autochtones
et locales qui incarnent des modes de vie traditionnels présentant un intérêt
pour la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique et en
favorise l’application sur une plus grande échelle, avec l’accord et la partici-
pation des dépositaires de ces connaissances, innovations et pratiques, et
ENCOURAGE LE PARTAGE ÉQUITABLE DES AVANTAGES DÉCOULANT DE L’UTILISATION DE CES
CONNAISSANCES, INNOVATIONS ET PRATIQUES. »

Cette disposition prend donc acte de ce que, parmi les inventions dont
les ressources biologiques sont le support, certaines s’appuient sur l’apport
des populations autochtones ou locales. Il est donc logique que ces popula-
tions soient associées au système institué par la CDB – consentement à la
collecte, partage des avantages qui en découlent – et ce d’autant plus que
ces populations et leurs pratiques sont un facteur essentiel de la gestion et
de l’utilisation durable de la biodiversité. Dans ce souci, certains États ont
prévu, parallèlement aux travaux d’institutions internationales, une partici-
pation des populations autochtones et locales au système de l’APA. Le
Secrétariat général de la Communauté du Pacifique Sud vient lui-même d’é-
laborer un « Cadre juridique régional pour la protection des savoirs tradi-
Éléments pour une stratégie de valorisation… 95

tionnels et des expressions de la culture ». Ce texte examine la question de


la protection et de la rémunération des savoirs, en réponse à une demande
de la région qui s’estime confrontée à une exploitation accrue et à une com-
mercialisation inappropriée de ses savoirs traditionnels et expressions cultu-
relles (pour une présentation plus développée de ce texte, vu sous l’angle de
sa pertinence dans le contexte propre de la Polynésie française, voir la contri-
bution Noiville sur CD-ROM).

La Polynésie, un cas « à part » ?


Collectivité à forte identité culturelle, la Polynésie, dit-on parfois, ne
connaîtrait pas pour autant de sentiment marqué d’autochtonie. Par ailleurs,
l’architecture institutionnelle française empêcherait de toute façon de recon-
naître des droits spécifiques aux communautés autochtones. Ce n’est pas ici
le lieu d’entrer dans une discussion de fond de ces deux assertions ; en
revanche, on soulignera qu’il convient de prendre en compte deux réalités :
■ Une réalité juridique : quoi qu’il en soit du sentiment d’autochtonie en
Polynésie française, le territoire comprend bel et bien des communautés
locales qui participent et participeront à la fourniture de ressources. Or, étant
donné que la CDB met sur un pied d’égalité communautés villageoises et
populations autochtones (cf. l’art. 8-j), le droit au « partage équitable »
concerne toutes les communautés. Ajoutons que, juridiquement, un État
peut fort bien ne pas reconnaître en droit l’existence de communautés
autochtones ou indigènes tout en leur reconnaissant des spécificités et en
leur conférant en fait certains avantages.
■ Une réalité sociale et économique : en Polynésie comme ailleurs, des
savoirs (certes de nature et de valeur très diverses) sont bel et bien divulgués
ou susceptibles de l’être par des villageois ou des tradipraticiens ; et ces
savoirs constituent ou sont susceptibles de constituer un enjeu commercial.
D’une manière ou d’une autre, il existera donc bien une contribution sinon
active, en tout cas passive, de la population polynésienne au développement
des futures innovations, et donc les droits de chacun – État, prospecteurs,
communautés locales et autochtones – doivent être clairement fixés, faute
de quoi un sentiment d’inéquité des transactions, voire d’iniquité, pourrait
s’installer et des conflits d’intérêts se développer.
96 Substances naturelles en Polynésie française

Conclusions et recommandations

La définition d’une politique tendant à valoriser le potentiel en substan-


ces naturelles de la Polynésie française revient à opérer des choix soutena-
bles en termes écologiques, économiques, sociaux et culturels. C’est dans
cet esprit que l’expertise a cherché à répondre aux grandes questions posées
par le Cahier des charges. Regroupées sous trois grandes rubriques, ces
questions serviront de fil conducteur aux conclusions présentées ici.

Quel est l’intérêt potentiel et comparatif


de la biodiversité de la Polynésie française ?
L’examen de la ressource terrestre et marine a démontré que la Polynésie
disposait d’un « capital biodiversité » important, même s’il convient, pour
les espèces végétales terrestres, d’en relativiser la dimension par rapport aux
masses continentales d’où sont issus les organismes colonisateurs des espa-
ces insulaires. En revanche, cette même insularité est facteur d’un fort endé-
misme et, combinée à d’autres caractéristiques (climatiques notamment),
facteur d’originalité.
Cela conduit à l’idée que l’appréciation réaliste de ce capital, en termes
de valorisation possible, doit ajouter à son évaluation scientifique (substrat
primordial) la prise en compte des atouts et faiblesses relatifs de la Polynésie
française. Au rang des atouts, il faut considérer l’image du pays, la typicité de
certains produits ; au rang des faiblesses relatives, la pénurie d’espace (culti-
vable), des coûts de production élevés, l’éloignement des grands marchés.
L’expertise a souligné aussi que beaucoup reste à faire pour la connais-
sance de la biodiversité polynésienne. Cela est flagrant pour le domaine
marin. Mais même pour la flore terrestre, relativement bien étudiée au plan
taxonomique, on manque encore de données précises sur la bioécologie des
espèces (structuration des peuplements, accessibilité, variétés infraspéci-
fiques). Sur ces aspects, importants dans une optique de valorisation, l’ex-
pertise a apporté des éléments nouveaux (voir fiches). L’étude devra être
poursuivie.
Conclusions et recommandations 97

Substances naturelles exploitées, substances naturelles exploitables


L’examen des modes de valorisation des substances naturelles actuelle-
ment exploitées a mis en évidence quelques traits majeurs et permis de
dégager des enseignements transposables à de nouvelles formes d’exploita-
tion des ressources vivantes.
■ La première conclusion est la nécessité de poursuivre l’effort de recher-
che pour la caractérisation biochimique et pharmacologique des espèces.
Pour les substances naturelles d’origine végétale, cela concerne à l’évidence
les espèces non encore exploitées dont l’expertise a signalé l’intérêt et pour
lesquelles elle a formulé des orientations de recherche : Ilex anomala en est
un des meilleurs exemples ; mais cela vaut aussi pour les parties jusqu’ici non
utilisées des espèces exploitées, ainsi des feuilles de Morinda citrifolia dont
seul le fruit (nono) est valorisé.
■ Un deuxième ensemble de conclusions porte sur les marchés des pro-
ductions de la Polynésie française. De manière générale, on peut constater
que prédominent les marchés de niche. Ce sont en effet ceux qui cor-
respondent le mieux aux aptitudes et atouts du territoire polynésien. De ce
fait, l’aspect qualité revêt une grande importance. C’est ce qu’illustre la
démarche qualité menée sur la vanille ou le monoï, et dont il serait oppor-
tun de faire bénéficier le tamanu. La vocation des produits polynésiens à
cibler des marchés de niche donne par ailleurs une importance stratégique
à la question de la protection du produit, et donc à la consécration de sa
spécificité par un « signe de qualité » approprié : l’AO Monoï en est une
bonne illustration. En matière de protection, il convient de jouer des diver-
ses formes existantes, de façon à choisir le mode de protection le mieux
adapté au produit et au marché visé. On ne saurait trop souligner que le
dépôt d’un brevet n’est pas la seule voie ni toujours le meilleur mode de pro-
tection d’un produit.
■ Le troisième ensemble de conclusions porte sur les filières. L’analyse
des filières existantes (coprah, nono, monoï, vanille) a fait apparaître leur
diversité, qui tient à la fois aux objectifs assignés à certaines, et aux carac-
téristiques de leur production et de leur marché. Pour orienter l’action de
soutien au développement de filières nouvelles, il n’y a donc pas à se réfé-
rer à un schéma unique : il convient plutôt d’envisager des options différen-
ciées, au cas par cas (mais dans le cadre d’une stratégie d’ensemble, on y
reviendra). Par ailleurs, il est apparu que, pour mieux cerner les facteurs qui
98 Substances naturelles en Polynésie française

ont assuré la réussite de certaines filières (nono, monoï), il serait opportun


d’en effectuer l’analyse et le bilan au moyen d’un audit. En ce qui concerne
les formes d’aide à l’innovation mises en place par les pouvoirs publics, le
constat est le suivant : si les incitations financières ne manquent pas, il fau-
drait en revanche un vrai dispositif de soutien aux projets innovants et d’ap-
pui aux porteurs de projet (par exemple pour la mise en relation avec les
investisseurs potentiels) et aux jeunes entreprises (structures d’incubation,
pépinières d’entreprises). Enfin, la Polynésie française aurait tout intérêt à
renforcer les liens avec les réseaux d’innovation existant en France métropo-
litaine et à l’international.

Grandes tendances de l’évolution des marchés et de la réglementation


et orientations de recherche-développement par secteurs de valorisation
Sous ce titre sont regroupés les deux grands aspects que peut prendre la
valorisation des substances naturelles :
■ la valorisation directe, pour laquelle la donnée primordiale est celle des
marchés ;
■ la valorisation différée, pour laquelle la question première est celle des
choix d’orientations de R&D.
L’expertise, rappelons-le, n’avait ni vocation ni compétence à effectuer
une étude de marchés, dans l’acception technique du terme. En revanche,
elle s’est attachée à caractériser les marchés des produits issus des substan-
ces naturelles selon quelques grands types :
■ Les marchés porteurs : ce sont, à l’heure actuelle, le marché des pro-
duits cosmétiques et celui de la « new food » (aliments et compléments ali-
mentaires à allégations « santé »). Outre leur grande versatilité et leur
extrême sensibilité aux effets de communication, leur caractéristique princi-
pale est d’être assujettis à de très fortes contraintes réglementaires. De ce
fait, la veille sur les évolutions des réglementations constitue, pour les filiè-
res concernées, un impératif de première grandeur. Sur ces marchés por-
teurs, le tableau 6 apporte des orientations précises.
■ Le cas du marché de la santé (médicament) : il s’agit d’un marché à très
long terme, assujetti à des contraintes réglementaires drastiques. Il s’agit
également d’un domaine où les réseaux de recherche (entre les mains de fir-
mes spécialisées) dépassent de beaucoup la capacité de la Polynésie fran-
çaise à s’y insérer de façon réellement intéressante.
Conclusions et recommandations 99

■ Les marchés en devenir : ce sont ceux des produits issus des biotech-
nologies appliquées aux substances naturelles. Positionner la Polynésie fran-
çaise sur ce terrain est possible car elle dispose à cet égard d’atouts initiaux,
au premier chef un dispositif de recherche assez étoffé, mais cela implique
un effort de recherche-développement soutenu (pour des éléments de stra-
tégies en ce domaine, on se reportera notamment aux contributions Barbin,
Guézennec-Débitus et Weniger sur CD-ROM).
Une option originale pour la Polynésie française :
l’option bioprospection et collections
La prise en considération de tous les grands aspects du sujet soumis aux
experts (le capital biodiversité de la Polynésie française, les infrastructures
scientifiques et techniques existant sur son territoire, la demande des mar-
chés) a conduit les experts à proposer une orientation vers les activités de bio-
prospection, de développement des collections, d’extraction, de formatage
des échantillons et de criblage biologique spécifique. Cette option présente
la caractéristique d’être à la fois une forme de valorisation directe, aux retom-
bées économiques à court terme, et une forme de valorisation différée, en
tant que maillon indispensable d’une stratégie de recherche-développement.
L’ensemble des travaux de l’expertise et ses conclusions conduisent in
fine à formuler les recommandations suivantes :
1 – Il convient de concevoir comme absolument indissociables valori-
sation et préservation de la biodiversité et plus précisément de son poten-
tiel évolutif, de nouvelles pratiques liées à de nouvelles filières pouvant en
effet induire des effets rétroactifs sur la soutenabilité des filières elles-
mêmes. C’est le sens même de la « Convention sur la diversité biologique ».
C’est le principe qui guide toutes les grandes opérations de bioprospection
(dans le cadre du Fonds mondial pour l’environnement). Ajoutons que c’est
une impérieuse obligation pour la Polynésie française, où le nombre parti-
culièrement élevé des espèces gravement menacées d’extinction est un
signe de fragilité dont il importe de se préoccuper plus que cela n’a été le
cas jusqu’ici.
2 – Prenant en compte ce souci, l’option « Bioprospection et collec-
tions » ainsi que les orientations de recherche détaillées proposées par l’ex-
pertise sont apparues comme offrant à la Polynésie française une perspec-
tive réaliste, originale, rentable et riche d’avenir, à côté d’autres formes de
100 Substances naturelles en Polynésie française

valorisation plus « classiques », dont beaucoup semblent liées à des marchés


assez volatils.
3 – Dans tous les cas, pour protéger les droits de la Polynésie française
et de ses populations sur leurs ressources et pour leur assurer les avantages
pouvant découler de la valorisation de ces ressources, il est indispensable
d’instaurer un dispositif juridique permettant la mise en œuvre des princi-
pes de l’APA.
4 – Pour orienter et étayer sa politique de valorisation, la Polynésie fran-
çaise aura le plus grand intérêt à se doter des moyens propres à assurer la
protection de ses produits (par les modes appropriés), et la prise en compte
précoce des évolutions des marchés et de la réglementation qui s’y applique
(veille économique et veille réglementaire).
5 – Enfin, il faut tenir compte du fait que la plupart de ces produits sont
présents (ou peuvent l’être) dans l’ensemble régional du Pacifique Sud, et
que les questions que posent leur protection et leur promotion y sont grosso
modo de même nature. Pour ces raisons parmi bien d’autres (telle la néces-
saire conjugaison des forces entre États ou territoires de faible dimension
géographique et démographique s’ils veulent faire entendre leur voix dans le
concert mondial…), la Polynésie aura intérêt à privilégier, plutôt qu’une
démarche fortement concurrentielle, une démarche de concertation avec
les pays de la région, dans le cadre de la « Communauté du Pacifique Sud ».
Annexes
ANNEXE 1

Fiches des espèces végétales du groupe 1

Callophyllum inophyllum L. (CLUSIACEAE)

ACCESSIBILITÉ, RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET TYPE BIOLOGIQUE


Arbre naturalisé parfois planté, rare à peu abondant, localisé en forêt lit-
torale sur substrat calcaire ou basaltique, pousse aussi bien en pleine terre
que sur sable corallien.
Pantropical : Asie tropicale, Afrique, Mélanésie, Polynésie.
USAGES
Plante sacrée en Polynésie (SCHULTES et RAFFAUF, 1990)
Bois très dur, apprécié en ébénisterie ou pour la fabrication de pirogues
ou de charpentes.
Plante médicinale. On utilise l’écorce, les graines, les feuilles ainsi que
l’huile amère des graines et la résine (latex). Du fruit, on peut extraire un pig-
ment utilisé comme encre pour dessiner les tapas.
À Java, l’huile de graine est revendiquée pour ses propriétés diurétiques.
Aux Samoa, toutes les parties de la plante sont considérées comme des poi-
sons virulents, la sève et les exsudats pouvant rendre aveugle ou causer la
mort par injection.

Les applications du latex (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)


Le latex, obtenu par scarification de l’écorce, est émétique (provoque des
vomissements) et purgatif, et peut aussi être utilisé pour le traitement des
blessures et des ulcères. Il peut aussi être mélangé avec les lambeaux d’é-
corce et des feuilles pour confectionner des infusions, l’huile apparaissant à
la surface pouvant être utilisée pour traiter les irritations oculaires (DRURY,
1873 ; NADKARNI et NADKARNI, 1999). La résine est réputée responsable de la
couleur et de l’odeur de l’huile qui est peut-être un poison : elle contiendrait
de l’acide benzoïque.
104 Substances naturelles en Polynésie française

Les applications de l’écorce (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)


L’écorce est astringente (11-19 % de tanins) et son jus est purgatif
(QUISUMBING, 1951). Elle est utilisée en Asie pour le traitement de l’orchite
(inflammation des testicules) (QUISUMBING, 1951). Associée à du jus de citron, elle
peut être utile pour traiter les bromidroses des aisselles, de l’aine ou des pieds.
L’écorce agit comme un antiseptique et un désinfectant. Par voie interne,
l’écorce est expectorante, et sert dans le traitement des bronchites chro-
niques et de la phtisie.
Le jus de l’écorce est astringent, purgatif, et est donné sous forme de
décoction dans le traitement des hémorragies internes.

Les applications de la racine (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)


La décoction de racine est employée pour traiter les ulcères. Elle est aussi
utilisée en cas de point de côté (QUISUMBING, 1951).

Les applications des feuilles (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)


Les feuilles trempées dans l’eau lui donnent une couleur bleuâtre et une
odeur ; cette macération est utilisée en application sur les yeux irrités
(NADKARNI et NADKARNI, 1999). En infusion, prise par voie orale, les feuilles
servent également contre les coups de chaleur, en complément de la décoc-
tion de racine. Au Cambodge, les feuilles sont prescrites en inhalation
contre la migraine et le vertige, et l’huile est utilisée contre la gale. Aux
Philippines, la macération de feuilles est employée comme astringent pour
les hémorroïdes (QUISUMBING, 1951 ; NADKARNI et NADKARNI, 1999), tandis
qu’en Indonésie on l’utilise en lotion pour les yeux.
L’utilisation des feuilles par les tribus primitives de Papouasie Nouvelle-
Guinée est très ancienne dans le traitement des affections de la peau : appli-
cation des feuilles chauffées sur les ulcères, coupures, furoncles, boutons et
plaies de toutes sortes.

Les applications des fruits (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)


Les fruits sont plus ou moins toxiques et seul l’endosperme des fruits
encore immatures peut être consommé. En fait, le fruit mûr est suffisam-
Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 105

ment toxique pour être utilisé comme appât contre les rats (BURKILL, 1994).
L’huile des graines est employée contre le psoriasis et comme agent anti-
rhumatismal.

Les applications de la sève (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)


La résine de l’écorce est utilisée pour ses propriétés cicatrisantes.

Les propriétés de l’huile de tamanu (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)


Des graines de tamanu on peut extraire jusqu’à 60 % d’huile. Cette huile
(Domba oil) est utilisée dans le traitement des rhumatismes, des déman-
geaisons et de la gale. Elle sert aussi à soigner les gonorrhées.
Dans la plupart des îles des mers du Sud, l’huile de tamanu est utilisée
comme analgésique (en frictions sur les rhumatismes et les sciatiques) et pour
soigner les ulcères et les vilaines blessures. En solution alcoolique, cette huile
s’est montrée efficace, en injection, contre les neurites dues à la lèpre, au zona…
L’huile est spécialement recommandée contre toutes sortes de brûlures,
coups de soleil…

COMPOSITION CHIMIQUE
Deux composés principaux découverts par Lederer : l’acide calophyllique
et une lactone douée de propriétés antibiotiques, qui sont probablement à
l’origine des puissantes propriétés cicatrisantes.
Les feuilles contiennent de la friedeline et des triterpènes du groupe de
la friedeline, à savoir le canophyllal, le canophyllol et l’acide canophyllique
(GOVINDACHARI et al., 1967 ; CHANDLER et HOOPER, 1979).
Le bois et les racines contiennent des xanthones comme la mesuaxan-
thone B, la callophylline B, et les caloxanthones A et B (GOVINDACHARI, 1968 ;
AL-JEBOURY et LOCKSLEY, 1971 ; IINUMA et al., 1994 ; IINUMA et al., 1995).
L’erythrodiol-3-acetate a été isolé du bois (SAMPATHKUMAR et al., 1970).
La calophyllolide (C25H22O5), molécule comportant un groupement
lactone et un groupement methoxyl, a été isolée des noix (BHALLA et al.,
106 Substances naturelles en Polynésie française

1980). Par saponification, cette molécule donne l’acide calophyllique, ces


deux molécules étant également des dérivés de la coumarine.
Des 4-phenylcoumarines et des 4-alkylcoumarines dans les graines et
feuilles (CAVÉ et al., 1972 ; GAMES, 1972). Une 4-phenylcoumarine particu-
lière, la ponalide, dans les graines immatures (ADINARAYANA et SESHADRI,
1965 ; MURTI et al., 1972).
Acide callophynique ; graines (GAUTIER et al., 1972).
Myricetin glucoside ; fleurs (SUBRAMANIAN et NAIR, 1971 ; KASIM et al., 1974).
Composés cyanogéniques (NAIR et SUBRAMANIAN, 1964), tanins, saponines
(GEDEON et KINEL, 1956), pigments, flavonoïdes (SUBRAMANIAN et NAIR, 1965,
1971), néoflavonoïdes et biflavonoïdes (GOH et al., 1992).
D’une autre espèce du même genre, Calophyllum lanigerum Miq., ont
été isolées des coumarines appelées canalonides, qui sont de puissants
inhibiteurs de la Transcriptase Inverse. Leur action sur le virus du sida est
étudiée par le National Cancer Institute aux États-Unis.

PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES ET TOXICOLOGIQUES


Vulnéraire, cicatrisant
La calophyllolide isolée de la noix, anti-inflammatoire et anti-arthritique,
propriété démontrée dans un test chez le rat ou l’arthrite, était induite par
le formaldéhyde (DL50 orale chez le rat = 2,5 g/kg) (BHALLA et al., 1980).
Toujours chez le rat, l’ingestion du produit est dénuée d’activité ulcérogène
jusqu’à deux fois la dose efficace 50 (ED50 = 140 mg/kg).
La dehydrocycloguanandine, la calophylline-B, la jacareubine et la
6-deoxyjacareubine produisent, à des degrés divers, une dépression du sys-
tème nerveux central, caractérisée par une sédation, une diminution de l’acti-
vité motrice, une perte de tonicité musculaire chez le rat. Toutes ces xanthones
montrent une activité anti-inflammatoire à la fois en administration orale et en
administration parentérale. La jacareubine et la 6-deoxyjacareubine indiquent
également une activité anti-ulcère chez le rat (GOPALKRISHNAN et al., 1980).
La calophyllolide isolée des graines réduit chez le rat l’inflammation par
l’histamine et le gonflement des tissus induits par les carragenanes. En combi-
Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 107

naison avec l’inophyllide, elle réduit l’œdème. Ces composés sont souvent cités
comme agents anti-inflammatoires (BHALLA et al., 1980 ; SAXENA et al., 1982).
Des coumarines particulières, les inophyllums B et P, peuvent être utili-
sées dans la lutte contre HIV-1, en inhibant la transcription reverse du virus
(PATIL et al., 1993 ; KAWAZU et al., 1998 ; SPINO et al., 1999).
Certaines pyranocoumarines peuvent être utilisées dans la lutte contre le
cancer (MCKEE et al., 1998 ; ITOIGAWA et al., 2001).

INTÉRÊT INDUSTRIEL
Existence de brevets dans les domaines cosmétique (BOUCHER et al., 1999)
et médical, en particulier comme agents antiviraux (JENTA et al., 2000 ;
KASHMAN et al., 2002).

MODE D’OBTENTION
Cueillette et mise en culture.
Admission dans la sélection restreinte.

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Rédacteur : F. DEMARNE
Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 111

Gardenia taitensis DC. (RUBIACEAE)

STATUT IUCN
Cultivée en Polynésie française, pas de statut IUCN.

ACCESSIBILITÉ, RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET TYPE BIOLOGIQUE


Arbuste à petit arbre ; largement répandu dans toutes les îles du
Pacifique Sud ; pas de problèmes d’accessibilité en raison de son statut.

USAGES
Parfumerie ; cosmétiques.
La sève serait utilisée en médecine traditionnelle (WILKINSON et ELEVITCH, 2000).

COMPOSITION CHIMIQUE
Les principaux composés oxygénés qui constituent la concrète de Gardenia
taitensis sont le linalol (4,4 %), le salicylate de méthyle (2,5 %), le (Z)-3-hexe-
nyl benzoate (2,2 %), l’alcool dihydroconiferyl (1,1 %), le (Z)-3-hexenyl salicy-
late (0,7 %), le benzoate de benzyle (6,2 %), le dihydroconiferyl acetate
(12,2 %), le 2-phenylethyl benzoate (6,2 %), le salicylate de benzyle (2,5 %),
le benzoate de géranyle (2,1 %) et le salicylate de 2-phényléthyle (2,2 %).
L’identification de nombreux dihydroconiferyl esters semble être unique à
cette espèce (CLAUDE-LAFONTAINE et al., 1992).
Triterpénoïdes (DAVIES et al., 1992).

PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES ET TOXICOLOGIQUES


Plante dépourvue de toxicité (PÉTARD, 1986).
112 Substances naturelles en Polynésie française

INTÉRÊT INDUSTRIEL
Parfumerie.

MODE D’OBTENTION
Cueillette ; petites plantations de jardin ; haies.
Admission dans la sélection restreinte.

BIBLIOGRAPHIE
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Rédacteur : F. DEMARNE
Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 113

Ilex anomala Hook. & Arnott (AQUIFOLIACEAE)

SYNONYMES
Ilex marquensensis F. Br.
Ilex taitensis (A. Gray) J. W. Moore

STATUT IUCN
Non menacé.

ACCESSIBILITÉ, RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET TYPE BIOLOGIQUE


Arbre indigène caractéristique des vallons et crêtes d’altitude en forêt de
nuages.
Distribution géographique : Marquises, Société et Hawaï.

USAGES
Traditionnellement utilisé par les Tahitiens comme masticatoire pour lut-
ter conte la fatigue (à rapprocher du maté, Ilex paraguariensis A.St.-Hil.).

COMPOSITION CHIMIQUE
Peu connue ; travaux anciens.
Elle est à comparer avec celle de Ilex paraguensis qui fournit le célèbre
« maté » d’Amérique du Sud (de nombreux ouvrages traitent de cette plante).
Caféine : 4 % (drogue sèche).
Huile essentielle.
Tanin.
Gomme résine.
114 Substances naturelles en Polynésie française

PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES ET TOXICOLOGIQUES


Propriétés pharmacologiques
La caféine a une action sur le système nerveux et sur le système cardio-vasculaire.
■ Sur le système nerveux central : la caféine est un stimulant cortical qui
maintient l’état d’éveil, facilitant l’idéation, qui diminue l’état de fatigue.
Des doses très fortes peuvent induire de la nervosité, des tremblements, de
l’insomnie. Elle stimule le centre respiratoire bulbaire, accroissant la sensibi-
lité de celui-ci à l’action du dioxyde de carbone.
■ Sur le système cardio-vasculaire : la caféine développe une action inotrope
positive, une tachycardie et une augmentation du débit cardiaque, une légère
action vasodilatatrice périphérique, une discrète activité diurétique.

Toxicologie
Aucune étude à ma connaissance.

INTÉRÊT INDUSTRIEL
Dans le domaine du médicament
Introduction dans la liste des plantes médicinales de la « pharmacopée »
en raison de propriétés stimulantes au même titre que les drogues à caféine
(café, thé, cola, guarana, maté…).
Introduction dans la liste des drogues du Cahier de l’agence no 3 avec
comme indications 47, 83, 85, 86, 151, par voie orale ; 30, 86, par voie locale.
« Traditionnellement utilisé » :
■ 47 : dans les diarrhées légères
■ 83 : dans les états de fatigue passagers
■ 85 : pour faciliter la perte de poids en complément de mesures diététiques
■ 151 : pour favoriser l’élimination rénale de l’eau
■ 30 : en usage local, comme traitement d’appoint adoucissant et pour
calmer les démangeaisons des affections de la peau, en cas de crevasses,
écorchures, gerçures et contre les piqûres d’insectes
■ 86 : en usage local, pour faciliter la perte de poids en complément de
mesures diététiques.
Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 115

Dans le domaine agroalimentaire


En raison de sa teneur en caféine, pourrait être utilisé dans des boissons
stimulantes (du type « Coca-Cola », « guarana », « thé ») ou boissons dites
« énergisantes ».

CONTRAINTES RÉGLEMENTAIRES
Pour respecter la législation française, la teneur en caféine des boissons
« stimulantes » ou « énergisantes » ne doit pas dépasser 150 mg/l (la législa-
tion n’est pas harmonisée dans l’Union européenne ; certains pays acceptent
jusqu’à 300 mg/l).
Remarque. La caféine est inscrite sur la liste des substances et procédés
dopants interdits (arrêté du 7.10.94). L’analyse d’un échantillon urinaire est
considérée comme positive pour une concentration supérieure à 12 m/l.

ITINÉRAIRE DE PRODUCTION
Mode d’obtention : cueillette.
Contrôle qualité.
En appliquant les techniques et protocoles connus pour les autres drogues
à caféine (monographies de Pharmacopée européenne et Pharmacopée fran-
çaise), la mise au point du contrôle de cette drogue paraît relativement aisée.
Admission dans la sélection restreinte.

ORIENTATIONS
Favorables après résultat de l’analyse toxicologique mais encore beau-
coup de travail pour finaliser la production.

BIBLIOGRAPHIE
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Rédacteur : I. FOURASTÉ
116 Substances naturelles en Polynésie française

Morinda citrifolia L. (RUBIACEAE)

ACCESSIBILITÉ, RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET TYPE BIOLOGIQUE


Arbuste à petit arbre naturalisé.
Abondant et répandu. Végétation ouverte littorale et mésique de basse
altitude, sur tous substrats.
Distribution géographique : Australes, Gambier, Marquises, Société,
Tuamotu.

USAGES
Fruit
Gingivites
Tuberculose
Anthelmintique (hommes et animaux)
Purgatif
Consommation alimentaire +/– régulière ; en cas de famine uniquement
sur certaines îles.

Fleurs
Problèmes oculaires.

Feuilles
Traitement des teignes, des furoncles
Rhumatismes et douleurs rhumatismales
Problèmes inflammatoires en application externe
Refroidissements et neuralgies faciales (application externe)
Refroidissements du torse et toux (application externe)
Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 117

Inflammation buccale (par mastication)


Traitement des saignements internes, gonflements et problèmes hépa-
tiques par application externe
Traitement des ulcères
Traitement de la goutte
Consommation alimentaire +/– régulière.

Écorce
Astringent dans le traitement de la malaria.

Racine
Traitement de l’hypertension.

COMPOSITION CHIMIQUE
Feuille
Diterpènes : E-phytol.
Triterpènes : cycloarténol.
Stéroïdes : stigmasta-4-en-3-one, stigmasta-4-22-dien-3-one, β-sitostérol,
stigmastérol, campesta-5,7,22-trien-3β-ol.
Iridoïdes : citrifolinin A, citrifolinin A-1, citrifolinoside.

Fruit
Iridoïdes : asperulosidic acid, 6-O-(β-D-glucopyranosyl)-1-0-octanoyl-β-
D-glucopyranose, aucubine.
Acides gras libres et combinés (trisaccharides).
Avonoïdes : rutine.
Coumarines : scopolétine.
Les composés auxquels avait été attribuée l’activité : xéronine et préxé-
ronine, n’ont jamais été identifiés. En l’état actuel des travaux, leur existence
est hautement improbable.
118 Substances naturelles en Polynésie française

Racine
Anthraquinones : damnacanthal, morindone, rubiadin, rubiadin methyl
ether, anthraquinone glucoside, methoxy-formyl-hydroxyanthraquinone.

PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES ET TOXICOLOGIQUES


Feuille
Activité antituberculeuse in vitro (composés lipophiles).
Inhibition de UVB-induced activator protein-1 (iridoïdes).
Inhibition Cox-1 (faible).
Activité nématicide.

Fruit
Inhibition de la transactivation AP-1 et de la transformation cellulaire
dans la tumorogenèse (iridoïdes).
Activité anti-inflammatoire par inhibition de la Cox-1 (faible) et de la
Cox-2 (forte).
Activité anticancéreuse sur carcinome Lewis-Lung implantée chez la sou-
ris (via stimulation du système immunitaire, voie IP), diminuée par l’adminis-
tration d’immunosuppresseurs.
Pas de cytotoxicité sur cellules KB ou LLC in vitro.
Stimulation de la production de médiateurs : TNF-α, interféron-γ, inter-
leukines, oxyde nitrique.
Prévention de la formation d’adduct du DMBA sur l’ADN in vitro proba-
blement par l’intermédiaire de l’activité anti-oxydante, cancer du sein sur
souris. L’action se manifeste aux stades primaires de la cancérogenèse.
Activité antibactérienne (faible) sur diverses souches.
Activité hépato-protectrice après intoxication au CCl4 sur le rat.

Racine
Inhibition Cox-1 (forte).
Inhibition des tyrosine-kinases, augmentation de la fragmentation de
l’ADN irradié par UV et de l’apoptose en résultant (damnacanthal).
Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 119

Activité antivirale (sur HIV).


Activité hypotensive.

Tige
Activité antimalariale in vitro.

Pharmacocinétique
Une étude sur le rat ou la scopolétine était utilisée comme traceur d’ab-
sorption du jus. Ne s’agissant probablement pas d’un principe actif signifi-
catif, l’intérêt en est quasi nul.

Études cliniques
Une étude de phase I est en préparation à l’université d’Hawaii, organi-
sée par le National Center for Complementary and Alternative Medicine
(NCCAM) dans le traitement des néoplasmes et néoplasmes métastasés.
Elle utilise des gélules de 500 mg d’extrait sec de jus. Les buts sont essen-
tiellement de déterminer la dose maximale tolérée, définir la toxicité et col-
lecter des informations préliminaires en termes d’efficacité.
Une étude clinique contre placebo (38 et 30 cas) sur des fumeurs a été
effectuée pour étudier l’effet anti-oxydant du jus de morinda sur la capacité
anti-oxydante du plasma (radicaux superoxydes et lipides péroxydés).
L’absorption de jus de morinda augmente fortement la capacité anti-oxy-
dante du plasma.
Une étude contre placebo aurait été conduite à la Mount Sinai School of
Medicine sur l’hypertension. Les résultats seraient positifs, mais nous n’a-
vons pas de compte rendu de cette étude. De plus, le faible nombre de
patients impliqués (9) rend les conclusions aléatoires.

INTÉRÊT INDUSTRIEL
Fruit
Commercialisé à grande échelle comme supplément alimentaire, princi-
palement aux États-Unis, sous forme de jus de fruit pasteurisé mais aussi de
jus séché ou d’extrait sec.
120 Substances naturelles en Polynésie française

VALORISATION POTENTIELLE
La production de fruit devrait se pérenniser, surtout avec l’ouverture du
marché européen. La valorisation comme boisson ou aliment à propriété
anti-oxydante est à développer.
L’aspect thérapeutique, dépendant des études en cours, semble plus
aléatoire, pour des raisons à la fois réglementaire et scientifique. En effet, la
quasi-totalité des effets observés est à relier au pouvoir anti-oxydant ou à
l’aspect immuno-stimulant. Il s’agit là de propriétés biologiques non spéci-
fiques, et non de propriétés thérapeutiques spécifiques.

CONTRAINTES RÉGLEMENTAIRES
Une autorisation européenne du Scientific Committee on Food (SCF)
pour la commercialisation d’un produit (Tahitian noni juice, Morinda Inc.) a
été accordée en décembre 2002.
Cette autorisation, obtenue sur présentation d’un dossier principalement
toxicologique, permet de conclure à la non-toxicité du produit étudié.
Cette première autorisation devrait permettre l’obtention d’autres auto-
risations par la procédure simplifiée de l’équivalence substantielle.
Une demande de commercialisation a été déposée en 2003 en Grande-
Bretagne par la société US Neways International pour un jus de noni.

Brevets relatifs au morinda


Nous avons identifié 63 brevets relatifs, au moins partiellement, au
morinda. Ils touchent tous les domaines : fabrication, formulation, activité
biologique, cosmétologie, alimentation humaine ou animale…
La plupart des brevets sont originaires des États-Unis, du Japon ou de
Chine. La grande majorité a été déposée en 2000 et 2001.
Une analyse complète de leur validité (technique et juridique) serait
nécessaire avant tout travail de développement sur ce produit.
Une étude des dépôts de marques relatifs au morinda serait également
utile dans la perspective d’une valorisation à long terme.
Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 121

Morinda citrifolia n’entre pas dans la réglementation des médicaments à


base de plantes. En revanche, en raison de l’acceptation par les Pays-Bas
d’un complément alimentaire à base de morinda, l’introduction dans
cette catégorie de produit paraît possible.

ITINÉRAIRE DE PRODUCTION
Mode d’obtention : cueillette, essais de culture.
Admission dans la sélection restreinte.

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Rédacteur : Y. BARBIN
Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 125

Piper methysticum G. Forst. (PIPERACEAE)

SYNONYME
Piper wichmanni C. DC.
Autres synonymies, anciennes (LEBOT et CABALION, 1986).

STATUT IUCN
Plante cultivée ou naturalisée, sans statut IUCN.

ACCESSIBILITÉ, RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET TYPE BIOLOGIQUE


Variétés de Polynésie française :
■ 14 variétés connues autrefois à Tahiti mais déjà quasi disparues à cette
époque (CUZENT, 1983 [1860]).
■ 19 cultivars encore utilisés aux Marquises en 1935 (BROWN, 1935).

USAGES
Usage rituel et médicinal, consommation traditionnelle sous forme de
boisson (LEBOT et CABALION, 1986 ; LEBOT et al., 1992).
Consommation néo-traditionnelle au Vanuatu, dans les villes, et en
Nouvelle-Calédonie (ANDRÉ, 1999 ; CHANTERAUD, 1994, 1999, 2001).

COMPOSITION CHIMIQUE
Polynésie française :
■ 4 cultivars traités par LEBOT et LEVESQUE (1989).
■ Études par Isabelle Lechat-Vahirua à Papeete (Institut Malardé).
126 Substances naturelles en Polynésie française

PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES ET TOXICOLOGIQUES


Principale utilisation
Comme anxiolytique à base d’extrait de kava (synergie entre les princi-
pes actifs, kavalactones ou kavapyrones, ce qui justifie l’utilisation d’extraits
naturels), ou de D,L-kavaïne (pas de synergie en ce cas).

Principal reproche
Le kava présenterait un risque de toxicité hépatique.
Les causes possibles en seraient les suivantes :
■ présence de piperméthysticine (hépatotoxique in vitro) dans des médi-
caments issus de lots de « peelings » (épluchures de bas de tiges) importés
des îles Fidji ;
■ absence ou réduction forte dans les extraits de kava à l’alcool ou à l’a-
cétone du glutathion présent dans la boisson traditionnelle (où il aurait un
rôle protecteur par ses effets antioxydants et la conjugaison des p-OH-kava-
quinones formées au cours du métabolisme) ;
■ débordement des défenses hépatiques chez des patients fragiles ou
fragilisés (causes précédentes et/ou causes idiosyncrasiques au niveau de l’é-
quipement du foie en cytochromes) ;
■ recherches récentes à ce sujet en Nouvelle-Calédonie et à Futuna sur crédits
du Secrétariat d’État à l’outre-mer, SEOM (CABALION et al., 2003 ; WARTER, 2003).

INTÉRÊT INDUSTRIEL
Base de production d’extraits de kava à visée anxiolytique.

Brevets
L’Oréal : usages cosmétiques du kava.
Pernod-Ricard : intérêt du kava dans le sevrage des éthylomanes.

CONTRAINTES RÉGLEMENTAIRES
En Polynésie : arrêté de 1927 qui interdit la culture, la préparation, la
détention, la circulation, la consommation, le don, l’échange ou la vente de
Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 127

kava aux Marquises. Il a été abrogé par un arrêté en Conseil des ministres en
2001 (662 CM du 16 mai) à l’initiative du Service du développement rural.
Pharmacopées de pays industrialisés : usage pharmaceutique interdit en
l’an 2002 dans de nombreux pays industrialisés, Allemagne, France, Japon,
etc., mais reste autorisé aux États-Unis. Totalement interdit dans certains
pays, comme le Canada.
Changement en cours : levée récente de l’interdiction de l’usage ali-
mentaire du kava (parlement du Pays de Galles, 2003).
Pas d’interdiction de la consommation traditionnelle ou néo-tradition-
nelle (sauf aux Marquises, voir arrêté susmentionné).
Commentaires de Mme FOURASTÉ
Deux décisions de police sanitaire ont été prises au niveau français :
a) JO de la République française, du 12 janvier 2002 : Décision du 8 jan-
vier 2002 portant suspension de la mise sur le marché, à titre gratuit ou
onéreux, de la délivrance et de l’utilisation à des fins thérapeutiques du
kava (kava-kava, Piper methysticum) et de produits en contenant, sous
toutes formes, à l’exception des médicaments homéopathiques à des dilu-
tions égales ou supérieures à la cinquième centésimale hahnemannienne.
b) JO de la République française : Décision du 13 mars 2003 portant
interdiction de la mise sur le marché, à titre gratuit ou onéreux, de la
délivrance et de l’utilisation à des fins thérapeutiques du kava (kava-
kava, Piper methysticum) et de produits en contenant, sous toutes for-
mes, à l’exception des médicaments homéopathiques à des dilutions
égales ou supérieures à la cinquième centésimale hahnemannienne.
Ces deux décisions ont été prises à la suite de l’estimation par le groupe
européen de pharmacovigilance d’un rapport bénéfice/risque négatif.
Des décisions analogues ont été prises en Europe (Espagne, Portugal,
Irlande, Allemagne, Royaume-Uni) et hors d’Europe (Canada et
Australie). La Food and Drug Administration (FDA) n’a pas pour l’instant
pris de mesures restrictives à l’égard de cette plante, mais a également
informé les consommateurs du risque encouru.
De ce fait, l’utilisation du kava en tant que médicament ou en tant que
complément alimentaire paraît compromise pour de nombreuses années.
Il ne semble pas raisonnable, dans ces conditions, d’encourager la pro-
duction de kava dans un but autre que BOISSON CONVIVIALE LOCALE.
128 Substances naturelles en Polynésie française

ITINÉRAIRE DE PRODUCTION
Bouturage uniquement.

ORIENTATIONS
Le kava présente actuellement deux intérêts principaux, en pharmacie comme
anxiolytique naturel, et en alimentaire comme boisson conviviale dans le Pacifique.
Après la découverte en Allemagne et en Suisse de cas de toxicité hépa-
tique attribués au kava, de nombreuses recherches ont eu lieu pour mieux
connaître l’état de la question et les causes éventuelles de ces phénomènes.
Un lobbying mené à Bruxelles par les pays du Pacifique a également permis
à un groupe d’experts consultants de donner un avis en faveur de l’usage
de cette plante (GRUENWALD et al., 2003). On peut penser que l’interdiction
du kava dans les années 2001 et suivantes est, au moins partiellement ou
indirectement, le produit d’un lobbying en sens inverse, mais également
l’application du principe de précaution.
Aucun cas d’hépatite fulminante n’a pu être trouvé dans le Pacifique et
il est raisonnable de penser que la boisson à la manière traditionnelle n’est
pas menacée et conservera son marché dans le Pacifique et peut-être
ailleurs. En ce qui concerne le marché pharmaceutique, des recherches com-
plémentaires restent nécessaires (rôles du glutathion, éventuellement du
sélénium, des p-OH-kavaquinones, exploration des cytochromes hépatiques
liés à la métabolisation du kava...) pour établir un nouveau rapport béné-
fice/risque du kava en pharmacie (WARTER, 2003), ou plus généralement en
santé incluant les effets des utilisations de type alimentaire (CABALION et al.,
2003). Par ailleurs, les posologies pourraient être revues à la hausse.
Conclusion. Il paraît judicieux de conseiller à la Polynésie française de ne
pas abandonner ses recherches agronomiques et chimiques sur les variétés
de kava local, pour produire une matière première originale et de qualité
destinée au marché local du kava convivial, au marché américain (qui reste
ouvert), et enfin de préparer un probable retour du kava sur le marché phar-
maceutique [selon des modalités peut-être différentes de celles actuellement
connues et qui restent à préciser, (CABALION et al., 2003 ; WARTER, 2003)].
Admission dans la sélection restreinte.
Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 129

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Rédacteur : P. CABALION
130 Substances naturelles en Polynésie française

Santalum insulare DC. var. insulare (Tahiti)


Santalum insulare var. marchionense (Skottsb.)
Skottsb. (Marquises)
Santalum insulare var. margaretae (F. Br.)
Skottsb. (Rapa)
Santalum insulare var. raiateense (J. W. Moore)
Fosberg & Sachet (Raiatea, Moorea)
Santalum insulare var. raivavense F. Br.
(Raivavae, Australes)

Ces variétés représentent le polymorphisme de l’espèce de la Polynésie


française.
J.-F. Butaud (Service du développement rural Tahiti) prépare actuellement
une thèse sur la distribution, la taxonomie du complexe en Polynésie française.

STATUT IUCN
Gravement menacé d’extinction à vulnérable.

ACCESSIBILITÉ, RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET TYPE BIOLOGIQUE


Toutes les variétés, sauf celle des Marquises sont relictuelles et ont un
statut allant de CR (critical) à VU (vulnerable). Aux Marquises, les popula-
tions sont localement de quelque importance et sont plus ou moins accessi-
bles et disponibles, au moins pour une première étude chimique.
Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 131

Ces variétés occupent les formations ouvertes de croupes et de crêtes de


moyenne à haute altitude.

USAGES
Massages : poudre de santal dans de l’huile de noix de coco.

Autres espèces du genre


■ Santalum spicatum :
graines alimentaires (Australie).
■ Santalum album :
inflammation du système urinaire (Kom E), insolation, douleurs abdominales.

COMPOSITION CHIMIQUE
Pour toutes les variétés : huile essentielle dans le bois, α et β santalol (60 %).
Var. marchionense : sesquiterpènes, α et β-santaldiol.

Autres espèces du genre


■ Santalum spicatum :
Huile grasse (graine) : acide ximenynique (# 50 %), ac. oléique, ac. stéa-
rique, ac. linolénique.
■ Santalum album :
Huile essentielle (3 à 5 % dans le bois) : α-santalol (50 %) et β-santalol
(20 %), epi-β-santalol, α-bergamotol, α-bergamotal.

PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES ET TOXICOLOGIQUES


Autres espèces du genre
■ Santalum acuminatum :
inhibition du relargage de 5-hydroxytryptamine par les plaquettes.
■ Santalum album :
l’huile essentielle présenterait une action sur le système cardio-vasculaire.
132 Substances naturelles en Polynésie française

INTÉRÊT INDUSTRIEL
L’huile essentielle de toutes les variétés de Santalum insulare est signalée
comme un substitut acceptable de l’huile essentielle de santal blanc.

VALORISATION POTENTIELLE
L’huile essentielle de santal blanc des Indes est en voie de raréfaction sur
le marché international pour des raisons politiques (restriction de la produc-
tion et de l’exportation par l’Inde) et phytosanitaires (maladie « spike »).
Bien qu’une autre huile de santal ne puisse lui être directement substituée
(par exemple, celle d’Australie ou de Nouvelle-Calédonie), il existe une pos-
sibilité indéniable d’introduction sur le marché pour cette huile, qui pourrait
l’être dans de nouvelles formules.
Une étude à long terme est en cours (UPF/SDR/Cirad) sur le santal de
Polynésie :
Points étudiés :
■ Multiplication par graines
■ Inventaire des populations
■ Études chimiques et génétiques aux Marquises.

Points en cours d’étude :


■ Études chimiques et génétiques.
Points restant à étudier :
■ Multiplication végétative
■ Déterminisme de la composition de l’huile essentielle
■ Techniques culturales
■ Études de la descendance
■ Acceptabilité par les utilisateurs (substitution, nouvelle matière première…).

Il s’agit d’un programme de recherche et de valorisation à très long terme


(plusieurs dizaines d’années) qui demande un effort soutenu mais dont les
débouchés potentiels seront sans doute stables, car à l’abri des effets de mode.
Du fait de la longueur de ce programme, le recours à la biotechnologie,
en particulier pour la multiplication, doit être privilégié.
Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 133

Il conviendrait aussi de s’interroger sur les raisons de la baisse de la pro-


duction en Inde. C’est une espèce préférant les milieux pauvres, et sa
croissance dans ces milieux pourrait être vite ralentie (Geneviève Michon,
écologue IRD, comm. pers.).

CONTRAINTES RÉGLEMENTAIRES
Vérifier l’absence des molécules allergènes listées au 7e amendement de
la directive européenne sur les produits cosmétiques.
Aucune place pour le santal en tant que médicament ou complément
alimentaire.

ITINÉRAIRE DE PRODUCTION
Mode d’obtention
Distillation de l’huile essentielle sur le territoire.

Mode de commercialisation
Auprès des industriels des matières premières aromatiques travaillant
avec les parfumeurs.

Contrôle qualité
Faire reconnaître la qualité de l’huile essentielle par une norme spéci-
fique Afnor/ISO.
Admission dans la sélection restreinte.

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Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 135

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Rédacteur : Y. BARBIN
136 Substances naturelles en Polynésie française

Tephrosia purpurea (L.) Pers. var. piscatoria


(Ait.) Fosberg (FABACEAE)
SYNONYMES
T. purpurea sensu Zepernick
T. piscatoria Aiton.

ACCESSIBILITÉ, RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET TYPE BIOLOGIQUE


Espèce cultivée et naturalisée dans plusieurs îles de la Polynésie où elle
est localement abondante ; plus généralement, dispersée en station sèche
de basse et moyenne altitude aux Marquises et dans la Société.
Distribution géographique : Australes, Gambier, Marquises, Société.

USAGES
Employée comme ichtyotoxique dans de nombreuses régions du
Pacifique (NISHIMOTO, 1969 ; PÉTARD, 1986).

COMPOSITION CHIMIQUE
Roténoïdes, surtout dans les racines.
Graines
Flavonoides pongamol, karanjine and lanceolatine B, flavonoides prény-
lées (purpuritenin et purpureamethide).

Racines
Purpurénone, bêta-hydroxychalcone ; (+)-purpurine ; déhydroisoderri-
cine, et (–)-maackiaine. Pseudosemiglabrin et (–)-semiglabrin (SINHA et al.,
1982 ; VENTAKATA RAO et RANGA RAJU, 1984).
Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 137

Fleurs et fruits
7,4’-dihydroxy-3’,5’-diméthoxyisoflavone ; (+)-téphropurpurine ((+)-pur-
purine, pongamole, lancéolatine B, (–)-maackiaine, (–)-3-hydroxy-4-
méthoxy-8,9-méthylène-dioxyptérocarpane et (–)-médicarpine, tous actifs
sur quinone réductase ; composés non actifs : 3’-méthoxy daidzeine, des-
moxyphylline B and 3,9-dihydroxy-8-meéhoxycoumestane (CHANG et al.,
1997).

PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES ET TOXICOLOGIQUES


Propriétés ichtyotoxiques et insecticides
La roténone et ses dérivés, les roténoïdes, ont la propriété d’asphyxier le
poisson. En fait, ils agissent sur tous les animaux en bloquant la respiration
à l’intérieur des cellules au niveau des mitochondries, mais les animaux à
sang chaud sont protégés par leur revêtement cutané qui empêche la
résorption du poison, alors que les animaux à sang froid (insectes, poissons,
serpents) y sont particulièrement sensibles.

Activité nématicide (BANSODE et KURUNDKAR, 1989)


Les parties aériennes fournissent un excellent « engrais vert » (JOSHI et al.,
2000).

Activité allélopathique des extraits aqueux de feuilles sur parthenium


L’inhibition significative de la vitesse de germination et de la croissance
de la plantule permet d’envisager l’emploi de cet extrait simple comme
herbicide peu onéreux et biodégradable « weed control » (DAMME et al.,
1994).
Activités anti-ulcéreuses démontrées sur le rat des extraits aqueux de raci-
nes, en raison des propriétés cytoprotectives de la drogue (DESHPANDE et al.,
2003).
Propriétés antitumorales marquées, démontrées par induction in vitro de
la quinone réductase des composés isoflavoniques isolés des fruits et fleurs
(CHANG et al., 1997).
138 Substances naturelles en Polynésie française

INTÉRÊT INDUSTRIEL
Valorisation possible comme insecticide et ichtyotoxique.
Les drogues à roténone sont employées en assez grande quantité comme
insecticide en phytopharmacie, sous forme de poudre végétale, pour lutter
contre les chenilles, pucerons et autres doryphores, présentant le grand avan-
tage d’être inoffensives pour l’homme. La tendance est de les associer aux
pyréthrines, autres insecticides végétaux, afin de combiner leurs actions, les
effets de ces derniers étant plus rapides mais aussi plus fugaces.
La roténone se dégrade rapidement dans le milieu (3 à 6 jours), ce qui lui
vaut un regain d’intérêt comme pesticide biologique. Son emploi dans des
conditions strictes et réglementées est autorisé en agriculture biologique dans
certains pays. Ce marché, sans être énorme, est consistant à l’échelle du mar-
ché des plantes médicinales et devrait se développer du fait de la croissance des
productions biologiques (TAMM et al., 2000) ; et ce bien que les roténones (avec
d’autres pesticides) aient été associées à la maladie de Parkinson. Des études
récentes ont cependant montré que l’injection de doses élevées (1-12 mg/kg)
de roténone à des rats provoque chez l’animal des symptômes « Parkinson-
like », suscitant des réserves sur son emploi. Les doses utilisées dans l’expé-
rience sont cependant très au-dessus des doses susceptibles d’être trouvées
chez l’homme consommant des aliments traités. La question est loin d’être
tranchée et la réglementation devrait encore évoluée (GIASSON et LEE, 2000).
Admission dans la sélection restreinte.
Composition chimique bien connue de l’espèce (études menées pour la
plupart sur des échantillons récoltés en Inde). Comme c’est généralement le
cas pour les tephrosia, présence de dégueline et dérivés au lieu de roténone.
Il serait intéressant de mesurer la teneur en roténoïdes de la variété de
Polynésie française.
Ses propriétés nématicides, allélopathiques, et comme engrais vert, en
font un excellent produit phytosanitaire (lutte antivectorielle, agriculture…).
Les insecticides « biologiques », biodégradables, sont spécialement inté-
ressants pour l’agriculture en milieu insulaire, par exemple les îles Loyauté en
Nouvelle-Calédonie, pour éviter de polluer la lentille d’eau douce sous-
jacente, fragilisée par des produits phytosanitaires à forte rémanence.
Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 139

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JOSHI S.D., JADHAV A.S., PATIL M.B., KURUNDKAR B.P., 2000 – Effect of
organic amendment and fly ash on root-knot disease of tomato. Journal of
Maharashtra Agricultural Universities, 25 (1) : 84-85.
NISHIMOTO S. K., 1969 – Plants used as fish poisons. Newsletter of the
Hawaiian Botanical Society, 3 : 20-28.
PÉTARD P., 1986 – Plantes utiles de Polynésie et Raau Tahiti. Ed. rev. et
augm. Papeete, Haere Po No Tahiti, 345 p.
SINHA B., NATU A.A., NANAVATI D.D., 1982 – Prenylated flavonoids from
Tephrosia purpurea seeds. Phytochemistry, 21 (6) : 1468-1470.
TAMM L., SPEISER B., WYSS E., NIGGLI U., 2000 – Use of Rotenon in Organic
Agriculture : FiBL Statement. 2 p.
VENTAKATA RAO E., RANGA RAJU N., 1984 – Two flavonoids from Tephrosia
purpurea. Phytochemistry, 23 (10) : 2339-2342.
Rédacteur : C. MORETTI
140 Substances naturelles en Polynésie française

Vanilla tahitensis J. W. Moore (ORCHIDACEAE)

SYNONYME
Synonyme de V. planifolia Andr., probablement un cultivar particulier ou
hybride de cette espèce avec une autre. Il semble actuellement que plusieurs
groupes de botanistes et de généticiens travaillent sur la question (mais pas
de références bibliographiques).

STATUT IUCN
Pas de statut, plante cultivée.

ACCESSIBILITÉ, RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET TYPE BIOLOGIQUE


Vanilla tahitensis n’est cultivée qu’en Polynésie. Plusieurs cultivars sont
répertoriés et font désormais l’objet d’une collection vivante, maintenue par
les services de l’agriculture du territoire (DRON, 2002).
Liane herbacée charnue, volubile, naturalisée à basse et moyenne alti-
tude (anciennes plantations ou en station secondaire).

USAGES
Gousse ; aliment ; épice.
Sève : Comores ; médicinal ; hémostatique ; cicatrisant.

COMPOSITION CHIMIQUE
Gousse : glucosides, vanilline, aldehyde p-hydroxybenzoique, p-anisalde-
hyde, acide p-hydroxybenzoique, acide vanillique, acide anisique, alcool ani-
sique (RIVES, 2000).
Des alcaloïdes, des polyphénols et des traces de leucoanthocyanes.
Annexe 1 – FICHES DES ESPÈCES VÉGÉTALES DU GROUPE 1 141

PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES ET TOXICOLOGIQUES


Toxicité ; vanillisme (BÙI-XÙAN-NHÙAN, 1954).

INTÉRÊT INDUSTRIEL
Agro-alimentaire comme arôme typé, sur un marché ciblé.

ITINÉRAIRE DE PRODUCTION
Culture déjà établie à Tahiti et dans les îles Sous-le-Vent (Huahine,
Raiatea, Tahaa…).

MODE D’OBTENTION
Multiplication végétative par bouture. Attention aux problèmes de trans-
mission des maladies virales.
Admission dans la sélection restreinte.

BIBLIOGRAPHIE
BÙI-XÙAN-NHÙAN, 1954 – « Le vanillisme ». In Bouriquet G. (éd.) : Le vanillier
et la vanille dans le monde, Paul Lechevalier : 647-661.
DRON M., 2002 – Rapport d’évaluation de la composante scientifique du
projet vanille du Service de développement rural à Raiatea (période 1998-
2002), 31 p.
RIVES M.J., 2000 – Étude des profils aromatiques des différentes variétés de
Vanilla tahitensis. École nationale supérieure d’agronomie de Toulouse, 51 p
Rédacteur : F. DEMARNE
ANNEXE 2

Sur le secteur cosmétologie

APERÇU D’ENSEMBLE
La cosmétologie est probablement l’un des secteurs les plus propices à
une valorisation économique des produits naturels.
Le marché de la dermo-cosmétique est en pleine croissance et, du fait de
l’abandon progressif des produits d’origine animale, les produits d’origine
naturelle, marine ou terrestre, sont de plus en plus recherchés.

Une démarche scientifique


« Les industriels de la cosmétique communiquent beaucoup autour des
substances naturelles. Mais derrière cette mode écologique, il y a un réel tra-
vail scientifique », explique Patrice André, directeur du laboratoire Actifs,
Biologie et Cosmétique de Dior, à Orléans.
La cosmétique s’appuie notamment sur les substances végétales avec un
très large recul d’utilisation. De ce fait, les usages traditionnels sont ici très
recherchés. Selon Jean Guézennec de l’Ifremer, l’intérêt pour des molécules
extraites ou synthétisées à partir des micro-organismes (au sens large du
terme) est également fort de la part des industriels de la cosmétologie, un
des freins restant toutefois la production à bas coût de ces molécules.
Ce travail s’appuie en particulier sur des ethnopharmacologistes qui étu-
dient l’utilisation des plantes par les communautés traditionnelles, en parti-
culier celles des forêts tropicales. Cette bioprospection débute par un inven-
taire des plantes utilisées pour le soin du corps : cicatrisants, baumes,
anti-inflammatoires... Une première sélection ne retient que les familles
botaniques originales, ce qui augmente les chances de trouver des molécu-
les nouvelles. Les chimistes s’emploient à en préparer des extraits de plus en
plus purs, isolant les molécules actives au sein de la plante.
Des essais biologiques, sur cultures cellulaires, ou biochimiques (inhibi-
tion ou activation de protéines, de processus biochimiques spécifiques), per-
mettent d’évaluer les propriétés biologiques.
Annexe 2 – SUR LE SECTEUR COSMÉTOLOGIE 143

Une stratégie largement pilotée par le marketing


Le discours marketing fait miroiter les vertus extraordinaires des sub-
stances naturelles tant pour la santé que pour le développement des pays
du Sud. Mais ce discours porté par le marketing doit être relativisé.

Organisation de la production et des filières


Comme pour les aliments fonctionnels, ce secteur est propice au déve-
loppement de petites et moyennes entreprises locales, se consacrant à la
fourniture de matière première végétale pour les industriels de la cosmé-
tique, à la formulation ou la production d’éco-produits cosmétiques à forte
connotation de terroir.

Perspectives pour la Polynésie française


Faut-il préconiser la mise en œuvre sur place d’essais biologiques orientés
cosmétiques, permettant de proposer une offre locale d’actifs à forte valeur
ajoutée ? La question de monter sur le territoire une structure ad hoc peut en
effet se poser au regard de la diversité des sources de molécules qu’il recèle.
Pour répondre en toute clarté à cette question, il faut prendre en compte
tous ses aspects, déclinés ci-après.
Aspects « techniques »
Les essais biologiques orientés cosmétiques varient selon les cibles, et il
en existe un grand nombre. Beaucoup de laboratoires ont leur propre appro-
che de ces tests, qui sont sous-traités en France auprès de nombreuses struc-
tures spécialisées.
La demande en nouveaux principes actifs étant importante, les filières se
construisent surtout à partir de l’offre (d’après M. Hansel, président de
« Cosmetic Valley »).
Aspects économiques
La demande en matière première végétale et en nouveaux principes
actifs est forte, mais porte sur de faibles quantités (dépassant rarement la
tonne). La vie des produits est brève, en moyenne 4 à 10 ans pour un pro-
duit commercialisé : 10 ans est une durée de vie inespérée pour un produit
cosmétique d’usage courant.
144 Substances naturelles en Polynésie française

Cette faiblesse de la demande peut, elle aussi, être compensée par le


nombre. Les compagnies sont en recherche permanente de nouveaux
« actifs » à partir desquels seront formulés d’autres produits.
Aspects réglementaires
Une démarche gagnante serait d’anticiper sur les réglementations en
préparation.
La réglementation européenne définit un produit cosmétique comme se
rapportant à « toute substance ou préparation destinée à être mise en
contact avec les diverses parties superficielles du corps humain […] en vue
de les nettoyer, de les parfumer, de les protéger, de les maintenir en bon
état, d’en modifier l’aspect et/ou de corriger les odeurs corporelles ».
Tous les produits correspondant à cette définition doivent se soumettre à
la législation prévue par la directive européenne 76/768/CEE. L’étiquetage de
produits cosmétiques doit comporter une liste de la totalité des ingrédients.

Conclusion
Au vu de ces éléments, les experts considèrent qu’une intervention forte
et structurante des pouvoirs publics ne se justifie pas, compte tenu de la
volatilité des produits dans ce secteur qui ne permet pas de garantir à l’é-
conomie polynésienne des perspectives de développement durable sur cette
base. En revanche, les synergies entre laboratoires de recherche locaux et
porteurs de projets pourraient se renforcer.

DE LA DIFFICULTÉ DE SE PRONONCER SUR L’INTÉRÊT EN COSMÉTIQUE


DES PLANTES RETENUES : RÉFLEXIONS D’UN EXPERT VERSÉES AU DÉBAT
Il est difficile de prévoir l’intérêt d’une plante pour une utilisation en cos-
métique sans avoir fait de nombreuses études biochimiques préalables de
toxicité et d’objectivation. Ces études biochimiques ne sont individuellement
valables que pour un type d’extrait et pour une revendication (propriété
amincissante, ou anti-ride, ou éclaircissante…). Ces études sont toujours
très coûteuses et elles sont prises en charge par les industries de la cosmé-
tique qui développent les produits. Elles ne sont de ce fait jamais publiées et
leurs résultats, lorsqu’ils sont intéressants, font immédiatement l’objet de
Annexe 2 – SUR LE SECTEUR COSMÉTOLOGIE 145

prises de brevets. Autre difficulté : un extrait de plante trop actif risque d’ê-
tre interdit pour un usage cosmétique et reclassé en médicament ; l’actif
cosmétique est donc tenu de ne présenter qu’une faible activité, ce qui par
là même rend très difficile et coûteux de démontrer son efficacité, surtout
sur un organe en bonne santé (la peau), qui possède de puissants mécanis-
mes de régulation de son homéostasie.
En un mot, on ne peut pas décréter qu’une plante sera utilisable pour une
application cosmétique au vu de sa composition chimique ou de son usage
traditionnel tels qu’en fait état la bibliographie. Il faut absolument entre-
prendre au cas par cas des études coûteuses d’objectivation et de toxicité.
Dans tous les cas, la plante entière ne saurait être utilisée, même si on lui
reconnaît traditionnellement des vertus plus ou moins avérées. En effet :
■ L’aspect et la qualité des produits cosmétiques nécessitent de travailler
avec des extraits de plantes et très rarement des plantes entières.
■ L’efficacité des extraits dépend forcément des solvants qu’on utilise.
■ Il faut identifier les molécules actives et vérifier qu’elles ne sont pas
toxiques aux doses où elles seront employées.
■ Il faut vérifier que ces molécules sont actives mais pas trop par voie
topique.
■ Il faut identifier les mécanismes sur lesquels agit la molécule.
■ Il faut vérifier l’intérêt de l’extrait par des tests biochimiques de plus en
plus sophistiqués et de plus en plus coûteux, et le retour sur ces investisse-
ments lourds ne peut se faire que par la voie de brevets et d’accords
d’exclusivité.
La durée de vie très brève (5 à 7 ans) d’un actif cosmétique (phénomène
de mode et nécessité de renouvellement marketing obligent) implique que le
produit soit vraiment très intéressant pour que l’on se risque à monter sur du
moyen terme une filière de production officielle ex nihilo. Cela est vrai partout,
en Polynésie comme ailleurs. C’est d’ailleurs très rarement ce qui se produit.
Ainsi, lorsqu’un produit a été trouvé intéressant par un industriel de la cos-
métique, fournisseur de matière première ou formulateur final, celui-ci orga-
nise lui-même sa filière d’approvisionnement, généralement dans le cadre de
relations commerciales privées et bilatérales. Les quantités de plantes néces-
saires à l’industrie sont en général faibles, de l’ordre de quelques tonnes, et il
n’y a pas lieu de mettre de l’argent public dans ces échanges commerciaux.
146 Substances naturelles en Polynésie française

L’implantation d’une petite industrie cosmétique locale est tout à fait pos-
sible sur la base d’une image marketing exotique, mais en s’appuyant sur des
« blancs industriels » importés. La place des plantes locales dans cette indus-
trie serait très marginale (coûts de développement beaucoup trop élevés au
regard du marché), si l’on vise les standards de qualité européens, seuls capa-
bles de séduire une clientèle de touristes.
ANNEXE 3

Le cahier des charges


de l’expertise collégiale

LES SUBSTANCES NATURELLES EN POLYNÉSIE FRANÇAISE :


UN SECTEUR PROMETTEUR MAIS ACTUELLEMENT ENCORE TRÈS FRAGILE
La Polynésie française jouit d’un fort potentiel dans le domaine des sub-
stances naturelles, qui résulte à la fois d’un fort endémisme et de la présence
de chimiotypes particuliers liés à l’éloignement géographique de ses îles.
Cette biodiversité n’est encore que peu valorisée puisque seules quelques
espèces de plantes donnent lieu à des exploitations particulières (monoï,
vanille, santal, nono, tamanu…), tandis qu’une petite dizaine de projets de
valorisation d’autres substances sont en cours.
Par ailleurs, la Polynésie française possède des laboratoires de recherche publics
suffisamment bien équipés pour assurer les premières analyses de nouvelles sub-
stances. Du côté des industries, quelques entreprises sont solidement implantées
et des porteurs de projet cherchent à diversifier et à renouveler leur activité.
Toutefois, ces atouts certains et ce dynamisme relatif ne doivent pas occulter
les faiblesses du secteur. D’une part, les substances déjà exploitées pourraient l’ê-
tre de manière plus intensive (en organisant les filières, en mettant en place une
démarche qualité ou en essayant d’atteindre le plus haut degré de transforma-
tion possible pour le produit sur le territoire, ce qui augmenterait les retombées
économiques), d’autre part certaines substances naturelles pourraient demain
créer de nouveaux marchés et offrir un support de développement à la Polynésie
française. Pour cela, des efforts doivent être faits pour définir des orientations de
recherche coordonnant le travail des différents laboratoires et pour organiser le
transfert de compétences entre chercheurs et développeurs.

LES OBJECTIFS DE L’EXPERTISE


L’expertise envisagée comporte deux volets indissociables : une partie de
l’expertise est à vocation prospective puisqu’il s’agit de suggérer de nouvel-
148 Substances naturelles en Polynésie française

les voies de recherche et de développement à la Polynésie française en iden-


tifiant de nouvelles substances naturelles d’intérêt, et une autre partie est à
vocation opérationnelle puisqu’elle a pour but de proposer des stratégies de
valorisation des substances naturelles déjà exploitées ou qui pourraient l’ê-
tre à l’avenir (stratégies industrielles, commerciales).
On peut résumer les objectifs de l’expertise en deux points :
■ À partir de la connaissance de la biodiversité polynésienne, il s’agit de
déterminer quelles sont les substances naturelles d’intérêt économique le
plus grand en orientant la démarche par secteurs (pharmacologie, cosméto-
logie, phytothérapie, agroalimentaire, parfums, artisanat…) et en spécifiant
le degré d’avancement de la R&D ou les modes de commercialisation pour
chacune des substances. Des profils de porteurs de projets seront éventuel-
lement identifiés au plan local ou international si le produit ne peut être
développé au niveau territorial.
■ En parallèle, des propositions concrètes concernant la mise en
œuvre d’une démarche qualité, la mise en place de mesures de protec-
tion du marché, l’amélioration des filières de production, l’articulation
recherche-industrie et l’organisation interprofessionnelle auront pour
objectif d’améliorer à plus court terme la productivité des filières « sub-
stances naturelles ».
Le travail organisé par l’IRD comportera une Expertise collégiale, qui sui-
vra la méthodologie mise en œuvre à l’institut, et qui sera doublement
accompagnée par :
■ la réalisation d’un jeu de fiches analysant les connaissances disponibles
sur chacune des substances identifiées en Polynésie française,
■ une étude des potentialités économiques et techniques locales qui per-
mettraient de développer de nouvelles activités.
Ces deux démarches d’accompagnement de l’Expertise collégiale sont
un appui indispensable pour le groupe pluridisciplinaire d’experts, les don-
nées actuellement disponibles étant en partie lacunaires. Le collège d’ex-
perts pourra ainsi déboucher sur une large synthèse et des orientations pour
conduire une politique de valorisation des substances naturelles en Polynésie
française.
Annexe 3 – CAHIER DES CHARGES DE L’EXPERTISE COLLÉGIALE 149

QUESTIONS POSÉES AUX ÉTUDES PRÉALABLES OU D’ACCOMPAGNEMENT –


« FICHES SUBSTANCES » ET « ANALYSE DES POTENTIALITÉS ÉCONOMIQUES
ET TECHNIQUES LOCALES »
Quelles sont les substances naturelles déjà exploitées
en Polynésie française et dans la région Pacifique ?
En préalable à l’expertise, un rassemblement aussi complet que possible
des données disponibles sur les substances naturelles de Polynésie française
doit être réalisé. Cette étape donnera lieu à l’élaboration d’un jeu de
« fiches » concernant chacune de ces substances, établies sous la responsa-
bilité d’un des experts en s’appuyant sur des collaborations externes. Elles
seront complétées au retour de l’étude socio-économique locale quant aux
aspects en relation avec l’exploitation de certaines de ces substances. Ces
fiches répondront pour l’essentiel aux questions suivantes :
■ Quel est le mode d’obtention de la ressource pour cette substance ?
■ Quel est son risque d’épuisement ?
■ Quelles sont les propriétés mises en avant pour la commercialisation de
produits issus de la filière ? Sont-elles scientifiquement fondées ?
■ Si déchets il y a résultant de cette exploitation, y a-t-il un moyen de les
utiliser ?
■ Y a-t-il des nuisances écologiques liées à l’exploitation de cette res-
source (abandon de cultures plus traditionnelles, effet paysager, destruction
de l’écosystème) ?
■ La substance a-t-elle une valeur patrimoniale pour la Polynésie française ?
■ Quel est le délai d’une éventuelle valorisation de la substance (court,
moyen ou long terme) ?
Une première estimation permet de penser que le nombre de ces fiches
sera de l’ordre d’une centaine.

Quelle est l’organisation du secteur industriel et commercial


des substances naturelles en Polynésie française ?
Pour proposer une stratégie de valorisation, il est indispensable de s’ap-
puyer sur une connaissance actuelle et approfondie du secteur et du
contexte dans lequel il évolue. Il convient également d’identifier de façon
150 Substances naturelles en Polynésie française

fine ce que peuvent être les trajectoires de développement des entreprises


et des organismes locaux qui les appuient. Pour cela, une investigation
conduite en partie sur place en relation directe avec les acteurs locaux est
indispensable pour répondre aux questions suivantes :
■ Quelles sont les caractéristiques et la structuration des entreprises du
secteur ? Comment fonctionnent-elles (taille, activité, exportations, chiffre
d’affaires…) ?
■ Quels sont les emplois créés par le secteur ?
■ De quels financements bénéficie le secteur ?
■ Quels sont les flux financiers générés par le secteur ?
■ Le développement d’un tissu solide de petites entreprises est-il possi-
ble ? Comment attirer de grandes entreprises sur le terrain polynésien ?
■ Quels sont les atouts et faiblesses de ce secteur ?
■ Quelles orientations est-il judicieux de privilégier pour favoriser le déve-
loppement du secteur ?
■ Les pôles de recherche locaux (université, organismes de recherche ter-
ritoriaux, nationaux ou étrangers présents en Polynésie française) dévelop-
pent-ils des activités tournées vers la valorisation des substances naturelles ?
Des encouragements complémentaires, une coordination de leurs activités,
sont-ils possibles et utiles ?

LES QUESTIONS POSÉES AU COLLÈGE D’EXPERTS


En s’appuyant sur ses travaux propres et sur les deux investigations com-
plémentaires précédemment décrites, le collège d’experts, dans son ensem-
ble, apportera successivement des réponses aux questions suivantes.

Quel est l’intérêt potentiel de la biodiversité polynésienne


(marine, terrestre, végétale, animale),
comparée aux autres régions voisines intertropicales ?
■ Quel degré de connaissance a-t-on de la biodiversité marine et terrestre ?
■ Les savoirs traditionnels ont-ils été recensés scientifiquement ?
■ Quel est le niveau de l’automédication par les plantes dans la population ?
■ Le rôle des guérisseurs dans les pratiques médicales traditionnelles est-il
important, et a-t-il été étudié ?
Annexe 3 – CAHIER DES CHARGES DE L’EXPERTISE COLLÉGIALE 151

■ Y a t-il des zones où la bioprospection (biodiversité et savoirs connexes)


s’avère insuffisante? Peut-on établir des priorités en matière de bioprospection ?

À partir de l’analyse de la biodiversité polynésienne,


quelles sont les substances naturelles exploitées
ou potentiellement exploitables en Polynésie française ?
Parmi l’ensemble des substances décrites dans le jeu de « fiches », sera dres-
sée une liste plus restreinte (de l’ordre d’une vingtaine au plus) de substances
d’intérêt pour la Polynésie française. Cette liste comportera à la fois des espè-
ces indigènes que la Polynésie française26 pourrait envisager de produire et/ou
de transformer (ex. : Callophyllum inophyllum comme agent anti-HIV) et des
espèces endémiques pour lesquelles généralement l’expertise conduira à pro-
poser des stratégies de R&D. Une étude spécifique de ces substances d’intérêt
permettra d’en évaluer les potentialités en répondant aux questions suivantes :
■ Quelles sont les tendances de l’évolution du marché ? Pour les substan-
ces non commercialisées, quels marchés s’ouvrent, pour quelles substances ?
■ Quelles sont les perspectives en matière de réglementation pour une
éventuelle pénétration du marché européen par chacune des substances
envisagées (sous forme transformée) ?
■ Quels sont les types de contrats qui lient les personnes engagées dans
la filière, du producteur au transformateur ?
■ Selon les marchés, quelle valeur ajoutée et donc quelles retombées
économiques peut-on envisager pour le Territoire ? Quel est le niveau de
transformation en Polynésie française (si le produit n’est pas transformé en
Polynésie française, où se situe la transformation) ?
■ Y a-t-il des modes de protection du marché à mettre en place ?
■ Pour chacune des substances non encore exploitées, quelles sont la
durée et les modalités de la R&D ? Quel est le terme approché d’une éven-
tuelle mise sur le marché ?

Les potentialités technico-scientifiques locales pour effectuer


des travaux complémentaires de R&D sont-elles suffisantes ?
On commencera par faire un état des lieux de la capacité de Recherche et
Développement du Territoire (analyse en partie réalisée sur place par l’équipe).

26 que l’on peut trouver ailleurs dans la ceinture tropicale.


152 Substances naturelles en Polynésie française

Ensuite, à la vue de la liste des substances à valoriser et des moyens à mettre


en place pour que cette valorisation soit possible, des suggestions de colla-
borations ou partenariats pourront être faites. Les différentes stratégies s’of-
frant au Territoire en matière de R&D seront passées en revue en s’interro-
geant sur les points suivants :
■ Comment peut-on améliorer la liaison recherche-industrie ?
■ Quels sont les partenariats public-privé ou collaborations avec des
laboratoires métropolitains envisageables pour optimiser l’avancée de la
R&D sur les substances naturelles ?

Quelles orientations peut-on donner pour une politique


de valorisation des substances naturelles en Polynésie française ?
Il s’agit ici de faire la synthèse des résultats de l’expertise, tout en mesu-
rant avec le comité de suivi quelles orientations pourraient être soutenables
au plan local.
ANNEXE 4

Présentation du collège d’experts

YVES BARBIN
Veille technologique, prospection filière PAM (Plantes aromatiques et médicinales)
Pierre Fabre Médicament – Plantes et Industries
16, rue Jean Rostand, BP92 – 81603 Gaillac
Yves.barbin@pierre-fabre.com
VALÉRIE BOISVERT
Économiste de l’environnement
IRD – Centre d’Orléans
5, rue du Carbone – Technoparc – 45000 Orléans
Valerie.boisvert@orleans.ird.fr
PIERRE CABALION
Pharmacien, ethnopharmacologiste
IRD – Centre de Nouvelle-Calédonie
Laboratoire des Substances naturelles terrestres et Savoirs traditionnels
BP A5 – 98848 Nouméa Cedex – Nouvelle-Calédonie
cabalion@noumea.ird.nc
CÉCILE DÉBITUS
Chimiste des substances naturelles marines
IRD – UMR152
ISTMT
3, rue des Satellites – 31400 Toulouse
debitus@ird.fr
FRÉDÉRIC DEMARNE
Directeur scientifique et du Développement technologique
Groupe Gattefossé
36, Chemin de Genas – BP 603 – 69 804 Saint-Priest
fdemarne@gattefosse.com
154 Substances naturelles en Polynésie française

JACQUES FLORENCE
Botaniste
IRD US 084 Biodiversité végétale tropicale : connaissance et valorisation
Antenne IRD — Laboratoire de Phanérogamie – 16, rue Buffon – 75005 Paris
jflo@mnhn.fr

ISABELLE FOURASTÉ
Professeur de Pharmacognosie
Université Paul Sabatier – Toulouse III
Faculté de Pharmacie – 35 chemin des maraîchers – 31062 Toulouse Cedex 4
ifourast@cict.fr

JEAN GUÉZENNEC
Responsable Programme Biotechnologies marines
IFREMER
Centre de Brest – Resp. DRV/VP/BMM – BP 70 – 29280 Plouzané
jguezenn@ifremer.fr

MARIE-LUCE HAZEBROUCQ
Chargée de mission
IRD
213 rue La Fayette – 75480 Paris cedex
hazeroy@noos.fr

CHRISTIAN MORETTI
Chimiste – ethnopharmacologue
IRD – Orléans
Technoparc – 5, rue du Carbone – 45000 Orléans
christian.moretti@orleans.ird.fr

CHRISTINE NOIVILLE
Juriste
CNRS – Université Paris 1 – Centre de recherche en droit des sciences et techniques
16 rue de l’abbé Carton – 75014 Paris
noiville@univ-paris1.fr
Annexe 4 – PRÉSENTATION DU COLLÈGE D’EXPERTS 155

JEAN-CHRISTOPHE SIMON
Économiste
IRD – DEV
213 rue La Fayette – 75480 Paris cedex
simon@paris.ird.fr
BERNARD WENIGER
Pharmacien chimiste spécialiste des substances naturelles d’intérêt thérapeutique
UMR CNRS/ULP N° 7081
Faculté de pharmacie, Univ. Louis Pasteur Strasbourg – BP 60024 –
67401 Illkirch cedex
Weniger@pharma.u-strasbg.fr
ANNEXE 5

Comité de suivi

La Présidence du comité de suivi a été assurée par la Délégation à la


recherche de la Polynésie Française, sa composition en a été constituée par
les représentants des organismes suivants :
Centre IRD de Tahiti
Centre océanologique du Pacific/Ifremer
Délégation pour la promotion des investissements
Direction de l’Environnement
EPIC Vanille
Institut Louis-Malardé
Plate-forme technologique « Génie des Procédés–substances naturelles »
(Gepsun)
Service de la Pêche
Service des Affaires économiques
Service du Commerce extérieur
Service du Développement de l’industrie et des métiers
Service du Développement rural
Service du Plan et de la Prévision économique
Université de la Polynésie française, laboratoire de chimie des substances
naturelles.
Table des tableaux
Tableau 1 – 35
Poids à l’exportation des produits de la perliculture et de la pêche

Tableau 2 – 38
Données chiffrées sur quelques productions

Tableau 3 – 39
Le nono à l’exportation

Tableau 4 – 44
Caractéristiques des principales filières « produits végétaux »

Tableau 5 – 47
Critères d’exclusion-sélection des espèces végétales

Tableau 6 – 82
Récapitulatif « Produits végétaux du groupe 1 »

Tableau 7 – 86
Aperçu des secteurs de valorisation potentielle pour les organismes marins
English
version
Scientific rereading
Solange Lavielle (Université Pierre et Marie Curie)
Michel Trometter (Inra)

Editorial preparation
Yolande Cavallazzi

Layout
Bill Production

Cover and inside artwork


Pierre Lopez

English translation
Harriet Coleman

Coordination
Michèle Bouchez, Anne Glanard
Département Expertise et Valorisation, IRD

Production control
Elisabeth Lorne

This expert group review was performed at the request


of the Research Commission of the government of French Polynesia.

© IRD, 2006
ISSN 1633-9924 / ISBN : 2-7099-1587-1
The panel of experts

SCIENTIFIC cOORDINATION
Jean GUÉZENNEC (Ifremer)
Christian MORETTI (IRD)
Jean-Christophe SIMON (IRD)

RAPPORTEUR
Marie-Luce HAZEBROUCQ (IRD)

MEMBERS
Cécile DÉBITUS (IRD)
Yves BARBIN (Pierre-Fabre Médicament)
Valérie BOISVERT (IRD)
Pierre CABALION (IRD)
Frédéric DEMARNE (Gattefossé Holding)
Jacques FLORENCE (IRD)
Isabelle FOURASTÉ (Université Paul-Sabatier)
Christine NOIVILLE (CNRS)
Bernard WENIGER (CNRS)

WITH CONTRIBUTIONS FROM


Hinano BAGNIS
Solenne DE GROMARD

The numerous references underpinning the analyses presented in this


synopsis will be found in the analytical chapters of the review on CD-ROM.
Contents
Abbreviations 169
Aims and methods of IRD expert group reviews in general
and implementation of the review on Natural substances in French Polynesia in particular 171
Introduction 175
The starting point of the expert group review:
a question and a fast-changing situation 175
The questions asked of the experts 176
Scope and obligations of the expert group review 177
Characteristics of the expert group review 178
■ Part one
Synopsis and Recommendations
Natural substances in French Polynesia: the current situation 183
Background 183
The territory and its resources 183
The economic background 184
The business environment: assets for innovation 186
Utilisation of natural substances in French Polynesia:
the state of play 189
Exploitation of marine resources 189
Economic use of raw materials from terrestrial plants 191
French Polynesia’s biodiversity assets 200
Terrestrial plant resources 200
Approach and method of the expert group review 200
Marine resources 203
Introduction 203
Different types of marine resource 204
Potential uses 206
Utilisation strategies 207
166 Natural substances in French Polynesia

Towards a strategy for the utilisation of natural substances 208


Legal approach 208
The CBD and the new legal status of biodiversity 208
French Polynesia and the new legal situation 210
Basic legal framework: the ABS principle 212
Technical and economic approach 216
Basic conditions for viable upstream product chains 217
Principles and methods of product protection 224
Short-term utilisation opportunities 234
Prospects for utilisation 234
Natural marine substances 234
Bioprospecting and collections:
establishing a technology hub in French Polynesia 236
Rights of local communities and collective interest 241
The collective interests in question 241
Is Polynesia a special case? 242
Conclusions and recommendations 244
What potential and comparative interest
does French Polynesia’s biodiversity hold? 244
Exploited and exploitable natural substances 245
Major trends in markets and regulations,
R&D orientations by utilisation sector 246

Annexes
Annex 1 – Group 1 data sheets 251
Callophyllum inophyllum L. (CLUSIACEAE) 251
Gardenia taitensis DC. (RUBIACEAE) 259
Ilex anomala Hook. & Arnott (AQUIFOLIACEAE) 261
Morinda citrifolia L. (RUBIACEAE) 264
Piper methysticum G. Forst. (PIPERACEAE) 273
Contents 167

Santalum insulare DC. var. insulare (Tahiti) Santalum insulare var. marchionense
(Skottsb.) Skottsb. (Marquises) Santalum insulare var. margaretae (F. Br.) Skottsb.
(Rapa) Santalum insulare var. raiateense (J. W. Moore) Fosberg & Sachet (Raiatea,
Moorea) Santalum insulare var. raivavense F. Br. (Raivavae, Australes) 278
Tephrosia purpurea (L.) Pers. var. piscatoria (Ait.) Fosberg (FABACEAE) 284
Vanilla tahitensis J. W. Moore (ORCHIDACEAE) 288
Annex 2 – The cosmetics industry 290
Overview 290
On the difficulty of drawing firm conclusions about the selected plants’
potential for the cosmetics industry: an expert’s ideas for discussion 292

Annex 3 – Specifications for the expert group review 294


Natural substances in French Polynesia: a promising sector,
but still vulnerable 294
Aims of the review 294
Questions asked for the preliminary studies and additional research
(natural substance data sheets and analysis of local technical
and economic potential) 295
The questions asked of the panel 297
Annex 4 – The panel of experts 299
Annex 5 – Monitoring committee 302
Tables 303

■ Part two
Analytical chapters (CD-ROM)

1 – Les ressources végétales polynésiennes


CHRISTIAN MORETTI, JACQUES FLORENCE CD-ROM
2 – Les ressources marines de la Polynésie française :
applications en matière de biotechnologie
JEAN GUÉZENNEC, CÉCILE DÉBITUS CD-ROM
168 Natural substances in French Polynesia

3 – Recherche d’indices dans la littérature spécialisée,


en vue de valoriser la biodiversité polynésienne
PIERRE CABALION CD-ROM
4 – Potentialités de la recherche innovante en chimie-biologie
des substances naturelles
BERNARD WENIGER CD-ROM
5 – Le contexte de la valorisation des substances naturelles :
dimensions économiques, sociales et institutionnelles
JEAN-CHRISTOPHE SIMON CD-ROM
6 – Développement des filières de production adaptées
aux substances naturelles en Polynésie française
YVES BARBIN CD-ROM
7 – Règlement des produits à base de plantes
ISABELLE FOURASTÉ CD-ROM
8 – Étude économique : modes de valorisation et de protection
des substances naturelles
VALÉRIE BOISVERT CD-ROM
9 – Aspect juridique : droits d’accès aux ressources biologiques
et partage des avantages
CHRISTINE NOIVILLE CD-ROM
Abbreviations

ABS Access (to genetic resources) and Benefit-Sharing


Afssa Agence française de sécurité sanitaire des aliments (French food
safety agency)
AMM French marketing license (autorisation de mise sur le marché)
AOC Appellation d’origine contrôlée (Protected designation of origin)
Cairap Centre d’analyses industrielles et de recherche appliquée pour
le Pacifique (Industrial analysis and applied research centre for
the Pacific)
CBD Convention on biodiversity
Cirad Centre de coopération internationale en recherche agronomique
pour le développement (Centre for international cooperation in
agricultural research for development)
CNRS Centre national de la recherche scientifique
DNA Desoxyribonucleic acid
DRRT Délégation régionale à la recherche et à la technologie (Regional
commission for research and technology)
EPIC Établissement public à caractère industriel et commercial (State-
owned industrial and commercial establishment)
Gepsun Plate-forme technologique “Génie des procédés – substances
naturelles” (“Natural substances process engineering” technol-
ogy platform)
GI Geographical Indication
GIE Groupement d’intérêt économique (Partnership for economic
purposes)
Ifremer Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (French
institute for exploitation of the sea)
ILM Institut Louis-Malardé
Inra Institut national de la recherche agronomique
Iteipmai Institut technique interprofessionnel des plantes à parfums, aro-
matiques et médicinales (Technical institute for the medicinal, aro-
matic and perfume plants industry)
IUCN International Union for Conservation of Nature and Natural
Resources
Metua Multimedia Environment based on Technologies for Universal Access
MTA Material Transfer Agreement
Onippam Office national interprofessionnel des plantes à parfums, aroma-
tiques et médicinales (National industry board for perfume, aro-
matic and medicinal plants)
PIC Prior Informed Consent
R&D Research and development
SPC Secretariat of the Pacific Community
TRIPS Trade-Related Aspects of Intellectual Property Rights
UPF University of French Polynesia
WIPO World Intellectual Property Organisation
Aims and methods of IRD expert group
reviews in general
and implementation of the review on “Natural
substances in French Polynesia” in particular

This work, the sixth to be published in the IRD’s “Expert Group Review”
series, has the same general aims as the earlier ones and has been con-
ducted by the same method, briefly summarised below.
The IRD (Institut de recherche pour le développement, a State-funded
research agency) conducts expert group reviews “to order”, to inform pol-
icy decisions and public debate on issues of importance to society. Putting
its scientists’ research and knowledge at the disposal of the community is
one of the IRD’s missions.
However, the work of a scientific establishment does not include draw-
ing up action plans for government or local authorities. Their choice of
action is eminently political and must take account of data from quite other
fields than scientific research. The IRD’s purpose in designing the “expert
group review” method is a more modest one: to put together the knowl-
edge available in the literature on a given subject, draw out the implications
of that knowledge for a particular case, draw clear conclusions on which
there is scientific agreement, identify points that are still controversial and
point out any areas where the available information does not provide a basis
for drawing practical conclusions.
There are three key points for conducting a useful, reliable review:
■ Decisions often have to be taken in a far shorter time than thorough
research would allow. Citizens need measures to be taken quickly, sometimes
as a matter of urgency. An expert group review is designed to report on exist-
ing knowledge as found in the international literature; in principle, no new
data are collected and no complicated exploitation of data is attempted.
172 Natural substances in French Polynesia

■ The question addressed rarely concerns only one scientific discipline. All
facets of the problem have to be elucidated from the most recent literature.
The panel of experts therefore has some dozen members from different fields.
The overall conclusions are debated and agreed collectively, each person tak-
ing full responsibility. The IRD’s Consulting and Industrial Relations Department
has the report read by qualified persons outside the panel to make sure it cov-
ers the field in full, is clear, and accurately reflects the international literature.
The experts on the panel have the final decision as to their conclusions.
■ Decision makers and citizens are rarely familiar with the terminology of
the scientific disciplines concerned, but for public debate to take place they
must have direct access to the scientists’ reasoning and conclusions. The
authors of the report have to present their analyses using specialised terminol-
ogy in order to ensure that their reasoning is “traceable”, but they must also
draw up a simple and fairly concise synopsis of the report for the lay reader.
These factors determine the schedule set for an expert group review and
the form of publication. In particular, they determine the original approach
used in the initial and final stages of the review:
■ Even before the panel of experts is formed, the questions to be asked
are worked out by common agreement at an initial workshop between sci-
entists and the commissioning institutions (who usually also want to involve
stakeholders and partners directly concerned). The parties need to agree on
exactly what each one expects. Some questions crucial for decision making
are outside the scope of a scientific review and must be excluded. On the
other hand, to focus their conclusions, the scientists must be guided by a
sound knowledge of the context in which decisions will be taken. They may
need to familiarise themselves with the ground facts.
■ After putting together the data and analyses provided by the experts,
each in their own field of competence, the panel compares and collates their
opinions. Then their conclusions, worked out collectively, must be published
in the form of a synopsis accessible to a fairly wide readership. These syn-
opses summarise a huge amount of work that is rarely presented in this
form, and their scientific and practical scope often reaches far beyond the
region or country directly concerned. This is why they are always published
in English as well as French.
The review on Natural substances in French Polynesia has been conducted
according to this method, but has some particular features of its own:
Aims and methods of IRD expert group reviews 173

■ To meet their practical requirements, the Polynesian commissioning


authorities wanted an assessment of their natural resources that would tell
them as quickly and precisely as possible which substances they should encour-
age investment in. But the scientists’ conclusions could not take account of
unpredictable fluctuations in markets where selling points are not always
directly linked to the active properties of the substances concerned. The initial
request for the review (included as a funding allocation in the development
contract between the French government and Polynesia) did not make this dis-
tinction clear. To remove the risk of misunderstanding between the commis-
sioning body and the experts, an IRD mission went to Papeete, where the con-
tours of the review were carefully examined and a set of specifications
suggested that would incorporate both the requirements and the limitations.
■ For the review to successfully meet such a directly operational purpose,
there had to be regular contact between the panel of experts (mostly based in
Metropolitan France) and the operators concerned in Polynesia. To organise
this, the Polynesian government’s research delegate formed a monitoring com-
mittee, composed of representatives of government services and the stake-
holders concerned. It was this committee that validated the specifications.
During the review work, the committee was kept informed of progress and on
several occasions there were video-conferences between Papeete and Paris,
when they had useful discussions with the panel chairman and various panel
members. The committee was also the first to receive the results of the review.
At the end of the process, the review answers some of the Polynesian
authorities’ legitimate concerns, but not all. Public or private stakeholders
wishing to initiate active use of certain natural substances will need to have
further studies done for technical and economic purposes – but these stud-
ies are outside the scope of a scientific research institute.
■ Any state-of-the-art analysis reviews the situation at a specific time and
will sooner or later be outdated. This is particularly true of a study seeking to
identify an economic use “potential”. Economic utilisation possibilities depend
on factors that can change in many different ways. The relatively slow evolu-
tion of economic and legal facts suggests that the review’s conclusions in these
fields will remain valid for some time. As to the conclusions on the chemical
and pharmaceutical properties of the substances considered, the review gives
a very thorough account of the currently available data. Of course new poten-
tial will be recognised in future (especially for marine substances, of which only
a tiny proportion has so far been studied). However, the scientific procedures
174 Natural substances in French Polynesia

for identifying, isolating and analysing new active principles are usually long.
All in all, these considerations underscore the experts’ conclusion that ways
should be found to monitor research in Polynesia on an ongoing basis.
As with all publications in this series, the reader will find a synopsis of the
expert panel’s conclusions, in French and English, in the printed book; and the nine
analytical chapters from which the synopsis is drawn, on the enclosed CD-Rom.
This review has a further particularity, however, in the set of data sheets
on individual natural substances, included in the CD-Rom. They provide
hitherto unpublished material – the result of a multidisciplinary synthesis of
knowledge about each potentially useful substance the experts identified.
To conclude, we would like to convey our sincere thanks to all who helped
this publication see the light of day. Many thanks to the experts, who had the
responsibility of the review and put in a great deal of work under the chairman-
ship of Christian Moretti (IRD). Special thanks to Céline Bonhomme, who joined
the project as an intern from the advanced engineering school Ponts et
Chaussées. She played a very active part in the preparatory research and the mis-
sion to Polynesia, and did most of the work of writing the specifications and
bringing together the panel of experts. Special thanks also to Jacques Iltis,
Director of the IRD centre in Papeete. Without his contribution as messenger and
intermediary between Paris and Papeete it would all have been far more difficult.
Our thanks to all those in Polynesia and Paris who made specialist con-
tributions or discussed their experience with panel members, and to the sci-
entists from different institutions who shared their knowledge, their data
and their opinions on the first version of the report.
Solange Lavielle (Professor of Chemistry, Pierre and Marie Curie University -
Paris VI) and Michel Trometter (Economist, INRA Grenoble) read the first version
of the report from a scientific standpoint; many thanks to both of them for their
attentive reading and the acuity and relevance of their observations and sugges-
tions, which the experts took fully into account in producing the definitive version.
The panel of experts and the Consulting and Industrial Relations Department
would like to convey their most sincere thanks to Marianne Berthod, who
directed this expert group review with rigor and comprehensiveness.
Marie-Laure Beauvais
Consulting and Industrial Relations Department
Introduction

THE STARTING POINT OF THE EXPERT GROUP REVIEW:


A QUESTION AND A FAST-CHANGING SITUATION
Over the past fifteen years, as biotechnology has blossomed, industry
and the general public have expressed growing interest in the use of natu-
ral substances of all kinds – plant or animal, terrestrial or marine – either as
products in themselves or as a source of new molecules. Most uses of such
substances, and certainly those that receive most media attention, are in
dietary supplements, cosmetics and perfumes. Great hopes are aroused as
regards medicinal applications, with varying degrees of justification. Among
the many other sectors involved in what is now called “green chemistry” are
plant protection products, depollutants and new materials.
An essential reference in this connection, and a driving force in the
process, is the Convention on Biodiversity (CBD), adopted at Rio de Janeiro
in 1992, and which came into force on 29 December 1993. The CBD is
designed to promote:
■ conservation of biodiversity,
■ sustainable use of the components of biodiversity,
■ fair and equitable sharing of the benefits obtained from the use of
genetic resources.
Considering the market’s appetite for natural resources, these are major
challenges. The CBD made it axiomatic that one of the most effective ways
to protect biodiversity would be to make biodiversity economically profitable
while keeping to the principles the CBD is to draw up, with countries intro-
ducing the necessary legal instruments to apply them.
Meanwhile, French Polynesia’s political and administrative status was
changing. An institutional law passed in 1996 established a new form of
autonomy for the islands, under which “the authorities of French Polynesia are
competent in all matters not vested in the State.” An institutional law passed
in 2004 made French Polynesia an “Overseas Country of free governance”
176 Natural substances in French Polynesia

and extended the scope of the Polynesian authorities’ competence. It is in this


new institutional framework that the question of making economic use of
natural substances has been discussed.
As a result of these discussions, the Research Commission of the French
Polynesian government commissioned the IRD to conduct an expert group
review to identify strategic policy guidelines on the utilisation of natural sub-
stances in French Polynesia. This was approached by means of questions, as
outlined below.

THE QUESTIONS ASKED OF THE EXPERTS


■ As formulated in the specifications (see Annex 3), the Polynesian
authorities were motivated by two observations:
– French Polynesia has some major assets for making economic use of
natural substances. Many of its resources are endemic and taxonomically
exceptional; there is demand from fast-growing markets; Polynesia enjoys a
positive image; the business environment is favourable, with local experi-
ence in exploiting a number of products, from pearls to monoi1 and noni
juice2, and a substantial scientific research infrastructure.
– However, this potential has not so far been fully exploited or even fully
inventoried. As the specifications emphasise, “The substances already
utilised could be exploited more intensively (…). In the near future, some
natural substances could generate new markets, boosting French Polynesia’s
development (…)”.
There is therefore vast scope for scientific research and economic planning.
■ The divergence between the estimated potential and the extent to
which it is currently exploited raises hopes, stimulated (possibly over-stimu-
lated) by success stories such as noni juice (see below). Are the expectations
on a par with the real extent of Polynesia’s store of economically useful nat-

1 Monoi: cosmetic product used as ointment or liniment. “Monoi de Tahiti is produced by macer-
ating Tiare flower (Gardenia taitensis) in refined coconut oil extracted from coconuts gathered ripe,
growing on coral soils within the geographical area of French Polynesia. The coconuts must come
from the Cocos nucifera species and the Tiare flowers must come from Gardenia taitensis
(Candolle flora) of Polynesian origin and be gathered in bud.” (decree No. 92-340).
2 Noni: fruit of the noni plant (Morinda citrifolia), gathered all year round and mainly processed as
juice but also prepared in the form of capsules, powders, etc.
Introduction 177

ural substances? How many species are potentially useful? What quantities
of these are available? What are the conditions for access, use and biodi-
versity protection? What would be the costs and limitations? What degree
of involvement by the public authorities would be required?
■ Assess the prospects for value-added use of natural substances as
exactly as possible is an essential step towards defining French Polynesian
policy in this connection. Two aspects of the question need to be scientifi-
cally elucidated: the potential must be assessed, and the conditions for
exploiting that potential must be defined.

Scope and obligations of the expert group review


Once the Polynesian sponsor and the IRD’s Consulting and Industrial
Relations Department had together fine-tuned the questions, two objectives
were set for the expert group review:
Conduct a scientific and economic assessment covering:
■ the current state of knowledge of the resource: “as much information
as possible about natural substances in French Polynesia must be put
together”;
■ how the resource is economically exploited at present: a study pro-
viding “thorough, up-to-date knowledge of this sector in French Polynesia
and the socio-economic background”.
Identify prospects:
■ Prospects for improving knowledge of the resource, proposals for new
research avenues to identify economically useful natural substances. This is
covered by the following points in the project specifications:
– What is the potential usefulness of French Polynesia’s biodiversity, com-
pared to neighbouring intertropical countries?
– Based on the analysis of French Polynesian biodiversity, what are the
exploited or exploitable natural substances in the Territory? What economic
impact can be expected for French Polynesia? Over what period of time?
■ Prospects for defining an overall strategy for economic use of the
resource,
– starting from an analysis of market trends and official regulations;
– starting from the guidelines suggested for R&D in each utilisation sector.
178 Natural substances in French Polynesia

■ To conclude, the review will formulate recommendations based on the


prospects identified. The recommendations will particularly concern:
– market protection mechanisms;
– general principles for structuring product chains;
– links and partnerships to be developed, between research and indus-
try, between the public and private sectors.

Characteristics of the expert group review


■ The topic of the review and the questions asked of it thus require a
scientific approach firmly focused on economic utilisation. To take this
approach as far as possible, it was decided that the review’s final product,
which usually consists of a set of analytical chapters and a synopsis, should
this time include two additional documents:
– a set of data sheets on natural substances from land plants. The data
sheets present potentially useful substances and the various aspects of their
current or potential economic use. Each substance is ranked according to
priority, and an expert opinion is given to justify the ranking.
– a separate report resulting from a specific mission to assess the local
economic situation. This report considers the economic and technical poten-
tial that could be mobilised to develop new economic activities utilising nat-
ural substances in French Polynesia. This report will be submitted to the
sponsor only, who will decide whether or not to disseminate it.
■ To give an accurate idea of the scope of this review we must define the
resource in question. The economic value lies not in genetic resources per
se, i.e. the “hereditary biological material of useful plants, genes, chromo-
somes etc.”, but in products and services derived from biodiversity.
In recent years this has meant that the concept of “genetic resources” has
been extended to include products derived from them, particularly chemical
compounds, that are not themselves capable of self-reproduction. This exten-
sion of the concept is evident in the CBD and the international agreements
that followed: the terms genetic resources and biological resources, includ-
ing natural substances taken from living organisms, are used interchangeably.
This leads to some confusion between chemical compounds extracted
from living organisms, and the living material itself. This confusion has con-
Introduction 179

sequences for the debate over the patentability of living things: from debate
over the patentability of the gene (the fundamental matter of life), the dis-
course has shifted to patents concerning molecules of natural origin.
Although these are no more “living” than a cup of tea, they can very well
be defined as “plant extracts containing chemical substances”, or “natural
substances”.
■ The scope of the expert group report is defined by the Polynesian
authorities’ questions, which are very wide-ranging. These questions were
mostly formulated before the review began. The main issue – how to design
an overall policy for the commercial use of natural substances – includes
aspects that are beyond the scope of the usual expert group review or call
for spheres of competence not covered by the panel members, whose num-
ber is necessarily limited. Some aspects required other types of approach
altogether, such as consultancy work and market studies. The experts were
therefore anxious to clearly define the scope of its work; this was done at
the initial workshop with the sponsor and monitoring committee in May
2003, and in the interim report submitted for the second video conference
with the monitoring committee in February 2004. Other constraints such as
the state of the available literature and the short duration of the economic
study mission also forced the experts to limit the scope of their investiga-
tions and conclusions.
However, the fragmentary and incomplete nature of the available data
on the resource had one positive result: the work of identifying substances
of interest for the expert group review went far beyond a state-of-the-art
review. In many respects these findings constitute original scientific input.
This is particularly true of the “List of useful plants of French Polynesia”3,
which is a genuinely new tool. In fact the whole approach to selecting plant
species is an original one.

3 See annex to paper by Moretti & Florence on Les ressources végétales polynésiennes.
Synopsis
and
Recommendations
Natural substances
in French Polynesia
UTILISATION STRATEGIES
Scientific coordination
Jean GUÉZENNEC, Christian MORETTI, Jean-Christophe SIMON
Rapporteur
Marie-Luce HAZEBROUCQ

Part One (synopsis and recommendations) is in printed form,


French version followed by English version.
Part Two (analytical papers) is on the enclosed CD-Rom.

IRD Éditions
INSTITUT DE RECHERCHE POUR LE DÉVELOPPEMENT
collection Expertise collégiale
Paris, 2006
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0 500 km

Rapa
150˚ O 140˚ O 130˚ O
Natural substances in French Polynesia:
the current situation

Here we make some observations to characterise the local context and


the current situation regarding economic use of natural substances in French
Polynesia.

BACKGROUND
Under this heading we highlight the features relevant to our subject. This
is not a full description, or even a sketch, of French Polynesia and its econ-
omy in general.

The territory and its resources


The territory as such has the following key features:
■ it consists of 118 islands scattered across an exclusive economic zone
(EEZ) of some 5,000,000 km2, an area twice the size of Europe;
■ the islands differ widely in terms of population concentration, eco-
nomic activity and infrastructure;
■ land resources are limited by the small land area (3,500 km2), the
topography and soil types; total farmland amounts to less than 25,000 ha
– little more than 8-10% of total land area (excluding the coconut groves);
■ major markets are far away.

With a population of about 250,000, growing at 1.5% a year, human


resources are limited, but not static. It is therefore important, for jobs and
training, to develop new economic activities. However, the farming popula-
tion is ageing. Labour costs are a problem for developing new economic
activities, because the wage levels and social welfare are considerably higher
than in other countries in the region.
As we shall see in the next section (“French Polynesia’s biodiversity
assets”), Polynesia’s biodiversity has definite assets, with many endemic land
184 Natural substances in French Polynesia

plants and a wealth of marine biodiversity. It looks promising, though the


potential is limited as far as plant substances are concerned. So far it has not
been extensively studied, especially from the standpoint of chemotypes and
cultivars specific to French Polynesia, and it is not much exploited, only a few
species being used commercially. Plants have great heritage value in French
Polynesia and many are used in traditional medicine or for ritual ceremonies.
Few measures have been taken to conserve species or ecosystems and
few official initiatives, except in relation to invasive species, which are a
major preoccupation for the environmental authorities (Miconia is the main
invasive weed and the main exotic insects pests are the glassy-winged sharp-
shooter (Homalodisca coagulata) and fruit flies). Territorial decrees dating
from 1996 define the protection of certain plants and animals and estab-
lished protected areas in the Marquesas islands, for their flora and tourist
potential. The resources for controlling protected areas on such widely-scat-
tered islands are poor, however, and there is no proof that the conservation
measures are actually applied.
As things stand, with no provisions for implementing the key articles of the
CBD, the risk of biopiracy cannot be controlled, and cases of resource looting
have been reported. A more general question is whether French Polynesia is in
a position to play its full part in managing the benefits expected from exploita-
tion of its biodiversity. Conserving biodiversity and protecting rights are prior-
ity issues in the CBD era, and are discussed in depth in the expert group review.
In economic rather than environmental terms, the experts noted a concern
to protect French Polynesian products using various labelling systems. Since
1992, French Polynesia has had an AOC designation of origin for monoi. AOC
projects are also being studied for vanilla and pearls, and there is an “organic
farming” eco-certification project for coconut oil4, noni, taro and vanilla.

The economic background


The main contributors to French Polynesia’s economy are financial and
welfare transfers from metropolitan France (about 55% of French

4 Coconut oil: it is obtained from copra (dried coconut flesh). It is solid at ambient temperature. It
is widely used in the food industry for making chocolate, ice cream and margarine and as cooking
fat, and is also used in the cosmetics industry particularly as an ingredient of soap and above all of
monoi. Very high saturated fatty acid content.
The current situation 185

Polynesia’s GDP), pearl farming and tourism. Both these industries are highly
sensitive to the economic cycle in the United States, Europe and Japan, the
main customers. Together, these factors suggest that French Polynesia
would do well to find new prospects for diversifying its economy, and that
any new industry must take these two emblematic industries into account.
The boom in the noni trade in the late 1990s suggests that the idea of using
natural resources to diversify the economy holds some promise. The question
is whether the noni success story can be repeated with other products.
As regards the business fabric involved in utilising natural substances, below
we briefly examine existing activities and the particular product chains (see p. 189).
There are a variety of enterprises utilising natural substances in French
Polynesia. There is one major firm, Morinda Inc., the heavyweight in the
noni industry, a few medium-sized firms such as CAIRAP and Laboratoires
de Cosmétologie du Pacifique Sud, described below by way of example, and
numerous small businesses, many of them family businesses, producing fruit
juice and cosmetics mainly or entirely for the local market. The only well-
organised product sectors are pearls, monoi, vanilla and coconut oil – four
very different industries.
■ CAIRAP has been doing business in French Polynesia since 1989. It was
originally an industrial analysis laboratory performing quality control for the
food industry. It then extended its business to water testing for hotels,
restaurants etc., and consultancy in hygiene and food quality. CAIRAP aims
to diversify further, with more R&D work. It is involved in several CIFRE5 the-
ses, including two6 directly concerned with natural substances.
■ Laboratoires de Cosmétologie du Pacifique Sud began by producing
monoi, and then added tamanu7 processing – an exceptional move, since
5 A CIFRE (Convention industrielle de formation par la recherche) is an industrial agreement for
research-based training, organised and managed by the national association for technical research
ANRT on behalf of the Ministry for Research. Under a CIFRE agreement, young doctoral students
produce their theses in industry while conducting their research in liaison with a research team out-
side the company concerned. The agreements thus involve three partners: the graduate wishing
to work for a doctorate within private enterprise, the firm that employs them and receives a sub-
sidy for that, and the research team supervising the thesis.
6 In partnership with the University of French Polynesia and IFREMER.
7 Tamanu: Tamanu oil is obtained from the nut of Calophyllum inophyllum, sun-dried for a long
time, then pressed. It is a hair care product and is used for wound healing, anti-inflammatory, anti-
bacterial and anti-parasite purposes.
186 Natural substances in French Polynesia

other firms specialise in one or other of these products. This firm exports
99% of its output, mainly to metropolitan France, supplying major interna-
tional cosmetics firms with ingredients (purified oils) and raw materials,
including fresh plants from the Marquesas.

The business environment: assets for innovation


Scientific and technical infrastructure
French Polynesia is quite well provided and well equipped in this regard,
although it is short of costly equipment items such as NMR spectroscopes8,
and there is no structure for co-ordinating and managing equipment,
despite the complicated situations that arise owing to the fact that the State
and the Polynesian authorities run different research bodies.
Research bodies owned by the Polynesian authorities
■ Agricultural research and training/extension work is the responsibility
of the Rural Development Department (SDR)9. Over the past ten years, the
SDR has mainly worked in close collaboration with the Institut Louis-Malardé
on noni (selecting morphotypes and developing noni farming) and kava
(selecting cultivars).
■ As regards marine resources, research, development research, knowl-
edge transfer and extension work are also part of the Fishery Service’s remit.
This Service is currently involved in two operations, one on utilisation of fish
waste and one on extracting fatty acids (omega 3) from tuna fish eyes. The
latter programme is in collaboration with the Institut Louis-Malardé.
■ The Institut Louis-Malardé (ILM) has been an EPIC (state-owned industrial
and commercial agency) since 2001. It has a medical analysis laboratory, a
water quality testing laboratory and five research units, one of which is dedi-
cated to work on natural substances. This unit works mainly on volatile and
aromatic substances from local flora, and analysing the chemical and biological
properties of herbs used in traditional medicine. The ILM is well-equipped, hav-
ing a gas phase chromatographer, a mass spectrometer and a high-perform-
ance liquid chromatographer. It plans in the near future to focus most research
on promising substances free of patent restrictions (unlike kava, noni and

8 NMR: nuclear magnetic resonance. NMR spectroscopy of protons and carbon 13 is used to deter-
mine the structure of organic molecules.
9 SDR: Service du dévelopment rural.
The current situation 187

tamanu), in co-operation with other research organisations working in French


Polynesia. The Institute also has a research laboratory working on toxic micro-
algae, which has built up an algae bank and a bank of ciguatoxin standards.
State-owned research institutes
University of French Polynesia (UPF)
There are two entities in the university working on natural resource use:
■ The Earth-Ocean research team’s work includes a Biodiversity strand.
The team is working to build up an academic flora covering the marine flora
of the whole of French Polynesia, studying invasive species and biodiversity
erosion of indigenous species (population genetics), as well as marine micro-
organisms (bacteria, cyanobacteria and micro-algae) with a view to biotech-
nology applications, this latter in partnership with IFREMER and CAIRAP;
■ The Analytical Chemistry Laboratory is running two sandalwood
research programmes, one of them in partnership with CIRAD, a programme
on tamanu, and one on fatty acids in mother-of-pearl in collaboration with
the ILM. Two of its scientists are working on aromas in French Polynesian fruit.
The research institutes
■ CIRAD operates under an agreement between the State and the
Territory (French Polynesian authorities), signed in 1995. Most of its work is
in response to demand from the Rural Development Department. The work
is organised around three activities: backup research, consulting and product
chain studies, and training local managers. Their innovative work includes
characterising the sandalwoods of the Marquesas islands and vanilla viruses.
■ IFREMER’s work in French Polynesia mainly concerns aquaculture,
research to support the oyster (pearl and mother-of-pearl) sector, by-prod-
ucts of deep sea fishing in collaboration with the ILM and, more recently,
marine substances for biotechnology applications of interest to Polynesia.
■ The IRD is working on botanical taxonomy and marine biology, partic-
ularly in connection with management of lagoon ecosystems and detection
and forecasting of fish stock movements. The IRD has a research centre and
permanent laboratories.

The authorities’ attitude to innovation


The task of coordinating research and technological development falls to
the Regional Commission for Research and Technology (DRRT). The DRRT is
188 Natural substances in French Polynesia

responsible for harmonising the actions of publicly-owned establishments


and conducting or instigating any action required to open up research and
forge closer links between it and the socio-economic world, develop indus-
trial applications and organise technology transfers. This mission is none the
easier for ambiguities and overlapping competencies between central gov-
ernment and the Polynesian authorities, particularly in the field that con-
cerns this expert group review.
Given the small scale of productive economic activities in French
Polynesia, innovation seems so far to have been a minor issue for public pol-
icy and the business community alike. This may indicate a lack of linkage
between the research commissioned by the authorities and the expectations
of the business community. However, public health issues, environmental
problems to do with invasive species or waste management, and occasional
events such as the Science Festival, have fostered the idea of introducing
new technologies and innovative practices and, more broadly, giving
research a firmer grounding in the local social and economic setting. At
French Polynesian government level, this new thinking has generated mobi-
lising actions such as the METUA project and the GEPSUN initiative.
■ The METUA project (Multimedia Environment based on Technologies for
a Universal Access) was designed to become the main instrument of French
Polynesian policy to develop information and communications technologies
in the territory. Decided on in April 1999, it is a significant factor for devel-
oping economic activity based on the NICTs10. The idea is to make an asset
of the scattered geographical distribution that has until now been a handi-
cap for French Polynesia’s economic development and innovation in general.
■ The GEPSUN11 technological platform project is part of the joint four-year
plan contract between the State and the French Polynesian authorities. Its pur-
pose is to strengthen research and development in the natural substances field,

10 NICTs: new information and communications technologies.


11 GEPSUN is a partnership of scientific and business stakeholders. Its definitive legal status as a
partnership or association has not yet been decided. Its founding members on the research side
are UPF, CIRAD and IRD, and on the business side Jus de Fruit de Moorea, the Laboratoire de
Cosmétologie du Pacifique Sud and CAIRAP. The founding partners have agreed that coordination
should be organised from the University of French Polynesia.
For its first two years in business, GEPSUN is receiving State funding under French Polynesia’s four-
year Plan contract. It aims to promote applied research projects on natural substances in the terri-
tory. Research may be conducted by GEPSUN members for outside customers, and GEPSUN
resources may be used to support R&D projects.
The current situation 189

setting up interface arrangements that bring together public sector research


and the private sector on applied research projects – an interface that had hith-
erto been lacking. GEPSUN was launched in the second half of 2003, too
recently to assess whether it can attain its goals. But it does indicate that pub-
lic policy makers and some private firms are aware of the challenges of inno-
vation and the need to acquire adequate resources to address them. There are
also other indications on the business side, and it can be said that the local
context is, overall, favourable to innovative projects backed up by research.
This approach should be pursued prudently, drawing on scientific and
economic expertise together, to avoid the kind of disappointment recently
caused by projects that led nowhere, like those on kava and shrimp. That
would only discourage potential stakeholders’ interest in innovation.

UTILISATION OF NATURAL SUBSTANCES IN FRENCH POLYNESIA:


THE STATE OF PLAY
Exploitation of marine resources
Were we to keep strictly to the title “Utilisation of natural substances in
French Polynesia: the state of play”, this section would be out of place. Current
economic use of marine resources mainly involves not substances but organ-
isms of marine origin: deep sea and lagoon fish and crustaceans, pearl oysters.
Fishing and pearl farming

Table 1 – Importance of exports of fishery and pearl farming products


Exports 2000 2002 2003
million million million million million
F CFP12 F CFP euros F CFP euros

Pearl products 20,934 15,006 126.1 10,345 86.9


Fish/crustaceans 804 1 137 9,6 656 5.5
Noni 220 733 6,2 722 6.1
1 euro = 119 F CFP ; 1 F CFP = 0.0084 euro. From the paper by Jean-Christophe Simon (see CD-ROM).

12 F CFP: Change Franc Pacifique, the currency used in New Caledonia, French Polynesia and Wallis
and Fortuna islands.
190 Natural substances in French Polynesia

It seemed useful to include the above table to compare the values of


exports of the two main types of marine product with that of noni.
■ Pearls accounted for some 80% of local export earnings in 2002, 77%
in 2003. French Polynesia is the world’s second largest pearl exporter, sup-
plying one-third of the world market.
■ In 2003, pearls were still by far the leading export revenue-earner, but
with a 50% drop since 2000, signalling a serious crisis.
■ In 2003, noni export earnings overtook fishery exports, compared to
only a quarter of fishery exports in 2000 and two-thirds in 2002.
Pearl farming and fishing are of major importance to French Polynesia
both for employment (especially in remote islands as far as pearls are con-
cerned) and image. The economic stakeholders, particularly the authorities,
are paying close attention to these sectors, with the following three main
official initiatives:
■ Supporting research to advance pearl and fish farming methods (this is
the role of the IFREMER research centre) and utilisation prospects for fishery
by-products (joint IFREMER-Institut-Malardé study). This work mainly con-
cerns potential uses for the EPA and DHA, fatty acids extracted from the
orbital fat of tuna fish.
■ Efforts to professionalize product chains and organise them better,
starting in 1993 with the creation of the “Perles de Tahiti” GIE partnership.
With the crisis in the pearl business over the past few years, French Polynesia
has introduced regulations for entry into the business, with a “producer’s
card” conferring various advantages and authorisation to “occupy the
marine public domain”: successful applicants must show professional apti-
tude and accept a set of specifications.
■ Efforts towards joint management of coastal areas, aiming to arbitrate
between the needs of construction, tourism, environmental protection and
economic development (management plans for Moorea and Bora Bora mar-
itime areas). This is an appreciable advantage for seeking new economic
uses of the sea’s potential.
With the strong image Tahitian pearls enjoy, the producers themselves are
looking for new ways to use the resource. Probably the most striking example
is the use of powdered black pearl in cosmetics. This formulation, promoted
by the Robert-Wan Group and the Perles de Tahiti partnership, has resulted in
the launch in late 2003 of a new range of “anti-aging” products by L’Oréal.
The current situation 191

Other marine resources


Micro-organisms. One significant example of economic activity directly
connected with the use of marine micro-organisms is Biolib, a subsidiary of
the CAIRAP company. Based on original research work on ecosystems such
as the kopara ponds13, it has built up a collection of bacteria, cyanobacteria
and micro-algae and is marketing samples. Its particularly innovative techno-
logical and marketing approach is probably the practical example that best
prefigures future commercial use of French Polynesia’s marine substances.
Algae. The economic survey mission for this review gathered no infor-
mation about any current economic use of algae. Should we conclude that
French Polynesia has no particular advantages for this niche? If so, is this due
to a lack of specifically useful species, labour costs, distance from markets
or a combination of these factors? Could part of the reason be the dissoci-
ation between research and application (and their respective stakeholders),
given that there is a very active algology unit at the University?

Economic use of raw materials from terrestrial plants


Preliminary overview

Table 2a – Quantified data on a few products


Production data
2002 Marketed output Number Exports
(tonnes) of harvesters (tonnes)
Copra/coconut oil 9,649 3,000 5,201
Monoi 260 ? 243
Noni > 10,000 8 à 10,000 ? 3,580
Ripe Vanilla 37 5,000 11
Source: paper by Jean-Christophe SIMON (see CD-ROM).

13 Kopara ponds: “kopara” is the term used by the inhabitants of the Tuamotu archipelago in
French Polynesia for the microbial mats that grow in brackish or salt water ponds on the coral rings
of atolls. In terms of structure and growth, kopara can be defined as a stromatolite, a type of
microbialite. The term “microbialite” covers all sediments that form by a process involving com-
munities of benthic microbes. Some Kopara organo-sedimentary structures are extremely old.
192 Natural substances in French Polynesia

Table 2b – Quantified data on a few products


Export data
Products exported Exporters Volume
on records exported (T)
Coconut oil 1 5,201
Noni juice, purée, pulp, tea 15 3,580
Vanilla pods, extract 5 11
Miscellaneous cosmetic products:
monoi, essential oils 11 Monoi: 243
Miscellaneous edible products:
liqueurs, jam, sauces 3 nd
Source: paper by Jean-Christophe SIMON (see CD-ROM).

These tables show that


■ noni production has become an important economic activity, employ-
ing as many people as copra/coconut oil and vanilla combined, or more;
■ in general, products undergo little processing.

The following more detailed descriptions of the “plant products” sectors


show how widely they differ: comparing coconut oil with noni makes this
particularly clear.
Coconut oil
Production of coconut oil (made from raw copra, which is dried coconut
flesh) is a classic example of a subsidised industry, organised by the authori-
ties for social welfare reasons and with a support price higher than the inter-
national market price. Under the agreement with the Territory and the price
support fund, Huilerie de Tahiti (owned 99% by the Territory) is required to
purchase for cash all copra produced at a price set by the authorities. The aim
is to guarantee a stable income for producers, support a traditional agricul-
tural activity, help keep the population of the more remote islands (mainly
Tuamoto-Gambier) on their land and ensure care of the countryside.
Refined coconut oil is used to produce monoi; this is the only profitable
branch of the copra sector.
The current situation 193

Noni

Table 3 – Noni exports


Exports 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Total volume 2,648 3,689 3,091 3,427 3,579 4,150
(tonnes)
Value 271 345 370 861 959 935
(million F CFP)
Source: IEOM report 2003. See paper by Jean-Christophe SIMON (see CD-ROM).

■ Noni (called “nono” in French Polynesia) is the fruit of the plant


Morinda citrifolia. It is harvested all year round and mainly processed to make
juice, although capsules, powders and other preparations are also produced.
Noni has achieved a stunning success in the past decade. Briefly, this is
due to a combination of factors: novelty, a “healthy” reputation, “nature +
traditional knowledge” connotations and linkage with the image of
Polynesia as a Pacific paradise. All this is sustained by intense promotion and
Morinda Inc.’s strong financial and commercial network. Morinda Inc. is
based in Utah, USA, and linked to a Mormon consortium.
Practically non-existent ten years ago, noni exports increased by 30% in
volume between 2000 and 2003 and by 250% in monetary terms. This dra-
matic rise has been driven by American and Japanese market demand. Table 3
gives an idea of this export boom. Eighty per cent of output is exported, mainly
in the form of puréed pulp – minimum processing, in other words.
■ The product chain: there are an estimated 5 to 8,000 active (regular or
occasional) fruit harvesters. Production is scattered over several island
groups, and cultivated output is taking a growing share compared to fruit
gathered from the wild. All in all there are fifty brands marketing noni-based
products and 15 exporters. But the market is dominated by Morinda Inc.
(over 1,000 staff), which has largely driven the growth of the industry.
Morinda largely controls the noni sector, setting prices and harvesting and
quality standards, controlling sub-contracting and marketing in more than
50 countries, largely through Internet and sales to the home. The firm is
even building a factory to process on-site, due to start up in 2005 (up to
now noni was exported as purée and processed in the United States). It is
194 Natural substances in French Polynesia

Morinda that owns the designation “Tahitian Noni Juice”. Noni juice only
received market authorisation for Europe in June 2003; once distribution
starts in Europe it will tell us much about the product’s real commercial
potential and hence the economic prospects it offers French Polynesia: long-
term prospect or short?
Vanilla
There are three varieties of vanilla, the Madagascan, Réunion and
Tahitian; of the three, Vanilla tahitensis has the most penetrating aromas.
Although it is common throughout the tropical belt, it only blossoms really
well in French Polynesia. That fact, and rising world prices, have encouraged
efforts to add value by improving quality and introducing a label. Since the
1980s and especially since 1994, French Polynesia has multiplied its efforts
in both directions. It has asked for CIRAD’s assistance, to develop the system
of intensive cultivation under shade nets (which reduces the land area
required, making room for more growers), achieve more uniform quality
(already less affected by the weather under this system) and prevent the
spread of viruses, a risk inherent in this type of system. The Territory’s active
policy has also led to the creation of EPIC Vanille, with considerable fund-
ing. The aim is to obtain an AOC designation of origin to highlight the orig-
inal features of Tahitian vanilla on its market (top-end gastronomic prod-
ucts). The vanilla product chain is very well-organised and is encouraged and
monitored by the authorities. Demand and prices are increasing and the
industry should produce good profits in future, but its dependence on a sin-
gle market makes it vulnerable and world prices could collapse in the event
of overproduction.
Tiare
Monoi. Made by macerating tiare flowers (Gardenia taitensis) in coconut
oil, monoi is a processed product using a resource specific to Polynesia. It
underpins a busy product chain selling on the local market and through
export, though 95% of exports go to metropolitan France. An industry part-
nership (GIE, Groupement d’intérêt économique) structures the industry,
and in 1992 a “designation of origin” was granted. It is the product that
most specifically evokes the “Polynesian paradise” image. The GIE is work-
ing to diversify export destinations, stimulate R&D and develop quality man-
agement, but will this be enough to increase demand or even prevent new
products eating into existing demand?
The current situation 195

Tiare essence. This is a profitable business, well adapted to French


Polynesia both because of its high value added and because harvesting of
the raw material is a stable part-time activity. A leading firm in the sector is
Tahiti Arômes, a subsidiary of CAIRAP, which started a production unit on
Moorea in 2003 to produce concrete of tiare. The main question for this
product is whether it is well placed to thrive in the highly versatile and very
demanding international cosmetics market.
Tamanu
Tamanu oil is obtained from the nut of Calophyllum inophyllum, sun-
dried for a long period and then pressed. The oil contains numerous resins
and, once purified, is a costly product, both because of the cost of extrac-
tion and because yields are low and harvesting difficult. Traditionally used as
an anti-inflammatory and antibacterial agent, it is sold (still on a small scale)
as a cosmetic product in its own right for skin and hair care. Demand for
purified tamanu oil as an ingredient is growing fast and reportedly now out-
strips current world production capacity. There is official encouragement,
particularly in Vanuatu and New Caledonia, to increase the number of
Calophyllum plantations. With cultivation increasing elsewhere in the Pacific
and the limited supply of arable land in French Polynesia, one may wonder
whether this territory is well placed to compete. On the other hand,
Polynesian tamanu is known for its quality (due to the traditional method of
extraction as well as raw material quality) and prices are high. On those
grounds it is worth considering closely all the parameters for a more sophis-
ticated form of marketing as a specifically French Polynesian product.
Among other things this would involve completing research into the prop-
erties of C. inophyllum and identifying any patents registered. Illustrating the
current strong interest in tamanu, genetic analysis of Polynesian tamanu and
an in-depth study of tamanu oil are under way at UPF; and a tamanu trade
federation was formed in 2002.
Other plant resources
Flowers. A first attempt to create a flowers sector to take advantage of
French Polynesia’s enormous wealth of ornamental flowers was unsuccess-
ful. The islands’ flowers are nonetheless a potential resource. The species
data sheets drawn up by the experts for this review provide some useful
information, particularly on ferns.
196 Natural substances in French Polynesia

Fruit. French Polynesia has no endemic fruit, and distance from markets
and the limited supply of arable land handicap large-scale fruit production.
Commercial opportunities will have to be based on the specific taste (hence
aroma) characteristics of Polynesian varieties of fruit such as pineapple and
mango. There have been private sector initiatives of this kind with pineap-
ple, and there is research under way, particularly on mango, with scientific
input from CIRAD. But this is agronomic research and as such is beyond the
scope of this review.
Sandalwood. Sandalwood has a high heritage value, but is in danger of
extinction in the Marquesas. Sandalwood is not currently used commercially
but, in view of its potential value (see Santalum insulare data sheet), CIRAD
is conducting research.
Kava, a controversial case
Although there is no kava product chain in French Polynesia, it must be
mentioned here because it is the subject of a lively debate and conflicting
opinions, including within our panel of experts.
A traditional drink made from kava is drunk at celebrations and ritual
ceremonies in most parts of Oceania, particularly Vanuatu, Fiji, Wallis and
Fortuna, the Cook islands, Tonga and Samoa and New Caledonia, and also,
though less markedly, in French Polynesia, mainly the Marquesas islands. In
New Caledonia and urban areas of Vanuatu, a neo-tradition of social kava
drinking in specialist bars or nakamals has developed. The drink is prepared
from the fresh or dried root of Piper methysticum, of which there are sev-
eral cultivars. The active principles in kava, called kavalactones, have seda-
tive, analgesic and anxiolytic properties.
In the 1990s there was a spectacular boom in sales of kava in capsule
form, marketed as a herbal medicine, mainly in the United States, Germany
and Switzerland; the market suddenly collapsed after several cases of fulmi-
nating hepatitis in Europe, and in 2002 it was withdrawn from the market
in France, Spain, Italy and the United Kingdom, other countries merely rec-
ommending prudence.
The collapse of the market was a heavy blow to Vanuatu, Fiji, Samoa and
Tonga, the main producers. For the time being, the market is saturated. The
producing States are trying to break out of the crisis by lobbying the WHO
and European Union to convince them of the non-toxicity of kavalactones
The current situation 197

and to have market authorisation restored. Whatever the outcome of these


efforts, it now seems it will be impossible to have kava on open sale as a
dietary supplement. Controversy still rages over its possible return in more
controlled form (see Piper methysticum data sheet).
Preliminary findings on the “plant products” sector
The table below gives a preliminary comparative overview of the main
economic activities based on the use of natural substances from land plants.
It covers the main products already mentioned, assessing the characteristics
of each in terms of economic, social and institutional criteria.

Table 4 – Characteristics of the main “plant product” sectors


Commercial Profitability Innovation Social or heritage Forms of Prospects
experience importance organisation for growth
Coconut > 40 years zero zero major Support fund zero
oil (1967)
Monoi > 20 years high medium medium GIE (2002) medium
AOC (1992)
Vanilla > 50 years medium medium major Epic 2003 strong
Noni < 5 years high strong medium - medium
Tamanu < 5 years ? ? medium Oil producers’ potential
federation
Source: paper by Jean-Christophe SIMON (see CD-ROM).

While making no claim to high precision, the table suggests several


points for consideration:
■ The coconut oil industry is a classic example of a heavily subsidised pro-
duction system. Could encroachment of new industries on available land, or
changes in cost factors (public subsidies) occur without affecting its role in
social welfare and solidarity between the Territory’s island groups?
■ The success of noni suggests it could offer an alternative solution to
heavily subsidised, poorly cost-effective sectors. However, it is a new indus-
try and has yet to prove itself over the medium term; will consumer demand
for this “health product” last?
198 Natural substances in French Polynesia

■ It would be risky to simply transpose the “noni plan” to the tamanu


case; their production systems and market dynamics are very different.
■ Government financial incentives are available both for unprofitable
industries with a social welfare value and to develop or reactivate industries
with economic potential, but they seem to be unevenly employed. Is this a
heritage of the past, the result of case-by-case allocation or deliberate
choice?
■ The forms of organisation are instructive. There is clearly a local capa-
bility for organisation, but more consideration could be given to how private
enterprise can be supported downstream of agricultural production.
■ The issue of export markets is decisive, as stakeholders in French
Polynesia are acutely aware. Local entrepreneurs have a real desire to posi-
tion themselves with regard to the United States, the Pacific and Europe.
Export drives are being strengthened, with government support.
Three critical points
There are three difficulties that can hamper the dynamism of industries
based on natural products from agriculture.
Access to land to develop new crops
The custom of indivisible land ownership keeps land prices high.
Although the vanilla and pineapple sectors show that production can be
boosted by more intensive cropping systems, limited access to land could
hamper the development of new or young industries based on cultivation of
promising Polynesian species.
Coastal management poses similar problems: lack of available space has
put a stop to prospects for developing semi-intensive shrimp farming. On the
other hand, experience in management of lagoon resources (local lagoon use
plans) suggests that a sharing of spatial resources can be organised.
Agricultural training and extension work
Recent measures to deconcentrate administration have given officers of
the Rural Development Service (SDR) a very wide range of functions, includ-
ing assistance to product chains downstream, despite a strong need for agri-
cultural training and technical agricultural information dissemination. Some
thinking must be done on the human, technical, organisational and finan-
cial resources that need to be released for the agricultural sector to increase
The current situation 199

its capacity to develop or assist new productive activities. In any event, the
Territory must have an outreach and extension network to meet growers’
needs and provide supervision for sectors aiming for sustainable develop-
ment or labelling.
Farm demography
The ageing of the farming population has an impact on the sector’s
vigour. The main agricultural activities in French Polynesia are the traditional
ones of subsistence cropping and harvesting from the wild, practiced by el-
derly people. This applies to many vanilla plantations and most traditional
fruit farming (pineapple, mango, etc.). But Polynesian farmers are energetic,
as can be seen from their positive response and the development dossiers
they drew up when EPIC Vanille was formed, and the way pineapple grow-
ers have welcomed projects by Jus de Fruits de Moorea.
200 Natural substances in French Polynesia

French Polynesia’s biodiversity assets


TERRESTRIAL PLANT RESOURCES
French Polynesia’s primary flora is relatively poor, with only some 900 species,
and is therefore more vulnerable than introduced species. But 62% of its
species are endemic, owing to insularity, the islands’ wide geographical scatter
and their extensive north-south spread. For 80-90% of endemic plants there is
no bibliographical reference pointing to scientific study. Between them, these
two facts obviously mean that there is ample scope for bioprospecting14.
Apart from local uses and a few clearly identified marketable resources,
the origin features of French Polynesia’s flora have not been explored to any
great extent. Very few local species have been adopted for economic use.
This observation suggests two avenues to explore:
■ How can new species with commercial potential be identified and selected?
■ How can income from the species already exploited be increased?

Approach and method of the expert group review


There is no proven, unanimously recognised method for determining
which are the exploitable plant resources in a given region.
Nor, to our knowledge, is there any synoptic table or database of the rel-
evant information on French Polynesia’s exploitable plant resources, apart
from books on local uses of plants.
The experts’ work goes some way to filling the gap.
The panel opted for an approach that starts from the biological resource,
which was possible thanks to the relatively reliable botanical data available
for French Polynesia. The main stages in the process were as follows:
■ Despite the relatively small number of native species, we were not able
to analyse the scientific literature on all of them. We therefore made a crit-

14 Bioprospecting: exploiting, extracting and screening or sorting biological diversity and indige-
nous knowledge to discover commercially valuable genetic or biochemical resources.
French Polynesia’s biodiversity assets 201

ical analysis of the available scientific knowledge and worked out a prese-
lection method to identify potentially exploitable plant substances.
■ As this is a vulnerable island flora with a high rate of endemism, a pre-
liminary correlation of criteria was necessary, taking botanical originality as
the primary criterion for inclusion and ecological status as the primary crite-
rion for exclusion: vulnerability is clearly a criterion for exclusion because vul-
nerable species cannot reasonably be regarded as “potentially exploitable”
without endangering the resource itself, and hence biodiversity.
■ This brought the number of species to consider down to 430. We then
applied an additional set of exclusion/selection criteria to this group. Below
is a simplified synoptic table of these criteria.

Table 5 – Criteria for exclusion or selection of plant species


Criteria Selection Exclusion
Botanical originality Endemic species Common naturalised species
Bio-ecological Non-vulnerable species Vulnerable species
criteria (IUCN15 list)
Biogeographical Accessibility Limited accessibility
criteria (scattered or remote stations)
Local uses Local medicinal plants ■ Medicinal plants widely
used around the world,
thoroughly studied and often
in commercial use.
No Polynesian specifity.
■ Common food plants,
spices and condiments16
Chemo-taxonomic The genus - taxonomic Species or genuses of little
criteria level best correlated to pharmacobotanical interest
distribution of secondary
metabolites
Source: paper by MORETTI and FLORENCE (see CD-ROM).

15 IUCN list: since 1994, the IUCN (International Union for the Conservation of Nature and Natural
resources) has been developing a classification of plant and animal species into five categories,
from which risks to biodiversity can be measured: extinct (EX), critically endangered (CR); endan-
gered (EN); vulnerable (VU); low risk (LR); data deficient (DD).
16 This criterion does not apply to Tahitian vanilla (Vanilla tahitensis), which is a specifically
Polynesian variety. It is therefore included in the selected species list.
202 Natural substances in French Polynesia

Using this set of exclusion/selection criteria, 78 species were chosen for


examination. A data sheet has been drawn up for each one, using the
model shown below. These can be used to compare the data (such as exists)
with the various experts’ comments:

Scientific name:
IUCN status
Accessibility
Uses
Chemical composition
Pharmacological and toxicological properties
Industrial interest if applicable
Regulatory restrictions if applicable
Production protocol if applicable
– how material is obtained:
– marketing method:
– quality control:
Orientations if applicable
ADMISSION TO GROUP 1, 2 OR 3

The experts collectively defined three main groups, classing each species
in one or other:
■ Group 1 – Shortlist of species already exploited or potentially exploitable17;
■ Group 2 – Species whose economic use is possible in the medium term,
but which would first require R&D work;
■ Group 3 – Non-priority species that meet the experts’ selection criteria but
for which no proposals can be made on possible R&D directions, for lack of sig-
nificant bibliographical data.
For species classed in Groups 1 and 2, the experts give their opinion on
the possible directions for research, development and utilisation. Two points
should be made here:

17 For easier consultation, the data sheets for this group are reproduced in the paper edition of
the review (Annex 1).
French Polynesia’s biodiversity assets 203

■ A comparison of groups 1 and 2 shows that the information available


varies widely from species to species; our suggestions vary accordingly in
their degree of refinement.
■ Most species in group 2 are in the IUCN’s vulnerable categories.

To conclude, although potential economic uses for very few of the species
studied have been clearly identified, the experts’ work provides French Polynesia
with a preliminary checklist of relevant information on exploitable resources. This
is an original contribution, both in the method adopted and the final output.
However, attention must be drawn to the following facts:
■ As already stated, French Polynesia’s plant biodiversity has not yet been
studied sufficiently and its potential therefore remains inadequately
assessed. In this connection the catalogue of useful species drawn up as part
of the expert group review (Flore utile de la Polynésie française, appended
to the paper by Moretti and Florence on the CD-ROM) is a valuable instru-
ment. It brings together the available data on useful plants mentioned in ref-
erence works, with their taxonomic status checked and updated. Apart from
the taxonomic updating, this data pack contains new or updated data on
geographical distribution and availability, including the accessibility, abun-
dance and structure of current populations.
■ The selection method adopted here has doubtless allowed some use-
ful species to slip through the net because they did not meet the criteria
used, particularly that of endemism. We know this applies to some intro-
duced species that have escaped from crops; several of these, especially vari-
eties of Quinquina, are of significant economic interest. Moretti and
Florence draw attention to this genus in their paper, but it could not be
included in the final list using our set of criteria.

MARINE RESOURCES
Introduction
Marine organisms hold an immense store of potentially useful molecules
which has so far been studied only partially and unevenly, and is still less
exploited. The best catalogued groups are corals and molluscs – known indi-
cators of marine biodiversity – and algae. Spongiae and micro-organisms
have been studied far less.
204 Natural substances in French Polynesia

To date, an estimated 500,000 marine, animal and plant species have


been identified, but fewer than 5% have been studied for their chemical
and biochemical properties. The scientific literature is steadily producing
new discoveries of bioactive marine metabolites. Analysis has shown that
the likelihood of finding such metabolites in marine organisms is far higher
than with land organisms: 10 per 10,000 compared to 1 per 10,000.
But because marine substances are rarely used in traditional medicines,
there are no ethno-pharmacological references to guide the search for use-
ful molecules in this ocean of possibilities (ranging from bacteria to sharks!).
Given the current low level of inventoried knowledge on marine resources
and their utilization potential, there was no basis for taking an overall approach
and drawing up data sheets as was done for land plants (see paper by
Guézennec and Débitus on CD-ROM). Below we briefly introduce the main types
of organism and outline their utilisation prospects in major economic sectors.

Different types of marine resource


Fishery by-products
The main uses of fishery by-products are in health applications, mainly of
omega-3 and omega-6 unsaturated fatty acids, which have potential uses in
human nutrition, cardio-vascular medicine and oncology.
Fishery by-products are also being explored to find specific fats.
Broadly speaking, research in this field is at a far more “pure research”
level than the work on other types of marine molecule.
Seaweed
Uses of seaweeds are relatively little-known to the general public, although
they are used in many consumer products. Internationally, seaweeds are
mainly (70%) used in the food and feed sector, principally in the Asian food
market. The market in food seaweed is worth 4 billion dollars a year in the
United States. While the main users are Asian countries, food use of seaweed
is growing in the West, especially in the market for food supplements and
health foods.
Utilisation of seaweed in food is growing fast and has a promising
future. French Polynesia, as already mentioned, has excellent research assets
French Polynesia’s biodiversity assets 205

and tools in this field. The University of French Polynesia has a large seaweed
collection, the Institut Louis-Malardé another, and a recent doctoral thesis
provides a synthesis of work on Polynesian seaweeds and their potential
uses in different sectors, from environmental management to cosmetics.
Micro-organisms
The term “micro-organisms” is used here to cover micro-algae, fungi,
bacteria, archaebacteria and cyanobacteria.
French Polynesia has some particularities in this field owing to its geo-
graphical position and the presence of specific ecosystems such as the
“kopara ponds”; a doctoral thesis on kopara is under way.
Micro-organisms are a source of many molecules with real potential in
biotechnology, particularly biodegradable polymers, polysaccharides,
enzymes and secondary metabolites (see Table 7, p. 235).
The considerable progress made in molecular biology in recent years
now makes it possible, and above all easier, to study microbial ecosystems.
But as many studies have shown, only 0.1 to 1% of microbial species found
in marine ecosystems can be studied using conventional laboratory tech-
niques such as culturing on more or less selective media. This means that a
very high proportion of microbial metabolites of biotechnological interest
may defy attempts to study them. And yet marine micro-organisms could
prove to be the main source of new biotechnologically useful molecules in
the next few decades. It can be said that one of the main challenges for
biotechnology research on marine micro-organisms is to develop methods
for identifying, characterising and analysing the “non-culturable” ones.
For the reasons stated, it seems impossible, and indeed pointless, to list
the microbial species present in Polynesian ecosystems, both because there
are so many of them, and because such a list might well not be representa-
tive. It is generally recognised that only a very small percentage of microbial
species are culturable and hence identifiable using conventional taxonomic
methods, and that the very notion of a culture medium implies selection of
some species and exclusion of others. The same can be said of the use of
these micro-organisms in biotechnology, as synthesising useful metabolites
can depend on manipulating their growth and fermentation conditions. In
short, to use a micro-organism in industry or even study it scientifically, one
must be able to culture it.
206 Natural substances in French Polynesia

In the light of this, the best way forward with micro-organisms would be
to focus on conservation and building up of collections which would provide
the basis for subsequent action towards utilisation in biotechnology.

Potential uses
There are many potential applications for marine resources; they can be
a source of new models, new products or new processes for a number of
industries. Their diversity and their adaptation to atypical or extreme condi-
tions open up new prospects for developing new bioactive molecules. There
is now a lively interest in them, as reflected in the growing number of
patents connected with the biological activity of products derived from
marine organisms (mainly invertebrates so far).
In terms of economic uses, whatever the marine resource concerned,
there are some fields that seem to match both economic and social
demand:
■ The environment and the search for “clean technologies” (“green chem-
istry”) to replace existing technologies that are more polluting, less specific,
less effective or more costly.
■ Cosmetology/dermo-cosmetology, a field that is constantly looking for
innovative or original substances, whether in terms of their history or their
physical-chemical properties and efficacy. Despite many uncertainties includ-
ing questions of official regulation, this sector often looks like the best niche
to aim for when looking for short-term economic uses. This view may be
better founded in some cases than in others.
■ The food and feed industries in the broad sense, which are looking for
new texturing molecules that can adapt to new market constraints.
■ Synthetic and hemisynthetic chemistry, which are looking for new mol-
ecules or precursors.
■ The health sphere, which is looking for molecules – sometimes nar-
rowly targeted – that are highly specific, effective or active, to develop sub-
stitutes for existing molecules that are in one way or another undesirable
owing to their origins. With the recent discovery of unconventional
pathogens, bioactive marine compounds could present a major advantage
over the use of animal-based compounds such as heparine and hyaluronic
acid.
French Polynesia’s biodiversity assets 207

Utilisation strategies
The scale of marine biodiversity, and the current state of knowledge,
make it delicate if not impossible at this stage to favour one channel over
another for economic utilisation. The first step will have to be a multidisci-
plinary study of the flora and fauna of different biotopes.
The conditions for such uses would also vary widely depending on how
the extracts are obtained. One determining factor for exploiting a new prod-
uct is the ease and cost-effectiveness with which it can be obtained. There
are three ways to obtain sufficient quantities of such products: extracting
and purifying primary or secondary metabolites from macro- or micro-
organisms, synthesis, and hemisynthesis, which is a compromise between
these two, taking a natural precursor and converting it. Though rarely
impossible, synthesis and hemisynthesis can be complicated; they are not
always cost-effective for industrial purposes. Producing active molecules by
biotechnology is therefore a promising method in economic terms. It may
involve using natural environments to farm molecule-producing organisms
– e.g. sponges, ascidiae, gorgoniae, algae – or, particularly with micro-
organisms such as cyanobacteria, micro-algae, fungi and bacteria, biotech-
nology solutions such as fermentation and photobioreactors.
For all these reasons, building up collections coupled with a solid marine
chemistry component seems to be the most relevant short- and medium-
term step towards economic utilisation. The conditions required for this
work are well within the reach of French Polynesia and will be set out in the
following Section.
208 Natural substances in French Polynesia

Towards a strategy for the utilisation


of natural substances

After examining and drawing initial conclusions from the existing ways in
which natural substances are utilised in French Polynesia, the expert group
review has identified further potential resources. This brings us to the central
question the panel was asked: how is the potential identified to be turned into
new economic uses that are consistent with and appropriate to local capabil-
ities – in other words, a strategy? This is the issue addressed in this Section.
This is an important issue. It is a question of properly using the resources
allocated to policy design and implementation, and consequently the
“return on investment” that may be expected – financial investment as well
as human investment of many kinds.
We shall first present a few guidelines for defining the principles and legal
framework required to protect French Polynesia’s ecological and economic
interests while encouraging economic use of its natural substances to develop.
We will then set out the economic and technical conditions for develop-
ing new productive industries, including the specific regulatory constraints
in particular sectors in the French and European markets.
Finally, we will suggest guidelines for industrial use, under two headings:
Group 1 natural substances; and Group 2 and marine substances, indicating
in each case the legal framework required to implement the guidelines.

LEGAL APPROACH
The CBD and the new legal status of biodiversity
Biological resources, and their components, are of increasing economic
interest and, rather than acquiring value in proportion to their degree of
technological processing, have a value in themselves. Biodiversity as a whole
has become potentially utilisable and consequently strategic.
Towards a strategy for the utilisation of … 209

With the development of biotechnology, the legal status of biological


resources has radically altered. Up until the late 1980s, their status was
roughly governed by two legal concepts: national sovereignty for their direct
and immediate exploitation; and the concept of “common heritage of
humanity” for research or indirect and deferred use based on the chemical
or genetic potential of a resource that might lead to a new product.
In the mid-1980s, this status was undermined by statutory developments
first in the United States, then in Europe and finally at global level, that
established the patentability of living resources. Following these develop-
ments, any living resource (or component thereof, such as a cell, gene or
molecule) may now be protected by an invention patent if, when it is
reprocessed, it is considered to be new, inventive and applicable in an indus-
trial process. This has caused a discrepancy between the common heritage
of humanity, which postulates the absence of property rights, with collec-
tion free of restriction or charge, and patents, which justify exclusive
exploitation, for profit, of substances collected free of restriction or charge.
In order to avoid the conflicts of interest that might arise, the Convention
on Biological Diversity (CBD) of 5 June 1992 established a new legal status
for biological resources. The concept of a common heritage of humanity has
been dropped, and the Convention brings biological resources under the
principle of States’ sovereignty over their natural resources, which entitles
States to regulate as they think fit any type of access to biological materials
located within their territory. The aim is to enable States to control their use
more closely, organise trade, and benefit from any wealth based on them fol-
lowing any chemical or biotechnological research and development process.
The crucial clause of the Convention is Article 15, excerpted below:
“1 – Recognizing the sovereign rights of States over their natural
resources, the authority to determine access to genetic resources rests with
the national governments and is subject to national legislation. […]
5 – Access to genetic resources shall be subject to prior informed con-
sent of the Contracting Party providing such resources, unless otherwise
determined by that Party. […]
7 – Each Contracting Party shall take legislative, administrative or policy
measures, as appropriate… with the aim of sharing in a fair and equitable
way the results of research and development and the benefits arising from
210 Natural substances in French Polynesia

the commercial and other utilization of genetic resources with the


Contracting Party providing such resources. Such sharing shall be upon
mutually agreed terms.”
Thus the three interrelated principles governing access to natural sub-
stances under the Convention are State sovereignty, prior informed consent
of the public authorities before collection, and sharing of the benefits aris-
ing from utilisation of the resources supplied. The system based on these
principles is known by the acronym ABS (Access to genetic resources and
Benefit-Sharing).

French Polynesia and the new legal situation


Although many States have seized the opportunity offered by Article 15
of the CBD, French Polynesia has not as yet adopted any specific regulations
for access to genetic resources. A draft bill is being prepared in French
Polynesia; we would stress that this is a timely step, and perfectly within the
competence of the French Polynesian government.
The lack until now of any specific ABS regulations is not due to its being
beyond the competence of French Polynesia’s government. The CBD clearly
states that the authority to determine access belongs to States. Under French
institutional law n° 2004-192 of 27 February 2004 on the autonomous sta-
tus of French Polynesia, Polynesian institutions have increased autonomy and
enjoy considerable delegated competence in a range of areas including the
environment and marine resources. Since access to and circulation of biolog-
ical resources fall primarily within the area of environment (marine and ter-
restrial), French Polynesia is indeed competent to establish a legal framework
regulating access to its biological resources.
The value of having regulations can be seen from what happens when
there are none. The CBD is applicable to French Polynesia under Law n° 94-
477 of 10 June 1994, by which France ratified the CBD. However, like many
other developed countries, France saw no reason to transpose it into spe-
cific regulations. Consequently, there are no rules organising access to bio-
diversity and the sharing of resulting benefits, no rules specifically regulating
the conditions for harvesting biological resources (except for protected
species and areas) or sharing any resulting benefits. It follows that operators
who wish to seek biological resources in Polynesia for their actual or poten-
Towards a strategy for the utilisation of … 211

tial usefulness in developing drugs or other new products do not need to


ask for prior agreement or commit themselves to any compensation.
Applying existing law, therefore, does not give French Polynesia the
means to benefit from opportunities for utilisation of its natural substances.
Neither the standard rules of civil law, environmental law, the law of the sea,
nor the rules produced at international level in recent years in the spirit of
the CBD (the Bonn Guidelines, the future international system for access
and benefit-sharing18) fully meet these needs. The current legal situation is
inadequate in a number of ways:
■ Ecologically, the utilisation of biological resources must be designed in
such a way as to ensure their sustainability. Means are therefore needed to
prevent negative impact on Polynesia’s rich but vulnerable environment.
■ Economically, even without the spectre of bio-piracy (pillage of biolog-
ical resources), failure to specify the conditions for biological prospecting will
at the very least prevent Polynesia from drawing proper benefits from the
exploitation of its biodiversity. It is simply a matter of giving oneself the
means to take advantage of a type of operation that in practice, where the
rights and obligations of each side have been legally specified in advance,
has been shown to benefit country and prospectors alike. Such a framework
is also a key element for the legal security of future industrial users of bio-
logical resources, who may hesitate to invest in countries that have no clear
legal framework for access to biodiversity (access allowed or not? what con-
ditions? which administration to apply to?, etc.).
■ Politically, any failure to specify the conditions for biological prospect-
ing would expose countries to the risk of having such operations contested
by local communities. More on this below. Generally speaking, devising a
legal framework goes “in the direction of history”. In the South Pacific as a

18 The Bonn Guidelines were unanimously adopted in April 2002 by the Conference of the Parties
(180 countries) and are a key tool for implementing the CBD. They are intended to help the Parties
establish legislative, administrative and general policy measures on ABS and negotiate contractual
arrangements for ABS. They set out the basic requirements such contracts must meet, specify the
role and responsibilities of both users and suppliers, the features to be considered in agreements
on transfer of materials and a non-exhaustive list of monetary and non-monetary benefits. The
Guidelines recommend the establishment of a capacity-building programme to enable developing
countries to implement the Convention’s relevant clauses. Similarly, the participants at the
Johannesburg World Summit on Sustainable Development in August-September 2002 requested
that countries should negotiate for the CBD an international regime to promote and ensure fair
sharing of the benefits from the use of genetic resources. The Bonn Guidelines will certainly be
part of this wider working framework.
212 Natural substances in French Polynesia

whole, a series of actions is being taken to that end. One example is the
early-stage work begun by the Secretariat of the Pacific Community (SPC),
a key regional development player that is emerging as a guardian of Pacific
resources, traditional knowledge and the expression of regional cultures.
All in all, a combination of factors – current interest in natural substances
from the research community and industry, the new legal status of biodiver-
sity, changing concepts and practices in this field – means that it is in French
Polynesia’s best interest to adopt an adequate and effective legal framework.
It remains to define its broad features:
■ In the following section we set out the foundations for such a frame-
work: prior consent, forms of contract, control, industrial property rights, etc.
These are the key points to consider if French Polynesia wishes to adopt reg-
ulations for access to its biodiversity.
■ French Polynesia might decide to develop service activities in connec-
tion with natural substances, establishing collections, biobanks and extract
banks, allocating some of the work of extracting natural substances to its
research institutes and companies. We therefore examine the legal aspects
of such issues as the status of collections and biobanks, their contractual
activities, etc. (see “Prospects for utilisation”, p. 234)
■ Finally, we address the inevitable question raised by Article 8 (j) of the
CBD, namely the rights of native or local communities to benefits from the
exploitation of biological resources (see “Rights of local communities and
collective interest”, p. 241).

Basic legal framework: the ABS principle


Here we examine the two key elements for framing a text on ABS: the
principle of prior informed consent (PIC), and its transposition into contract
form. The purpose is to highlight the points essential for preserving French
Polynesia’s interests as a supplier of natural substances.

Prior informed consent (PIC)


This principle, enshrined in Article 15 of the CBD, states that collection
may only be carried out once agreement has been secured from public author-
ities which have already had the information that will enable them to preserve
their rights over the resources and any benefits that may arise from them.
Towards a strategy for the utilisation of … 213

The prior consent formality must satisfy two requirements: clarity (which
administration to apply to? in what circumstances?, etc.) and flexibility, so
that the procedure is not so slow as to dissuade applicants, which would
defeat the object of the exercise.
Who should grant PIC?
It must be specified which authority is to receive applications or give its
consent to authorise collection. Some general points:
■ The prior consent of the Research Delegation must be required;
■ The authorities in charge of the environment and protected areas
should also be involved;
■ For the administrations concerned to be really “informed”, capacity-
building is essential (as per the Bonn Guidelines). To that end, they should
appoint auxiliary scientific committees drawn from competent scientific
bodies, on a case-by-case basis.
Which types of collection are subject to PIC?
Although the need for authorisation extends the scope of existing legis-
lation, which applies only to protected species, it is not sufficient to apply it
to endemic species. This might prevent French Polynesia from taking full
advantage of the rights conferred by the CBD. In Polynesia’s island environ-
ments, evolution has segregated some highly specific taxa. Although these
taxa are not strictly speaking endemic, they do possess potentially valuable
characteristics. To make a distinction between endemic and non-endemic
would allow operations that might develop products over which Polynesia
had not established any rights.
This leads to a more general point. No discriminating criterion of any sort
should be established to distinguish between collecting that requires autho-
risation and collecting that does not: neither the type of resource that may
be extracted, nor the people who may do so, nor the purpose of their oper-
ations. The reasons for this are as follows:
■ Since any resource, whether in situ or ex situ (for there are collections
in Polynesia), endemic or otherwise, marine or land-based, whole or part
(cell, DNA, etc.), unused or known already to have therapeutic or insectici-
dal qualities, may be economically used by some chemical or biotechnolog-
ical industrial process, they must all be subject to the PIC principle.
214 Natural substances in French Polynesia

■ The same goes for the applicants, whether foreign or French, private
companies or public research institutes, because there is no clear dividing line
in this field between public and private, between basic research and applied
research for commercial markets. Standard inventorying activities can always
lead to applied research. Most research institutes, public and private, invest
in applied research and file for patents. They are also in direct relation with
private companies, not only when the companies use their patents, but also
upstream, when the research institute undertakes prospecting on their
behalf. Indeed, in some cases a public research institute may be used as a
“front” to avoid applying for PIC. It would be artificial and counterproductive
to attempt to draw lines. It follows that PIC must be sought in all cases.
However, to avoid needless red tape, once the PIC principle is stated in
these terms, exemptions might be made for the traditional economic use of
biological resources (coastal fishing, food industry use of noni juice and
kava, cut flowers, etc.) as long as it is direct use. Any transfer of the
resource, whether or not for payment, or any transfer of other resources
caught or extracted as by-products, to a third person intending to make
indirect economic use of it, will be prohibited without PIC from the relevant
authority. Consequently, with no PIC, a drug company could not obtain
from fishermen the incidental resources – seaweed, micro-organisms, etc. –
brought in with their catch. The same should be true for a company want-
ing to engage in highly technological research (using, say, a plant gene or
synthesising a molecule) on a marketed resource such as noni.
Defined in these terms and with its scope specified, the principle of prior
consent would give French Polynesia the means to gain most benefit from its
biological resources, either as reward for providing the material basis for inno-
vation, or as compensation for the loss incurred when a natural substrate is
replaced using such processes as synthetic chemistry and genetic engineering.
Material transfer agreement
Where the collection of biological material is authorised, the conditions
need to be specified. The best way is to sign a material transfer agreement
or MTA. These contracts stipulate the rights and obligations of each party.
Statute versus contract
A contract theoretically implies that the contracting parties are free to
commit themselves to “mutually agreed” terms. However, as regards bio-
Towards a strategy for the utilisation of … 215

logical resources, statute law needs to provide a framework for this free-
dom, for at least the following reason. Public interests are at stake in this
field and this requires that the law lay down provisions that contracts may
not waive. This is not specific to biodiversity; medical and consumer con-
tracts must also comply with rules such as the obligation to inform the
patient, the consumer’s cooling-off period, etc.
What type of contract?
Should the contract restrict itself to organising prospecting operations for
research or should it anticipate possible commercial developments from the
outset? The choice is between a research contract and a commercial contract.
In the case of deferred utilisation, as with most bioprospecting pro-
grammes, benefit-sharing often involves long, hard and expensive negotia-
tions. It is more expedient initially just to sign a research contract, provided
it explicitly contains the obligation for the user to renegotiate a new contract
with the supplier if industrial or commercial use is made of the material. To
avoid any misunderstanding, it needs to be specified that this obligation
comes into effect if any patent is filed, or a product marketed without
patent. At all events, no collection licence for scientific research purposes
should be delivered without the explicit condition that a benefit-sharing
agreement must be negotiated if an innovation is developed.
Public interest provisions
Many clauses of an MTA are freely negotiated between the parties: the
place of collection, exclusive rights and their duration, etc. But these con-
tracts will also include provisions required by law and which the parties may
not waive. These concern:
■ access on condition of sustainable use;
■ benefit-sharing.
Benefit sharing may take a number of forms – immediate or long-term
benefits, financial or in kind. Without entering into the details (which need
to be considered case by case), three general remarks may be made:
■ The principle of benefit-sharing must be mentioned in the statute text
as a public interest principle that prospectors may not infringe.
■ For short-term benefits, for a number of reasons it is better to consider
choosing services in kind, such as the user undertaking to provide technical
assistance.
216 Natural substances in French Polynesia

■ It must be borne in mind that any promised long-term sharing is likely


to remain a dead letter unless there are additional clauses organising the
monitoring of the various operations.
Monitoring
Monitoring the application of contractual undertakings is one of the
hardest features to implement. The supplier of material must be able to
monitor each stage from extraction to the development of a product, oth-
erwise the chances of fair benefit-sharing are uncertain:
■ Monitoring the actual prospecting work as such, to identify exactly
what is being collected and measure the environmental impact.
■ Monitoring subsequent transfers of the specimens collected. A clause
in the contract should lay down the means to be used for this monitoring.
The best way is simply for the prospector to undertake not to transfer the
specimens to partners not mentioned in the contract. Prospectors are
unlikely to be discouraged by this type of clause. Research institutes are get-
ting used to this practice. Many companies want to retain de jure or de facto
exclusive rights over the specimens, and they will be favourably disposed,
although others are starting to relinquish these rights in order to increase
the opportunities for utilisation.
■ Monitoring the work of the partner in the contract. Pending some
international agreement on subsequent monitoring of patents, the moni-
toring of R&D work needs to be laid down in the contract. The provision
most likely to ensure feedback on research progress is one that specifies
agreements involving local or regional scientific institutions (universities,
research centres) in the research.
Although it would be illusory to seek to monitor every detail, the above
set of clauses is essential to enable French Polynesia to retain control over
the development of research using its resources.

TECHNICAL AND ECONOMIC APPROACH


With a view to developing effective new uses for French Polynesia’s nat-
ural substances, what aspects must be considered to give upstream produc-
tion chains to be launched or supported the greatest chance of being eco-
nomically viable? We examine two main aspects:
Towards a strategy for the utilisation of … 217

■ the economic, technical, and regulatory parameters these industries


must meet;
■ principles of product protection.

Note that
■ environmental parameters, the very basis for sustainable development,
will be the foremost criteria in the guidelines for resource utilisation pro-
posed below.
■ the question of technical support for product chains (from the spe-
cialised central services e.g. ONIPPAM and ITEIPMAI) is beyond the scope of
the expert group review. However, because these questions are so crucial for
local decision makers, we sought the views of experts from industry with
responsibility for technology scanning and supply chains.

Basic conditions for viable upstream product chains19


Stable resources, quality production, and competitive prices
To be viable and to fulfil their economic role, the upstream industries
must meet certain conditions. Money or resources should not be injected
unless there is a reasonable chance of success or progress. Poorly managed
development programmes usually lead to failures that discourage later
attempts (examples abound, not least in France itself). Three basic condi-
tions are essential.
Stability
The sine qua non for developing utilisation is the availability of a natural,
cultivated or collected raw material in stable quantities. This may mean
establishing suitable logistics to allow for seasonal and climatic variation:
crop dispersion, storage, pre-processing, etc.
Quality
Since the aim is not to produce a natural resource but to provide pro-
cessing industries, these industries must be supplied with products that
meet specific pre-defined quality criteria.

19 By upstream product chain we mean here the economic structure providing the processor
(industrial or craft level) with the raw material (plant-based or other) necessary for their activity.
The downstream part of the chain (industrial production of a finished or semi-finished product) is
not included here because it is too diverse.
218 Natural substances in French Polynesia

Price
The price of the raw material must be set at a sufficiently attractive level
for a viable upstream product chain to be established. In French Polynesia,
this is probably one of the most critical points. The higher costs due to its
island geography and the French welfare system make the competitiveness
of some productions uncertain. This is particularly true of resources widely
available globally, such as tamanu. Competition from cheap labour countries
can only be resisted if economic use can be made of some markedly local
feature based on quality or image.

Setting up new upstream product chains


Start from market need
A productive industry can only develop if there is a real market need for
the product. Any other approach is more about welfare than economics. In
general, the development projects that have been shown to fail say, “We
have a product we can produce in quantity. We are going to market it and
at the end of the day we shall see if there are any customers for it.” Similarly,
asking an industrial entrepreneur, “What plant or source organism do you
need? We can produce it or harvest it for you” is also a recipe for failure. If
there is a proven industrial need, users will long since have devised their sup-
ply chain.
Consequently, market needs must be identified before any human or
material investment is made. This is particularly true for the cosmetics mar-
ket, which is both attractive and hard to penetrate. The brief on the cos-
metics industry in Annex 2 reflects a debate that clearly illustrates the com-
plexity and unpredictability of this market.
At this stage, it may be useful to call on the temporary or long-term help
of official bodies such as ONIPPAM (National industry board for perfume, aro-
matic and medicinal plants), whose knowledge of the national and interna-
tional markets for plants in terms of production and outlets can be invaluable.
Occasionally it is only later, at the research and development phase, that
market need turns out to be greater than originally predicted. It can then be
valuable to have anticipated conditions for production in the partnership
with the user. Generally speaking, this strategy requires close contact with
users and can be highly profitable, for two reasons:
Towards a strategy for the utilisation of … 219

■ frequent contacts engender trust, which is essential for any medium-


or long-term project;
■ studying a project at the R&D phase is a way of keeping ahead of
competitors.
The above remarks concern new products. For a finished or semi-finished
product that already has a traditional local market, a more institutional
approach is to study its potential for introduction into export markets. This
involves a reasonable initial investment in research on economic and regula-
tory aspects, which can be commissioned from specialist consultancies. This
takes us to the next point.
Closely examine the regulatory environment
For natural substances and products made from them, a crucial point in
assessing economic potential, market size or even marketability, is the regula-
tory environment. Numerous complex laws cover the methods and conditions
of use of plants in all spheres. Especially in areas where there is high demand
and high returns, and which are sensitive: foodstuffs, healthcare and cosmetics.
Special care must be taken to comply with legislation on plant-based
medicinal products and food supplements (two fast-growing sectors) so as
to choose the product chains that are most accessible and potentially prof-
itable for French Polynesia.
Medicinal products
There are three types of situation:
■ General case: the plant-based medicinal product is treated like any
other medicine. It must comply with all the requirements of a standardised
5-part application for a marketing licence (French AMM). This process is
notorious for its lengthy and complex protocols, not least for clinical trials.
■ Products with a “well-established medical use”: on condition they
comply with the defining criteria, they are entitled to a specially simplified
marketing licence application procedure, relating to toxicological, pharma-
cological and clinical studies.
■ “Traditionally used” products: for the moment these are subject only
to French legislation. But this is the sector where the greatest change is
expected, with the adoption or revision of major reference laws. The new
European directive adopted in December 2003 and published in 2004 is due
220 Natural substances in French Polynesia

to come into force as from 30 October 2005. By that date, Cahier n° 3 of


the French Health Products Safety Agency (Afssaps) is due to be withdrawn.
Note too the current revision of the “Alphabetical list of medicinal plants in
the French pharmacopoeia”, expected to be published soon.
Food products
Here there are two possible cases:
■ Foods regarded as “traditional”: provided they meet certain conditions
(e.g. that no claim is made for them other than as food, hence no thera-
peutic claims), no marketing license is required.
■ Innovative products making one or more health-related claims: in this
case a full product file must be submitted to AFSSA. This is a complicated file,
very similar to the marketing license application file required for medicines.
Food supplements
These are listed (along with nutrients) and defined in European direc-
tive 2002/46/EC as: “concentrated sources of nutrients or other substances
with a nutritional or physiological effect” (the Directive defines “nutrients”
as “(i) vitamins, (ii) minerals”). Food supplements are marketed in doses, e.g.
capsules, pills, sachets of powder. However, the concept of a “physiological
effect” has yet to be clarified, not only in the definition of food supplements
but also for medicinal products. An EU regulation is being drawn up on
foodstuffs for which health claims are made; this should make a more pre-
cise dividing line between the “health” and “food” spheres. By July 2007 at
latest, the Commission will present a report and appropriate measures for
other classes of nutrient (with a nutritional or physiological effect) used in
food supplements, such as essential fatty acids, fibres, plants, aromatic
herbs and their extracts, which are not covered by Directive 2002/46/EC.
This question should be monitored closely over the next three years, since as
that Directive sets 2007 as the deadline for harmonising legislation on these
products, and the exploitable plant resources the experts identified are can-
didates for this fast-growing business sector.
Cosmetics
All products meeting the definition in EC Directive 76/768 must comply
with the legislation introduced in that directive. For example, cosmetics
labels must include a full list of ingredients. All plants are permitted in cos-
metology with the exception of those listed as reputedly toxic (Annex II of
Towards a strategy for the utilisation of … 221

the directive). However, for natural and synthetic colourings only those on
the “positive” list are authorised.
In brief, 2003 and 2004 marked a decisive turning point in industrial use
of plant-based products, as the relevant basic laws were rethought or
updated. A winning strategy would be to pre-empt forthcoming legislation.
For the Territory and the trade organisations of the sectors concerned, this
would mean creating a surveillance system to monitor changes in these
fields and keep stakeholders informed.
Organise conditions for obtaining the resource
To create an upstream product chain in French Polynesia certain material
conditions must be met with regard to resource availability.
■ If the resource is sufficiently available in the wild, a structure must be
organised for harvesting it in a way that ensures its sustainability. This would
require resource management plans that take account of the impact of har-
vesting.
■ The necessary labour must be available.
■ It must be possible to cultivate the plant. For wild plants, this depends
on the success of domestication programmes.
■ The necessary land must be available. In this regard the Territory’s small
land area, divided among many small islands, and its land tenure structure, are
real obstacles – not necessarily insurmountable, but to be taken into account.
Put together an adequate technical environment
A structured product chain is not an autonomous entity entirely inde-
pendent of its surroundings. To set up and develop a product chain, the nec-
essary synergies and interconnections with the local economic fabric need
to be established.
One important asset is the presence of basic and applied research struc-
tures that can provide the necessary scientific and technical support. For utili-
sing natural substances, the competencies required are mainly to be found in:
■ chemistry and biochemistry laboratories, which will do the basic
research on the composition of the plant (or other resource) but will also, for
example, develop the necessary analytical methods for monitoring plant
breeding programmes or assessing wild resources. While the basic research
can be handled by geographically distant laboratories, the analysis side must
222 Natural substances in French Polynesia

necessarily be handled locally. Here the laboratories’ speed of response and


involvement in breeding programmes would be key factors for success.
■ biology laboratories more generally. Here again the basic research part
(botany, ecology etc.) can be handled by distant laboratories. But applied
research, particularly agricultural research and related fields, need not only
local laboratories but also local trial plots or experimental farms.
Another asset is the presence in French Polynesia of similar product
chains whose technical resources, infrastructure and know-how could be
used on a cooperative basis.
Horticulture is a good example here. Its technical resources and know-how
are needed for mass production of seed and nursery plants, for plant multi-
plication, in vitro propagation and conservation of useful genetic material.
For the industrial processing phase, the presence of a local food industry
may prove useful in providing possibilities of on-site first-stage processing (as
with the noni juice produced by Jus de Fruits de Moorea for Morinda Inc.).
Similarly, the drying ovens used in the food industry could be very useful for
dehydrating plant materials and preserving them for subsequent use. The lack
of such technological resources is often an obstacle for developing a product
chain. Because of the technological similarity between the food industry and
first-stage processing of natural substances, synergy is possible. It should be
exploited by systematically recording locally available technological resources.
Sound knowledge of the local technical and industrial environment is
generally an important precondition. The work of inventorying and net-
working with local potential will save considerable time and resources.
As well as this local work, support must be sought from specialist orga-
nisations in the medicinal and aromatic plants sector. We have already men-
tioned ONIPPAM; there are also technical centres like ITEIPMAI (Institut tech-
nique interprofessionnel des plantes à parfums, aromatiques et médicinales)
and others, specialising in agricultural research. Their economic and technical
experience of the sector and its myriad micro-markets will be of great value.
Assess the “psychological” environment
The willingness of potential natural resource producers to work in this
sector is an essential factor for success. Without that, the enterprise is con-
demned sooner or later, however keen the political and administrative
Towards a strategy for the utilisation of … 223

authorities may be to promote this option. The example of the noni indus-
try and the creation of the monoi GIE partnership are encouraging signs in
this connection. When producers organise themselves in cooperatives or
partnerships with official support, this is a good sign of their commitment
and suggests that subsequent introduction of a market regulation instru-
ment may be worth considering, for crisis management.
Conditions for product chain sustainability
Once the product chain is set up, its future must be ensured. This
requires action on several fronts.
Communication drives are among the first steps to consider. Any raw or
processed natural product needs to be promoted.
■ With a raw or only slightly processed material intended for use as an
ingredient in a formulation in whatever economic sector, it is best to work
with a distributor, preferably an international one, who has good contact
with potential users. The distributor will be best placed to perform the long
and exacting task of canvassing for customers. Direct marketing actions
(international trade fairs, a Website, press advertising etc.) can be used, pos-
sibly sharing costs with the distributor.
■ With a finished product, communication will depend on the marketing
strategy envisaged. But in all cases, with a new product from a geographi-
cally isolated territory like French Polynesia, an Internet strategy is a required
minimum.
Predictive R&D must also be planned for. This may be managed by the
producers’ industry federations, and would involve the following:
■ forecasting (if possible) trends in the technology for the product and
planning development work;
■ launching genetic and/or agricultural improvement programmes;
■ conducting programmes to characterise and assess the biological activ-
ity of the natural resources produced;
■ setting up research programmes to defend the product against any
imputation of harmfulness. This would mean, for example, toxicological
studies on the model of the clinical studies run by French growers of laven-
der and lavandin. Kava is a case in point: toxicology research to establish its
harmlessness or the conditions for possible toxicity could be performed by a
scientific structure under a French Polynesian or regional industry federation.
224 Natural substances in French Polynesia

Once production has started, economic forecasting should be continued


with a different focus. Trends in existing markets must be assessed, new
markets identified and the competition examined. This economic surveil-
lance will also be a guide for identifying the necessary scientific programmes
and decision making in resource allocation.
To conclude, although it is difficult to give more precise guidelines for
setting up product chains that are as yet only potential, the following points
should be noted:
■ These development actions should be conducted on the basis of mar-
ket demand.
■ There will always be a chance element; one cannot guarantee a prod-
uct’s market success.
■ Given the size and remoteness of the territory and the type of product
involved, it would seem best for French Polynesia to work within the frame-
work of the Secretariat of the Pacific Community.
■ To try to ensure the lasting commercial success of products derived
from French Polynesia’s biodiversity, and hence the success of their product
chains, effective legal protection appropriate to the products themselves and
their target markets must be set up.

Principles and methods of product protection


Below we examine some ways to profitably and sustainably commer-
cialise products derived from French Polynesia’s biodiversity and optimise
their utilisation. Giving a product a recognised legal identity protects its
material and intellectual characteristics (authenticity of the compound, orig-
inal features of know-how) from competition, adulteration and fraud.
First some general points:
■ Protection is only justified if there is a market, a real demand for the
product, or at least local outlets, and some competition.
■ Protection has a cost, and a cost-benefit assessment must be made.
■ Protection measures cannot substitute for the necessary investment to
promote the quality of the product.
Two main types of protection should be distinguished:
■ Geographical indication (GI), which covers both the simple “designa-
tion of origin” (DO) and the “controlled designation of origin (CDO–AOC in
Towards a strategy for the utilisation of … 225

France). This establishes a strong link between a product and a local area. To
obtain this label, producers and product chain must be well organised and
must have the help of the authorities.
■ A registered trademark. This provides good legal protection interna-
tionally. It is the main system used in most of the world, particularly the
United States.
Both trademarks and geographical indications protect a product’s repu-
tation rather than innovation, are suitable for agricultural produce, and
apply to segmented markets where competition is based on differentiating
products rather than on price. But they differ in nature and extent (see box
below), and therefore cannot both be used on the same market. A geo-
graphical indication cannot be imposed on a market where a trademark of
the same name exists. A choice must therefore be made between the two
systems, depending on the product concerned and its target market and on
the basis of precise data.

A trademark is suitable for A Geographical indication is suitable for


■ products with only ■ products highly typical
a weak link with the local area of the local area
■ products whose production zone ■ products for which there
is too large or too small for a GI is a local market
■ products whose specific features ■ top range quality products
derive from assembly
or a selection of inputs
■ products subject to ■ products with shared characteristics
variability in the market produced by a producers’ collective
■ products requiring
strong international protection
It is the only system recognised This system is recognised in Europe.
in the United States.
Source: paper by BOISVERT (see CD-ROM).

For the same reasons, any proposal to organise or reorient a product


chain must be based on a wide range of detailed data. It would be especially
useful for future initiatives to assess experience with the “Monoi de Tahiti”
226 Natural substances in French Polynesia

DO and other attempts to develop product chains, and to closely monitor


initiatives elsewhere in the region involving biodiversity, its utilisation and
the protection of the resources deriving from it.
Geographical indications (GIs)
These apply to a particular area for a particular product, and all produc-
ers of that product in the protected area can benefit provided they comply
with the specifications. These are thus collective, inalienable rights.
These rights concern not innovation but the reputation of a product
known by the public for its particularities and requiring specific technical
know-how for its production. A GI thus helps to develop a market among
customers attuned to the local area/product connection, environmental
issues and socio-cultural traditions. A GI is not suitable for a “new product”
or for raw materials. A GI can only be obtained for an application that is the
same as the traditional use. There are various forms of GI in the European
Union: “designation of origin” (AOC in France), “protected geographical
indication” and “guaranteed traditional speciality”. For the European mar-
ket, producers can thus choose the formula best suited to their product.
GI applications need considerable institutional and organisational back-
ing, technical advice, legal assistance, training etc. However, there are few
technological requirements.
Geographical indications as such have enjoyed international protection
since the Lisbon agreement of 1958 on “Protection of designations of ori-
gin and their international registration”. For admission to the international
register, run by the WIPO20, a geographical indication must first be pro-
tected in its home country. It provides very strong protection, and the crite-
ria are so strict that only 20 countries have signed the agreement, which
considerably reduces its range. The GI system, reworked by the TRIPS21
agreement, mainly benefits European countries, which account for 95% of
registered appellations.

20 WIPO: World Intellectual Property Organisation. This United Nations agency has 180 member
States. Its mission is to “promote the protection of intellectual property” and co-ordinate world
policies on patents, copyright and trademarks.
21 The TRIPS agreement (Trade-Related Aspects of Intellectual Property Rights), signed in 1994 at
the WTO (World Trade Organisation), is intended to integrate intellectual property rights (author’s
copyright, trademarks, patents, etc.) into the GATT/WTO system.
Towards a strategy for the utilisation of … 227

International protection of geographical indications is explicitly guaran-


teed by Articles 22 to 24 of the TRIPS agreement. Products already protected
by a geographical indication in their home country are protected in all mem-
ber countries, and the name protected by a geographical appellation cannot
be used as a trademark. However, there are exceptions to this protection:
■ if the name is considered generic and is already widely used without
reference to the product’s initial home area;
■ if the name was already a registered trademark before the geographi-
cal indication was applied for. In other words, if a foreign firm has already
registered the name of a product associated with a geographical origin or
place-name, it is too late to apply for a geographical indication.
■ if the product is no longer made in its original home region or is not
protected in its home country.
To sum up, GIs are mainly suitable for finished products on the consumer
market. If applied to intermediate goods used by manufacturers in formula-
tions, there are additional limitations (e.g. percentage of the finished prod-
uct) which can make it difficult to develop its market. One example is an
essential oil of lavender whose AOC nearly failed for lack of commercial utili-
sation. At present, this AOC is mainly used for small quantities sold via retail
outlets for aromatherapy rather than high-volume industrial production.
Similarly, this type of certification is of little use in the pharmaceuticals sector.
Trademarks
Unlike a geographical indication, a trademark is the property of an indi-
vidual or group, who may sell, bequeath or otherwise dispose of it. The
owner retains the right to the trademark if they delocalise production. The
company may choose to evoke tradition or a particular link with a local area
in its advertising, but is under no obligation to provide evidence in support
of such a claim. A trademark can protect a new product, or a new use of a
plant already used in traditional practices, or a preparation in which the tra-
ditional product is only a minor ingredient.
The greatest limitation on this form of protection is probably its high
cost, e.g. for trademark registration procedures, continual marketing
expenses, the indispensable legal services to monitor and sue counterfeit
imitations and other breaches of trademark law, etc.
228 Natural substances in French Polynesia

Two types of trademark may be of interest for natural substances in


French Polynesia: collective trademarks and certified trademarks.
■ Collective trademarks may be held and managed by a group of produc-
ers, an industry federation, a non-profit body, etc. Since a producers’ group
owning a collective trademark decides on the conditions of its use, this sys-
tem makes it possible to establish a similar framework to that of a geograph-
ical indication, but is less restrictive. For example, there is no obligation to
show that the activity is a traditional one, or that all inputs are of local origin.
■ Collective trademarks can be certified, which involves an outside
organisation certifying that the arguments put forward by the owners of the
trademark (origin of the product, production method, etc.) are authentic.
This form of protection is used particularly by Native American communities
for marketing their handicrafts. Extensively used in North America, it is
beginning to spread to South America: certification is provided by indige-
nous organisations or the administrative bodies in charge of indigenous
groups. In those cases it it is being used to earn profits from traditional
knowledge rather than raw materials.
Trademark versus GI
Trade names referring to a geographical origin are common in the United
States and Japan. Registration of Amazonian place names as trade names in
Japan has recently caused a stir in Brazil, where it has been denounced as a
form of biopiracy. In the event of conflict between a trademark and a GI, the
GI cannot be used in a market where there is already a trademark of the
same name (e.g. “Tahitian noni” and the many similar names registered by
Morinda Inc. in the USA and Europe). It is therefore pointless to invest in a GI
if one is targeting the US or Japanese markets. A trademark, or a trademark
with a geographical reference, is more appropriate.
Dual protection is possible. If some producers in an area covered by a GI
marketed their produce under a trade name, they would be able to take all
the benefits of investment in more closely targeted advertising, communi-
cation and marketing strategies.
Other quality labelling options
“Organic” certification under current European directives is one possibil-
ity. On the face of it, this solution seems well suited to the local context:
■ It is suitable for small-scale farming.
Towards a strategy for the utilisation of … 229

■ It requires more labour than the dominant mode of farm production.


■ It has a good image among consumers in developed countries.
■ It offers more attractive prices.
■ Organic production is now recognised for cosmetics ingredients.

Organic farming certification is suitable for foodstuffs and now also for
cosmetics, though the regulations on this latter are very recent and the sit-
uation needs to be studied. Organic farming is of almost no interest in the
pharmaceutics sector; medicinal products are excluded from organic certifi-
cation and organically-produced raw materials are more expensive.
Another possibility would be to discuss with users, case by case, the possi-
bility of an exclusive contract for local products. This way of working can be a
strong incentive to the user as it enables him to develop exclusive marketing.
In this case:
■ To prevent a manufacturer acting simply to keep a competitor out of
the market, they must commit to buying a certain volume and/or to a cer-
tain value.
■ The contract must be a long-term one.
■ The territory concerned must retain the rights over the use of its image.

To conclude our examination of protection methods, a clear and perma-


nent distinction must be made between two issues that were combined in
the questions the panel of experts was asked to address. Studying possibili-
ties for sustainable, profitable marketing of products based on natural sub-
stances is a quite different issue from that of identifying promising active
compounds. The first step towards commercial use of natural substances is
to advance from the substance identified as potentially of value to a prod-
uct. In this regard the endemism of the plant or the originality of the com-
pound are not sufficient criteria for defining the distinctiveness or unique-
ness of the product. Other determining factors would be the methods or
technical knowledge required to process the raw material into a marketable
product, its differences compared to similar products, the corresponding
costs, etc. A product can be unique without being made from unique sub-
stances, and the uniqueness of a substance will not necessarily be recognised
as such by the market. The very purpose of a trademark is to give products
a strong identity to differentiate them from others of the same type.
230 Natural substances in French Polynesia

Table 6 – Summary of Group 1 Plant products

PRODUCTS AND STATE OF ENVIRONMENTAL AND


ACTIVITY SECTORS R&D SOCIO-ECONOMIC IMPACTS

SPECIES: Calophyllum inophyllum

– Tamanu oil: finished – Characterisation – Currently harvested mainly from the wild
or semi-finished product, of specific properties – Resource management plan to be set up if
local marketing. of local oils for promotion product used on larger scale, with cultivation
COSMETICS INDUSTRY as authentic local products to meet possible increase in demand
– Opportunity to diversify islands’ economies

– Tamanu oil: raw material – Development – Cultivation necessary for exploitation


– Ingredient or of purification processes on a larger scale to meet possible increase
formulation for to produce oil with high in demand
COSMETICS INDUSTRY
value added

Plant extracts: source – Active anti-cancer – Low


of anti-cancer compounds compounds under
PHARMACEUTICALS development

SPECIES: Gardenia taitensis

Monoi: finished or – Quality improvement – Cultivation


semi-finished product for research under way (small-scale mode of production)
COSMETICS AND PERFUME or to be followed up
INDUSTRIES
(local and international
markets)
Monoi: raw material – Quality improvement
(ingredient or formulation) research under way
COSMETICS INDUSTRY or to be conducted

SPECIES: Ilex anomala

– Caffeinated beverages: – Several stages to be – Resource management plan to be set up


FOOD SUPPLEMENTS completed (see product for utilisation of this resource,
– Ingredient for herb teas data sheet and papers by with domestication trials
PHARMACEUTICALS Weniger, Barbin and
Fourasté on CD-ROM)
Towards a strategy for the utilisation of … 231

Table 6 – Summary of Group 1 Plant products

STRONG POINTS WEAK POINTS COMMENTS AND RECOMMENDATIONS

SPECIES: Calophyllum inophyllum

– Oil quality depends – Species widespread – Knowledge of modes of production not yet
on Polynesian resource in Pacific and Indian Ocean sufficient to define suitable utilisation
and/or preparation method – Local market still small, and protection approach
– Product promotion could with low value added – Registration of collective trademark
be closely linked to strong recommended
local-area image
– Product (oil) processed – French Polynesia poorly
locally positioned for mass
– High price production unless focus
is put on quality
– Molecules with strong – French Polynesia poorly – If these compounds are marketed, the oil
therapeutic activity positioned given the state can become a useful renewable source
isolated of progress in R&D of pyranocoumarins, since pyranocoumarin
production from latex gives low yields.
The fact that it contains compounds
with strong biological activity could act
as a barrier to its use as food supplement
or in cosmetics, as it brings the oil within
the ambit of medicinal product regulations.
SPECIES: Gardenia taitensis
– AOC – Positive effets of AOC on local products to
– Good match between be assessed
small-scale production and
current state of market
– Good match between – Efficacy too poorly – Possible negative effects of AOC due to
small-scale production and demonstrated to convince restrictions it places on new formulations
current state of market formulaters
– Demand still weak

SPECIES: Ilex anomala


– Potential resource – Several stages – Priority: market research for caffeinated
for an existing market, to be completed before beverages (outsource to specialist
good likelihood of meeting production stage consultancy)
specific regulatory – Insufficient data to – Depending on market research results:
requirements for confirm long-established research (chemistry-pharmacology) into the
caffeinated beverages local uses Polynesian resource
– Research into traditional uses22
22 Confirmation of long-standing local use is an important factor under European regulations on “well-estab-
lished medicinal products” or “traditional herbal medicinal products” (cf. paper by Fourasté on CD-ROM).
232 Natural substances in French Polynesia

Table 6 – Summary of Group 1 Plant products

PRODUCTS AND STATE OF ENVIRONMENTAL AND


ACTIVITY SECTORS R&D SOCIO-ECONOMIC IMPACTS

SPECIES: Morinda citrifolia


Noni: – Product thoroughly – Resource management plan to be set
– Main market: juice and researched (fruit) up for utilisation of this resource,
purée (fruit) – Chemical and therapeutic with domestication trials
FOOD SUPPLEMENTS characterisation of leaves
– Ingredient for fruit juices to be conducted
in Europe
FOOD INDUSTRY
– Source of anticancer – Active anti-cancer
compounds and anti HIV under
PHARMACEUTICALS development

SPECIES: Piper methysticum


– Kava: traditional local – Renewed research into – No identifiable impact: consumption
drink and food supplement noxious effects of kavalactones marginal in French Polynesia
FOOD SUPPLEMENT (upgraded to regional level) (except Marquesas islands)
– Herbal medicine – Chemical and agronomic
characterisation of local
cultivars to be followed up23

SPECIES: Santalum insulare


– White sandalwood: oil – Characterisation – Resource now seriously endangered
PERFUME INDUSTRY of the Polynesian resource – Much work required to bring plant under
on-going24 cultivation before reaching production phase

SPECIES: Tephrosia purpurea


– Extract of root: – Species thoroughly – Abundant resource, cultivation possible
crop protection products researched but analysis – Possible to supply products slightly
(insecticides, pesticides) of rotenoids in the processed, hence low cost, for integrated
PHYTOPHARMACEUTICALS Polynesian resource crop management on isolated islands
– Ground plant: has yet to be conducted
green manure
SPECIES: Vanilla tahitensis
– Vanilla Included in Group 1 because of the particular features of its chemotype,
FOOD INDUSTRY but the species has been thoroughly studied (see data sheet on the species)
and current research is in agronomy; the product chain is well organised
and well supported; good prospects for profitabilty.
23 This work can be done for a doctoral thesis, requiring little investment. However, revival of pharmaco-
logical research to ascertain the safety of kava should be conducted on a regional level involving the other
Pacific zone countries concerned.
Towards a strategy for the utilisation of … 233

Table 6 – Summary of Group 1 Plant products

STRONG POINTS WEAK POINTS COMMENTS AND RECOMMENDATIONS

SPECIES: Morinda citrifolia


– Market for fruit-based – Market responsive to – Marketed largely controlled by one firm,
food supplement booming communication; claims often advertising on the basis of superior quality
(but how long will it last?) go far beyond scientifically of French Polynesian noni
– Ditto for leaves demonstrated properties – Despite good image, local product
– Numerous patents not sufficiently distinct for an AOC
already registered (all fields)
– French Polynesia poorly
positioned in R&D
on anti-cancer drugs

SPECIES: Piper methysticum


– Consumption – Food supplement market – Product at present a subject
of the drink is reviving shrinking sharply of heated debate, outcome uncertain
in the Pacific zone and dependent on (in Europe particularly)
regulations in force – Characterisation studies should be
– Little future in conducted under a regional initiative
pharmaceuticals, to preserve local cultivars
limited to a few countries

SPECIES: Santalum insulare


– Polynesian resource – Long period of work
has original features, before production phase
promising, and high
value added
SPECIES: Tephrosia purpurea
– A real market in organic – Use in organic farming – Closely monitor regulation trends
crop protection for an raises debate as to how in countries where organic farming
easy-to-produce resource harmless it really is is widespread
– Economic use of roots
technically and financially
difficult

SPECIES: Vanilla tahitensis


Included in Group 1 because of the particular features of its chemotype, but the species has been
thoroughly studied (see data sheet on the species) and current research is in agronomy; the product
chain is well organised and well supported; good prospects for profitabilty.

24 Advisable to pre-empt regulatory restrictions by verifying absence of allergenic compounds listed in


7th amendment to the Cosmetics Directive.
234 Natural substances in French Polynesia

Nor need one necessarily aim for differentiation, extreme specialisation


or niche market. Most resources identified by the experts are already found,
or could be cultivated, throughout the South Pacific. The question is
whether it is opportune to differentiate these competitively from similar
products; a cooperative regional approach might prove more advantageous
for all concerned.

SHORT-TERM UTILISATION OPPORTUNITIES


This is where the two types of work conducted for the review meet up.
Table 6 takes the reader from the species whose properties are given in the
corresponding data sheets to the products made from them and the busi-
ness sector in which they can be used (column 1).
Correlating the data in the specialist chapters, columns 2 to 5 give indi-
cators for identifying opportunities for developing Polynesia’s main prod-
ucts: the state of R&D work, environmental and socio-economic impacts,
strong and weak points (taking account of regulatory constraints particu-
larly). Column 6 gives comments and recommendations with a view to iden-
tifying the most important actions to take.
Extending the field covered in Table 4 to all Group 1 substances, this
chart provides a scorecard for their utilisation and a matrix of the experts’
conclusions on plant-based substances.

PROSPECTS FOR UTILISATION


Natural marine substances
In view of the vast biological diversity of French Polynesia’s marine organ-
isms, the current state of knowledge about them and the number of poten-
tial applications, it is obviously difficult to design a single strategy for bring-
ing them into commercial use. Different strategies will be required for
different organisms and markets.
The table below illustrates the diversity of the marine organisms and of
their application sectors, justifying the adoption of a range of strategies.
Towards a strategy for the utilisation of … 235

Table 7 – Brief survey of potential sectors


for utilisation of marine organisms
Application fields Organisms Molecules
considered (examples)
Cosmetology Macro-algae
and dermocosmetology Micro-algae Secondary metabolites
Cyanobacteria Exopolymers, oligomers,
Bacteria enzymes
Fungi
Environment Macro-algae Enzymes
(e.g. : antifouling, Micro-algae Biodegradable polyesters
detoxification, …) Cyanobacteria Exopolymers
Bacteria Biocaptors
Oil industry Bacteria Exopolymers
(e.g. : assisted recovery
of oil)
Feed and food industry All organisms Enzymes, exopolymers,
metabolites

Pharmacology/health All organisms All metabolites

Source: paper by GUEZENNEC, DEBITUS (see CD-ROM).

The following points clarify the table:


■ Because of its extensive north-south territorial spread, French Polynesia
has a valuable range of biological diversity from tropical organisms in the
north to temperate ones in the Austral islands.
■ Because the Polynesian island groups are widely scattered, the taxo-
nomic inventory is still limited to the main islands of the Society, Tuamotu
and Austral archipelagos (Rapa biodiversity workshop, 2002).
■ Only the major groups – corals, fish, molluscs, echinoderms and
algae – have received particular attention; knowledge of the other inverte-
brate groups is still fragmentary.
236 Natural substances in French Polynesia

In this situation, the experts see no reason for considering one channel
for utilisation rather than another. The uses found for micro- and macro-
organisms will also necessarily differ according to the method by which
extracts are obtained, both at the pre-screening stage and at the develop-
ment stage.
However, as stated in the conclusion to our presentation of the marine
resource potential, the most appropriate line of action towards utilisation in
the short and medium terms seems to be to build up collections. As a rule,
this approach should include the following strands:
■ sampling;
■ establishing collections;
■ establishing and managing a molecule bank;
■ improving knowledge of these molecules’ chemical and physico-chem-
ical properties and biological activity by specific studies and/or directed
screening;
■ developing screened molecules (choice of strategies);
■ producing molecules and/or extracts at pre-industrial and industrial
level prior to marketing.
Further details on this will be found in the paper by Guézennec and
Débitus (on CD-ROM); here we will simply point out that the questions of
intellectual property, depositing micro-organisms, patenting (including co-
ownership), licensing out (patents, exploitation) and industrial property,
should be considered at a very early stage.

Bioprospecting and collections:


establishing a technology hub in French Polynesia
General remarks
In the 1990s there was a veritable revolution in the bioprospecting field,
with the introduction of robotics for pharmaceutical screening and the
development of high-throughput screening (HTS). To date, the main sectors
concerned are health/therapeutic drugs, cosmetics and agrochemistry.
To run their HTS equipment, firms purchase entire collections of products
or extracts. Supplying marine or land plant or animal extracts has thus become
an economically viable prospect for a local institution, community or company.
Towards a strategy for the utilisation of … 237

Under the CBD system, bioprospecting programmes are negotiated in


the legal form of agreements between the States, resource suppliers seek-
ing to benefit from their resources, and user firms or scientific organisations.
Benefits to be expected from this new activity are:
■ Financial returns from the sale of samples or extracts, from screening
work and identification of bioactive compounds, royalties on industrial appli-
cations of the active principles supplied or derived from samples sold, etc.;
■ Resulting scientific and socio-environmental impact, employment
particularly.
The challenge for French Polynesia is to develop these activities on its own
territory as far as possible, to draw maximum benefit from all their impacts.

For a “natural substances” technology hub in French Polynesia


The expert group review does not cover the 80 to 90% of endemic plants
for which there are no bibliographical references to scientific research. It is
therefore fair to say that the situation is comparable to that for marine sub-
stances. We suggest creating a technology hub to develop both marine sub-
stances and bioprospecting in French Polynesia. It would do the work of
prospecting and collecting substances and organisms, conservation, and
characterising and extracting potentially useful compounds in place of and
on behalf of scientific organisations or industrial firms.
The technology hub would set up and manage banks of
■ marine micro-organism strains;
■ extracts: herbaria, samples and extracts of plants and marine organ-
isms (to estimate the number of harvestable samples);
■ laboratory-isolated compounds.

It would thus play a more diversified and strategic role than simply sup-
plying biological material, and could be in a position to stimulate or even ini-
tiate utilisation projects in collaboration with the research community and
industry. Until now, the initiative in this field has been left to private enter-
prise, but other options are open which, with public-private partnership,
would leave room for the interests and development of both parties. A
State-owned body or other structure geared to the public interest, manag-
ing collections and directing the entire system, could be considered.
238 Natural substances in French Polynesia

To design and implement such a project,


■ It would be advisable to consult with the managers of the national
Chimiothèque programme, a federation of collections run by the CNRS.
■ Given the wide scatter of the islands and the high rate of endemism,
sampling surveys would have to be organised under strict control, with con-
servation measures including cultivation and in vitro conservation of the
most endangered species.
The facilities and equipment required are as follows:
■ Sampling facilities including a herbarium and properly managed and
updated collections, and equipment for in situ conservation of marine or
plant samples.
■ Facilities for extracting and formatting extracts, including:
– Fractioning and placing on standard plates called “mother plates”, estab-
lishing a stock of samples available for subsequent pharmacological testing;
– Isolation and dereplication, for rapid identification of common com-
pounds of little interest. The basic equipment for this is a dilution robot suit-
able for high or medium throughput; on the face of it, medium throughput
seems sufficient. This could be done in French Polynesia, as it has several
efficient chemistry teams.
■ Specific biological screening, for selecting active extracts from targets
chosen by biological tests. Local teams could develop and use easy, reliable
tests in collaboration with medical biology research teams such as those at
the Institut Louis-Malardé.
Automated (randomised) biological screening: this stage requires costly
equipment and specialists in pharmacology and engineering (miniaturisation
of tests, automation, then confirmation tests). Both conditions seem difficult
to fulfil locally.

Value and feasibility of the technology hub


One major conclusion can be drawn from this brief overview of poten-
tial bioprospecting in French Polynesia. While the robotised biological
screening stage seems to be beyond the reach of French Polynesia, all the
other activities mentioned could be developed to advantage. Production of
test plates for subsequent biological screening would also be a way of diver-
sifying partners. These are directly economically useful activities, productive
Towards a strategy for the utilisation of … 239

activities that generate income and employment, not to mention higher


training for young Polynesians and the benefits that would bring them.
Biotechnology companies are interested in a development of this kind.
The existence of biobanks and extract banks would free them of the need
to go through the formalities of PIC themselves, and of having to conduct
“blind” prospecting operations. In other situations, firms such as Servier,
Astra Zeneca, Pharmamar and Pierre Fabre have in practice favoured such
a system providing them with pre-selected samples. Establishing collections
and extract banks also makes it possible to initiate R&D projects and closely
involve local stakeholders in those projects. Extract banks also provide a
way to partly overcome the delicate problem of control (see legal approach
section). Because the extract collections provide extracts rather than strains,
companies wishing to develop a product must apply to the collection for
further supplies (unless they intend to synthesise the compound).
Accessibility can thus be controlled at source, at least during the initial
phase of development.
Establishing micro-organism collections seems to be a particularly prom-
ising prospect, for a number of reasons. Furthermore several ventures of this
kind, either public sector or private, in French Polynesia and elsewhere, have
been successful. The Australian Institute of Marine Science (AIMS), for
example, has been in operation since 1972. The Instituto Nacional de
Biodiversidad in Costa Rica (INBIO), a private scientific institution of public
interest, specialises in collection, processing, production and sharing infor-
mation on biodiversity. In the Indian Ocean, in La Réunion, ARVAM (Agence
pour la recherche et la valorisation marines) provides liaison between
research and decision makers in the environment and development fields25.
The private company Pharmamar in Spain is a leader in this sector. And in
Tahiti itself, the firm Biolib makes and screens extracts from its collection of
bacteria and cyanobacteria.

25 Given the current interest in micro-algae because of their role in marine ecotoxicology (preven-
tion of public health risks) and their pharmacological potential, ARVAM, with support from the
Réunion authorities, has established a collection of micro-algae isolated from sea beds around la
Réunion and neighbouring islands (Phytobank). Each strain entering the facility is identified, clas-
sified and worked on in partnership with other laboratories: CESAC of Toulouse-III University, the
cryptogamy laboratory at the MNHN in Paris, etc. Phytobank already has cooperation schemes with
industrial firms.
240 Natural substances in French Polynesia

There are four particularly important factors for a technology hub proj-
ect of this kind to succeed:
■ Given that in French Polynesia there are few private structures with
adequate resources to start such a venture, the authorities will have a deci-
sive part to play in supporting project initiators, many of which would be
State-owned institutions such as EPICs. The authorities could even trigger
the process by creating business incubators. As no major investment is
required to set up a strain bank, this does not seem to be beyond the reach
of the French Polynesian authorities.
■ French Polynesia has one valuable asset: a local scientific and technical
infrastructure, including the University of French Polynesia, IFREMER and the
Institut Louis-Malardé, capable of supporting the creation of strain banks.
With more staff and technical resources, the Institut Louis-Malardé in par-
ticular could take charge of part of these service provision operations. It has
had a natural substance research laboratory since 1991. Since 1998, this
laboratory has concentrated on certain species used by traditional healers in
the Pacific region, analysing the chemical composition associated with their
biological properties. One of the key functions of the GEPSUN biotechnol-
ogy facility could be to co-ordinate and stimulate these institutions.
■ If the idea is adopted, it will undoubtedly be in the interests of the
French Polynesian technology hub to join the network of Biological Resource
Centres (BRCs) now being formed. This is an OECD initiative to network
plant, animal, microbial and human material collections under the name of
BRCs. Its goals are to encourage rationalisation of the content of the mis-
cellaneous, scattered collections that now exist, promote quality in these
collections, and transform them into a strategic instrument by developing
their service activities (storage, supply etc.), so improving the utilisation of
their content under scientific cooperation arrangements. Headed by the
French Research Ministry, a network of collections is being formed, which
the administration intends to institute a kind of “BRC label”, with financial
aid for BRCs that adopt a “charter” of rules. The rules cover conservation
and processing of biological resources, declaration of this activity to the
Research Ministry, release of the credits needed for staff and equipment, etc.
Linking the French Polynesian initiative to the BRC system would improve
quality assurance in the eyes of partners, researchers and manufacturers and
also make it possible to obtain public funding. This could even include aid
to develop scientific co-operation, since one of the missions of France’s
Towards a strategy for the utilisation of … 241

Consultative Committee on Biological Resources set up in February 2001 is


to develop links between French BRCs and biotechnology companies.
■ To take this option, the project’s legal implications must first be thor-
oughly assessed. To build a collection, the legal status of the extracts sup-
plied must be established. Bilateral legal relations between supplier organi-
sations and their partners are generally clearly set out in the contract. As a
rule, this is an MTA (material transfer agreement), but a service provision
contract may be suitable if the partner sub-contracts some research to the
supplier organisation. Whatever the type of contract, it sets out the rights
and obligations of each party. But it does not determine the question of
legal relations between the parties and the country or territory where the
specimens were taken. Particular points to clarify are (a) whether the organ-
isation holding the collections owns them or merely manages them, and (b)
in either case, who will receive possible benefits. Broadly speaking, there is
no reason why these organisations, public or private, aided or not by the
authorities, should not fall under the future PIC – in the first place because
the authorities must be able to properly assess the ecological impact of their
systematic prospecting activities, and in the second place the collections’
resources will mostly have been acquired on publicly-owned land, some-
times on the recommendation of local communities or using their informa-
tion. These communities might oppose utilisation if, in the long run, the use
of inventions developed from them may harm their collective interests; this
is why the ABS system takes the question of collective interest into account.

RIGHTS OF LOCAL COMMUNITIES AND COLLECTIVE INTEREST


The collective interests in question
The law on access to biodiversity under the CBD has been designed to
meet two goals regarded as intrinsically linked: equitable transactions, and
sustainable use of biodiversity. In the long run local communities will oppose
bioprospecting unless the system allows for some of the profits from bio-
prospecting to be allocated to their benefit and to conserving biodiversity. In
other words the system has no scientific, technical and political future unless
some of the benefits are genuinely reallocated rather than being entirely
absorbed by the institutions of the State.
242 Natural substances in French Polynesia

As regards conservation, reallocation can take many forms, from alloca-


tion of funds to the institutions responsible for environmental protection to
the creation of a trust fund (on the Indian model, for example). What is
important is that the ABS rules should explicitly incorporate the principle.
The question with regard to local communities is more complex. Article 8
(j) of the CBD states that
“Each contracting Party shall, as far as possible and as appropriate, (…)
subject to national legislation, respect, preserve and maintain knowledge,
innovations and practices of indigenous and local communities embodying
traditional lifestyles relevant for the conservation and sustainable use of bio-
logical diversity and promote their wider application with the approval and
involvement of the holders of such knowledge, innovations and practices
and ENCOURAGE THE EQUITABLE SHARING OF THE BENEFITS ARISING FROM THE UTILISATION
OF SUCH KNOWLEDGE, INNOVATIONS AND PRACTICES.”

This provision acknowledges that, among the inventions based on bio-


logical resources, some rely on input from local or indigenous communities.
It is therefore logical that these communities should be involved in the sys-
tem established by the CBD – consent for collecting, sharing the resultant
benefits – especially as these communities and their practices are an essen-
tial factor in managing sustainable use of biodiversity. On these grounds,
some States, in line with the work of international institutions, have planned
for indigenous and local communities to participate in the ABS system. The
Secretariat of the Pacific Community has recently drawn up a “Regional
Framework for the Legal Protection of Traditional Knowledge and
Expressions of Cultures in the Pacific Islands”. This document examines the
question of protecting and remunerating knowledge. It has done this in
response to demand from the region, where people consider that traditional
knowledge and cultural expressions are being increasingly exploited and
inappropriately marketed (see the paper by Noiville for an examination of
this document and its relevance to the French Polynesian situation).

Is Polynesia a special case?


Polynesia has a strong cultural identity, but it is sometimes said that it
does not have a marked sense of aboriginality. It is also said that the French
institutional architecture prevents recognition of the indigenous communi-
Towards a strategy for the utilisation of … 243

ties’ specific rights. This is not the place for an in-depth discussion of these
assertions, but two points should be noted:
■ A legal point: whatever the facts about a sense of aboriginality in
French Polynesia, the territory has local communities that take part, and will
take part, in supplying resources. Given that the CBD puts village communi-
ties and indigenous populations on an equal footing (see Article 8-j), the
right to “equitable sharing” concerns all local communities. Furthermore,
legally, there is nothing to prevent a State that does not recognise the exis-
tence of indigenous communities in law from recognising their particular
features and allowing them certain benefits.
■ A social and economic point: in Polynesia as elsewhere, villagers or tra-
ditional healers are liable to divulge knowledge (of various types and use-
fulness). This knowledge has, or is likely to have, commercial implications.
One way or another, they will make a contribution, if only a passive contri-
bution, to the development of future innovations. Therefore the rights of all
– State, prospectors, local and indigenous communities – should be clearly
decided. Otherwise, transactions may be seen as unfair or unjust and con-
flicts of interest may arise.
244 Natural substances in French Polynesia

Conclusions and recommendations

Defining a policy that will foster utilisation of the potential of French


Polynesia’s natural substances will mean making choices that are ecologi-
cally, economically, socially and culturally sustainable. It is in this spirit that
the panel of experts has set about answering the important questions raised
in the review specifications. Below we present our conclusions by grouping
those questions under three headings.

What potential and comparative interest


does French Polynesia’s biodiversity hold?
Our examination of its marine and terrestrial resources has shown that
French Polynesia has significant biodiversity assets, although the land
plant resource is less abundant than in some continental ecosystems,
owing to extensive colonisation by continental species. On the other hand,
insularity and climatic factors have generated a high rate of endemism and
originality.
This leads to the idea that a realistic assessment of these assets in
terms of possible utilisation must include not only a scientific evaluation of
the resource (the first essential) but also an assessment of French
Polynesia’s advantages and disadvantages. Among the advantages are the
country’s image and the typicality of some products; disadvantages
include the small area of arable land, high production costs and distance
to major markets.
The expert review also highlights the fact that much has yet to be
done to improve knowledge of Polynesian biodiversity. For marine organ-
isms this is flagrantly obvious, but even with land plants, which have been
fairly well studied taxonomically, precise data on the species’ bioecology
(population structure, accessibility, infraspecific varieties) are lacking. On
these aspects, which are important for utilisation, the expert review pro-
vides new information in the species data sheets. This research should be
continued.
Conclusions and recommendations 245

Exploited and exploitable natural substances


Our examination of the types of economic utilisation of those natural
substances that are currently exploited shows some major features and pin-
points lessons that can be transposed to new forms of exploitation of living
resources.
■ The first conclusion is that research to characterise species biochemi-
cally and pharmacologically should be continued. For plant-based sub-
stances this obviously concerns species not yet exploited and for which the
experts have identified usefulness and suggested directions for research. Ilex
anomala is one of the best examples. But it also applies to hitherto unex-
ploited plant parts of species already in use, such as the leaves of Morinda
citrifolia, only the fruit of which (noni) is marketed as yet.
■ A second set of conclusions concerns markets for French Polynesia’s
products. Broadly speaking, niche markets predominate; it is they that best
match the territory’s aptitudes and assets. The quality aspect is therefore
extremely important. This is illustrated by the quality management applied
to vanilla and monoi, and which it would be advisable to apply to tamanu.
With products intended for niche markets, product protection is strategically
important. This means establishing their distinctiveness with an identifying
quality indication; the monoi DO is a good example of this. It is advisable to
consider all existing forms of protection and choose the one best suited to
the product and the market. A key point here is that patenting is not the
only way to protect a product, nor always the best.
■ The third set of conclusions concerns product chains. We have seen
how different the existing product chains are (copra/coconut oil, noni,
monoi and vanilla), due to the nature of their production processes, their
markets, and the objectives set for some of them. There is no single prod-
uct chain structure to refer to for guidance as to how to support the devel-
opment of new ones. Each case should be examined to consider different
possibilities (but within the framework of an overall strategy; we will return
to this point). We have also seen that to better understand the factors that
led to the success of the noni and monoi industries, it would be advisable to
conduct an audit to analyse and assess them. As regards forms of public aid
to innovation, we find that although financial incentives are not lacking, a
proper system is needed to support innovative projects (e.g. by putting them
in contact with potential investors) and young businesses (start-up incuba-
246 Natural substances in French Polynesia

tors). French Polynesia would be well advised to strengthen its links with
existing innovation networks in metropolitan France and internationally.

Major trends in markets and regulations,


R&D orientations by utilisation sector
Commercial use prospects for natural substances may be either:
■ immediate, in which case the key factor is the market or markets;
■ deferred, in which case the first question is to decide what course R&D
should take.
It was not part of the experts’ mission, nor within their competence, to
make a market survey in the technical meaning of the term. However, they
have classified the markets for natural substance based products into a few
major types:
■ Promising markets. At present these are the cosmetics market and
“new foods” (“health” foods, food supplements sold with health claims).
These are versatile, highly responsive to communication drives, and strictly
regulated. For these product chains, it is therefore of vital importance to
monitor trends in regulations. Table 6 gives useful guidelines for these prom-
ising markets.
■ The therapeutic drugs market. This is a very long-term market gov-
erned by Draconian regulations. It is also a field in which the research net-
works are in the hands of specialist firms, and it is far beyond the capacities
of French Polynesia to make a really useful place for itself in this system.
■ Embryonic markets for biotechnologies based on natural substances.
French Polynesia can make a place for itself in this market because it has the
necessary initial assets, the main one being its considerable research facili-
ties. However, this will require a sustained R&D effort (see papers by Barbin,
Guézennec & Débitus and Weniger particularly on CD-ROM).

A novel option for French Polynesia: bioprospecting and collections


Having considered all the main aspects of the subject they were asked to
examine (French Polynesia’s biodiversity assets, existing scientific and techni-
cal infrastructure in the territory, market demand), the experts recommend
focusing on bioprospecting, building up collections, taking extracts, format-
ting samples and biological screening of species. This option is both a form
Conclusions and recommendations 247

of direct utilisation and a form of deferred utilisation as one essential link in


an R&D strategy.
As a whole, the work of the expert group review and its conclusions lead
to the following recommendations:
1 – Preservation/conservation and utilisation of biodiversity and its open-
ended potential are best seen as absolutely inseparable. New practices con-
nected with new product chains can have a feedback effect on the sustain-
ability of those chains themselves. This is the essential import of the
Convention on Biodiversity. It is the guiding principle for all major bio-
prospecting operations under the Global Environment Fund. It is also a
pressing obligation for French Polynesia, where the particularly large num-
ber of seriously endangered species is a sign of fragility, and a sign that this
issue should be taken more seriously than it has so far.
2 – Taking this concern into account, the Bioprospecting and collections
option and the research guidelines set out in this review seem to offer
French Polynesia a realistic, novel perspective that is cost-effective and has a
promising future alongside other, more conventional forms of utilisation,
many of whose markets seem to be volatile.
3 – In any case, the rights of French Polynesia and its local communities
over their resources should be protected, making sure they receive benefits
from commercial utilisation; it is essential to introduce legal provisions for
applying the ABS principle.
4 – To guide and back up its utilisation policy, French Polynesia would be
well advised to ensure it has the means to protect its products (by suitable
types of labelling), and to keep ahead of trends in markets and relevant reg-
ulations (surveillance of markets and regulations).
5 – Most of these natural products are or may be found throughout the
South Pacific, and broadly speaking the issues for protection and promotion
are the same throughout the region. For these and other reasons (e.g. the
need for geographically and demographically small States and territories to
join force if they want to make their voices heard on the international
scene), it is advisable for French Polynesia to foster a collaborative approach
with other countries in the region under the Secretariat of the Pacific
Community, rather than a strongly competitive approach.
Annexes
ANNEX 1

Group 1 data sheets

Callophyllum inophyllum L. (CLUSIACEAE)

ACCESSIBILITY, GEOGRAPHICAL DISTRIBUTION AND BIOLOGICAL TYPE


Naturalised tree, sometimes planted, rare to uncommon, localised in
coastal forest in calcareous habitats or on basalt, grows equally well in coral
sand and in soil.
Pantropical: Tropical Asia, Africa, Melanesia, Polynesia.
USES
Sacred plant in Polynesia (SCHULTES and RAFFAUF, 1990)
Very hard wood, appreciated for fine carpentry, roof structures and canoes.
Medicinal plant. Parts used are the bark, seeds, leaves, resin (latex) and
the bitter oil of the seeds. A pigment can be extracted from the fruit for use
as an ink for bark cloth designs.
In Java, the seed oil is claimed to have diuretic properties. In Samoa, all
parts of the plant are regarded as virulent poisons; it is said that the sap and
exudate can blind, or cause death if injected.

Uses of latex (according to DWECK and MEADOWS, 2002)


The latex, obtained by making incisions in the bark, is emetic (causes
vomiting) and purgative, and can also be used to treat wounds and ulcers.
It can be mixed with strips of bark and leaves for infusions, the oil appear-
ing on the surface being used to treat sore eyes (DRURY, 1873; NADKARNI and
NADKARNI, 1999). The resin is said to be responsible for the colour and odour
of the oil which may be poisonous: it is said to contain benzoic acid.

Uses of bark (according to DWECK and MEADOWS, 2002)


The bark is astringent (11-19% tannins) and its juice purgative
(QUISUMBING, 1951). In Asia it is used to treat orchitis (inflammation of the
252 Natural substances in French Polynesia

testicles) (QUISUMBING, 1951). Combined with lemon juice it may be useful for
treating bromidrosis of the armpits, groin or feet.
The bark acts as an antiseptic and disinfectant. Taken internally, the bark
is expectorant and is used in the treatment of chronic bronchitis and phtisis.
The bark juice is astringent, purgative, and is given as a decoction to
treat internal haemorrhage.

Uses of root (according to DWECK and MEADOWS, 2002)


A decoction of the root is employed to treat ulcers. It is also used for
cases of stitch in the side (QUISUMBING, 1951).

Uses of leaves (according to DWECK and MEADOWS, 2002)


Leaves soaked in water turn the water blue and release an odour; this
maceration is applied to sore eyes (NADKARNI and NADKARNI, 1999). An inf-
usion of leaves is taken orally against sunburn, in addition to root decoction.
In Cambodia, leaves are prescribed as an inhalation for migraine and vertigo,
and the oil is used to treat scabies. In the Philippines, a maceration of leaves
is used as an astringent for haemorrhoids (QUISUMBING, 1951; NADKARNI and
NADKARNI, 1999), and in Indonesia it is used as an eye lotion.
Use of leaves by primitive tribes in Papua New Guinea in treating skin ail-
ments is very ancient: heated leaves are applied to ulcers, cuts, boils, spots
and wounds of all kinds.

Uses of fruit (according to DWECK and MEADOWS, 2002)


The fruits are more or less toxic and only the endosperm of unripe fruit
can be consumed. In fact the ripe fruit is sufficiently toxic to be used as rat
bait (BURKILL, 1994). The seed oil is used to treat psoriasis and rheumatism.

Uses of sap (according to DWECK and MEADOWS, 2002)


The bark resin is used for its wound healing properties.

Properties of tamanu oil (according to DWECK and MEADOWS, 2002)


Up to 60% oil can be extracted from tamanu seeds. Called domba oil, it is
used to treat rheumatism, itching and scabies. It is also used to treat gonorrhoea.
Annex 1 – GROUP 1 DATA SHEETS 253

In most of South Pacific islands tamanu oil is used as an analgesic (as a


rub for rheumatism and sciatica) and to treat ulcers and severe wounds.
Injected as a solution in alcohol, it has proven effective against neuritis due
to leprosy, shingles, etc.
The oil is especially recommended for all kinds of burns, sunburn, etc.

CHEMICAL COMPOSITION
Lederer discovered two main compounds, calophyllic acid and a lactone
with antibiotic properties, which are probably the reason for the strong
wound-healing properties.
The leaves contain friedelin and triterpenes of the friedelin group:
canophyllal, canophyllol and canophyllic acid (GOVINDACHARI et al., 1967;
CHANDLER and HOOPER, 1979).
The wood and roots contain xanthones such as mesuaxanthone B, calo-
phyllin B and caloxanthones A and B (GOVINDACHARI, 1968; AL-JEBOURY and
LOCKSLEY, 1971; IINUMA et al., 1994; IINUMA et al., 1995).
Erythrodiol-3-acetate has been isolated from the wood (SAMPATHKUMAR et al.,
1970).
Calophyllolide (C25H22O5), a molecule that includes a lactone group
and a methoxyl group, has been isolated from nuts (BHALLA et al., 1980). By
saponification, this molecule gives calophyllic acid; both these molecules are
also derived from coumarin.
4-phenylcoumarins and 4-alkylcoumarins in seeds and leaves (CAVÉ et al.,
1972; GAMES, 1972). One particular 4-phenylcoumarin, ponalid, in immature
seeds (ADINARAYANA and SESHADRI, 1965; MURTI et al., 1972).
Callophynic acid: seeds (GAUTIER et al., 1972).
Myricetin glucoside: flowers (SUBRAMANIAN and NAIR, 1971; KASIM et al., 1974).
Cyanogenic compounds (NAIR and SUBRAMANIAN, 1964), tannins, saponins
(GEDEON and KINEL, 1956), pigments, flavonoids (SUBRAMANIAN and NAIR, 1965,
1971), neoflavonoids and biflavonoids (GOH et al., 1992).
254 Natural substances in French Polynesia

Coumarins called canalonides have been isolated from another species


of the same genus, Calophyllum lanigerum Miq. These are powerful
reverse transcriptase inhibitors. The National Cancer Institute in the USA
is studying their action on the AIDS virus.

PHARMACOLOGICAL AND TOXICOLOGICAL PROPERTIES


Vulnerary, wound-healing
Calophyllolide isolated from the nut is anti-inflammatory and anti-arthritic.
The latter property has been shown in tests on rats in which arthritis was
induced with formaldehyde (oral LD50 in rats = 2.5 g/kg) (BHALLA et al., 1980).
Also in the rat, ingestion of the substance had no ulcerogenic action up to
twice the 50% efficient dose (ED50 = 140 mg/kg).
Dehydrocycloguanandin, calophyllin-B, jacareubin and 6-deoxy-
jacareubin depress the central nervous system to varying degrees, causing
sedation, reduced motor activity, loss of muscular tonus etc. in the rat. All
these xanthones show anti-inflammatory activity whether administered
orally or parenterally. Jacareubin and 6-deoxyjacareubin also show anti-ulcer
activity in the rat (GOPALKRISHNAN et al., 1980).
In the rat, calophyllolide isolated from seeds reduces histamine inflam-
mation and tissue swelling induced by carragenan. In combination with ino-
phyllide, it reduces œdema. These compounds are often cited as anti-inflam-
matories (BHALLA et al., 1980; SAXENA et al., 1982).
Particular coumarins – inophyllums B and P – can be used against HIV-1,
inhibiting the virus’s reverse transcription (PATIL et al., 1993; KAWAZU et al.,
1998; SPINO et al., 1999).
Some pyranocoumarins can be used against cancer (MCKEE et al., 1998;
ITOIGAWA et al., 2001).

INDUSTRIAL INTEREST
Patents already exist in the fields of cosmetics (BOUCHER et al., 1999) and
medicine, particularly as antiviral agents (JENTA et al., 2000; KASHMAN et al.,
2002).
Annex 1 – GROUP 1 DATA SHEETS 255

HOW OBTAINED
Gathered from the wild and cultivated .
Shortlisted.

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256 Natural substances in French Polynesia

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Annex 1 – GROUP 1 DATA SHEETS 257

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258 Natural substances in French Polynesia

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Author: F. DEMARNE
Annex 1 – GROUP 1 DATA SHEETS 259

Gardenia taitensis DC. (RUBIACEAE)

IUCN STATUS
Cultivated in French Polynesia. No IUCN status.

ACCESSIBILITY, GEOGRAPHICAL DISTRIBUTION AND BIOLOGICAL TYPE


Bush to small tree; widespread in all South Pacific islands; no accessibil-
ity problem owing to its status.

USES
Perfumery, cosmetics.
The sap is reported to be used in traditional medicine (WILKINSON and
ELEVITCH, 2000).

CHEMICAL COMPOSITION
The main oxygenated compounds in concrete of Gardenia taitensis are
as follows: linalol (4.4%), methyl salicylate (2.5%), (Z)-3-hexenyl benzoate
(2.2%), dihydroconiferyl alcohol (1.1%), (Z)-3-hexenyl salicylate (0.7%),
benzyl benzoate (6.2%), dihydroconiferyl acetate (12.2%), 2-phenylethyl
benzoate (6.2%), benzyl salicylate (2.5%), geranyl benzoate (2.1%) and
2-phenylethyl salicylate (2.2%). The identification of many dihydroconiferyl
esters seems to be unique to this species (CLAUDE-LAFONTAINE et al., 1992).
Triterpenoids (DAVIES et al., 1992).

PHARMACOLOGICAL AND TOXICOLOGICAL PROPERTIES


Non-toxic (PÉTARD, 1986).
260 Natural substances in French Polynesia

INDUSTRIAL INTEREST
Perfumery.

HOW OBTAINED
Gathered from the wild; small garden plantations; hedges.
Shortlisted.

BIBLIOGRAPHY
CLAUDE-LAFONTAINE A., RAHARIVELOMANANA P., BIANCHINI J. P., SCHIPPA C.,
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WILKINSON K. M., ELEVITCH C. R., 2000 – Nontimber Forest Products for
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Author: F. DEMARNE
Annex 1 – GROUP 1 DATA SHEETS 261

Ilex anomala Hook. & Arnott (AQUIFOLIACEAE)

SYNONYMS
Ilex marquensensis F. Br.
Ilex taitensis (A. Gray) J. W. Moore

IUCN STATUS
Not endangered.

ACCESSIBILITY, GEOGRAPHICAL DISTRIBUTION AND BIOLOGICAL TYPE


Indigenous tree characteristic of valleys and ridges in upland cloud forest.
Geographical distribution: Marquesas, Society and Hawaii.

USES
Traditionally chewed by Tahitians to combat fatigue (comparable to
yerba mate, Ilex paraguariensis A.St.-Hil.).

CHEMICAL COMPOSITION
Little known: old research.
The research can be compared to that on Ilex paraguensis from which
South America’s famous yerba mate is made (there are numerous studies on
this plant).
Caffeine: 4% (dry product).
Essential oil.
Tannin.
Gum resin.
262 Natural substances in French Polynesia

PHARMACOLOGICAL AND TOXICOLOGICAL PROPERTIES


Pharmacological properties
Caffeine acts on the central nervous and cardiovascular systems.
■ Central nervous system: caffeine is a cortical stimulant that maintains
the awakened state, facilitates ideation and reduces fatigue. High doses
may induce nervousness, trembling and insomnia. It stimulates the bulbar
respiratory centre and increases the sensitivity of this centre to the action of
carbon dioxide.
■ Cardiovascular system: caffeine has a positive inotropic action, causes
tachycardia, increased cardiac flow and slight peripheral vasodilation. It is
mildly diuretic.

Toxicology
No research to my knowledge.

INDUSTRIAL INTEREST
In the medical field
Listed in the pharmacopoeia as a medicinal plant owing to its stimulant
properties, as are other caffeine drugs such as coffee, tea, cola, guarana and
yerba mate.
Listed in the Cahier de l’agence n° 3 with indications 47, 83, 85, 86, 151,
oral administration; 30, 86, local application.
“Traditionally used”:
■ 47: for mild diarrhoea
■ 83: for occasional fatigue
■ 85: to facilitate weight loss in addition to dietary measures
■ 151: to promote renal elimination of water
■ 30: applied locally, to sooth and calm itching from skin ailments,
grazed, cracked or chapped skin and insect bites and stings.
■ 86: applied locally, to facilitate weight loss in addition to dietary measures.
Annex 1 – GROUP 1 DATA SHEETS 263

Food industry
Owing to its caffeine content, could be used in stimulant drinks (as per
Coca-Cola, guarana, tea) or “energy” drinks.

REGULATORY RESTRICTIONS
To comply with French legislation, stimulant drinks and energy drinks
must not contain more than 150 mg/l of caffeine (legislation is not har-
monised within the European Union; some countries accept up to 300 mg/l).
Comment. Caffeine is among the drugs on the list of those banned for
sports (decree of 7.10.94). Urine tests are considered positive if they reveal
concentrations higher than 12 mm/l.

PRODUCTION PROTOCOL
How obtained: gathered from the wild
Quality control.
It would seem fairly easy to develop quality control for Ilex anomala
using techniques and protocols employed for other caffeine drugs (mono-
graphs of the European Pharmacopoeia and French Pharmacopoeia).
Shortlisted.

ORIENTATIONS
The toxicological test results are encouraging, but much work remains to
be done to reach production stage.

BIBLIOGRAPHY
AGENCE DU MÉDICAMENT, 1997 – Médicaments à base de plantes : septem-
bre 1997. Paris, Agence du médicament, Les cahiers de l’agence n° 3, 81 p.
Author: I. FOURASTÉ
264 Natural substances in French Polynesia

Morinda citrifolia L. (RUBIACEAE)

ACCESSIBILITY, GEOGRAPHICAL DISTRIBUTION AND BIOLOGICAL TYPE


Bush to small tree, naturalised.
Abundant and widespread. Open coastal vegetation and low-altitude
mesic habitats on all rock types.
Geographical distribution: Austral, Gambier, Marquesas, Society and
Tuamotu islands.

USES
Fruit
Gingivitis
Tuberculosis
Antihelminthic (humans and animals)
Purgative
More or less regular consumption as food; on certain islands eaten only
in case of famine.

Flowers
Eye problems.

Leaves
Treatment of tinea, boils
Rheumatism and rheumatic pain
Inflammatory ailments (external application)
Chills and facial neuralgia (external application)
Chills on the chest, coughs (external application)
Annex 1 – GROUP 1 DATA SHEETS 265

Inflammation in the mouth (by chewing)


Treatment of internal bleeding, swelling and liver ailments (external
application)
Treatment of ulcers
Treatment of gout
More or less regular consumption as food.

Bark
Astringent in treatment of malaria.

Root
Treatment of high blood pressure.

CHEMICAL COMPOSITION
Leaf
Diterpenes: E-phytol.
Triterpenes: cycloartenol.
Steroids: stigmasta-4-en-3-one, stigmasta-4-22-dien-3-one, β-sitosterol,
stigmasterol, campesta-5,7,22-trien-3β-ol.
Iridoids: citrifolinin A, citrifolinin A-1, citrifolinoside.

Fruit
Iridoids: asperulosidic acid, 6-O-(β-D-glucopyranosyl)-1-0-octanoyl-β-D-
glucopyranose, aucubin.
Free and bound fatty acids (trisaccharides).
Avonoids: rutin.
Coumarins: scopoletin.
Activity has been attributed to xeronine and prexeronine, but these com-
pounds have never been identified. In the present state of research it seems
highly unlikely that they exist.
266 Natural substances in French Polynesia

Root
Anthraquinones: damnacanthal, morindone, rubiadin, rubiadin methyl
ether, anthraquinone glucoside, methoxy-formyl-hydroxyanthraquinone.

PHARMACOLOGICAL AND TOXICOLOGICAL PROPERTIES


Leaf
Active against tuberculosis in vitro (lipophilic compounds).
Inhibits UVB-induced activator protein-1 (iridoids).
Cox-1 inhibitor (weak).
Nematicidal activity.

Fruit
Inhibition of AP-1 transactivation and cellular transformation in tumoro-
genesis (iridoids).
Anti-inflammatory activity by inhibition of Cox-1 (weak) and Cox-2 (strong).
Anti-cancer activity on implanted Lewis lung carcinoma in mice (via stim-
ulation of immune system, by IP injection), reduced by administration of
immunosuppressors.
No cytotoxicity on KB or LLC cells in vitro.
Stimulates mediator production (TNF-α, interferon-γ, interleukins, nitric
oxide).
Prevents DMBA adduct formation on DNA in vitro probably by antioxi-
dant activity, breast cancer in mice. This action is produced in the first stages
of cancerogenesis.
Antibacterial activity (weak) on various strains.
Hepato-protective activity after CC14 intoxication in the rat.

Root
Cox-1 inhibition (strong).
Inhibition of tyrosine-kinase, increased fragmentation of UV-irradiated
DNA and resulting apoptosis (damnacanthal).
Antiviral activity (on HIV).
Hypotensive.
Annex 1 – GROUP 1 DATA SHEETS 267

Stem
Antimalarial activity in vitro.

Pharmacokinetics
Study conducted on the rat, using scopoletin to trace absorption of the
juice. As this is probably not a significant active principle the study is of vir-
tually no interest.

Clinical research
A Phase I study in treatment of neoplasms and metastasised neoplasms
is in preparation at the University of Hawaii, organised by the National
Center for Complementary and Alternative Medicine (NCCAM).
Capsules of 500 mg of dry juice extract are being used. The main aims
are to discover the maximum tolerated dose, define the toxicity and gather
preliminary data on efficacy.
A clinical study on smokers, with placebo (38 and 30 cases), was con-
ducted to study the antioxidant effects of morinda juice on the antioxidant
capacity of plasma (superoxide radicals and peroxide lipids).
Absorption of morinda juice considerably increases the antioxidant
capacity of plasma.
A placebo-controlled study on high blood pressure has apparently been
conducted at the Mount Sinai School of Medicine. The results are reported
to be positive, but we have no account of the study and the conclusions are
hazardous in view of the small number of patients involved (9).

INDUSTRIAL INTEREST
Fruit
Marketed on a large scale as a food supplement, mainly in the United
States, in the form of pasteurised fruit juice but also dried juice or dry
extract.
268 Natural substances in French Polynesia

POTENTIAL UTILISATION
Fruit production should continue, especially with the opening of the European
market. Marketing as an antioxidant drink or food should be developed.
The therapeutic aspect, depending on ongoing research, seems less certain,
for regulatory reasons and scientific reasons. Almost all the observed effects can
be linked to the product’s antioxidant or immuno-stimulant properties. These
are non-specific biological properties and not specific therapeutic properties.

REGULATORY RESTRICTIONS
The European Commission’s Scientific Committee on Food (SCF) authorised
marketing of one product, Tahitian noni juice by Morinda Inc., in December 2002.
This authorisation was granted after submission of a mainly toxicological
report and justifies the conclusion that the product is non-toxic.
This first authorisation should pave the way for further authorisations
using the simplified “substantial equivalence” procedure.
The company US Neways International applied for a marketing authori-
sation for noni juice in Great Britain in 2003.

Patents relating to morinda


We have identified 63 patents at least partly relating to morinda. They
cover all fields: manufacturing, formulation, biological activity, cosmetology,
human and animal nutrition, etc.
Most of the patents originated in the United States, Japan or China. The
great majority were filed in 2000 and 2001.
A full analysis of their technical and legal validity would be required
before any work is undertaken to develop this product.
A study of patents filed for morinda would also be useful with a view to
long-term utilisation.
Morinda citrifolia is not covered by regulations on plant-based medicinal prod-
ucts. However, the Netherlands having accepted a food supplement based on
morinda, it would seem possible to introduce the product into this category.
Annex 1 – GROUP 1 DATA SHEETS 269

PRODUCTION PROTOCOL
How obtained: gathered from the wild. Cultivation trials.
Shortlisted.

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272 Natural substances in French Polynesia

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Author: Y. BARBIN
Annex 1 – GROUP 1 DATA SHEETS 273

Piper methysticum G. Forst. (PIPERACEAE)

SYNONYM
Piper wichmanni C. DC.
Other, older synonyms (LEBOT and CABALION, 1986).

IUCN STATUS
Cultivated or naturalised, no IUCN status.

ACCESSIBILITY, GEOGRAPHICAL DISTRIBUTION AND BIOLOGICAL TYPE


Varieties in French Polynesia:
■ 14 varieties formerly known in Tahiti but already virtually extinct at the
time (CUZENT, 1983 [1860]).
■ 19 cultivars still used in the Marquesas in 1935 (BROWN, 1935).

USES
Ritual and medicinal uses, traditionally consumed as a drink (LEBOT and
CABALION, 1986; LEBOT et al., 1992).
Neo-traditional consumption in New Caledonia and in urban areas of
Vanuatu (ANDRÉ, 1999; CHANTERAUD, 1994, 1999, 2001).

CHEMICAL COMPOSITION
French Polynesia:
■ 4 cultivars studied by LEBOT and LEVESQUE (1989).
■ Studies by Isabelle Lechat-Vahirua in Papeete (Malardé Institute).
274 Natural substances in French Polynesia

PHARMACOLOGICAL AND TOXICOLOGICAL PROPERTIES


Main use
Anxiolytic based on kava extract (synergy between the active principles,
kavalactones or kavapyrones, which justifies use of natural extracts), or D,L-
kavain (no synergy in this case).

Main reproach
Kava is said to entail a risk of hepatic toxicity.
Possible causes would be:
■ the presence of pipermethysticine (hepatotoxic in vitro) in medicines
made from batches of stem peelings imported from the Fiji islands;
■ absence or much reduced levels in kava extracts made using alcohol or
acetone of the glutathione present in the traditional drink (in which it is
thought to have a protective role due to its antioxidant effects and the com-
bination of p-OH-kavaquinones formed during metabolism);
■ hepatic defences of vulnerable or weakened patients can be overcome
(same reasons as above and/or idiosyncratic reasons due to condition of liver
or cytochromes);
■ recent research on this subject in New Caledonia and Futuna funded by
Secretariat of State for overseas territories (CABALION et al., 2003; WARTER, 2003).

INDUSTRIAL INTEREST
Production of kava extracts for use as anxiolytic.

Patents
L’Oréal: cosmetic uses of kava.
Pernod-Ricard: value of kava in alcohol withdrawal programmes.

REGULATORY RESTRICTIONS
In French Polynesia: decree of 1927 forbade the cultivation, preparation,
possession, circulation, consumption, donation, trade or sale of Kava in the
Annex 1 – GROUP 1 DATA SHEETS 275

Marquesas. This was repealed by a decree of the Council of Ministers in


2001 (662 CM of 16 May) on the initiative of the Rural Development
Department (SDR).
Pharmacopoeias of industrialised countries: pharmaceutical use banned
in 2002 in many industrialised countries (Germany, France, Japan, etc.) but
still authorised in the United States. Completely banned in some countries,
e.g. Canada.
Changes under way: recent lifting of the ban on food uses of kava
(Welsh parliament, 2003).
No ban on traditional or neo-traditional consumption (except in
Marquesas, see above-mentioned decree).
Comments by Mrs FOURASTÉ
Two health policy decisions have been taken in France:
a) Official Journal of the French Republic, 12 January 2002: Decision of
8 January 2002 on suspension of marketing and supply, free of charge
or for payment, and use of kava (kava-kava, Piper methysticum) and
products containing kava for therapeutic purposes, in all forms, except
homeopathic medicines at dilutions equal to or greater than the fifth
Hahneman centesimal.
b) Official Journal of the French Republic: Decision of 13 March 2003 on
prohibition of the marketing and supply, free of charge or for payment,
and use of kava (kava-kava, Piper methysticum) and products containing
kava for therapeutic purposes, in all forms, except homeopathic medi-
cines at dilutions equal to or greater than the fifth Hahneman centesimal.
These two decisions were taken following the evaluation by the
European pharmacovigilance group of an unfavourable risk-benefit rela-
tion. Analogous decisions were taken in Spain, Portugal, Ireland,
Germany, the United Kingdom, Canada and Australia. In the USA the
FDA has not so far taken any restrictive measures on this plant, but has
informed consumers of the risks entailed.
As a result, the use of kava as a medicinal product or food supplement
seems to be compromised for many years to come.
Under these conditions it does not seem reasonable to encourage kava
production for any other use than a CONVIVIAL LOCAL BEVERAGE.
276 Natural substances in French Polynesia

PRODUCTION PROTOCOL
Propagation only by cuttings.

ORIENTATIONS
Kava is currently of interest mainly for two uses: in pharmacy as a natu-
ral anxiolytic, and in the food industry as a convivial beverage in the Pacific.
After the discovery of cases of hepatic toxicity attributed to kava in Germany
and Switzerland, many studies were conducted to learn more about the ques-
tion and the possible causes of the problems. Lobbying in Brussels by Pacific
countries also enabled a group of expert consultants to give an opinion in
favour of the use of the plant (GRUENWALD et al., 2003). The ban on kava in 2001
and the following years may have been at least partly or indirectly the result of
lobbying against it, but was also an application of the precautionary principle.
No case of fulminating hepatitis has been found in the Pacific and it is rea-
sonable to think that the traditionally made drink is not under threat and will
retain its market in the Pacific and perhaps elsewhere. As regards the phar-
maceutical market, further research is needed (e.g. role of glutathion, perhaps
role of selenium, p-OH-kavaquinones, exploration of hepatic cytochromes
linked to metabolisation of kava ) to establish a new risk-benefit report on
kava in pharmacy (WARTER, 2003), or more generally in health, including the
effects of use as food (CABALION et al., 2003). Doses could be revised upwards.
Conclusion. It seems wise to advise French Polynesia not to abandon its
agronomic and chemical research into local varieties of kava, to produce an orig-
inal, high-quality raw material for the local convivial beverage market, the
American market (which is still open) and prepare for kava’s likely return to the
pharmaceuticals market [perhaps in different forms from those currently known,
and which remain to be described (CABALION et al., 2003; WARTER, 2003)].
Shortlisted.

BIBLIOGRAPHY
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Annex 1 – GROUP 1 DATA SHEETS 277

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LEBOT V., LEVESQUE J., 1989 – The origin and distribution of Kava (Piper methys-
ticum Forster, Piperaceae): a phytochemical approach. Allertonia, 5: 223-280
LEBOT V., MERLIN M., LINDSTROM L., 1992 – Kava, the Pacific Drug. Yale Univ.
Press, New Haven & London, 255 p.
WARTER S., 2003 – Étude de populations exposées au kava en Nouvelle-
Calédonie et à Futuna ; contribution à la connaissance de la toxicité du kava.
Thèse d’exercice Médecine générale, université de Strasbourg I, 267 p.
Author: P. Cabalion
278 Natural substances in French Polynesia

Santalum insulare DC. var. insulare (Tahiti)


Santalum insulare var. marchionense (Skottsb.)
Skottsb. (Marquises)
Santalum insulare var. margaretae (F. Br.)
Skottsb. (Rapa)
Santalum insulare var. raiateense (J. W. Moore)
Fosberg & Sachet (Raiatea, Moorea)
Santalum insulare var. raivavense F. Br.
(Raivavae, Australes)

These varieties represent the polymorphism of this species in French


Polynesia. J.-F. Butaud (Rural Development Department (SDR), Tahiti) is cur-
rently preparing a thesis on the distribution and taxonomy of the complex
in French Polynesia.

IUCN STATUS
Critically endangered to vulnerable.

ACCESSIBILITY, GEOGRAPHICAL DISTRIBUTION AND BIOLOGICAL TYPE


All varieties other than those in the Marquesas are relicts, their statuses
ranging from CR to VU. In the Marquesas, there are locally fairly large pop-
ulations which are varyingly accessible and available, at least for a prelimi-
nary chemical study.
Annex 1 – GROUP 1 DATA SHEETS 279

These varieties occupy open areas on ridges and crests at medium to


high altitudes.

USES
Massage: sandalwood powder in coconut oil.

Other species in the same genus


■ Santalum spicatum:
seeds as food (Australia).
■ Santalum album:
inflammation of urinary system (Kom E), sunstroke, abdominal pain.

CHEMICAL COMPOSITION
For all varieties: essential oil in the wood, α- and β-santalol (60%).
Var. marchionense: sesquiterpenes, α- and β-santaldiol.

Other species of Santalum


■ Santalum spicatum:
Fatty oil (grain): ximenynic acid (# 50%), oleic acid, stearic acid, linolenic acid.
■ Santalum album:
Essential oil (3 to 5% in the wood): α-santalol (50%) and β-santalol
(20%), epi-β-santalol, α-bergamotol, α-bergamotal.

PHARMACOLOGICAL AND TOXICOLOGICAL PROPERTIES


Other species of Santalum
■ Santalum acuminatum:
inhibition of 5-hydroxytryptamine release by platelets.
■ Santalum album:
the essential oil is thought to act on the cardiovascular system.
280 Natural substances in French Polynesia

INDUSTRIAL INTEREST
Essential oil of all varieties of Santalum insulare is reported as an accept-
able substitute for essential oil of white sandalwood.

POTENTIAL UTILISATION
Essential oil of South Asian white sandalwood is becoming scarce on the
international market for policy reasons (India has restricted production and
exports) and crop health reasons (spike disease). Although no other sandal-
wood oil can be a direct substitute (e.g. Australian or New Caledonian),
there is an undeniable possibility of introducing this oil into the market in
new formulae.
A long-term study of Polynesian sandalwood is under way
(UPF/SDR/CIRAD).
Points studied:
■ Propagation from seed
■ Inventory of populations
■ Chemical and genetic studies in the Marquesas.

Points currently being studied:


■ Chemical and genetic studies.
Points still to be studied:
■ Vegetative propagation
■ Determine composition of essential oil
■ Cultivation methods
■ Progeny studies
■ Acceptability to users (substitution, new raw material, etc.).

This is a long-term research and utilisation programme that will require


several decades of sustained effort, but the potential outlets would doubt-
less be stable ones, unaffected by fashion fads.
Because of the length of this programme, the main focus will have to be
on biotechnology, particularly for propagation.
Annex 1 – GROUP 1 DATA SHEETS 281

It is also advisable to consider why production is falling in India. This is a


species that prefers poor soils, and its growth might rapidly slow down
in these environments (Geneviève Michon, IRD ecologist, personal
communication).

REGULATORY RESTRICTIONS
Check for the absence of allergenic molecules listed in the 7th amend-
ment to the European Directive on cosmetic products.
There is no place for sandalwood either as a medicine or a food additive.

PRODUCTION PROTOCOL
How obtained
Distillation of essential oil in French Polynesia.

Marketing method
Sales to aromatic raw materials manufacturers working with perfume
industry.

Quality control
Have the quality of the essential oil recognised by a specific AFNOR/ISO
standard.
Shortlisted.

BIBLIOGRAPHY
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282 Natural substances in French Polynesia

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Author: Y. BARBIN
284 Natural substances in French Polynesia

Tephrosia purpurea (L.) Pers. var. piscatoria


(Ait.) Fosberg (FABACEAE)

SYNONYMS
T. purpurea sensu Zepernick
T. piscatoria Aiton.

ACCESSIBILITY, GEOGRAPHICAL DISTRIBUTION AND BIOLOGICAL TYPE


Species cultivated and naturalised in several Polynesian islands where it
is locally abundant; more generally, scattered in dry environments at low and
medium altitude in the Marquesas and Society islands.
Geographical distribution: Austral, Gambier, Marquesas and Society islands.

USES
Used as fish poison in many parts of the Pacific (NISHIMOTO, 1969; PÉTARD, 1986).

CHEMICAL COMPOSITION
Rotenoids, especially in roots.

Seeds
Flavonoids pongamol, karanjin and lanceolatin B, prenylated flavonoids
(purpuritenin and purpureamethide).

Roots
Purpurenone, bêta-hydroxychalcone; (+)-purpurin; dehydroisoderricin,
and (–)-maackiain. Pseudosemiglabrin and (–)-semiglabrin (SINHA et al.,
1982; VENTAKATA RAO and RANGA RAJU, 1984).
Annex 1 – GROUP 1 DATA SHEETS 285

Flowers and fruit


7,4’-dihydroxy-3’,5’-dimethoxyisoflavone; (+)-tephropurpurin ((+)-pur-
purin, pongamol, lanceolatin B, (–)-maackiain, (–)-3-hydroxy-4-méthoxy-8,9-
methylenedioxypterocarpan and (–)-medicarpin, all active on quinone reduc-
tase; inactive compounds: 3’-methoxy daidzein, desmoxyphyllin B and
3,9-dihydroxy-8-meéhoxycoumestan (CHANG et al., 1997).

PHARMACOLOGICAL AND TOXICOLOGICAL PROPERTIES


Ichthyotoxic and insecticidal properties
Rotenone and its derivative, the rotenoids, asphyxiate fish. In fact they
act on all animals by blocking respiration within the cell mitochondria, but
warm-blooded animals are protected by their skins which prevent absorp-
tion of the poison, whereas cold-blooded animals (insects, fish, snakes, etc.)
are particularly sensitive to it.

Nematicidal activity (BANSODE and KURUNDKAR, 1989)


The aerial parts constitute an excellent green manure (JOSHI et al., 2000).

Allelopathic activity of aqueous extracts of leaves on parthenium


Significant inhibition of germination and growth rates in seedlings sug-
gests that the simple extract could be used as a cheap, biodegradable her-
bicide for weed control (DAMME et al., 1994).
Anti-ulcer activity of aqueous extracts of the root demonstrated in the
rat, owing to its cytoprotective properties (DESHPANDE et al., 2003).
Marked antitumoral properties shown by in vitro induction of quinone
reductase of isoflavonic compounds isolated from fruit and flowers (CHANG
et al., 1997).

INDUSTRIAL INTEREST
Could be exploited as an insecticide and fish poison.
Rotenone-based products are used in quite large quantities as insecti-
cides in phytopharmacy, as a plant-based powder used against caterpillars,
286 Natural substances in French Polynesia

aphids, Colorado beetle, etc., with the major advantage of being harmless
to humans. The tendency is to associate them with pyrethrins, another
group of insecticides found in plants, to combine their actions, as pyrethrins
act more quickly but more transiently.
Rotenone degrades quickly in the environment (3 to 6 days). As a result,
interest in this compound as a biological pesticide is reviving. Some countries
authorise its use in organic farming under strictly controlled and regulated
conditions. This is not an enormous market but is consistent with the scale of
the market for medicinal plants and should increase as organic farming
spreads (TAMM et al., 2000). This applies even though rotenones (along with
other pesticides) have been associated with Parkinson’s disease. Recent
studies have shown that injecting high doses of rotenone (1-12 mg/kg) into
rats causes Parkinson-like symptoms, which has aroused some reservations
regarding its use. The doses used in the experiment were far higher than any
dose likely to be found in humans eating treated foods. The question remains
open, and regulations are likely to change (GIASSON and LEE, 2000).
Shortlisted.
The species’ chemical composition is well known (most studies con-
ducted on samples harvested in India). As is usually the case with Tephrosia
species, presence of deguelin and derivatives in place of rotenone.
It would be useful to measure the rotenoid content of the French
Polynesian variety.
Its allelopathic and nematicidal properties and value as green manure make
it an excellent crop health product in agriculture and for vector control, etc.
Biological (and therefore biodegradable) insecticides are of special inter-
est for farming in island environments such as the Loyalties in New
Caledonia, to prevent polluting the underlying fresh-water lens which has
been jeopardised by highly persistent crop protection chemicals.
Shortlisted.

BIBLIOGRAPHY
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plant extracts in management of root-knot of brinjal. Indian Journal of Plant
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Author: C. MORETTI
288 Natural substances in French Polynesia

Vanilla tahitensis J. W. Moore (ORCHIDACEAE)

SYNONYM
Synonym for V. planifolia Andr., probably a particular cultivar or a hybrid
of this species with another. It would appear that several groups of botanists
and geneticists are working on the question, but we have no bibliographi-
cal references.

IUCN STATUS
No status; cultivated plant.

ACCESSIBILITY, GEOGRAPHICAL DISTRIBUTION AND BIOLOGICAL TYPE


Vanilla tahitensis is cultivated only in French Polynesia. Several cultivars
are recorded and a live collection is being made and maintained by the
French Polynesian agriculture services (DRON, 2002).
A fleshy herbaceous twining vine, naturalised at low and medium alti-
tude (old plantations or secondary stations).

USES
Pod; food; spice.
Sap: Comoros; medicinal; haemostatic; wound-healing.

CHEMICAL COMPOSITION
Pod: glucosides, vanillin, p-hydroxybenzoic aldehyde, p-anisaldehyde,
p-hydroxybenzoic acid, vanillic acid, anisic acid, anisic alcohol (RIVES, 2000).
Alkaloids, polyphenols and traces of leucoanthocyans.
Annex 1 – GROUP 1 DATA SHEETS 289

PHARMACOLOGICAL AND TOXICOLOGICAL PROPERTIES


Toxicity: vanillism (BÙI-XÙAN-NHÙAN, 1954).

INDUSTRIAL INTEREST
Food and drink industry as standard flavouring, on a targeted market.

PRODUCTION PROTOCOL
Cultivation already established in Tahiti and Leeward Islands (Huahine,
Raiatea, Tahaa, etc.).

HOW OBTAINED
Vegetative propagation from cuttings. Attention must be paid to the
problem of virus disease transmission.
Shortlisted.

BIBLIOGRAPHY
BÙI-XÙAN-NHÙAN, 1954 – « Le vanillisme ». In Bouriquet G. (ed.): Le vanil-
lier et la vanille dans le monde, Paul Lechevalie: 647-661.
DRON M., 2002 – Rapport d’évaluation de la composante scientifique du
projet vanille du Service de développement rural à Raiatea (période 1998-
2002), 31 p.
RIVES M.J., 2000 – Étude des profils aromatiques des différentes variétés de
Vanilla tahitensis. École nationale supérieure d’agronomie de Toulouse, 51 p.
Author: F. DEMARNE
ANNEX 2

The cosmetics industry

OVERVIEW
The cosmetics industry is probably among the most promising for utili-
sation of natural substances.
The dermocosmetics market is booming and, as the use of animal-based
substances declines, natural marine or plant-based substances are increas-
ingly sought after.

Scientific approach
“The cosmetics industry bases a lot of its communication on natural sub-
stances. But there is genuine scientific work going on behind the fashion for
environmentalism”, says Patrice André, Director of the Dior laboratory for
biology, cosmetics and active ingredients in Orléans, France.
The cosmetics industry mainly uses plant substances that have been in
use for a long time. They therefore actively seek out traditional uses.
According to Jean Guézennec of IFREMER, they are also keenly interested in
molecules extracted or synthesised from micro-organisms (in the broad
sense of the term), but one obstacle is the problem of producing these mol-
ecules cheaply.
Ethno-pharmacologists make a key contribution to this work, studying
traditional communities’ use of plants, especially in tropical forests.
Bioprospecting starts with inventorying the plants used for body care:
wound-healing substances, balms, anti-inflammatories, etc. A preliminary
selection includes only botanical families new to industry, as this increases
the chance of finding new molecules. Chemists then prepare increasingly
pure extracts, isolating the plant’s active molecules.
They then assess the biological properties by biological tests on cell cul-
tures or biochemical tests (protein inhibition or activation, specific biochem-
ical processes).
Annex 2 – THE COSMETICS INDUSTRY 291

Strategy largely market-driven


Cosmetics advertising paints in glowing colours the extraordinary virtues
of natural substances, for health and for the development of Southern
countries. This marketing style should be kept in perspective.

Product chain organisation


As with functional foodstuffs, there is a promising place in this sector for
small local businesses supplying raw plant materials, either for the cosmet-
ics industry, or formulating or producing cosmetic eco-products with a
strong Polynesian connotation.

Prospects for French Polynesia


Is it worth organising an ad hoc structure to conduct biological tests
geared to the cosmetics market, so that French Polynesia can supply active
ingredients with high value added? Given the diversity of substances the
islands possess, the question is worth considering. To answer it, all aspects
must be taken into account, as outlined below.

Technical aspects
The appropriate biological tests will depend on the target, of which there
are many. Many laboratories have their own approaches to these tests: in
France they are out-sourced to numerous specialist structures.
As there is strong demand for new active principles, product chains
mainly develop from the supply side (according to M. Hansel, Chairman of
Cosmetic Valley).

Economic aspects
Although demand is high for raw plant materials and new active princi-
ples, it involves small quantities (rarely more than a tonne). These products
are also short-lived (on average, four to ten years on the consumer market:
ten years is an exceptional lifespan for a common cosmetic product).
Selling a number of different products may compensate for small
demand and short life. Firms are constantly looking for new active ingredi-
ents to formulate their products.
292 Natural substances in French Polynesia

Regulatory aspects
One definite factor for success would be to keep informed of upcoming
regulations.
European regulations define a cosmetic product as “any substance or
preparation intended to be placed in contact with the various external parts
of the human body (…) with a view exclusively or mainly to cleaning them,
perfuming them, changing their appearance, correcting body odours, pro-
tecting them or keeping them in good condition”.
All products so defined must comply with the legislation provided for in
European Directive 76/768/EEC. Cosmetic product labels must include a full
list of ingredients.

Conclusion
In the light of these factors, the experts consider that there is no justifi-
cation for the authorities to intervene very actively in this sector or seek to
structure it; given the volatility of products in the sector, there is no guaran-
tee that the Polynesian economy can develop sustainably on this basis.
However, synergy between local research laboratories and project initiators
could be strengthened.

ON THE DIFFICULTY OF DRAWING FIRM CONCLUSIONS


ABOUT THE SELECTED PLANTS’ POTENTIAL FOR THE COSMETICS INDUSTRY:
AN EXPERT’S IDEAS FOR DISCUSSION
It is difficult to predict that a substance will have a use in cosmetics
before a number of biochemical tests have been made for objectivization
and toxicological assessment. Individually, these tests are only valid for one
type of extract and one claim (e.g. slimming, anti-wrinkle or lightening prop-
erties). The tests are always very costly and are paid for by the cosmetics
company developing the product. They are never published, and if the
results are of interest a patent is applied for immediately. If a plant extract is
too highly active, it is likely to be prohibited for cosmetic use and reclassi-
fied as a medicinal product. The active cosmetic ingredient must have a low-
level activity, and it is difficult, and costly, to demonstrate its efficacy, espe-
Annex 2 – THE COSMETICS INDUSTRY 293

cially on a health organ, the skin, which has its own powerful mechanisms
for regulating homeostasis.
In brief, one cannot predict that a plant will be useful in cosmetics on the
basis of information on chemical composition or traditional use given in the
literature. Costly, case-by-case toxicity and objectivization studies are essential.
The whole plant is never used, even if traditional practice attributes more
or less well attested virtues to it.
■ For the sake of the appearance and quality of the finished cosmetic
product, plant extracts are used – very rarely the whole plant.
■ The efficacy of the extract depends on the solvents used.
■ The active compounds must be identified and their non-toxicity at the
intended doses must be verified.
■ Tests must be conducted to verify that the molecule is active, but not
too active, in local application.
■ The mechanisms by which the compound acts must be identified.
■ The usefulness of the extract must be verified by increasingly sophisti-
cated and costly biochemical tests, and return on this investment is only pos-
sible by means of patents and exclusive rights agreements.
Because an active ingredient has a life of only five to seven years in the
cosmetics industry (owing to fashion trends and the need for marketing
focus to change constantly), a product must be very useful indeed if one is
to risk developing an official, medium-term production chain from scratch.
This is no less true in French Polynesia than elsewhere, and in fact it is very
rarely done. When a cosmetics manufacturer, raw materials supplier or end
formulator finds an interesting product, they organise their own supply
chain, generally under a private, bilateral commercial agreement. Usually
only a few tonnes of plants are required, and there is no point putting pub-
lic money into this kind of trade.
It would be perfectly possible to establish a small local cosmetics industry
based on an exotic marketing image, but using imported “industrial blanks”.
To attract a tourist customer base, European quality standards would be
required; in this case local plants would have a marginal place in the indus-
try as development costs would be far too high for the size of market.
ANNEX 3

Specifications for the expert group review

NATURAL SUBSTANCES IN FRENCH POLYNESIA:


A PROMISING SECTOR, BUT STILL VULNERABLE
French Polynesia has good potential for exploiting its natural substances,
because the remoteness of the islands has resulted in a high rate of
endemism and many specific chemotypes. Little use has been made of this
biodiversity so far; a few plants are used for particular products – monoi,
vanilla, sandalwood, noni and tamanu – and a bare ten utilisation projects
are under way for other substances.
French Polynesia also has State-funded research laboratories that are suf-
ficiently well-equipped to perform initial analyses of new substances. On the
industrial side, a small number of established firms and project initiators are
looking to diversify or boost their business.
But despite these assets and relatively lively interest, the sector has its
weaknesses. The substances already utilised could be exploited more inten-
sively by organising the product chains, establishing quality management
and also by processing locally as far as possible, which would bring more of
the profits to French Polynesia. In the near future, some natural substances
could generate new markets, boosting French Polynesia’s development; but
this will require some effort to define directions for research and organise
the transfer of competencies from researchers to developers.

AIMS OF THE REVIEW


The expert group review has two inseparable strands: a prospective
strand to identify useful new natural substances in French Polynesia and
suggest new avenues of research and development, and an operational
strand to suggest industrial and commercial strategies for natural substances
that are already utilised or could be in the future.
Annex 3 – SPECIFICATIONS FOR THE EXPERT GROUP REVIEW 295

The aims of the review can be summed up as follows:


■ Starting from existing knowledge of French Polynesian biodiversity and
taking a sector-by-sector approach, discover which natural substances have
the greatest economic potential for pharmaceutical purposes, cosmetics,
herbal medicine, the food and drink industry, perfumery, crafts, etc., and
specify what stage research each substance is at or in what form it is currently
marketed. Profiles of project initiators may be identified – either local opera-
tors or, if the product cannot be developed locally, international operators.
■ Alongside this, practical suggestions will be made for implementing
quality management, introducing market protection measures, improving
production chains, linking research with industry and helping operators to
organise. This work would be aimed at improving the productivity of “nat-
ural substances” product chains in the short term.
The work of IRD will consist of a review by a panel of experts, using the
method already developed by the IRD for such “expert group reviews”, and
the following additional tasks:
■ production of a set of data sheets analysing available knowledge on
each of the substances identified;
■ a study of local economic and technical potential for developing new
business activities.
Both these additional tasks will be essential aids for the multidisciplinary
panel of experts, since there are gaps in the currently available data. The
experts will thus be able to produce a broad synthesis and some policy
guidelines for utilising French Polynesia’s natural substances.

QUESTIONS ASKED FOR THE PRELIMINARY STUDIES AND ADDITIONAL


RESEARCH (NATURAL SUBSTANCE DATA SHEETS AND ANALYSIS
OF LOCAL TECHNICAL AND ECONOMIC POTENTIAL)
What natural substances are already exploited
in French Polynesia and the Pacific?
As a preliminary step to the expert group review, as much information as
possible about natural substances in French Polynesia must be put together.
The output from this work will be a set of data sheets on individual substances.
296 Natural substances in French Polynesia

One of the experts will be responsible for drawing up the data sheets with the
help of outside contributors. Data on the utilisation of some substances will be
added once the local socio-economic survey has provided additional informa-
tion. The data sheets will mainly address the following questions:
■ How is the resource for this substance obtained?
■ How high is the risk of resource exhaustion?
■ What are the properties highlighted for marketing the product? Is
there a scientific basis for these claims?
■ If utilisation of this resource produces waste, is there a way to make
use of the waste?
■ Is exploitation of this resource harmful to the environment (e.g. more
traditional crops abandoned, landscape impact, ecosystem destruction)?
■ Does the substance have heritage value for French Polynesia?
■ How long might it take to get the substance to market? (short, medium
or long-term prospect?)
A preliminary estimate suggests that there would be about a hundred
data sheets.

How is the natural substances sector (trade and industry)


organised in French Polynesia?
To propose a utilisation strategy, thorough, up-to-date knowledge of this
sector in French Polynesia and the socio-economic background is essential.
Possible development scenarios for the companies and organisations
involved should also be identified in some detail. This requires an investiga-
tion, partly conducted on site in direct liaison with local stakeholders, to
answer the following questions:
■ What are the characteristics of the companies in this sector? How are
they structured? How do they operate (size, business activity, exports,
turnover, etc.)?
■ What jobs are created by the natural substances utilisation sector?
■ What funding does the sector receive?
■ What financial flows does it generate?
■ Is it possible for a solid network of small firms to develop? How can
large companies be attracted to French Polynesia?
Annex 3 – SPECIFICATIONS FOR THE EXPERT GROUP REVIEW 297

■ What are the strong and weak points of the natural substances sector?
■ What guidelines should be adopted to encourage development in this
sector?
■ Are local research centres (i.e. the university, national, Polynesian and for-
eign research institutes on French Polynesia’s territory, etc.) working on natural
substances with a view to their utilisation? Would it be useful or possible to
give them extra encouragement? Could their activities be better co-ordinated?

THE QUESTIONS ASKED OF THE PANEL


Based on their own work and on the two additional investigations described
above, the panel of experts, as a group, will answer the following questions.

What is the potential usefulness of French Polynesia’s marine,


terrestrial, plant and animal biodiversity compared to neighbouring
intertropical countries?
■ How much is known about the country’s marine and terrestrial biodiversity?
■ Has a scientific inventory been made of French Polynesia’s traditional
knowledge?
■ To what extent does the French Polynesian population self-medicate
with local herbs?
■ Do traditional healers play an important role in French Polynesia? Has
this been studied?
■ Are there areas where bioprospecting (biodiversity and related knowl-
edge) has been insufficient? Can priorities be established for bioprospecting?

Based on the analysis of French Polynesian biodiversity,


what are the exploited or exploitable natural substances in the Territory?
From the initial set of data sheets, a shorter list of substances of interest
for French Polynesia will be drawn up (about twenty at most). This list will
include both indigenous species26 which French Polynesia could consider
producing and/or processing (e.g. Calophyllum inophyllum as an anti-HIV
agent), and endemic species, for which the panel’s work will generally lead

26 i.e. indigenous plants also found elsewhere in the tropics.


298 Natural substances in French Polynesia

to suggestions for R&D strategies. A specific study of this group of sub-


stances should assess their potential and answer the following questions:
■ What are the trends in the market? For substances not yet commer-
cialised, what markets are opening up for which substances?
■ For each substance considered, what regulations are expected to affect
penetration of the European market (processed products)?
■ What kinds of contract are used between stakeholders in the product
chain, from producer to processor?
■ For each market, what value-added and what resulting economic
impact can be expected for French Polynesia? How far is the product
processed in French Polynesia? If the product is not processed within the ter-
ritory, where does the processing take place?
■ Are there market protection methods that could be introduced?
■ For each substance not yet exploited, what type of R&D is required and
how long will it take? When might these substances reach the market?

Are the local technical and scientific facilities sufficient


for conducting additional R&D?
The panel will first assess existing R&D capacity in French Polynesia (the
team will conduct part of this analysis in situ). Taking the list of substances
worth developing and considering the resources required to do this, the
team could make suggestions for collaboration or partnerships. The experts
will review possible R&D strategies open to French Polynesia, focusing on
the following points:
■ How can the linkage between research and industry be improved?
■ What public-private partnerships or collaborations with laboratories in
Metropolitan France could be considered to optimise progress in R&D on
natural substances?

What advice can be given for public policy on the utilisation


of natural substances in French Polynesia?
This will mean summarising the results of the review and discussing with
the Monitoring Committee to see what courses of action would be sustain-
able locally.
ANNEX 4

The panel of experts

YVES BARBIN
Veille technologique, prospection filière PAM (Plantes aromatiques et médicinales)
Pierre Fabre Médicament – Plantes et Industries
16, rue Jean Rostand, BP92 – 81603 Gaillac
Yves.barbin@pierre-fabre.com
VALÉRIE BOISVERT
Économiste de l’environnement
IRD – Centre d’Orléans
5, rue du Carbone – Technoparc – 45000 Orléans
Valerie.boisvert@orleans.ird.fr
PIERRE CABALION
Pharmacien, ethnopharmacologiste
IRD – Centre de Nouvelle-Calédonie
Laboratoire des Substances naturelles terrestres et Savoirs traditionnels
BP A5 – 98848 Nouméa Cedex – Nouvelle-Calédonie
cabalion@noumea.ird.nc
CÉCILE DÉBITUS
Chimiste des substances naturelles marines
IRD – UMR152
ISTMT
3, rue des Satellites – 31400 Toulouse
debitus@ird.fr
FRÉDÉRIC DEMARNE
Directeur scientifique et du Développement technologique
Groupe Gattefossé
36, Chemin de Genas – BP 603 – 69 804 Saint-Priest
fdemarne@gattefosse.com
300 Natural substances in French Polynesia

JACQUES FLORENCE
Botaniste
IRD US 084 Biodiversité végétale tropicale : connaissance et valorisation
Antenne IRD – Laboratoire de Phanérogamie – 16, rue Buffon – 75005 Paris
jflo@mnhn.fr
ISABELLE FOURASTÉ
Professeur de Pharmacognosie
Université Paul Sabatier – Toulouse III
Faculté de Pharmacie – 35 chemin des maraîchers – 31062 Toulouse Cedex 4
ifourast@cict.fr
JEAN GUÉZENNEC
Responsable Programme Biotechnologies marines
IFREMER
Centre de Brest – Resp. DRV/VP/BMM – BP 70 – 29280 Plouzané
jguezenn@ifremer.fr
MARIE-LUCE HAZEBROUCQ
Chargée de mission
IRD
213 rue La Fayette – 75480 Paris cedex
hazeroy@noos.fr
CHRISTIAN MORETTI
Chimiste-ethnopharmacologue
IRD – Orléans
Technoparc – 5, rue du Carbone – 45000 Orléans
christian.moretti@orleans.ird.fr
CHRISTINE NOIVILLE
Juriste
CNRS – Université Paris 1 – Centre de recherche en droit des sciences
et techniques
16 rue de l’abbé Carton – 75014 Paris
noiville@univ-paris1.fr
Annex 4 – THE PANEL OF EXPERTS 301

JEAN-CHRISTOPHE SIMON
Économiste
IRD – DEV
213 rue La Fayette – 75480 Paris cedex
simon@paris.ird.fr
BERNARD WENIGER
Pharmacien chimiste spécialiste des substances naturelles d’intérêt thérapeutique
UMR CNRS/ULP N° 7081
Faculté de pharmacie, Univ. Louis Pasteur Strasbourg – BP 60024 –
67401 Illkirch cedex
Weniger@pharma.u-strasbg.fr
ANNEX 5

Monitoring committee

Head of monitoring committee: the Research Commission of the govern-


ment of French Polynesia.

Panel members
Representatives of the following organisations:
IRD centre in Papeete
Oceanologic Center of the Pacific/Ifremer
Investment Promotion Authority
Environment Division
EPIC Vanille
Institut Louis-Malardé
Gepsun “Natural Substances process engineering” technology platform
(cf. Abbreviations)
Fisheries Division
Economic Affairs Division
External Trade Division
Development of Industry and the Trades Division
Rural Development Department
Plan and Forecast Economic Division
University of French Polynesia, natural substance research laboratory
Tables
Table 1 – 189
Importance of exports of fishery and pearl farming products

Table 2 – 191
Quantified data on a few products

Table 3 – 193
Noni exports

Table 4 – 197
Characteristics of the main “plan product” sectors

Table 5 – 201
Criteria for exclusion or selection of plant species

Table 6 – 230
Summary of Group 1 Plant products

Table 7 – 235
Brief survey of potential sectors for utilisation of marine organisms
59, Av. Émile Didier
05003 Gap Cedex
Tél. 04 92 53 17 00
Dépôt légal : 135
Février 2006
Imprimé en France
Substances naturelles
en Polynésie française
STRATÉGIES DE VALORISATION

Coordination scientifique
JEAN GUEZENNEC, CHRISTIAN MORETTI, JEAN-CHRISTOPHE SIMON

Seconde partie
Chapitres analytiques

Cette expertise collégiale a été réalisée à la demande


de la Délégation à la recherche du gouvernement de la Polynésie française

IRD Éditions
INSTITUT DE RECHERCHE POUR LE DÉVELOPPEMENT

collection Expertise collégiale


Paris, 2006

©IRD, 2006
ISSN 1633-9924
ISBN 2-7099-1587-1
SOMMAIRE
SECONDE PARTIE

F 1 – LesCressources végétales polynésiennes


MORETTI, J
HRISTIAN FLORENCE
ACQUES

F 2applications
– Les ressources marines de la Polynésie française :
en matière de biotechnologie
JEAN GUEZENNEC, CÉCILE DEBITUS

F 3en–vue
Recherche d’indices dans la littérature spécialisée,
de valoriser la biodiversité polynésienne
PIERRE CABALION

F 4en–chimie-biologie
Potentialités de la recherche innovante
des substances naturelles
BERNARD WENIGER

F 5dimensions
– Le contexte de la valorisation des substances naturelles :
économiques, sociales et institutionnelles
JEAN-CHRISTOPHE SIMON

F 6adaptées
– Développement des filières de production
aux substances naturelles en Polynésie française
YVES BARBIN

F 7 – Règlement
I
des produits à base de plantes
FOURASTE
SABELLE

F 8des– Étude économique : modes de valorisation et de protection


substances naturelles
VALÉRIE BOISVERT

F 9et–partage
Aspect juridique : droits d’accès aux ressources biologiques
des avantages
CHRISTINE NOIVILLE

F – Annexes : Fiches végétales du groupe 1, du groupe 2, du groupe 3


F – Carte de polynésie
Signalement bibliographique recommandé pour ces chapitres :
C. MORETTI, J. FLORENCE , 2005 - « Les ressources végétales polynésiennes », cédérom : 3-28, in J. GUEZENNEC,
C. MORETTI, J.-C. SIMON : Substances naturelles en Polynésie française. Stratégies de valorisation,
Paris, IRD Éditions, 304 p.+ cédérom.
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Substances naturelles en Polynésie française


C. MORETTI, J. FLORENCE © IRD éditions 2005

Les ressources végétales polynésiennes

Jacques FLORENCE, Christian MORETTI

1. Les données de base sur la flore de la Polynésie française∗

1.1 Émiettement, diversité et fragilité


Les îles océaniques nées d’un volcanisme de point chaud, comme c’est le cas
pour la Polynésie française, présentent une originalité certaine en matière de
biodiversité animale et végétale – endémisme biogéographique –, mais aussi une
pauvreté relative par rapport aux masses continentales d’où sont issus les organismes
colonisateurs. Une des conséquences en est la fragilité de ces milieux par rapport aux
espèces apportées par les hommes, période brève devant les mécanismes de l’évolution,
qui agissent sur une échelle de temps bien différente, les îles les plus anciennes étant
âgées ici de 6-7 millions d’années.

Ce territoire constitue, à l’intérieur du Pacifique, la sous-province de la


Polynésie du Sud-Est proposée par van Balgooy en 1971. Avec 120 îles couvrant
environ 3 500 km2 de terres émergées et s’égrenant entre 134° et 155° de longitude
ouest et 8° et 28° de latitude sud, il comprend cinq archipels, les Australes, les Gambier,
les Marquises, la Société et les Tuamotu, couvrant plus de 5 millions de km2 d’océan.
La distance les séparant des continents – les Marquises sont l’archipel océanique le plus
isolé, puisque l’Amérique centrale est à plus de 5 000 km –, l’âge, la surface, l’altitude,
le climat, le substrat, roches éruptives ou calcaire bioconstruit, ainsi que la durée et les
modalités de l’occupation humaine, sont les principaux facteurs agissant sur le
peuplement et la flore insulaires.

Comme les autres îles du Pacifique, la Polynésie française possède une flore
indigène établie avant l’arrivée de l’homme, grâce aux agents de dispersion « naturels »

∗ Section rédigée par Jacques FLORENCE.

3
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Substances naturelles en Polynésie française


C. MORETTI, J. FLORENCE © IRD éditions 2005

que sont les courants aériens et marins et les animaux. La composition de la flore
primaire résulte donc des apports d’espèces pionnières via ces agents de dispersion,
courants marins (hydrochorie), courants aériens (anémochorie), certains animaux –
oiseaux ou insectes (zoochorie active ou passive) – ou encore la dispersion sur place
(autochorie). Ces agents vont ainsi agir comme filtre évolutif où seuls les groupes de
plantes ayant les moyens les plus performants de transport à grande distance guideront
l’évolution sur place, par la spéciation, et in fine la composition et le peuplement de la
flore actuelle.

Le tableau suivant donne la distribution des plantes indigènes selon le type de


dispersion :

Tableau 1. Distribution par archipel de la flore vasculaire en fonction des types de dispersion

Type de dispersion Anémochorie Hydrochorie Zoochorie active Zoochorie passive Autochorie Indéterminé
Australes 101 47 35 16 55 25 19 9 2 1 5 2

Rapa 105 55 11 6 48 25 21 11 2 1 5 2

Gambier 28 37 22 29 16 21 8 10 – 2 3

Marquises 137 44 27 9 104 33 38 12 3 <1 5 2

Société 269 49 37 7 183 34 43 8 7 1 6 1

Tuamotu 23 24 25 26 29 31 15 16 – 3 3

Polynésie 377 43 52 6 329 37 97 11 12 1 13 1


Les chiffres en italique indiquent les pourcentages ; le total des archipels est supérieur à celui de la Polynésie, puisque
de nombreuses espèces sont communes à deux archipels au moins (les données sont tirées de la base de données
botaniques « Nadeaud »).

On remarquera que l’anémochorie, c’est-à-dire la dispersion par les courants


aériens, les jet streams à haute altitude étant orientés d’ouest en est, en sens contraire
des alizés qui déterminent le mésoclimat des îles (avec l’opposition bien connue des
côtes et versants au vent et sous le vent), concerne un peu moins de la moitié des
espèces, soit 43 %, les fougères y sont prépondérantes, avec 233 espèces. La zoochorie
(où domine la dispersion active) est au total un peu supérieure, avec 47 % des espèces.
L’hydrochorie dépasse à peine 5 % et prend une part plus significative uniquement dans
les îles basses des Gambier et Tuamotu, là où la flore strictement littorale est dominante.
Les Australes ont une position intermédiaire entre ces îles et les archipels majeurs des
Marquises et de la Société. La zoochorie active, où les diaspores sont ingérées
directement par les animaux, et la zoochorie passive, où les diaspores sont transportées
par les phanères des animaux, représentent la fraction la plus élevée ou équivalente à
l’anémochorie. L’autochorie apparaît marginale, elle représente des taxons à « faible
rayon d’action » de dispersabilité.

De telles différences vont induire en particulier le phénomène de dysharmonie


de la flore insulaire : bien connu ailleurs dans le Pacifique, la Polynésie n’en est pas à
l’écart, puisque la composition floristique par taxons supérieurs (familles) n’est pas
comparable à celles des continents dont elle est issue ; avec la baisse de la dispersabilité
et la lignification, elle constitue quelques-uns des facteurs du syndrome insulaire que
nous exposons ci-après.

4
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Substances naturelles en Polynésie française


C. MORETTI, J. FLORENCE © IRD éditions 2005

1.2 Le syndrome insulaire


Avec Darwin, embarqué sur le Beagle, commence l’ère moderne de la biologie.
Ses observations des pinsons des Galápagos ou sa théorie de la formation des atolls
restent des éléments qui allaient non seulement irriguer sa propre œuvre (Darwin, 1859),
mais aussi jeter les bases de nombreux travaux contemporains de biologie évolutive des
écosystèmes insulaires. Carlquist (1974) réalisa la première synthèse des mécanismes
évolutifs à l’œuvre en milieu insulaire, en particulier dans les îles océaniques ; on y
trouve un ensemble de facteurs propres à ces milieux si particuliers – le syndrome
insulaire. Nous en examinerons quelques-uns : il s’agit du déséquilibre taxonomique,
l’acquisition de la lignification et la diminution des capacités des moyens de dispersion.

Le déséquilibre taxonomique
La distance des îles volcaniques aux masses continentales ou aux archipels les
plus proches, réservoirs des diaspores, aura comme première conséquence une sélection
des organismes vivants en fonction de leurs moyens de dispersion : ainsi parmi les
plantes, les familles ou genres à fruits ou graines trop volumineuses, incapables d’être
transportés par un agent de dispersion naturel, seront absentes des familles entières.
Meliaceae, Annonaceae ou Ebenaceae manquent à la Polynésie orientale, alors qu’elles
sont encore présentes dans les îles Fidji, Samoa ou Tonga. À l’inverse, certaines
familles ont largement bénéficié de cet effet de filtrage et sont sur-représentées par
rapport aux continents. Les fougères, aux spores facilement dispersées par le vent, en
sont l’illustration la plus éclatante : les îles de la Société ont ainsi l’index de fougères le
plus élevé des îles océaniques (Florence et Ollier, 1993). Le tableau 2 donne la situation
dans les familles d’angiospermes comptant au moins 20 taxons spécifiques ou
infraspécifiques, indigènes ou endémiques en Polynésie française.

Tableau 2. Comparaison des familles les plus abondantes en Polynésie française et dans le monde

Famille Monde Polynésie Excès/déficit


Rubiaceae (4) 10 200 4,2 80 9,1 2,2
Euphorbiaceae (6) 8100 3,4 48 5,5 1,6
Asteraceae (1) 22 750 9,5 43 4,9 0,5
Orchidaceae (2) 18 500 7,7 30 3,4 0,4
Gesneriaceae 2900 1,2 28 3,2 2,7
Fabaceae s.l. (3) 18 000 7,5 27 3,1 0,4
Myrsinaceae 1225 0,5 24 2,7 5,4
Urticaceae 1050 0,4 24 2,7 6,7
Total 240 000 880
Les pourcentages sont en italique. L’excès ou le déficit est le rapport des % respectifs. Pour les familles, les chiffres
mondiaux proviennent de Mabberley (1997) et le rang mondial, s’il est inférieur à 10, est indiqué entre parenthèses. Les
données relatives à la Polynésie française sont tirées de la base de données botaniques « Nadeaud » sous ™Foxpro
2.6.

Les Rubiaceae et les Euphorbiaceae, première et deuxième famille en Polynésie,


sont sur-représentées d’un facteur d’environ deux, mais les Urticaceae et les
Myrsinaceae le sont encore davantage, avec un facteur supérieur à cinq. Il s’agit de
familles dont les moyens de dispersion à grande distance ont été particulièrement
performants, par l’endozoochorie, ingestion de fruits et de graines grâce à un transport
assuré par les oiseaux. À l’inverse, les plus grandes à l’échelle mondiale, Asteraceae,

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Orchidaceae et Fabaceae, sont sous-représentées d’environ un facteur deux. Les


Orchidaceae par exemple, avec des graines extrêmement légères, donc facilement
dispersées par le vent ; elles ont besoin pour leur germination d’un champignon
symbiote, dont la survie dans des conditions extrêmes de basses températures et de
rayonnement UV intense régnant dans les jet streams de haute altitude, est aléatoire, ce
qui limite l’établissement de nombreuses espèces. Les Fabaceae restent mal adaptées à
un transport à grande distance, en raison de la grosseur de leurs fruits ou graines ; la
plus grande partie des espèces indigènes sont des espèces banales en végétation littorale,
dispersées par les courants marins. On peut enfin signaler l’absence des Poaceae,
quatrième au niveau mondial, n’apparaissant pas dans ce classement, en raison de
l’absence des formations végétales ouvertes qui leurs sont propices.

L’acquisition de la lignification
Darwin (op. cit.) avait déjà noté l’importance des ligneux dans les flores des îles
océaniques pour des familles comprenant une majorité de plantes herbacées dans les
flores continentales tempérées. En Polynésie française, 65 % des angiospermes
endémiques sont ligneuses : depuis des sous-arbrisseaux prostrés à des arbres de
première grandeur. Les Asteraceae et les Gesneriaceae, presque exclusivement
herbacées sur les continents, y sont entièrement ligneuses ; dans la première,
Oparanthus teikiteetinii, endémique de Nuku Hiva, dépasse 12 m de hauteur et il s’agit
de la plus grande Asteraceae dans le Pacifique. Le genre Cyrtandra (Gesneriaceae)
s’étendant de la Malaisie à travers le Pacifique jusqu’en Polynésie compte dans cette
dernière 26 espèces formées d’arbrisseaux ou d’arbustes atteignant 4 m de hauteur. Un
tel phénomène s’explique par une relative uniformité des conditions de milieu, mais la
tendance évolutive qui fait passer des ancêtres herbacés – à diaspores généralement plus
aptes à la dispersion à grande distance que les ligneux – à des formes ligneuses de forêt
dense humide, et la possibilité pour des groupes non concurrencés par les grands arbres
(le plus souvent à grandes diaspores) d’occuper des niches vacantes, ont également joué
leur rôle.

La diminution de la dispersabilité
La déficience marquée des potentialités de dispersion des diaspores –
équivalente à la tendance de la perte du vol chez les oiseaux et les insectes –, est un
caractère répandu dans les flores insulaires. En Polynésie orientale, le genre Bidens
(Asteraceae) en est un bon exemple, avec 29 espèces endémiques insulaires, présentes
dans divers milieux. Le fruit est un akène typique de la famille, portant deux arêtes et
une pilosité diversement répartie, favorisant une dispersion par zoochorie passive. On y
trouve ainsi l’éventail complet des variations de l’intensité de la pilosité sur les arêtes et
le corps du fruit, ou la taille des arêtes jusqu’à leur disparition. Bidens st.johniana,
espèce littorale propre à Rapa et Marotiri, possède un akène pileux tout comme les deux
arêtes. À l’opposé, B. raiateensis, limitée aux plateaux de Temehani à Raiatea, est
dépourvue de pilosité et d’arêtes. L’hypothèse de la disparition du lien entre l’ancêtre
fondateur et l’agent dispersant peut être retenue pour les formes extrêmes dépourvues
d’arêtes. Les espèces d’îles basses, où les contacts avec les oiseaux marins sont
maintenus, ont les morphologies les moins défavorables (Marotiri, Oeno, Henderson)
par comparaison avec celles des espèces de milieux fermés de l’intérieur des terres,
notamment en raison d’une déficience plus grande dans la pilosité ou la taille des arêtes
(Marquises, Société).

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1.3 La flore primaire


Principale conséquence, nous allons trouver une flore appauvrie dans cette
région du Pacifique. Ainsi, la Polynésie française compte environ 900 espèces, alors
qu’en Nouvelle-Calédonie, on en recense plus de 3 500, dans les îles Fidji 1 800, dans
les îles Hawaï quelque 1 400, qui la dépassent donc largement. Mais cette pauvreté
masque une diversité réelle dans la flore endémique, puisque 546 sur 880 espèces, soit
environ 62 %, sont propres à la Polynésie française. Le moteur principal de cette
originalité passe par au moins trois processus : la radiation adaptative où une espèce
colonisatrice occupe progressivement toutes les niches disponibles par différenciation
immédiate ou progressive ; la spéciation sympatrique où l’espèce nouvelle se
différencie sur place à partir d’une espèce mère et la spéciation allopatrique où l’espèce
nouvelle se différencie à la périphérie du territoire de l’espèce mère. L’ensemble de ces
facteurs favorise ainsi une spéciation active grâce à l’éparpillement des îles, favorisant
le morcellement des populations par les barrières géographiques ou phénologiques.

Le tableau suivant donne les chiffres de la flore indigène et endémique de la


Polynésie française dans sa globalité et par archipels, en y incluant les fougères.

Tableau 3. Répartition de la flore vasculaire indigène et endémique de la Polynésie


française

Taxons Indigènes Endémiques Endémiques archipélaires Endémiques Total


insulaires polynésiennes endémiques
Australes 169 (63) 12 (2) 14 (3) 22 (5) 48 (10) 22

Rapa 111 (51) 63 (13) 3 (1) 15 (7) 81 (21) 43

Gambier 65 (17) 7 1 3 (1) 11 (1) 14

Marquises 140 (67) 81 (4) 72 (14) 21 (11) 174 (28) 55

Société 273 (129) 157 (17) 75 (16) 40 (16) 272 (49) 50

Tuamotu 77 (12) 4 3 11 18 19

Polynésie 334 (145) 326 (36) 165 (33) 55 (19) 546 (88) 62
Répartition de la flore vasculaire indigène (I) et endémique (E) de la Polynésie française. Les chiffres entre () renvoient
à la part des fougères. Les pourcentages d’endémisme en italique sont rapportés au total de la flore vasculaire d’un
archipel ou de la Polynésie : taux = E/E + I. Les totaux par archipel sont supérieurs au chiffre de la Polynésie, en raison
de taxons communs.

En raison de la position excentrée de Rapa et de certaines de ses caractéristiques


floristiques comme l’abondance de genres endémiques, souvent monotypiques
(Apostates, Pacifigeron, Metatrophis), nous l’avons séparée du traitement des autres îles
Australes. À l’échelle des archipels, les Marquises présentent le taux d’endémisme le
plus élevé, environ 55 %. L’isolement, puisqu’il s’agit de l’archipel le plus isolé des
masses continentales, à plus de 5 000 km de l’Amérique centrale, l’âge et l’altitude
moyenne des îles les plus étendues (Hiva Oa et Nuku Hiva) ont permis une
diversification qui se traduit en particulier par un nombre d’endémiques insulaires ou
archipélaires comparables à ceux de la Société, compte tenu de leur superficie : la
moitié pour les premières, la même pour les secondes, pour une superficie quatre fois
plus faible. D’une manière générale, on pourra regrouper les trois archipels majeurs
d’îles volcaniques, Australes, Marquises et Société, dont les disparités sont plus faibles
qu’avec les Tuamotu, entièrement calcaires, ou les Gambier, calcaires et volcaniques,
mais dont l’étude de la flore fortement appauvrie par l’occupation humaine sort du

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cadre d’une explication strictement phytogéographique. Le clivage en fonction du


substrat et de la physiographie trouve son illustration avec la Société avec
272 endémiques et les Tuamotu avec moins de 100 espèces dont 18 seulement leur sont
propres.

Le taux d’endémisme de la Polynésie dans son ensemble est supérieur, puisque


la flore indigène est largement partagée entre au moins deux archipels, constituée en
grande partie d’espèces strictement littorales largement distribuées.

Le tableau suivant donne ainsi les cinq premières îles par le nombre
d’endémiques insulaires :

Tableau 4. Endémisme par île

Taxons Indigènes Endémiques insulaires Endémiques archipélaires Endémiques polynésiennes


Tahiti 254 106 63 37

Rapa 111 63 3 15

Raiatea 127 48 45 43

Nuku Hiva 124 43 56 17

Hiva Oa 103 22 61 12

La plus grande île avec 1 050 km2, Tahiti qui est aussi la plus élevée, 2 240 m
d’altitude au mont Orohena, avec 106 endémiques, en héberge près du tiers, soit 32 %.
À l’autre extrémité, Rapa, environ 30 km2, qui culmine au mont Perau à 650 m,
géographiquement isolée du reste des Australes, faiblement extratropicale, par
27° 30’ S, en compte 63. La taille, l’altitude et la diversité des groupements végétaux
sont à mettre en regard de l’isolement d’une île de taille modeste, mais plus âgée, qui a
développé des taxons d’ordre supérieur à l’espèce, avec trois genres propres, Apostates
et Pacificigeron (Asteraceae) et Metatrophis (Moraceae). L’endémisme de Raiatea
(environ 200 km2) s’explique par la présence de phonolites au plateau de Temehani qui
compte une flore originale de 22 espèces insulaires sur 48, soit 46 % de toute l’île. Nuku
Hiva et Hiva Oa placent les Marquises à la suite. De superficie comparable 330 km2
pour la première, 310 km2 pour la seconde, à Raiatea, elles possèdent une physiographie
favorable au développement d’une riche forêt de nuages au-dessus de 1 000 m, mais qui
n’a pas réussi à contrebalancer l’isolement géographique de cet archipel, dont l’impact
principal est l’effet drastique de « filtrage » des diaspores.

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2. Comment appréhender l’évaluation des ressources végétales


exploitables de Polynésie française ?∗

Il n’existe pas de méthode éprouvée et unanimement reconnue pour déterminer


quelles sont les ressources végétales exploitables d’une région donnée.

De la même façon, il n’existe pas à notre connaissance de tableau synthétique ou


de base de données réunissant l’information pertinente concernant les ressources
végétales exploitables de Polynésie française, en dehors d’ouvrages sur les usages
locaux des plantes.

Le travail réalisé par le groupe d’experts tend à combler cette lacune.

Pour y parvenir, nous avons opté pour une approche par


« ressource biologique », cette approche étant possible dans la mesure où nous
disposons pour la Polynésie française de données botaniques relativement fiables.
Cependant, bien que le nombre d’espèces végétales soit relativement bien circonscrit, il
était impossible d’analyser la documentation scientifique disponible sur toutes les
espèces de cette région. Nous avons donc élaboré pour cette expertise une méthode de
présélection des substances végétales exploitables au moyen d’une analyse critique des
connaissances scientifiques actuelles disponibles.

Nous présenterons donc les sources des données utilisées, les critères de
sélection appliqués et les espèces végétales ainsi retenues, ayant un intérêt réel pour les
experts.

2.1 Sources des données sur la flore utilisées pour préparer


le travail des experts
La base de données Nadeaud
Élaborée à partir de 1987 sur un PC avec le logiciel ™Foxpro 2.6, cette base
s’est enrichie au fur et à mesure de nos travaux sur la flore de la Polynésie française.
Elle comprend aussi bien les données sur les échantillons déposés à l’herbier territorial
du musée de Tahiti et des Iles (MTI) que celles relatives à la bibliographie botanique, au
référentiel taxonomique de la région, intéressant les stations, les collecteurs, ainsi que
les milieux. Une telle base nous a permis de traiter les informations concernant la
répartition, les statuts biogéographiques et de conservation des taxons indigènes. A été
ainsi rendue possible l’extraction des statuts biogéographiques ou de conservation des
taxons présents dans la région, avec des traitements hiérarchisés géographiquement
(archipels –> îles), croisés par exemple avec le type biologique : ligneux-herbacé.

∗ Section rédigée par Christian Moretti et Jacques Florence, ainsi que les suivantes.

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On trouvera dans le tableau suivant les principales tables de cette base :


Tableau 5. Tables de la base Nadeaud

Table Enregistrements
Référentiel taxonomique 10 600
Localités 13 800
Références bibliographiques 570
Citations bibliographiques des taxons 10 500
Collecteurs 860
Distribution des taxons/îles 2 300
Distribution des taxons endémiques/îles 546
Statut IUCN des taxons endémiques/îles 546
Échantillons d’herbier (PAP) 13 500
Échantillons cités dans la flore (volumes 1 & 2) 22 000

Régulièrement mise à jour, en particulier dans les aspects concernant le


référentiel taxonomique, la bibliographie et les statuts, la base est en cours de
finalisation de façon qu’elle puisse être consultée sur le Net.

2.2 Réalisation d’un fichier « flore médicinale » de Polynésie française


Plusieurs ouvrages bien documentés traitent des plantes médicinales ou plus
généralement « utiles » de Polynésie française, avec une mention particulière pour le
« Pétard ».

Pour les besoins de l’expertise, les plantes médicinales citées dans ces ouvrages
ont été réunies dans un seul fichier, après avoir vérifié et actualisé leur statut
taxonomique.

Les principaux ouvrages consultés sont ainsi référencés :


– 1 : Pétard, 1986
– 2 : Zepernick, 1972
– 3 = cité dans 1 + 2
D’autres sources ont été utilisées :
– Maclet et Barrau, 1959
– Dittmar, A. (OMS), 1998
Il existe quelques autres publications sur les pratiques médicales traditionnelles
de Polynésie, mais elles sont généralement peu fiables au plan botanique.

Un premier travail a consisté à établir les correspondances entre les noms cités
dans ces ouvrages et leur statut taxonomique actuel (BD floristique Nadeaud). Il
s’agissait de repérer les sources d’erreurs concernant les noms d’espèces cités, qui ne
seraient pas sans conséquence sur la recherche documentaire effectuée pour l’expertise
sur ces espèces. Plusieurs types d’erreurs sont décelables : noms scientifiques cités
illégitimes, mises en synonymies, voire doute sur l’identification de la drogue, et donc
du nom scientifique attribué dans les ouvrages. Nous détallerons les principales erreurs
ainsi repérées.

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Au-delà de la révision de leur statut taxonomique, ce fichier apporte aussi les


données actualisées sur la distribution géographique de ces espèces et leur disponibilité,
cette dernière notion permettant de préciser l’accessibilité, l’abondance et la
structuration des peuplements actuels. Les rubriques correspondantes ont été rédigées
par J. Florence, enrichies par ses propres observations personnelles.

Ce fichier (voir Annexe) recense 194 « espèces médicinales de Polynésie


française ».

2.3 Critères de sélection des ressources


Ces critères sont précisés plus loin dans le tableau 7.

Critères d’exclusion
La vulnérabilité des espèces
Le pilotage scientifique de la mise en valeur des espèces intéressantes repose en
premier lieu sur l’évaluation comparative des peuplements et des volumes requis sur un
plan économique : soit extraction à partir de la biomasse naturelle, soit mise au point de
cultures nouvelles, soit encore production au laboratoire.

S’agissant d’une flore insulaire fragile et présentant un fort taux d’endémisme,


nous proposons une approche différente selon qu’il s’agit d’espèces vulnérables ou non.

Pour les espèces endémiques, nous disposons, pour apprécier leur vulnérabilité,
d’un indice IUCN, précisé dans la BD Nadeaud :

Tableau 6. Indice IUCN (BD Nadeaud)


NUMÉRO STATUT Code IUCN
1 Éteint EX
2 Éteint à l’état sauvage EW
3 Gravement menacé d’extinction CR
4 Menacé d’extinction EN
5 Vulnérable VU
6 Faible risque LR
7 Dépendant de mesures de conservation LRcd
8 Quasi menacé LRnt
9 Préoccupation mineure LRlc
10 Insuffisamment documenté DD
11 Non évalué NE
Statut IUCN de la flore de Polynésie française (http://www.mnhn.fr/mnhn/bimm/protection/fr/ListeRouge.htm )

Espèces non vulnérables. Leurs peuplements et leur accessibilité permettent une


extraction à partir de la biomasse naturelle.

Espèces vulnérables (indices 1 à 5 : CR et VU). Les espèces gravement


menacées d’extinction et vulnérables sont à protéger, et ne peuvent pas faire l’objet de
prélèvements. Elles sont donc en principe à exclure des projets de valorisation.

Ce critère d’exclusion a réduit le nombre d’espèces à prendre en compte à 430.

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Critère d’exclusion chimio-taxonomique


Plusieurs familles ne présentant pas a priori d’intérêt pharmacobotanique (hors
espèces d’usage médicinal) ont été exclues de l’expertise.

Nous nous sommes inspirés des méthodes élaborées et suivies par les grands
programmes de bioprospection du National Cancer Institute, portant sur plusieurs
milliers d’échantillons végétaux testés, venant du monde entier :
– Le genre est le niveau taxonomique le mieux corrélé à la distribution des
métabolites secondaires, le cas le plus fréquent étant qu’un même principe actif
se trouve dans les espèces du même genre ou des genres affines.
– Il est alors possible d’établir des listes de taxons de faible priorité :
SLOP, pour Species Low On Priority (Spjut, 1985), comprenant en particulier
les genres relativement bien étudiés (plus de 50 % des espèces du même genre
testées sans résultats chimiques ou biologiques exploitables).
En application des principes venant d’être énoncés, les familles et genres
suivants ont été exclus :
– Gesneriaceae
– Melastomataceae (exception : espèce envahissante de Miconia)
– Myrtaceae (hors espèces d’usage médicinal)
– Orchidaceae
– Urticaceae
– Poaceae, Cyperaceae (la plupart sont des espèces cosmopolites)
– Asteraceae, genre Bidens
– Rubiaceae, genre Psychotria (nombreuses études réalisées sans résultat
significatif)
– Araceae
Les fougères (à l’exception des usages médicinaux) en font également partie.

Critère d’exclusion ethnobotanique (usages locaux)


Les plantes médicinales largement répandues dans le monde, bien étudiées et
souvent exploitées ainsi que les plantes alimentaires communes, les épices et les
condiments majeurs, sans spécificité polynésienne, ont aussi été exclues.

2.4 Critères de sélection


Critères chimio-taxonomiques
Sont retenus les genres bien représentés en espèces endémiques et renfermant
des espèces présentant un grand intérêt au plan pharmacobotanique.

Critères ethnobotaniques
Selon les critères de sélection retenus pour l’expertise (cf. plus bas tabl. 7,
« originalité botanique »), la plupart des plantes utilisées localement sont introduites,
souvent naturalisées et se trouvent exclues du champ de l’expertise.

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C’est le cas des Arecaceae ; tous les palmiers polynésiens sont introduits, sauf
Pritchardia avec deux espèces dans les Tuamotu et Pelagodoxa henryanum considéré
comme endémique de Nuku Hiva.

Certains usages locaux peuvent cependant être intéressants, mais toute la


difficulté pour l’expert est d’avoir accès à ces informations.

Il n’était pas possible dans le cadre de cette expertise d’examiner l’ensemble de


la littérature ethnobotanique disponible. Cependant, quelques plantes ont été retenues
pour leurs usages locaux intéressants ; elles sont indiquées par la lettre R dans la
dernière colonne du fichier « Flore médicinale » disponible en Annexe. Par ailleurs,
Pierre Cabalion dans sa contribution attire l’attention sur plusieurs autres plantes
médicinales pour lesquelles les informations recueillies fournissent des pistes
intéressantes.

Tableau 7. Critères d’exclusion vs sélection des espèces végétales

Critères de sélection Critères d’exclusion


Originalité botanique Botanique
Plantes endémiques Plantes naturalisées largement répandues
Usages locaux Usages locaux
Plantes médicinales locales Plantes médicinales largement répandues dans le monde,
bien étudiées et souvent exploitées. Pas de spécificité
polynésienne
Plantes alimentaires communes, épices et condiments
majeurs
Chimiotaxonomiques Chimiotaxonomiques
Le genre : niveau taxonomique le mieux corrélé à la Espèces/ genre de faible intérêt : (SLOP ou SLOT, pour
distribution des métabolites secondaires (Suffness et Species Low On Priority – Spjut, 1985 )
Doulos, 1982) Familles et genres exclus : Gesneriaceae,
Melastomataceae, Myrtaceae, Orchidaceae, Urticaceae,
Poaceae, Cyperaceae, Asteraceae genre Bidens,
Araceae, Arecaceae
Les fougères (exception faite des usages médicinaux)
Bio-écologiques ou biogéographiques Bio-écologiques ou biogéographiques
Espèces non vulnérables (indice IUCN>5) Espèces vulnérables
Plantes naturalisées et largement répandues
Espèces peu accessibles (peuplements dispersés,
éloignés)

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3. Plantes examinées par les experts

Réalisation de fiches produits


L’ensemble des critères d’exclusion/sélection conduit à retenir 163 espèces pour
l’expertise.

Chacune de ces espèces a fait l’objet d’une « fiche produit ».

Les fiches produits réunissent les caractéristiques des produits et ont été
élaborées sur le modèle des RCP des monographies des pharmacopées.

Les fiches produits comprennent les informations suivantes :


– Nom scientifique.
– Synonymes (avec précisions éventuelles sur les possibilités de confusion
botanique).
– L’accessibilité : cette notion regroupe les notions de vulnérabilité,
d’abondance et de structuration des peuplements, en d’autres termes l’écologie
de la ressource.
– Composition chimique et propriétés biologiques ou pharmaceutiques.
– Orientations ( = avis de l’expert rédacteur).
– Commentaires éventuels des autres experts.
Ces fiches produits ont été réparties entre les experts « ressources végétales » en
tenant compte dans la mesure du possible de leur domaine de compétence.

Les données botaniques (taxonomie, distribution, écologie) ont été revues par
Jacques Florence.

Les autres rubriques ont été rédigées par les experts rédacteurs des fiches
produits.

Les espèces d’un même genre, supposées présenter le même profil


pharmacochimique, sont regroupées dans une même fiche produit.

Classement des espèces examinées en trois groupes


Pour chaque fiche produit dont ils avaient en charge la rédaction, les experts ont
proposé son classement dans l’une des trois grandes catégories définies collectivement,
accompagné d’un diagnostic sur les orientations possibles en matière de recherche et de
valorisation.

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Les critères qui ont présidé au classement des espèces sont les suivants :
– l’état des connaissances sur leurs propriétés chimiques et
pharmacologiques ;
– l’originalité botanique (les espèces endémiques non vulnérables
privilégiées...) ;
– la disponibilité de la ressource ;
– l’usage médicinal local intéressant.
Ces classements ont ensuite été validés de manière collégiale.

Les espèces examinées pour lesquelles les experts ont constaté l’absence totale
de données bibliographiques ont été déclassées dans le groupe des espèces non
examinées.

Cette analyse critique de la littérature conduit à un classement en 3 groupes de N


fiches produits (tabl. 8 en fin de document).

Groupe 1. Sélection restreinte : produits à vrai potentiel de valorisation


Comme pour les autres groupes, les fiches produits résument les caractéristiques
du produit justifiant leur classement. Lorsqu’il s’agit de produits exploités, des
précisions sont données sur les modes d’obtention, de protection, et leur intérêt
industriel. Ces produits sont par ailleurs traités dans les contributions des experts selon
leur domaine de compétence.

Groupe 2. Possibilité de valorisation à moyen terme


Pour chacune de ces ressources ou produits, les experts ont proposé des
orientations de recherche ou d’expertise réalisables à moyen terme.

Parmi les espèces ou groupes d’espèces retenues en groupe 2 figurent en bonne


place celles appartenant à des genres bien représentés en espèces endémiques et connus
pour leur intérêt pharmacobotanique. Leur parenté avec des ressources de grande valeur
devrait leur conférer un certain intérêt.

La plupart d’entre elles relèvent cependant des catégories IUCN sensibles.

Pour ces espèces rares ou vulnérables, leurs probables propriétés biologiques


justifieraient des campagnes de récolte strictement contrôlées, accompagnées de mesure
de sauvegarde : mise en culture, conservation in vitro.

C’est le cas de :
• Melicope spp. : plantes à alcaloïdes, acétophénones et à huiles
essentielles, avec des activités insecticides démontrées pour plusieurs espèces du genre.
• Myrsine spp. : nombreuses activités biologiques démontrées dans le
genre, constituants chimiques originaux et a priori intéressants.
• Pittosporum spp. : données significatives en chimie et biologie. Plusieurs
espèces endémiques, mais avec des statuts IUCN sensibles.

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Enfin, les échanges entre experts durant les séances de travail ont conduit à
nuancer le classement des espèces dans le groupe 2. Pour certains experts, les espèces
polynésiennes des genres Maytenus et Melicope présentent a priori un intérêt moindre.
En effet, les macrolides de type maytansine présents dans le genre Maytenus, s’ils
suscitent encore un grand intérêt, n’ont toujours pas conduit aux produits anticancéreux
attendus, et les métabolites secondaires isolés du genre Melicope, tout intéressants qu’ils
soient par leur structure chimique, se sont montrés jusqu’ici très décevants d’un point de
vue pharmacologique.

Ont aussi été intégrées à ce groupe 2 Premna serratifolia, Terminalia glabrata,


sélectionnées par Pierre Cabalion à l’issu de l’examen le plus exhaustif possible des
usages et des propriétés issus de la littérature.

Groupe 3. Produits intéressants mais non prioritaires


Ce sont des produits qui répondent aux critères de sélection pris en compte dans
l’expertise mais pour lesquels, en l’absence de données bibliographiques significatives,
il n’est pas possible de proposer des orientations en matière de recherche et
développement.

Figurent dans ce groupe plusieurs espèces appartenant à un groupe taxonomique


intéressant mais dont la composition chimique n’est pas étudiée. Selon les experts, leur
intérêt semble plus théorique que pratique.

Exemple des Rauvolfia et Ochrosia endémiques. Les genres Rauvolfia et


Ochrosia fournissent des alcaloïdes de premier plan en cancérologie. Cependant, selon
l’un des experts, l’étude des Rauvolfia ou Ochrosia endémiques présente surtout un
intérêt académique. La possibilité de trouver des molécules très originales semble faible
et les espèces de ces genres ont donc été classées dans le groupe 3.

On trouve donc, dans ce groupe 3, pour l’essentiel des espèces exploitées dans
d’autres régions du monde, pour lesquelles la Polynésie française semble mal
positionnée, s’agissant de leur valorisation à moyen ou long terme.

4. Perspectives

Si la plupart des produits étudiés demeurent encore, à quelques exceptions près,


faiblement identifiés en termes de valorisation, les ressources végétales retenues dans
les groupes 1 et 2 offrent selon les experts des opportunités de développement réelles ou
potentielles. La Polynésie française dispose ainsi d’un premier tableau de bord
rassemblant des informations pertinentes sur les ressources exploitables.

On doit aussi garder à l’esprit que le succès d’une opération de valorisation


économique des ressources végétales locales ne dépend pas seulement de leur
originalité botanique (endémisme) ou pharmacochimique (molécules intéressantes de

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par leurs propriétés), mais aussi de savoir-faire locaux liés à des ressources a priori
banales ou non encore étudiées (cas des ressources classées dans le groupe 3)
intelligemment mis en valeur par des technologies adaptées et une promotion réussie
(voir à ce propos dans cette partie analytique la contribution de V. Boisvert).

L’ensemble de ces fiches produits fournit la matrice d’une veille technologique


destinée à suivre les avancées scientifiques et techniques dans le secteur des substances
naturelles, activité de veille qui pourrait être mise en place en Polynésie de manière à
saisir les opportunités de développement d’activités.

Tout en admettant le caractère arbitraire des critères d’exclusion retenus, ces


derniers ont été validés collectivement par l’ensemble des experts, considérant que le
risque d’exclusion d’espèces intéressantes est jugé mineur par rapport aux objectifs de
valorisation à court et moyen terme.

Cependant, il convient ici d’attirer l’attention sur un biais important induit par la
méthode utilisée. En effet, la biodiversité végétale locale est sous-étudiée, et elle est
donc par voie de conséquence sous-exploitée.

L’absence de référence bibliographique concernant le genre Coprosma


(appartenant à la famille des Rubiacées, la plus représentée en Polynésie française) avec
une aire de répartition géographique limitée, illustre bien cette situation. On pourrait
citer d’autres exemples issus de la flore locale, comme le genre Trimenia (famille des
Trimeniacées) non étudié à notre connaissance.

Prépondérantes dans la flore avec 233 espèces, les fougères mériteraient une
attention particulière. Si les références bibliographiques sont nombreuses, au moins au
niveau du genre, il n’est pas possible dans le cadre de l’expertise de dégager des
orientations fortes en matière de propriétés biologiques valorisables, en dehors de
quelques espèces utilisées localement, qui font l’objet de fiches produits. Un étude
particulière est à mener sur ce groupe, bien représenté en espèces endémiques, en
croisant l’originalité botanique, les usages et les propriétés établies ou suggérées par ces
usages.

4.1 Intérêt des plantes médicinales locales


Parmi les 194 espèces médicinales recensées, une centaine sont des herbacées.
Pour 87 qui sont des ligneuses, 5 espèces seulement sont strictement endémiques. Dans
leur majorité, elles sont indigènes et/ou acclimatées.

La plupart des espèces sont obtenues par cueillette dans le milieu naturel ;
65 espèces sont indiqués comme étant cultivées. Leur obtention à une plus large échelle,
à des fins de production de matière première, nécessite leur mise en culture, ou, si l’on
s’en tient à la cueillette, à la mise en place de plans de gestion assurant la pérennité de la
ressource, une démarche qui ne semble pas encore entrée dans la pratique en Polynésie
française.

Si on peut considérer que la flore de Polynésie française est relativement bien


connue et inventoriée, l’examen du statut taxonomique des plantes médicinales

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mentionnées dans les ouvrages de références cités a mis en lumière plusieurs sources
d’erreurs possibles :

• Problèmes de synonymies : ils sont nombreux et sont signalés dans les


fiches produits aussi bien que dans le tableau récapitulant les plantes utiles de Polynésie.

• Noms scientifiques cités illégitimes : par exemple, Wikstroemia foetida


(Thymeleaceae).

Des usages locaux intéressants et des activités biologiques sont démontrées dans
le genre, mais, selon J. Florence, il y a eu un réel problème nomenclatural sur ce nom :
le type représente une Rubiaceae !! Le premier nom disponible pour la région est donc
W. coriacea Seem. En conséquence, il est bien difficile de relier avec certitude les
nombreux usages et propriétés signalés à un taxon précis.

• Doute sur le nom scientifique attribué dans les ouvrages : Par exemple,
Zanthoxylum pinnatum – Rutaceae n’est apparemment pas présent en Polynésie
française. Par ailleurs, ce qui est considéré comme tel à Rapa paraît être différent et
serait proche du taxon des îles de la Société : Z. nadeaudii, endémique de Moorea,
Raiatea, Tahaa et Tahiti.

Autre exemple, Derris trifoliata – Fabaceae. L’usage comme ichtyotoxique et


les propriétés insecticides mentionnés par Pétard suscitent en première lecture un grand
intérêt. D. trifoliata est cependant très rare en Polynésie, avec une seule récolte récente
à Rurutu (Australes), et il pourrait s’agir d’une confusion avec D. malaccensis,
récemment introduite en Polynésie, déjà largement naturalisée dans les îles de la
Société, Moorea, Raiatea, Tahaa et Tahiti, et largement exploitée ailleurs dans le monde
pour sa teneur élevée en roténoïdes insecticides.

Avant de s’intéresser à cette ressource et en l’absence de données actualisées sur


sa taxonomie, sa bio-écologie et son abondance, il nous semble souhaitable de la
reléguer dans le groupe des « espèces non prioritaires » et de lui préférer Tephrosia
purpurea, une autre source de roténoïdes classée dans le groupe 1.

Une analyse détaillée du statut taxonomique de la ressource est donc un


préalable indispensable à tout projet de valorisation d’une ressource végétale locale.
Plusieurs projets sur les plantes ichtyotoxiques ou insecticides ont été envisagés et sont
restés sans suite, en raison probablement des confusions botaniques que nous venons
d’évoquer.

Le cas de boerhavia diffusa L., classée dans le groupe 3, est aussi significatif.

Il paraît actuellement difficile de pouvoir retenir les nombreux usages signalés


dans la littérature, associé à un nom qualifié par J. Florence de « dépotoir », pour lequel
il est impossible de lier de manière non ambivalente des propriétés particulières à des
plantes non clairement déterminées.

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4.2 Quelques pistes de recherches sur les plantes médicinales locales


Exploitation des données sur les usages médicaux dans les collections d’herbiers, notamment les
collections historiques du Muséum national d’histoire naturelle
L’Herbier du MNHN renferme des collections historiques, recueillies lors des
grandes missions d’inventaires. Ces herbiers comportent souvent des observations sur
les usages des plantes qui présentent un grand intérêt pour les raisons suivantes :
– Informations relevées « à la source », donc aucune ambiguïté sur l’espèce
à laquelle se rapporte l’usage, alors que c’est souvent l’une des difficultés
rencontrées dans les études ethnobotaniques classiques.
– Les données botaniques et ethnobotaniques peuvent être géo-référencées.
– Les usages sont souvent originaux, jamais reportés auparavant, voire
disparus de la mémoire collective des populations.
L’informatisation des herbiers en cours offrira de nouvelles possibilités
d’exploitation de ces données originales.

Exploitation de la littérature ancienne, notamment celle des voyageurs et naturalistes


Ces ouvrages sont riches en informations originales voire disparues de la
mémoire collective des populations. Une relecture de ces ouvrages avec actualisation
des données botaniques des espèces citées pourrait se révéler une source importante
d’informations (voir à ce propos la contribution de Pierre Cabalion).

4.3 Évaluer le niveau de l’automédication par les plantes dans la population et


son impact sur l’accès aux soins
S’il est vrai que cette question est quelque peu en marge de l’expertise car elle
relève plus de préoccupations de santé publique que d’une valorisation économique, elle
mérite cependant que l’on y prête attention pour les raisons suivantes :
– La consommation de phytomédicaments traditionnels génère dans
certains pays une activité non négligeable : marché des plantes, activité des
herboristes, par exemple, plus ou moins tolérés ou encadrés.
– Les pratiques médicales et thérapeutiques chinoises connaissent
actuellement un regain d’intérêt évident. Qu’en est il en Polynésie où la
communauté chinoise est importante?
Nous n’avons pas trouvé dans la documentation consultée d’évaluation des
pratiques d’automédication. Des études précisant sa place actuelle et celle des
guérisseurs dans l’itinéraire thérapeutique des Polynésiens pourraient être menées, sur le
modèle du programme TRAMIL dans la Caraïbe (Robineau et Soejarto, 1996 ;
Germosèn-Robineau et al., 1999).

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4.4 De belles échappées


La flore de Polynésie s’est trouvée enrichie par l’introduction de nombreuses
espèces au cours de différentes migrations (Maclet et Barrau, 1959).

Dans leur très grande majorité, les plantes alimentaires furent introduites par les
migrations qui peuplèrent les terres de cette partie du Pacifique Sud. La plupart de ces
plantes vinrent de l’Asie, ou de la Malaisie ou des terres du Pacifique occidental. Avant
l’arrivée des Européens, certaines plantes furent considérablement améliorées en
Polynésie. Ce fut notamment le cas de l’arbre à pain, Artocarpus altilis, et du bananier
fehi, Musa troglodytarum, mais aussi de Musa x paradisiaca (banane plantain, à un
degré moindre que la fehi), de Colocasia esculenta (taro).

Les introductions de plantes par les Européens commencent très tôt, dès la fin du
e e
XVII siècle, mais elles sont véritablement organisées et favorisées au XIX siècle par la
création de jardins et de stations : le jardin Raoul à Mamao, Papeete en 1880 ; la Station
d’altitude de Fautaua, pour les cultures et acclimatation des quinquinas, le jardin
d’essais de Taravao et de Pirae, plusieurs initiatives de particulier (Harrison Smith à
Papeari).

Dans ces jardins, furent introduits et multipliés à fin de distribution de très


nombreuses plantes, manguiers, letchis, et bien d’autres arbres fruitiers, plantes utiles et
ornementales.

Un autre facteur assez important de cet enrichissement fut l’immigration de


travailleurs chinois qui, par la suite, se fixèrent à Tahiti, y devinrent artisans,
commerçants, maraîchers, etc. On leur doit l’introduction et la multiplication de
plusieurs espèces utiles, notamment de plantes légumineuses.

Plusieurs espèces sont échappées des cultures, d’un grand intérêt économique.
Parmi des dernières, il faut signaler les Cinchona, avec deux espèces introduites en
1938, testées et multipliées par MM. Pétard et Boubée, selon Maclet et Barrau (1959) :
– Cinchona ledgeriana Moens,
– Cinchona succiruba Pavon.
Les peuplements sauvages actuels sont suffisamment importants (une espèce de
Cinchona est même envahissante dans la presqu’île de Taravao depuis quelques
années*) pour que l’on s’intéresse à ces ressources d’un grand intérêt économique, pour
lesquels il y a un marché local et international et une réglementation clairement établie
et applicable.

* J.-Y. Meyer, comm. pers.

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5. La bioprospection des ressources végétales polynésiennes


peut-elle susciter une activité économiquement viable ?

5.1 Enjeux actuels de la bioprospection


La bioprospection consiste en l’exploitation, l’extraction et le criblage ou tri de
la diversité biologique et des connaissances indigènes pour découvrir des ressources
génétiques ou biochimiques ayant une valeur commerciale.

Les premiers acteurs concernés sont les scientifiques qui apportent l’expertise
scientifique nécessaire.

Les spécialistes en systématique et taxonomie sont de plus en plus courtisés par


l’industrie du vivant. Monsanto, une des plus puissantes multinationales américaines,
supporte financièrement le Missouri Botanical Garden à Saint Louis, l’herbier le plus
dynamique au niveau mondial actuellement, selon les spécialistes.

Sont aussi concernées les équipes de recherche étudiant les propriétés


biologiques des plantes médicinales (ethno-pharmacologie, pharmacognosie, chimie des
substances naturelles).

Ce type d’activité est relancé avec le développement des techniques de criblage


automatisé à haut débit (HTS, pour high throughout screening).

Au début des années 1990, l’introduction de la robotique dans les techniques de


criblages pharmaceutiques a provoqué une véritable révolution dans la recherche
industrielle (secteurs concernés : santé, cosmétologie, agronomie, environnement). Les
grandes firmes pharmaceutiques s’équipent de robots permettant le traitement
automatique de milliers d’extraits ou produits purs, qui sont testés sur des batteries de
« cibles biologiques » maintenant miniaturisées grâce aux progrès des biotechnologies.

Les firmes achètent des bibliothèques entières de produits ou extraits pour


alimenter les criblages à haut débit, et leurs besoins suscitent la mise en œuvre de
programmes de bioprospection, objets de conventions entre les firmes pharmaceutiques
et les États détenteurs des ressources, ou leurs institutions mandatées pour cela, qui
cherchent à valoriser leurs « gisements » de biodiversité.

La fourniture d’extraits végétaux ou animaux pour alimenter les besoins des


entreprises, en particulier celles pratiquant le nouveau triage à haut débit, peut, en
diversifiant les partenariats industriels, devenir une activité lucrative pour une
institution locale, une communauté associée à cette institution ou une entreprise.

L’expérience menée par l’INBIO (Instituto Nacional de Biodiversidad) au Costa


Rica est à ce titre intéressante et plusieurs pays semblent vouloir suivre cet exemple.
Des ONG comme Pro-Natura proposent leurs services comme intermédiaire entre les

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instituts des pays sources et les entreprises. L’ONG négocie avec les entreprises
intéressées les modalités de fourniture des extraits. Elle veille à ce que les bénéfices
obtenus de leurs exploitations aillent vers des actions de développement local. On peut
cependant se demander si ce genre d’association n’est pas un écran de plus entre les
pays détenteurs de la ressource et les utilisateurs. Les nombreuses ONG qui
interviennent au nom des communautés locales ont une durée d’action variable et
peuvent disparaître bien avant l’obtention des premiers bénéfices espérés, après les
longues années de recherche et de développement.

Nature des revenus attendus


– vente d’échantillons botaniques ou d’extraits selon un prix de marché,
entre 50 et 1 000 euros l’échantillon, selon qu’il s’agit de plantes en vrac ou
d’extraits certifiés ;
– royalties versées par les sociétés sur les brevets liés à l’exploitation de
principes actifs dérivés des échantillons (obtention par synthèse, hémisynthèse
ou produits d’extraction).
Ce type d’activité peut aussi avoir des retombées autres que financières.

Impact socio-environnemental
– création d’emplois locaux (récolteurs, activités de services),
– prises de conscience des acteurs locaux sur la valeur du patrimoine
naturel et sur la nécessité de le conserver.
Impacts scientifiques
– participation à l’innovation industrielle,
– acquisition des connaissances sur la biodiversité,
– transferts technologiques et/ou renforcement des capacités scientifiques
d’expertise.
Il conviendrait donc de mener une étude de faisabilité pour la mise en place en
Polynésie française, l’un des « Hot spots » de biodiversité de l’outre-mer tropical
français, d’une structure assumant la gestion des collections et la fourniture
d’échantillons certifiés. Ce type de structure pourrait fonctionner selon un modèle
proche de celui des « Centres de ressources biologiques ».

Les conditions d’une activité de bioprospection en Polynésie française


Richesse du gisement à explorer
Pour 80 à 90 % des plantes endémiques, il n’existe aucune référence
bibliographique témoignant d’études scientifiques.

De ce fait, la majorité des plantes endémiques n’a pas été retenue par l’expertise.
Leur situation en termes de connaissance de la ressource est tout à fait comparable à
celle des substances marines.

Pour les plantes endémiques vulnérables non étudiées, nous proposons la


création de collections, ou extractothèques, qui seront traitées de la même manière que
les organismes marins.

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La collecte d’échantillons, organisée et encadrée scientifiquement et


réglementairement, contribuant à l’enrichissement des collections, peut devenir un
moyen de gestion durable des ressources naturelles (objectifs de l’ONG Pro-Natura).

Le nombre d’échantillons potentiel dépend :


– du type biologique, en moyenne 2 à 4 pour un arbre (feuilles, écorces de
tronc, racines, fruits…), 2 pour les herbacées (parties aériennes et souterraines),
2 pour les lianes, etc. ;
– de la quantité récoltable (au minimum 50 grammes pour un criblage
primaire) ;
– et de la gamme des solvants d’extractions utilisés : entre 2 et 4
généralement.

Cette structure aurait pour vocation la création et la gestion de :


– souchothèques [cela concerne les micro-organismes marins, voir
contribution sur les organismes marins (J. Guézennec, C. Débitus)] ;
– extractothèques (herbiers, échantillons et extraits végétaux) ;
– chimiothèques (collections de molécules isolées en laboratoire).
Dans cette perspective, il serait judicieux de se rapprocher des responsables du
programme « Chimiothèque nationale » mené par le CNRS.

Dispositif et équipements de base nécessaires


Plate-forme d’échantillonnage
Il convient en premier lieu de constituer un herbier correctement géré et
intégrant les révisions botaniques récentes. En second, il faut prévoir un dispositif
permettant la conservation ex situ des échantillons : chambre froide, congélateurs et
séchoir de grande capacité.

En raison de la dispersion géographique et de l’endémisme insulaire élevé, un tel


projet suppose l’organisation de campagnes de récoltes strictement contrôlées,
accompagnées de mesure de sauvegarde, avec mise en culture et conservation in vitro
des espèces les plus menacées.

Plate-forme d’extraction et de formatage des extraits


Le fractionnement et la mise en plaques standards dites « plaques mères », prêtes
à être testées, permettent de constituer un stock d’échantillons disponibles pour les
essais pharmacologiques ultérieurs.

Les étapes d’isolement et de déréplication (repérage rapide des composés


ubiquistes peu intéressants) peuvent être réalisées en Polynésie où plusieurs équipes
performantes de chimie sont à même de le faire. Quant aux techniques de
déréplications, devenues indispensables dans le criblage à haut débit, elles pourront être
acquises auprès des partenaires intéressés (Harvey, 2000).

L’équipement de base est constitué d’un appareillage du type robot diluteur


adapté au moyen ou haut débit, le moyen débit paraissant a priori suffisant. De

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nouvelles méthodes ont été développées permettant d’optimiser les bibliothèques de


produits pour le criblage à haut débit (Cordell, 2000 ; Abel et al., 2002).

Criblage pharmacologique
– Tests biologiques au laboratoire : la sélection des extraits actifs au moyen
de tests biologiques est devenue la règle en pharmacochimie des substances
naturelles. Des tests de laboratoires fiables et facilement réalisables peuvent être
développés et utilisés par les équipes locales, en collaboration avec les équipes
de recherche en biologie médicale, comme celles existant à l’institut Mallardé.
– Criblages pharmacologiques robotisés : il faut cependant faire la
distinction entre les tests biologiques nécessaires au laboratoire pour la détection
et le suivi du fractionnement ultérieurs des extraits actifs et la mise en place de
tests pharmacologiques robotisés. Ces derniers nécessitent des spécialistes en
pharmacologie et en ingénierie (miniaturisation des tests, leur robotisation, puis
tests de confirmation) que l’on trouve rarement réunis en un même lieu.
La maîtrise de la production des plaques de tests permet en revanche de
diversifier les partenaires dans différents domaines. La diversification nécessaire des
partenariats industriels nationaux et internationaux implique le respect des termes de la
Convention sur la biodiversité biologique (CDB), concernant notamment les règles
d’accès aux ressources biologiques (cf. dans cette partie analytique la contribution de
C. Noiville).

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Tableau 8. Liste des fiches produits, répartis en 3 groupes

Groupe 1 Callophyllum inophyllum L. (CLUSIACEAE)


Gardenia taitensis DC. (RUBIACEAE)
Ilex anomala Hook. & Arnott (AQUIFOLIACEAE)
Morinda citrifolia L. (RUBIACEAE)
Piper methysticum G. Forst. (PIPERACEAE)
Santalum insulare DC. var. insulare (TAHITI)
Santalum insulare var. marchionense (Skottsb.) Skottsb. (Marquises)
Santalum insulare var. margaretae (F. Br.) Skottsb. (Rapa)
Santalum insulare var. raiateense (J. W. Moore) Fosberg & Sachet (Raiatea, Moorea)
Santalum insulare var. raivavense F. Br. (Raivavae, Australes)
Tephrosia purpurea (L.) Pers. var. piscatoria (Ait.) Fosberg (FABACEAE)
Vanilla tahitensis J. W. Moore (ORCHIDACEAE)

Groupe 2 Astelia nadeaudii Drake (ASTELIACEAE)


Maytenus vitiensis (A. Gray) Ding Hou (CELASTRACEAE)
Melicope spp. (RUTACEAE)
Myrsine collina Nadeaud (MYRSINACEAE)
Neonauclea forsteri (Seemann) Merrill (RUBIACEAE)
Pittosporum orohenense J. W. Moore (PITTOSPORACEAE)
Premna serratifolia L. (LAMIACEAE, anciennement VERBENACEAE)
Premna taitensis Schauer
Sigesbeckia orientalis L. (ASTERACEAE)
Tacca leontopetaloides (L.) Kuntze (TACCACEAE)
Terminalia glabrata G. Forst. f. var. brownii F. R. Fosberg & M. H. Sachet (COMBRETACEAE)
Wikstroemia coriacea Seemann (THYMELAEACEAE)

Groupe 3 Allophylus rhomboidalis (SAPINDACEAE)


Alstonia costata (APOCYNACEAE)
Alyxia stellata var. stellata (APOCYNACEAE)
Argusia argentea (L.f.) Heine (BORAGINACEAE)
Asplenium gibberosum (ASPLENIACEAE)
Asplenium nidus L. (ASPLENIACEAE)
Boerhavia diffusa L. (NYCTAGINACEAE)
Cassytha filiformis L. (LAURACEAE)
Cerbera manghas L. (APOCYNACEAE)
Chamaesyce fosbergii J. Florence (EUPHORBIACEAE)
Claoxylon collenettei Riley (EUPHORBIACEAE)
Cocculus orbiculatus (L.) DC. (MENISPERMACEAE)
Coprosma spp. (RUBIACEAE)
Cymbopogon refractus (R. Br.) Camus (POACEAE)
Davallia solida (G. Forst.) Sw. (DAVALLIACEAE)
Dryopteris hirtipes (Blume) O. Kuntze (DRYOPTERIDACEAE)
Erythrina variegata L. (FABACEAE)
Fagraea berteroana A. Gray ex Benth. var. berteroana (LOGANIACEAE)
Ficus prolixa G. Forst. var. prolixa (MORACEAE)
Geniostoma quadrangulare Fosberg (LOGANIACEAE)
Glochidion emarginatum J.W. Moore (EUPHORBIACEAE)

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Groupe 3 (suite) Guettarda speciosa L. (RUBIACEAE)


Heliotropium anomalum Hook. et Arn. var. anomalum (BORAGINACAEA)
HERNANDIACEAE
Homalanthus nutans (G. Forst.) Guill. (EUPHORBIACEAE)
Homalium mouo H. St John (FLACOURTIACEAE)
Lepidium bidentatum Montin (BRASSICACEAE)
Macaranga attenuata J. W. Moore/ Macaranga venosa J. W. Moore (EUPHORBIACEAE)
Meryta choristantha Harms (ARALIACEAE)
Miconia calvescens DC. (MELASTOMATACEAE)
Moringa oleifera Lamarck (MORINGACEAE)
Phyllanthus pacificus Muell. Arg. (EUPHORBIACEAE)
Pisonia grandis R. Br. (NYCTAGINACEAE)
Psydrax odorata (G. Forst.) N. Hallé et J. Florence (RUBIACEAE)
Rauvolfia sachetiae
Reynoldsia marchionensis F. Br. (Araliaceae) Reynoldsia verrucosa Seem. (ARALIACEAE)
Rhus taitensis Guill. (ANACARDIAACEAE)
Streblus anthropophagorum (Seem.) Corner (MORACEAE)
Thespesia populnea (L.) Solander ex Correa (MALVACEAE)
Vaccinium cereum (L. f.) G. Forst. (ERICACEAE)
Zanthoxylum pinnatum (J.R. Forst.& G. Forst.) W.R.B. Oliv. (Rutaceae)

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C. MORETTI, J. FLORENCE © IRD éditions 2005

Annexe
Fichier „Flore utile de Polynésie française ;
espèces médicinales retenues
pour l’expertise collégiale”

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Substances naturelles en Polynésie française C. Moretti, J. Florence (Annexe) © IRD éditions 2005

Synonyme 1 Crit. Orig.


Espèce Famille Type biol. Statut biogéo Distribution géographqiue Abondance Ecologie
Commentaire taxonomique sel° données
localisé, mais toujours caractéristique des vasières littorales ou de la
Adiantaceae
Acrostichum aureum herbacée indigène, fougère Aus, Soc abondant pseudomangrove, Hibiscus tiliaceus ? 3
Agavaceae
Cordyline fruticosa arbrisseau cultivée / naturalisée C. terminalis Aus, Gam, Mar, Soc, Tua communément cultivée jardins ; vallées ou collines (marque points remarquables) N 3
Achyranthes aspera sous-frutex naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare végétation rudéale N 3
Achyranthes aspera rare à abondante, localisée à
var. velutina sous-frutex, arbuste indigène A. velutina Aus, Soc, Tua répandue sous-bois de forêt littorale et de motu sur substrat calcaire R 2
Amaranthaceae
Amaranthus tricolor herbacée adventice Soc ornementale rare jardins N 1
sous-bois des forêts de basse et moyenne vallée,
Cyathula prostrata herbacée adventice Aus, Mar, Soc abondante, par grandes taches anciennement occupées par les Polynésiens N 3
cultivée en jardin ou vergers, ± largement naturalisée sur
Mangifera indica arbre cultivée / naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare, abondante les reliefs de basse altitude N 3
caractéristique de la forêt mésophile de basse altitude,
Rhus taitensis arbre indigène Soc abondante dans les grandes vallées, particulièrement Tahiti R 1
Anacardiaceae
cultivée / jardin, ± persistant dans les basses vallées occupées
Spondias dulcis arbre subspontanée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua localisée, rare à abondante autrefois par les Polynésiens N 3
jardins, aux Marquises commence à se naturaliser dans les
Spondias mombin arbre cultivée Mar, Soc localisée vallées N 1
jardin, se naturalise localement dans les Marquises, basse
Annona muricata arbuste, petit arbre cultivée / naturalisée Aus, Gam, Marq, Soc, Tua localisée altitude dans les premiers reliefs N 1
Annona reticulata arbuste, petit arbre cultivée / naturalisée Gam, Soc, Tua localisée jardin, se naturalise à Makatea N 1
Annonaceae
jardin, se naturalise lentement aux Marquises à basse
Annona squamosa arbuste, petit arbre cultivée / naturalisée Aus, Gam, Marq, Soc, Tua localisée altitude et à Makatea N 1
Cananga odorata arbre cultivée / naturalisée Aus, Mar, Soc, Tua localisée et rare jardins, se naturalise en forêts humides de basse vallée R 2
3 variétés au statut non définitif,
Alyxia stellata var. seule la variété-type prise en sur les crêtes de moyenne et haute altitude, Tahiti et
stellata arbrisseau, arbuste indigène compte ici Soc localisée, rare à abondante Moorea, plateau de Temehani, Raiatea R 3
jardin, naturalisée en végétation rudérale mésique de
Catharanthus roseus sous-arbrisseau cultivée / naturalisée Aus, Gam, Marq, Soc, Tua localisée basse altitude N 1
en végétation de basse et moyenne altitude : vallées et
Cerbera manghas Apocynaceae arbre indigène Aus, Gam, Marq, Soc localisée, répandue reliefs R 1
Nerium oleander arbrisseau, arbuste cultivée / naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare, abondante jardins, se naturalise en forêts humides de basse vallée N 2
Plumeria obtusa arbre cultivée Aus, Gam, Marq, Soc, Tua localisée jardin N 1
Plumeria obtusa,
Plumeria rubra arbre Aus, Gam, Marq, Soc, Tua localisée jardin N 1

Thevetia peruviana arbre cultivée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua localisée jardin, en voie de naturalisation aux Marquises et Makatea N 1
caractéristique des vallons et crêtes d'altitude en forêt de
Aquifoliaceae
Ilex anomala arbre indigène I. taitensis Mar, Soc répandue et abondante nuages R 1
localisée, répandue, souvent jardin, en sous-bois de forêt de basse altitude, dans les
Alocasia macrorrhizos herbacée cultivée / naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante anciens sites Polynésiens N 3
Amorphophallus
paeoniifolius var. localisée et très rare jardin, en sous-bois de forêt de basse vallée à Hibiscus
campanulatus Araceae herbacée naturalisée A. paeoniifolius, A. campanulatus Aus, Mar, Soc (? phénologie) tiliaceus N 3
cultivée /
Colocasia esculenta herbacée subspontanée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua répandue et abondante culture irriguée ou non de basse altitude N 3
Xanthosoma
sagittifolium herbacée cultivée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare, localement abondante culture N 1
Cocos nucifera Arecaceae arbre cultivée / naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue cocoteraies et largement naturalisée, basse altitude N 2

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Substances naturelles en Polynésie française C. Moretti, J. Florence (Annexe) © IRD éditions 2005

Synonyme 1 Crit. Orig.


Espèce Famille Type biol. Statut biogéo Distribution géographqiue Abondance Ecologie
Commentaire taxonomique sel° données
ornementale / localisée à répandue, souvent jardin (Australes), ailleurs végétation rudérale humide
Asclepias curassavica sous-frutex naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc abondante ouverte, pâtures N 3
Asclepiadaceae
ornementale /
Calotropis gigantea arbrisseau, arbuste subspontanée Aus, Soc, Tua localisée jardin, rarement subspontanée N 1
localisée à répandue, rare à en sous-bois de forêt de basse, haute altitude, souvent
Asplenium gibberosum herbacée indigène, fougère Aus, Gam, Mar, Soc peu abondante saxicole R 1
sous-bois de forêt littorale et forêts de vallées mésiques ou
Aspleniaceae
Asplenium nidus herbacée indigène, fougère Neottopteris nidus Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare à répandue, abondante humides de basse altitude N 2
sous-bois de forêt mésique, humide de basse, moyenne
Asplenium polyodon herbacée indigène, fougère A. falcatum Aus, Gam, Soc, Tua rare et localisée altitude R 2
Adenostemma rarement cultivée, stations humides et ± ombragées de
viscosum herbacée adventice A. lavenia sensu Zepernick Aus, Gam, Mar, Soc, Tua localisée basse vallée R 3
Ageratum conyzoides herbacée adventice Aus, Gam, Mar, Soc, Tua répandue et abondante végétation rudérale ouverte, stations sèches, fraîches N 3
Bidens pilosa herbacée adventice Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue végétation rudérale de basse altitude N 2
très rare, cultivée, rarement
Asteraceae
Dicrocephala integrifolia herbacée cultivée / naturalisée D. bicolor sensu Zepernick Aus, Soc adventice jardin r 3
Fitchia tahitensis arbuste, petit arbre endémique Soc très rare et localisée forêts ombrophiles de haute altitude N 2
végétation rudérale de basse, moyenne altitude, en station
Sigesbeckia orientalis herbacée adventice Aus, Gam, Mar, Soc localisé, rare à abondante ouverte, mésique, humide R 3
Sonchus oleraceus herbacée adventice Aus, Gam, Mar, Soc peu abondante et localisée végétation rudérale de basse altitude N 2
jardin, parfois naturalisée aux Marquises, en forêt de
Bixaceae
Bixa orellana arbuste, petit arbre cultivée / naturalisée Mar, Soc rare, localement abondante vallée, basse altitude N 3
basse altitude, station ouverte en vallées et sur premiers
Blechnaceae
Blechnum orientale herbacée indigène, fougère Aus, Gam, Soc commune reliefs N 3
Messerschmidia argentea, sur substrat calcaire ± grossier, fin, groupements littoraux
Argusia argentea arbre indigène Tournefortia argentea Aus, Gam, Soc, Tua abondante et répandue ou motu R 3
sur substrat calcaire ± grossier, fin, groupements littoraux
Boraginaceae
Cordia subcordata arbre indigène Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue ou motu N 3
herbacée, sous- rare à abondante, localisée à
Heliotropium anomalum frutex indigène Aus, Soc, Tua répandue stations ouvertes de végétation littorale et de motu N 2
Rorippa nasturtium-
aquaticum herbacée cultivée Nasturtium officinale Aus, Gam, Mar, Soc rare et localisée culture N 2
Brassicaceae
jardin (cultivée), végétation rudérale de basse altitude,
Rorippa sarmentosa herbacée cultivée / naturalisée Nasturtium sarmentosum Aus, Gam, Mar, Soc, Tua localisée, répandue station humide N 3
rare à abondante, localisée à
Bromeliaceae
Ananas comosus herbacée cultivée Aus, Gam, Mar, Soc répandue jardins et cultures N 2
Caesalpinia bonduc liane ligneuse indigène Aus, Mar rare à abondante, localisée végétation littorale et mésique de basse altitude N 2
Doute sur l'indentification exacte,
Caesalpinia crista liane ligneuse indigène ? est-ce C. major ?? ?? N 2

Caesalpinia pulcherrima Caesalpiniaceae arbrisseau, arbuste cultivée Aus, Mar, Soc, Tua rare et localisée jardins N 2
introduite /
Senna alata arbrisseau, arbuste naturalisée Cassia alata Aus, Mar, Soc, Tua rare jardin, parfois subspontanée en végétation rudérale N 1
jardin, naturalisée aux Marquises, basse altitude en
Tamarindus indica arbre cultivée / naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare, ± abondante, localisée végétation ouverte N 1
jardins, stations humides et ouvertes de végétation
Cannaceae
Canna indica herbacée cultivée / naturalisée Aus, Mar, Soc rare et localisée rudérale N 2
jardin, naturalisée en végétation ± anthropisée mésique de
Caricaceae
Carica papaya arbuste, petit arbre cultivée / naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue basse altitude N 3
Casuarina equisetifolia
Casuarinaceae
subsp. equisetifolia arbre indigène / naturalisée C. equisetifolia Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue plantée, végétation mésique de basse et moyenne altitude R 3
rare à abondante, localisée à
Terminalia catappa arbre cultivée / naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua répandue jardins, végétation littorale ± anthropisée N 2
Combretaceae
Terminalia glabrata var.
brownii arbre endémique Mar rare et dispersée forêt mésique de basse altitude R 3
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Synonyme 1 Crit. Orig.


Espèce Famille Type biol. Statut biogéo Distribution géographqiue Abondance Ecologie
Commentaire taxonomique sel° données
station ouverte et humide de végétation rudérale de basse
Commelinaceae
Commelina diffusa herbacée adventice C. nudiflora Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue altitude N 2
cultivée /
Ipomoea batatas liane herbacée subspontanée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et localisée culture N 2
Ipomoea indica var.
indica Convolvulaceae liane herbacée indigène I. congesta Aus, Gam, Soc (?) peu abondante et localisée station ouverte de végétation rudérale de basse altitude N 2
Ipomoea pescaprae rare à abondante, localisée à
subsp. brasiliensis liane herbacée indigène I. pes-caprae sensu Zepernick Aus, Gam, Mar, Soc, Tua répandue végétation pionnière herbacée littorale N 3
Operculina turpethum liane herbacée indigène Mar, Soc, Tua rare et localisée végétation ouverte de basse altitude N 1
Benincasa hispida liane herbacée cultivée Mar, Soc rare et localisée jardins N 2

Cucumis anguria liane herbacée naturalisée Mar rare à peu abondante, localisée jardins, stations ouvertes de végétation rudérale N 2
Cucurmis melo subsp. Cucurbitaceae introduite /
agrestis liane herbacée naturalisée C. pubescens Mar, Soc rare et localisée végétation ouverte de basse altitude N 1
Lagenaria siceraria liane herbacée cultivée Aus, Mar, Soc rare et localisée jardins N 2
Momordica charantia liane herbacée cultivée / naturalisée Mar, Soc, Tua abondante et répandue jardin, végétation rudérale ouverte de basse altitude N 1
végétation rudérale de basse et moyenne altitude, stations
Kyllinga nemoralis herbacée adventice Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue ouvertes et humides N 1
Cyperaceae
végétation rudérale de basse et moyenne altitude, stations
Mariscus javanicus herbacée adventice Cyperus pennatus, C. javanicus Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue ouvertes et humides N 3
rare à abondante, localisée à végétation primaire de basse, haute altitude, le plus
Davalliaceae
Davallia solida liane herbacée indigène, fougère Aus, Gam, Mar, Soc, Tua répandue souvent en forêt ? 1
Dioscorea alata liane herbacée cultivée / naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare et localisée jardins, lisières de forêts de basse altitude N 2
forêts mésiques et humides de basses vallées,
Dioscorea pentaphylla Dioscoreaceae liane herbacée naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare, localisée anciennement occupées par les Polynésiens N 2

Dioscorea bulbifera liane herbacée cultivée / naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare à peu abondante, localisée sous-bois ou lisière de forêt de vallée de basse altitude N 3
Styphelia tameiameiae Epacridaceae arbrisseau, arbuste indigène Mar, Soc rare, peu abondante, localisée crêtes de haute altitude N- 1 2
forêt de basse et moyenne altitude, anciens sites
Aleurites moluccana arbre naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue Polynésiens N 3
végétation rudérale de basse et moyenne altitude, stations
Chamaesyce hirta herbacée adventice Euphorbia hirta Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue ouvertes, mésiques, xériques N 1
Homalanthus nutans arbuste, petit arbre indigène Aus, Soc, Tua rare, abondante, localisée forêts mésiques, humides de basse, moyenne altitude R 2
herbacée, cultivée /
Manihot esculenta arbrisseau subspontanée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare à abondante, répandue cultures N 2
Euphorbiaceae sous-arbrisseau, végétation ouverte de crêtes et croupes de moyenne et
Phyllanthus pacificus arbuste endémique P. pacificus var. uahukensis Mar rare à abondante, localisée haute altitude ? 2
station humide de végétation rudérale ou de forêt de vallée
Phyllanthus urinaria herbacée adventice Aus, Mar, Soc rare, peu abondante, localisée de basse altitude anthropisée N 1
sous-frutex, végétation mésique, xérique de basse altitude, souvent
Phyllanthus virgatus arbrisseau indigène Aus, Soc rare et localisée saxicole N- 1 2
rare à abondante, localisée à
Ricinus communis herbacée naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua répandue végétation rudérale de basse altitude N 2

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Synonyme 1 Crit. Orig.


Espèce Famille Type biol. Statut biogéo Distribution géographqiue Abondance Ecologie
Commentaire taxonomique sel° données
plantée, végétation secondaire mésique, xérique de basse
Albizia lebbeck arbre cultivée / naturalisée Aus, Mar, Soc rare à abondante, localisée altitude N
introduite / Probablement D. malaccensis,
Derris trifoliata liane ligneuse naturalisée introduite et commune Soc statut inconnu basse altitude R 1
E. variegata var. orientalis, E. rare à peu abondante, localisée
Erythrina variegata arbre naturalisée indica Aus, Gam, Mar, Soc, Tua à répandue plantée, forêt ± anthropisée de basse altitude N 3
herbacée, sous-
Indigofera suffruticosa frutex adventice Aus, Mar, Soc rare à abondante et répandue végétation rudérale de basse altitude N 2
abondante à répandue (sauf
Inocarpus fagifer Fabaceae arbre naturalisée I. edulis Aus, Gam, Mar, Soc, Tua Tuamotu = plantée) forêt ± inondable de vallée de basse altitude N 3
Lens culinare herbacée cultivée Aus rare et localisée jardins N 2
Mucuna gigantea liane ligneuse cultivée Aus, Mar, Soc rare et localisée forêts mésiques et humides de basse, moyenne altitude N 2
abondante et répandue (sauf station ouverte et mésique, xérique de végétation rudérale
Rhynchosia minima liane herbacée naturalisée Rhyncosia minima var. ortho. Aus, Gam, Mar, Soc, Tua Tuamotu) ou de forêt secondarisée de basse altitude N 1
Sophora tomentosa arbuste, petit arbre indigène Aus, Gam, Soc rare à ± abondante, localisée végétation littorale ouverte sur subtrat calcaire N 3
sous-frutex, stations ouvertes, végétation secondarisée littorale et de
Tephrosia piscatoria arbrisseau naturalisée / indigène T. purpurea sensu Zepernick Aus, Gam, Mar, Soc rare à abondante, localisée basse altitude R 3
Vigna adenantha liane herbacée adventice Phaseolus adenanthus Aus, Mar, Soc rare et localisée végétation rudérale de basse altitude N- 1 2
Vigna marina liane herbacée adventice Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue végétation littorale ouverte ± secondarisée N 3
F. berteroana
Il existe une variété endémique
Gentianaceae aux Marquises, F.berteroana var.
Fagraea berteroana marquesensis de statut
var. berteroana arbre indigène taxonomique douteux Aus, Mar, Soc peu abondante, localisée croupes mésiques de basse et moyenne altitude R 3
Scaevola taccada Goodeniaceae arbrisseau indigène Scaevola sericea Aus, Gam, Soc, Tua abondante et répandue végétation littorale sur substrat calcaire R 3
Guttiferae / parfois plantée, forêt littorale sur substrat calcaire ou
Calophyllum inophyllum Clusiaceae arbre naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare à peu abondant, localisée basaltique R 3
Hernandia rare, peu abondante, le plus
Hernandiaceae
nymphaeifolia arbre indigène Aus, Gam, Soc, Tua souvent localisée forêt littorale sur substrat basaltique et calcaire R 3
rare et localisée, parfois jardins, station mésiques et xériques de végétation de
Leucas decemdentata herbacée adventice Aus, Soc seulement cultivée (Makatea) basse altitude, généralement saxicole N 3
Lamiaceae
végétation rudérale de basse altitude et formations
Ocimum basilicum sous-arbrisseau cultivée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare à abondante, répandue xériques ouvertes de basse altitude N 2
station ouverte de végétation littorale, parfois croupes de
Lauraceae
Cassytha filiformis liane herbacée indigène Aus, Gam, Soc, Tua abondante et répandue basse altitude N 3
rare à abondante, localisée, forêt littorale sur substrat basaltique et calcaire, parfois
Lecythidaceae
Barringtonia asiatica arbre indigène / naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua répandue vallées anciennement occupée par les Polynésiens N 1
Lycopodiella cernua (L) stations ouvertes de végétation mésique de basse, haute
Lycopodiaceae
Pich.-Ser. herbacée indigène Lycopodium cernuum Aus, Gam, Mar, Soc abondante et répandue altitude N 2
Abelmoschus
moschatus subsp. stations ouvertes et mésiques de végétation ± anthropisée
moschatus herbacée, arbuste naturalisée Hibiscus abelmoschus Aus, Gam, Soc rare et localisée de basse, moyenne altitude N 2
stations ouvertes de végétation ± anthropisée de basse
Gossypium barbadense herbacée, arbuste naturalisée G. brasiliense Aus, Mar, Soc rare à abondante, localisée altitude N 2
cultivée / rare à peu abondante,
Hibiscus rosa-sinensis arbrisseau, arbuste subspontanée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua localisée, répandue jardins, pistes, points remarquables N 2
plante obscure, revoir la description
Malvaceae
Hibiscus rouge cultivée dans Pétard N 1
des forêts littorales aux forêts de vallées de moyenne
Hibiscus tiliaceus arbre indigène Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue altitude N 3
herbacée, stations ouvertes mésiques de végétation rudérale de
Sida rhombifolia arbrisseau adventice Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue basse altitude N 2
Thespesia populnea arbre indigène Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue forêts littorales et de basse altitude R 3
Urena lobata subsp. herbacée, stations ouvertes mésiques, humides de végétation
lobata arbrisseau naturalisée Urena lobata Aus, Gam, Mar, Soc rare à abondante rudérale de basse altitude N 2
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Synonyme 1 Crit. Orig.


Espèce Famille Type biol. Statut biogéo Distribution géographqiue Abondance Ecologie
Commentaire taxonomique sel° données
forêts de vallées humides, mésiques de basse, moyenne
Angiopteris evecta herbacée indigène Aus, Mar, Soc rare, abondante et répandue altitude N-1 1
Marattiaceae
rare, abondante, localisée, stations ombragées de forêt humides de moyenne, haute
Marattia salicina herbacée indigène M. fraxinea sensu Zepernick Aus, Mar, Soc répandue altitude N 2
Melastoma arbrisseau, petit stations ouvertes de forêt de croupes et crêtes de basse,
Melastomataceae
denticulatum arbre indigène / naturalisée Soc abondante et répandue moyenne altitude N-2 2
Melia azedarach Meliaceae arbre cultivée / naturalisée Aus, Mar, Soc localisée et peu abondante plantée, naturalisée en forêt mésique de basse altitude N 3
cultivée / largement cultivée, se maintient dans les sites d'ancienne
Artocarpus altilis arbre subspontanée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare à abondante, répandue occupation Polynésienne N 3

Broussonetia papyrifera arbuste, petit arbre cultivée Aus, Mar, Soc rare et localisée jardins N 2
Moraceae
Ficus prolixa var.
prolixa arbre étrangleur indigène F. marquesensis Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare à abondante, répandue forêts mésiques et humides de basse, moyenne altitude R 3
Ficus tinctoria subsp.
tinctoria arbre naturalisée F. tinctoria Aus, Gam, Soc, Tua rare à abondante, et répandue forêts mésiques et humides de basse, moyenne altitude R 3
Moringa oleifera Moringaceae arbre cultivée Soc rare et localisée jardins R 1
cultivée / M. paradisiaca, M. paradisiaca
Musa paradisiaca herbacée subspontanée subsp. sapientum Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare à abondante, répandue jardins, cultures N 2
Musaceae
rare à abondante, localisée, jardins, forêts de vallées humide de basse, moyenne
Musa troglodytarum herbacée cultivée / naturalisée Aus, Mar, Soc répandue altitude N 3
arbrisseau, petit rare à abondante et localisée, formations ouvertes mésiques ou forêts de vallées
Eugenia reinwardtiana arbre indigène Eugenia rariflora Aus, Gam, Mar, Soc, Tua répandue humides de basse altitude N-2 2
M. collina subsp. polymorpha rare à abondante et localisée,
Metrosideros collina arbrisseau, arbre indigène sensu Zepernick Aus, Gam, Mar, Soc répandue formations mésiques, ombrophiles de basse, haute altitude N - 2 2
Myrtaceae jardins, naturalisée en végétation mésique, xérique, ±
Psidum guajava arbuste, petit arbre cultivée / naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare à abondante et répandue ouverte de basse altitude N 1
rare à abondante, localisée, jardins, naturalisée en forêts humides de basse, moyenne
Syzygium jambos arbre cultivée / naturalisée Eugenia jambos Aus, Mar, Soc, Tua répandue altitude N 1
Syzygium malaccense arbrisseau, arbuste naturalisée Eugenia malaccensis Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare à abondante, localisée forêts de vallées humides de basse altitude N 3
formations ouvertes mésiques sublittorales ou forêt de
Nephrolepis acutifolia herbacée indigène, fougère Diellia brownii Mar, Tua rare et localisée vallées humides de basse altitude R 2
désigne en Polynésie deux
espèces : N. biserrata et N.
Nephrolepidaceae
hirsutula , la seconde correspond
Nephrolepis exaltata herbacée indigène, fougère davantage, Pétard Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare à abondante, répandue végétation ouverte mésique, xérique de basse altitude R 3

Nephrolepis hirsutula herbacée indigène, fougère N. exaltata sensu Zepernick Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare à abondante, répandue formations ouvertes mésiques de basse altitude ? 2
doute taxonomique : Boerhavia
Boerhavia acutifolia liane herbacée indigène diffusa sensu Pétard Aus, Gam, Mar, Soc rare à peu abondante, localisée végétation ouverte mésique de basse altitude N 1
doute taxonomique : Boerhavia
Boerhavia tetrandra liane herbacée indigène diffusa sensu Pétard Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante, répandue végétation ouverte mésique, sur substrat littoral calcaire N 1
Nyctaginaceae doute taxonomique, pourrait aussi
bien désigner B. tetrandra que B
Boerhavia diffusa liane herbacée naturalisée acutifolia N 1
Ceodes umbellifera sensu forêt littorale sur substrat calcaire, rarement, basse altitude
Pisonia grandis arbre indigène Zepernick Aus, Mar, Soc, Tua rare à abondante, répandue (Marquises) R 3
rare à abondante et localisée,
Onagraceae
Ludwigia octovalvis herbacée adventice L. octovalvis subsp. octovalvis Aus, Gam, Mar, Soc, Tua répandue stations humides et ouvertes de végétation rudérale N 2
Ophioglossum
Ophioglossaceae
reticulatum herbacée indigène, fougère Mar, Soc rare et localisée stations humides, mésiques de basse altitude R 1

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Synonyme 1 Crit. Orig.


Espèce Famille Type biol. Statut biogéo Distribution géographqiue Abondance Ecologie
Commentaire taxonomique sel° données

Malaxis resupinata herbacée indigène Aus, Soc rare et localisée sous-bois de forêts dhumides de vallées de basse altitude N -1 2
Orchidaceae
cultivée /
Vanilla planifolia liane herbacée subspontanée Aus, Gam, Mar, Soc rare à abondante, répandue cultures et forêts humides de basse altitude R 1
Oxalis corniculata Oxalidaceae herbacée adventice Aus, Gam, Mar, Soc rare à abondante, répandue végétation rudérale N 3
Freycinetia arborea liane ligneuse indigène Aus, Mar, Soc rare à abondante, localisée crêtes ouvertes de moyenne, haute altitude N 1
Freycinetia impavida liane ligneuse indigène Mar, Soc abondante et répandue forêts et maquis de basse, haute altitude N 1
Pandanaceae
forêts littorales, de basse, moyenne altitude, mésiques,
Pandanus tectorius arbre indigène P. inermis sensu Zepernick Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue humides N 3
Passifloraceae
Passiflora foetida liane herbacée adventice Aus, Mar, Soc, Tua abondante et répandue stations ouvertes de végétation rudérale de basse altitude N 1
P. latifolium, P. tristachyon, P. rare à abondante, localisée à sous-bois de forêts humides, ombrophiles de basse, haute
Macropiper latifolium herbacée indigène excelsum sensu Zepernick Aus, Mar, Soc répandue altitude N 2
Peperomia blanda var station ouverte ou non en végétation mésique, xérique de
Piperaceae
floribunda herbacée indigène P. leptostachya Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare à abondante, répandue basse, moyenne altitude, le plus souvent saxicole N 3
cultivée / stations reliques ± entretenues dans les vallées
Piper methysticum herbacée subspontanée Mar, Soc rare et localisée anciennement occupées par les Polynésiens R 3
herbacée, arbuste
Plumbaginaceae
Plumbago zeylanica lianescent indigène Aus, Mar, Soc rare et localisée en forêt de basse altitude, souvent saxicole N 3
Bambusa sp. herbacée ligneuse ? N 2
abondante et répandue, sauf
Centosteca lappacea herbacée adventice Centhoteca lappacea var. ortho. Aus, Mar, Soc, Tua Tua (Makatea) sous-bois de forêt humide anthropisée de basse altitude N 3
Cymbopogon refractus herbacée adventice Andropogon tahitensis Aus, Soc rare et localisée stations ouvertes de croupes mésiques de basse altitude N 1
Cynodon dactylon herbacée adventice Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue stations ouvertes de végétation rudérale N 2
Digitaria setigera herbacée adventice D. pruriens Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue stations ouvertes de végétation rudérale N 2
Poaceae
stations ouvertes de croupes mésiques, xériques de basse
Miscanthus floridulus herbacée adventice Aus, Gam, Soc, Tua abondante et répandue altitude ou sur karst exploité (Makatea) N 3
stations ouvertes de croupes mésiques, xériques de basse
Paspalum orbiculare herbacée adventice Aus, Gam, Soc rare à peu abondante, localisée altitude ou sur karst exploité (Makatea) N 1

Saccharum officinarum herbacée cultivée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare et localisée jardins N 2
Coccoloba uvifera arbre cultivée / naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare et localisée jardins, parfois naturalisée en végétation littorale N 1
Polygonaceae Polygonum glabrum in Pétard &
Persicaria glabra herbacée adventice Zep. Aus, Soc rare à peu abondante, localisée stations subaquatiques, fossés, mares de basse altitude N 3
Phymatosorus, Polypodium.
3 espèces distinctes dans
Zepernick, Microsorum
Polypodiaceae alternifolium, M. scolopendria et M.
Microsorum herbacée indigène, fougère sylvaticum ?
Microsorum
alternifolium herbacée indigène, fougère 2

Portulaca lutea Portulacaceae herbacée indigène Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare à peu abondante, localisée végétation littorale sur substrat mixte N 1
Portulaca oleracea herbacée adventice Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare à abondante et répandue stations ouvertes de végétation rudérale N 2
Alphitonia zizyphoides arbre indigène Mar (?), Soc rare et localisée forêt mésique de basse altitude R 1
Colubrina asiatica var. Rhamnaceae arbrisseau, arbuste stations ouvertes de végétation (supra)littorale, souvent
asiatica lianescent indigène Aus, Mar, Soc, Tua rare à abondante, localisée saxicole N 3

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Espèce Famille Type biol. Statut biogéo Distribution géographqiue Abondance Ecologie
Commentaire taxonomique sel° données
Canthium barbatum, Plectronia rare, abondante, localisée, sous-bois de forêt mésique, humlide de basse, moyenne
Cyclophyllum barbatum arbrisseau, arbuste indigène marquesensis Aus, Mar, Soc, Tua répandue altitude R 1
arbrisseau, petit
Gardenia taitensis arbre cultivée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare, abondante, répandue jardins et cultures R 3
Guettarda speciosa arbuste, petit arbre indigène Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare, abondante, répandue végétation littorale surt substrat calcaire (sauf Marquises) N 1
Rubiaceae
Morinda citrifolia arbuste, petit arbre naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua abondante et répandue végétation ouverte littorale et mésique de basse altitude R 3
arbrisseau, arbuste stations ouvertes de végétation mésique de basse,
Mussaenda raiateensis lianescent indigène Soc rare et localisée moyenne altitude N 2
Neonauclea forsteri arbre indigène Soc abondante et répandue forêts de vallée de basse, moyenne altitude R 1
Psydrax odorata arbrisseau, arbuste indigène Canthium odoratum, P. kohenua Aus, Gam, Mar, Soc rare à abondante, localisée végétation ouverte mésique, xérique de basse altitude R 1
Citrus aurantium arbre cultivée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare et localisée jardins N 2
Rutaceae
Citrus limon arbre cultivée Aus, Soc rare et localisée jardins N 2
var. différentes suivant les formations ouvertes de croupes et de crêtes de moyenne,
Santalaceae
Santalum insulare arbuste, arbre endémique archipels Aus, Mar, Soc rare et localisée haute altitude R 2
Cardiospermum
halicacabum liane herbacée adventice Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare et localisée végétation rudérale mésique, xérique N 3
arbrisseau, petit rare à abondante, localisée à
Dodonaea viscosa Sapindaceae arbre indigène Aus, Mar, Soc, Tua répandue végétation mésique, xérique de basse, moyenne altitude N 3
Melicoccus bijugatus arbre cultivée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare, localisée jardins N 1
rare à abondante, localisée à
Sapindus saponaria arbre indigène S. saponaria var. jardiniana Gam, Mar, Soc répandue forêt mésiques, xériques de basse altitude N 3
Manilkara zapota Sapotaceae arbre cultivée Gam, Mar, Soc rare et localisée jardins N 1
Adenosma fragrans, Limnophila
Limnophila fragrans herbacée adventice serrata Aus, Soc très rare et localisée stations humides de cultures N 3
Scrophulariaceae
stations humides de lit mineur de cours d'eau et de
Lindernia crustacea herbacée adventice Vandellia crustacea Aus, Mar, Soc rare et localisée végétation rudérale N 3
herbacée, sous-
Capsicum frutescens frutex cultivée / naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare et localisée jardins, parfois végétation rudérale N 3
herbacée sous-
Lycium sandwicense ligneuse indigène Aus, Gam rare et localisée formations littorales sur calcaire, généralement saxicole N 2
Solanaceae jardins, stations ouvertes de végétation rudérale de basse
Nicotiana tabacum herbacée cultivée / naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare et localisée altitude N 2
introduite /
Physalis peruviana herbacée naturalisée Aus, Gam, Mar, Soc rare et localisée stations ouvertes de végétation rudérale N 1
Solanum nigrum herbacée adventice Aus, Mar, Soc rare et localisée stations ouvertes de végétation rudérale N 3
rare à abondante, localisée à rarement cultivée, sous-bois de forêt littorale sur substrat
Taccaceae
Tacca leontopetaloides herbacée naturalisée T. pinnatifida Aus, Gam, Mar, Soc, Tua répandue calcaire R 3
?
Vul
Thelypteridaceae

Amauropelta grantii herbacée endémique Soc très rare et localisée sous-bois de forêt ombrophile de haute altitude rable 1
stations ouvertes de végétation mésique, ombrophile de
Thymelaeaceae
Wikstroemia coriacea arbrisseau, arbuste indigène W. foetida Aus, Mar, Soc rare à abondante, localisée basse, haute altitude R 3
Procris pedunculata
Urticaceae
var. pedunculata herbacée indigène Procris pedunculata Aus, Mar, Soc, Tua rare et localisée forêt humides de basse et moyenne altitude N 1
P. obtusifolia, P. tahitensis var. stations ouvertes de forêts littorale ou de basse, moyenne
Premna serratifolia Verbenaceae arbuste lianescent indigène rimatarensis Aus, Gam, Mar, Soc, Tua rare, ± abondante, localisée altitude R 3
Verbena litoralis herbacée adventice V. bonariensis Aus, Gam rare et localisée stations ouvertes de végétation littorale et rudérale N 2
jardins, parfois naturalisée, basse altitude dans les vallées
Curcuma longa herbacée cultivée Aus, Gam, Mar, Soc rare et localisée occupées par les Polynésiens N 3
Zingiberaceae
jardins (rare), sous-bois des forêts de vallée de basse,
Zingiber zerumbet herbacée naturalisée Aus, Mar, Soc, Tua abondante et répandue moyenne altitude N 3
herbacée
Zygophyllaceae
Tribulus cistoides lianescente adventice Gam, Mar, Tua rare à abondante, localisée végétation littorale et mésique de basse altitude N 2

Flore utile de Polynésie française ; espèces médicinales retenues Page 36 (1) : Aus : Australes ; Gam : Gambier ; Marq : Marquises ; Soc : Sociétés ; Tua : Tuamotu
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J. GUEZENNEC, C. DÉBITUS © IRD éditions 2005

Les ressources marines


de la Polynésie française :
applications en matière de biotechnologie

Jean GUEZENNEC, Cécile DEBITUS

1. Le contexte polynésien

La Polynésie française se situe en fin de gradient de la biodiversité indopacifique


et s’étend sur 20° de latitude (entre 7° et 27°S., soit plus de 2 000 km) des latitudes
équatoriales à subtropicales et entre 135° et 155° de longitude ouest. Les îles se
répartissent en cinq archipels : Société, Tuamotu, Gambier, Australes et Marquises. On
reconnaît classiquement deux grands types de formations récifales : les îles hautes
volcaniques ceinturées par un lagon peu profond et un récif-barrière, et les atolls qui
sont des îles entièrement coralliennes entourant un lagon en général profond.

La répartition de la biodiversité marine subit à la fois l’influence de


l’éloignement du foyer de dispersion indopacifique (gradient est-ouest dans le
Pacifique), mais aussi en Polynésie un gradient nord-sud du fait même de l’amplitude
latitudinale de la Polynésie française pour les îles Australes et Gambier (facteur de
diminution latitudinal). La capacité de dispersion des organismes benthiques dépend de
la durée de leur phase larvaire pélagique : les espèces à longue phase pélagique ont une
large distribution et constitue un fond commun à l’ensemble de la zone, alors que les
espèces à phase pélagique réduite ou inexistante ont une distribution réduite (espèces
endémiques).

À ce jour, très peu de travaux sur le benthos de la Polynésie française ont été
publiés, pour l’essentiel en raison de la ponctualité et de la dispersion des travaux qui y
ont été menés. G. Richard a rassemblé la littérature existante dans un abrégé publié dans
les actes du 5e congrès international sur les récifs coralliens qui s’est tenu à Tahiti en
1985. Les groupes les mieux inventoriés pour les invertébrés sont sans nul doute les

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coraux et les mollusques. Certains autres groupes sont complètement inexistants de


l’inventaire, comme les spongiaires et les gorgones, alors que la faune des échinodermes
est rapportée simplement à celle de l’Indopacifique.

Françoise et Claude Monniot ont, de leur côté, réalisé une étude des ascidies,
publiée en 1987, sur trois îles : Tahiti, Moorea et Tikehau. Cette étude confirme
l’appauvrissement d’ouest en est du Pacifique, mais aussi, sur un autre plan,
l’appartenance de la Polynésie à la région Indopacifique. Pour une part importante,
42 %, les espèces étudiées dans ce travail sont nouvelles pour la science, sans compter
que l’existence de biotopes bien distincts entre les îles de la Société et les Tuamotu a pu
être établie. Tikehau est moins riche que Moorea et Tahiti, ce qui peut être dû à la moins
grande diversité des biotopes, ainsi qu’à la taille de l’atoll. Par ailleurs, il semble que la
charge importante de particules en suspension de l’eau du lagon de Tikehau soit un
obstacle pour la fixation et la nutrition des ascidies. Cependant, ce premier travail sur
ces invertébrés est d’un intérêt de premier ordre pour leur production en métabolites
secondaires d’intérêt pharmacologique.

En 2002 s’est tenu l’Atelier littoral « Rapa » dans le cadre du programme


« Faune et Flore de Rapa ». Cette île se situe sur la bordure sud de la province
Indopacifique. Les mollusques ont été plus spécialement étudiés lors de ce travail, car
ils constituent un bon modèle pour l’étude de la répartition biogéographique des espèces
marines benthiques. Le nombre d’espèces de mollusques estimé est passé de 140 à 600,
ce qui témoigne de l’effort de récolte entrepris et de l’insuffisance des données sur les
autres îles polynésiennes. Estimé jusqu’ici à 10 %, le nombre d’espèces endémiques de
Rapa devra être revu à la hausse.

Des données importantes sont également accessibles pour les algues avec
notamment les travaux menés depuis de nombreuses années par Claude Payri et ses
collaborateurs de l’université de la Polynésie française (UPF). Plusieurs catalogues ont
été publiés, un guide illustré a également vu le jour. La flore académique des algues de
Polynésie est en cours de réalisation. Par ailleurs, un herbier indexé comportant plus de
5 000 spécimens d’algues marines est déposé à l’UPF. Ce dernier est en grande partie
informatisé et les renseignements font partie d’une base de données relatives aux
groupes faunistiques et floristiques des écosystèmes coralliens de Polynésie française.

Cependant, certains travaux n’ont pas été publiés, ou alors sans mention de
l’origine des organismes, ce qui ne permet pas de les identifier. De fait, la variabilité des
niveaux de connaissance des différentes ressources marines, et la variabilité chimique
des organismes marins en général, ne permettent pas de proposer (à quelques rares
exceptions près faisant office d’exemples) des « fiches produits » dûment renseignées.
Tout au plus, cela peut donner lieu à une (ou des) stratégie(s) générale(s) pour l’étude et
le développement éventuel des biotechnologies autour des ressources marines de la
Polynésie française.

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Ce rapport s’est donné comme objectifs :


a. De faire un bilan des inventaires réalisés et connus à ce jour des
rédacteurs, sur quelques groupes organismes (macro et micro-) marins pouvant
présenter un intérêt biotechnologique et, autant que faire se peut, propres au
territoire polynésien.
b. De dresser une liste non exhaustive des principaux domaines
d’application en y intégrant les avantages et inconvénients.
c. De proposer une (des) stratégie(s) de valorisation en ciblant (et
préconisant) des organismes et molécules d’origine marine pouvant rapidement
faire l’objet de recherches et de développement sur le territoire polynésien. Cette
approche se fera en se basant soit sur « l’existant » au niveau de la Polynésie,
soit encore en se référant aux études et recherches menées actuellement à travers
le monde en ce domaine.

2. Importance des produits naturels d’origine marine

2.1 Le milieu marin, un gisement de molécules nouvelles ?


Le milieu marin constitue la plus grande partie de la biosphère et contient les
formes les plus anciennes et variées de la vie. Plus de 500 000 espèces de plantes et
d’animaux ont été répertoriées à ce jour, sans compter le nombre bien plus considérable
d’espèces microbiennes non identifiées. Cette étude des micro-organismes a été
relativement négligée jusqu’à présent, et ce principalement pour des raisons techniques,
mais l’utilisation des outils de biologie moléculaire et de génomique devrait permettre
rapidement de réaliser des avancées importantes en ce domaine.

Cette diversité de vie et d’environnement est une vaste ressource largement


inexploitée dont les applications potentielles pourraient être multiples dans de
nombreux secteurs industriels. Tant la diversité des formes marines que l’adaptation de
ces dernières à un environnement marin atypique et/ou à des conditions extrêmes (zones
hydrothermales, sédiments des fonds sous-marins, lagunes hypersalines, suintements
froids des marges continentales, continents arctique et antarctique, tapis microbiens,
etc.) ouvrent des perspectives nouvelles pour le développement de nouvelles molécules
bio-actives, d’enzymes, de polymères, métabolites secondaires, de même que pour la
mise en œuvre de nouveaux procédés industriels.

Les organismes marins possèdent un immense potentiel de molécules originales


d’intérêt biologique et les biotechnologies marines restent encore à ce jour une science
neuve. Mais force est de constater que, comparativement à son équivalent terrestre, la
connaissance de la chimie et de la biochimie des organismes (micro et macro-) marins
de Polynésie Française apparaît nettement plus restreinte.

Sur plus de 500 000 espèces marines identifiées, moins de 3 % de ces


organismes marins ont fait à ce jour l’objet d’études en matière de potentialités
biotechnologiques. L’intérêt de ces molécules marines se situe à deux niveaux : en
premier lieu, ces organismes constituent fondamentalement des modèles moléculaires

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pour l’étude des mécanismes biologiques et parfois d’adaptation à des conditions


environnementales ; en second lieu, ils permettent d’envisager la mise en évidence de
nouvelles molécules d’intérêt biotechnologique. L’intérêt du milieu marin pour la
recherche de nouvelles molécules d’intérêt thérapeutique reste donc très fort, ce malgré
les contraintes de la convention de Rio, qui ont parfois freiné quelques années durant
l’étude de ce milieu.

La connaissance du milieu marin est relativement récente dans la mesure où le


développement de l’exploration in situ du milieu sous-marin date des années 1940, alors
que l’homme interagit avec le milieu terrestre et les plantes depuis environ 3 000 ans.
Contrairement aux organismes terrestres, il n’existe pas de guide ethnopharmacologique
pour la recherche d’organismes marins d’intérêt potentiel : ils ont, à quelques
exceptions connues, une utilité traditionnelle (médecine, poisons…). Il faut cependant
rappeler que les toxines les plus puissantes connues à ce jour sont d’origine marine
(palytoxine, tétrodotoxine, saxitoxine, toutes molécules du plan Biotox – terrorisme
biologique et chimique), très probablement parce que celles-ci doivent rester efficaces
malgré leur grande dilution dans le milieu.

Les premières études sérieuses sur les potentialités de valorisation des


organismes marins en tant que source de métabolites bioactifs remontent au début des
années 1960. L’exploitation d’autres propriétés comme notamment l’utilisation des
algues marines dans le domaine de l’alimentaire ou comme engrais (source d’azote, de
carbone, oligoéléments) est quant à elle beaucoup plus ancienne.

La littérature scientifique s’enrichit très régulièrement de données liées à la mise


en évidence de métabolites bioactifs d’origine marine. Durant les trente dernières
années, l’intérêt des substances nouvelles synthétisées par des organismes marins
(invertébrés, algues et plus récemment par les micro-organismes marins) a clairement
été démontré. Plusieurs dizaines de brevets relatifs aux activités biologiques des
organismes marins ont d’ores et déjà été déposés au cours de ces dernières années (dont
67 brevets entre 1999 et 2003) et plus de 18 000 produits ont été, à ce jour, répertoriés
comme étant d’origine marine.

En termes de molécules bioactives, différentes analyses concordent pour


indiquer une plus forte probabilité de réussite avec les molécules marines qu’avec les
autres : une molécule sur 10 000 identifiées du milieu terrestre obtiendrait une
autorisation de mise sur le marché, alors qu’en milieu marin, ces prévisions seraient de
10 pour 10 000.

Il est cependant intéressant de noter que la majorité de ces métabolites actifs


d’origine marine est répertoriée à ce jour comme extraits d’invertébrés, peu d’algues et
encore moins de micro-organismes (tabl. 1).

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Tableau 1. Brevets sur substances d’origine marine pris entre 1999 et 2003
(Frenz et al., 2004)

Répartition des brevets pris sur des produits


marins entre 1999 et 2003

Sponges
Marine bacteria
Marine algae
Tunicates
Echinoderms
Marine fungi
Cnidaria
Mollucs

Plus de 50 % des substances bioactives d’origine marine décrites dans la


littérature présentent une activité biologique dans le domaine des antitumoraux, 10 %
dans le domaine des antifongiques et le reste au niveau de l’immunomodulation, des
antibiotiques, anti-inflammatoires, inhibiteurs enzymatiques, ou substances agissant au
niveau du système cardiovasculaire ou du système nerveux. (tableau 2).

Un tout petit nombre de ces substances est (ou sera) exploité à des fins
pharmacologiques car la molécule doit répondre à de nombreux critères : activité,
stabilité, absence de toxicité, mais aussi de disponibilité.

Tableau 2. Répartition des brevets selon les molécules (Frenz et al., 2004)

Répartition des brevets selon la nature des


molécules.

Alkaloïd
Terpene/Steroid
Protein/Peptides
Polyketide
Other

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À titre d’exemples, plusieurs médicaments et un insecticide sont à ce jour sur le


marché :
– l’acide alginique et les alginates (hémostatique, reflux gastro-
œsophagien / origine : algues) ;
– les carraghénanes (hyperphosphorémie) ;
– les céphalosporines (antibiotiques / origine : champignons marins
Cephalosporium acremonium) ;
– la vidarabine (antiviral, Ara-A / origine : spongiaire) ;
– La cytarabine (antitumoral, Ara-C / origine : spongiaire) ;
– le padan, insecticide largement utilisé au Japon, est inspiré de la néréistoxine
isolée d’un ver marin.
COOH O NH2 NH2
O CH2OCOCH3 N
- N HN N N
OOC

HC(CH2)3OC
+
H3N N N
H S O N N O N
O O O

Cephalosporin C (1948) HO HO HO

HO OH HO OH HO OH

Spongothymidine (1950) Ara-A = vidarabine Ara-C = Cytarabine

Plus récemment un antalgique, le ziconotide (2002), peptide isolé du venin d’un


cône, Conus magus, et produit par synthèse, et le yondelis (2003), alcaloïde issu d’une
ascidie Ecteinascidia turbinata (molécule plus connue sous le nom de ET743) ayant
obtenu le statut de médicament orphelin pour le traitement de sarcomes, ont été mis sur
le marché (médicaments hospitaliers). Le ziconotide est obtenu par synthèse totale et le
yondelis est le produit naturel très complexe extrait de l’animal cultivé en milieu naturel
(mangroves).

OH
O
H2N C1KGKGAKC2SRLMTDC3C1TGSC2RSGKC3 C NH2 O

K = Lysine O NH
G = Glycine
A = Alanine O S
H R' O
C = Cystéine (pont disulfure entre C) H O
S = Sérine N
R = Arginine RN
L = Leucine H H
M = Méthionine H O O
T = Tyrosine HO
D = acide aspartique OCH3

Ziconotide ET743

Par ailleurs, d’autres molécules d’origine marine sont à ce jour à un stade avancé
d’études cliniques (tabl. 3).

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Tableau 3. Exemples de molécules marines en cours d’évaluation dans le domaine de la santé

Produit Origine Production Essais Applications


cliniques

Neovostat Requin (cartilage) Nature III Antitumoral : inhibiteur angiogenèse (rein,


poumon NSCLC)
Bryostatin I Bugula neritina Aquaculture II Antitumoral : activateur PKC
(bryozoaire) – augmente l’effet de la vincristine
(mélanomes, tumeurs solides diverses,
leucémies)
– active l’hématopoièse
Aplidine Aplidium albicans Synthèse II Antitumoral (inhibiteur synthèse protéines)
(ascidie) Large spectre tumeurs solides
Pseudopterosin E Pseudopterogorgia Synthèse fin I Anti-inflammatoire (lypoxygenase)
elisabethae psoriasis, cicatrices
(gorgones)
Déhydrodidemnine B Aplidium albicans Synthèse I Antitumoral ; inhibe angiogenèse
(aplidine)
Methopsterosin Corail ? I Inflammation : brûlures
KRN 7000b Éponge ? I Cancer
IPL 576/092 Éponge ? I Inflammation, asthme
Squalamine lactate Requin ? II Cancer
Manoalide Éponge ? I Inflammation, psoriasis
Dolastatine 10 NSC Dolabella auricularia Synthèse II Antitumoral
376128 (mollusque)

OH O
O O
H O O O
O
OH O NH O NH
O N O
H
H N O O O
O O HO NH O
O H H O N
O N
O H OH
CH3 OH H
O CH3
Aplidine
O O O O
CH3
O
OH
Bryostatin 1
H
O

O
HO
HO
OH
Pseudopterosin E

L’un des critères déterminants pour l’exploitation d’un produit original reste la
facilité et la rentabilité (coût) de son obtention. Trois méthodes permettent d’obtenir les
produits en quantité suffisante : l’extraction-purification de métabolites (primaires et
secondaires) à partir des organismes (macro et micro-), la synthèse et l’hémisynthèse,
compromis entre les deux voies précédentes par la transformation d’un précurseur
naturel.

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La synthèse (ou l’hémisynthèse) est parfois complexe mais rarement impossible,


sans pour autant être toujours rentable quant à l’exploitation des molécules. Dans ce
contexte, la voie de production par biotechnologie de molécules actives reste une voie
d’avenir au niveau économique, soit par aquaculture en milieu naturel des organismes
producteurs (éponges, ascidies, gorgones, algues…) ou encore par des procédés
biotechnologiques (fermentation, photobioréacteur) en ce qui concerne notamment les
micro-organismes (cyanobactéries, champignons, bactéries).

3. Les co-produits de la pêche

L’utilisation des co-produits de la pêche s’inscrit dans une double démarche :


« Santé » en premier lieu s’agissant notamment de l’influence des acides gras
polyinsaturés et plus spécifiquement des oméga 3 (EPA/DHA) et oméga –(ω6), et
« aquaculture » en second lieu. La production de ces huiles extraites de poissons
approche le million de tonnes (106) /an et près de 70 % de cette production sont utilisés
dans les fermes aquacoles comme éléments de nutrition. D’un point de vue économique,
il va de soi que les deux démarches ne s’adressent pas à la même qualité de produits et
en conséquence ne relèvent pas des mêmes exigences tant en termes de législation que
de coûts de production.

L’action bénéfique des oméga 3 (EPA/DHA) est connue depuis de nombreuses


années avec les apports de ces acides gras essentiels dans les domaines de la santé et
plus spécifiquement, dans la lutte contre l’hypercholestémie, les maladies cardio-
vasculaires, l’hypertension, le cancer. On s’attache à reconnaître comme essentiel
l’acide decosahexanéoïque (DHA), notamment dans le développement de l’enfant, et la
FAO recommande depuis plusieurs années l’ajout de cet acide gras dans les
formulations alimentaires destinées aux enfants.

L’État français vient de lancer une action prioritaire de lutte contre le cancer
prévoyant la création d’un Institut national du cancer, dont la mission doit être soutenue
par la mise en place de cancéropôles (7 à 8) dans lesquels cette notion de molécules
d’origine marine, et notamment les acides gras polyinsaturés en oméga 3, dans la
prévention de certains cancers fait l’objet d’un projet spécifique.

Un autre aspect de la valorisation des co-produits de la pêche pourrait se situer


au niveau de la recherche de lipides bioactifs (sphingolipides, glycérophospholipides,
glycolipides, plasmalogènes, céramides, etc.) (fig. 1a,b). Par exemple, l’huile de foie de
requin étant susceptible d’agir sur la perméabilité de cellules endothéliales est étudiée
par un certain nombre de laboratoires et pourrait trouver applications dans la prévention
de certains cancers de par l’activité anti-angiogénique de ses constituants. Il est
également à noter sur ce sujet la mise en œuvre d’un projet européen « SeaFood Plus »
qui associe 81 laboratoires européens et qui s’est donné comme objectifs la valorisation
de co-produits de la pêche (peptides, protéines, hormones, lipides complexes, etc.) dans
les domaines de la santé, et notamment dans les cas suivants : ostéroporose-régulation
du métabolisme du calcium, hypertension, cardio-vasculaire (anticholestérol),
antioxydants. Si les pistes existent, les recherches n’en demeurent pas moins très

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« amont » par rapport à d’autres molécules marines comme les acides gras
polyinsaturés.

À ce jour, il n’existe pas à notre connaissance de répertoires précis des espèces


présentes au niveau de la Polynésie, mais des ouvrages notamment rédigés par des
équipes de recherche du CSIRO de Tasmanie et d’Australie, se rapportant aux espèces
présentent sur les côtes australiennes, peuvent permettre de mieux appréhender les
potentialités de valorisation de leurs acides gras en nutrition santé.

Un travail important de prospective est actuellement en cours au niveau de la


Polynésie française quant à l’exploitation potentielle d’acides gras (EPA et DHA)
extraits de la graisse orbitale du thon. Cette étude est menée conjointement par l’institut
Louis-Malardé et l’IFREMER dans le but de valoriser ultérieurement les déchets de
thon. Les résultats de ces investigations devront alors analysés dans l’optique d’une
évolution de la pêcherie de thons en Polynésie française au cours des cinq prochaines
années.

3.1 Problèmes et alternatives


Les principales sources d’oméga 3 (ω3) sont actuellement les poissons gras
(thons, maquereaux, sardines, saumons…) mais la qualité de l’huile extraite peut
dépendre de nombreux facteurs comme les lieux de pêche, la saison et un certain
nombre de facteurs environnementaux (pollution par les métaux lourds). Une récente
étude australienne faisait état du fait que près de 60 espèces de poissons étaient
concernées soit par de tels problèmes environnementaux (pollution par des métaux
lourds), soit par des problèmes de « sur-pêche ». Un autre problème peut être la
nécessité de procéder à une étape de purification pour obtenir, à partir d’un mélange
complexe d’huiles extraites de ces poissons, les seuls acides recherchés en oméga 3. La
demande en oméga 3 est croissante tant pour l’aquaculture que pour les applications
dans les domaines de la santé et on estime que, dans un avenir de 10 ans, cette demande
ne pourra être totalement satisfaite à partir des sources classiques actuelles. Il convient
donc de prévoir dès maintenant de procéder soit à des process de « raffinage » des
huiles brutes plus adaptées et efficaces, soit, plus vraisemblablement, l’utilisation de
nouvelles ressources.

Parmi les organismes se présentant alors comme une bonne alternative à cette
demande constante en acides gras polyinsaturés, il y a notamment les micro-algues,
lesquelles seront abordées dans un autre chapitre de ce document.

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Figure 1 a, b. Molécules d’intérêt biotechnologique à partir des produits et co-produits de


la pêche

1a

20 %
50 %
30 %

10 %

1b Nutrition humaine

Influence des acides gras polyinsaturés à longue


chaîne (AGPI) en nutrition humaine.

EPA/DHA (ω
(ω 3)

Lipides bioactifs
Activités biologiques de caroténoïdes,
glycolipides,
glycolipides, shingolipides,
shingolipides, céramides,
céramides, etc….

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4. Les algues

La Polynésie française, avec ses 5 500 000 km2 d’océans dont 7000 km2 de
lagons, constitue une réserve intacte de produits naturels. La pêche et la perliculture
sont les secteurs d’activité les plus développés en Polynésie française dans ce domaine,
mais il existe localement d’autres ressources naturelles marines qui pourraient être
exploitées, notamment les algues. Les algues font partie des groupes biologiques les
mieux connus. Leur inventaire a donné lieu à de nombreuses publications et collections
déposées à l’Université de la Polynésie française (Payri et N’Yeurt, 1997 ; Payri et al.,
2000).

Depuis des siècles, les algues marines sont utilisées par l’homme, en particulier
dans les pays asiatiques, pour l’alimentation, la médecine et l’agriculture du fait de leur
richesse en minéraux et en polysaccharides. Dans les sociétés polynésiennes,
l’utilisation des algues était traditionnelle lors des cérémonies de l’oubli
(« ho’oponopono ») et de purification, mais elle est encore importante à Hawaii, où une
trentaine d’espèces est consommée. En Polynésie française, l’utilisation des algues est
restreinte à l’alimentation humaine et à certains archipels (Marquises et Australes).
Seules huit espèces sont consommées, essentiellement Caulerpa racemosa (« Rimu »).

L’utilisation et l’exploitation des algues marines ne sont pas toujours très


connues du grand public alors qu’on les utilise quotidiennement. De plus, elles
représentent une biomasse considérable avec environ 30 000 espèces identifiées,
réparties en neuf embranchements eucaryotes, dont les plus connus sont les
Chlorophyta, les Phaeophyta et les Rhodophyta.

À l’échelle mondiale, les algues sont exploitées majoritairement dans le secteur


de l’agroalimentaire (70 %), et essentiellement sur le marché de l’alimentation humaine
en Asie (tabl. 3). Ce marché se développe depuis quelques années dans les pays
occidentaux, car les algues représentent un « aliment-santé » qui bénéficie d’une image
de marque favorable auprès des consommateurs.

Par ailleurs, dans certains pays, des macro-algues proliférantes voire invasives
(Sargassum muticum, Caulerpa taxifolia, Ulva spp.) représentent des biomasses
considérables et génèrent des troubles d’ordre économique (nuisance pour le tourisme)
et écologique (impact sur les communautés indigènes). Ces algues deviennent alors des
déchets encombrants dont l’éradication est souvent coûteuse et difficilement réalisable.
Une des solutions consiste alors à les valoriser industriellement en les transformant afin
de leur conférer une valeur économique. Par exemple, la prolifération des algues vertes
Ulva spp. est devenue problématique car elle touche les zones touristiques. Le coût de la
collecte est élevé et le ramassage ne constitue qu’un transfert de pollution. Des essais de
bioconversion de cette matière première par des fermentations aérobies ou anaérobie
sont en cours pour la création de nouveaux produits (gaz, compost, fertilisants), ce qui
permettrait également de diminuer une source de pollution. De la même façon, des
études de valorisation de Sargassum muticum ont commencé après l’échec de son
éradication et la progression de son invasion. Elles sont actuellement réalisées dans
différents domaines : extraction des alginates, compostage et criblage pharmacologique.

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4.1 Les algues sources de molécules


Parmi les nombreux constituants des algues, il convient de citer les protéines, les
acides aminés, les stérols, les polyols, l’iode, les sels minéraux, mais également une
grande variété d’oligo et polysaccharides, ces derniers représentant d’ailleurs 60 à 70 %
de la masse sèche du thalle (appareil végétatif). Trois principaux types de
polysaccharides chez les algues peuvent être distingués : les polysaccharides de réserve
intracellulaire, les composants fibrillaires, qui constituent en quelque sorte le squelette
de la paroi des cellules, et la matrice polysaccharidique intercellulaire associée à cette
paroi sous forme de matériel amorphe. Certaines grandes familles de cette dernière
catégorie – les alginates extraits des algues brunes ou encore les carraghénanes et agars
isolés à partir des algues rouges – sont d’ailleurs utilisées au quotidien principalement
pour leurs propriétés physico-chimiques comme agents texturants (gélifiant,
épaississant, stabilisant) ou comme rétenteur d’eau.

L’industrie des polysaccharides d’origine algale (ou phycocolloïdes) est


également très développée dans le secteur de l’agroalimentaire du fait de leurs
propriétés texturantes (gélifiantes, épaississantes, émulsifiantes et stabilisantes), mais
aussi dans les industries pharmaceutiques et cosmétiques (thalassothérapie ou en tant
qu’actifs ou agents texturants). Ces polymères contribuent également au développement
de nouvelles applications biotechnologiques et thérapeutiques. Il a ainsi été démontré
que de telles molécules possèdent, à l’état natif ou après modifications, des propriétés
pharmacologiques potentielles, telles que des activités antitumorales, antivirales,
antimicrobiennes, anticoagulantes, etc. Enfin, l’utilisation des algues dans le secteur
agricole est également développée où elles sont utilisées somme engrais, fertilisants
foliaires ou aliments pour le bétail.

La valorisation de cette ressource marine est donc en plein essor et semble


promise à un long avenir eu égard à ces diverses applications.

Mais l’utilisation des algues ne peut se limiter à leur seule composition et


richesse en polysaccharides, protéines ou peptides. Un certain nombre de métabolites
secondaires à haute activité biologique ont été isolés d’algues marines et sont
actuellement évalués par des laboratoires pharmaceutiques pour leurs activités
biologiques. La nature de ces métabolites secondaires apparaît fortement variable selon
les algues considérées, et parfois selon les flores microbiennes associées à ces algues
dont il convient également de tenir compte. (tabl. 4).

À titre d’exemple, des laboratoires se sont ainsi spécialisés dans l’extraction et la


purification à l’échelle industrielle d’un polymère du glucose : la laminarine. Ce dernier
est le polysaccharide de réserve des algues brunes, équivalent de l’amidon chez les
plantes ou du glycogène chez l’homme. Il s’agit d’un polysaccharide de faible poids
moléculaire (~ 4 000 g/mol) constitué d’une chaîne principale β (1→3) de 15 à
35 unités glucose (avec une large prédominance des chaînes composées de 20 à
25 sucres) sur laquelle viennent se greffer quelques unités β-(1,6)-glucose dans de
faibles proportions, généralement inférieures à 10 %. Ce polysaccharide extrait de
l’espèce Laminaria digitata, classée comme algue alimentaire, est le principe actif qui
est à la base d’un nouveau concept récemment développé : la vaccination des plantes.
En effet, la laminarine est un éliciteur, c’est-à-dire une substance capable de déclencher

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toute une série de signaux et processus biologiques émettant des mécanismes de défense
chez la plante.

Tableau 4. Quelques exemples d’utilisation des algues à travers le monde

Espèces ou genres Pays concernés


Algues Brunes
Alaria fitulosa Alaska
Ascophyllum nodosum France, Royaume-Uni, Canada, Chine, États-
Unis
Durvillaea potatorum Australie
Ecklonia maxima Afrique du Sud
Fucus Canada, France
Himanthalia elongata France
Hydroclathrus clathratus Philippines
Laminaria Afrique du Sud
Macrocystis Alaska, Canada
Nereocystis luetkaena Alaska, Canada
Sargassum Brésil, Vietnam, Philippines
Turbinaria Vietnam
Algues rouges
Acanthophora muscoides Philippines
Ahnfeltia plicata Chili
Halimedia Philippines
Hypnea Brésil
Laurencia papillosa Philippines
Algues rouges calcaires
Lithothamnion corallioides France, Irlande, Royaume-Uni
Phymatolithon calcareum France, Irlande, Royaume-Uni
Algues vertes
Enteromorpha Portugal
Ulva Italie, Portugal

Tableau 5. Quelques exemples d’utilisation des algues dans les domaines de la santé

Activités biologiques Actifs


Antibiotiques Composés aromatiques, aliphatiques phénoliques, terpénes polysaccharides,
oligosaccharides
Anti-coagulant/Anti-thrombotique Oligosaccharides sulfatés (fucanes)
Anti-inflammatoire Polysaccharides, oligosaccharides
Anti-tumorale Polysaccharides, oligosaccharides
Anti-ulcère Polysaccharides, oligosaccharides (alginate, carraghénanes)
Anti viral (Herpès, HIV) Polysaccharides (fucanes, carraghénanes, galactomannanes, agaranes)
Hypocholestérémiante Iode, polysaccharides
Traitement contre le goitre Iode
Vermifuge Acide kaïnique

Une importante synthèse sur les algues de Polynésie et leur valorisation


potentielle a vu le jour récemment à l’appui d’un travail de recherche de M. Zubia-
Arreta sous la forme d’une thèse soutenue sur le territoire de la Polynésie française en
mars 2003. Cette thèse fait notamment état des possibilités de valorisation en

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cosmétologie de deux algues proliférantes (Sargassum mangarevense et Turbinaria


ornata) sur lesquelles d’autres études sont en cours et/ou devraient être initiées pour en
évaluer les différentes potentialités de développement. La nature exacte des
polysaccharides pariétaux de ces deux algues doit être établie afin d’en déterminer à
l’état natif ou après modifications les applications.

À ces deux algues autochtones et proliférantes, il convient d’ajouter deux algues


rouges Acantophora spicifera et Melamensia, mais aussi Chnoospora minima
(Fucophycées), Dermonema virens, algues pouvant également présenter un intérêt en
termes de valorisation, notamment au regard d’activités antivirales potentielles.
D’autres algues pourraient être prises en considération sur la base de connaissances
acquises sur leurs activités biologiques.

Les potentialités des algues peuvent donc s’exprimer au niveau de différentes


molécules et s’adresser à différents champs d’application. Des études préliminaires
relatives à l’écophysiologie de l’algue, son mode de croissance, les moyens de culture,
l’extraction-purification de molécules, la caractérisation de ces molécules ainsi que
leurs modifications potentielles, sans oublier la détermination de leurs caractéristiques
physico-chimiques et activités biologiques (à l’état natif ou après modifications),
doivent être initiées avant d’envisager des actions de plus grande envergure. Ce travail
pourrait sans nul doute s’appuyer sur les connaissances actuelles sur les algues de
Polynésie, et tirer profit en particulier de la collection de spécimens d’algues de
l’Université de la Polynésie française.

5. Les micro-organismes∗

Les avancées considérables de la biologie moléculaire au cours de ces dernières


années rendent désormais possible, et surtout plus accessible, l’étude des écosystèmes
microbiens. De nombreuses études ont en effet montré que les techniques classiques de
biologie, telles que les mises en culture sur milieux à caractère plus ou moins sélectif,
ne permettaient d’accéder qu’à 0,1 % à 1 % des espèces microbiennes présentes dans les
écosystèmes marins. Cela signifiait également qu’une proportion très importante de
métabolites microbiens d’intérêt biotechnologique pouvaient échapper à toute
investigation. Cette ressource inexploitée et peu connue à ce jour pourrait se révéler être
le principal gisement de nouvelles molécules d’intérêt biotechnologique lors des
prochaines décennies. De fait, on peut donc considérer que l’un des enjeux majeurs de
la recherche en matière de biotechnologie marine, et plus spécifiquement au niveau des
micro-organismes, porte aussi sur le développement de méthodes d’identification, de
caractérisation et d’analyse de la fraction dite incultivable.

Les micro-organismes et en particulier les bactéries ne sont « responsables » que


de 16 % des brevets pris au cours de ces dernières années sur des molécules d’origine

∗NB : sous la terminologie « micro-organismes » sont regroupées dans l’esprit des rédacteurs les notions de micro-
algues, champignons, cyanobactéries, archaé et bactéries.

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marine (tabl. 1). Cependant, il y a fort à penser que ce pourcentage ira sans nul doute
croissant au regard :
i) des spécificités liées aux bactéries, en l’occurrence, une accessibilité à la
ressource sans dépendances environnementales et géopolitiques ;
ii) du développement d’outils permettant une meilleure connaissance des
écosystèmes microbiens ;
iii) du fait que de plus en plus d’études récentes attribuent la synthèse de
molécules actives plus aux bactéries associées qu’aux organismes
« hôtes ».
Le développement de la microbiologie des communautés microbiennes associées
aux animaux marins (invertébrés en particulier mais aussi les algues) mérite
effectivement une attention particulière. Ces communautés peuvent présenter diverses
formes d’association : épibiontes, symbiontes, pathogènes, et concerner différents tissus
dont certains très spécialisés (trophosomes de certains annélides des sources
hydrothermales).

Pour les différentes raisons évoquées précédemment, il apparaît impossible,


voire inutile, d’inventorier les espèces microbiennes présentes au niveau des différents
écosystèmes polynésiens tant en raison de leur nombre que de la représentativité de
cette liste éventuelle. Il est admis que moins de quelques pourcentages des espèces
microbiennes sont cultivables, donc identifiables, selon les méthodes de taxonomie
classique et que, par ailleurs, la notion de « milieu de culture » induit celle de sélectivité
d’espèces par rapport à d’autres. Il en est de même au niveau de la valorisation de ces
micro-organismes où la synthèse de métabolites d’intérêt biotechnologique peut être la
conséquence d’une action au niveau de leurs conditions de croissance et de
fermentation. Ainsi, la synthèse de polysaccharides et/ou de poly β hydroxyalcanoates,
tout comme celle d’un grand nombre de métabolites secondaires, correspond à une
adaptation ou une réponse du métabolisme bactérien par rapport à une situation donnée.

5.1 Les bactéries


Parmi les potentialités de valorisation des micro-organismes les plus répertoriées
dans une littérature relativement abondante sur le sujet, il va s’agir de différencier (si
cela est possible) ce qui relève de l’usine cellulaire que constitue le fonctionnement de
la cellule bactérienne par elle-même des éléments constitutifs de cette même cellule et
des métabolites primaires ou secondaires.

• Production de métabolites secondaires. Cette notion de métabolites


secondaires est très large allant de la biosynthèse d’antibiotiques, de vitamines, de
précurseurs de vitamines et d’antibiotiques, alcools et acides organiques de bas poids
moléculaire, stérols, pigments, etc.

• Biosynthèse d’autres métabolites au rang desquels il convient de citer les


glycoconjugués incluant les exopolysaccharides (EPS), les glycoprotéines ou encore
protéoglycannes, sans oublier les polyamines et poly β hydroxy-alcanoates (PHA) ou
polyesters biodégradables.

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• Les « constituants cellulaires » que sont alors les lipides complexes


(sphingolipides, phospholipides, glycolipides, céramides, éthers de glycérol, etc.), les
protéines, les peptides, les lipopolysaccharides (LPS), etc.

• Les enzymes (endo et/ou exocellulaires), qu’il s’agisse d’enzymes de


synthèse et/ou de modifications.

Tout comme pour les algues, parmi les molécules les plus attrayantes d’un point
de vue développement industriel s’inscrivant dans le court et moyen terme, il convient
de noter en tout premier lieu les polymères bactériens et plus spécifiquement les
polysaccharides.

5.2 Les polymères


Les polysaccharides peuvent être définis comme de longues molécules formées
de l’enchaînement de motifs similaires, en l’occurrence de glucides appelés
couramment sucres. Ces polysaccharides représentent une famille de biopolymères dont
la diversité de structure offre un large spectre de propriétés fonctionnelles. Outre
l’intérêt connu depuis de nombreuses années de ces biopolymères dans divers domaines
comme l’exploitation pétrolière, l’agro-alimentaire en tant qu’agents de texture,
l’agrochimie, les industries du papier, les scientifiques et les industriels s’intéressent de
plus en plus aux activités biologiques de ces molécules et à leurs applications dans le
domaine thérapeutique.

Ces macromolécules peuvent trouver de telles applications soit à l’état natif soit
après des modifications visant à conférer à ces polysaccharides les activités recherchées,
soit encore à mettre leur forme en adéquation avec des applications thérapeutiques.

Initialement dominé par les gommes d’origine végétale et algale, le marché


s’ouvre actuellement très largement aux polysaccharides bactériens. Ces derniers
présentent quelques atouts comme l’absence de dépendance vis-à-vis d’aléas
climatiques, écologiques et politiques pouvant affecter la qualité, le coût et
l’approvisionnement de leurs homologues extraits d’algues ou de plantes. De plus, les
possibilités d’agir sur les conditions de fermentation (sources de carbone, température,
aération, pH, etc.) en vue d’optimiser la production, d’assurer la traçabilité, mais aussi
de modifier le polymère produit, jouent en faveur de la fermentation bactérienne. Ces
polymères présentent enfin un degré de régularité de structure plus important et peuvent
être extraits et purifiés sans mettre en œuvre des conditions drastiques. Les
inconvénients de ces polymères bactériens restent liés aux micro-organismes eux-
mêmes, à leur manipulation et conservation, ainsi qu’à la production de métabolites
secondaires associés à la fermentation.

Parmi les autres polymères d’origine microbienne, il faut ajouter les polyamines
et les poly-β-hydroxyalcanoates (PHA) ou polyesters biodégradables. Les applications
des polyamines vont se situer principalement au niveau des domaines de la santé, ceux
afférents aux polyesters biodégradables dans les domaines de la cosmétologie, de la
santé et bien naturellement de l’environnement. Les recherches sur ce dernier type de
polymère (PHA) sont principalement orientées selon deux directions. La première
concerne la mise en évidence de souches microbiennes capables de synthétiser en

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conditions de fermentation des macromolécules innovantes ; la seconde intéresse la


biologie moléculaire avec le transfert des gènes codant pour la synthèse de ces
polymères des bactéries vers les organismes supérieurs et en particulier les plantes. On
revient dans ce document sur ces polyesters microbiens dans le chapitre consacré aux
biomatériaux.

5.3 Les enzymes


Dans l’industrie chimique, les enzymes constituent déjà des produits de
spécialité importants. Il est à noter qu’à ce jour près de 90 % des enzymes
commercialisées sont d’origine microbienne. La plus grande part de la valeur est
actuellement produite par la vente d’enzymes utilisées en formulation avec des
détergents pour les lessives, et le marché le plus important reste à ce jour celui des
applications domestiques. De nouveaux produits pourraient résulter de découvertes
d’enzymes nouvelles aux propriétés supérieures (quelle que soit l’origine de
l’organisme concerné), mais également d’améliorations issues d’ingénierie moléculaire.
D’autres percées peuvent résulter de l’amélioration des procédés de production visant à
réduire le coût des enzymes. Les enzymes utilisées dans des « process »
agroalimentaires (incluant aliments et boissons) ont sensiblement le même niveau de
marché que les additifs enzymatiques pour détergents, mais présentent une croissance
plus marquée.

Toutefois, la demande dans ce secteur continue de croître et le marché des


enzymes est en progression constante. La croissance du marché sur ce domaine des
enzymes est estimée à près de 11 % par an pour les années à venir.

Le marché mondial des enzymes industrielles est pour l’essentiel contrôlé par un
nombre très limité de sociétés (Novozymes et Genencor en particulier). En Europe, il
convient de rajouter des utilisateurs majeurs tels que Roquette Frères (France) pour
l’industrie de transformation de l’amidon, Degussa (Danemark) pour les enzymes
industrielles, qui sont à la recherche d’enzymes innovantes ou plus performantes que
celles déjà utilisées. La recherche de nouveaux biocatalyseurs plus performants ou
innovants pour la mise en œuvre d’un nouveau procédé industriel peut être le fait de
sociétés de biotechnologie qui exploitent la biodiversité naturelle, notamment
microbienne marine, comme Diversa (États-Unis), Prokarya (Islande) et Protéus
(France). Ces sociétés ont toutes la particularité de posséder un « porte-feuille »
d’enzymes issues de micro-organismes et des « technologies propriétaires » d’ingénierie
protéique permettant de faire évoluer les propriétés des enzymes recombinantes vers des
performances optimales.

Il existe naturellement un lien fort entre l’habitat des micro-organismes et la


présence potentielle d’enzymes innovantes. Les meilleurs exemples en sont donnés par
la découverte d’enzymes thermostables associées aux bactéries thermophiles et
hyperthermophiles des écosystèmes hydrothermaux profonds ou, à l’opposé, celle
d’enzymes spécifiques trouvées dans l’estomac des manchots du continent antarctique.
Bon indicateur de la réalité polynésienne, les Australiens de l’Institut australien de
science marine (AIMS) ont découvert dans du mucus de corail irradié des bactéries
développant des enzymes anti-oxydantes avec des applications potentielles dans le cas
de la maladie d’alzheimer.

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En termes de métabolites secondaires et plus spécifiquement de molécules


bioactives, les micro-organismes sont à ce jour très peu exploités (16 % des brevets au
cours de ces dernières années). Comme cela a déjà été évoqué dans ce rapport, cette
faible exploitation est liée à plusieurs paramètres ayant trait tant au niveau actuel de
connaissance de la microflore bactérienne, qu’aux difficultés éventuelles de mise en
culture et fermentation (extraction-purification des métabolites), mais aussi aux faibles
rendements obligeant à passer par la chimie de synthèse ou d’hémisynthèse. Par
ailleurs, il est important de souligner la nécessité de préserver les souches et les isolats.

5.4 Autres molécules


En sus des polymères bactériens (exopolysaccharides, polyesters biodégradables,
polyamines), des enzymes et des métabolites secondaires, d’autres pistes d’exploitation
de ces micro-organismes existent, notamment celles liées directement à leur
métabolisme (dégradation des produits toxiques, bioaccumulation et bioépuration,
précurseurs de métabolites actifs), ou encore à leurs autres constituants cellulaires
comme les lipides (lipides d’archéa en oncologie), les LPS (lipopolysaccharides), dont
on connaît les activités biologiques, et les glycoprotéines.

La très grande majorité des analyses actuelles autour des biotechnologies


marines laisse entrevoir que les micro-organismes devraient être un gisement
incontournable et prometteur de molécules d’intérêt pour des secteurs relatifs aux
domaines de la santé, de la pharmacie et parapharmacie, de la cosmétologie, de
l’environnement et de la chimie.

5.5 Les cyanobactéries et micro-algues


Outre les bactéries, les cyanobactéries (et micro-algues) apparaissent sans nul
doute comme des groupes d’intérêt biotechnologique. Les cyanobactéries sont donc
exploitées de façon empirique dans certaines régions du monde depuis longtemps. Dès
1521, Bernal Diaz del Castillo rapportait déjà la consommation de préparations à base
de Spirulina (Arthrospira) platensis au Mexique, et plus récemment la consommation
de préparations similaires a été observée chez certaines tribus du Tchad. Par ailleurs, la
biomasse de Nostoc commune Vaucher fait partie de la pharmacopée traditionnelle
chinoise pour soigner les brûlures.

Cependant, leur potentiel en tant que micro-organismes exploitables en termes


de biotechnologies n’a été considéré que récemment. Les recherches de valorisation des
cyanobactéries sont désormais nombreuses et sont menées à deux niveaux : le premier a
trait à l’utilisation de la biomasse brute vivante ou morte, et le second à la valorisation
de certains métabolites extraits des cellules ou du milieu de culture.

La première exploitation industrielle de cyanobactéries concerne la biomasse


brute de Spirulina (Arthrospira) platensis qui présente une bonne digestibilité et dont
les propriétés nutritives sont très intéressantes. En effet, les teneurs en protéines (65-
70 %), en vitamines (A, B1, et B12), en minéraux, et en acides gras essentiels sont
élevées. Cette cyanobactérie est actuellement commercialisée comme complément
alimentaire diététique dans les pays riches. Cette culture se développe de façon plus ou
moins artisanale dans les pays pauvres pour lutter contre la malnutrition. Une autre

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cyanobactérie, Phormidium tenue, s’est révélée tout aussi apte à une utilisation en tant
que complément alimentaire, mais n’est actuellement pas exploitée. Outre le secteur
alimentaire, la biomasse de certaines cyanobactéries pourrait intéresser d’autres
domaines industriels, comme celui de l’environnement. En effet, des études portant sur
des espèces du genre Phormidium ont montré que ces cyanobactéries pourraient être
intégrées dans des cycles de traitement biologique des eaux usées pour réduire
considérablement les teneurs en nitrates et en phosphates des eaux traitées. Dans la
même optique, d’autres espèces cyanobactériennes se sont montrées efficaces pour
l’élimination des métaux lourds en solution par bioaccumulation et biosorption. Ainsi,
le produit AlgaSORBTM, un mélange des biomasses de Chlorella sp. et de Spirulina sp.,
a été mis au point et est commercialisé par la société Resource Management and
Recovery (anciennement Bio-Recovery Systems Inc., Angleterre) pour traiter des eaux
chargées en métaux. Une récente étude a montré, quant à elle, que la présence d’un tapis
microbien (intégrant la cyanobactérie Microcoleus chthonoplastes) dans des marais
salants permet d’améliorer la qualité des cristaux de sels en diminuant notamment la
quantité de métaux précipités.

Les recherches de valorisation de métabolites secondaires biosynthétisées par


des cyanobactéries sont également encourageantes. En effet, dans ce domaine, de
nombreuses molécules sont susceptibles d’être exploitées industriellement, mais encore
très peu d’entre elles le sont réellement. Seules à ce jour, les phycobiliprotéines
(pigments protéiques) synthétisées par Spirulina sp., la C-phycocyanine et
l’allophycocyanine, sont commercialisées, entre autres par les sociétés Prozyme
(Californie, États-Unis) et Cyanotech (Hawaii, États-Unis). Ces pigments servent de
marqueurs fluorescents en recherche biologique. D’autres pigments comme la
scytonémine et les pigments du type mycosporine pourraient également servir de filtres
UV dans des préparations cosmétiques. Parmi les autres métabolites d’intérêt, on peut
citer les poly β hydroxyalcanoates (PHA), les agents antibactériens, les agents
antifongiques, algicides, et antiviraux, ou encore les agents antitumoraux et
cytotoxiques. En fait, plusieurs études de criblage d’activités biologiques ont montré
que ce groupe de micro-organismes constituait une source potentielle de producteurs de
molécules actives. Les propriétés physico-chimiques de polysaccharides synthétisés par
ces micro-organismes laissent présager un bel avenir, en termes de valorisation
industrielle, pour ce type de polymères. Par exemple, Nostoc commune Vaucher produit
un polysaccharide qui inhibe fortement le système du complément. Ce polymère
pourrait donc intéresser les domaines médical et pharmaceutique. Un autre exemple est
celui du polymère synthétisé par la souche Cyanothece sp. ATCC 51142, qui pourrait
être utilisé pour éliminer des métaux en solution ou encore certains colorants industriels.

L’exploitation industrielle des cyanobactéries peut cependant poser un certain


nombre de problèmes en regard du métabolisme de ces micro-organismes. La culture à
grande échelle des cyanobactéries, et plus généralement des micro-organismes
phototrophes, n’est réellement maîtrisée que pour un petit nombre de souches, mais des
systèmes de production de biomasses à grande échelle existent d’ores et déjà à travers le
monde (bassins de culture de Dunaliella, en Australie, de Spirulina, à Hawaii, bassins de
production de Chlorella, au Japon).

Un point important concernant les biotechnologies marines est celui de la


recherche de sources substitutives d’oméga 3 à l’utilisation actuelle des produits et co-
produits de la pêche. Il est reconnu qu’il y a risque au cours des prochaines décennies

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d’une forte diminution de la ressource en poissons, principale source actuelle de ces


acides gras polyinsaturés (EPA : acide ecosapentaenoïque-20:5ω3 et DHA : acide
docosahexaenoïque-22 :6ω3). Il a été démontré que ces acides gras sont bénéfiques pour
lutter contre les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension, les phénomènes
inflammatoires liés par exemple aux rhumatismes articulaires, et qu’ils sont favorables
au développement de l’enfant et, comme nous l’avons vu, dans la prévention de certains
cancers. Des études sont également en cours au niveau de leur influence sur la maladie
d’alzheimer et même sur certains désordres mentaux comme la schizophrénie. Une
demande croissante pourrait donc s’ensuivre pour ce type de molécules au regard de
leurs effets positifs sur la santé humaine. L’aquaculture offre d’autres domaines
d’application.

Les micro-algues (fig. 2) peuvent être sans nul doute une source d’acides gras
insaturés.

Figure 2. Distribution des acides gras polyinsaturés (EPA/DHA)


dans les différentes classes de micro-algues

Source : Australasian Biotechnology, nov. 2003.

À l’heure actuelle, la contribution des micro-algues et champignons marins à


cette industrie des acides gras essentiels est faible (voire négligeable), mais il y a de
fortes raisons de penser qu’un changement de stratégies devrait se produire dans les
années à venir, en raison notamment de :
a) la problématique de gestion de la ressource et la diminution de certaines
espèces (poissons) à la base de la production de ces oméga 3 ;
b) l’étape de purification des huiles de poissons qui induit une augmentation
sensible des coûts de production ;
c) la présence d’acides gras en oméga 3 en fortes concentrations au niveau de
ces micro-organismes (micro-algues) ;
d) une nécessaire production à partir d’une source renouvelable (fermentation,
photobioréacteur) ;

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e) un meilleur contrôle de la production (micro-organismes hétérotrophes) ;


f) une meilleure connaissance des voies métaboliques et son exploitation pour
améliorer les conditions de production.
De plus, dans le milieu marin les micro-algues et autres micro-organismes
apparaissent comme les producteurs primaires d’oméga 3. Bien qu’il ait été démontré
que la synthèse de novo de ces acides était possible chez les poissons, la présence de ces
acides dans ces organismes est plus probablement liée à leur alimentation.

Tableau 6. Distribution d’acides gras polyinsaturés dans les micro-algues et quelques autres
groupes∗

Group Genus / Species PUFA Application


Eustigmatophytes Nannochloropsis EPA Aquaculture
Diatoms Chaetoceros

Dinoflagellates Crypthecodinium cohnii DHA Aquaculture, health


Thraustochytrids Schizochytrium supplements, infant

Red algae Phorphyridium AA Aquaculture, infant formula


Thraustochytrids undescribed species Pharmaceutical industry
Fungi Mortiella (precursor to prostaglandins)

Blue green algae Spirulina GLA health supplements


∗Applications potentielles : 18:3ω6 γ−linolenic acid, GLA ; 20:5ω3, eicosapentaenoic acid, (EPA) ; 20:5ω3 ;
docosahexaenoic acid (DHA), 22:6ω3 ; arachidonic acid, AA: 20:4ω6
(source : Australasian Biotechnology, nov. 2003)

Les teneurs en EPA et DHA des micro-algues peuvent être importantes


(tableau 6) et, en ce sens, ces micro-organismes apparaissent comme de bonnes sources
de ces acides gras. La production industrielle pourrait se heurter à un problème
économique lié aux conditions de croissance de ces micro-organismes. Leur croissance
contrôlée peut nécessiter l’utilisation de photobioréacteurs qui entrent fortement dans le
coût élevé du développement de telles molécules par cette seule voie de fermentation.
Des études sont en cours actuellement, notamment en Australie et Italie, afin
d’optimiser à la fois les conditions de croissance et diminuer les coûts de production
d’EPA et DHA via l’utilisation de ces photobioréacteurs. Une autre voie prometteuse
serait également celle envisagée pour d’autres molécules issues de la fermentation
bactérienne, c’est-à-dire la voie du génie génétique et du transfert de gènes impliqués
dans la synthèse de ces oméga 3 chez les plantes.

Enfin à ces études vient s’ajouter la possibilité de rechercher d’autres sources de


micro-organismes et en tout premier lieu de micro-algues phototrophes et hétérotrophes,
capables de synthétiser des quantités plus importantes de ces acides gras et/ou possédant
une plus grande spécificité, tels les rapports EPA/DHA ou ω3/ω6. L’hétérotrophie
réunit des avantages certains, notamment une non-dépendance des conditions
environnementales extérieures, une bonne connaissance des procédés de fermentation et
d’extraction-purification, une optimisation autour de sources de carbone et nutriments
renouvelables et une garantie de reproductibilité à la fois sur les plans qualitatifs et
quantitatifs. Le nombre de souches hétérotrophes est à ce jour limité mais peut justifier
à partir d’écosystèmes atypiques la mise en évidence d’espèces nouvelles.

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Tout aussi abondante en termes d’articles s’y référant, l’utilisation de


champignons marins comme source de métabolites secondaires mérite également d’être
citée dans cette revue. Il convient d’y intégrer également les recherches menées par le
Center for Marine Biotechnology & Biomedecine au sein de la Scripps Institution of
Oceanography de la Jolla (États-Unis) sur des actinomycètes marins faisant apparaître
d’énormes potentialités en termes de molécules anti-bactériennes, antifongiques et
antitumorales. Sur près de 100 souches d’actinomycètes isolées du milieu marin, il a été
démontré que près de 80 % pouvaient inhiber la croissance de cellules cancéreuses en
tant que synthétisant des molécules. Ces résultats (pestalone, salinosporamide A) ont été
brevetés et immédiatement transférés, via des licences d’exploitation, à des sociétés
pharmaceutiques.

Les écosystèmes tropicaux et sub-tropicaux sont ainsi des sources de molécules


innovantes, notamment pour tout ce qui a trait aux activités anti-bactériennes et
antibiotiques. Des études ont d’ores et déjà été menées sur des bactéries marines isolées
dans les eaux territoriales ou dans les zones de la Nouvelle Guinée, de Papouasie ou
encore dans la mer de Salomon avec des résultats prometteurs en termes de molécules
actives.

On peut difficilement parler « d’endémisme microbien », mais la Polynésie


française possède un certain nombre de spécificités en rapport avec son positionnement
géographique, mais aussi en raison de la présence d’écosystèmes particuliers tels que de
ceux de certains lagons, ou encore de tapis microbiens, dans les mares de « Kopara »
par exemple. Ces mares de Kopara sont caractérisées par une très large diversité
microbienne en termes de cyanobactéries et bactéries. Cette biodiversité associée aux
conditions physico-chimiques particulières, différentes, selon les zones de prélèvement
en fait une source intéressante de micro-organismes d’intérêt industriel.

Des études et travaux de thèse ont déjà été réalisés sur ces écosystèmes, tant
d’un point de vue descriptif que d’un point de vue valorisation potentielle (Laurent
Richert, 2004). Une nouvelle thèse (bourse Cifre) est actuellement en cours visant à
mettre en évidence et à caractériser les molécules potentiellement innovantes d’origine
bactérienne.

6. Quelles applications pour les biotechnologies marines ?

Les biotechnologies intéressent de nombreux marchés parmi lesquels il convient


naturellement de citer le domaine de la cosmétologie, celui de la santé humaine et les
secteurs qui y sont associés, la pharmacie et la para-pharmacie, mais aussi des secteurs
en forte croissance tels que l’environnement, l’agroalimentaire ou encore les produits
d’hygiène corporelle, sans oublier ceux liés à la santé et à la nutrition animales (chiffre
d’affaires estimé à 1 à 3 billions de US $/an).

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Tous ces secteurs correspondent à une demande à la fois économique et sociétale


(fig. 3) :
– l’environnement (« chimie verte ») en quête de technologies propres
pouvant se substituer à d’autres approches plus polluantes, moins spécifiques et
moins performantes et plus onéreuses, mais aussi en demande de biomatériaux ;
– la cosmétologie/dermocosmétologie, qui malgré une législation en
évolution, apparaît comme le créneau à privilégier dans une démarche court
terme, domaine en quête de nouvelles molécules innovantes tant par leur
« histoire » que par leurs propriétés physico-chimiques et efficacité ;
– l’agro-alimentaire (pris au sens large du terme) en quête de nouvelles
molécules texturantes pour s’adapter et répondre à de nouvelles contraintes de
marché (thermostabilité, vectorisation, filmogène) ;
– la chimie de synthèse et/ou d’hémisynthèse à la recherche de nouvelles
molécules (chirales, etc.) ou de précurseurs de synthèse ;
– les domaines de la santé (médical, pharmacie et parapharmacie,
nutrition) avec une recherche parfois très ciblée d’une grande spécificité, d’une
meilleure efficacité et/ou d’une forte activité, à la recherche de substituts à des
molécules existantes mais d’origine non souhaitée, etc.

Figure 3. Répartition de l’impact des biotechnologies

Research equipment Others

Environment Human Health

Agribusiness

Animal Health

Source : France-Biotech, French 2002 Biotech Survey $$$.

6.1 Biotechnologie et environnement


Dans le domaine de l’environnement, les micro-organismes (cyanobactéries,
micro-algues, champignons, bactéries, archaébactéries…) peuvent apporter des
solutions à un grand nombre de problèmes, tant parce qu’ils garantissent une plus
grande efficacité, spécificité, sécurité et innocuité, qu’un meilleur ratio coût /efficacité.
De fait, utilisés seuls ou en complément de traitements préalables, les micro-organismes
(et les algues) en ce domaine présente(nt) un intérêt croissant pour de nombreux
secteurs industriels.

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La non-biodégradabilité d’un certain nombre de composés hautement toxiques


pour l’environnement générés par différents secteurs industriels pose le problème de
leur élimination ou récupération. Parmi ces composés, il faut citer un grand nombre de
déchets et polluants industriels tels que les hydrocarbures polycycliques, les pesticides,
herbicides, de nombreux composés chlorés, les phtalates, les composés nitrés
aromatiques, les solvants, et naturellement les métaux lourds et radioactifs. L’industrie
de l’énergie génère à elle seule près de 2,5 millions de tonnes de métaux lourds /an.
L’industrie de la métallurgie contribue annuellement à cette pollution à hauteur de
0,4 million de tonnes tandis que l’agriculture, le traitement des eaux et l’ensemble des
autres industries y ajoutent près de 2,4 millions de tonnes supplémentaires.

Les micro-organismes (bactéries et micro-algues) et les algues peuvent répondre


à un certain nombre de ces problématiques, soit directement du fait de leur capacité à
assimiler (et dégrader) un certain nombre de ces produits toxiques via des processus
enzymatiques (mais pas uniquement), soit, plus indirectement, via la production de
biopolymères (exopolymères) adsorbants ou encore biofloculants au rang desquels il
convient de citer les polysaccharides et glycoconjugués. Cette utilisation des micro-
organismes dans le domaine de l’environnement entre alors dans les process de « bio-
remédiation », « biodétoxification », « bioépuration », « biolixiviation » ou encore
« biofixation », selon les mécanismes mis en en jeu. Une base très importante de
données relatives aux potentialités des micro-organismes en matière de « bio-
remediation » a été récemment constituée par l’Université du Minnesota, qui pourrait
constituer une base de références pour d’éventuelles études ultérieures.

À titre d’exemples, on peut citer l’oxydation de l’arsenic sous une forme plus
soluble et plus facilement récupérable, la précipitation de sulfures métalliques par des
modifications de pH ou encore par génération de sulfures (bactéries sulfato-réductrices),
la dissolution de minerais métalliques par des bactéries sulfo-oxydantes, l’association
d’un polysaccharide (chitosane) et d’un consortium microbien, la séparation de l’huile à
partir d’une émulsion eau-huile par Alcaligenes latus, ou encore l’utilisation de
floculents microbiens (bactéries, cyanobactéries) dans le domaine de la détoxification
de métaux lourds…

Un des freins actuels à l’utilisation de ces micro-organismes reste peut-être la


cinétique de dégradation de composés toxiques qui les caractérise. Une solution de plus
en plus envisagée par les scientifiques consiste alors en la manipulation génétique de
ces micro-organismes en vue d’une meilleure sélectivité et/ou efficacité du processus de
biodégradation.

Antifouling
Un autre domaine d’importance au niveau de l’environnement est celui des
revêtements antifouling (antisalissures). Les effets néfastes de la présence d’un biofilm
et de biosalissures sur les matériaux et équipements utilisés en milieu marin sont variés :
écran hydrodynamique et modification de l’écoulement, diminution des échanges
thermiques, perte de propriétés optiques, blocage de fonctions mécaniques, accélération
de la corrosion ou de la biodégradation. La plupart des activités marines y sont
confrontées : ouvrages au large ou côtiers, navires, plates-formes offshore, installations
aquacoles, équipements océanographiques immergés pendant des durées de quelques
jours à plusieurs mois, voire des années. Les agents antisalissures (peintures, vernis...)

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généralement utilisés pour protéger les structures sont toxiques et peuvent avoir des
conséquences désastreuses sur la faune et la flore. Leur utilisation est réglementée par
des normes de plus en plus sévères. L’évolution des réglementations internationales
(directive no 89/677/CEE) conduit notamment à une interdiction totale, prévue en 2003,
des composés organostanniques reconnus nocifs pour le milieu marin et à une utilisation
contrôlée des molécules toxiques (directive « Biocides » no 98/8). L’emploi de biocides
et les nettoyages réguliers de structures augmentent considérablement les coûts
d’exploitation des industries marines. Les conséquences de la croissance de salissures
dans le domaine des industries marines ont été évaluées par un certain nombre de
groupes universitaires, notamment en Australie, à 6,5 milliards de dollars par an
(évaluation du groupe « Biofouling » de l’Université de New South Wales), et la seule
présence d’un biofilm bactérien sur des surfaces est estimée à des milliards de dollars
par an due à la détérioration d’équipements, aux pertes d’énergie, aux problèmes de
contamination ou infection dans le domaine médical (évaluation « The Center for
Biofilm Engineering », Montana).

Il a été démontré que les micro-organismes et en particulier les bactéries marines


sont susceptibles de biosynthétiser, en conditions naturelles, un certain nombre de
molécules biologiquement actives, limitant le développement ultérieur de
macrosalissures. Ces molécules pourraient alors être exploitées comme agents
« antifouling » incorporées dans des revêtements favorisant leur relargage (diffusion)
contrôlé.

À ces applications dans la lutte contre les salissures, il faut également ajouter les
industries métallurgiques et chimiques pouvant faire appel, dans des cas particuliers, à
des procédés enzymatiques, les domaines des textiles, de la pâte à papier, du traitement
du cuir, de la chimie fine et surtout du génie enzymatique et de la biocatalyse.

Au niveau de la Polynésie, il convient d’ores et déjà de noter la mise en place


d’une collaboration entre l’Ifremer et le Service de la perliculture autour de l’utilisation
de polysaccharides microbiens (dont ceux issus de travaux menés sur le Kopara) en tant
qu’agents antisalissures.

Les biomatériaux
Les poly-β-hydroxyalcanoates (PHA) ou polyesters biodégradables, synthétisés
par des micro-organismes marins (bactéries et cynaobactéries), constituent une autre
voie d’intérêt à la fois industrielle et environnementale. L’une des contraintes
d’exploitation porte sur les procédés de production et les coûts associés. Mais la
possibilité de cloner les gènes codant pour les enzymes de la voie de biosynthèse de ces
PHA ouvre des perspectives de culture de plein champ de plantes génétiquement
modifiées. L’avenir de ces cultures industrielles à base d’OGM reste cependant
totalement tributaire de l’évolution du contexte juridique. Au lieu des cultures
industrielles de plantes recombinantes, on pourrait alors se tourner vers des procédés de
fermentation.

La part de marchés en 2000 de ces polymères biodégradables était de


44 000 tonnes par an, soit 0,12 % du marché des matières plastiques. Les prévisions de
croissance pour ce type de polymères, incluant non seulement les poly-β-

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hydroxyalcanoates mais aussi les polysaccharides et PLA (polymères d’acide lactique),


situent ce marché à plus de 500 000 tonnes en 2005/2006 et 4 millions de tonnes à
l’horizon 2020. L’évolution des législations en matière de développement durable, de
réduction de l’effet de serre et rejet de CO2, une meilleure gestion des déchets ainsi
qu’une volonté d’une réduction de la dépendance vis-à-vis des matières premières
importées, plaident en faveur du développement de ce type de polymères.

D’autres polymères à haut poids moléculaire et d’origine marine tels que la


chitine, constituant majeur de la cuticule de nombreux invertébrés d’origine marine
(crabes, crevettes) sont eux aussi biodégradables, non toxiques, et pourraient se révéler
d’un grand intérêt pour l’alimentaire, les cosmétiques ou la pharmacie. Enfin, la
combinaison de polymères naturels (origine algale et/ou végétale) avec ces polymères
biodégradables fait également l’objet d’intérêts particuliers de la part de différents
secteurs industriels.

Les biocapteurs
Un biocapteur est un système de mesure associant un élément biochimique et un
élément électronique. Le composant biochimique, choisi pour sa capacité à détecter une
substance, joue généralement le rôle de récepteur. Il peut être constitué d’enzymes
(mono ou multi-enzyme), d’anticorps, de cellules entières (micro-organismes, bactéries,
algues ou champignons) ou partielles, de tissus (plante ou animal), ou d’une séquence
d’ADN (sondes oligonucléotides). Les propriétés de reconnaissance moléculaire de la
biomolécule choisie confèrent une sélectivité à l’interaction biomolécule-analyte cible.
Celle-ci est à l’origine d’un signal qui, après traitement, peut être directement corrélé à
la concentration en solution de l’analyte cible. Les biocapteurs à base d’enzymes sont
actuellement les plus utilisés et développés.

De nombreux domaines, comme l’alimentation, la protection de


l’environnement, la sécurité industrielle et domestique, s’intéressent au développement
des biocapteurs à cause de la sévérité croissante des réglementations et normes. Le
secteur médical (analyse clinique, normes de sécurité et d’hygiène) est également très
demandeur de systèmes de mesures et de contrôle sélectifs et sensibles, tels que les
biocapteurs. Ainsi, les chercheurs australiens travaillent sur les organismes de la
barrière de corail et sur la conception de biocapteurs capables de détecter un niveau de
contamination éventuel d’un coquillage élevé dans les bassins d’aquaculture.

6.2. Biotechnologie et agro-alimentaire


S’agissant de texturants et d’additifs, les possibilités de valorisation de nouvelles
molécules d’origine marine dans le domaine de l’agro-alimentaire existent sans nul
doute, mais elles doivent être considérées en regard d’un ensemble de paramètres
incluant la notion de molécules de références (« benchmark ») comme le xanthane, le
gellane ou polysaccharides d’origine algale (agars, alginates, carraghénanes, etc.), dont
les coûts de production et maîtrise de cette dernière peuvent constituer un frein majeur
au développement de toute autre molécule.

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Relativement à la nutrition humaine, les apports de protéines, peptides et acides


gras essentiels relèvent tout autant du domaine de la santé (avec ses contraintes) que de
celui de l’agro-alimentaire.

Une plus grande spécificité ou des performances et propriétés largement


supérieures à ces molécules de référence, associées à des coûts de production
acceptables, sont les conditions majeures de développement de molécules nouvelles en
agro-alimentaire.

6.3. Biotechnologie et cosmétologie


Il s’agit bien naturellement d’un secteur économique en forte croissance
correspondant à une demande sociétale évolutive.

Parmi les produits les plus recherchés, il y a les molécules « anti-âge » (agents
hydratants, ou de réhydratation, raffermissement de la peau, lissage, anti-rides,
réparation cellulaire, régénération des cellules dermiques, protection UV, etc.), ou,
d’une manière plus générale, ceux qui sont en adéquation avec une volonté affichée des
consommateurs d’un bien-être passant en premier lieu par une apparence physique et
l’entretien du corps (« Forever young !»). Il est à noter que, dans les pays industrialisés,
cette tendance a débuté auprès des « baby bloomers » de l’après-guerre et se poursuit
maintenant avec les nouvelles générations. Le marché des produits anti-âges était estimé
à près de 70 millions de US $ en 2001, produits au rang desquels il convient de citer les
vitamines (pour plus de 50 % de ce marché (vitamines A, B5, C et E) et les
polysaccharides (acide hyaluronique, chitosane et β glucanes) pour plus de 20 %. À ces
produits majoritaires, il faut adjoindre les peptides et protéines, les enzymes (voir dans
chapitre 5 le cas des enzymes anti-oxydantes) et co-enzymes, les extraits naturels (Aloe
vera…) et d’autres produits comme les hydroquinones, amino acides, etc.

À ce marché vient se greffer celui des systèmes de délivrance et libération


contrôlée des actifs cosmétiques (nanoparticules, nano-émulsions, microcapsules, pour
30 %, et des millicapsules, pour 40 %), marché américain estimé quant à lui à près de
30 millions de US $ (sans y inclure les patches) en 2001.

Bien que la classe des polysaccharides soit déjà donc bien représentée en
cosmétique et dermo-cosmétique, une demande existe en termes de nouvelles molécules
caractérisées à la fois par des diversités d’origine, des unités saccharidiques originales et
des propriétés physico-chimiques, biologiques et rhéologiques innovantes permettant
par exemple d’envisager d’intéressantes applications sous différentes formes
galéniques.

Si les algues (brunes, rouges et vertes) constituent actuellement la principale


ressource de molécules marines dans le domaine de la cosmétologie, d’autres sources de
micro-organismes sont actuellement évaluées pour leurs potentialités et avantages
s’agissant de notions de non-dépendance vis-à-vis d’aléas environnementaux,
climatiques ou même géopolitiques. Au nombre de ces nouvelles sources on trouve
naturellement les micro-algues et les bactéries. Les applications se situent alors au
niveau de propriétés de rétention d’eau, molécules anti-âge (capteur de radicaux libres),
auto-bronzantes et accélératrices de bronzage, de protection contre les UV, anti-rides,

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immunostimulants ou encore colorants, avec comme molécules cibles les


polysaccharides, protéines, peptides et pigments.

La durée de vie approximative de nouvelles molécules se situe entre 3 et 5 ans,


induisant de fait une recherche constante et continue de nouvelles pistes de valorisation.

Mais le développement de nouvelles molécules pour la cosmétologie se devra


aussi de considérer une évolution probable de la législation en matière d’utilisation de
produits naturels, de la disponibilité de la ressource, de facilité de mise en œuvre et,
bien évidemment, de coût de production de ces molécules.

6.4 Biotechnologie et santé


Le processus menant de l’identification d’une molécule active à la mise sur le
marché d’un produit pharmaceutique est long, coûteux, puisqu’il nécessite une parfaite
connaissance de la molécule, la caractérisation du (ou des) mode(s) d’action, les essais
précliniques et cliniques pour conclure par les demandes d’autorisation de mise sur le(s)
marché(s) (tableau 7). Cette phase finale est atteinte dans un domaine de temps de
l’ordre de 6-10 ans et des coûts de R&D, marketing et autres, de près de 1 milliard de
dollars avec un taux de succès de une molécule commercialisée, donc susceptible de
dégager des profits, pour environ 5 000 à 10 000 molécules actives identifiées.

Tableau 7. Étapes critiques de la R&D d’un médicament

Etapes/activités Objectifs Durée Coût Probabilité


(an) (M. euros) de succès
Recherches mécanismes Nouvelles cibles pour 10 à 20 Très élevé Faible
les médicaments
Recherche nouvelles molécules ayant des Brevet d’invention 2à4 2à4 Elevée
affinités pour la cible
er
1 essais cliniques (phases I et II) Preuve du concept 2à4 4 à 12 33 %
Toxicologie/cancérogenèse/mutagenèse Acceptation de la NDA 3à4 300 à 700 67 %
(phase III) Spécificités FDA par la FDA (États-Unis)
Commercialisation AMM (NDA) 1 2 90 %
FDA : New Drug approval. FDA : Federal Drug Administration. AMM : Autorisation de mise sur le marché.
Source : Biofutur, déc. 2003.$$$

Au cours de ces dernières années, il a été démontré qu’un grand nombre de


molécules marines possèdent des activités biologiques en adéquation avec une
recherche de nouveaux médicaments et de voies thérapeutiques dans de nombreux
domaines de la santé. Ainsi, en 2002, une quinzaine de produits isolés d’organismes
marins, nombre d’entre eux ayant été découverts par le département Produits naturels de
l’Institut national du cancer américain, étaient en essais cliniques ou encore aux
premiers stades du développement (tabl. 7). Mais sur la base des données actuelles,
force est de constater que le nombre de groupes zoologiques concernés paraît très
restreint et sans commune mesure avec l’importance de la biodiversité marine. On note
par exemple que les micro-organismes en particulier étaient absents de la plupart des
études menées à ce jour sur ce sujet. À l’opposé, certains groupes étaient bien
représentés, à l’instar des éponges qui possèdent plusieurs centaines de composés
bioactifs déjà répertoriés. Les approches évoluent avec une contribution plus marquée
au cours de ces dernières années des micro-organismes, tenant aux avantages présentés

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par ces derniers (une meilleure connaissance des voies métaboliques, la maîtrise des
outils de fermentation, d’extraction-purification, absence de contraintes en matière
d’accessibilité à la « matière première », origine réelle des molécules…).

Un certain nombre d’interrogations restent cependant en suspens quant à


l’origine exacte de molécules bioactives identifiées dans des organismes supérieurs. Les
micro-organismes peuvent représenter de 40 % à 50 % de la biomasse de certaines
éponges et autres organismes marins, et pourraient être directement impliqués dans la
biosynthèse de molécules bioactives. Les travaux de l’Institut océanographique Scripps
ont démontré que la bryostatine, déjà citée dans le tableau 7, pourrait être produite par
une bactérie vivant à l’intérieur de B. neritina, Candidatus endobugula sertula. La
division médicale de l’Université de Fort Pierce (Floride) vient ainsi de mettre en
évidence près de 16 000 isolats associés à des éponges marines. Cette notion de
synergie est importante entre les communautés bactériennes associées aux organismes
marins (invertébrés, algues) dans le cadre d’une réflexion autour de la recherche et de la
mise en évidence de métabolites secondaires d’intérêt pharmaceutique. L’utilisation des
outils de biologie moléculaires, par exemple les transferts de gènes impliqués dans la
biosynthèse de ces métabolites vers des vecteurs plus adaptés, constitue une voie pour
contourner les difficultés de mise en culture de ces micro-organismes symbiotiques.

Les sucres jouent un rôle essentiel dans l’organisme, participant aux


communications entre cellules et au fonctionnement du système immunitaire, luttant
contre certains organismes pathogènes et pouvant freiner la progression de certains
cancers. Certains de ces sucres, ou enzymes associées, sont soit d’ores et déjà
commercialisés (Cerezyme, Fabrazyme, Vancocine), soit en phase clinique I, II et III
(Vevesca [III] Vaccin GMK [III], Bimosiamose [II], GCS-100 [I], PI-88 [I et II], etc.).

Cette notion de « sucre-médicaments »et l’utilisation de polysaccharides natifs


et/ou modifiés apparaît donc comme un axe de recherche de plus en plus exploré par le
monde médical et la recherche pharmaceutique, de même que celle, plus générale, de
glycoconjugués associant une partie « carbohydrate » à une partie protéinique ou
lipidique.

Outre les sucres (sucres-médicaments) et les métabolites secondaires, il convient


de mettre en évidence les effets bénéfiques des acides gras, et en particulier des acides
gras polyinsaturés oméga 3, avec comme sources potentielles la pêche, les co-produits
de la pêche et les micro-algues.

La très grande majorité des domaines de santé est donc concernée par ces
recherches de molécules nouvelles, qu’elles soient par ailleurs d’origine marine ou
terrestre (cardiologie, hématologie, ophtamologie, régénération tissulaire, oncologie, les
anti-inflammatoires, antiviraux, les anti-hypercholestémie, etc.). Mais la mise en
évidence de ces activités biologiques passe obligatoirement par des techniques de
criblage. Ces dernières ont beaucoup évolué ces vingt dernières, dans le souci toujours
présent de pouvoir valoriser au mieux les molécules isolées et d’essayer de comprendre
leur mécanisme d’action, voire leur utilité dans le milieu naturel : les essais sur
organismes (bactéries, cultures cellulaires, organes…) ont été parfois remplacés en
criblage de première intention par des essais enzymatiques ou sur récepteurs spécifiques
des domaines d’activité étudiés.

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Le tableau présenté ci-après résume les principaux champs d’applications des


molécules marines toutes origines confondues.

Tableau 8. Aperçu très général des applications des organismes marins

Domaines d’applications Organismes considérés Exemples :


molécules
Cosmétologie/dermo-cosmétologie Macro-algues
Micro-algues Métabolites secondaires
Cyanobactéries Exopolymères, oligomères,
Bactéries enzymes
Champignons
Environnement Macro-algues Enzymes
Micro-algues Antifouling
Cyanobactéries Polyesters biodégradables
Bactéries Exopolymères
Biocapteurs

Industrie pétrolière Bactéries Exopolymères

Agro-alimentaire Tous organismes Enzymes, exopolymères, métabolites


Pharmacologie/santé Tous organismes Tous métabolites, médicaments.

7. Quelle(s) stratégie(s) de valorisation ?

Existe-t-il une stratégie de valorisation au regard de cette biodiversité en termes


d’applications potentielles ? Il apparaît à l’évidence difficile de concevoir une stratégie
unique. Sans doute convient-il plutôt d’envisager des stratégies de valorisation en
fonction des groupes considérés dans cette expertise.

Selon les marchés visés, le devenir et le développement de nouvelles molécules


devront très probablement répondre aux interrogations suivantes :
– Existe-t-il un marché pour toutes nouvelles molécules (marines) dans
tous les domaines des biotechnologies ?
– Les nouvelles approches (outils) de biochimie et de biologie moléculaire
contribueront-elles à la mise en évidence de nouvelles molécules (et de
nouveaux micro-organismes) possédant des spécificités réellement innovantes ?
– Existe-t-il toujours une demande spécifique pour répondre à un problème
particulier (origine de la molécule au regard de législations évolutives ou en
réponse à des inquiétudes sociétales) ?
– Peut-on imaginer de nouveaux marchés ? Il serait ainsi surprenant que,
eu égard à l’évolution actuelle de la chimie « verte » et des ressources
renouvelables, la place des biopolymères et donc celle potentielle des
biopolymères d’origine marine ne deviennent pas prépondérantes.
– Ces molécules pourront-elles alors être produites de manière
« économiquement » viable et, si cela est le cas, quelles sont les pistes à
privilégier (fermentation bactérienne/synthèse/hémisynthèse) ?

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7.1 Le niveau de connaissances de la faune et de la flore marine


La richesse en organismes marins répond au gradient d’appauvrissement
géographique d’ouest en est. Toutefois, l’étalement latitudinal des archipels polynésiens
se traduit par une diversité intéressante caractérisée par la présence, notamment dans
l’archipel des Australes, d’organismes de zones tempérées. La dispersion géographique
des îles a limité l’inventaire taxonomique aux principales îles des archipels de la Société
et des Tuamotu. Par ailleurs, seuls les groupes majeurs, coraux, poissons, mollusques,
échinodermes et algues, ont reçu une attention particulière tandis que la connaissance
sur les autres groupes d’invertébrés restait à ce jour encore fragmentaire. Dans ce
contexte, il pourrait sembler difficile, dans une première phase, de considérer un axe de
valorisation plutôt qu’un autre. Cette valorisation des micro et macro-organismes est par
ailleurs différente selon les voies d’obtention des extraits, tant au niveau pré-criblage
qu’au niveau du développement.

D’une manière générale, une stratégie de valorisation peut se mettre en place


selon différentes phases :
a) une phase d’échantillonnage ;
b) une phase de mise en place de collections ;
c) la constitution et la gestion d’une banque de molécules ;
d) la connaissance de ces molécules (propriétés chimiques, physico-chimiques,
activités biologiques) via des études spécifiques et/ou des actions de criblage
orientées) ;
e) une phase de développement de ces molécules (choix de stratégies…) ;
f) la production à l’échelle pré-industrielle et industrielle avant
commercialisation.
À cette stratégie, il convient d’adjoindre les notions de propriétés intellectuelles,
de dépôts de micro-organismes, de brevets (qui pourraient être pris en co-propriété mais
sans obligations), de cessions de licences (brevets, exploitation), et de propriété
industrielle.

7.2 Échantillonnage
Les macro-organismes
Toute l’analyse précédente montre l’intérêt de mener en Polynésie française un
programme d’échantillonnage dans le double but de la constitution d’un « patrimoine
biologique » et de la recherche de substances naturelles. La valorisation ultérieure d’un
produit pouvant passer par une phase d’aquaculture de l’organisme source (cf.
Ecteinascidia turbinata, Bugula neritina, Pseudopterogorgia elisabethae), une attention
particulière devra être portée à la répartition des espèces et à leur contenu chimique en
fonction de leur habitat : les espèces vivant dans les lagons profonds seront
probablement les plus faciles à cultiver le cas échéant, alors que les organismes des
zones à fort courant resteront des modèles académiques. Toutefois, certaines espèces
vivant à l’extérieur du récif peuvent s’adapter dans les lagons, mais leur production en
métabolites secondaires peut alors varier et ne plus produire les molécules souhaitées.
Cette stratégie s’applique surtout au niveau des coraux, poissons, mollusques et
échinodermes.

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L’échantillonnage doit alors être double, à la fois pour la systématique et pour


l’étude pharmacochimique. L’identification rapide des échantillons, au moins au niveau
du genre, permet d’accéder aux banques de données : c’est l’un des points clés de
l’étape de réplication. Le travail de spécialistes de différents groupes peut être motivé
par la mise en place d’un programme général sur la biodiversité marine qui intéresserait
l’ensemble des archipels et d’une collection de référence sur le territoire. Des réseaux de
spécialistes mettent en place des banques de données mondiales où sont référencées les
différentes espèces (identification, photos, coordonnées géographiques, détenteur de
l’échantillon), afin d’améliorer les connaissances biogéographiques des différents
organismes.

Une démarche spécifique pourrait être engagée s’agissant des co-produits de la


pêche selon laquelle, outre la notion de gestion de la ressource qu’il conviendrait
d’appréhender dès la mise en place de projets de valorisation, seules des études
préliminaires sur une caractérisation de molécules d’intérêt extraites de ces déchets (y
compris les oméga 3) pourraient conduire, à terme, à la mise en place de structures de
valorisation.

Cette étude devra également porter sur les macro-algues au regard de différents
paramètres comme les connaissances des algues polynésiennes et la constitution d’une
collection de référence, ainsi que les potentialités de ces organismes dans différents
secteurs industriels, sans oublier les études et recherches déjà engagées sur ce sujet. Une
attention particulière pourrait alors être donnée à deux algues invasives ou proliférantes
(Sargassum mangarevense et Turbinaria ornata) dans une réflexion associant les
notions d’environnement, d’écologie et de valorisation industrielle. Un travail de
recherches, d’isolement et de caractérisation de molécules devrait cependant être
entrepris sur les algues en privilégiant soit les algues proliférantes dont il est fait état
plus haut, soit d’autres algues (voir chapitre 4) présentant des fortes potentialités en
matière de synthèse de molécules innovantes.

Il y a donc nécessité d’une mise en place préalable d’actions de recherches


appliquées pouvant être menées sur le territoire dans le cadre de structures de
recherches existantes ou de collaborations à initier.

Les micro-organismes
Considérant l’ensemble des remarques évoquées dans le chapitre consacré aux
micro-organismes (notion de milieux sélectifs, représentativité, souches cultivables,
souches symbiotiques, etc.), il paraît alors plus judicieux de concevoir, concernant
spécifiquement ces micro-organismes (bactéries, archaé, cyanaobactéries et micro-
algues, levures, champignons…), la notion de collection et de préservation de ces
micro-organismes, cette souchothèque (ou ces souchothèques) constituant la base (les
bases) de toute action ultérieure en matière de valorisation et d’exploitation dans les
différents secteurs de la biotechnologie.

La recherche de pistes de valorisation des micro-organismes marins passe


obligatoirement par cette phase de mise en place et de gestion d’une ou de plusieurs de
ces collections.

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S’agissant plus spécifiquement des bactéries, cyanobactéries et micro-algues,


une telle collection existe d’ores et déjà sur la base d’études réalisées sur le Kopara
(Société Biolib, Tahiti), qui pourrait être étendue à d’autres micro-organismes ou lieux
de prélèvement. La création d’une telle « souchothèque » nécessite cependant des
moyens appropriés, tant au niveau de la caractérisation de ces micro-organismes qu’au
niveau de leur préservation.

7.3 Extraction
Les études menées sur les algues et invertébrés marins ainsi que la collection (ou
ces collections) susmentionnée(s) peuvent éventuellement constituer la base d’une
seconde « collection », propre aux métabolites primaires et secondaires synthétisés par
ces organismes.

Le mode d’extraction peut naturellement varier selon la source, ainsi que le


mode de conservation des organismes, du lieu de récolte jusqu’aux laboratoires de
chimie. Cette étape fondamentale pourrait également être réalisée sur le territoire ; elle
permettrait de constituer une banque de molécules (chimiothèque) à conserver au même
titre que la collection taxonomique de référence.

S’agissant notamment de micro-organismes, la démarche pourrait alors consister


en :
i) une mise en place et un enrichissement de nouvelles collections et
collections existantes au niveau du territoire ;
ii) une mise en place éventuelle d’une chimiothèque (ou banque de
molécules) et le lancement d’un travail de caractérisation de ces micro-
organismes et de leurs métabolites (primaires et secondaires) au travers
d’une recherche amont, mais appliquée, menée sur le territoire au regard de
compétences existantes et/ou d’accords de partenariat avec le secteur privé.

7.4 Mise en forme pour le criblage d’activités


Les criblages d’activité des différents domaines étudiés (santé, cosmétologie,
agro-alimentaire, environnement et autres) évoluent de plus en plus vers les techniques
dites de criblage à haut débit. Afin d’améliorer la rapidité de traitement des touches
positives de ces criblages, les extraits sont fractionnés plus ou moins finement pour
cerner, dès la première étape, la fraction active. Cette étape de fractionnement et de
mise en plaques standards prêtes à être testées permet de constituer un stock
d’échantillons disponibles pour les essais pharmacologiques ultérieurs. Ces deux étapes
(fractionnement et préservation des échantillons) peuvent également être réalisées sur le
territoire, moyennant un investissement technique et humain raisonnable.

7.5 Essais biologiques et valorisation


La mise en place de tests pharmacologiques robotisés nécessite une logistique
importante tant humaine que technologique (mise au point des tests, miniaturisation,
robotisation, tests de confirmation), en général disponible dans des groupes de
recherche privés ou éventuellement mixte public-privé. Il est difficile d’être spécialiste
des différents domaines, et peu rentable d’appliquer une telle structure à une collection

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restreinte d’organismes à tester. Il est donc important de rechercher à ce niveau des


partenaires intéressés et efficaces et de créer des liens forts (formation de jeunes
chercheurs polynésiens par exemple) avec des groupes susceptibles de pouvoir
développer par la suite un produit.

La maîtrise de la production des plaques de tests permet de diversifier les


partenaires dans différents domaines. Les étapes d’isolement, de réplication et de
détermination structurale pourraient être réalisées par un (ou des) laboratoire(s)
compétent(s) en Polynésie ou dans une structure partenaire.

S’agissant d’autres propriétés, des études pourraient également être menées en


relation avec les autres champs d’applications de ces molécules, comme la
détermination de propriétés rhéologiques et physico-chimiques. Ces études devraient
cependant être engagées préférentiellement dans le cadre d’accords partenariaux avec
les industries concernées. Il paraît en effet fort délicat, considérant les diversités de
structures et de fonctionnalités, d’initier de telles démarches sans une demande
industrielle amont et bien établie.

7.6 Développement d’un produit


Dans le cas des métabolites secondaires, les molécules ayant subi avec succès
toutes les étapes de sélection jusqu’à la valorisation en tant que médicament ou plus
généralement en tant que molécule bioactive, la production par voie de synthèse doit
être envisagée, l’un des critères de sélection d’une substance étant son obtention de
façon industriellement rentable. Mais cette voie d’obtention de la molécule cible est
aussi fonction de l’organisme source.

Dans le cas des macro-organismes marins (éponges, échinodermes, parfois


algues), l’exploitation de la ressource naturelle n’est en général pas toujours possible, et
s’appuie sur des programmes d’étude d’impact et de biogéographie tant biologique que
chimique. Plusieurs exemples récents dans divers groupes taxonomiques ont montré que
des invertébrés pouvaient être cultivés en milieu naturel, et ainsi constituer la ressource
du produit recherché. Les lagons des atolls, particulièrement riches en nutriments,
peuvent constituer des milieux de choix par leur richesse en nutriments pour ce nouveau
type d’aquaculture. Il peut en être de même pour la culture de certaines algues
(« algoculture ») présentant un réel intérêt biotechnologique.

Mais si la synthèse (ou l’hémisynthèse) s’avère impossible ou peu rentable, la


voie biotechnologique est une voie intéressante et à privilégier. Cela est évidemment
vrai au niveau des micro-organismes (micro-algues, champignons, archaé, bactéries) où
les procédés de fermentation de ces micro-organismes sont de mieux en mieux
contrôlés, de même que ceux liés à l’extraction, la purification et la caractérisation des
métabolites d’intérêt. La voie biotechnologique présente également les avantages d’une
non-dépendance vis-à-vis d’aléas environnementaux (pollution), d’un meilleur contrôle
de la source (collections) et, dans la grande majorité des cas, de l’assurance de
l’obtention des paramètres essentiels que sont la qualité et la reproductibilité des
molécules recherchées.

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7.7 Aspects juridiques de la protection de la ressource


• Statut IUCN : très peu de spécimens de benthos bénéficient d’un statut
IUCN, à l’exception des coraux et des mollusques, tous organismes intéressant les
collectionneurs et les aquariophiles.

• Contraintes réglementaires : ce sont celles de la convention de Rio.

• Mode de protection de la ressource : le mode suggéré est l’interdiction de


récoltes par les personnes non enregistrées auprès du service des pêches, et l’obligation
de l’armement des navires de récoltes à la petite pêche excluant les navires de plaisance,
mais autorisant la récolte des organismes en plongée autonome.

8. Conclusions

Quelles que soient les sources consultées, les perspectives d’évolution des
marchés de la biotechnologie sont considérables, avec des taux de croissance de l’ordre
de 10 %/an. Tous les gouvernements des pays industrialisés ont fait des biotechnologies
le prochain moteur de la croissance, accompagnant ou relayant celui des technologies
de l’information. L’analyse des actifs en cours de phase clinique et des demandes
d’autorisation de mise sur le marché est en ce sens sans ambiguïté. Le marché européen
de la biotechnologie pourrait être estimé à plus de 100 milliards d’euros d’ici à 2005. À
la fin de la décennie, les marchés mondiaux, notamment dans les secteurs où les
sciences du vivant et la biotechnologie constituent la majeure partie des nouvelles
technologies appliquées, pourraient atteindre plus de 2000 milliards d’euros.

Les biotechnologies marines sont certes une science relativement neuve mais le
milieu marin représente une source inépuisable d’innovations pour les spécialistes en
biotechnologies. La Polynésie française de par son large domaine maritime et la
diversité des écosystèmes qu’elle présente se positionne naturellement comme une zone
privilégiée d’investigations, de mise en place d’activités de recherche et de
développements industriels autour de ces biotechnologies marines. Bien d’autres pays
possédant des similitudes avec les spécificités du territoire polynésien ont d’ores et déjà
intégré ces objectifs dans leurs programmes de recherches et de développement, à
l’exemple de l’Australie (CSIRO-AIMS-Australian Institute of Marine Science, James
Cook University) et de la Nouvelle-Zélande.

« Everywhere you look, biotechnology touches your life » : cette expression


traduit bien l’évolution des biotechnologies, en particulier marines, dans les différents
secteurs industriels que sont ceux de la santé (médical, pharmacologie et
parapharmacie), cosmétique et dermocosmétique, agro-alimentaire, environnement,
ainsi que de nouveaux secteurs émergents (adhésifs, polymères biodégradables…). Des
études sont d’ores et déjà engagées sur le territoire polynésien concernant certains
aspects des potentialités offertes par cette biodiversité marine. Les premiers retours de
ces données scientifiques apparaissent positifs, mais un travail important reste
cependant à réaliser pour mettre en adéquation l’offre et la demande, en tenant compte
également des contraintes liées au positionnement géographique et aux capacités

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Substances naturelles en Polynésie française


J. GUEZENNEC, C. DÉBITUS © IRD éditions 2005

d’investissements. Quand cela s’avère nécessaire, ce travail doit prendre en compte une
meilleure connaissance de la faune et flore marine, s’entourer de la mise en place de
collections (souchothèques) intéressant quelques grands ensembles (algues, micro-
algues, micro-organismes), de la création parallèle d’une banque de molécules
(chimiothèque), mais également de la mise en place d’outils de criblage et/ou d’actions
de recherche sur une meilleure connaissance des propriétés et activités des molécules
extraites, et bien évidemment ne peut aller sans une réflexion autour de la mise en place
de structures de production de ces molécules et/ou organismes sources.

*Remerciements : les auteurs souhaitent remercier pour leurs commentaires et


discussions les professeurs Éric Deslandes de l’Université de Bretagne-Occidentale et
Claude Payri de l’Université de la Polynésie française.

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Substances naturelles en Polynésie française


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Bibliographie complémentaire
NB : Il s’agit ici des principales références bibliographiques consultées de manière plus
complète par les rédacteurs mais ne pouvant être considérées comme totalement représentatives
d’une littérature fort abondante, évolutive et diversifiée sur le sujet.
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Substances naturelles en Polynésie française


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Substances naturelles en Polynésie française


P. CABALION © IRD éditions 2005

Recherche d’indices
dans la littérature spécialisée,
en vue de valoriser la biodiversité polynésienne

Pierre CABALION

S’appuyer sur la biodiversité pour développer l’économie est souhaitable, or les


approches possibles et les compétences nécessaires sont théoriquement multiples ; la
question qui se pose est donc la suivante : « À partir de quels critères procéder, et selon
quelle approche en pratique ? » Divers facteurs doivent en effet être pris en compte,
mais que l’on se place sur le court, le moyen ou le long terme, une constante demeure,
c’est l’obligation de choisir les matières ou produits à développer tant en fonction de ce
que nous offre la nature que de la demande effective.

Il faut donc savoir quelle palette de possibilités peut être prise en compte à court
terme, selon les connaissances acquises, empiriques et scientifiques, et quels choix sont
envisageables ensuite, à plus longue échéance, en anticipant selon les avancées
possibles de la recherche ou de l’expérimentation et selon les perspectives du marché au
sens large.

L’établissement de priorités doit aussi se faire dans une limite de temps


raisonnable car il n’est pas possible de réaliser des monographies complètes dans tous
les cas de figures, donc dans tous les cas d’espèces puisqu’il s’agit de biodiversité,
animale ou végétale.

Il faut également pouvoir disposer d’un éventail d’arguments scientifiques et


économiques aussi solides que possible, et sur des probabilités relativement fortes,
assurant que la voie proposée est bien ouverte ou entrouverte, techniquement et
économiquement. Pour résumer, les sources d’informations à consulter sont la
taxonomie, les savoirs empiriques et scientifiques accessibles, les secteurs de l’industrie
ou de l’artisanat qui pourraient être demandeurs ou acteurs, et enfin il faut faire des
évaluations prospectives sur le marché, en général et par segments.

Dans le cadre de cette expertise collégiale, j’avais notamment à examiner le cas


des plantes réputées médicinales en Polynésie française et à explorer les potentialités
d’une série d’espèces définies par leur nom botanique, donc sur critères taxonomiques.

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Cette définition mérite que l’on s’y attarde, car elle détermine en grande partie les
résultats de l’interrogation des bases de données et de la littérature. Il faut en effet bien
avoir à l’esprit que toute erreur dans l’intitulé d’une question est fatale lorsqu’on
interroge une base de données.

1. Savoirs traditionnels et médecine traditionnelle

Il s’agit notamment des plantes issues des savoirs traditionnels, en particulier


celles qui sont utilisées pour leur réputation thérapeutique et, ne l’oublions pas, pour
leur relative innocuité, dans un rapport empiriquement accepté. Ce rapport entre
l’activité souhaitée et la toxicité possible répond en effet à un souci d’efficacité
analogue à celui de la biomédecine qui, de son côté, mesure selon des règles
scientifiques et statistiques les bénéfices et les risques liés à tel médicament ou telle
pratique médicale (bénéfice/risque). Un dernier avantage dont bénéficie la médecine
traditionnelle est que l’administration de mélanges complexes, les remèdes empiriques,
ne favorise pas l’apparition de résistances. Paradoxalement, les avancées technologiques
de la pharmacie ont leur inconvénient. En favorisant la production et l’emploi de
substances pures, dosées pour un usage aussi rationnel que possible dans un but bien
précis, on stimule également les capacités de défenses des pathogènes externes
(bactéries, levures ; mais aussi insectes en agriculture). L’administration de mélanges
bien calibrés serait à développer dans la pratique médicale pour conserver l’activité
optimale, celle des substances pures, mais en évitant le risque de provoquer des
résistances nouvelles.

Les remèdes en usage dans une ethnie ou un peuple donné intéressent


« l’ethnopharmacologie », une science dérivée de « l’ethnobotanique » qui est plus
généraliste et ne se limite pas aux usages médicinaux des plantes. Dans une société de
type traditionnel, n’ayant pas accès aux produits de l’industrie, on recourt aux plantes à
de multiples fins : se nourrir, se soigner, se couvrir, se chauffer, cuire les aliments, mais
aussi se divertir, se parer, teindre les vêtements, produire des cosmétiques traditionnels,
et la liste pourrait être bien plus longue. Un usage traditionnel bien documenté peut
aider l’expertise à cibler des propriétés médicinales éprouvées localement, mais aussi et
par exemple à déterminer le pouvoir calorifique du bois de feu, la résistance des fibres à
la traction ou au frottement, les qualités tinctoriales d’une écorce, l’intérêt
organoleptique et énergétique des plantes comestibles. Les représentations symboliques
ou mythologiques du monde végétal, les légendes, bref tout ce que les plantes évoquent
dans la culture locale, ne font pas l’objet de cette expertise, mais il est certain que ces
images ou cet imaginaire auraient leur place dans la valorisation de la biodiversité
polynésienne, par exemple dans les argumentaires promotionnels et le tourisme.

Dans l’expertise des matières issues des savoirs locaux, la première étape
consiste à inventorier et à consulter les sources déjà écrites, pour disposer d’une
transcription des traditions orales, telles qu’elles sont présentées, de manière à identifier
de façon aussi exhaustive que possible les espèces présentant a priori un bon potentiel.
On effectue un groupage par séries en fonction des revendications de la médecine
traditionnelle (symptômes appelant à médication, autrement dit « symptômes d’appel »).
On peut espérer que ces divers groupes, testés sur modèles adéquats, donnent des

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résultats meilleurs que si les choix avaient été faits au hasard. Il s’agit des groupes
suivants d’espèces réputées médicinales (entre autres) :
– plantes réputées antipyrétiques donc potentiellement antiseptiques ou
antibiotiques, et/ou anti-inflammatoires, et/ou antimitotiques, et/ou actives sur
parasites (protozoaires : Plasmodium spp., Leishmania spp., Trypanosoma spp.,
etc.) ou sur virus (dengue par exemple) ;
– plantes décrites dans le discours traditionnel comme remèdes appliqués
sur la peau. Cet usage topique est la conséquence de longues observations
empiriques. Les plantes retenues pourront être testées sur des modèles du
secteur cosmétique ou dermatologique :
– plantes décrites dans le discours traditionnel comme remèdes des
infections bactériennes ou fongiques ;
– plantes destinées aux purges : présence de composés laxatifs, plus ou
moins irritants ;
– plantes réputées toxiques : intérêt éventuel comme source
d’antimitotiques, dans la mesure où ces composés ne seraient pas simplement
cytotoxiques, donc d’activité non sélective ;
– groupes de plantes utilisées pour améliorer les états mentaux ;
– groupes de plantes utilisées pour améliorer les états physiologiques ;
– remèdes contre la douleur.
Dans le cas de la Polynésie française, les sources historiques faisant état des
traditions locales remontent à la fin du XVIIIe siècle, les données et interprétations
scientifiques étant plus récentes. En matière de « plantes médicinales », deux ouvrages
principaux font référence, celui de B. Zepernick rédigé en allemand, publié en 1972, sur
les plantes médicinales de l’espace polynésien en général, et celui de P. Pétard en 1986
pour le cas de la Polynésie française. Je n’ai pas travaillé sur l’ouvrage de Pétard qui fait
référence et qui est relativement accessible en Polynésie. Zepernick et Pétard ont
compilé et analysé les sources disponibles, mais certaines ont cependant pu leur
échapper ; c’est le cas notamment de la thèse de médecine présentée à Montpellier par
un chirurgien de la Marine, J. de Comeiras, en 1845. Cité en 1994 par Y. Lemaître, ce
document a pu être retrouvé et étudié, ce qui a permis d’ajouter quelques espèces à la
liste des plantes réputées médicinales de Polynésie française.

Un peu plus de 50 taxons, cités par Morrisson et/ou de Comeiras et/ou Zepernick
ne figurent pas textuellement dans l’ouvrage de Pétard. Parmi ces plantes, 21 possèdent
une réputation médicinale, et l’on peut en tirer les conclusions et les priorités suivantes :

• Caesalpinia bonduc (L.) Roxburgh, pantropicale connue aux Marquises


sous le nom de keo-keo, keaho, à Tahiti de papali, tatara moa et Tubuai de tatara moa,
d’après Zepernick, serait utilisée aux Marquises en cas de règles douloureuses, dans un
remède complexe administré en fumigations. L’INIST (Institut national de l’information
scientifique) cite trois publications récentes pour le nom C. crista, sur les diterpènes des
graines ; ces composés auraient une certaine toxicité. Intéressant pour d’autres
indications que celles qui sont citées en Polynésie. Des travaux sont en cours ailleurs
dans le monde. Priorité basse.

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• Cynodon dactylon (L.) Persoon serait médicinale aux îles Hawaï, mais
non aux Marquises où elle s’appelle punie d’après Zepernick ; elle est largement citée
dans INIST. Inutile de poursuivre. Pas de priorité.

• Cyperus javanicus Houttuyn, mou à Tahiti, mau’u, mou à Tubuai, selon


Zepernick, est utilisée dans un remède complexe contre les otites à Tahiti, selon de
Comeiras. Une seule publication, de physiologie végétale, est citée par INIST pour
l’espèce, mais l’interrogation sur le nom de genre donne 335 réponses. Or cette plante
est aussi connue sous le nom de Mariscus javanicus (Houttuyn) Merrill & Metcalfe (le
genre Mariscus est actuellement considéré comme étant inclus dans Cyperus) et une
seconde recherche sur INIST ne donne cette fois aucune réponse. Sachant que les mo’u
(terme générique désignant aussi Kyllinga) sont réputés en médecine traditionnelle
tahitienne et peu étudiés en phytochimie, une recherche pourrait se justifier. Priorité
basse.

• Hibiscus tiliaceus L. « Hastatus ». L’intérêt de cette variété est développé


ailleurs dans ce texte. Cette variété devrait être retenue pour un développement en
dermatocosmétique. Priorité moyenne.

• Limnophila fragrans (J. G. Forster) Seemann (synonyme : Adenosma


fragrans Spreng.), décrite des îles de la Société, mapua-o’ano’a à Tubuai selon
Zepernick, utilisée comme anti-inflammatoire et antigonococcique. C’est aussi une
plante réputée médicinale aux îles Samoa. Une recherche en ligne sous les noms de
Limnophila fragrans ou Adenosma fragrans sur PubMed et sur INIST ne donne aucune
réponse. Priorité basse.

• Malaxis resupinata (Forster f.) O. Kuntze est une orchidée et par


conséquent la collecte de la matière première serait difficile, si elle n’était interdite. Pas
de priorité.

• Marattia salicina J. Smith est le paa hei aux îles Marquises (Hivaoa),
para à Tahiti y est médicinale, sans autre précision d’après Zepernick. Or para
correspond d’après Pétard à Marattia salicina J. Smith. « Marattia fraxinea J. Smith »
cité par Zepernick. est un nom utilisé à tort par cet auteur, il s’agit là d’une synonymie
dite « d’auteur » ou subjective. Les deux noms d’espèces sont pris en compte ici,
sachant que la taxonomie traditionnelle peut regrouper deux espèces botaniquement
différentes sous une seule dénomination générique vernaculaire, la « sorte » dont il
s’agit étant parfois précisée par rajout d’un « deuxième nom », plus spécifique. INIST
ne fournit aucun titre d’article sur ces espèces, aucun référence de chimie sur le genre,
et toute étude de phytochimie serait donc originale. Mais aucun développement à court
terme n’est envisageable. Pas de priorité.

• Microsorum scolopendria (Burman f.) Copeland, paamoe à Nukuhiva,


maapuaa à Hivaoa, oumoo à Fatuhiva, moomoo, moomoo mairi à Rurutu, metua pu’a à
Tubuai, maili, ero, mailitutaipua, maitutaimoa à Rapa, d’après Zepernick. Sous le nom
de Microsorum l’espèce poserait des problèmes taxonomiques, d’après J. Florence, voir
remarque dans l’ouvrage de Pétard. La tendance actuelle serait d’accepter M. grossum
comme nom du taxon du Pacifique, plutôt que celui de M. scolopendria. Par ailleurs, au
moins deux autres espèces de ce genre, M. membranifolium (R.Br.) Ching et

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M. rubidum (Kunze) Copel. peuvent être connues aux îles de la Société sous le nom
vernaculaire metua pu’a. Tant que ces difficultés ne seront pas réglées par un spécialiste
des fougères, la patience est requise. Or, d’après Pétard toujours, metuapuaa, qui est une
plante médicinale réputée, désigne au moins trois espèces botaniquement reconnues,
mais appartenant au genre Phymatosorus, dont Phymatosorus scolopendria (Burman f.)
Pichi Sermolli, dont Microsorum scolopendria est synonyme. Ni l’espèce ni le genre
n’ont fait l’objet de recherches récentes, d’après INIST. L’idée d’effectuer des
recherches sur cette espèce se justifierait donc amplement pour sa réputation
médicinale, notamment anti-inflammatoire et/ou antiseptique, mais le développement à
moyen terme du metuapuaa reste cependant aléatoire dans l’état actuel de ce dossier.
Priorité basse.

• Musa paradisiaca subsp. sapientum (L.) O. Kuntze, le mei’a à Tubuai

et

• Musa troglodytarum L. var. troglodytarum, le fameux fe’i de Tahiti et


Tubuai, huetu des Marquises, sont deux espèces de bananiers citées comme médicinales
par Zepernick. La taxonomie de l’ensemble du genre Musa serait en complète révision
par D. Constantine d’après une information glanée sur le Net
(http://www.users.globalnet.co.uk/~drc/index.htm) et il peut de plus sembler très banal
d’étudier la chimie des bananiers. Or le fruit du fe’i possède une couleur jaune intense
qui passe dans les urines. Il serait donc intéressant d’étudier la phytochimie, la
biodisponibilité de ce(s) colorant(s), qui pourraient avoir un intérêt dans le secteur de
l’alimentation au sens large. Une telle étude serait au contraire difficile à réaliser en
Nouvelle-Calédonie, où il est malheureusement difficile de se procurer cette variété.
Elle existe en revanche en Indonésie sous le nom de banane karat (Kuhnlein, 2003),
seule publication trouvée sur Musa troglodytarum lors d’une recherche rapide, sur
INIST, période 1990-2004. Priorité moyenne.

• Nasturtium officinale R. Brown est tout simplement le cresson de


fontaine, introduit, dont le nom a le même sens que rimu pape ou « rimu des eaux
courantes » à Tubuai, cité par Zepernick. En réalité, quand on parle de cresson en
Polynésie, il ne s’agit pas forcément de cette espèce, mais plutôt de Nasturtium
sarmentosum (Solander ex Foster) O. E. Schulz, mahi, mahimahi aux îles Marquises,
mani à Nukuhiva et Taipivai, patoa à Tahiti et Tubuai, d’après Zepernick. Son nom
botanique actuel est Rorippa sarmentosa (Solander ex J. G. Forster) McBride, cité par
Pétard comme grande plante médicinale, communément utilisée par voie interne ou
externe sous le nom tahitien de patoa purahi. Cette dernière espèce semble non étudiée,
en revanche l’interrogation d’INIST sur son nom de genre rapporte 37 références dont
plusieurs de phytochimie, montrant la présence, non étonnante dans des Brassicaceae,
de composés soufrés, dont des isothiocyanates ayant une activité allélochimique (c’est-
à-dire un moyen de défense territoriale des plantes). L’espèce est menue, elle demande
de l’humidité, et certains Tahitiens de Nouvelle-Calédonie la cultivent pour leur usage
personnel. Elle est à la fois réputée alimentaire et médicinale, elle est facilement
cultivable. Une recherche rapide se justifierait donc tout à fait et elle aurait des chances
non négligeables d’aboutir à un certain potentiel de développement économique dans le
domaine alimentaire (apport de soufre ?). Priorité moyenne.

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• Nephrolepis acutifolia (Desv.) H. Christ (syn. : Diellia brownii


E. Brown) ou kaka’a hue aux îles Marquises. Cette fougère possède une large aire de
répartition tropicale où elle entre localement dans divers remèdes traditionnels. De plus,
la multiplication de taxons ornementaux de ce genre est à l’étude. Une autre espèce,
N. exaltata L. est capable, mais dans une moindre mesure que deux fougères
particulièrement performantes du genre Pteris, d’accumuler l’arsenic, et donc
potentiellement d’en débarrasser le milieu. Intérêt éventuel en dermatocosmétique et en
phytoremédiation. Priorité basse.

• Phyllanthus pacificus var. uahukensis ? (la var. est considérée comme


syn. de l’espèce dans le vol. 1 de la flore de la Polynésie française), tu’ei’au aux îles
Marquises, est une espèce médicinale d’après Zepernick. La détermination est
incertaine. Comme Sapindus saponaria var. jardiniana F. Brown (voir plus bas), la
variété est synonyme de S. saponaria ; cette espèce fait partie des « plantes astringentes
et désodorisantes employées autrefois aux îles Marquises pour resserrer les muqueuses
vaginales, accroître le tonus musculaire, limiter les sécrétions et diminuer les odeurs du
vagin » des jeunes filles. Le traitement serait très dangereux en application après la
puberté et n’est plus d’actualité. Ces indications excluent a priori le développement de
nos jours de toute espèce citée dans cette recette traditionnelle, qui cependant semble
avoir été recueillie dans les années 1960. Pas de priorité.

• Piper tristachyon C. DC. (ce nom ne peut être utilisé dans la région, il
désigne une sp. de N.-Z.), dans le genre Piper, on utilise P. latifolium ; mais plus
justement Macropiper latifolium (Florence, 1997), kava kava ‘atua des îles Marquises,
selon Zepernick. Les feuilles de cette espèce entrent dans un remède administré en cas
de règles prolongées. Sous ce nom, la plante n’a pas été étudiée, selon INIST. Il faudrait
mieux connaître la place chimiotaxonomique de cette espèce dans le genre Piper pour
justifier de son intérêt éventuel. Par ailleurs, la réputation traditionnelle du kava kava
‘atua est à confirmer sur le terrain avant toute étude au laboratoire. Pas de priorité.

• Premna taitensis Schauer var. rimatarensis F. Brown est syn. de Premna


serratifolia L. Le vaianu à Tahiti, ta mana mana, moupa à Rurutu, est utilisé à Rurutu
contre une maladie interne non diagnostiquée, selon Zepernick. Cette indication serait
bien trop vague pour susciter l’intérêt, or, en rédigeant la fiche sur Premna serratifolia
L., j’ai constaté que des indications convergentes montrent que le genre est assez
souvent utilisé, et ce dans des lieux divers, contre la douleur. Si le remède recueilli à
Rurutu a effectivement pour principal but de combattre la douleur, il est possible que le
guérisseur interrogé l’utilisait en général contre les syndromes douloureux d’origine
profonde et non contre une maladie précise, ce que l’enquêteur souhaitait certainement
lui faire dire. Quoi qu’il en soit, l’étude des espèces de Premna se justifie amplement
pour ses éventuelles activités antinociceptives. Priorité moyenne.

• Sapindus saponaria var. jardiniana F. Brown (voir à Phyllanthus


pacificus). Pas de priorité.

• Sigesbeckia orientalis L. niou aux îles Marquises, leou à Uia et Fatuhiva,


amia à Tahiti et Tubuai, selon Zepernick, qui indique l’emploi de ses inflorescences
dans des recettes parfumantes. Or Pétard développe son usage médicinal. Une fiche sur
cette espèce a été rédigée par un collègue de cette expertise.

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• Terminalia glabrata Forster var. brownii F. R. Fosberg et M. H. Sachet


est citée dans la thèse de Comeiras. J’ai rédigé une fiche sur cette variété et sur
Terminalia catappa. Selon l’objectif poursuivi, l’ordre de priorité serait à établir entre
haute et basse.

• Trichomanes ou Hymenophyllum sp. ? Un « trichomanes… ou plutôt


hyménophyllis » est cité comme ingrédient d’un remède antituberculeux par de
Comeiras. Il existe peu d’études phytochimiques de ce groupe, ce qui se comprend
aisément en raison de la difficulté à rassembler la quantité de matière première
suffisante. Il s’agit de fougères d’assez petite taille et de très faible biomasse. À moins
de parvenir à cultiver telle ou telle espèce, il sera difficile de les étudier, a fortiori de les
développer sur le plan économique. Pas de priorité en valorisation, cependant
l’indication antituberculeuse est intéressante.

• Vigna adenantha G. W. F. Meyer (syn. Phaseolus adenanthus G. F. W.


Mey) ou papa aux îles Marquises, est d’usage médicinal. Cette espèce probablement
introduite par les Polynésiens est connue pour la présence de flavonoïdes communs.
Elle est rejetée de toute liste prioritaire.

Pour arriver à ce résultat préliminaire, il a fallu relire Morrisson, exhumer la


thèse de Comeiras, traduire de l’allemand les indications médicinales rassemblées par
Zepernick et comparer les espèces citées par ces trois auteurs avec l’index de l’ouvrage
de Pétard. De la cinquantaine d’espèces non citées par Pétard, 21 étaient présentées
comme médicinales. Parmi ces dernières, l’expertise montre que cinq espèces pourraient
être admises en priorité moyenne :
– Hibiscus tiliaceus « Hastatus »,
– Musa troglodytarum var. troglodytarum,
– Premna serratifolia,
– Rorippa sarmentosa,
– Terminalia glabrata.
Le même type de sélection a été fait dans le cadre de l’expertise collégiale,
notamment d’après les indications données dans l’ouvrage de Pétard. Cependant, les
sources documentaires font rarement état des fréquences d’utilisation des plantes
médicinales traditionnelles, une donnée qui permettrait de présumer du bien-fondé de la
réputation médicinale d’une plante. Ainsi qu’il a été dit plus haut, il est parfois possible
de constater ces convergences non pas dans un lieu donné (une île, un archipel) mais en
plusieurs endroits (plusieurs archipels ou pays). C’est le cas de la réputation
antinociceptive de diverses espèces du genre Premna, vérifiée pour au moins deux
espèces du genre (voir plus haut et dans la fiche Premna serratifolia L.).

Si une espèce est citée fréquemment, c’est qu’elle a probablement une réputation
médicinale bien établie localement et son utilisation peut être considérée comme
courante dans la pratique traditionnelle, ce qui intéresse l’expertise ; en revanche, une
incidence rare ou unique peut signifier que l’espèce n’est connue que d’un clan ou d’une
famille, ce qui intéressera plutôt la recherche, sauf si d’autres données géographiques ou
scientifiques semblent renforcer nettement les évidences et donc corroborer à un degré
supérieur les mêmes indications, d’où l’intérêt de comparer la médecine traditionnelle
au niveau régional, celui de la Polynésie géographique ou celui du Pacifique. En

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pratique, les différences phytogéographiques entre la flore de Polynésie française, celle


des îles Hawaï et surtout celle de Nouvelle-Zélande rendent peu utiles la comparaison
systématique entre ces trois unités. En revanche, autour du Tropique du Capricorne les
relations anciennes entre les îles ont facilité les échanges matériels et culturels, et il
n’est pas inutile de consulter les pharmacopées traditionnelles des îles Samoa, Cook,
Tonga, Fidji, notamment, ainsi que plus à l’ouest celles du Vanuatu et de la Nouvelle-
Calédonie dans l’ensemble mélanésien, pour information et comparaison avec les
remèdes analogues de Polynésie française.

Par ailleurs, le nombre de références et de documents en ligne ne cesse de croître


sur le Net, qui devient la bibliothèque mondiale. Peu à peu des sources historiques
oubliées sont exhumées et rendues accessibles, par exemple sur le site de Gallica, pour
ce qui est des vieux textes en français. Ces archives anciennes ont l’avantage de décrire
la médecine traditionnelle « classique », dont l’actuelle ne serait paraît-il en Polynésie
qu’un pâle reflet. Ainsi, J. Morrisson a connu en 1788 une médecine traditionnelle
encore intacte (Morrisson, 1792, trad. 1966), contrairement à de Comeiras qui regrettait,
en 1845 déjà, de n’avoir pu rencontrer les chirurgiens tahitiens traditionnels, déjà
disparus (ou peut-être ces derniers n’ont-ils pas voulu lui dévoiler leurs
connaissances ?).

2. Taxonomie et nomenclature, langues de recherche

La mise en perspective de ces textes plus ou moins disparates, par la nature et la


qualité des informations données, peut poser des problèmes, et il faut les comparer avec
les données scientifiques actuelles. Or les noms des plantes peuvent changer, ce qui
oblige à se pencher tout particulièrement sur les problèmes de synonymies. En les
résolvant, on est en mesure de retrouver la plante sous ses différents noms dans la
littérature ancienne ou moderne et donc de répertorier les usages traditionnels décrits et
les qualités scientifiquement reconnues à la suite de travaux, sans omission involontaire.

La nomenclature botanique correspond à l’état des connaissances scientifiques


sur la systématique et il faut donc partir des noms anciens pour trouver leurs synonymes
actuels, ou inversement. Cette tâche est largement facilitée par l’obligation impérieuse
qu’ont les botanistes de respecter strictement le code de la nomenclature botanique et de
conserver pour chaque entité botanique reconnue le premier nom correct (respectant le
code de nomenclature) qui lui a été donné. Si la conception courante sur la définition
d’un taxon ou unité taxonomique change, il faut que ce changement soit visible dans le
nom qui lui est attribué. Et si l’on trouve parfois plusieurs noms pour une même espèce,
cela ne correspond en rien à une manie de botaniste, mais bien à une exigence
scientifique ; chaque plante a en effet un seul nom universellement accepté. La
botanique, comme la typologie, doivent donner les moyens de décrire, nommer et
reconnaître sans ambiguïté des entités différentes, qui se différencient les unes des
autres de manière objective, traduisant ainsi dans les descriptions et dans la
nomenclature l’état des connaissances.

De plus en plus, les outils de la génétique s’ajoutent aujourd’hui aux moyens


descriptifs classiques (morphologie, anatomie...), ce qui transforme considérablement

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les capacités d’investigation du botaniste ou du biologiste. En passant de la loupe au


microscope électronique, l’observateur a bénéficié de changements d’échelle
importants, mais sa production scientifique se basait essentiellement sur l’interprétation
de différences morphologiques et anatomiques. Au contraire, l’étude de la génétique
ouvre des perspectives dépassant largement celles issues de l’observation, puisque de
minimes différences de génome peuvent s’exprimer sous forme de protéines et de
métabolites. Parmi ces derniers, les métabolites secondaires sont des substances pouvant
présenter un intérêt particulier, ce qui justifie cette expertise. Dans un avenir encore
indéterminé, il est probable qu’un tel exercice pourra se focaliser sur la recherche de
gènes performants au sein de la biodiversité, mais les outils nécessaires à une telle
investigation ne sont malheureusement pas encore accessibles.

En tout cas, le mouvement de fond va se poursuivre et il n’est donc pas étonnant


de d’observer un changement de plus en plus rapide du vocabulaire de la taxonomie en
même temps ainsi que des concepts qui la sous-tendent. Le but est toujours de connaître
l’identité de chaque élément de la flore en fonction de ses caractères, de préciser son
origine phylogénétique et de localiser sa place dans la systématique, pour enfin
l’exprimer en accord avec les règles de la nomenclature.

Ce développement du texte pourrait sembler superfétatoire dans le cadre d’une


expertise collégiale, mais il n’en est rien. Presque toutes les connaissances scientifiques
récentes sur la biodiversité sont en effet indexées selon les noms botaniques ou
zoologiques. De plus, étant donné l’évolution de l’informatique, les systèmes
d’archivage permettent de mettre en ligne des textes entiers, indexés au mot près dans
les moteurs de recherche et fournissant donc d’emblée des liens hypertextes implicites,
si l’on sait mettre en perspective les données issues de plusieurs références. Par
opposition, les procédés plus anciens ne répertoriaient parfois que les titres.

La recherche d’information sur une plante ressemble donc de plus en plus à une
enquête policière sur indices significatifs, dans des documents de nature extrêmement
diverse, publications scientifiques, rapports d’universités, parfois publicités
commerciales. L’objet recherché peut posséder plusieurs noms, variables selon le
niveau de langage ou selon la langue de publication. Cependant, l’étude des textes sur
support papier reste indispensable, non seulement lorsque la référence et le résumé d’un
article ne sont pas suffisamment explicites, ce qui oblige à commander le titre, mais
encore dans le cas des documents anciens non encore scannés, et donc pas diffusés
électroniquement.

En pratique, la recherche se fait d’abord sur le nom d’espèce recherché, par


exemple « Hibiscus rosa-sinensis », puis sur associations contenant celui-ci et un ou
plusieurs autres mots-clés significatifs tels que plantes médicinales, Pacifique,
Polynésie, substances naturelles, chimie, phytochimique, toxicité, utilisation...
L’interrogation, exprimée en français, en anglais et éventuellement en d’autres langues
sous diverses combinaisons, apporte son lot de titres et d’informations à examiner
rapidement pour savoir s’il est utile de poursuivre ou non. Soit les informations ainsi
obtenues sont abondantes et concordantes, ce qui suffit pour retenir l’espèce ou la
molécule comme « piste intéressante » avant de synthétiser les données sous forme de
fiche à exploiter, soit l’interrogation ne permet pas de conclure immédiatement, pour
cause de non-convergence dans les renseignements obtenus ou en raison d’absence

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totale de données. Dans les deux derniers cas, il faut s’assurer que la réponse à
l’interrogation est cohérente et que la question a été complètement ou convenablement
posée.

Obtenir une réponse exhaustive reste un idéal inaccessible et l’opération de


recherche doit se faire de manière à réduire au maximum les lacunes, c’est-à-dire
l’absence de retour d’informations qui pourtant existeraient en ligne.

En pratique, une recherche efficace et rapide sur la biodiversité d’une région


consiste à filtrer en quatre langues, la langue de communication locale, la ou les langues
de communication régionales, enfin l’anglais et le latin. Dans le cas de la Polynésie
française, il s’agira donc du français et de l’anglais, langues dans lesquelles sont publiés
la plupart des articles scientifiques parus à ce sujet, mais aussi du tahitien, du
marquisien, pour trouver les articles citant des noms vernaculaires tahitiens ou
marquisiens de plantes, le latin (nom de genre + nom d’espèce + éventuellement nom
d’auteur, qui servent à indexer les travaux de phytochimie au sens large).

Dans certains cas, la réponse obtenue sera exprimée en d’autres langues, parfois
l’allemand dans le domaine des plantes médicinales du Pacifique (notamment kava),
souvent le japonais ou le chinois pour le cas des genres ou espèces de répartition indo-
malésienne (Asie tropicale et/ou insulaire) qui seraient aussi présentes en Polynésie. S’il
s’agit de plantes pantropicales ou de végétaux introduits, d’autres langues peuvent être
utiles, notamment l’espagnol. Ce tableau peut inquiéter à juste titre, mais de plus en plus
souvent chaque article rédigé autrement qu’en anglais présente un résumé en cette
langue, ce qui suffit généralement pour savoir rapidement de quoi il s’agit.

3. Problèmes courants liés aux dénominations botaniques :


quelques exemples

Un exemple général relativement récent de changements taxonomiques liés à des


critères génétiques touche tout un pan de la botanique tropicale, celui des Malvaceae
sensu APG. Ce nom désigne la définition nouvelle de la famille, au sens du
« Angiosperm Phylogeny Group », qui reprend les anciennes Malvales, mais non
totalement. Les espèces autrefois placées dans les Malvaceae, les Sterculiaceae, les
Tiliaceae, sans compter d’autres familles, sont aujourd’hui regroupées dans cette
nouvelle superstructure. Les plantes restent bien évidemment les mêmes sur le terrain et
les « anciennes » Malvaceae conservent leur classique colonne staminale. Les travaux
qui leur ont été consacrés, notamment en chimie ou en pharmacologie, demeurent
également valables ; seules la place des espèces concernées dans les phylogénies et la
classification botanique peuvent avoir changé. Mais certaines espèces précédemment
éloignées dans les arbres phylogénétiques se trouvent désormais bien plus proches, et il
est probable que les études chimiques viennent confirmer (ou infirmer) la pertinence de
ces nouveaux apparentements. En pratique, cela donnera de nouveaux arguments pour
rechercher des molécules actives analogues dans des espèces voisines, sur des bases
chimiotaxonomiques revues et corrigées. De nouvelles synonymies sont donc
inévitables.

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Un autre exemple, issu de l’étude de la flore de la Nouvelle-Calédonie, montre


qu’une synonymie peut modifier à la fois le nom de genre et le nom d’espèce. Dans ces
circonstances, le nom de genre le plus récent ne permet pas de retrouver la référence de
travaux antérieurs sur le taxon considéré. Il est alors nécessaire de connaître ces
synonymies grâce à la littérature botanique pour effectuer une recherche
bibliographique efficace.

Le cas cité est celui du genre Zieridium, récemment redevenu Picrella. L’espèce
« Zieridium pseudobtusifolium » étudiée par le CNRS (Lichius et al., 1994) a
complètement changé de nom, devenant Picrella trifoliata Baillon var. trifoliata
T. G. Hartley & D. J. Mabberley var. trifoliata. Précisons que la variété portant le même
nom que l’espèce (« trifoliata » dans l’exemple donné) est simplement celle qui, parmi
toutes les formes infraspécifiques décrites, correspond le mieux à la définition typique
de l’espèce. D’autres synonymes existent, Euodia pseudo-obtusifolia Guillaumin,
Zieridium melicopaefolium Guillaumin, et éventuellement même une variante
orthographique de ce dernier nom d’espèce, qui aujourd’hui doit s’écrire
« melicopifolium », la désinence latine « –ae » marquant le génitif féminin dans les
textes anciens de botanique étant désormais remplacée par un « –i ».

Un autre cas intéressant est celui d’une étude de plusieurs années faite sur une
plante africaine sans recherche bibliographique préalable des synonymes. Une
investigation d’une demi-heure avait permis de montrer, bien trop tard, qu’un autre
laboratoire avait déjà publié l’essentiel de ces travaux, mais sous un autre nom d’espèce.

Ces développements sur la taxonomie et les synonymies sont relativement


indigestes, mais ils ont malheureusement une importance qui dépasse le cadre de la
nomenclature, et il faut répéter que l’interrogation d’une banque de données rend
exactement ce qu’elle a en stock. Si une erreur ou une omission a été faite lors de
l’enregistrement initial ou du questionnement, une réponse nulle peut se révéler erronée
sans que l’on puisse le savoir.

D’autres types de confusions courantes peuvent exister dans les textes d’auteurs
non botanistes qui ne tiendraient pas compte du nom d’auteur botanique accompagnant
toute description scientifique d’espèce. Une seule citation du nom de cet auteur (sous
forme d’abréviation standard de son nom) suffit en principe pour lever les équivoques,
et l’on peut ensuite éviter de le répéter.

Il existe ainsi plusieurs espèces mal nommées « Alpinia speciosa » : notamment


Alpinia speciosa (Blume) D. Dietr. (basionyme : Elettaria speciosa Blume) qui est
synonyme de Etlingera elatior (Jack) R. M. Sm., mais aussi Alpinia speciosa
(J. C. Wendl.) K. Schum. (nom illégitime dont le basionyme est : Zerumbet speciosum
J. C. Wendl.) et qui est synonyme de Alpinia zerumbet (Pers.) B. L. Burtt & R. M. Sm.

La situation n’est pas tout à fait claire pour autant, puisque l’on trouve aussi sur
Google un Alpinia speciosa L. qui ne semble pas agréé par la nomenclature actuelle, ce
qui pose des problèmes. Une publication taiwanaise (Teng et al., 1990) signale en effet
la présence de dérivés de la déhydrokavaïne dans les rhizomes d’une plante médicinale
chinoise nommée « Alpinia speciosa », mais les auteurs ne donnent pas le nom d’auteur
du binôme botanique. Un doute n’est donc pas écarté sur l’identité de la plante étudiée.

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L’organe utilisé est cité en latin Alpinia speciosa rhizoma, qui pourrait se trouver aussi
sous la forme Alpiniae Speciosae Rhizoma, comme le font parfois les Allemands ou les
Japonais. Pour savoir immédiatement et exactement de quelle espèce botanique il s’agit,
il faudrait disposer d’une pharmacopée chinoise moderne dépassant le niveau de ces
nomenclatures un peu archaïques et parfois douteuses selon les normes actuelles.

Seules les révisions botaniques permettent de repérer les erreurs ou imprécisions


du passé, notamment les déterminations anciennes abusives, qui ne correspondent pas à
la définition originale et qui se perpétuent dans la littérature, parfois celle sur les plantes
médicinales. Les corrections sont mentionnées de la manière suivante : nom de genre +
nom d’espèce + auct. (au singulier) ou auct. plur. (au pluriel s’il y avait plusieurs
auteurs) + référence des ouvrages botaniques où le nom erroné a été publié, + enfin une
mention de l’auteur de la description correcte, par exemple « non L. » ou « non R.Br. »,
pour dire qu’il ne s’agit pas des descriptions faites par Linné ou R. Brown.

En l’absence de ces révisions, un doute peut subsister. Je viens récemment de


poser une question sur « Melochia odorata L.f. », espèce réputée médicinale en
Mélanésie (Papouasie-Nouvelle-Guinée, Vanuatu, Nouvelle-Calédonie), qui n’existe
pas à Fidji selon la Flora Vitiensis Nova mais qui a été citée, ainsi que Melochia
aristata A. Gray, décrit des îles Samoa, comme médicinale par Alexandra Dittmar
(1998), dans sa thèse. Interrogée au travers du Net, l’auteur a aimablement répondu
qu’elle n’avait pas elle-même récolté cette plante, mais que le nom avait été cité dans
plusieurs références antérieures et provenait donc de la synthèse bibliographique de son
travail. À moins que la répartition de l’espèce ne soit disjointe (Mélanésie + Polynésie
orientale, mais pas centrale), il me semble probable dans l’état actuel des connaissances
que ce Melochia de Samoa ne corresponde pas au Melochia odorata défini par le fils de
Linné (« L.f. »). Cette espèce est d’ailleurs une « ancienne sterculiacée » et se situe
désormais dans les Malvaceae sensu APG. Cependant, Jacques Florence pense qu’un
doute existe aussi sur l’identité de Melochia aristata A. Gray, et dans son prochain
volume sur la flore de Polynésie française il utilise pour l’espèce locale le nom de
Melochia odorata L.f. Il précise toutefois que le statut de cette espèce devrait être
réexaminé, dans une future révision du genre, à l’échelle du Pacifique.

Dans une telle situation, il est sage d’attendre, sauf si des résultats
particulièrement intéressants (par exemple, substances nouvelles ou d’activité originale)
motivent la poursuite des opérations de recherche ou valorisation, notamment dans la
perspective d’un développement en pharmacie. Obtenir une détermination parfaite du
spécimen étudié perd en effet de son urgence si les données chimiques et biologiques
garantissent le caractère de nouveauté de l’objet à développer, indépendamment de la
botanique, à ceci près que, grâce à l’herbier de référence, même incomplètement
déterminé, on a la garantie de retrouver au besoin la matière première nécessaire,
l’herbier de référence servant de témoin scientifique et mentionnant toutes les
indications utiles sur son étiquette.

Un répertoire mondial de chercheurs se constitue sur le Net et il fréquent de


pouvoir y trouver l’adresse électronique de spécialistes d’un sujet précis. Rien
n’empêche d’interroger ces derniers pour leur demander conseil ou aide. La plupart
d’entre eux répondent et cette correspondance joue exactement le rôle que les initiateurs
du réseau lui avaient assigné, c’est-à-dire celui de faciliter les relations scientifiques. En

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l’occurrence, il s’agit de connaître l’état d’avancement de la botanique dans un domaine


très précis et les systématiciens concernés acceptent généralement de communiquer des
révisions partielles, non encore publiées.

L’exemple qui suit traite de la famille des Myoporaceae, dont une espèce vient
d’être étudiée en Nouvelle-Calédonie (Menu et al., 2005). Au début des travaux,
l’espèce était difficile à replacer dans son cadre taxonomique. Le dernier document sur
ce groupe datait en effet de plus de 55 ans (Guillaumin, 1948). Ce texte indique
l’existence de huit espèces, dont quatre seulement apparaissent dans les déterminations
« in herbario », c’est-à-dire sur les spécimens conservés à l’Herbier de Nouméa.
N’étant pas cités dans des révisions botaniques publiées, ces « déterminavit » restaient
donc provisoires. De plus, tant l’examen rapide des critères morphologiques à l’Herbier
de Nouméa que la taxonomie traditionnelle des îles Loyauté ne permettaient de
distinguer plus de deux espèces ou deux groupes, en contradiction avec les conclusions
de Guillaumin. Pour sortir de cette ambiguïté, une recherche sur le Net a permis
d’identifier plusieurs spécialistes, tous australiens, de la famille. Il s’agissait
spécialement de Bob Chinnock à Adelaïde, qui par chance avait examiné les Myoporum
néo-calédoniens et a aimablement accepté de m’envoyer la partie néo-calédonienne de
sa révision générale des Myoporaceae. Sa conclusion est qu’il n’existe en Nouvelle-
Calédonie que deux espèces dont Myoporum crassifolium Forst.f. La répartition de ce
taxon n’est pas australienne et néo-calédonienne comme on pouvait le penser
précédemment, mais néo-calédonienne et vanuatuane. Aucun spécimen australien ne
correspond en effet à la description de Forster fils, en revanche le Myoporum sp. du
Vanuatu, autrefois rapproché d’une espèce hawaïenne, est en fait identique à celui de
Nouvelle-Calédonie. La situation taxonomique est donc désormais tout à fait claire,
grâce à une collaboration rapidement rendue possible par le Net. Il resterait à évaluer la
variabilité chimique au sein de l’espèce Myoporum crassifolium, pour éventuelle
identification de chimiotypes performants en termes de teneur et qualité de l’huile
essentielle.

Le même type d’approche est suggéré pour les Myoporum spp. polynésiens dans
l’hypothèse où ces trois espèces produiraient elles aussi des huiles essentielles.

Certaines erreurs ou ambiguïtés ne sont pas liées aux appellations botaniques


elles-mêmes, mais à l’absence d’équivalences univoques entre noms vernaculaires et
binômes scientifiques correspondants. Le cas s’est présenté il y a quelques années, avec
des conséquences graves, à propos des Aristoloches dont certaines portent en chinois un
nom également attribué à certaines Menispermaceae. Or la présence d’acide
aristolochique est à éviter par voie orale en raison de risques graves de néphrotoxicité
(voir fiche Cocculus et textes réglementaires récents pour plus de détails). Les
confusions possibles ont donc amené à interdire tout usage médicinal des Cocculus,
pour éviter de faire ingérer par erreur des extraits d’Aristolochia spp. Dans une sélection
d’espèces à développer, le risque toxique est évidemment un facteur très négatif, sauf
éventuellement dans la recherche d’anticancéreux, notamment celle de substances
antimitotiques. La toxicité devient alors un critère de sélection, mais dans les autres cas
de figure le moindre risque fait éliminer immédiatement la plante des sujets de
développements possibles.

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Toutefois, si l’on examine un autre exemple issu de la biodiversité tahitienne, la


conclusion sera opposée. Dans la thèse de Comeiras, l’écorce du « puaruau ("hybiscus
tricuspis") » est citée dans un remède complexe utilisé en application locale pour faire
mûrir les abcès. Tant le nom tahitien que le nom scientifique de l’époque semblent mal
orthographiés selon les normes actuelles, mais chacun dans le Pacifique connaît bien le
bourao ou purau, alias Hibiscus tiliaceus L. A priori, il ne s’agit donc pas d’une
composante bien originale de la pharmacopée régionale, au sens large. Mais l’usage
cutané est un critère intervenant positivement dans la sélection des espèces à étudier en
vue de développement. Cette utilisation traditionnelle garantit en effet une certaine
innocuité, que l’on peut supposer empiriquement éprouvée, au moins sur la peau. De
plus, d’autres indications sur la même espèce indiquent que certaines variétés de bourao
sont consommables en cas de disette (Nouvelle-Calédonie), ce qui indiquerait que
l’ingestion se fait sans suites gravissimes. La plante pourrait donc être retenue comme
candidate à une valorisation potentielle, si elle se révélait originale.

Or la consultation des listes de noms de plantes déjà publiés dans l’histoire de la


botanique polynésienne donne l’indication suivante : Hibiscus tricuspis Banks ex Cav.,
‘Ins. pacif., (Index Kewensis, 1996), mais ce nom est absent de la nomenclature
actuelle, car illégitime, basé sur le même type que H. hastatus, il en est immédiatement
synonyme, a fortiori de la sous-espèce Hibiscus tiliaceus ssp. Hastatus. Comme ce
taxon n’est pas cité par l’Index Kewensis 1996 (CD-Rom), ou dans le travail de
référence sur les plantes de Polynésie (Pétard, 1986), un doute subsistait.
L’interrogation du botaniste spécialiste de la flore de Polynésie française, Jacques
Florence, apporte une solution : « Cette combinaison […] Hibiscus tiliaceus ssp.
hastatus a été publiée par Borss.-Waalkes (1966) comme endémique des îles de la
Société, mais elle doit être considérée comme un cultivar, sous le nom de Hibiscus
tiliaceus ‘Hastatus’ » (Florence, 1997).

De Comeiras, qui a cité cette plante au XIXe siècle, n’était pas familier de la
botanique, mais semble avoir travaillé avec un très bon informateur. Celui-ci a
probablement récolté exactement la plante qu’il utilisait couramment. Cette dernière a
ensuite été déterminée par l’un des rares botanistes professionnels ou amateurs que
pouvait compter alors la Polynésie. Dans sa thèse, de Comeiras a repris ce nom qui à
l’époque ne pouvait pas prêter à confusion ; Hibiscus tiliaceus L. et Hibiscus tricuspis
Banks ex Cav. étaient en effet considérées comme deux espèces différentes.

Ce cultivar serait donc endémique (parfois cultivé ailleurs en régions tropicales),


utilisé en application cutanée et administrable par voie orale. L’espèce à laquelle il
appartient est connue dans tout le Pacifique, mais le cultivar est tahitien ; une
préparation à base d’écorces de cette plante pourrait non seulement se révéler active, en
tout cas sans danger, ce qui reste à prouver en laboratoire. Un produit cosmétique issu
de cette réflexion et d’une R&D concluante pourrait donc bénéficier de facilités sur le
marché grâce à la notoriété de la plante dans le Pacifique et à celle de Tahiti dans le
monde.

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4. Autres approches, sans lien direct avec les savoirs


traditionnels, et conclusion

On peut également ouvrir des pistes sans se soucier des savoirs empiriques. Il
faut alors examiner la littérature, pour y trouver des données scientifiques favorables. Le
point de départ des investigations est soit le type de fonction que la société en général
et/ou le marché en particulier souhaitent trouver dans une espèce, soit la plante elle-
même.

Si l’on recherche une fonctionnalité, par exemple les capacités anti-oxydantes


d’extraits végétaux ou de substances naturelles pures, la littérature fournit des quantités
de réponses, qu’il s’agit ensuite de traiter. Un raccourci consisterait à trouver dans une
plante alimentaire la présence de sélénium (Se), qui est anti-oxydant. Une revue rapide
de la littérature ne permet cependant pas d’établir de lien entre Se et le genre Rorippa.
Cela aurait été intéressant, mais en revanche on trouve signalé dans le genre Curcuma
du Se ainsi que du zinc1. Sachant que la présence d’oligo-éléments dans les plantes
dépend des aptitudes spécifiques de chacun des individus présents dans la biodiversité à
les stocker et de la géochimie, il faudrait vérifier ces analyses minérales sur un nombre
statistiquement suffisant de spécimens cultivés ou prélevés en Polynésie française, pour
déduire leur potentiel comme aliment de complément, arguments scientifiques à l’appui.

Il est possible aussi de se concentrer sur les qualités connues d’espèces


indésirées telles que les plantes envahissantes. Une liste d’espèces de ce groupe en
Polynésie française a été donnée par J.-Y. Meyer et J.-P. Luce2. Pour lutter contre cette
invasion, une réglementation a été prise, par arrêté no 244/CM du 12 février 1998.
Sachant que ce combat a un coût élevé pour un résultat souvent décevant, tout
développement économique des espèces concernées pourrait fournir des arguments et
des moyens supplémentaires en faveur d’une action sélective : exploiter les peuplements
importants, éliminer les individus pionniers à la marge, en expliquant bien au public les
motivations d’une telle opération, pour éviter de donner une image favorable à ces
espèces.

Un rapide examen de ces espèces (sans étude nomenclaturale approfondie) mène


aux conclusions suivantes :

• Acacia farnesiana : 22 références sur INIST, 11 sur PubMed. Cette


espèce est déjà valorisée, par exemple en Égypte, pour son huile essentielle, sous le nom
de « cassie essential oil ». Intérêt éventuel comme source de substances pures isolées.

• Ardisia elliptica : aucune réponse sur INIST et sur PubMed. Recherche


aléatoire à effectuer sur Google en espérant remonter à une source de références.

1 http://highered.mcgraw-hill.com/sites/dl/free/0072510846/36904/useful_plants.pdf (04/08/2005)

2 http://orohena.free.fr/photogallery/flore/envahiss.htm (04/08/2005)

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• Cecropia peltata : 7 références sur INIST, 8 sur PubMed, dont la


suivante qui servirait de point de départ à une recherche sur la littérature ancienne (King
et Haddock, 1959).

• Lantana camara : 162 références sur INIST, 77 sur PubMed, dont


certaines concernent l’huile essentielle produite à partir de cette plante.

• Leucaena leucocephala : 439 références sur INIST, 88 sur PubMed.

• Melinis minutiflora : 13 références sur INIST, 7 sur PubMed. Un article


récent (Fernandez-Ruvalcaba et al., 2004) mentionne un effet très intéressant de cette
espèce en conditions de pâturages sur Boophilus microplus, une tique du bétail en zones
tropicales. Or cet ectoparasite est un vecteur de la babésiose. Il faudrait étudier la
question plus à fond pour connaître la cause de cette activité et trouver d’éventuelles
substances actives comme acaricides. Si c’était le cas, il faudrait ensuite élargir son
potentiel d’activité.

• Miconia calvescens : 5 références sur INIST, 1 sur PubMed, aucune en


phytochimie. Étant donné que cette espèce est la plus gênante, il fallait aller plus loin.
Un examen de la littérature en prenant comme point de départ le nom de genre,
Miconia, et non le nom d’espèce, a permis de constituer une monographie qui donne
quelques axes de recherche, par exemple la présence possible d’aluminium. Voir cette
fiche et la thèse de J.-Y. Meyer.

• Psidium cattleyanum : 2 références sur INIST, 2 sur PubMed. À part la


production artisanale de confitures ou pâtes de fruits, on voit difficilement a priori quoi
faire de cette espèce qui, cependant, ne semble pas avoir suscité la curiosité des
phytochimistes.

• Rubus rosifolius : 0 référence sur INIST, 1 sur PubMed, en revanche


l’interrogation sur « Rubus rosaefolius » rapporte 0 référence sur INIST, mais 145 sur
PubMed. Ce dernier chiffre, élevé, ne doit pas faire illusion sur la quantité de travaux
consacrés à l’étude de l’espèce Rubus rosifolius. Pourtant, les lois de la chiotaxonomie
font que les fruits de cette plante contiennent probablement des flavonoïdes ou tanins à
potentiel anti-oxydant, comme d’autres espèces du genre. Il serait dommage de ne faire
des fruits de cette espèce que des confitures, mais ce serait un pis-aller agréable, ainsi
que j’ai pu le constater autrefois à Port-Vila dans des confections artisanales
(« framboise » + citron).

• Spathodea campanulata : 9 références sur INIST, 6 sur PubMed. Des


activités antipaludiques, molluscicides et hypoglycémiantes ont été objectivées dans
cette espèce.

• Syzygium cumini : 20 références sur INIST, 14 sur PubMed. Des


propriétés pharmacologiques remarquables ont été mises en évidence dans divers
extraits de cette espèce, dont les fruits ont par ailleurs également un intérêt culinaire
(confitures).

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Substances naturelles en Polynésie française


P. CABALION © IRD éditions 2005

• Syzygium jambos : 10 références sur INIST, 5 sur PubMed. Quelques


activités pharmacologiques dans cette espèce, apparemment moins attractive de ce point
de vue que la précédente.

• Tecoma stans : 14 références sur INIST, 18 sur PubMed. Éventuelle


possibilité d’isoler les alcaloïdes terpéniques de cette espèce, qui aurait des propriétés
hypoglycémiantes non liées à un effet antidiabétique.

Il est évident qu’une telle expertise est un travail qui restera toujours inachevé,
par rapport à un idéal abstrait, celui de la perfection et de l’exhaustivité. D’autres
démarches se justifieraient, par exemple la recherche d’éléments minéraux dans les
plantes, soit dans un objectif de « phytomining », soit dans un but de phytoremédiation.
Dans un cas, on vise l’extraction de composés minéraux attractifs tels que les métaux,
dans l’autre on recherche l’élimination de tel ou tel élément, comme le sélénium dans
certaines régions où cet élément est en excès. Ces dernières applications concernent
également des composés organiques tels que les hydrocarbures, que Thespesia
populnea, miro ou bois de rose d’Océanie, est capable d’éliminer peu à peu d’un sol
pollué comme celui des anciens dépôts de carburants (voir fiche Thespesia populnea).

En conclusion, cette expertise s’inscrirait bien dans une démarche générale et


volontaire de veille scientifique et économique, par nature interdisciplinaire. Un tel outil
est perfectible sans cesse, il devrait permettre d’appuyer fortement les initiatives
publiques ou privées de valorisation et de développement des substances naturelles ou
des espèces issues de la biodiversité, au bénéfice de la Polynésie française.

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Substances naturelles en Polynésie française


B. WENIGER © IRD éditions 2005

Potentialités de la recherche innovante en


chimie-biologie des substances naturelles

Bernard WENIGER

1. Contexte général de la réflexion

La flore de la Polynésie française se caractérise par son originalité et son fort


endémisme, résultat de la grande dispersion et de la forte extension en latitude du
territoire. Mais à l’exception des usages locaux et de quelques ressources bien
identifiées à vocation commerciale, cette originalité floristique est encore peu exploitée,
le nombre d’espèces locales ayant bénéficié d’un processus de valorisation dans les
secteurs agro-alimentaire, cosmétologique ou pharmaceutique demeurant très réduit.

Dans le cadre de l’expertise collégiale sur les stratégies de valorisation des


substances naturelles en Polynésie française, ma mission a consisté à considérer de
façon plus spécifique les aspects liés à la recherche et à l’innovation dans le domaine de
la chimie-biologie des produits naturels, en tentant d’analyser les potentialités du
territoire en fait de ressources biologiques au regard des possibilités de recherche et de
développement local.

Cette approche a été entachée d’une difficulté majeure, celle de ne pas pouvoir
appréhender d’une manière approfondie et globale la situation de la recherche dans le
domaine des produits naturels au niveau du territoire. Certes, certains éléments ont pu
être déduits des documents de préparation de l’expertise et du compte rendu de la
mission préparatoire réalisée avant le début de l’expertise collégiale. Toutefois, une
analyse précise de la capacité technique et scientifique locale à réaliser une recherche
innovante en chimie-biologie des substances naturelles, à moyen ou long terme, est
apparue difficile à mettre en œuvre.

En ce qui concerne la recherche publique, la mission préparatoire initiée en


février 2003 par M. Berthod, C. Bonhomme et C. Moretti a permis de mettre en
évidence l’existence de laboratoires locaux assez bien équipés pour la recherche en
chimie-biologie des substances naturelles. Cependant, les personnels de recherche qui y
sont attachés, et notamment ceux qui relèvent de la compétence du territoire, n’y

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Substances naturelles en Polynésie française


B. WENIGER © IRD éditions 2005
occupent pas toute la place souhaitée. De même les collaborations établies avec des
établissements publics de recherche métropolitains sont-elles peu nombreuses, la
production scientifique afférente étant relativement modeste, à l’exception toutefois de
l’Université de la Polynésie française.

Des difficultés complémentaires sont apparues qui ont trait au partage des
compétences dans certains domaines de la recherche entre l’État et le territoire, à
l’éloignement des centres technologiques plutôt centralisés en métropole, sans compter
que le désengagement progressif de la plupart des établissements publics nationaux de
recherche de la région ne va pas sans conséquences néfastes.

Dans le domaine de l’innovation, la capacité et la motivation des acteurs privés


paraissent beaucoup plus prometteuses, mais ces acteurs n’ont pas vocation à s’engager
dans des recherches chimiques ou biologiques de type fondamental sur le moyen ou le
long terme. La situation semble d’autant plus fragile que l’interface entre le monde de la
recherche et celui de l’industrie locale se révèle bien mince, que les structures
d’incubation sont pratiquement inexistantes, et qu’il manque globalement des éléments
d’orientation et de prospective pour les stratégies de recherche futures.

Malgré ces difficultés liées à l’incertitude sur l’environnement scientifique du


territoire, nous nous sommes efforcé d’identifier un certain nombre de pistes
potentielles dans les secteurs de la phytochimie, de la biologie, de la cosmétologie et de
l’agro-alimentaire, pouvant aboutir à la valorisation de produits ou de constituants
phytochimiques sur le marché local ou international, après réalisation de recherches
complémentaires de validation.

2. Méthodologie appliquée à l’analyse

Sur la base d’un important travail préparatoire de recensement botanique et de


compilation de données bibliographiques, incluant les usages traditionnels des espèces
considérées, les membres de l’expertise collégiale ont réalisé des fiches produits qui ont
fait l’objet de discussions lors des séances de travail du groupe. Ces analyses
documentaires, effectuées d’une manière collégiale, constituent des points de repère
objectifs dans la vaste documentation consultée.

Les experts ont ensuite entrepris le classement des ressources végétales


polynésiennes, sélectionnées à partir des fichiers floristiques de référence, en trois
groupes principaux :
– Groupe 1 : déjà exploitées ou exploitables à court ou moyen terme.
– Groupe 2 : intérêt potentiel mais nécessitant des travaux de recherche
complémentaires.
– Groupe 3 : ressources végétales sans intérêt particulier.
Notre contribution porte sur les ressources végétales du groupe 1 que nous avons
estimées être éventuellement exploitables à court ou moyen terme, et sur les ressources
végétales du groupe 2, présentant un intérêt potentiel, mais requérant des travaux de
recherche et de validation complémentaires.

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3. Ressources éventuellement exploitables


à court ou moyen terme

D’une manière évidente, les produits naturels traditionnels déjà exploités de ce


groupe 1, qui bénéficient de filières de commercialisation bien identifiées, sortent du
champ de ma contribution, et, en conséquence, ne seront pas traités dans ce chapitre
analytique. Il s’agit des ressources suivantes : le coprah, la vanille, le santal, le monoï et
le « nono » (fruit de Morinda citrifolia). En effet, ces ressources, pour lesquelles il
existe une bibliographie fournie aussi bien du point de vue chimique que biologique, ne
nécessitent plus a priori de recherches fondamentales complémentaires en chimie-
biologie des substances naturelles, ayant comme but soit l’isolement et la détermination
structurale de constituants non encore décrits, soit la mise en évidence d’activités
biologiques ou physiologiques. Toutefois, les aspects liés à l’analyse et au contrôle de
qualité des produits issus de ces ressources, ou susceptibles de l’être à l’avenir, doivent
être considérés avec attention et susciter le cas échéant, quand cela s’avère possible
localement, la mise en place de techniques analytiques modernes et performantes.

Notre analyse dans ce premier groupe portera donc sur les quatre ressources
suivantes :
– Calophyllum inophyllum L. (huile),
– Ilex anomala Hook. & Arnott,
– Morinda citrifolia L. (feuille),
– Tephrosia purpurea (L.) Pers.

3.1. Calophyllum inophyllum L. (Clusiaceae) (huile)

La littérature scientifique mentionne de nombreux travaux sur les


pyranocoumarines (calanolides, calophyllolide, inophyllum) extraites des feuilles et du
latex de différentes espèces asiatiques du genre Calophyllum. Certaines de ces
molécules ont montré des activités cytotoxiques et antivirales, notamment sur le virus
de l’HIV-1, par inhibition de la transcriptase inverse (Xu et al., 1999 ; Ishikawa, 2000).
Le calanolide A est actuellement en phase clinique II comme molécule anti-HIV, et le
calanolide B en étude pré-clinique aux États-Unis. Des produits d’hémisynthèse sont
également à l’étude ou en développement.

Des graines sèches de Calophyllum inophyllum on extrait une huile (huile de


tamanu qui est utilisée dans la plupart des îles du Pacifique et en Papouasie Nouvelle-
Guinée, en friction contre les douleurs rhumatismales et pour soigner les ulcères et les
affections de la peau. Cette huile est également recommandée contre les brûlures et les
coups de soleil. Une étude récente montre son intérêt dans l’amélioration de l’aspect des
cicatrices, même anciennes (Dweck et Meadows, 2002). L’huile de tamanu est assez
largement utilisée par l’industrie cosmétique européenne et il existe aujourd’hui une
forte demande internationale pour ce produit. Il faut noter qu’un arbre ne produit que
5 kg environ d’huile par an, et que l’huile produite doit subir un procédé de purification
pour éliminer certains constituants résineux, ce qui explique son prix élevé.

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B. WENIGER © IRD éditions 2005

L’huile de tamanu produite en Polynésie française dans les îles Sous-le-Vent,


l’archipel des Tuamotu et celui des Marquises semble être d’excellente qualité, pour des
raisons liées à la fois à la ressource et à sa préparation traditionnelle. Le gouvernement
du territoire a décidé de faire procéder à des analyses génétiques du tamanu polynésien
et de mettre en place des plantations d’arbres de cette espèce. Une étude approfondie de
l’huile de tamanu est actuellement menée à l’Université de Polynésie française, étude
dont il faudra analyser en détail les conclusions.

L’huile de tamanu contient des acides gras saturés, des glycérides, des
phosphoaminolipides, des stéroïdes, des terpénoïdes, de l’acide benzoïque et de la
vitamine F en petite quantité. Des publications récentes ont également mis en évidence
la présence de pyranocoumarines similaires ou proches de celles trouvées dans les
feuilles et le latex de différentes espèces du genre Calophyllum, et notamment le
calophyllolide, l’acide calophyllique et les inophyllums B, C, P et E (Spino et al., 1998 ;
Dweck et Meadows, 2002). Le calophyllolide possède des propriétés antibactériennes et
anti-inflammatoires, et certains inophyllums, comme nous l’avons déjà mentionné, sont
des inhibiteurs de la transcriptase inverse du HIV-1.

Les potentialités de développement pour l’exploitation de l’huile de tamanu


semblent se situer actuellement plutôt dans le domaine cosmétique. Toutefois, sachant
que les rendements d’extraction des pyranocoumarines à partir des feuilles, et même du
latex, sont très modestes, l’huile de tamanu brute peut représenter une piste intéressante
dans la recherche de sources renouvelables de ces constituants pour
l’approvisionnement de l’industrie pharmaceutique.

3.2. Ilex Anomala Hook. & Arnott (Aquifoliaceae)

L’étude bibliographique de cette espèce ne fournit que des données anciennes


concernant l’usage traditionnel de la ressource, utilisée par les Tahitiens comme
masticatoire pour lutter conte la fatigue. Les références sont également peu précises
quant à la présence de caféine (4 %), d’huile essentielle, d’une gomme-résine et de
tanins dans l’espèce. Aucune donnée récente d’ordre chimique ou biologique n’est
disponible.

De nombreuses études ont montré que la caféine stimule l’activité intellectuelle


et physique et augmente les dépenses énergétiques, pouvant contribuer ainsi à faciliter
la perte de poids. Depuis quelques années, de nouveaux produits « exotiques »
contenant de la caféine, tels que le maté et le guarana, sont venus compléter la gamme
de produits disponibles sur le marché, tant dans le domaine alimentaire que dans ceux
du cosmétique et du pharmaceutique.

Le maté, Ilex paraguariensis, appartient à la même famille et au même genre


botanique qu’Ilex anomala. Il s’agit d’un arbre à feuilles persistantes, originaire du
Paraguay, du Brésil, de l’Argentine et de l’Uruguay, où sa feuille est souvent
consommée en infusion à la place du thé ou du café pour les mêmes effets
physiologiques. Les feuilles de maté renferment en moyenne 1 % de caféine. En

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comparaison, une tasse de maté procure un peu plus de caféine qu’une tasse de thé et un
peu moins qu’une tasse de café.

En Allemagne, la Commission E a reconnu en 1988 l’usage médicinal du maté


pour combattre la fatigue mentale et physique. En raison de la théophylline et de la
caféine que renferment les feuilles d’Ilex paraguariensis, le maté stimule le muscle
cardiaque et le système nerveux central, détend les muscles lisses, et agit favorablement
sur la circulation sanguine périphérique, ce qui pourrait également expliquer ses
indications traditionnelles contre les maux de tête (Blumenthal et al., 2000). Les
pharmacopées britannique et française reconnaissent les vertus stimulantes du maté, et
le considèrent également comme un adjuvant à un programme de perte de poids. Cet
aspect a été validé par des travaux récents (Martinet et al., 1999).

Le maté dispose d’une monographie dans la pharmacopée française, et figure


dans les Cahiers de l’agence du médicament no 3 (« Médicaments à base de plantes »)
avec les indications suivantes : dans les asthénies fonctionnelles, comme adjuvant des
régimes amaigrissants, et pour favoriser l’élimination rénale de l’eau. Aucune étude
toxicologique n’est requise en France pour la demande d’une autorisation de mise sur le
marché d’une spécialité à base de maté (poudre de drogue totale, extrait aqueux, extrait
hydro-alcoolique, teinture), bien que certaines études laissent à penser qu’il existe une
relation entre la consommation de maté et l’apparition de cancers de l’oropharynx
(Goldenberg, 2002). On trouve actuellement sur le marché pharmaceutique français des
spécialités à base de maté (Elusanes Maté®). Le maté, ou des produits contenant des
produits à base de maté (boissons, suppléments diététiques de poudre de feuilles en
gélules, etc.), se trouvent également en vente dans des boutiques spécialisées et sur
Internet.

Des chercheurs argentins se sont intéressés au potentiel d’autres espèces du


genre Ilex et ont réussi à montrer qu’elles pouvaient éventuellement être développées
sur le marché des suppléments diététiques (Filip et Ferraro, 2003). D’une manière
similaire, il peut être envisagé de développer le potentiel commercial d’Ilex anomala, en
s’appuyant sur des arguments mettant en valeur l’exotisme et la nouveauté de la
ressource. Toutefois, si le consommateur d’aujourd’hui est friand d’innovation, encore
faut-il que la réponse qui lui est apportée s’inscrive dans une démarche de qualité et de
sécurité d’emploi irréprochables.

Une actualisation des connaissances chimiques et pharmacologiques d’Ilex


anomala et des recherches complémentaires dans le domaine de la toxicité apparaît en
conséquence comme nécessaires avant toute décision visant à l’exploitation et au
développement éventuel de la ressource dans le domaine alimentaire ou dans celui du
médicament. Cette actualisation des connaissances et ces recherches complémentaires
devraient porter sur les points suivants :
A. Précisions quant à l’utilisation traditionnelle de l’espèce.
B. Confrontation des données existantes dans la littérature scientifique sur
l’espèce et le genre botanique dans le but de réaliser une monographie sur la
sécurité d’emploi de la ressource, selon le type de l’Agence française de sécurité
sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) dont les rubriques sont indiquées
dans le tableau 1, ci-après.

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C. Mise en œuvre d’une étude phytochimique approfondie sur la ou les partie(s)
d’intérêt de la plante et la mise au point d’un dosage de la caféine par
chromatographie liquide haute performance (Direction de la qualité du
médicament, 2001).
D. S’il avère qu’il n’existe aucune donnée toxicologique disponible sur l’espèce,
envisager la réalisation d’une étude toxicologique selon le protocole
correspondant à la catégorie 2 (poudre de plantes totales, teintures et extraits
hydro-alcooliques forts) dans les Cahiers de l’agence du médicament no 3. Ce
protocole prévoit la détermination des toxicités suivantes :
– toxicité aiguë par voie orale chez le rat ;
– toxicité sub-aiguë sur 4 semaines par voie orale chez le rat, sur dix rats
mâles et dix rats femelles, comprenant une étude du comportement et des
paramètres hématologiques, biochimiques et histologiques.
Tableau 1. Monographie sur la sécurité d’emploi d’une ressource végétale selon le modèle de
l’AFSSAPS

1. Éléments de botanique
Noms scientifiques et famille
Noms usuels et vernaculaires
Partie utilisée
Origine géographique
Monographies disponibles
Risques de falsifications
2. Constituants chimiques
3. Pharmacologie
Pharmacologie humaine
Pharmacologie expérimentale in vivo
Pharmacologie expérimentale in vitro
Éléments de pharmacocinétique
4. Toxicologie
Symptomatologie décrite chez l’animal
Symptomatologie décrite chez l’homme
Données de pharmacovigilance disponibles
Surdose
5. Conditions habituelles d’emploi
6. Identification des points d’alerte
Toxicité avérée ou potentielle des constituants :
– mutagénicité
– cancérogénicité
– tératogénicité
– allergénicité
– présence d’alcaloïdes pyrrolizidiniques
Effets secondaires éventuels
Contre-indications éventuelles
Interactions médicamenteuses
Interrogations liées à l’allégation

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3.3. Morinda citrifolia L. (Rubiaceae) (feuille)

Nous n’aborderons pas le cas du fruit, déjà commercialisé à grande échelle


comme supplément alimentaire, principalement aux États-Unis, sous forme de jus de
fruit pasteurisé (Tahitian Noni Juice) mais aussi de jus séché ou d’extrait sec. De
nombreuses études sur le fruit de Morinda citrifolia ont été publiées récemment,
concernant ses constituants chimiques et son pouvoir anti-oxydant, immunostimulant et
antitumoral, avec des résultats parfois contradictoires. Alors que de nombreuses équipes
à travers le monde s’intéressent à ce thème de recherche, il ne paraît guère utile
d’engager d’autres études de ce type au niveau polynésien.

Pour sa part, la feuille de cette espèce présente de nombreux usages traditionnels


dans la région Pacifique, et dans les régions tropicales en général. À Samoa, elle est
utilisée comme anti-inflammatoire par voie orale et comme vulnéraire par voie externe
(Dittmar, 1993). En Papouasie, la feuille est réputée antimalarique et antidysentérique
par voie orale (Holdsworth, 1975 ; Holdsworth, 1980). En Inde et au Nicaragua, elle est
utilisée en application externe comme vulnéraire, antiseptique et anti-inflammatoire
(Srivastava et Singh, 1993 ; Barrett, 1994).

D’un point de vue biologique, la feuille présente des effets ascaricide (Kaleysa,
1975), nématocide (Mackeen et al., 1997), antimutagénique (Kusamran et al., 1998), et
surtout montre une forte activité protectrice contre les tumeurs expérimentales
provoquées par des dérivés du phorbol (Murakami et al., 1995). Les travaux chimiques
concernant les feuilles sont nettement moins documentés que ceux ayant trait au fruit.
Ils ont permis de mettre en évidence la présence de flavonoïdes et d’iridoïdes
monoterpéniques comme l’acide aspérulosique, les citrifollines A et B et le
citrifolinoside (Sang et al., 2001).

Dans l’hypothèse d’un développement important de la production locale et du


marché international du « nono », fruit de Morinda citrifolia, il apparaît judicieux de
poursuivre parallèlement des recherches complémentaires visant à une identification
plus complète des métabolites secondaires foliaires et à une vérification des aspects
relatifs aux activités antimutagénique et anticancérigène de ces constituants.

3.4. Tephrosia purpurea (L.) Pers. (Fabaceae)

Les constituants chimiques de cette espèce ont été assez bien décrits dans la
littérature scientifique. D’un point de vue phytochimique, il faut surtout noter la
présence de roténone et de roténoïdes dans les racines et dans les parties aériennes de
l’espèce. Il apparaît toutefois que le contenu en roténone dans les racines de la plante
originaire du Sri Lanka ne dépasse pas 0,033 % ; or il faut savoir que certaines espèces
du genre Derris contiennent jusqu’à 7 % de roténone dans leurs racines (Sharma et
Khanna, 1975 ; Kiuchi et al., 1989).

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La roténone est connue pour ses activités insecticides et ichtyotoxiques. D’un
point de vue pharmacologique, la roténone présente en fait de nombreuses autres
propriétés, mais les données bibliographiques apparaissent parfois contradictoires. Il
semble toutefois assez bien établi que, contrairement à l’opinion généralement admise,
la molécule présente une certaine toxicité chez l’homme et chez certains animaux à sang
froid, notamment chez le rat et le porc (Oliver et Roe, 1957). Cette toxicité se manifeste
notamment par des effets carcinogènes, embryotoxiques et génotoxiques (Guadano
et al., 1998). De plus, une étude récente suggère que cette classe de molécules pourrait
être responsable de l’apparition de formes atypiques de la maladie de Parkinson (Sherer
et al., 2003).

Compte tenu de tous ces aspects, il apparaît important de réaliser préalablement


une étude phytochimique des racines et parties aériennes de Tephrosia purpurea, afin
d’apprécier quantitativement le contenu en roténone et en roténoïdes de divers
échantillons de la matière première polynésienne.

Par ailleurs, il faudra évaluer d’une manière précise le marché potentiel de ces
dérivés, aussi bien au niveau local qu’au niveau international. En effet, l’auteur d’une
étude de marché récente de la Banque mondiale sur le développement pour l’exportation
de produits naturels phytosanitaires, à partir de ressources locales, estime que le marché
de la roténone dans les pays développés ne présente pas un intérêt suffisant pour
encourager un développement de sa production en vue de l’exportation à partir des pays
en développement. Enfin, il faudra être attentif aux études biologiques et toxicologiques
menées actuellement par différentes équipes sur cette famille de composés utilisés
comme agents phytosanitaires.

4. Ressources végétales à intérêt potentiel mais avec travaux


de recherche complémentaires (groupe 2)

Les données bibliographiques concernant les ressources végétales du groupe 2


paraissent nettement plus hétérogènes, certaines espèces étant bien étudiées d’un point
de vue chimique et/ou biologique, alors que d’autres n’ont fait l’objet que de travaux
très restreints. Les critères retenus pour classer ces espèces dans le groupe 2 reposent
sur leurs usages traditionnels éventuels, leur originalité chimiotaxonomique ou
biologique et leur statut bio-écologique ou biogéographique, notamment l’accessibilité
et l’absence de vulnérabilité. Voici les espèces concernées.

4.1. Astelia nadeaudii (Asteliaceae)

Les seules données chimiques concernent la composition des graines, riches en


acides gras saturés ubiquitaires, comme l’acide stéarique et l’acide palmitique, et en
acides gras insaturés du type ϖ 3, comme l’acide linoléique et l’acide γ-linolénique
(Morice, 1975). Une étude approfondie de la composition lipidique des fruits est à

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réaliser (prestation de service possible avec des laboratoires métropolitains). La
présence d’alcaloïdes étant signalée dans le genre (parties aériennes), corrélativement
l’absence de ce type de constituants dans les fruits est éventuellement à vérifier
(Smolenski et al., 1975).

4.2. Pittosporum orohenense J. W.Moore (Pittosporaceae)

– Pittosporum raivavaeense H. St. John (Pittosporaceae),


– Pittosporum rapense F. Brown (Pittosporaceae),
– Pittosporum taitense Putt. (Pittosporaceae).
L’intérêt de ces trois ressources est lié à l’originalité chimiotaxonomique de la
famille à laquelle elles appartiennent, ainsi qu’à des activités pharmacologiques
marquées, au niveau du genre, dans des domaines de santé de première importance
comme l’inhibition de protéases du HIV, ainsi que des activités antidiabétiques et
antitumorales (Wan et al., 1996 ; Lopez De Cerain et al., 1996). Une étude
phytochimique approfondie des espèces considérées, adossée à des essais
pharmacologiques, est à entreprendre.

4.3. Siegesbeckia orientalis L. (Asteraceae)

Cette ressource fait l’objet d’usages populaires diversifiés, mais pour l’essentiel
orientés vers des utilisations comme vulnéraire et anti-inflammatoire par voie externe. Il
est nécessaire tout d’abord que des observations ethnopharmacologiques puissent
préciser quelles parties sont utilisées en thérapeutique traditionnelle polynésienne. Des
analogies avec l’arnica, une espèce médicinale bien connue de la même famille
botanique, existent aussi bien au niveau des usages que de certains constituants
chimiques présents dans les deux plantes, en l’occurrence des sesquiterpènes lactones
(Zdero et al., 1991). La plante contient également des flavonoïdes et des diterpènes
(Xiong et al., 1997).

Une activité antitumorale intéressante a été mise en évidence par des chercheurs
chinois, mais les références bibliographiques de ce travail sont très imprécises. Il faut
noter également que la plante a fait l’objet de nombreux brevets relatifs à une utilisation
en cosmétologie. Par ailleurs, l’huile de la graine serait susceptible de présenter des
propriétés stabilisantes pour certains plastiques.

Les recherches complémentaires doivent s’orienter vers une étude


phytochimique approfondie de cette ressource pour valider les travaux d’ordre
phytochimique antérieurs et pour évaluer les activités biologiques et physicochimiques
décrites.

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4. 4. Tacca leontopetaloides (L.) Kuntze (Taccaceae)

Synonyme : Tacca pinnatifida J. R. Forst. & G. Forst.

D’origine malaise, cette espèce, de par sa richesse en amidon, constituait une


plante alimentaire de base sur certaines îles polynésiennes. Le tubercule contient une
grande quantité de fécule blanche (jusque 25 % du poids), très nutritive, mais également
des substances amères (saponines) qui disparaissent après lavage et cuisson. Un
tubercule pèse généralement de cent à cinq cents grammes mais peut atteindre parfois le
kilo. Les saponines de cette espèce possèdent des propriétés molluscicides. Il faut noter
que l’extrait de feuille obtenu à partir d’une matière première du Soudan est actif
comme molluscicide, contrairement à l’extrait de racine. Il est intéressant de noter que
certaines saponines stéroïdiques isolées dans le genre Tacca présentent des effets
antitumoraux marqués (Tinley et al., 2003).

Les recherches complémentaires doivent s’orienter vers la vérification de la


présence de saponines dans la ressource polynésienne. Dans une hypothèse favorable, il
faudra procéder à leur isolement et leur détermination structurale. D’un point de vue
biologique, la confirmation de l’activité de ces molécules pour la désinfection des eaux
contre les formes larvaires (cercaires) de certains parasites, ainsi que l’évaluation de
leurs propriétés cytotoxiques et antitumorales, doivent être réalisées.

4.5. Wikstroemia coriacea Seem (Thymelaeaceae)

Synonymes :
– Daphne foetida auct. pl. non s. typi
– W. foetida auct. pl. non s. str.
Dans le cas de cette espèce, il faut au préalable résoudre les problèmes de
taxonomie. De nombreuses Thymélacées présentent des propriétés toxiques importantes
en raison de la présence d’esters diterpéniques de type daphnane et tigliane (Borris et
al., 1988). Il convient de mettre en rapport ces données avec la réputation traditionnelle
de cette espèce.

Cette famille botanique est toutefois intéressante d’un point de vue


chimiotaxonomique par la présence de métabolites secondaires diversifiés (coumarines,
biflavonoïdes) doués d’effets biologiques marqués (activités antifongiques,
antimitotiques, anti-HIV-1). Une étude phytochimique approfondie de l’espèce ainsi
qu’une évaluation pharmacologique élargie des molécules isolées (activité antitumorale,
antivirale, antihypertensive, anti-oxydante, toxicité) sont souhaitables.

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5. Conclusions

En regard de l’ensemble des données floristiques réunies dans le cadre de


l’expertise collégiale sur les stratégies de valorisation des substances naturelles en
Polynésie française, notre contribution a porté sur l’orientation vers des recherches
innovantes en chimie-biologie d’une sélection de ressources qui nous paraissent
valorisables à moyen terme, après la réalisation de travaux complémentaires de
validation.

De nombreuses espèces n’ont pas été retenues dans notre sélection pour des
raisons de vulnérabilité ou d’accessibilité, ou encore du fait de l’absence totale de
données d’ordre bibliographique. Pour ces ressources, l’orientation stratégique la plus
pertinente en fait de valorisation consistera probablement à se tourner vers la
constitution de collections pouvant être couplées à des plates-formes d’extraction et de
formatage, rendant possible la création et l’exploitation d’extractothèques.

Il nous apparaît important d’ajouter, pour conclure, que si notre expertise permet
d’apprécier, à un moment particulier, l’état de la connaissance chimique et biologique
d’un certain nombre de ressources potentielles de la Polynésie française, les décideurs
du territoire ne peuvent pour autant faire l’économie d’études de faisabilité technico-
économiques, au cas par cas, projet par projet, avant la mise en chantier de réalisations
concrètes.

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Substances naturelles en Polynésie française


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J.-C. SIMON © IRD éditions 2005

Le contexte de la valorisation des substances


naturelles : dimensions économiques, sociales et
institutionnelles1

Jean-Christophe SIMON

1. Quelques points de repère : les atouts exploitables d’un


contexte pénalisant

1.1 Un territoire caractérisé par la dispersion insulaire


Le territoire de Polynésie française comprend 76 îles habitées, soit 3 500 km2 de
surface, mais il détient une surface agricole exploitable fortement contrainte par la
topographie et l’environnement – en particulier sur les îles hautes –, ainsi que par les
habitats et les infrastructures (Berthommé et Ferraton, 1999). La ressource foncière
semble donc limitée pour des productions nouvelles. Cependant, on peut identifier des
facteurs de développement tant au niveau d’une réserve de terres notamment
domaniales, et aussi d’un potentiel de redynamisation de l’agriculture traditionnelle
révélé par des projets en cours de mise en œuvre.

Il est crucial de prendre en compte ces disparités et ces contraintes spatiales dans
les schémas de développement du territoire : les nouvelles filières d’exploitation de
substances naturelles peuvent-elles contribuer à générer des activités novatrices pour les
populations des îles distantes ? Ces filières permettraient-elles le développement de sites
d’extraction ou de cultures bénéficiant aux populations locales ? Comment les
interactions entre acteurs privés et publics peuvent-elles contribuer à créer des activités,
à former et motiver des producteurs, et à atténuer les effets défavorables tels que les
structures de coûts de transport inter-îles ?

1 Ce chapitre fait la synthèse d’éléments publiés aisément accessibles, de documents et d’études disponibles en
Polynésie française et des résultats d’entretiens menés avec des acteurs privés et publics lors d’une mission locale en
octobre 2003. Le rapport de mission est confidentiel, détenu par le commanditaire de l’expertise collégiale.

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Substances naturelles en Polynésie française


J.-C. SIMON © IRD éditions 2005

Les démarches des acteurs économiques sont très marquées par la diversité des
ressources et des sites d’activité, dépendant donc du système des îles et archipels : par
exemple, le poids des îles Sous-le-Vent dans la filière vanille, le rôle de la filière coprah
pour les Marquises ou encore les nouvelles tentatives de dynamiser la production
fruitière : ananas de Moorea, mangues aux Marquises, agrumes des îles Sous-le-Vent.
L’enjeu des archipels géographiquement défavorisés comme les Marquises par exemple
suscite des réflexions et des mesures politiques particulières : leur activité économique
souffre de systèmes de production agricoles vivriers précaires, de l’éloignement effectif
et mental – à la fois en termes d’insertion dans les projets d’entreprises et aussi de coût
d’accès pour se lier à des réseaux de production ou de services.

L’étude socio-économique a rencontré ces questions sous divers aspects tant


dans l’exploitation des documents (Présidence du gouvernement de la Polynésie
française, 2000) que lors des entretiens menés avec les administrations et les
responsables d’entreprises. La plupart des acteurs se préoccupent de ces disparités inter-
archipels et le gouvernement entend développer des politiques volontaristes, dotées de
moyens financiers : déconcentration administrative, promotion du tourisme à petite
échelle, investissement pour l’agriculture. Cependant, il n’a pas été possible – pour des
raisons de programme – de recueillir directement les points de vue d’acteurs implantés
dans des archipels éloignés.

1.2 Une ressource humaine limitée mais une croissance


démographique soutenue
La Polynésie française compte une population de 246 000 habitants (estimation
ISPF, Institut statistique de Polynésie française) – concentrés à 70 % à Tahiti, et près de
90% dans les îles de la Société – avec un accroissement démographique soutenu
expliquant la jeunesse de cette population (un taux de 15 pour mille, environ
+ 3 600 habitants par an). Les projections démographiques envisagent un accroissement
de la population en âge d’activité de près de 4 000 hommes et 6 000 femmes entre 2002
et 2007. Il en découle un défi réel de création d’emplois – auquel il faut ajouter celui de
la dispersion insulaire des populations.

Dans ce contexte, les enjeux de formation se posent avec acuité. Le rapport


d’évaluation et de prospective déjà cité dresse un bilan particulièrement étayé : d’un
côté, nécessité de bien cibler les formations professionnelles, notamment de niveau
technicien ou BTS et DEUST, avec l’impératif d’améliorer l’adéquation
formation/offres d’emploi ; de l’autre, manque d’effet de taille pour l’Université de
Polynésie française.

Le rapport annuel de l’institut d’Émission d’outre-mer souligne les progrès de


l’enseignement supérieur, appuyés par des mesures incitatives du territoire : « La
population étudiante, quelles que soient les filières, ne cesse de croître. Ainsi les
effectifs de l’IUFM (Instituts universitaires de formation des maîtres) se sont élevés en
2003 à 140 étudiants en première année contre seulement 50 en 1996… De même les
étudiants qui poursuivent leurs études hors de la Polynésie française sont plus nombreux
(+ 47 % entre 1996 et 2002) avec 378 élèves boursiers en France et 4 à l’étranger en
2003. Les effectifs de l’Université de Polynésie française sont également en
augmentation continue. À la rentrée 2003, l’Université a accueilli 2 318 étudiants, dont

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J.-C. SIMON © IRD éditions 2005

33 % inscrits dans la filière droit/AES et 24 % dans la filière langues, contre environ


1 400 en 1996. Afin de pallier le déficit de cadres, le gouvernement de la Polynésie
française a pris en août 2003 deux mesures en faveur des étudiants. La première
concerne la majoration des bourses dans les filières prioritaires que sont notamment la
santé, l’éducation, l’action sociale, la gestion ou le tourisme. La seconde porte sur la
création d’un dispositif de "corps de volontaires au développement" […] mis en place
afin de favoriser l’adaptation à l’emploi et l’insertion professionnelle des résidents
polynésiens… » (IEOM, 2004).

Ajoutons à cela le fait que les jeunes Polynésiens diplômés de l’enseignement


supérieur (principalement de France) semblent avoir été fréquemment intégrés dans des
postes administratifs, ne leur permettant guère – au moins dans un premier temps – de
mettre en avant leur expérience scientifique2.

Une valorisation des substances naturelles peut agir à ce niveau comme un


stimulant : ce, dans le cadre des filières de formation initiale qui touchent un petit
nombre de jeunes Polynésiens, mais aussi en ayant pour effet de populariser une culture
scientifique sur les ressources du territoire. La valorisation des substances peut aussi
contribuer à réhabiliter et promouvoir les filières de production plus classiques fondées
sur la ressource terrestre ou marine. Cette démarche de promotion est largement
engagée par le territoire, avec des moyens substantiels et des dispositifs adaptés (filière
pêche hauturière, filière vanille).

1.3 Un marché local étroit et des marchés internationaux distants


Le marché local est très restreint : il ne peut donc pas soutenir le développement
d’un produit innovant à forte valeur ajoutée – tout au plus peut-il contribuer à préserver
ou tester un produit fondé sur des savoirs locaux. C’est le cas pour les pharmacopées et
la cosmétique traditionnelles, par exemple l’huile de tamanu. Pour autant, il y a un
potentiel. Ainsi la production de jus de fruit peut-elle encore renforcer son
approvisionnement local et restreindre les importations. Dans le même ordre d’idées,
certains produits cosmétiques sont demandés par le secteur touristique.

Les industriels polynésiens – et l’administration – sont informés sur les marchés


étrangers. Certes situées en regard de la métropole et de l’Europe, les relations
économiques (exportations, investissements) n’en sont pas moins connectées avec
l’Asie et le continent américain mais aussi la Nouvelle-Zélande.

La destination des exportations est révélatrice de la segmentation des marchés.


Le Japon et Hong Kong sont de loin les premières zones d’exportation (en raison de la
demande des perles de Polynésie dans ces pays), suivis par les États-Unis. Au cours des
trois dernières années, il faut ajouter les exportations vers les pays de l’Union
européenne aux ventes vers la France métropolitaine pour atteindre le montant des
exportations dirigées vers les États-Unis.

2
Parmi les exemples proches de notre thème, citons Mme Frogier (déléguée à la recherche, chimiste de formation) et
M. Alpha (docteur en chimie, directeur de l’EPIC Vanille, après avoir occupé pendant 5 ans des fonctions politiques
au service du territoire).

109
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J.-C. SIMON © IRD éditions 2005

Ce qui peut apparaître comme un handicap lourd se révèle en fait comme une
contrainte face à laquelle les Polynésiens ne sont pas désarmés. Les entreprises
semblent prêtes à jouer sur plusieurs tableaux. Le territoire s’inscrit dans des réseaux
d’échange, de promotion, qui se densifient et peuvent aussi se diversifier. Ainsi le
service de promotion des investissements vise-t-il les principaux pays voisins : d’abord
le Japon, mais aussi la Nouvelle-Zélande3.

1.4 La référence économique du tourisme et de la filière perliculture


En termes de fondamentaux économiques, l’économie de la Polynésie reste
largement appuyée sur les transferts de la métropole (de l’ordre de 55 % du produit
intérieur brut), ce qui justifie amplement les préoccupations de diversification de
l’économie. On doit notamment rappeler qu’une convention pour le renforcement de
l’autonomie économique de la Polynésie française a été signée en 1996 pour dix ans.
Elle prévoit des flux financiers destinés à « pallier la diminution des transferts liés à
l’arrêt du Centre d’expérimentation du Pacifique » (IEOM, 2002). Dans ce cadre, un
fonds pour la reconversion économique de la Polynésie (FREPF) a permis la mise en
place d’une société de financement des projets privés – la SOFIDEP (voir
paragraphe§ 4.2).

Dans ce contexte, quelques activités productives très visibles polarisent la


création de richesse du territoire. Les recettes de la perliculture sont stabilisées, après
une forte régression due à une surproduction et une saturation des marchés
internationaux. Les perles représentent 80 % des exportations en 2001 et, avec celles du
tourisme, elles peuvent symboliser la rente économique tirée de l’image de la Polynésie
française, mais aussi une activité construite progressivement et dont la compétitivité
nécessite des efforts accrus et une bonne coordination entre acteurs privés et publics.

Le tourisme connaît un tassement ces dernières années, mais cette tendance est à
mettre principalement sur le compte de facteurs externes. Mesuré globalement, le flux
actuel est de l’ordre de 190 000 visiteurs annuels – en baisse de 17 % entre 2001 et
2002. L’origine des visiteurs est d’abord l’Europe (principalement la France) pour 40 %
en moyenne les dernières années, l’Amérique pour près de 40 % et l’Asie près de 20 %.

Tableau 1. Données sur le tourisme

Nombre / unités 2000 2001 2002 2003


Visiteurs 210 000 227 600 189 000 212 700
Hôtellerie classée 48 44 48 46
Petite hôtellerie 198 247 267 255
Source Institut statistique de la Polynésie française (ISPF)

Le tourisme a cependant bénéficié de mesures d’encouragement destinées à


améliorer les infrastructures hôtelières mais aussi à diffuser l’activité, en particulier à
travers la promotion des pensions ou hôtels. Comme le tourisme capitalise sur l’image
du territoire et sur ses actifs spécifiques en matière de sites naturels et traditions locales,

3
Informations recueillies lors d’un entretien avec Mme H. Dexter, déléguée à la promotion des investissements de
Polynésie française.

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J.-C. SIMON © IRD éditions 2005

il requiert des mesures de protection de ces ressources et des politiques de


développement durable (actions contre la pollution, dispositifs de partage de l’accès des
utilisateurs aux lagons – cf. référence aux « plans de gestion de l’espace maritime », ci-
après).

La conjoncture économique locale reste aussi largement déterminée par les


conditions économiques dans les grands pays industriels. Les flux de tourisme, la
demande de perles et produits perliers sont marqués par la conjoncture nord-américaine
et japonaise. C’est pour cette raison que la prudence de l’enquête de conjoncture fait
place pour le début 2004 à un optimisme mesuré (sondage de conjoncture ; Service du
développement de l’industrie et des étiers, ministère de la Pêche, de l’Industrie et des
Petites et Moyennes Entreprises).

Tableau 2. Principales exportations de Polynésie (valeur)

2000* 2002* Euros (millions) 2003* Euros (millions)


Produits perliers 20 934 15 006 126,1 10 345 86,9
Poissons/crustacés 804 1137 9,6 656 5,5
Monoï 124 162 1,4 138 1,2
Nono 220 733 6,2 722 6,1
Vanille 141 259 2,2 351 2,9
Coprah 259 232 1,9 225 1,9
Jus de fruit 340 231 1,9 226 1,9
* En millions F CFP : 1 euro est égal à 119 F CFP / 1F CFP vaut 0,0084 euro.

Tableau 2bis. Relations économiques extérieures en 2002

Destinations exportations Valeur* Provenances Valeur*


importations
Japon 6 546 France métrop. 74 178
Hong Kong 6 417 UE 21 592
France métrop. 1 521 États-Unis 14 731
États-Unis 3 156 Australie 13 796
UE 459 Nvlle-Zél. 11 945
Japon 4 861
* En millions F CFP.

Par conséquent, toute activité émergente doit se situer peu ou prou par rapport à
ces « fleurons » de l’économie du territoire :
– Une nouvelle valorisation des substances naturelles peut conforter
l’image du « paradis préservé », et conforter les démarches de défense de
l’environnement et de bonne gestion des ressources.
– L’enjeu est donc qu’une activité soit relativement attractive et rentable
pour les porteurs de projets ou pour les acteurs économiques d’une filière
nouvelle.
– En même temps, la valorisation des substances naturelles doit pouvoir
démontrer son intérêt économique et social, pour s’afficher comme une voie
complémentaire, même modeste, en matière de création de richesse et d’emploi.
À ces conditions, elle méritera l’effort de promotion des pouvoirs publics.

111
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J.-C. SIMON © IRD éditions 2005

L’exemple récent du boom de la production de produits à base de nono (pourtant


inattendu d’après la majorité de nos interlocuteurs) vient confirmer le bien-fondé des
préoccupations de diversification : la ressource naturelle semble offrir des possibilités
inexploitées, permettant en quelque sorte de concilier des activités ancrées dans le
territoire et une création de valeur en répondant aux nouveaux besoins de marchés dans
des pays à fort pouvoir d’achat.

Dans ce contexte, cependant, les substances naturelles stricto sensu ne peuvent


être présentées comme une nouvelle corne d’abondance à moyen terme (5-10 ans), au
niveau de leur apport pour la création de richesse. À ce sujet, le passé doit inspirer un
enthousiasme mesuré : d’une part, la Polynésie a connu des vagues d’activités non
pérennes au cours du XXe siècle, « du coprah à l’atome » pour paraphraser le titre de
l’ouvrage de notre collègue C. Robineau ; d’autre part, de nombreux interlocuteurs de
Polynésie nous ont rappelé que l’engouement récent pour la perliculture et sa mauvaise
maîtrise ont provoqué une crise qui continue de laisser des traces, et dans le même ordre
d’idée les attentes vis-à-vis d’une filière « crevettes » se sont révélées un mirage sans
suite.

2. La dynamique de production et de transformation


des produits et substances naturelles dans le territoire

2.1 Quelques données actuelles


La mission d’étude locale en octobre 2003 a pu recueillir des informations sur
certaines activités de valorisation des produits naturels, bien établies dans le territoire
telles que celles de la vanille, du coprah. En corollaire, des filières émergentes
permettent de compléter la réflexion sur de nouveaux modèles économiques pouvant
être mis en place : nono, monoï. Elles fonctionnent et se structurent de manière fort
contrastée, et donc constituent autant de cas particuliers. Elles sont cependant
exemplaires et fournissent matière à réflexion car leurs acteurs, leurs logiques et leurs
évolutions récentes présentent un réel dynamisme, leurs modèles économiques pouvant
ainsi inspirer ceux de nouvelles filières de valorisation des substances naturelles.

Tableau 3. Quelques grandeurs de référence de certaines filières « produits naturels »

2002 Production (tonne) Exportations (tonnes) Valeur export (milions euro) Nombre de producteurs
Coprah 9 649 5 201 1,9 3 000
Monoï 260 243 1,4 -
Nono + de 10 000 3 580 6,2 8-10 000 ?
Vanille 36 10 2,2 5 000
Source Institut statistique de la Polynésie française (ISPF), divers interlocuteurs

Le coprah et son exploitation


Il s’agit d’une filière qui dépend principalement d’une volonté politique du
territoire, à travers la Caisse de soutien des prix du coprah (établissement public fondé
en 1967). Cette dernière « a pour but de soutenir les prix du coprah afin notamment
d’assurer des revenus stables aux producteurs. Aux termes de la convention passée avec

112
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J.-C. SIMON © IRD éditions 2005

le territoire et la Caisse de soutien des prix du coprah, la SA Huilerie de Tahiti


(établissement dont le territoire détient une participation à 99 %) s’oblige à acheter
comptant l’intégralité du coprah produit dans le territoire, à un prix fixé par les pouvoirs
publics4 ».

Le mécanisme en est donc le suivant. Le coprah est récolté, préparé et


conditionné pour son acheminement vers Tahiti depuis les archipels, des mandataires
assurant l’expédition. Les armateurs sont réglés directement par le Service des affaires
économiques. Le prix payé aux producteurs dépend de la qualité du coprah collecté. Sur
les quelque 9 600 tonnes collectées en 2002 plus de 9 000 sont recensées en première
qualité, payées 90 CFP/kg.

Le prix de soutien comprend le prix d’achat au silo de l’huilerie à Papeete


(103 CFP en moyenne couvrant le prix producteur, selon la qualité, majoré des frais
d’acheminement depuis les îles) auquel il faut ajouter plus de 3 CFP car le prix de vente
sur le marché de Rotterdam (moyenne 32 CFP) ne suffit pas à couvrir le coût
d’acheminement au centre d’échange en Europe. Le coût du soutien pour le territoire en
2002 est donc d’environ 10 FCFP par kilo, soit un budget de l’ordre du million de
FCFP.

Il s’agit d’un choix politique pleinement assumé par le territoire5. On retrouve


d’ailleurs des dispositifs comparables dans d’autres États du Pacifique. Concrètement,
ce dispositif d’appui compte près de 3000 exploitants agricoles, principalement sur trois
archipels : Tuamotu, Gambier (65 % du total avec 1940 coprahculteurs en 2002), îles
Sous-le-Vent (16 %, 483 coprahculteurs), Marquises (14 %, 422 coprahculteurs).
Comme un ménage moyen comprend 4 personnes, selon les termes du recensement,
12 000 Polynésiens sont liés plus ou moins fortement à cette activité. On constate un
recul de la production aux Marquises (– 45 % de 2000 à 2002) probablement du fait
d’une concurrence du nono, plus rémunérateur, ainsi que par des emplois dans les
travaux publics, alors même que l’augmentation aux Tuamotu (+ 30 %) s’expliquerait
par les difficultés de la perliculture6.

Ces éléments permettent d’alimenter une réflexion sur l’attractivité relative des
filières agricoles, et sur les choix des actifs ruraux : il est raisonnable de penser qu’à
moyen terme, les actifs se positionneront sur des filières pour lesquelles le rapport
revenu/effort est favorable, ce qui pourrait amener à un recul de la récolte de coprah si
les perspectives offertes actuellement par le nono, et peut-être à l’avenir le tamanu, se
confirment (voir ci-après).

Cela est d’autant plus plausible que, d’après les témoins, l’effort de récolte des
producteurs est substantiel dans l’archipel des Marquises, complétant d’autres pratiques

4 Document CA/ CSP 13 août 2003, document non diffusé.

5 Mme Pieroni, chef du Service des affaires économiques, a souligné la priorité de la politique sociale à travers ce
dispositif.
6 Document CA/ CSP 13 août 2003, document non diffusé.

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culturales. Il s’agit donc d’une activité d’intérêt social, confortant une pratique agricole
traditionnelle, favorisant le maintien dans les îles et l’entretien des espaces ruraux.

Les nouvelles perspectives de la filière vanille


La filière vanille a marqué l’histoire agricole de Polynésie. Diverses sources
décrivent le système extensif traditionnel de production qui permettait d’atteindre une
récolte de l’ordre de 200-300 tonnes de gousses de vanille mûre dans les années 1950.
Actuellement, les objectifs visent à relancer la production pour atteindre 100 tonnes
fournissant 25 tonnes de vanille préparée de haut de gamme à l’intention du marché
gastronomique.

L’essentiel de la production est assuré dans les îles Sous-le-Vent. Deux systèmes
coexistent : un système extensif, dans lequel les producteurs cultivent les lianes sur
support naturel, dans des vergers, et système intensif, sous ombrière, dans lequel la liane
est placée sur un tuteur artificiel. Dans le premier cas, la culture présente des variations
de production, en fonction notamment de la dynamique des agriculteurs et des données
climatiques. Dans le second cas, l’emprise foncière est moindre (permettant par
exemple d’installer de nouveaux producteurs) mais la technique de culture suppose un
bon contrôle en particulier des risques phytosanitaires. Au niveau de la recherche, le
Cirad est intervenu à la demande du Service du développement rural, afin de travailler
sur les aspects techniques (phénotypes du vanillier) et socio-économiques (système
d’exploitation).

Les efforts récents du gouvernement témoignent des espoirs importants dans les
perspectives de développement. Plusieurs plans de relance et de dynamisation se sont
succédé depuis les années 1980. Ils sont motivés par une hausse tendancielle des cours
depuis quelques années, tant pour la vanille courante que pour la vanille haut de
gamme…

Le gouvernement du territoire a adopté une politique très volontariste fondée sur


la mise en place d’un établissement public EPIC Vanille de Tahiti, doté de moyens
publics importants. Il intègre des fonctionnaires du SDR (Service du développement
rural) et bénéficie du contrat de Plan et a pour mission d’encadrer un programme de
développement visant à installer de nouvelles exploitations intensives, en mobilisant des
financements bonifiés, gérés par la SOCREDO. L’EPIC Vanille de Tahiti doit à
compter de 2004 faire porter cet effort sur une labellisation, sur la promotion et la
commercialisation de la vanille de Tahiti.

Nono : l’or vert nauséabond 7


Il s’agit d’un des produits phares tant de cette expertise que de la scène
économique locale, divine surprise, semble-t-il, en matière de création de valeur tirée
des produits naturels du territoire depuis le début de la décennie. Cette surprise, le
rapport de l’IEOM l’exprime en ces termes : « La culture du nono, inexistante il y a une

7 Ce titre fait allusion à l’odeur caractéristique désagréable de la purée ou du jus de nono non traité. Le liquide
alimentaire bénéficie d’additifs le rendant plus attractif.

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dizaine d’années, a profité de l’enthousiasme des consommateurs américains,


convaincus de ses vertus médicinales… » (IEOM, op. cit.).

Transformé sous forme de jus de fruit ou de complément alimentaire santé, le


nono bénéficie d’une abondante promotion appuyée sur plus de 50 marques (cf. liste des
sites Internet recensés par C. Bonhomme, rapport de mission préalable à l’expertise en
Polynésie, en février 2003). Il s’agit d’un produit qui capitalise une demande concernant
un aliment doté d’une image santé avec le thème de la nature et des traditions ethno-
pharmaceutiques insulaires. Le mythe du surfeur blessé sur les coraux, se soignant grâce
au jus de noni prescrit par sa grand-mère émerge facilement au fil des conversations. De
nombreux ouvrages de vulgarisation confortent l’image de ce produit nouveau
(Solomon, 2000 ; Elkins, 2003).

Un de nos interlocuteurs a décrit ainsi le succès de la filière nono : « Un produit


nouveau labellisé "santé" répondant aux attentes des consommateurs, plus la force du
marketing à l’américaine auquel il faut ajouter la puissance du réseau financiers et
commercial des mormons. » Au-delà de cette formule assez juste, et en recoupant les
informations des interlocuteurs les plus compétents (Cirad, SDR, M. Besnard), on peut
suggérer le diagnostic suivant :
– Le nono prend une nouvelle dimension dans le système agricole du
territoire avec une réduction – au moins relative – du système de cueillette au
bénéfice d’une plantation qui semble d’un excellent rapport relatif (cf. tabl. 4).
La production est répartie sur plusieurs archipels : Marquises, îles du Vent et îles
Sous-le-Vent. Nous ne disposons pas de données détaillées à ce sujet, mais cette
dispersion est certainement un facteur positif pour fonder un système
économique étayant l’objectif de redistribution au sein du territoire. La chambre
d’agriculture a modifié le statut des planteurs qui sont reconnus depuis 2000. Il
n’y a pas à ce jour d’intervention de vulgarisation sur ce produit.
– Le boom du « noni » semble devoir beaucoup à la dynamisation de la
filière par le système de l’entreprise Morinda présente dans le territoire depuis
1998. Elle organise la collecte, fixe les normes de qualité et la rémunération des
producteurs, sous-traite la transformation, en attendant la mise en activité d’une
usine en construction qui devrait être opérationnelle en 2005.
– L’essentiel de la production est exportée. Il s’agit essentiellement d’une
exportation de jus de nono, les ventes de gellules et autres capsules sont très
marginales, réalisées notamment par Royal Tahitian Noni, établie à Moorea en
2002.
Tableau 4. Exportations de nono

Exportation de nono 1998 1999 2000 2001 2002 2003


Poids (tonne) 2 648 3 689 3 091 3 427 3 579 3 973
Valeur (million FCFP) 271 345 370 861 959 900
Source Institut statistique de la Polynésie française (ISPF)

L’enjeu réside en partie seulement dans l’organisation de l’amont : culture


rémunératrice, organisation de la collecte, car sa prospérité dépend de paramètres
extérieurs au territoire. Le ressort international est celui d’un marketing très dynamique.
Aux États-Unis et au Japon, il se fonde principalement sur un réseau de vente à domicile
et une organisation pyramidale. La diffusion à venir en Europe (« Autorisation de mise

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en marché du jus de noni », en date du 5 juin 2003) devrait être riche d’enseignements
sur le potentiel commercial réel dans les marchés relativement saturés des pays
développés.

Laissons à un anthropologue, volontairement anonyme, la conclusion provisoire


de ce diagnostic : « L’irruption du nono comme nouvelle filière semble être pour la
Polynésie ce que l’ambroisie est pour la mythologie grecque ou l’amarit pour
l’hindouisme : un produit doté de vertus miraculeuses, dont le producteur divin contrôle
la source et l’apparition surprend les dévots. »

Valorisation du tiaré : le monoï


Ce produit est mentionné ici à plusieurs titres. C’est tout d’abord une substance
fabriquée, tirant parti d’une ressource spécifique de la Polynésie. On lui doit aussi une
filière active approvisionnant le marché intérieur et l’exportation. De plus, il bénéficie
d’une forme institutionnelle intéressante : un label d’Appellation d’origine contrôlée,
valorisée par un groupement interprofessionnel.

Quelques textes instructifs sur le monoï

« Le Monoï, traduit par "huile parfumée", est au cœur de la tradition


polynésienne depuis toujours. Ses vertus médicinales et cosmétiques continuent
aujourd’hui à séduire le consommateur du XXIe siècle ; à la fois agent hydratant pour la
peau et les cheveux, antifongique, antiseptique, il prévient même la piqûre des
insectes », rapport IEOM 2002, p 82.

« Issu de traditions millénaires, seul le monoï de Tahiti vous assure de bénéficier


des vertus de la fleur de tiaré et de l’huile de coprah raffinée qui le composent. La
qualité des ingrédients utilisés autant que les conditions de son élaboration sont depuis
1992 garantis par l’Appellation d’origine », institut du Monoï 2003.

« Le monoï de Tahiti est le produit obtenu par macération de fleurs de tiaré dans
l’huile de coprah raffinée, extraite de noix de coco récoltées dans l’aire géographique de
Polynésie française au stade de noix mûres, sur des sols d’origine corallienne. Ces noix
doivent provenir du cocotier Cocos Nucifera et des fleurs de tiaré de l’espèce végétale
Gardenia Taitensis (flore de Candolle) récoltées au stade de fleur en bouton… », décret
92-340 du 1.4.1992.

La progression récente des exportations de monoï ne doit cependant pas occulter


le fait que l’essentiel (de l’ordre de 95 %) en est exporté vers la métropole. Cette
polarisation des ventes est l’un des points que le GIE Monoï entend corriger. Des
actions marketing ont été entreprises en Europe et en Asie. Les ressources du GIE
groupement interprofessionnel du monoï de Tahiti sont basées sur une taxe à
l’exportation. Les priorités du groupement visent à promouvoir une nouvelle image du
monoï, « actif régénérant du corps et de l’âme », à consolider les connaissances
scientifiques et cosmétiques, et à diversifier les zones de commercialisation.

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Autres ressources d’origine agricole


Au-delà des quatre produits susmentionnés, pour lesquels l’activité existante
peut déjà être évaluée et offrir matière à réflexion, une nouvelle valorisation semble
potentiellement exister pour d’autres produits des îles polynésiennes, et notamment sur
les produits déclinés ci-après, qui présentent pour certains le double caractère « produit
agricole naturel consommable /produit agricole susceptible d’extraction de substance ».

Le kava
Il n’est pas apparu, lors des entretiens, que le kava de Polynésie offre des
perspectives économiques prometteuses. Les travaux de recherche du SDR ne semblent
pas identifier un potentiel pour développer la culture dans le territoire. On fait valoir
l’inexistence d’un potentiel en termes d’exportation, largement du fait de la concurrence
d’autres pays ou territoires du Pacifique. Cependant, un industriel (Jus de fruit de
Moorea) envisage de promouvoir un produit, « la boisson de l’accueil », à base de kava
local.

Fruits et fleurs de Polynésie


Il est fait état de la spécificité en goût, donc en arômes, de plusieurs fruits des
archipels polynésiens, par exemple ananas, mangues. Des travaux de recherche
semblent nécessaires pour mieux identifier les arômes, les variétés, ainsi que les
perspectives d’utilisations extra-alimentaires (parfumerie ?). Le Cirad notamment est
partenaire du SDR dans le cadre d’une étude sur les mangues des Marquises. La société
Jus de fruit de Moorea a réalisé une étude sur le potentiel de production de fruits,
notamment aux Marquises, afin de conforter sa stratégie de diversification de produits
alimentaires utilisant la ressource locale.

L’expérience de promotion d’exportation de fleurs de Tahiti a montré qu’il est


difficile de construire de nouvelles filières sur des productions locales, certes à bonne
valeur ajoutée, mais fragiles et engageant une logistique délicate. Le GIE constitué sur
cette activité a échoué dans sa mission, selon nos interlocuteurs.

Les essences et huiles naturelles


Tiaré
La production d’extrait de la fleur de tiaré semble offrir un potentiel intéressant.
L’extraction d’une essence pour la parfumerie apparaît comme une activité bien adaptée
au territoire : forte valeur ajoutée, enjeu de collecte régulière fournissant une activité à
temps partiel pour des populations rurales. Une entreprise de Moorea, Tahiti Aromes,
filiale du Cairap, s’est positionnée sur ce créneau. Elle a rodé en 2003 un équipement
produisant la concrète de tiaré. Le problème de l’adéquation de la ressource au marché
reste cependant posé.

Tamanu
Il semble selon le SDR que le tamanu n’offre pas le même potentiel que le nono.
La ressource n’est pas aussi abondante. Elle pose des problèmes de difficulté de
cueillette et d’approvisionnement. L’huile de tamanu a une réputation plutôt

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confidentielle, mais un groupement de producteurs-transformateurs et exportateurs


entend s’attacher à sa notoriété et sa vente.

Dans le tableau présenté ci-après, on s’applique à identifier le nombre des


principaux exportateurs installés sur le territoire. Certes, pour la plupart des filières, on
se trouve dans des situations d’oligopoles, mais les conversations avec certains
exportateurs, notamment dans la filière vanille, semblent indiquer que cette situation ne
pèse pas sur les conditions économiques, par exemple au détriment des producteurs
agricoles. On reste plutôt sur une impression de concertation possible et de négociations
bien rodées entre les acteurs.

Tableau 5. Entreprises exportatrices de produits naturels

Exportateurs recensés Produits


Coprah Huilerie de Tahiti Huile de coprah
Aliments et boissons 3 Liqueurs, confitures, sauces
Nono 15 Jus, purée, pulpe, tisane
Vanille 5 Gousses, extraits
Cosmétique 11 Monoï, huiles essentielles
Source : Département des exportations (liste/ identité des exportateurs recensée(s) par le département).

2.2 Quels enseignements tirer des développements récents des filières fondées
sur des produits naturels en Polynésie ?
Les « modèles économiques » constatés
Nous proposons ici une première synthèse comparative sur quelques activités
fondées sur l’exploitation de substances naturelles terrestres. Dans le tableau suivant,
nous reprenons les principaux produits retenus précédemment afin de caractériser leurs
dynamiques particulières en fonction de critères économiques, sociaux, institutionnels.

Tableau 6. Les éléments structurels de quelques filières établies

Expérience Rentabilité Innovation Enjeu social- Institutions Perspectives de


commerciale patrimonial développement
Coprah + 40 ans Nulle Nulle Fort Caisse de Nulles
soutien 1967
Monoï + 20 ans Forte Moyenne Moyen GIE GIMT Moyennes
2002
AOC 1992
Nono – 5 ans Forte Forte Moyen Moyennes
Vanille + 50 ans Moyenne Moyenne Fort EPIC 2003 Fortes
Tamanu ? ? ? Moyen Syndicat ?
producteurs
huile

Ce tableau reste général quant à une véritable caractérisation structurelle, mais


permet de dégager et de synthétiser plusieurs éléments de réflexion :
– Un système production fortement subventionnée s’applique à la filière
coprah. Peut-on envisager que de nouvelles filières viennent réduire son espace,
et son coût, sans peser sur son rôle social et son enjeu de solidarité inter-
archipels dans le territoire ?

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– Le succès du nono suggère qu’il peut offrir une solution de rechange à


des activités peu rémunératrices et fortement subventionnées. Toutefois, cette
nouvelle filière reste à étayer sur le moyen terme – la demande des
consommateurs pour cet aliment santé est-elle durable ?
– Il est risqué d’envisager une analogie entre le nono et le tamanu. Les
modes de fonctionnement du système de production et la dynamique des
marchés sont très dissemblables.
– Les incitations financières publiques sont existantes tant pour des
activités d’intérêt social, non rentables, que pour le développement ou la
réactivation de nouvelles activités ; elles semblent cependant encore absentes
actuellement de certaines filières comme le nono et le tamanu.
– Les formes d’organisation de producteurs sont instructives. La capacité
locale d’organisation est réelle mais on peut s’interroger sur les voies de
renforcement du tissu d’entreprise en aval de la production agricole.
– L’enjeu des marchés extérieurs est déterminant, et perçu avec acuité dans
le territoire. La volonté des entrepreneurs locaux de se situer face aux États-
Unis, au Pacifique et à l’Europe est réelle. Un renforcement des actions
d’exportation est en cours, appuyé par les pouvoirs publics.
Le tableau 7 présenté ci-après vient compléter le cadre de réflexion sur les
filières de produits naturels. Il montre que le choix des producteurs semble dépendant
des considérations de revenu, qui peuvent être compatibles avec d’autres de type non
monétaire. Ce facteur ne peut donc être sous-estimé dans la mise en place de nouvelles
activités de valorisation des substances naturelles. Certes, les données peuvent être
discutées mais il apparaît sur cette base que le succès de la filière nono tient largement à
sa création de valeur et de revenu.

En caricaturant un peu, selon ces données, une alternative entre deux types
d’activités semble offerte à l’agriculteur polynésien : une production de faible rapport,
pour un usage peu valorisé (coprah ou taro), versus une production bien rémunératrice
destinée à des marchés extérieurs considérés comme prometteurs.

Tableau 7. Productivité du travail : comparaison du revenu par heure des systèmes de


culture

2000 Vanille Coprah Nono Taro


Prod./actif kg 400 12 500 50 000 6 500
Prix /kg 3 500 80 60 200
Revenu /an 1 306 000 1 000 000 294 000 1 300 000
Revenu horaire 870 513 1506 660
Unité FCFP Nb : SMIG Polynésie : 592 FCFP/h
Source : Berthommé et Ferraton, 1999.

Quelle prise en compte des produits de la mer ?


Les contacts noués lors de la mission locale n’ont pas permis d’identifier
d’activités spécifiques nouvelles, axées sur la valorisation des substances naturelles
d’origine marine. La visite du centre de recherche Ifremer permet de souligner le
progrès potentiel qui pourrait être accompli pour des filières classiques telles que
l’aquaculture et la perliculture. Pour cette dernière, les connaissances scientifiques

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peuvent encore faire un grand bond et des techniques innovantes de sélection et de


culture seront très probablement mises au point au cours des prochaines années.

Nous n’avons pas recueilli d’information sur des activités actuelles de


production d’algues pour des usages alimentaires, cosmétiques ou pharmaceutiques…
Peut-on étayer l’hypothèse qu’il n’y a pas d’avantage spécifique de la Polynésie sur ce
créneau, tant en raison de la non-spécificité des espèces que des coûts de main-d’œuvre
ou encore de l’éloignement par rapport aux marchés ?

Le Groupement d’intérêt économique perles de Tahiti

Le GIE perles de Tahiti dispose d’un budget de 750 millions CFP (6,3 millions
d’euros) pour 2003. Ce budget est alimenté par la taxe à l’exportation sur les perles. Sur
les 200 FCFP (1,67 euro) perçus par le territoire par gramme de perle, 70 FCFP sont
reversés au groupement pour la promotion de la perle dans le monde (source Tahiti
presse, 19.10.03).

Les données statistiques dont nous disposons ne permettent pas de proposer une
comparaison des contributions relatives des filières de produits marins et terrestres à
l’emploi et à la création de valeur dans le territoire.

Les priorités du Service de la pêche semblent clairement axées sur la


dynamisation de la pêche hauturière qui a fait l’objet de mesures publiques
d’encouragement à l’investissement, ainsi que sur une amélioration de la gestion de la
pêche lagonaire. D’après M. Ugolini, responsable du service, les moyens sont mobilisés
à 50 % sur la pêche hauturière, le reste étant réparti entre pêche lagonaire et
aquaculture. La pêche industrielle représente environ 1200 emplois directs, pour une
flotte de 64 unités en 2003.

Un élément à souligner dans ce contexte marin est la concertation dans la gestion


de la ressource et la bonne finalisation des plans littoraux : ainsi le Plan de gestion de
l’espace maritime de Moorea était-il en cours de publication fin 2003. Coordonné par le
Service de la pêche, ce règlement consacre la concertation des différents utilisateurs du
littoral dans une optique de développement durable. Il arbitre entre les impératifs
immobiliers, touristiques, environnementaux, économiques.

Dans notre champ d’information – où le domaine marin est finalement peu


présent –, la seule exception notable est l’annonce par le groupe Wan et le GIE Perles
de Tahiti du lancement en novembre 2003 d’une nouvelle ligne de cosmétique utilisant
de la poudre de perle noire par la société l’Oréal. Ce nouveau produit a selon ses
promoteurs un effet anti-âge. La poudre de perle est un sous-produit de la production du
territoire puisque les perles hors norme pour la bijouterie sont exclues de toute
commercialisation et broyées.

On doit mentionner ici les travaux de la filiale de la société Cairap, Biolib,


portant sur le kopara et sur la sélection de molécules d’origine marine. Son approche
technologique et commerciale semble particulièrement innovante. Nous renvoyons à la
contribution de J. Guézennec et C. Debitus sur ces aspects.

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Trois points noirs ?


Trois questions concernant le dynamisme des filières de produits naturels sont
soulignées par plusieurs interlocuteurs.

L’accès au foncier pour le développement de nouvelles cultures


Il s’agit d’un problème de base créé par la coutume de laisser le foncier en
indivision. Même si ces situations peuvent être réglées au cas par cas, la pression sur le
niveau des prix est très forte. Cependant, l’exemple de la filière vanille ou de la
production d’ananas montre que le développement de la production peut être recherché
à travers des systèmes plus intensifs – donc sans recherche de terres supplémentaires –
mais aussi que la pluri-activité permet d’introduire de nouvelles pratiques tout en
garantissant mieux la stabilité des revenus ruraux.

Dans le même ordre d’idée, la question de la gestion du littoral reste posée :


l’absence de surface disponible a annulé les perspectives de développement de
l’aquaculture de crevette semi-intensive. A contrario, les expériences de gestion de la
ressource lagonaire (plans locaux d’utilisation) peuvent suggérer qu’un partage de la
ressource peut être organisé.

La vulgarisation agricole par les services publics


Plusieurs interlocuteurs, de divers statuts, soulignent les limites de l’intervention
publique de formation et de vulgarisation au service des projets agricoles. Le Service du
développement rural est montré du doigt fréquemment. Ses services centraux sont
qualifiés de sclérosés, sa recherche est considérée comme insuffisante, par ailleurs les
appréciations sur ses agents de vulgarisation dans les îles sont ambiguës : sont-ils peu
compétents, mal dotés en moyens ou peu disponibles ? Ce qui est certain, c’est qu’avec
les nouvelles mesures de déconcentration administrative, un large éventail de fonctions
incombent, y compris pour le compte d’autres ministères, aux fonctionnaires du SDR
dans les îles.

En ce domaine également, l’appréciation de la situation doit prendre en compte


un contexte délicat. Pour la filière vanille, le SDR, désavoué par le gouvernement, a vu
ses moyens transférés à l’EPIC. Pourtant, certains interlocuteurs ont indiqué que les
agents du SDR pouvaient fournir information et appui. En tout état de cause, le territoire
ne peut se passer d’un réseau d’animation et de vulgarisation tant pour répondre aux
attentes de ses producteurs que pour encadrer des activités soucieuses de développement
durable et de labellisation.

La démographie des exploitants : le vieillissement des agriculteurs


Tant nos interlocuteurs que les travaux d’étude récents ont souligné le caractère
traditionnel de la plupart des exploitations, dirigées par des exploitants âgés, se
contentant d’une activité vivrière : c’est le cas de nombreuses vanilleraies, mais aussi de
la plupart des productions fruitières traditionnelles (ananas, mangues, etc.). On peut
consulter à ce sujet la présentation de la démographie des agriculteurs dans le rapport
Berthommé et Ferraton.

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Pourtant, il semble que la possibilité de dynamiser la population des exploitants


agricole est réelle : l’expérience de l’EPIC Vanille montre que des dossiers de
développement peuvent être préparés par de nombreux agriculteurs motivés et dans la
force de l’âge (pas de renseignement chiffrés, mais critère de refus de dossier pour les
plus de 60 ans). Dans le même ordre d’idée, les projets de la société Jus de fruit de
Moorea semblent rencontrer un accueil très favorable auprès des producteurs d’ananas
locaux (cf. plus haut), ce qui indique une bonne réactivité et une motivation effective
des agriculteurs polynésiens dans le sens d’une amélioration du système de production.

3. Innovation et projets en Polynésie

Comment des projets nouveaux fondés sur les substances naturelles peuvent-ils
être accueillis dans le territoire ? En commençant par donner un bref aperçu des projets
innovants du territoire, puis en mentionnant les efforts de l’État, nous allons examiner
les initiatives des entreprises implantées localement.

3.1 Le contexte de l’innovation


Le contexte général dans le territoire
Compte tenu de l’étroitesse relative du tissu local d’activités productives,
l’innovation semble être un thème mineur, tant dans les informations générales que dans
les politiques publiques ou les pratiques des milieux économiques. Cependant, des
événements globaux, tels que les problèmes écologiques (espèces invasives, gestion des
déchets) ou encore de santé publique (nutrition), mais aussi plus ponctuels comme la
fête de la Science, suscitent des questions, des articles de presse, pouvant accroître les
motivations des décideurs pour un meilleur ancrage de la recherche, des nouvelles
technologies, et des pratiques innovantes dans le territoire.

Plusieurs de nos interlocuteurs ont exprimé leurs préoccupations quant à la


promotion des innovations, mais aussi leurs doutes en raison d’un manque de moyens
pour coordonner et mettre en œuvre localement des projets construits de recherche-
développement innovante. Pourtant, le gouvernement a mené une réflexion dans ce sens
depuis plusieurs années, qui s’est notamment traduite par des actions mobilisatrices
telles que le projet Metua. Cette réflexion sert aussi de toile de fond aux projets
sectoriels dont certains ont été évoqués plus haut. De plus, les travaux entrepris sur la
filière perlière, mais aussi les ambitions en matière de pêche hauturière et lagonaire,
comportent une forte composante de recherches finalisées. L’émergence du projet de
plate-forme technologique Gepsun (« Génie des procédés substances naturelles »)
inscrit dans le contrat de Plan avec l’État, concrétisée par un accord signé en novembre
2003, constitue un nouveau support pour renforcer le travail de recherche-
développement sur les substances naturelles dans le territoire (cf. ci-après encadré sur le
Gepsun).

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Le programme METUA (Multimedia Environment based on Technologies for


a Universal Access) est actuellement l’instrument principal de la politique territoriale en
faveur du développement des technologies de l’information et des communications en
Polynésie française.

Décidé en avril 1999, c’est un des éléments clés en faveur du développement


d’une activité économique fondée sur les technologies de l’information et des
communications. Il vise la remise en cause de certains handicaps structurels qui
pénalisent le développement économique de la Polynésie française. Les distances
apparaissent désormais comme un marché pour les technologies de l’information et des
communications, et l’innovation en général. Par conséquent, tout comme les pouvoirs
publics sont intervenus dans les secteurs traditionnels pour développer les
infrastructures et créer un environnement propice à leur croissance (construction
d’aéroport, de port de plaisance, aménagement des côtes), le gouvernement s’investit
dans certains secteurs technologiques. En effet, un préalable indispensable à la
promotion des investissements privés dans ces secteurs est la création d’un
environnement adapté. Des exemptions fiscales ont été décidées pour l’importation de
matériel informatique et des investissements sont renforcés dans le domaine des réseaux
de télécommunication.

« Le principe du Village METUA est à rapprocher, toute proportion gardée, du


modèle de Sophia-Antipolis. […] comme cette cité de la science il y a 40 ans, le projet
polynésien est ambitieux mais pas irréalisable ; d’ailleurs, le Gouvernement polynésien
a signé une convention avec la Fondation Sophia-Antipolis afin de partager un savoir-
faire et trouver des entreprises susceptibles d’être intéressées pour s’installer dans le
Village METUA. Ce dernier consiste en une technopole qui pourrait accueillir des
entreprises du secteur des services dans le domaine du multimédia, et pourquoi pas,
dans tous les secteurs technologiques.

« Il ne s’agit encore que d’un projet, mais qui se fonde sur trois piliers
principaux, (i) l’implantation d’entreprises polynésiennes et extérieures, (ii) le
développement d’un pôle de recherche et de formation de haut niveau rayonnant sur
toute la zone Pacifique, et (iii) faire du Village METUA un lieu d’animation et
d’échange convivial8 » (Bagnis, 2003).

On peut penser que la dichotomie État-territoire ne facilite pas la réflexion ou la


mise en œuvre des projets. D’un côté, le retard du lancement du projet Gepsun doit
probablement être mis sur le compte de cette dualité. De l’autre, l’expérience du
concours annuel national de création d’entreprise de technologie innovante du ministère
français de la Recherche semble indiquer que l’État peut faire émerger des projets
dynamiques.

8 En ce sens, des études sont menées pour trouver le lieu d’implantation idéal, qui impliquera des constructions
importantes et des répercussions économiques pour la commune choisie. Source : Service des technologies de l’information et des
communications de la Présidence du gouvernement.

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Le délégué dans le territoire (DRRT), M. Maurin, a fait part de plusieurs cas de


projets innovants présentant une configuration originale : une articulation réelle entre un
porteur localisé dans le territoire, appuyé sur des structures scientifiques ou
technologiques de l’État (UPF par exemple) et des relais techniques ou commerciaux de
la métropole.

Nous n’avons pas eu accès à l’ensemble des dossiers des années passées.
Cependant, M. Maurin précise que le nombre de dossiers présentés annuellement reste
assez stable : 4-7 environ. Il s’agit de dossiers sérieux, bien construits, portés par des
universitaires, industriels, jeunes diplômés. Parmi ceux primés, on trouve un projet
d’exploitation de larves de poissons lagonaires, une installation d’horticulture innovante
(culture hydroponique réfrigérée sous abri avec contrôle des rejets, pour substituer des
productions locales à des importations).

Recherche publique et projets innovants


La mission de coordonner la recherche est dévolue au délégué régional à la
Recherche et à la Technologie. Il a pour mission « d’animer et de coordonner le
développement de la recherche et de la technologie », ce qui en fait un pivot majeur
pour « coordonner l’action des établissements publics…, mener ou susciter toutes les
actions nécessaires en vue de favoriser le décloisonnement de la recherche et son
ouverture sur le monde socio-économique…, développer les actions de valorisations et
organiser les transferts de technologie ».

Un nombre appréciable d’institutions publiques conduisent une activité de


recherche scientifique finalisée dans le territoire. Cette recherche est très fréquemment
menée en collaboration avec des partenaires locaux tels que services du territoire ou de
l’Université.

Le CIRAD intervient dans le cadre d’un accord cadre État-territoire, signé en


1995. Ses activités sont menées principalement en réponse à la demande du Service du
développement rural, et s’orientent selon trois axes : recherche d’accompagnement,
expertises et études de filières, actions de formation des cadres locaux. Les travaux
innovants recouvrent notamment les domaines de la caractérisation des santals des
Marquises, et de celle des virus des vanilliers.

L’IFREMER dispose d’un centre de recherche en propre situé à Vairao. Nous


retirons de la présentation de D. Buestel, son directeur, que l’axe prioritaire est l’appui à
la filière perlière. De manière complémentaire, les travaux de l’institut visent à conforter
les activités aquacoles dans le territoire.

Le laboratoire d’histologie mène actuellement une étude du greffon/ sac perlier.


Cette recherche intéresse le mode de formation de la perle pour comprendre la genèse
des défauts, tels que cerclage et piquetage.

Le laboratoire de biologie moléculaire conduit des travaux sur le typage des


populations d’huîtres perlières, sur l’originalité des populations. Il s’agit de mieux
prendre en compte les problèmes affectant les populations et les interactions entre les
sites : pathologies, génétique, micro-salissures.

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Substances naturelles en Polynésie française


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Deux difficultés sont signalées pour la valorisation de ses recherches dans le


territoire :
– au niveau du transfert des outils et méthodes mis au point par les
scientifiques de l’IFREMER par manque de cadres scientifiques et de moyens
dans les services techniques ;
– au niveau des modes de définition et de concertation pour les
programmes de recherche-développement avec les services du territoire :
prestation de service ou partenariat ?
L’IRD gère un centre et des laboratoires permanents. Il restructure ses
programmes, dans le cadre du renouvellement quadriennal de ses unités en 2004. De
nouvelles actions sont annoncées sur des thématiques telles que la gestion des milieux
lagonaires, l’application de la télédétection à la prévision des déplacements des stocks
halieutiques.

Quant à l’Université de Polynésie française, nous n’avons pu mener une


approche descriptive de ses ressources et de ses activités dans le domaine de l’expertise.
Elle apparaît cependant réellement impliquée sur plusieurs axes de recherche-
développement et d’innovation, notamment à travers des travaux au bénéfice de services
du territoire, par l’encadrement de boursiers en thèse Cifre avec la société CAIRAP et
l’implication dans le groupement Gepsun.

Deux structures visitées par la mission préalable à l’expertise de février 2003


peuvent donc être à nouveau mentionnées : le laboratoire de chimie analytique, unité
comportant quatre enseignants chercheurs et deux thésards et la jeune équipe « Terre-
Océan ».

Organismes territoriaux
S’agissant de l’institut Malardé, un entretien réalisé avec le nouveau directeur, le
professeur R. Chansin (novembre 2003), fait ressortir une volonté de consolider la
position de l’ILM dans le territoire. Il s’agit de renforcer son potentiel et sa crédibilité
scientifiques, et de répondre en priorité aux défis bio-médicaux du territoire. Ce
nouveau directeur souligne aussi qu’un renforcement des travaux sur les substances
naturelles passerait impérativement par la construction d’une équipe de haut niveau.
Idéalement, celle-ci mobiliserait 4 à 5 chercheurs à plein temps.

On rappelle que le laboratoire de recherche sur les substances naturelles a été


créé en 1991.

Selon les informations publiées, il effectue des travaux dans plusieurs


domaines :
– étude sur les substances volatiles et aromatiques issues de la flore locale ;
– analyse de la composition chimique et des propriétés biologiques
d’espèces végétales employées en médecine traditionnelle.
Le laboratoire est doté d’équipements performants : chromatographe phase
gazeuse, spectromètre de masse, chromatographie liquide à haute performance.

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Substances naturelles en Polynésie française


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Le potentiel de recherche du Service du développement rural n’a pu être


apprécié lors de notre visite. Il en est de même pour le Service de la pêche et le Service
de la perliculture. Il a été mentionné plus haut que ces services assurent une fonction
d’animation et de promotion technique et scientifique au profit des acteurs économiques
du territoire, en mobilisant notamment les compétences des établissements nationaux
susmentionnés.

Les établissements/ laboratoires publics (État ou territoire) affichent donc un


potentiel non négligeable. Le Territoire peut se prévaloir d’un tissu diversifié, bien
établi, mesuré à l’aune des autres territoires et nations du Pacifique. Cependant, il est
certain qu’un renforcement des moyens et de la coordination entre les acteurs est
nécessaire tant pour une meilleure prise en compte des programmes de travail sur les
substances naturelles que pour appuyer des projets fédérateurs. Est-il possible de
favoriser une mobilité des chercheurs vers le territoire, peut-on conforter des
groupements temporaires sur des actions mobilisatrices (on pense à des configurations
du type du Gepsun), mais aussi à des projets de plus long terme nécessitant un
engagement fort (par exemple, l’idée d’une structure assurant le rôle de « souchothèque
publique » envisagée dans le chapitre sur les substances marines, etc.).

Le Gepsun : une plate-forme technologique à l’essai

Le GEPSUN est un groupement d’acteurs scientifiques et industriels. Son statut


définitif (GIE, association...) n’est pas fixé. Les partenaires fondateurs sont convenus
que la coordination est organisée à partir de l’Université de Polynésie française. Les
fondateurs sont côté recherche l’UPF, le CIRAD et l’IRD, et côté industriel Jus de fruit
de Moorea, le Laboratoire de cosmétologie du Pacifique Sud et le CAIRAP.

Il bénéficie pour ses deux premières années d’activité d’un financement de


l’État, prévu au contrat de Plan quadriennal. Il vise à promouvoir les projets d’études
finalisées sur les substances naturelles dans le territoire. Des travaux peuvent être
réalisés par les membres du groupement pour des clients extérieurs. Des projets de
recherche-développement peuvent être soutenus par les moyens du groupement.

Comment conforter le projet Gepsun ?

– Préconiser une meilleure insertion et une articulation avec le territoire. De ce


point de vue, on peut relever comme une incohérence le fait qu’aucune institution ou
service du territoire ne fasse partie des fondateurs.

– Appuyer son insertion dans les réseaux de diffusion scientifique internationale


et de veille technologique de métropole (on suggère par exemple une entrée axée sur
deux régions de métropole Provence-Alpes-Côte d’Azur et Rhône-Alpes).

– Favoriser la mobilisation de jeunes chercheurs par le biais d’octroi de bourses


de recherche master/ post-doctorants qui seraient co-financées par le territoire et Gepsun
pour favoriser le travail scientifique, en particulier de jeunes Polynésiens.

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La situation est évolutive. Plusieurs établissements publics ont restructuré leurs


activités dans le territoire. On peut la qualifier de transitoire, ce qui amène à poser
plusieurs questions :
– Y a-t-il une masse critique pour les activités de recherche, en particulier
dans le domaine des substances naturelles ?
– La relation entre établissements nationaux et services du territoire est-elle
suffisamment articulée ? Peut-on imaginer de nouvelles articulations ? Un
meilleur affichage de la politique des autorités polynésiennes est-il susceptible
de favoriser une nouvelle mobilisation des établissements scientifiques
nationaux – EPIC et EPST confondus ?

3.2 L’innovation dans les entreprises


Les entreprises dans le territoire de Polynésie
Le tissu d’entreprise de Polynésie française est relativement dense et actif pour
une économie insulaire de cette taille. L’Institut statistique recense plus de
18 000 entreprises de l’industrie et du commerce, tous secteurs confondus. On relève
que plusieurs dizaines sont créées ou radiées chaque mois (taux inférieur à 1 %), ce qui
traduit une réelle dynamique entrepreneuriale dans le territoire. Ces dynamismes sont
certes concentrés sur Tahiti. Cependant, les initiatives de projets agricoles ou
touristiques montrent que de nombreux archipels ou îles peuvent présenter un contexte
favorable aux nouveaux développements d’entreprise. On peut considérer que la
population des entreprises petites et moyennes (plus de 10 salariés) est de l’ordre d’une
centaine d’entreprise dans l’industrie, l’agriculture ou la construction, et de près de
600 entreprises dans les services (tableau 8ter). Le tissu des entreprises est relativement
diversifié, avec une bonne complémentarité entre activités industrielles et de service. Il
est aussi appuyé par un secteur bancaire solide ainsi que par d’autre services efficaces
(juridiques et comptables notamment).

Tableau 8. Quelques données sur les entreprises dans le territoire

2000 2001 2002


Nombre (toutes activités) 34 800 36 800 39 000
Sarl 1 939 2 025 2 227
Salariés 57 900 59 000 61 400
Industrie 2 650 2 760 2 820
Source Institut statistique de la Polynésie française (ISPF)

Tableau 8bis. Taille des entreprises (2004)

Taille 0-9 salariés 10 à 49 salariés Plus de 50


salariés
Agriculture 6 364 44 13
Construction 2 964 75 17
Industrie 2 730 106 9
Service 28 474 479 140
Source Institut statistique de la Polynésie française (ISPF)

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Tableau 8ter. Statut des entreprises (2004)

Sarl SA Sté coopérative


Agriculture 60 9 32
Construction 217 23 25
Industrie 287 41 52
Service 1797 294 581
Source Institut statistique de la Polynésie française (ISPF)

Entreprises et innovation
L’étude locale a pu rencontrer plusieurs responsables d’entreprises engagés dans
des projets innovants :
– Il s’agit dans certains cas de diversification d’activité concernant des
produits proches de l’activité principale, par exemple de nouveaux produits
alimentaires ou cosmétiques.
– Il s’agit plus ponctuellement de projet misant sur l’innovation :
productions nouvelles pour le territoire, dans certains cas utilisant des
équipements et procédés de bon niveau technologique, innovants dans le
contexte polynésien.
– Certains industriels ont exprimé une attitude positive vis-à-vis de
propositions d’affaires qui leurs seraient soumises par des porteurs de projet
ayant besoin d’un appui pour une localisation polynésienne. C’est un indice
d’une possibilité pour un projet innovant concernant les substances naturelles de
s’enraciner dans des réseaux locaux, à condition qu’il soit réaliste et mûri.
Il semble que le contexte local soit plutôt favorable à la mise en œuvre de projets
nouveaux : les idées innovantes dérivées de la recherche peuvent dans certains cas être
reprises par des porteurs de projet locaux en recherche de diversification, dans d’autres
cas il serait judicieux de favoriser « l’importation » et l’insertion de porteurs de projets
extraterritoriaux susceptibles de renforcer les activités locales. Par ailleurs, les
ressources financières du secteur privé sont mobilisables, des réseaux de projet ou des
collaborations interentreprises sont envisageables dans un tissu local caractérisé par une
diversité d’acteurs privés et publics dont les interactions sont dynamiques et évolutives.

4. Domaines d’intervention pour favoriser la valorisation des


substances naturelles dans le territoire

Le renforcement de la valorisation des substances naturelles peut s’appuyer sur


des éléments tangibles dans un territoire où, face à une biodiversité terrestre intéressante
ou marine peu prospectée, les conditions socio-économiques structurelles ne sont pas
très porteuses à première vue.

Cependant, les projets émergent et la réactivité des acteurs témoignent d’un


dynamisme réel, qui peut probablement bénéficier de nouveaux dispositifs susceptibles
d’être mis en place dans le territoire. Il est donc possible d’identifier plusieurs domaines
sur lesquels faire porter les efforts dans l’avenir : renforcement des actions
réglementaires, appui aux projets innovants d’entreprise, appui à l’innovation
scientifique et technologique.

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4.1 Possibilités de renforcement des actions réglementaires


Politique de labellisation
On signale deux catégories de produits bénéficiant de labels « bio » attribués à
des producteurs en Polynésie9 : d’une part pour des agriculteurs (production fruits et
légumes), de l’autre pour un producteur-transformateur de jus de nono (Royal Tahitian
Noni à Moorea).

Le territoire ne détient qu’une appellation contrôlée, dont le monoï bénéficie.


Les informations produites par l’EPIC Vanille indiquent toutefois qu’une demande
d’AOC ou d’AOP est envisagée pour la vanille de Tahiti. D’un côté, l’INAO cherche à
promouvoir sa démarche en soutenant que les appellations protègent définitivement la
spécificité d’un triptyque terroir-méthode de production-produit. De l’autre, la
valorisation industrielle des appellations suppose marché conséquent et
approvisionnement maîtrisés. Ainsi une politique publique visant à développer les labels
serait-elle sans doute plus adaptée aux produits agroalimentaires qu’aux substances
naturelles d’intérêt pour les activités cosmétiques ou la parfumerie. Nous renvoyons
donc à la contribution de V. Boisvert dans cette partie analytique, qui offre un cadre de
référence pour clarifier les termes de ce choix.

Politique de protection de la ressource


Nous n’avons pas recueilli d’avis ou d’expression de préoccupation concernant
l’épuisement des ressources naturelles, à quelques exceptions près, puisque trois aspects
ont été évoqués lors des entretiens :
– La protection des ressources en larves de poissons des lagonaires. Dans
les lagons, le prélèvement risque de s’accroître au cours des prochaines années
tant pour l’usage alimentaire local que pour des valorisations commerciales
(exportations pour aquariophilie).
– Les espèces d’invasives posent le problème de démarches scientifiques et
techniques appropriées mais aussi d’une sensibilisation et d’une éducation
renforcées des Polynésiens. Par exemple en ce qui concerne la transmission de
parasites entre les îles et archipels, un meilleur encadrement administratif mais
surtout une responsabilisation des Polynésiens apparaissent comme la condition
d’une meilleure maîtrise des risques.
– Les efforts de protection s’imposent dans un cadre de longue durée. Ce
point a été souligné par le SDR à propos de la promotion des plantations de bois
précieux. Le programme sur le santal par exemple apparaît comme un projet de
longue haleine, à l’inverse du nono qui semble offrir une valorisation immédiate.

9 Entretiens avec le Service du développement rural et le Service des affaires économiques.

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4.2 Création d’activités et appui aux projets innovants


L’appui à la création d’entreprises
L’appui à la création d’entreprise bénéficie de l’intervention de plusieurs
organismes coordonnés : l’Agence pour la création d’entreprise dépend du ministère de
la Pêche, de l’Industrie et des PME. Le SDIM (service de développement de l’industrie
et des métiers) du même ministère coordonne l’intervention de l’agence avec celle de la
Chambre de commerce d’industrie et des métiers de Polynésie française (CCISM).

D’une façon générale, les projets d’entreprises sont considérés favorablement


par les pouvoirs publics. Les porteurs de projet peuvent bénéficier d’un appui,
notamment de formations subventionnées, en liaison avec la CCISM. Cette dernière
permet l’accès des porteurs de projet à divers réseaux d’appui, notamment des conseils
et des financements (collaborations signalées avec des associations, par exemple Tahiti
Business Angels). Le territoire a également mis en place un système « d’ateliers relais »
qui proposent des locaux temporaires aux créateurs d’entreprise artisanale et de service.

Tableau 9. Aide à la création et au développement des entreprises

2000 2001 2002


Nombre d’entreprises 8 19 12
Investissement prévu* 24 140 4
Aide accordée* 7,2 13,5 12,4
Emplois prévus 14 35 19
Source Institut statistique de la Polynésie française (ISPF) - * millions FCFP

Pour autant, il n’y a dans le territoire ni pépinière pour accueillir une jeune
entreprise en cours d’implantation ni de structure d’incubation pour permettre de tester
des projets à caractère technologique au stade de pilote. Quelques remarques de
M. Boyer, chef du Service de l’industrie et des métiers, déclinées ci-après, expliquent
cette situation :
– Il n’a pas été envisagé de construire un cadre de type « technopôle », ni
de concevoir un projet d’incubateur, car la demande semble inexistante. On ne
décèle pas actuellement de projet innovant en manque d’insertion locale. Les
porteurs de projets se débrouillent avec leurs réseaux propres.
– La panoplie des aides publiques semble adaptée et couvre toutes les
situations. Les porteurs de projets peuvent trouver des appuis effectifs.
D’ailleurs, une étude sur les défaillances d’entreprise montre que les deux
écueils sont la formation et la mauvaise gestion de trésorerie.
Pourtant, on peut s’interroger sur l’étendue et l’efficacité des réseaux existants.
Les synergies locales sont-elles dynamiques. Le projet Metua qui semble combler un
vide sera-t-il poursuivi ? Les relations avec les structures métropolitaines voire
européennes ne semblent pas clairement identifiées…

De ce fait, il est possible de proposer un renforcement de la liaison recherche


appliquée-industrie-création d’entreprise. Ce point fait plus avant l’est l’objet du § 4.3.

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Le financement des projets


Au-delà des structures bancaires commerciales, divers dispositifs peuvent
appuyer les projets innovants dans le territoire. La Polynésie bénéficie du FDPMI
(fonds de développement des PMI – petites et moyennes entreprises) qui subventionne
des améliorations renforçant la compétitivité, et une société financière locale, la
SOFIDEP, a été créée avec l’appui de l’AFD (Agence française de développement)
pour renforcer les fonds propres des entreprises. « Les pouvoirs publics apportent
également leur soutien en octroyant des exonérations de droits sur les matières
importées, des aides à l’exportation et des incitations fiscales à l’investissement
productif…», comme le précise le rapport de l’IEOM (2003).

Réflexion sur l’appui public aux projets innovants (Bagnis, 2003)


« […] Par conséquent, si les pouvoirs publics territoriaux souhaitent stimuler le
développement des secteurs technologiques, ils devront encourager plus activement
l’investissement dans ces secteurs, en proposant, notamment, des incitations fiscales
suffisamment attractives pour pousser, par exemple, les industriels à financer des projets
où leur prise de risque n’est pas minimum. Ils doivent également tenir compte de la
nécessité d’importer du matériel et des substances chimiques coûteux, pour des succès
qui ne sont pas garantis ; un système d’exonération des droits de douane devrait donc
également être envisagé, compte tenu de l’absence de rentabilité (en principe) des
projets avant plusieurs années.
Outre le manque de personnel qualifié et expérimenté10, se greffe la difficulté de
mobiliser des ressources financières (« business angels », fonds de capital-
investissement, dispositif particulier de financements type prêts SOFIDEP, etc.)
susceptibles d’accompagner les porteurs de projets vers la concrétisation de leurs idées.
Les réticences des acteurs financiers ainsi que la difficulté subséquente à trouver ces
fonds propres pour les projets constituent un frein majeur. Contrairement à une logique
de subvention, le financement en capital implique un partenariat économique, à
l’origine du succès du projet. Par conséquent, les logiques administratives disparaissent
au profit d’une logique économique et financière.
L’offre de financement complémentaire est, par conséquent, indispensable pour
accompagner des mesures d’incitation à l’investissement car, compte tenu de la
nouveauté de ces activités et des particularités de ces dernières (résultats incertains,
retour sur investissement à moyen terme), les risques sont trop importants pour des
financements classiques.
Aussi, le développement des secteurs technologiques nécessite la reconnaissance
de ce secteur comme prioritaire, tout comme le tourisme et la perliculture, pour qu’il
participe effectivement au développement économique et social de la Polynésie
française…

10 Le gouvernement polynésien doit participer à la création d’un environnement favorable au développement de ces
secteurs, ce qui peut se traduire par la mise en place de formations professionnelles en collaboration avec le secteur privé, afin
notamment d’assurer une alternance entre la théorie et la pratique. Toutefois, il convient d’envisager des filières de formation dans
les secteurs technologiques afin de pourvoir l’économie polynésienne en ressources humaines suffisamment qualifiées pour
répondre aux besoins de ces secteurs spécialisés. Il conviendrait par exemple de former les étudiants dans des sections technologies
de l’information et des communications telles que : informaticiens de gestion, administrateurs réseaux et télécoms, administrateurs
de bases de données, techniciens de maintenance, en tenant compte de la nécessité de faire venir des compétences extérieures
lorsqu’on ne les trouve pas localement.

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4.3 Conforter une politique publique en faveur de l’innovation : quelques pistes


L’étude locale a permis d’identifier certains domaines de recherche-
développement sur lesquels des travaux sont en cours ou susceptibles d’être engagés, et
ce qu’il s’agisse de la filière vanille ou de la perliculture. Pourtant, des actions finalisées
devraient être renforcées à court terme, en particulier dans le domaine des produits
marins, et de nouveaux axes d’intervention politique devraient être définis pour
coordonner les rôles de l’État et du territoire. Dans cette perspective, la dynamisation
des activités liées aux substances naturelles semble nécessiter une double effort : d’une
part, renforcer les actions et les réseaux de la recherche appliquée, et d’autre part
favoriser des dispositifs nouveaux et adaptés pour la valorisation des travaux, la finalité
en étant une exploitation mieux maîtrisée des ressources et substances naturelles.

Appuyer les actions de recherche publique et leur valorisation dans le territoire


Même s’il est difficile d’envisager de renforcer substantiellement les activités de
recherche dans le territoire, il doit être possible, à partir des ressources existantes,
d’appuyer davantage des projets locaux de recherche-développement bénéficiant aux
activités économiques dans le domaine des substances naturelles.

Plusieurs axes de réflexion pourraient permettre de capitaliser sur des actions


déjà entreprises mais aussi d’identifier de nouveaux créneaux et partenariats pour les
actions futures.

On peut aisément renforcer des actions coordonnant les moyens existants de


l’État et ceux du territoire. Ainsi revient-il à l’État de favoriser la consolidation des
activités de l’Université de Polynésie française, notamment à travers une politique
d’accueil de chercheurs/enseignants, un encouragement à la mobilité en faveur du
territoire. Les actions de valorisation soutenues par l’État semblent fécondes : plate-
forme Gepsun inscrite au précédent contrat de développement, bourses CIFRE
renforçant le potentiel R&D des entreprises locales. Il convient de les conforter au cours
des prochaines années.

La relance des activités des grands établissements publics est aussi une condition
majeure du maintien d’un terreau fécond pour la recherche développement. Leur
engagement au sein du Gepsun, qui reste à confirmer, a bien valeur de test.

Le territoire de son côté doit prendre la mesure du potentiel de l’institut Malardé


au service de la valorisation des ressources naturelles locales. La place de cette
institution et ses partenariats avec les établissement de l’État, dont notamment l’UPF,
doivent renforcer l’attractivité de la Polynésie pour les scientifiques. Ne pourrait-on
multiplier les stages de niveau master recherche (ex-DEA) ou les stages post-doctoraux
avec un abondement financier du territoire ou des entreprises locales ? Ne faut-il pas
reconsidérer les opportunités de contribution des institutions territoriales au Gepsun ?

Il serait opportun que la politique d’innovation du territoire vise un affichage


global et cohérent, et ce qu’elle concerne les télécommunications, les services publics
ou la valorisation économique des ressources locales. Cela suppose probablement une
réflexion large associant les partenaires économiques et sociaux.

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Identifier et promouvoir les projets innovants


Un axe de travail pour les autorités peut viser à améliorer le cadre d’éclosion des
projets innovants, ainsi que les modes d’intervention des institutions d’appui – et leurs
réseaux dans et hors du territoire, notamment dans le domaine des produits et substances
naturelles.

• L’administration du territoire semble mûre pour réfléchir et proposer un


statut aux projets innovants, prenant en compte plus spécifiquement les substances
naturelles. Cela rejoint les préoccupations de la CCISM, en mettant l’accent sur la
spécificité des projets technologiques (en termes de durée de maturation, de
partenariats, de marchés…).

• Des outils nouveaux peuvent être mis à l’étude : création d’une structure
virtuelle d’incubation de projet favorisant le dialogue et la complémentarité des moyens
territoire-État, mise en place de dispositifs tels que crédit-impôt recherche, abondement
de la Polynésie au préfinancement de projets (en complément d’un dispositif tel que
celui de l’Anvar, effectivement absent de la Polynésie).

• Le Gepsun semble pouvoir offrir un cas instructif et devrait, au terme de


sa période de rodage, servir de pilote pour un cadre de collaboration tripartite
entreprises/État/Territoire.

• Le lien avec les réseaux français et européens d’innovation et transfert de


technologie reste à étayer et diversifier. Cela ne sera opportun que si le territoire décide
de construire un réseau d’acteurs locaux pour prendre en compte les opportunités
d’innovation, faire émerger et incuber des projets et valoriser leur potentiel.

En guise de conclusion

L’étude locale socio-économique ne constitue qu’une partie de l’expertise


collégiale. Elle vise principalement à prendre en compte les informations produites par
les acteurs du territoire de manière pertinente, mais ne peut prétendre isolément tirer des
conclusions ou proposer des recommandations définitives à ce stade du travail.

• L’étude souligne l’existence d’un potentiel local de formulation et de


portage de projets innovants par des acteurs du territoire. Des expériences instructives
ont été menées au cours des dernières années, sur lesquelles il est possible de capitaliser.

• L’analyse éclaire les contraintes particulières de la Polynésie, qui


conduisent à préconiser l’organisation d’un dispositif d’appui à l’innovation plus
cohérent, et s’inscrivant dans une programmation construite, prenant en compte divers
domaines sectoriels pertinents.

• On peut cependant retenir plusieurs éléments favorables au prolongement


de l’expertise, à son appropriation par les acteurs privés et publics locaux, notamment :

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– Un tissu d’acteurs diversifié et dynamique… et attentif aux retombées de


l’expertise. On peut compter à la fois sur des agriculteurs réactifs et qui peuvent
s’organiser, et sur des industriels en recherche de diversification, dotés de
moyens propres et de réseaux actifs.
– Des dispositifs institutionnels bien établis, pouvant être ciblés sur les
projets relatifs aux substances naturelles. Le territoire dispose de ressources
humaines, d’un potentiel de conception de projets et de dispositifs de
financement pour des activités nouvelles.

Bibliographie

BAGNIS H., 2003 – La promotion des investissements en Polynésie française :


approches nationale, communautaire, internationale. Université de Nice-Sophia
Antipolis, Institut du drtoi de la paix et du développement, Nice, 459 f.
BERTHOMMÉ P., FERRATON N., 1999 - Analyse des conditions et des performances de
production de vanille sur l’île de Tahaa en Polynésie Française. Master of
Science Développement Agricole Tropical, PVED, 157 p.
ELKINS R., 2003 - The noni revolution: today's tropical wonder that can battle disease,
boost energy and revitalize your health. Pleasant Grove, UT, Woodland
Publishing, 175 p.
IEOM Institut d’émission d’Outre Mer, 2002 – La Polynésie française en 2001. IEOM,
Paris,188 p.
IEOM Institut d’Emission d’Outre Mer, 2003 - Bulletin trimestriel de Conjoncture, n°
115
IEOM Institut d’émission d’Outre Mer, 2003 – La Polynésie française en 2002. IEOM,
Paris,190 p.
IEOM Institut d’émission d’Outre Mer, 2004 – La Polynésie française en 2003. IEOM,
Paris,194 p.
PRÉSIDENCE DU GOUVERNEMENT DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE, 2000 - Rapports de la
mission d’évaluation et de prospective. Gouvernement de la Plolynésie
française, 2 tomes, 253p.+ 235p.
ROBINEAU C. 1984 – « I : Du Coprah à l'atome ». In Tradition et modernité aux Iles de
la Société, Paris, ORSTOM, Mémoires ORSTOM, No 100, 500 p.
SOLOMON N., 2000 - Tahitian Noni Juice: How Much, How Often, For What - Direct
Source Publishing.

Décret no 92-340 du 1er avril 1992 relatif à l'appellation d'origine <<Monoï de


Tahiti>>. Journal Officiel n° 79 du 2 avril 1992.
http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=ECOC9200033
D (8 août 2005)
Décret no 92-340 du 1er avril 1992 relatif à l'appellation d'origine <<Monoï de Tahiti>>
(rectificatif). Journal Officiel n° 98 du 25 avril 1992.
http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=ECOC9200033
Z (8 août 2005)

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Développement des filières de production


adaptées aux substances naturelles
en Polynésie française

Yves BARBIN

1. Généralités

L’objectif de valorisation des ressources naturelles de Polynésie française passe


par une étape obligatoire de mise en place de filières de production visant à assurer
l’approvisionnement des activités de transformation en aval, et, au final, la satisfaction
des besoins du marché, actuel ou potentiel.

Pour être viables et jouer pleinement leur rôle économique, ces filières doivent
répondre à un certain nombre d’objectifs économiques mais aussi sociaux, parfois
contradictoires :

• Stabilité. La condition sine qua non du développement d’une filière de


valorisation est que soit mise à sa disposition une matière première naturelle, cultivée ou
collectée, stable en quantité. Cette exigence de stabilité doit prendre en compte les
phénomènes de saisonnalité mais aussi les aléas climatiques au travers de la mise en
place d’une logistique adaptée (dispersion des cultures, stockage, pré-transformation…).

• Qualité. L’objectif n’étant pas de produire une ressource naturelle mais


bien d’alimenter une activité de valorisation, il est nécessaire de développer et de
produire selon des critères de qualité spécifiques, définis à l’avance.

• Prix. Le prix proposé pour les productions doit être suffisamment


attractif pour permettre la mise en place d’une filière de valorisation viable. Mais il
s’agit sans doute d’un des points les plus critiques. Le surcoût lié à l’insularité et au
système social français rend la compétitivité de certaines productions incertaine. Cela
sera en particulier le cas pour des ressources largement répandues au niveau mondial
comme le tamanu. La compétition des pays à faible coût de main-d’œuvre ne sera
supportable que s’il est possible de valoriser une spécificité locale forte (qualité ou
image).

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Substances naturelles en Polynésie française


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• Développement social. Le contexte de forte dépendance sociale d’une


production agricole comme le coprah incite à privilégier la piste d’une production
« familiale » pour autant qu’elle soit compatible avec les objectifs économiques
envisagés.

Il est cependant important de signaler dès ce préambule que les modalités de


mise en place et de développement de filières de productions sont spécifiques :
– à la plante (annuelle/ pérenne, collecte/ culture…) ;
– à l’utilisation et au mode de transformation envisagés (exportation en
l’état/ transformation sur place, alimentation/ pharmacie…) ;
– au marché visé (local/ exportation, marché de masse/ niche…).
Dans ce contexte, il sera pas aisé de détailler l’organisation de filières dont nous
ne connaissons pas, à ce stade, la finalité. Nous nous efforcerons cependant de dégager
un certain nombre de grandes orientations applicables aux espèces retenues comme
prioritaires dans le cadre de cette expertise collégiale.

2. Constat : les productions actuelles

L’existence sur le territoire d’un certain nombre de productions est un fait positif
puisqu’elles peuvent servir de références pour la mise en place de nouvelles filières. Ces
filières donnent une première idée du potentiel de production et d’organisation existant.

Si l’on exclut le cas du coprah, dont le maintien relève plus du traitement social
de l’insularité que d’une volonté de développement à travers une action économique,
trois exemples sont à retenir : morinda (nono), vanille et monoï.

Ces trois exemples présentent l’intérêt d’illustrer la mise en place de trois filières
selon des modes d’organisation différents, étant destinées, comme nous allons le voir, à
des secteurs économiques différents.

2.1 Morinda citrifolia (nono)


Cette filière est un très bon exemple d’une production récente destinée au
marché international.

Le marché visé est celui des compléments alimentaires, principalement aux


États-Unis, mais ce peut être aussi l’Europe dans un futur proche, puisqu’une
autorisation de commercialisation vient d’y être délivrée.

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Substances naturelles en Polynésie française


Y. BARBIN © IRD éditions 2005

Le grand intérêt de cette filière réside dans son mode de mise en place et son
organisation :
– La demande provient d’une firme privée en prise directe sur le marché.
– L’intérêt marketing est important en termes d’image du produit :
Polynésie = pureté originelle, nono polynésien = produit purifiant +/– universel.
– Les besoins en matière première (fruits de nono) sont assurés dans un
premier temps par la collecte de plantes sauvages avec passage progressif à une
organisation de la culture pour faire face à la montée en puissance des besoins.
– Le rapport financier est intéressant pour les producteurs de fruits en
raison du faible investissement de base nécessaire et du rapport prix de vente sur
effort requis relativement élevé par rapport aux productions traditionnelles
comme le coprah. L’absence (ou le faible nombre) d’intermédiaire(s) entre le
producteur de fruits et l’utilisateur final est sans doute aussi un élément très
positif.
La limite de cette filière réside certainement dans le caractère « volatile » et
scientifiquement peu fondé des allégations santé prêtées au nono. Comme tous les
compléments alimentaires de ce type, le nono peut se révéler très sensible à une contre-
publicité occasionnée par des cas d’intolérance ou d’effets secondaires, ou à une attaque
via des allégations au caractère non scientifique.

L’usure dans le temps de l’effet marketing n’est pas non plus à négliger.

2.2 Vanille
Il s’agit d’une filière traditionnelle, principalement destinée à l’industrie
alimentaire et à l’exportation, même si une partie du produit peut être commercialisée
sur place.

Cette filière peut se révéler intéressante en termes de développement potentiel


car elle concerne un produit pour lequel il existe un réel marché international.

2.3 Monoï
C’est le produit polynésien typique (et typé).

Le marché visé est celui des produits de cosmétologie, à deux niveaux :


– les produits locaux vendus sur place (produits finis), principalement aux
touristes ;
– le marché international où le monoï est un ingrédient de formulation dans
des compositions utilisant l’image de la Polynésie.
L’organisation de la filière de production de la matière première (fleur de tiaré)
paraît être restée très artisanale et familiale. Cette forme de production est un bon
compromis entre nécessité de production et efficacité sociale tant qu’elle permet un
approvisionnement suffisant du marché.

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La mise en place d’une structure de type GIE pour assurer la promotion du


monoï est un bon exemple de structuration d’une filière. Elle montre la capacité des
intervenants du territoire à travailler ensemble pour le développement d’un produit.

La limite du développement du produit monoï, au moins sur les marchés


internationaux, réside probablement dans le manque d’efficacité objectivée de cette
préparation, qui en détourne les formulateurs à la recherche d’un effet biologique
prouvé.

Par ailleurs, l’existence d’une AOC, si elle se révèle sans doute positive quant à
la protection des produits fabriqués sur place, a cependant un effet négatif sur son
utilisation comme ingrédient dans des produits finis, car elle introduit des contraintes de
formulation toujours difficiles à gérer.

3. Les conditions de mise en place de nouvelles filières

Avant de mettre en place une politique de développement ou d’incitation au


développement de filières de production, un certain nombre de conditions doivent être
remplies, ou, tout au moins, prises en compte et évaluées.

On ne devrait envisager d’injecter de l’argent ou des moyens (ce qui revient au


même) que lorsqu’il existe une probabilité raisonnable de succès ou de progrès.
L’engagement de programmes de développement non maîtrisés aboutit, généralement, à
des échecs qui découragent les tentatives ultérieures (on en connaît des exemples, y
compris en métropole).

Nous avons listé ci-après un certain nombre de points qu’il nous semble
important de prendre en compte dans ce cadre.

3.1 Besoin du marché


Il ne peut y avoir de développement d’une filière de production que s’il existe un
besoin réel du marché pour ce produit. Toute autre démarche relève plus d’un traitement
social que d’un traitement économique.

En général, on ne peut que constater l’échec des projets de développement basés


une réflexion du type :
– nous disposons d’un produit (ou souvent d’un sous-produit) ;
– nous savons le produire en quantité ;
– nous allons le commercialiser,
– et enfin nous verrons s’il y a des clients.
En parallèle, la démarche consistant à aller voir un industriel pour lui demander :
« De quelle plante avez-vous besoin ?, je peux la produire pour vous », est également
vouée à l’échec. Lorsque le besoin industriel est présent, l’utilisateur responsable a
depuis longtemps élaboré sa stratégie d’approvisionnement.

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Il nous semble donc important de privilégier l’identification des besoins avant


d’envisager tout autre étape et tout investissement (humain et matériel).

À ce stade, l’intervention, en appui ponctuel ou à plus long terme, d’organismes


officiels comme l’ONIPPAM (Office national interprofessionnel des plantes à parfums,
aromatiques et médicinales), qui apporte sa connaissance du marché des plantes,
national et international, à la fois au niveau de la production et des débouchés, peut se
révéler tout à fait pertinente.

Cependant, le besoin pour une ressource naturelle (animale, végétale, marine)


peut également se révéler au niveau de la phase de R&D. Il est alors très intéressant,
dans le cadre d’un partenariat avec l’utilisateur, d’étudier d’emblée la mise en place des
conditions de production.

En règle générale, cette stratégie, qui suppose une proximité de contact avec les
utilisateurs, peut se révéler extrêmement payante pour deux raisons :
– Les contacts fréquents permettent d’instaurer toute la confiance
nécessaire pour un projet à moyen ou long terme.
– L’étude d’un projet dès la phase R&D permet de prendre une longueur
d’avance sur ses éventuels concurrents.
Une autre approche, plus institutionnelle, consisterait à partir d’un produit
élaboré ou semi-élaboré existant traditionnellement sur le territoire, et d’en étudier le
potentiel économique et réglementaire d’introduction sur les marchés extérieurs au
territoire.

Cette démarche suppose un investissement initial, mais raisonnable, dans des


études réalisées par des cabinets compétents.

3.2 Faisabilité matérielle


La possibilité de création d’une filière sur le territoire polynésien est bien
entendu fonction d’un certain nombre de conditions matérielles évidentes. Voici les
principales :
– Les terrains nécessaires doivent être disponibles. Du fait de la faible
superficie de l’archipel, de son morcellement géographique et de la structure de
son foncier, ce type de production semble difficile (mais pas impossible) à
mettre en place.
– La culture de la plante doit être possible. S’il s’agit d’une plante sauvage,
un programme de domestication doit être mis en place et couronné de succès.
– Si la ressource est suffisamment disponible, une structure de collecte doit
pouvoir être organisée dans des conditions respectueuses de la pérennité de la
ressource.
– Le personnel nécessaire doit être disponible, ce qui se révèle parfois une
contrainte certaine pour les récoltes saisonnières.

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3.3 Environnement technique


Une filière de production structurée n’est jamais une entité autonome vivant sa
vie indépendamment du milieu qui l’entoure.

Des points de communications et des synergies sont nécessaires avec le milieu


économique du territoire pour assurer la mise en place et le développement de la filière.

Le premier besoin consistera en la présence de structures de recherche,


fondamentale et appliquée, qui assureront l’appui scientifique et technique nécessaire.
Les domaines de compétences recherchés seront principalement de deux types :
– Des laboratoires de chimie qui se chargeront de la connaissance
fondamentale de la composition de la plante (ou autre ressource) mais qui
assureront aussi, par exemple, la mise au point des méthodes d’analyses
nécessaires au suivi des programmes de sélection agronomique ou à l’évaluation
des ressources sauvages.
Si la partie connaissance fondamentale peut être assurée par un laboratoire
géographiquement éloigné, la partie analytique doit impérativement être assurée
sur place. La rapidité de réponse et l’implication du laboratoire de chimie dans
les programmes de sélection sont un facteur clé du succès.
– Des laboratoires de biologie au sens large. Là aussi, la partie
fondamentale (botanique, écologie…) peut être effectuée par des laboratoires
éloignés. En revanche, les domaines appliqués, en particulier l’agronomie et les
sciences proches (physiologie…), doivent impérativement disposer à la fois de
laboratoires sur place mais aussi de moyens d’expérimentation au champ sous
forme de parcelles d’essai ou de ferme expérimentale.
En second lieu, il faut pouvoir compter sur l’existence dans le territoire de
filières économiques proches dont les moyens techniques, les infrastructures et le
savoir-faire pourront être utilisés en coopération.

Une de ces nécessités est constituée par l’horticulture, dont les moyens
techniques et le savoir-faire sont nécessaires tant à la production en masse de semences,
de jeunes plants, à la multiplication des plantes, qu’à la propagation in vitro et à la
conservation in vitro du germplasm d’intérêt.

De même, pour les phases de traitement industriel des productions, la présence


d’une industrie alimentaire peut se révéler très intéressante en fournissant des
possibilités de première transformation sur place (cf. jus de nono produit par Jus de
fruits de Moorea pour la société Morinda).

Dans le même type de démarche, l’utilisation des systèmes de séchage, type


four, utilisés en industrie alimentaire, se révèle une solution très satisfaisante pour la
déshydratation de ressources végétales et leur préservation en vue d’une utilisation
ultérieure. L’absence de cette possibilité technologique se révèle souvent un obstacle au
bon développement de la filière.

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La proximité technologique entre l’agro-alimentaire et les industries de première


transformation des ressources naturelles est une synergie qui doit être exploitée par un
recensement systématique des possibilités technologiques offertes sur place.

En règle générale, une bonne connaissance de l’environnement « technico-


industriel » local est un préalable important. Ce travail d’inventaire et de mise en réseau
des potentialités offertes permet un gain de temps et de moyens appréciables.

Au-delà de ce travail local, un appui doit être recherché auprès d’organismes


spécialisés de la filière plantes médicinales et aromatiques.

Il s’agit principalement de l’ONIPPAM qui possède des possibilités de conseil


technique, mais aussi de centres techniques comme l’ITEIPMAI (Institut technique
interprofessionnel des plantes à parfums, aromatiques et médicinales) ou autres,
spécialisés dans la recherche agronomique.

Leur expérience, à la fois technique et économique, de ce secteur, qui se


présente comme une multitude de micro-marchés, sera précieuse.

3.4 Environnement « psychologique »


Il s’agit d’un point délicat à évaluer. Par environnement psychologique, nous
entendons la volonté exprimée par les producteurs potentiels de ressources naturelles de
s’engager dans cette voie.

La volonté des autorités politiques et administratives de privilégier cette option


de développement est un facteur important et positif. Cependant, s’il n’existe pas une
réelle volonté des producteurs de base de s’engager dans cette production, la démarche
est condamnée à plus ou moins long terme.

L’exemple de la filière nono et des signes comme la mise en place du GIE


monoï montrent toutefois qu’il existe une volonté assez générale d’emprunter cette voie,
ce qui permet un optimisme raisonnable pour l’avenir.

L’auto-organisation des producteurs, avec le soutien des autorités, sous forme de


coopérative ou de groupements de producteurs est un signe positif fort de leur
engagement dans cette démarche. Ce peut être l’ébauche d’une mise en place d’un
instrument de régulation des marchés permettant la gestion des crises.

À titre d’illustration de cette stratégie, la régulation du marché de l’huile


essentielle de lavandin par la mise en place de quotas de production par l’organisation
des producteurs concernés est, pour l’instant, le seul instrument relativement efficace de
gestion des crises chroniques que connaît ce secteur depuis des années.

Il favorise également la responsabilisation individuelle des producteurs.

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3.5 Environnement réglementaire


Un certain nombre de points ayant trait aux réglementations en vigueur ou à
mettre en place doivent être pris en compte.

Le premier concerne la possibilité de labellisation des produits. Diverses options


sont possibles (cf. chapitre de V. Boisvert). Nous ne discuterons pas ces options mais
nous donnerons quelques pistes fort de notre expérience.

La certification « bio » selon les directives européennes en vigueur : il s’agit a


priori d’une solution tout à fait adaptée au contexte local :
– Elle est adaptée aux productions de petite surface.
– Elle nécessite un surcroît de main-d’œuvre par rapport aux productions
traditionnelles.
– Elle bénéficie d’une bonne image auprès des consommateurs des pays
développés.
– Elle permet un prix de vente plus attractif.
– Le mode de production « bio » est maintenant reconnu pour les
ingrédients et les produits de cosmétologie.
Cette certification est particulièrement adaptée aux produits alimentaires, et l’est
maintenant, dans un contexte qui reste à étudier du fait de la nouveauté des textes, aux
produits de cosmétologie.

En secteur pharmaceutique, cette certification ne présente quasiment aucun


intérêt, les médicaments étant exclus du champ de la certification bio.

La labellisation AOC est surtout adaptée aux produits finis directement vendus
aux consommateurs.

Appliquée à des ingrédients intermédiaires utilisés par des industriels dans des
formulations, elle induit des contraintes de formulations supplémentaires (pourcentage
incorporé…) qui nuisent au développement de son utilisation.

L’exemple de l’huile essentielle de lavande dont l’AOC a failli disparaître par


manque d’utilisation est là pour en témoigner. À l’heure actuelle, la principale
utilisation de cette AOC concerne, non pas les gros volumes d’huile essentielle utilisés
par les industriels, mais les petites quantités vendues directement pour l’aromathérapie.

Ce type de certification est également de peu d’intérêt pour le secteur


pharmaceutique qui ne peut le valoriser.

L’origine géographique, quel que soit son mode de certification, ne semble


présenter d’intérêt que pour la commercialisation d’un produit fini fortement marqué
« terroir ». Le consommateur peut être sensible à cet argument marketing.

Au cas par cas, il sera possible de discuter des possibilités de contrat


d’exclusivité avec un utilisateur sur des productions locales. Cette modalité de travail

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peut avoir un effet fortement incitatif sur l’utilisateur en lui permettant de développer un
marketing exclusif.

Cependant, cette politique a des limites évidentes :


– L’industriel doit s’engager en termes de volume et/ou de chiffre
d’affaires à réaliser, simplement pour ne pas bloquer la voie à un concurrent.
– Le contrat doit porter sur le long terme.
– L’utilisation faite de l’image doit être contrôlée par le territoire.
Enfin, dans un but prospectif, attention doit être portée aux réglementations ou
recommandations à venir ou en cours d’application :
– convention sur la biodiversité (même si sa portée est difficile à cerner) ;
– recommandations de l’OMS sur la collecte des plantes sauvages ;
– recommandations de l’EMEA (European Medicine Evaluation Agency)
sur les bonnes pratiques agricoles pour les plantes médicinales.

4. Après les filières

La mise en place d’une filière étant une chose bien comprise, il importe
également d’assurer son avenir. À cette fin, un certain nombre d’actions peuvent être
mises en place.

Les actions de communication sont parmi les premières à étudier. La production


d’une ressource naturelle, brute ou transformée, doit s’accompagner de sa promotion. Et
les moyens appropriés doivent être mis en œuvre.

S’il s’agit d’une matière brute ou peu transformée, destinée à être utilisée
comme ingrédient de formulation, quel que soit le secteur économique visé, il est
judicieux de travailler avec un distributeur, de préférence international, bien introduit
chez les utilisateurs potentiels. Il sera le plus à même de procéder au travail long et
fastidieux d’approche et de démarchage des clients.

En parallèle, il faut concevoir des actions de marketing direct : participation aux


salons professionnels internationaux, site Internet, publicité dans la presse écrite,
peuvent être prévus, éventuellement en partage de fais avec le distributeur.

Si nous avons affaire à un produit fini, la communication dépendra de la


stratégie de marketing/ vente envisagée. Mais dans tous les cas, s’agissant de produits
originaires d’un territoire géographiquement isolé comme la Polynésie française, une
stratégie Internet est un minimum requis.

Une R&D prospective peut également être envisagée. Cette action peut être
gérée par les organes professionnels de producteurs.

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Ses tâches pourraient être :


– de prévoir (si possible) l’évolution technologique du produit et de
planifier les travaux de développement à effectuer ;
– de lancer des programmes d’amélioration génétique/ agronomique ;
– de développer des programmes de caractérisation et d’objectivation des
activités biologiques des ressources naturelles produites ;
– de mettre en place des programmes de défense si le produit est attaqué,
par exemple des études de toxicologie sur le modèle de l’étude clinique lancée
par les producteurs français d’huiles essentielles de lavande et de lavandin.
Le kawa entre bien dans le cadre de ce dernier point. La mise en place d’études
toxicologiques visant à préciser son innocuité ou les conditions de son éventuelle
toxicité est le type même de tâche qui pourrait être gérée par une structure scientifique,
émanation d’une interprofession territoriale ou régionale.

Pour cela, la première tâche viserait à constituer un réseau d’experts et de


laboratoires intéressés pour participer à ces travaux.

À partir du moment où un produit est entré en production, une démarche de


prospective économique est également envisageable. Elle consisterait à évaluer
l’évolution des marchés existants, à identifier de nouveaux marchés, à étudier la
concurrence.

Ces études permettent également de piloter la mise en place des programmes


scientifiques nécessaires, d’assurer les arbitrages entre ces derniers et l’attribution des
moyens nécessaires.

5. Les plantes prioritaires : ébauche d’étude des points


critiques et des travaux à envisager

5.1 Ilex anomala


Il s’agit du type même de plante dont le développement de la production jusqu’à
un stade industriel (ou même pré-industriel) pose un ensemble de problèmes difficiles
(mais pas impossible) à résoudre.

Pour cette ressource, l’objectif identifiable en l’état est une production de


biomasse foliaire en vue d’une utilisation comme matière première d’extraction ou
ingrédient de tisane.

Les principales contraintes identifiables sont les suivantes :


– ressource se présentant sous forme d’arbre, donc de croissance longue ;
– localisation écologique étroite et difficile d’accès (vallons et crêtes
d’altitude) ;
– pas de tradition ni même d’essais de culture ;
– pas ou peu de connaissance de la biologie de cette plante.

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Pour lever ces points critiques, un certain nombre de travaux de recherche et


développement doivent être mis en place :
– évaluation fine des populations et des possibilités quantitatives de
prélèvements, à la fois en termes d’individus entiers, de graines et de boutures ;
– étude de la biologie des plantes in situ ;
– étude de la composition chimique des plantes in situ, au niveau global et
de la variabilité inter-individus ;
– étude de la germination des graines ;
– étude des possibilités de bouturage des individus d’origine et des
possibilités de multiplication in vitro ;
– étude des possibilités de transplantation et de culture sur des zones
écologiques économiquement compatibles avec la culture ;
– détermination des conditions de culture, en particulier des possibilités de
conduite sous forme de taillis à forte croissance et forte productivité ;
– détermination de la qualité chimique et sanitaire du produit de culture par
rapport au produit sauvage ;
– étude des étapes post-culture et de leur impact sur le produit : récolte,
séchage, stockage…
Cet ensemble de travaux de développement doit être conduit sous forme de
programme global et cohérent, avec des points étapes lors desquels la décision de
continuer ou non les travaux est prise au vu des résultats obtenus.

Nous n’avons pas traité l’aspect réglementaire, fondamental pour le


développement des marchés potentiels. Sur ce point, il faut se reporter à la contribution
d’I. Fourasté.

5.2 Tephrosia piscatoria


Cette espèce semble beaucoup moins difficile à développer que la précédente,
car il existe un certain nombre de points positifs :
– L’espèce est assez abondante.
– Son écologie semble compatible avec des zones de culture.
– Il existe une tradition de culture.
– C’est un arbrisseau et non un arbre, donc de croissance plus rapide.
On doit toutefois faire face à une difficulté supplémentaire : la partie la plus
intéressante de ce végétal semble a priori être les racines. Ce facteur alourdit la mise en
culture, au niveau financier (immobilisation plus longue des terrains) et pratique
(nécessité de surfaces de culture importantes avec une planification et une rotation sur
plusieurs années).

Nous considérerons que cette plante sera utilisée comme matière première pour
l’extraction des roténoïdes en vue d’une production de pesticides d’origine naturelle.

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Les travaux à mettre en place pourraient être les suivants :


– évaluation des populations et des possibilités quantitatives de
prélèvements, à la fois en termes d’individus entiers, de graines et de boutures ;
– étude de la biologie des plantes in situ ;
– étude de la composition chimique des plantes in situ, de la variabilité
inter-individus, mais surtout de la possibilité d’utilisation des parties aériennes
en remplacement des parties souterraines ;
– étude des possibilités de bouturage et des possibilités de multiplication in
vitro ;
– détermination des conditions de culture, en particulier de la durée de
culture minimale nécessaire avant arrachage ;
– détermination de la qualité chimique et sanitaire du produit de culture par
rapport au produit sauvage ;
– étude des étapes post-culture et de leur impact sur le produit : récolte,
séchage, stockage…
– pré-étude de l’extraction des composés actifs.
Là aussi, une étude globale et cohérente doit être mise en place.

5.3 Santalum insulare


Cet arbre, dont le bois renferme une huile essentielle proche de celle du santal
blanc des Indes (Santalum album), possède une valorisation évidente dans la production
d’huile essentielle.

Cette essence pourrait venir en substitution de l’huile indienne dans de nouvelles


formulations. Il semble en effet difficile de remplacer l’huile indienne dans une
formulation car les caractéristiques organoleptiques des deux huiles essentielles sont
légèrement différentes.

Le travail de développement de cette espèce est entamé sur le territoire (cf. fiche
correspondante). Il importe de le poursuivre car l’utilisation potentielle de cette espèce
est prometteuse : les besoins en huile essentielle de santal sont de plus en plus mal
couverts par l’origine indienne traditionnelle.

Les fournitures du Pacifique Sud (Australie, Nouvelle-Calédonie) ne semblent


pas non plus à même de satisfaire la totalité des besoins.

Parmi les principaux problèmes à résoudre, nous avons noté les points suivants :
– La nécessité d’une caractérisation fine des huiles essentielles des
différentes variétés, et de leur acceptabilité par les parfumeurs.
– La mise en place d’un programme agronomique pluriannuel global. Les
points sur la possibilité de multiplication par semences (disponibilité de celles-
ci ?) et surtout par propagation in vitro sont prioritaires, car ils conditionnent la
suite de l’étude.

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Si un passage au stade de la culture pour la distillation s’avère possible, il


conviendra de se pencher sur les problèmes suivants :
– La mise en culture doit être gérée de façon globale par une structure
professionnelle d’organisation et de régulation sur le long terme.
– La distillation sur place doit être étudiée en ayant en mémoire les besoins
importants en eau et les contraintes environnementales qu’elle génère, sans
doute peu compatibles avec des îles de faible surface.
– La commercialisation doit être menée en partenariat avec une structure
industrielle ayant une très bonne connaissance de ce marché à vocation
internationale.
– La mutualisation d’outils industriels de distillation/ extraction pour la
production du gardénia doit être exploitée.
Si ces conditions sont réunies, l’huile essentielle de santal, qui est un marché de
niche à forte valeur ajoutée, correspondrait bien aux possibilités d’un territoire comme
la Polynésie française.

5.4 Kawa (Piper methysticum)


Le cas du kawa est très particulier. Sa production est bien connue et bien
maîtrisée dans tout le Pacifique. Il n’est donc pas très utile de développer cet aspect.

Son avenir étant très largement suspendu à des décisions des autorités de santé
publique, principalement en Europe, des travaux ne semblent envisageables que sur
deux points :
– La caractérisation chimique et agronomique des variétés ou cultivars
locaux afin d’en dégager les spécificités d’intérêt potentiel. Ce travail peut être
mené à moindre frais par exemple dans le cadre d’une thèse.
– La participation en coopération avec les autres États du Pacifique
intéressés à des études pharmacologiques ou cliniques visant à démontrer la
sécurité du kawa.
En l’état actuel du dossier, il ne semble pas utile d’investir plus avant dans ce
produit.

5.5 Vanille (Vanilla tahitensis)


Pour cette filière actuellement en production, il est possible de se reporter à
l’étude sur la secteur « cosmétologie » (voir document de synthèse, Annexe 2)
consacrée à ce sujet.

5.6 Monoï (Gardenia tahitensis)


La filière actuellement en place, basée sur une production artisanale, semble
suffire à la production du monoï. Il n’est donc pas nécessaire de mettre en place quelque
action que ce soit si l’on reste dans ce cadre.

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En revanche, si la production d’autres dérivés, type concrète ou huile essentielle,


(sous réserve de faisabilité technique pour cette dernière), devait être envisagée, il
conviendrait de mettre en place des actions de développement sur quelques points clés :
– connaissance et caractérisation de la diversité génétique et chimique ;
– conditions agronomiques de culture à plus grande échelle ;
– technologie d’extraction (et aspects environnementaux liés) ;
– marchés potentiels et circuits de distribution.
L’étude des marchés potentiels est, bien sûr, la phase préliminaire de ces
travaux.

5.7 Nono (Morinda citrifolia)


Une filière permet actuellement l’approvisionnement des industriels utilisateurs
de nono (notamment de l’un d’eux). Constitué par le fruit, le produit semble
principalement provenir de collecte et d’une culture débutante.

Les conditions d’un passage à une réelle culture de type industriel semblent
assez aisées à satisfaire, et celles ayant trait à la multiplication et aux cultures sont assez
bien connues car ces dernières sont déjà exploitées dans d’autres zones du Pacifique,
comme Hawaii.

Il n’y a donc pas lieu de lancer actuellement des travaux lourds au niveau de la
mise en place d’une filière de production. Il importe principalement de suivre
l’évolution de la demande pour, si possible, adapter l’offre.

Si d’autres intervenants que Morinda Inc. devaient prendre de l’importance sur


le marché local, il conviendrait de mettre en place un mécanisme d’organisation des
producteurs et de régulation de l’offre (coopératives, groupements de producteurs, inter-
profession…).

Le travail sur la qualité de la plante semble également difficile à envisager, la


supériorité du nono polynésien reposant plus sur des spéculations que sur des données
scientifiques validées. En tout état de cause, on ne connaît pas de critères de qualité
pour ce produit autres que ceux relatifs à la qualité sanitaire (microbiologie,
pesticides…).

Des travaux visant à repérer des variétés à forte productivité pourraient


éventuellement être intéressants en vue du développement futur de la production.

Si l’utilisation de la feuille devait se développer, la problématique de


développement d’une filière serait la même que pour le fruit.

5.8 Tamanu (Calophyllum inophyllum)


Nous n’envisagerons que l’utilisation de l’huile pour des usages
cosmétologiques. Les usages potentiels en pharmacie nécessiteront, s’ils aboutissent,

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Substances naturelles en Polynésie française


Y. BARBIN © IRD éditions 2005

des quantités importantes de matières premières, donc des prix bas, pour lesquels la
Polynésie sera très mal placée par rapport à d’autres pays tropicaux.

Il est cependant difficile d’envisager la mise en place d’une filière de production


pour cet arbre. La demande est en effet pour l’instant embryonnaire et couverte par la
collecte, et la meilleure qualité potentielle de l’huile polynésienne pour l’utilisation en
cosmétologie ne paraît pas étayée par des données fiables.

Il semble donc que les seules actions à entreprendre concernent la caractérisation


de la qualité de l’huile et la mise en place de structures organisées de collecte des fruits.

En fonction de l’évolution de la demande, un passage à un stade de culture plus


industriel est envisageable. Toutefois, en raison de la longueur du cycle de
développement de l’arbre et de la concurrence internationale potentielle, cela ne semble
pas très raisonnable.

6. Conclusion

Compte tenu du caractère très prospectif de cette étude, il est malaisé de donner
des directions précises concernant la mise en place de filières de production. Nous nous
sommes donc borné à en définir le cadre général et les objectifs, tout en nous attachant à
un certain nombre de difficultés spécifiques.

Il faut garder à l’esprit les points suivants :


– Ces actions de développement doivent être conduites à partir de
demandes du marché.
– Elles conservent un caractère aléatoire relatif au succès des produits sur
le marché.
– Compte tenu de la taille et de l’isolement du territoire, il faut veiller à ce
que les actions aient une dimension régionale.

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Substances naturelles en Polynésie française


I. FOURASTÉ © IRD éditions 2005

Règlement des produits à base de plantes

Isabelle FOURASTÉ

Le monde végétal est source de vie. À tout moment, l’homme et la nature sont
soudés l’un à l’autre aussi bien dans les besoins les plus fondamentaux que dans les
applications les plus futiles. Il est donc normal que des législations multiples et
complexes régissent les domaines d’utilisation des plantes, que ce soit en tant que
matériel industriel (construction, habillement, confection d’objets d’utilisation
courante…), dans l’alimentation humaine et/ou animale, dans le domaine de la santé, ou
encore celui de la beauté.

Dans le cadre de l’expertise sur les substances naturelles végétales de la


Polynésie française, il est bon de s’interroger sur la possibilité de valorisation de ces
substances dans un des domaines précités. En effet, les diverses législations proposent
des parcours plus ou moins difficiles à suivre, avec des contraintes administratives plus
ou moins strictes et une connaissance des données scientifiques permettant d’étayer
l’intérêt d’une plante en fonction de son emploi.

La synthèse présente n’a pas pour objet d’aborder tous ces domaines. Nous nous
intéresserons particulièrement à la législation des plantes dans le domaine de la santé en
soulignant les frontières avec les aliments et les compléments alimentaires.

Afin de bien situer les différents domaines, il nous a semblé important de définir
avec précisions les termes que nous utiliserons.

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Substances naturelles en Polynésie française


I. FOURASTÉ © IRD éditions 2005

1. Définitions

1.1 Plante médicinale


Bien que très anciennement rencontrée dans des textes de référence comme, par
exemple, le Code de la Santé publique, la locution de « Plante médicinale » n’a été
définie que récemment et, pour la première fois, en 1972 dans la IXe édition de la
Pharmacopée française. En 2000, la monographie Plantes médicinales est revue à des
fins d’harmonisation avec la Pharmacopée européenne (4e édition). Il y est indiqué
ceci « Les plantes médicinales sont des drogues végétales au sens de la Pharmacopée
européenne (… ) dont au moins une partie possède des propriétés médicinales. »

Les termes de plante médicinale et de drogue végétale sont donc actuellement


équivalents même si, dans les ouvrages de pharmacognosie, on continue à distinguer la
plante médicinale « végétal dont une partie au moins possède des propriétés
médicinales » et la drogue végétale « partie de la plante médicinale qui possède les
propriétés médicinales ».

1.2 Drogue végétale


La Pharmacopée européenne définit cette expression comme suit : « Les
drogues végétales sont essentiellement des plantes, parties de plantes ou algues,
champignons, lichens, entiers, fragmentés ou coupés, utilisés en l’état, soit le plus
souvent sous forme desséchée, soit à l’état frais. Certains exsudats n’ayant pas subi de
traitements spécifiques sont également considérés comme drogues végétales. Les
drogues végétales doivent être définies avec précision par la dénomination scientifique
botanique selon le système à 2 mots (genre, espèce, variété, auteur) ».

Il est à noter que la locution de drogue végétale va bien au-delà de la plante et


est étendue aux algues, champignons, lichens, ainsi qu’aux baumes, résines, gommes,
sucs, latex…

1.3 Médicament
Le médicament est défini, à la fois, au niveau européen et au niveau national.

La directive européenne 2001/83/CE instituant un code communautaire relatif


aux médicaments à usage humain stipule ceci :

« On entend par médicament toute substance ou composition présentée comme


possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ;
toute substance ou composition pouvant être administrée à l’homme en vue d’établir un
diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier des fonctions physiologiques
chez l’homme est également considérée comme médicament. »

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Substances naturelles en Polynésie française


I. FOURASTÉ © IRD éditions 2005

Le Code de la Santé publique français, dans son article L. 5111-1, en donne cette
définition :
« On entend par médicament toute substance ou composition présentée comme
possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou
animales, ainsi que tout produit pouvant être administré à l’homme ou l’animal en vue
d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions
organiques ».

« Sont notamment considérés comme des médicaments les produits diététiques


qui renferment dans leur composition des substances chimiques ou biologiques ne
constituant pas elles-mêmes des aliments, mais dont la présence confère à ces produits,
soit des propriétés spéciales recherchées en thérapeutique diététique, soit des propriétés
de repas d’épreuve ».

« Les produits utilisés pour la désinfection des locaux et pour la prothèse


dentaire ne sont pas considérés comme des médicaments. »

Ces deux définitions, proches, montrent cependant, que


– d’une part, au niveau communautaire, on distingue nettement les
médicaments à usage humain de ceux à usage vétérinaire ;
– d’autre part, la directive européenne parle de fonctions physiologiques là ou
le texte français parle de fonctions organiques ;
– enfin, le document européen n’aborde pas, dans sa définition, les produits
diététiques à usage thérapeutique.

1.4 Spécialité pharmaceutique


Est considéré comme une spécialité pharmaceutique « tout médicament préparé
à l’avance, mis sur le marché sous une dénomination spéciale et sous un
conditionnement particulier » (Directive européenne 2001/83/CE, article 1).

Ainsi, il est évident que toute spécialité pharmaceutique est un médicament ;


mais, à l’inverse, tous les médicaments – notamment, les préparations magistrales,
hospitalières, officinales – ne sont pas des spécialités pharmaceutiques.

1.5 Autorisation de mise sur le marché (AMM)


« Aucun médicament ne peut être mis sur le marché d’un État membre sans
qu’une autorisation de mise sur le marché n’ait été délivrée… » (Directive européenne
2001/83/CE, article 6).

Il y a plusieurs procédures d’octroi de l’AMM :


– procédure centralisée, pour les produits de biotechnologies, au niveau de
l’Agence européenne pour l’évaluation des médicaments (EMEA) ;
– procédure de reconnaissance mutuelle entre plusieurs États membres ;
– procédure nationale.
Pour obtenir l’autorisation de mise sur le marché, quelle que soit la procédure
suivie, le demandeur doit introduire un dossier prouvant, entre autres, la qualité, la

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toxicité et l’efficacité de la spécialité pharmaceutique à commercialiser. Selon les


produits, le niveau d’exigence du dossier est variable.

Il n’y a qu’une AMM mais des dossiers sont plus ou moins aménagés.

1.6 Complément alimentaire


La directive 2002/46/CE définit le complément alimentaire comme ceci :

« On entend par complément alimentaire les denrées alimentaires dont le but est
de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de
nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seules ou
combinées, commercialisées sous forme de doses, à savoir les formes de présentation
telles que les gélules, les pastilles, les comprimés, les pilules et autres formes similaires,
ainsi que les sachets de poudre, les ampoules de liquide, les flacons munis d’un compte-
gouttes et les autres formes analogues de préparations liquides ou en poudre destinées à
être prises en unités mesurées de faible quantité .»

1.7 Produit cosmétique


Les produits cosmétiques sont également définis par une directive européenne
(76/768/CEE). C’est ainsi que :

« On entend par produit cosmétique toute substance ou préparation destinée à


être mise en contact avec les diverses parties superficielles du corps humain (épiderme,
systèmes pileux et capillaires, ongles, lèvres et organes génitaux externes) ou avec les
dents et les muqueuses buccales, en vue exclusivement ou principalement de les
nettoyer, de les parfumer et de les protéger afin de les maintenir en bon état, d’en
modifier l’aspect ou de corriger les odeurs corporelles. »

Cette définition montre que seule la voie externe est autorisée pour les produits
cosmétiques et qu’aucune notion de soin thérapeutique n’y est incluse, différenciant
ainsi nettement la cosmétologie de la dermatologie.

1.8 Huile essentielle


La Pharmacopée européenne envisage d’introduire dans sa cinquième édition
une monographie générale « huile essentielle ». Actuellement, le texte à y introduire fait
l’objet d’une enquête publique, paru dans le Pharmaeuropa (vol.15, n° 4). Une huile
essentielle y est ainsi définie :

« Produit odorant, généralement de composition complexe, obtenu à partir d’une


matière première végétale botaniquement définie, soit par entraînement à la vapeur
d’eau, soit par distillation sèche, soit par un procédé mécanique approprié sans
chauffage. L’huile essentielle est le plus souvent séparée de la phase aqueuse par un
procédé physique n’entraînant pas de changement significatif de sa composition ».

Ne sont pas incluses dans cette définition, les substances odorantes obtenues par
extraction avec un solvant organique, ni celles résultant de l’utilisation de procédés
d’extraction non conventionnels comme le CO2 supercritique.

153
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2. Réglementation actuelle européenne et/ou en France


des produits à base de plantes

2.1 Produits alimentaires


Le Codex Alimentarius est l’ouvrage de référence concernant les nutriments.

Deux cas peuvent se présenter :

(1) Soit il s’agit d’un aliment, connu, utilisé en tant que tel depuis longtemps, et
donc considéré comme traditionnel.

Dans ce cas, il n’y a pas de dossier à fournir avant sa commercialisation sous


réserve que le produit soit :
– conforme à la réglementation des denrées alimentaires ;
– contrôlé sous la responsabilité de la Direction générale de la consommation,
de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) ;
– présenté comme apportant des macronutriments, avec une allégation
nutritionnelle exclusive ;
– présenté sans revendication thérapeutique.
(2) Soit il s’agit d’un produit innovant qui revendique une ou des allégations
relatives à la santé.

Ce produit peut être une plante nouvellement utilisée comme aliment, un extrait
végétal enrichi en certains constituants ou une nouvelle molécule extraite d’une plante.

Les allégations relatives à la santé susceptibles d’être retenues concernent :


– l’amélioration d’une fonction physiologique avec un effet physiologique
spécifique,
– la prévention en réduisant un facteur majeur de risque de développement
d’une maladie.
Dans ce dernier cas, il faut soumettre un dossier complet auprès de l’AFSSA. Ce
dernier est complexe et très proche du dossier d’AMM demandé pour les médicaments
(AFSSA, 2003).

2.2 Produits médicamenteux


Les produits à base de plantes sont à classer dans trois catégories.

Le cas général
Les médicaments à base de plantes sont traités comme tout médicament.

Ils répondent de la Directive européenne 2001/83/CE qui institue un code


communautaire relatif aux médicaments à usage humain et à la Directive 2003/63/CE

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I. FOURASTÉ © IRD éditions 2005

qui apporte des précisions concernant notamment les produits à base de plantes. Cette
directive est applicable depuis le 1er juillet 2003.

En effet, il y est reconnu que « les médicaments à base de plantes sont


sensiblement différents des médicaments traditionnels dans la mesure où ils sont par
essence associés à la notion très particulière de substances végétales et préparations à
base de plantes. Il convient donc de définir des exigences spécifiques pour ces
médicaments pour ce qui concerne les exigences standardisés d’autorisation de mise sur
le marché ».

Dans ce cas, le demandeur est tenu de répondre à l’ensemble des exigences du


dossier standardisé de demande d’autorisation de mise sur le marché.

Celui-ci comprend 5 modules


– Module 1 : Renseignements d’ordre administratif
– Module 2 : Résumés des modules 3, 4 et 5
– Module 3 : Information chimique, pharmaceutique et biologique
– Module 4 : Rapports non cliniques
– Module 5 : Rapports d’études cliniques
Le cas où le médicament a un usage médical bien établi
Par dérogation, le demandeur d’une autorisation de mise sur le marché « n’est
pas tenu de fournir les résultats des essais toxicologiques, pharmacologiques et
cliniques s’il peut démontrer que le ou les composants du médicament sont d’un usage
médical bien établi et présentent une efficacité reconnue ainsi qu’un niveau acceptable
de sécurité, au moyen d’une bibliographie scientifique détaillée » (Directive
2001/83/CE, article 10). Dans ce cas, seuls les modules 1, 2 et 3 sont à constituer.

Les facteurs à prendre en considération pour démontrer que l’usage médical est
bien établi sont les suivants :
– la durée d’utilisation de la substance,
– les aspects quantitatifs de l’usage de la substance,
– le degré d’intérêt scientifique de l’usage de la substance (tel qu’il se reflète
dans la littérature publiée),
– la cohérence des évaluations scientifiques.
« En tout état de cause, le laps de temps nécessaire pour démontrer que l’usage
médical d’un constituant d’un médicament est bien établi ne peut cependant pas être
inférieur à dix ans comptés à partir de la première application systématique et
documentée de cette substance en tant que médicament à l’intérieur de l’Union
européenne » (Directive 1999/83/CE).
Le cas où le médicament à base de plantes est d’usage traditionnel
Le texte de cette directive a été approuvé par le parlement européen en décembre
2003. Le texte définitif n’a cependant pas encore paru au Journal officiel des
communautés européennes.

Dans l’attente de cette nouvelle directive qui ne manquera pas de modifier


considérablement l’octroi des AMM, la législation nationale reste en vigueur.

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I. FOURASTÉ © IRD éditions 2005

C’est ainsi qu’en France, le texte de référence pour obtenir une autorisation de
mise sur le marché de médicaments à base de plantes traditionnellement utilisées est le
Cahier no 3 de l’Agence (1997).

Un dossier allégé comportant principalement le module 3 peut être suffisant si le


demandeur se conforme aux exigences du cahier de l’Agence :
– choix de la ou des plante(s) sur une liste préétablie d’environ 200 drogues,
– respect de l’indication thérapeutique, toujours d’intérêt mineur,
– associations limitées à celles préconisées dans le texte,
– administration uniquement par voir orale ou externe,
– limitation du nombre de plantes dans une spécialité.
Dans certains cas, une partie toxicologique peut être demandée. Elle est alors
limitée à une toxicité aiguë et chronique à 28 jours sur une seule espèce animale, le rat.

Un dossier clinique n’est jamais demandé.

Les indications thérapeutiques sont toujours précédées de la mention :


« Traditionnellement utilisé dans… », à l’exception des médicaments contenant laxatifs
stimulants pour lesquels seule l’indication « laxatif » est utilisée.

Cas des plantes médicinales vendues en l’état


Les plantes médicinales, inscrites à la Pharmacopée française, sont vendues par
le pharmacien. Elles font partie du monopole du pharmacien à l’exception de 34 d’entre
elles libérées du monopole par décret.

Sauf si elles sont toxiques et inscrites sur une liste de substances vénéneuses,
elles peuvent être délivrées au public sans AMM ; en effet, si le conditionnement ne
comporte pas d’indication thérapeutique, elles ne sont pas considérées comme des
médicaments.

Elles peuvent faire également l’objet d’une préparation officinale ou d’une


préparation magistrale.

2.3 Compléments alimentaires


La Directive 2002/46/CE en donne une bonne définition.

Elle précise également le sens de nutriment qui recouvre, à la fois, les vitamines
et les minéraux, et propose une liste positive pour ces deux groupes de produits.

Toutefois, il serait nécessaire de préciser la notion d’effet physiologique car


cette notion se trouve également dans la définition du médicament et peut prêter à
confusion.

Cependant, on peut admettre que le complément alimentaire maintient un


organisme dans un bon état physiologique, alors que le médicament restaure un état
physiologique déficient.

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I. FOURASTÉ © IRD éditions 2005

La limite entre état physiologique et état pathologique est difficile à cerner, et


pourrait conduire à des dérives commerciales.

C’est dans le domaine de la prévention que la frontière reste délicate à situer.

Mais, si on applique les textes européens en vigueur, qu’il s’agisse d’un


médicament ou d’un aliment, un dossier complet est à établir.

Une réglementation communautaire concernant les denrées alimentaires à


allégation de santé est en cours d’élaboration. Elle devrait permettre de placer dans un
cadre plus strict ce qui appartient au système de santé et ce qui appartient à
l’alimentation.

2.4 Produits cosmétiques


Contrairement aux catégories précédentes, en cosmétologie, tous les végétaux
sont autorisés s’ils ne sont inscrits dans l’annexe II de la directive 76/768/CEE. Ainsi,
certaines plantes médicinales, réputées toxiques, telles que Aconitum napellus L.,
Adonis vernalis L., Ammi majus L., Atropa belladona L., Conium maculatum L., et
leurs préparations sont interdites. Il en est de même de certaines huiles essentielles
(Chenopodium ambrosoïdes L.) ou certaines huiles végétales (Croton tiglium L ou
Laurus nobilis L.).

Les colorants naturels ou synthétiques autorisés en cosmétologie font l’objet


d’une liste positive. Dans cette catégorie sont nettement différenciés les produits qui
n’entrent pas en contact avec les muqueuses et ceux qui n’entrent qu’en bref contact
avec les muqueuses.

3. Orientations

Textes européens en cours d’élaboration


La directive concernant les médicaments de tradition
Elle est élaborée dans le but :
– d’harmoniser les législations nationales actuelles,
– de faciliter la libre circulation des produits,
– d’assurer une protection optimale de la santé publique.
Les médicaments de tradition, à base de plantes, pourront bénéficier d’une
procédure aménagée ne comportant qu’un dossier pharmaceutique correct afin d’assurer
une traçabilité et une qualité constantes. On parle plus facilement d’enregistrement que
d’AMM.

Le dossier devra prouver un recul d’usage traditionnel d’au moins 30 ans, dont
au moins 15 ans dans la communauté européenne.

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I. FOURASTÉ © IRD éditions 2005

La décision d’inscrire une drogue végétale sur une liste de médicaments de


tradition ou sur celle des médicaments d’un usage bien établi sera prise au niveau de
l’EMEA (European Medicines Agency, agence européenne d'évaluation des
médicaments) ; le groupe de travail HMPWP (Herbal Medicinal Products Working
Party) a en charge l’élaboration de ces listes.

Directive sur les compléments alimentaires


La directive 2002/46/CE prévoit des dates butoirs pour l’harmonisation de
l’utilisation des vitamines ou des minéraux en tant que compléments alimentaires au
sein de la communauté.

Notamment, en juillet 2007, au plus tard, des listes positives sur les catégories de
nutriments ou de substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique devront être
présentées au parlement européen. Les plantes proposées comme complément
alimentaire devraient être incluses dans ces listes.

Textes français en cours d’élaboration


Pharmacopée française : liste alphabétique des plantes médicinales
Une réflexion nationale visant à mettre à jour la liste inscrite dans la Xe édition
de la Pharmacopée française est en cours. En particulier, les allégations thérapeutiques
de chacune des drogues sont revues à la lumière des travaux scientifiques actuels.
Certaines drogues désuètes ont été supprimées, d’autres ont été ajoutées.

Les autorités de pharmacopée ont proposé, en enquête publique, les résultats


d’une première réflexion. Les commentaires envoyés par les différents partenaires ont
conduit à des modifications et rectificatifs. Le résultat des travaux devra être approuvé
par la Commission nationale de pharmacopée lors d’une prochaine séance en 2004.

Cahier no 3 de l’Agence
Depuis la dernière édition en 1997, de nombreuses modifications sont à apporter
dans la forme mais aussi dans le fond.

En effet, il est apparu que :


– certaines drogues étaient à supprimer du cahier, soit pour des raisons de
toxicité, soit pour des raisons analytiques, soit parce qu’elles n’ont plus
d’intérêt dans ce cadre ;
– certaines drogues pouvaient être inscrites dans le cahier, soit parce que leur
connaissance scientifique était accrue, soit parce qu’elles ont émergé en
thérapeutique ;
– certains symptômes pathologiques devaient être revus, en particulier, pour
mieux cerner les drogues ne présentant que des « effets physiologiques » ;
– certains points de toxicologie devront être éclaircis, en particulier des
mentions spéciales devront être fournies, dans les posologies infantiles ;
– la différenciation entre les médicaments traditionnels et ceux d’usage bien
établi devra être faite, les cahiers de l’agence ne concernant que les
médicaments traditionnels.
Les travaux en cours devraient aboutir courant 2004.

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I. FOURASTÉ © IRD éditions 2005

Conclusion

L’année qui vient de s’écouler et celle à venir marquent un tournant décisif dans
le devenir des drogues végétales aussi bien dans l’alimentation, le complément
alimentaire que dans le domaine de la santé.

Il est difficile en l’état actuel des textes de se faire une opinion claire sur le
devenir de ces secteurs.

Les documents de travail provisoires doivent tenir compte, bien évidemment, de


réflexions qui impliquent plusieurs secteurs (économiques, écologiques, sanitaires…) et
des impératifs des politiques, nationales et communautaires. Ils doivent également
prendre en considération les calendriers des diverses commissions afin d’harmoniser les
décisions.

Aussi le laps de temps entre l’élaboration d’un texte et son adoption définitive
est-il très variable et imprévisible. Ajoutons à cela que les directives européennes
nécessitent, après leur adoption et avant leur application, un travail de traduction en
droit national parfois particulièrement long et laborieux.

Souhaitons toutefois que l’harmonisation européenne permette une clarification


rapide des législations existantes dans un but d’harmonisation et de sécurité dans le
domaine de la santé publique.

Bibliographie

AFSSA, 2003 - Démarche d’évaluation de la sécurité, de l’intérêt et de l’allégation des


denrées alimentaires contenant des plantes destinées à la consommation
humaine. Paris, AFSSA, 37 p.
AGENCE DU MÉDICAMENT, 1997 – Médicaments à base de plantes : septembre 1997.
Paris, Agence du médicament, Les cahiers de l’agence n°3, 81 p.
BEAUVAIS M., 2000 - Plantes médicinales. Paris, Gründ, 95 p.
Code de la Santé publique, 2004 - 18e éd. Paris, Dalloz, 2294 p.
DIRECTION DE LA QUALITÉ DU MÉDICAMENT, 2001 – Pharmacopée européenne : publiée
selon la convention relative à l'élaboration d'une pharmacopée européenne
(série des traités européens, nº 50) - 4e éd. Strasbourg, Conseil de l’Europe,
XVIII-2623 p.
ORDRE NATIONAL DES PHARMACIENS, 1972 - Pharmacopée française - 9e éd. Paris,
Ordre national des pharmaciens, 2 vol., XXII-677 + 605 p.
SCHILTER B., ANDERSSON C., ANTON R., CONSTABLE A., KLEINER J., O’BRIEN J.,
RENWICK A.G., KORVER O., SMIT F., WALKER R., 2003 - Guidance for the safety
assessment of botanicals and botanical preparations for use in food and food
supplements. Food and Chemical Toxicology, 41(12): 1625-1649

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Substances naturelles en Polynésie française


I. FOURASTÉ © IRD éditions 2005

Directive 76/768/CEE du Conseil, du 27 juillet 1976, concernant le rapprochement des


législations des États membres relatives aux produits cosmétiques. Journal
officiel, n° L 262 du 27/09/1976 : 169-200
Directive 1999/83/CE de la Commission, du 8 septembre 1999, portant modification de
l'annexe de la directive 75/318/CEE du Conseil relative au rapprochement des
législations des États membres concernant les normes et protocoles analytiques,
toxico-pharmacologiques et cliniques en matière d'essais de spécialités
pharmaceutiques (Texte présentant de l'intérêt pour l'EEE). Journal officiel, n° L
243 du 15/09/1999 : 9 - 11
Directive 2001/83/CE du Parlement européen et du Conseil du 6 novembre 2001
instituant un code communautaire relatif aux médicaments à usage humain.
Journal officiel, n° L 311 du 28/11/2001 : 67-0128
Directive 2002/46/CE du Parlement européen et du Conseil du 10 juin 2002 relative au
rapprochement des législations des États membres concernant les compléments
alimentaires (Texte présentant de l'intérêt pour l'EEE). Journal officiel, n° L 183
du 12/07/2002 : 51-57
Directive 2003/63/CE de la Commission, du 25 juin 2003, modifiant la directive
2001/83/CE du Parlement européen et du Conseil instituant un code
communautaire relatif aux médicaments à usage humain (Texte présentant de
l'intérêt pour l'EEE). Journal officiel, n° L 159 du 27/06/2003 : 46-94

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Substances naturelles en Polynésie française


V. BOISVERT © IRD éditions 2005

Étude économique : modes de valorisation et de


protection des substances naturelles

Valérie BOISVERT

Les objectifs assignés à cette contribution à l’expertise collégiale sur la


valorisation économique des substances naturelles en Polynésie française sont doubles.
Il s’agit d’une part d’évaluer le potentiel économique des produits mis en évidence par
les experts des substances végétales, et, d’autre part, de proposer des modes de
protection de ces produits susceptibles d’optimiser leur valorisation économique.
Compte tenu de la nature des substances concernées, du fait que l’information
économique sur certaines d’entre elles est très lacunaire voire inexistante, il n’est pas
possible de se prononcer sur chacun des produits retenus. De plus, la notion de
valorisation économique peut recouvrir des stratégies très variées selon la perspective
dans laquelle on se place : l’objectif principal peut être le développement de la filière, la
valorisation d’un territoire plutôt que d’un produit avec la volonté de maintenir des
emplois… Par conséquent, la présente contribution s’attachera à présenter des options
envisageables et à indiquer la nature des informations complémentaires à réunir et des
choix à opérer. Pour ce faire, j’aborderai :
– (1) quelques éléments de cadrage relatifs à la valorisation économique
des substances naturelles dans le Pacifique Sud ;
– (2) les deux principales options en matière de protection des produits
tirés de substances naturelles (marques et indications géographiques), leurs
domaines de validité, avantages et inconvénients respectifs ;
– (3) des informations sur quelques-uns des produits retenus dans le
groupe 1 par les experts substances végétales ;
– (4) une synthèse des recommandations.

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Substances naturelles en Polynésie française


V. BOISVERT © IRD éditions 2005

1. La valorisation économique des substances naturelles :


contexte général dans le Pacifique Sud

La valorisation économique des substances naturelles est désormais couramment


envisagée dans le cadre de l’application de la Convention sur la diversité biologique de
1992. Elle constitue en effet une des voies privilégiées mises en avant pour assurer la
conservation de la biodiversité. Faire de la protection de ressources diversifiées une
activité rentable est considéré comme le moyen le plus efficace de la promouvoir.
Diverses voies de valorisation sont ainsi généralement mises en avant : favoriser la
bioprospection, développer la production et le commerce de produits forestiers non
ligneux, mettre sur pied des filières labellisées biologiques ou équitables, promouvoir
l’écotourisme…

Que l’on adhère ou non à cette vision des choses, l’entrée en vigueur de la
Convention sur la diversité biologique en 1993 a suscité de nombreux travaux et
réflexions sur les politiques et le cadre institutionnel à mettre en œuvre pour une
valorisation économique des substances naturelles.

• L’intérêt soulevé par ces questions dans le Pacifique Sud est relativement
récent compte tenu de la richesse en ressources biologiques endémiques et diversifiées
de la zone. Le séminaire de Nadi, première réunion régionale des îles du Pacifique sur
l’application de la Convention sur la diversité biologique, s’est tenu en mars 1998 avec
des représentants de 14 pays. Un guide destiné à éclairer les enjeux de la Convention sur
la diversité biologique dans le Pacifique Sud a été édité à la suite de cette réunion
(Convention on biological diversity: an information package for Pacific Island
Countries, 2000). La question du potentiel économique des produits naturels du
Pacifique y figure en bonne place, avec une annexe consacrée au kava, qui connaît alors
un développement commercial fulgurant. Ce rapport met également en avant la
bioprospection comme moyen privilégié de valoriser la biodiversité, et il souligne
l’importance des savoirs traditionnels dans la découverte de nouveaux médicaments ou
de nouveaux produits susceptibles d’être brevetés.

• Deux exemples sont couramment repris pour souligner les enjeux


économiques associés à la bioprospection dans le Pacifique. Le premier est celui d’un
contrat passé à Fidji, qui aurait associé de façon exemplaire la population locale à la
recherche et au partage de ses retombées (Aalbersberg et al., 1998). Le second est taxé
de biopiraterie ; il s’agit de recherche menée sur une plante couramment utilisée à
Samoa (Mamala), dont certains composés se seraient révélés intéressants pour le
traitement du sida. La plante aurait été collectée dans le village de Falealupo par un
ethnobotaniste, dont les recherches auraient finalement conduit au dépôt d’un brevet,
détenu conjointement par Brigham Young University, le Department of Health and
Human Services des États-Unis, et l’armée américaine.

• Ces exemples sont mobilisés pour défendre l’idée d’une valeur


considérable des substances naturelles du Pacifique et des connaissances traditionnelles
associées (Environment, 1998). L’essentiel des recommandations et des politiques

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Substances naturelles en Polynésie française


V. BOISVERT © IRD éditions 2005

envisagées tourne alors autour de l’établissement d’un cadre juridique adéquat pour la
bioprospection : réglementation de l’accès et de l’utilisation des ressources,
reconnaissance et protection formelle de savoirs traditionnels. Sont aussi envisagés,
classiquement, la réalisation d’inventaires de la biodiversité, l’amélioration de
l’information relative à la biodiversité et l’établissement de réseaux pour favoriser sa
diffusion, ainsi que la proposition de modèles et de principes directeurs pour les accords
de bioprospection.

• L’idée d’un potentiel économique considérable pour les produits naturels


traditionnels s’est trouvée renforcée depuis le milieu des années 1990 par les succès
commerciaux considérables du kava et du nono. Le kava, qui était de longue date
exporté, a fait une percée remarquable sur le marché américain, amorcée à la suite de la
libéralisation de la commercialisation des compléments alimentaires en 19941.
L’exportation à grande échelle du nono a commencé à peu près à la même période et les
ventes n’ont cessé de croître depuis.

• Il apparaît donc légitime dans ce contexte de s’interroger sur les


possibilités pour les pays producteurs, dont la Polynésie française, de protéger et
valoriser au mieux leur production de ces deux produits phares. En outre, ces succès
commerciaux ont suggéré que d’autres plantes utilisées traditionnellement dans la
pharmacopée pouvaient être aussi profitables.

• L’effondrement du marché du kava en 2001 à la suite d’interdictions en


Europe n’a pas vraiment mis un terme à cet intérêt pour les substances naturelles.
Certains pays producteurs le voient comme une opportunité pour réorienter la filière
vers une plus grande qualité et promouvoir un produit différencié, en misant sur
l’originalité. Cette interdiction a aussi relancé l’intérêt pour des substances naturelles
susceptibles de se substituer au kava à l’exportation ou de permettre une diversification
aux producteurs durement touchés par la crise (Keith-Reid, 2002b).

2. La protection en vue d’une valorisation économique


des produits : les principales options

Depuis la signature de la Convention sur la diversité biologique, les pays qui


disposent d’une grande biodiversité se sont attachés à rechercher des instruments
juridiques susceptibles de promouvoir une utilisation durable de leurs ressources. Avec
le développement des biotechnologies et l’intérêt accru pour les substances naturelles au
tournant des années 1980, il devenait nécessaire de légiférer pour mettre fin à la
biopiraterie réelle ou supposée. Pour permettre un développement efficace et équitable
des échanges de ressources biologiques, il fallait définir des droits pour les populations
locales susceptibles de faire pendant aux brevets des industriels.

1 Les exportations de plantes médicinales vers les États-Unis ont nettement augmenté après le Dietary
Supplement Health and Education Act, adopté par le Congrès en 1994, qui a permis la commercialisation en masse de
produits à base de plantes comme compléments alimentaires.

162
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Substances naturelles en Polynésie française


V. BOISVERT © IRD éditions 2005

Un intérêt particulier s’est porté sur les types de droits de propriété intellectuelle
pouvant s’adapter à des produits traditionnels et aux savoirs et savoir-faire collectifs
associés à l’élaboration de ces produits. Les avantages attendus d’un développement de
ces droits sont :
– une meilleure valorisation économique des ressources, faisant de leur
conservation une activité rentable et justifiant des investissements dans leur mise
en valeur ;
– des revenus accrus pour les populations autochtones ou communautés
paysannes traditionnelles qui cultivent les matières premières et détiennent des
savoir-faire particuliers associés à cette culture ;
– une reconnaissance des savoirs locaux liés à la préparation et aux
utilisations des substances naturelles et une revalorisation des pratiques de
médecine traditionnelle ;
– en termes d’aménagement du territoire, le maintien d’activités
économiques rentables dans des zones périphériques ou marginales ;
– une source de revenu pour les pays mégadivers qui peuvent envisager
une spécialisation fondée sur leurs substances naturelles en visant des marchés
de niche et des secteurs à haute valeur ajoutée (du moins par rapport à des
exportations agricoles plus conventionnelles).
Dans cette perspective, deux types de droits de propriété intellectuelle sont
souvent mis en avant, les marques et les indications géographiques (Downes, 1997 ;
Downes et Laird, 1999 ; Dutfield, 1997 ; Escudero, 2001). En effet, ils permettent de
protéger la réputation d’un produit, plutôt que l’innovation, et peuvent être adaptés pour
protéger des productions agricoles. Marques et indications géographiques sont utilisées
sur des marchés segmentés, où la concurrence se fait sur la différenciation des produits
plutôt que sur le prix.

Ces deux modes de protection, qui comportent un certain nombre de


caractéristiques communes, ne sont pas équivalents. L’indication géographique garantit
un lien fort au terroir alors que la marque bénéficie d’une bonne protection juridique
internationale. Selon le produit concerné et le marché visé, le choix s’arrêtera sur l’une
ou l’autre.

2.1 Les indications géographiques


• Les indications géographiques – et leur déclinaison française, les AOC –
protègent des produits de terroir dans leur région de production traditionnelle et à
condition que cette production n’ait pas été interrompue. Elles s’appliquent à un espace
donné, pour un produit donné, et tous les producteurs présents dans la zone protégée
peuvent en bénéficier à condition de remplir les conditions fixées par les cahiers des
charges. Ce sont donc des droits collectifs. Elles ne sont pas aliénables : elles ne
peuvent être cédées et un producteur qui délocalise son activité hors de la zone protégée
ne peut continuer à en utiliser le nom.

Ce sont des droits qui portent non pas sur l’innovation mais sur la réputation du
produit, ce qui requiert à la fois un certain savoir-faire dans la production,
éventuellement des traditions, mais aussi une reconnaissance du produit et de ses
particularités de la part du public. Ces indications permettent de développer un marché

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pour des consommateurs sensibles aux notions de terroir, d’environnement, de traditions


sociales. Elles réclament un fort encadrement institutionnel et organisationnel (conseil
technique, assistance juridique, formation…). En revanche, les besoins en technologie
sont faibles.

• Outre leur intérêt strictement économique, elles sont considérées comme


étant favorables au maintien d’activités économiques locales en fixant les populations
dans des territoires défavorisés. Elles seraient également un frein à la délocalisation,
dans la mesure où la mise en valeur des filières territorialise les relations clients-
fournisseurs.

• Les indications géographiques ne sont pas adaptées aux « nouveaux


produits », ou alors elles ne concerneront que la matière première. Pour obtenir une
indication géographique, il faut en effet que l’application que l’on se propose de
valoriser soit la même que l’utilisation traditionnelle.

Les indications géographiques en tant que telles font l’objet d’une protection
internationale depuis l’Arrangement de Lisbonne pour la protection des appellations
d’origine et leur enregistrement international (1958). Elles étaient protégées auparavant
dans le cadre de la Convention de Paris et de l’Accord de Madrid qui couvraient de
façon plus générale la protection de la propriété industrielle et la répression de la
contrefaçon.

L’accord de Lisbonne a institué un registre international des appellations


d’origine. Les indications géographiques doivent d’abord faire l’objet d’une protection
dans leur pays d’origine pour pouvoir prétendre à l’inscription dans ce registre
international, géré par l’OMPI (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle).
Une fois enregistrés, les produits sont protégés dans les pays signataires de l’accord de
toute usurpation du nom ou imitation. La protection conférée est très forte dans la
mesure où l’usage des noms protégés est prohibé même si la véritable origine du produit
est indiquée (par exemple, Champagne de Californie) et même si ces noms sont traduits
ou accompagnés de mention comme « type », « style »… Ces critères sont si stricts que
seuls 20 pays ont adhéré à l’Arrangement, ce qui en réduit considérablement la portée.
Ce système international, remis en cause par l’Accord ADPIC2, bénéficie
essentiellement aux pays européens (y compris pays émergents) qui représentent 95 %
des appellations enregistrées.

La protection internationale des indications géographiques est explicitement


garantie par l’Accord ADPIC (articles 22 à 24). Ce dernier institue un système de
protection à plusieurs niveaux, seuls les vins faisant l’objet d’une protection vraiment
stricte (article 23). Au titre de l’Accord ADPIC, les produits déjà protégés par une
indication géographique dans leur pays d’origine le sont dans l’ensemble des pays
membres, c’est-à-dire que leur nom ne peut être usurpé ou utilisé de façon ambiguë à
propos de produits fabriqués ailleurs. Il est impossible d’utiliser comme nom de marque
un nom protégé par une appellation géographique.

2 Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce, en anglais TRIPS

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Il existe toutefois des exemptions à cette protection :


– si le nom est considéré comme générique et déjà largement employé sans
référence à la zone d’origine initiale du produit ;
– si le nom était déjà déposé comme nom de marque avant qu’une
demande de protection par une indication géographique ne soit déposée ;
– si le produit a cessé d’être fabriqué dans la région dont il est originaire ou
s’il n’est pas protégé dans son pays d’origine.
Autrement dit, quand des noms de produits associés à une origine géographique,
voire des toponymes, ont déjà été déposés comme noms de marques par des firmes
étrangères il est trop tard, la protection n’étant pas rétroactive.

2.2 Les marques


Une marque est un type de droit de propriété intellectuelle qui protège un signe
distinctif, un symbole, un mot ou une série de mots, généralement repris sur les
emballages et dans la publicité du détenteur du droit d’utiliser la marque. La protection
de la marque est accordée pour des biens et services déterminés qui sont mentionnés
dans son enregistrement.

Les marques sont définies dans l’article 15 de l’Accord ADPIC comme tout
« signe ou combinaison de signes susceptibles de distinguer les biens et les services
d’une entreprise de ceux d’autres entreprises ». Les États membres de l’OMC doivent
mettre en place des procédures d’enregistrement et de protection des marques de façon
que le propriétaire d’une marque déposée ait le droit exclusif d’exclure des tiers de
l’utilisation de signes similaires pour des biens identiques ou similaires à ceux pour
lesquels la marque est enregistrée.

Contrairement aux indications géographiques, les marques sont la propriété


d’individus ou de groupes qui peuvent les céder, les vendre ou les léguer. Ils conservent
le droit d’utiliser leur marque s’ils délocalisent la production. Les coûts associés aux
poursuites en cas de contrefaçon sont à la charge des détenteurs de la marque tandis que,
pour les indications géographiques, ils sont à la charge de l’administration.

Les marques protégent une image et une stratégie élaborées par leurs détenteurs.
Les produits ou services qu’elles protègent doivent avant tout avoir une image de
qualité. Ils peuvent éventuellement évoquer la tradition ou une relation particulière au
terroir si ce sont les attributs que la communication de l’entreprise entend mettre en
avant. Il n’est en tout cas pas nécessaire d’en apporter la preuve. Une marque peut ainsi
être adaptée pour protéger de nouveaux produits, des utilisations nouvelles de plantes
qui sont l’objet de pratiques traditionnelles, des préparations dans lesquelles l’ingrédient
traditionnel n’intervient que de façon marginale…

Dans la perspective de l’expertise, deux types de marques peuvent être


intéressants : les marques collectives, détenues et gérées par un groupement de
producteurs, un syndicat interprofessionnel ou une association par exemple, et les
marques certifiées. Dans le cas d’une marque collective, c’est l’entité détentrice de la
marque qui décide des conditions de son utilisation : elle peut fixer un cahier des
charges imposant des techniques de production particulières, une localisation précise de

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l’activité. C’est par exemple le cas de la marque Stilton, détenue par un groupement de
producteurs de fromage de la région de Stilton au Royaume-Uni. Il est possible de
parvenir à un cadre assez proche de celui de l’indication géographique, les producteurs
décidant toutefois unilatéralement des conditions d’utilisation de la marque. Il n’est
alors pas nécessaire de faire la démonstration du caractère traditionnel de l’activité, ni
de l’origine locale de tous les intrants, et les critères à réunir sont globalement plus
souples.

Ces marques collectives peuvent être certifiées, ce qui implique le recours à une
organisation tierce garantissant que les arguments mis en avant par les détenteurs de la
marque (origine du produit, méthode de production employée…) sont authentiques
(Dutfield, 1997). Ce mode de protection est utilisé par des communautés amérindiennes
pour le marketing de leurs produits artisanaux. Très développé en Amérique du Nord, il
commence à s’étendre en Amérique du Sud. La certification est alors assurée par les
organisations autochtones ou les administrations en charge des autochtones. Il s’agit
alors de valoriser les savoir-faire traditionnels plus que la matière première.

Les marques sont une forme de droit de propriété intellectuelle très développée,
qui jouit d’une forte reconnaissance internationale. L’inconvénient majeur qu’elles
représentent du point de vue des producteurs sont les coûts qu’elles entraînent. Il n’est
par ailleurs pas possible de déposer comme nom de marque un nom qui serait déjà
protégé comme indication géographique.

2.3 Quelques éléments de comparaison et de mise en perspective


La marque est adaptée L’indication géographique est adaptée
− aux produits pour lesquels le lien au terroir est − aux produits marqués par une forte typicité,
distendu, − aux produits bénéficiant d’un marché local,
− aux produits dont les zones de production sont trop − aux produits haut de gamme,
grandes ou trop petites,
− aux produits présentant des caractéristiques
− aux produits tirant leur spécificité d’un assemblage communes et produits par un collectif de
ou d’une sélection des intrants, producteurs.
− aux produits soumis à une forte variabilité du
marché,
− aux produits nécessitant une protection
internationale forte.

C’est le système qui prévaut aux État-Unis. Le système est reconnu en Europe.

Dans un cas comme dans l’autre, une protection ne se justifie que s’il y a un
marché : une demande réelle pour le produit, des débouchés au moins locaux et une
certaine concurrence. Le degré de segmentation du marché (et donc la différenciation
possible des produits par des marques ou des indications géographiques) dépend
largement des préférences des acheteurs et de leur perception des différences de qualité.
Ces types de protection sont donc plus adaptés pour des produits finis, directement
achetés par des consommateurs, que pour des produits qui seraient utilisés comme
inputs industriels. L’opportunité de développer des marques ou indications
géographiques supplémentaires est par ailleurs liée au degré de segmentation déjà
observable du marché. La multiplication à l’extrême des signes et labels divers peut
avoir un effet contre-productif et désorienter le consommateur.

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• Dans la mesure où toute protection a un coût (lié à l’organisation des


producteurs et de l’interprofession, au dépôt de la marque, au marketing…), il faut
qu’elle entraîne des avantages qui égalent au moins ce coût.

• Marque et indication géographique visent la protection de la réputation


ou de l’image d’un produit. Encore faut-il que cette réputation et cette image existent,
que les acheteurs du produit soient prêts à le payer plus cher en fonction des qualités
particulières qu’ils lui attribuent par rapport à d’autres produits jugés plus génériques.
Autrement dit, ces mesures de protection ne se substituent pas aux investissements
nécessaires à la promotion de la qualité d’un produit. Elles assurent simplement aux
producteurs qui les auront consenties un monopole, leur permettant de tirer de façon
exclusive profit de ces investissements.

Le système de protection qui prévaut aux États-Unis et dans une grande partie du
monde est celui de la marque. Aux États-Unis et au Japon, les noms de marques qui
renvoient à une origine géographique sont très fréquents. Aux États-Unis, les
immigrants ont fréquemment repris des noms de leur pays d’origine qui, depuis, ont été
associés à une qualité de produit particulière alors que la référence géographique à
laquelle ils renvoyaient est inconnue des consommateurs. Le cas le plus fréquemment
cité est celui de la bière Budweiser, nom sur lequel une brasserie de la ville de Budvar
en République tchèque revendique des droits. De même, le dépôt de toponymes
amazoniens comme noms de marque au Japon a récemment fait grand bruit au Brésil,
où il a été dénoncé comme une nouvelle forme de biopiraterie. Il est donc inutile
d’investir dans une indication géographique si on vise les marché des États-Unis et du
Japon. Une marque, y compris à référence géographique, est plus adaptée.

Des conflits peuvent apparaître entre marque et indication géographique. Cette


dernière ne pourra s’imposer sur un marché où une marque homonyme existe déjà (par
exemple, « Tahitian noni » et les multiples noms proches déposés par Morinda Inc. aux
États-Unis et en Europe). Une double protection est possible : certains producteurs à
l’intérieur d’une zone couverte par une indication géographique peuvent commercialiser
le produit sous un nom de marque, ce qui leur permettra de tirer seuls les fruits de
stratégies de communication ou de marketing plus ciblées et d’investissements
publicitaires.

Les indications géographiques se déclinent dans l’Union européenne en


appellations d’origine, indication géographique protégée et spécialité traditionnelle
garantie, qui permettent de protéger une gamme assez étendue de produits, ayant un lien
plus ou moins fort avec leur terroir, dont la production est plus ou moins artisanale et
nécessite des savoir-faire plus ou moins spécifiques ou développés. Si le marché visé est
le marché européen, il est possible de jouer sur cette gamme de protections et de trouver
celle qui est le plus adaptée au produit concerné. Toutefois, tous ces signes ne jouissent
pas de la même notoriété auprès du public qui, en France, connaît surtout les AOC. De
plus, la définition internationale des indications géographiques, reprise dans l’accord
ADPIC, se rapproche plutôt de celle des appellations d’origine.

Compte tenu du fait que la plupart des produits présents en Polynésie française
le sont plus largement dans le Pacifique Sud, il importe que la stratégie de valorisation
économique mise en œuvre soit cohérente avec les initiatives régionales en la matière.

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3. Les produits identifiés dans le cadre de l’expertise

Le point de départ de l’expertise a été l’identification de substances naturelles


présentes en Polynésie française, ayant une certaine originalité botanique et pouvant
présenter un potentiel économique, ce dernier étant évalué sur la base de leurs activités
connues ou supposées. L’idée était d’identifier des substances susceptibles de
déboucher sur de nouveaux produits et peut-être de renouveler l’expérience du nono.
Ont ensuite été réintroduites des plantes locales aux marchés déjà développés comme le
kava ou la vanille.

Dans la perspective d’une valorisation économique, un premier problème se


pose pour passer de la substance naturelle identifiée comme potentiellement intéressante
à un produit. L’endémisme ou l’originalité des substances naturelles ne sont pas
forcément des critères appropriés pour définir la spécificité voire l’unicité des produits.
Sont aussi déterminants le savoir-faire ou les techniques mis en œuvre dans la
transformation ou l’élaboration d’un produit commercialisable, ses différences par
rapport à des produits comparables, les coûts correspondants… Un produit peut être
unique sans être tiré de substances naturelles uniques, de même que le caractère unique
de certaines substances naturelles ne sera pas forcément reconnu comme tel par le
marché. L’objet même des marques est de créer de la différenciation et de distinguer
certains produits, à l’identité forte, d’autres, plus génériques.

Il n’est par ailleurs pas évident qu’il faille à tout prix rechercher la
différenciation, la spécialisation à l’extrême ou la production pour des marchés de
niche, par définition limités. La plupart des produits identifiés dans le cadre de
l’expertise sont présents ailleurs dans le Pacifique Sud ou pourraient y être mis en
culture. Il faut se poser la question de l’opportunité de développer une différenciation
forte dans la région – et donc une forte concurrence – pour des produits proches, alors
qu’une approche régionale concertée pourrait être plus avantageuse pour l’ensemble des
parties.

Ainsi, s’interroger sur les possibilités de commercialiser de façon rentable et


durable des produits tirés de substances naturelles est une tout autre question que celle
de l’identification de substances à l’activité prometteuse.

Pour la plupart des substances naturelles traitées dans le cadre de l’expertise, les
potentiels de développement sont trop faiblement identifiés pour que l’on puisse se
prononcer sur les stratégies à promouvoir, si ce n’est qu’il faudrait réaliser des études
plus approfondies.

Pour d’autres produits (kava, nono, tamanu), une production existe déjà à partir
de la substance naturelle et elle donne lieu à une commercialisation. Dans une
perspective de meilleure valorisation économique, il faudrait tout d’abord faire un
diagnostic des filières, ensuite et si c’est nécessaire suggérer des voies d’amélioration
possibles, en termes d’organisation et de positionnement sur le marché. Cela
nécessiterait un dialogue avec les acteurs locaux afin de définir ce qu’ils perçoivent

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comme étant les objectifs à atteindre : maintien ou création d’emploi, objectifs


d’aménagement du territoire, expansion commerciale des filières…

Des études approfondies n’ayant pu être menées dans le cadre de cette expertise,
la recommandation majeure à faire est de capitaliser l’information et de l’organiser à la
lumière des critères à réunir pour obtenir une indication géographique ou une marque :
– La concurrence justifie-t-elle une protection des produits ?
– Les acheteurs du produit seraient-ils prêts à payer plus cher pour un
produit différencié ?
– Le marché du produit se prête-t-il à une différenciation ?
– Les avantages que l’on peut escompter d’une protection dépassent-ils les
coûts ?
– S’agit-il d’une production traditionnelle qui n’a jamais été interrompue et
qui bénéficie d’un marché local ?
– À quelle échelle géographique le produit spécifique se définit-il et
requiert-il une protection (produit très local, régional…) ?
– L’originalité de la production réside-t-elle dans les matières premières
employées et/ou dans l’assemblage ?
– Quels sont les types de protection couramment utilisés sur les marchés
visés ?
– Comment les produits similaires ou proches sont-ils protégés sur les
marchés en question ? L’appellation du produit est-elle considérée comme
générique ? A-t-elle déjà donné lieu à des dépôts de marques ?
– Quels sont les effets probables de ces protections sur les systèmes de
production locaux (nouvelles contraintes techniques ou réglementaires,
surcoûts…) ? Ses effets sont ils acceptables ?
Seules des informations à caractère général ont pu être réunies pour le kava, le
nono, et dans une moindre mesure le tamanu.

3.1 Le kava (Piper methysticum)


Le kava fait l’objet d’une utilisation traditionnelle de longue date et son activité
est connue et décrite depuis longtemps. Il est aussi l’objet d’un commerce international
depuis plus de cent ans. Traditionnellement, les marchés d’exportation étaient la France
et l’Allemagne, plus récemment les États-Unis. Les prix ont considérablement augmenté
au cours des années 1990, aussi bien pour la matière première que pour les produits
transformés.

Le marché international du kava a connu un essor fulgurant pendant la seconde


moitié des années 1990. En 1998, le kava était une des plantes qui se vendaient le mieux
aux États-Unis et l’une de celles dont les ventes connaissaient la croissance la plus
rapide, avec une augmentation de 473 % de 1997 à 1998 (Gruenwald et al., 2003). En
1996, les principales industries de traitement en Europe étaient Potter’s Herbal Supplies,
Brenner-Efeka, Fink, Merrell Dow, Schwabe, et aux États-Unis Hauser, Pure World
Botanicals et Quality Botanicals. Presque toutes les enseignes spécialisées dans les
plantes proposaient des produits à base de kava, voire des gammes complètes (Downes
et Laird, 1999).

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Dans le Pacifique Sud, la production annuelle de kava était estimée à un montant


de l’ordre de 60 millions de dollars US. Les superficies plantées en kava ont
énormément augmenté pour faire face à la demande croissante. Ainsi 100 000 hectares
supplémentaires auraient été consacrés à la culture du kava (Gruenwald et al., 2003).

Il s’agit d’une importante source de revenu dans les îles du Pacifique pour les
petits agriculteurs (principalement à Vanuatu, Fidji, Samoa, Tonga). C’est la seconde
culture d’exportation aux Fidji après la canne à sucre. Des cultures industrielles ont été
lancées en Australie, dans le Queensland, et développées à Hawaï au moment du boom
du marché. Une des firmes qui commercialisent le kava aux États-Unis, Pure World
Botanicals, aurait même envisagé une mise en culture au Mexique (Downes et Laird,
1999 ; GRAIN et GAIA Foundation, 2000)3. En 2001, il y avait 65 exploitations qui
cultivaient le kava à Hawaï et assuraient une production de 225 tonnes pour des ventes
rapportant 585 000 $ aux producteurs.

Puis le marché a été durement frappé au cours des trois dernières années par des
interdictions de mise sur le marché dans plusieurs pays d’Europe et en Amérique du
Nord (Canada) à la suite de cas d’hépatite fulminante détectés chez des consommateurs
de produits dérivés du kava. Les ventes auraient connu une baisse de l’ordre de 75 % à
Fidji entre 2001 et 2002.Les compléments alimentaires contenant du kava ne sont pas
interdits aux États-Unis mais la Food and Drug Administration a émis un avis en mars
2002 informant des risques hépatiques potentiels. Cette publicité négative a beaucoup
affecté l’industrie naissante du kava dans le Pacifique Sud, en particulier dans les quatre
principaux pays exportateurs (Vanuatu, Fidji, Samoa et Tonga). Le prix du kava à
l’export a nettement diminué, de même que les perspectives de profit de l’économie
locale qui commençait à s’établir autour de la production de kava. Des mesures
d’assistance financière aux producteurs ont dû être adoptées depuis la fin 2001 pour
atténuer les effets de cette crise. De même, les compagnies pharmaceutiques
commercialisant des produits à base de kava ont vu leurs profits fondre.

En 2003, une étude commanditée par les pays producteurs de kava et réalisée
avec le soutien de l’Union européenne (Gruenwald et al., 2003) a confirmé l’absence de
lien entre le kava et les cas d’hépatite qui avaient suscité ces interdictions. Le rapport
scientifique ayant déclenché les premières interdictions en Allemagne et en Suisse serait
très contestable. L’étude conclut à la nécessité pour les pays producteurs de faire du
lobbying à l’OMC pour faire lever les interdictions pesant sur le kava, et de mener une
campagne médiatique de réhabilitation de ce produit, démontrant le désastre
économique engendré par l’interdiction de commercialisation. Toutefois, la
normalisation du marché du kava en Occident n’est toujours pas une réalité et les pays
océaniens tentent de réparer les dégâts énormes occasionnés à la réputation de leur
produit. C’est dans ce contexte qu’est envisagé un « label de qualité », associé à une
appellation d’origine contrôlée (Trade Forum, 2002). L’Institute of Applied Sciences de
l’Université du Pacifique Sud (USP) travaille à la définition de normes de qualité et a
fait des propositions de spécifications physiques et chimiques standards.

3 D’après sa publicité, Pure World Botanicals s’alimenterait en kava principalement au Vanuatu.

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La certification ou l’obtention d’une appellation d’origine seraient le moyen de


tirer profit de ces investissements en vue d’une meilleure qualité. Les autorités du
Vanuatu se sont déjà engagées dans une procédure d’appellation d’origine pour le kava
qui est en passe d’être imitée par le gouvernement fidjien. Des projets dans ce sens
avaient déjà été évoqués en 1998, avant la crise du kava.

Dans un premier temps, les marchés visés sont locaux mais à terme les marchés
internationaux sont aussi concernés. Les promoteurs de cette relance du kava se veulent
résolument optimistes et espèrent une normalisation rapide sur le marché américain des
compléments alimentaires et une réouverture prochaine du marché pharmaceutique
européen.

Compte tenu de ce contexte, il serait souhaitable que les producteurs de


Polynésie française se joignent aux initiatives régionales et participent aux efforts
internationaux de lobbying en faveur du kava, en particulier aux stratégies de relance du
kava sur le marché européen. La réunion tenue à Bruxelles en août 2003 pour décider
des actions à envisager comme suite au rapport commandité par les pays producteurs
s’est conclue sur la formation d’un comité exécutif du kava (KEC), composé de
représentants des quatre principaux pays producteurs et du secrétariat du Forum des îles
du Pacifique et de représentants des industries européennes. Il serait opportun de suivre
les travaux de ce comité. Si des normes de qualité s’imposent pour le kava du Pacifique,
il est aussi souhaitable de s’associer à leur définition.

Rappelons que l’obtention d’une appellation d’origine nécessite de démontrer les


spécificités du produit en lien avec son terroir et qu’elle ne se justifie vraiment que dans
une perspective de reconquête du marché européen.

3.2 Le nono (Morinda citrifolia)


L’essentiel de la production et de la commercialisation du nono (Morinda
citrifolia) est sous le contrôle de Morinda Inc., entreprise américaine basée en Utah,
avec un mode de distribution original axée sur la vente directe par correspondance,
notamment sur Internet. Le succès du nono s’expliquerait pour une bonne part par les
techniques de marketing de Morinda Inc. qui recourt à la vente pyramidale et distribue
ses produits à travers ses réseaux, lors de réunions, comme Tupperware ou Amway.

Bien que les superficies plantées en nono aient considérablement augmenté – et


ce dans tout le Pacifique Sud –, il n’y a pas de preuves scientifiques très solides des
vertus du jus de nono. Des responsables de l’industrie se demandent s’il n’y a pas à
terme, d’une part, un risque de surproduction, et d’autre part si une communication
exagérée autour des vertus – non avérées – du jus de nono n’est pas un facteur de
vulnérabilité.

En Polynésie française, le commerce de ce produit semble être considéré comme


un succès dans son organisation actuelle. La décision de la société Morinda de
construire une nouvelle usine à Tahiti, en particulier, est perçue de façon très positive.
Auparavant, Morinda louait des locaux à l’entreprise Jus de fruit de Moorea sur la
commune de Taravao. Cette nouvelle implantation devrait lui permettre de produire
davantage, entre 7 000 et 10 000 tonnes de purée de nono par an à partir de mars 2005

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(contre 3 500 tonnes en 2003). La mise en place d’une activité d’embouteillage est
également envisagée et vivement souhaitée par les autorités du territoire. La décision
n’est toutefois pas arrêtée, la mise en bouteille se fait actuellement à la maison mère,
dans l’Utah, et seul le siège américain est en mesure de décider si elle sera rapprochée
du nouveau site de production. Les avantages escomptés de la commercialisation du
nono par les autorités semblent donc résider essentiellement en termes de retombées
pour l’emploi. En effet, actuellement, seule la purée du nono, matière relativement peu
transformée, est exportée, avec une valeur ajoutée limitée. L’essentiel de la création de
valeur ajoutée associée à la production de jus de fruit se fait sur le sol américain. Les
fruits frais sont vendus entre 50 et 60 cents le kilo tandis que la bouteille de 50 ml est
vendue entre 10 et 12 US $ aux États-Unis.

L’image favorable de Morinda dépasse toutefois la Polynésie française, puisque


l’entreprise s’est vu décerner le prix de l’entreprise solidaire 2003, remis par l’ICCC
(International Council on Caring Communities), qui récompense des projets en faveur
du développement durable et de la solidarité en faveur des communautés. L’action de
Morinda a été saluée car l’entreprise achète du nono produit dans les îles et fait ainsi
vivre des centaines de familles.

Si Morinda domine le marché mondial, selon le site Internet de cette société,


plus de 200 entreprises commercialiseraient également des produits à base de nono (jus
de fruit, gélules, sodas…), les parts de marché et progression d’une cinquantaine d’entre
elles étant comparées à celles de Morinda4. Ainsi, 103 marques déposées aux États-Unis
comportent le terme noni (appellation la plus courante de Morinda citrifolia), contre 8
en Europe où la commercialisation a débuté depuis peu. Les plus gros marchés pour le
nono sont actuellement les États-Unis, où il est commercialisé comme complément
alimentaire, suivis du Japon où il est vendu comme aliment depuis 1999, et de la Corée
et plus récemment de la Chine. La demande de nono n’a cessé de s’accroître depuis
1996, date de création de Morinda Inc.5. De nouvelles perspectives s’ouvrent avec
l’ouverture du marché européen6. Le jus de nono peut désormais être mis sur le marché
des pays de l’Union européenne comme ingrédient dans les jus de fruits pasteurisés.
Actuellement, les plus gros marchés européens sont l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie.
Cependant, si l’on en croit les experts réunis à Port Vila en février 2002 pour le Forum
des industries des plantes médicinales du Pacifique, la production excéderait la
demande.

La Polynésie française n’est pas la seule zone de production du nono. Sur le


marché des États-Unis, le nono de Hawaï est très présent et la fabrication de jus de nono
se développerait aux Fidji7. Il y a aussi des plantations dans les Caraïbes et en Amérique
du Sud. Plusieurs îles du Pacifique envisagent de se lancer dans la production de jus de

4 http://www.tahitiannoni.com

5 Le chiffre d’affaires annuel de Morinda devrait atteindre le milliard de dollars dans les deux
ans si la progression se poursuit au même rythme.
6 La Décision 2003/426/CE, parue au Journal officiel L 144 du 12.6.2003, autorise la mise sur le
marché du « jus de noni » (jus de fruit de Morinda citrifolia L.) au titre d’« aliment nouveau ».
7 Pacific Forest Islands and Trees, juin 1999 ; David Khan, Kura Exporter, Caubati-Fidji.

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nono, pour compenser les pertes de revenus à l’exportation consécutives à la crise


actuelle du kava (Downes, 1997). Un des arguments de Morinda en faveur de son
produit est la qualité supérieure du nono de Polynésie française, particulièrement de
celui des Marquises, mais en l’absence d’évaluation contradictoire il est sans doute
difficile d’en juger. Il semble que l’expertise sur le nono soit assez directement
contrôlée par Morinda et qu’avis scientifique et arguments marketing soient souvent
mêlés dans la communication « institutionnelle » sur le nono.

Il est difficile de prédire ce que sera l’avenir du marché du jus de nono. Quelque
peu échaudés par l’exemple du kava, les experts sont sceptiques et jugent qu’une
poursuite de la croissance n’est pas plus probable qu’un effondrement du marché. Lors
de la réunion en février 2002 du Forum des industries des plantes médicinales du
Pacifique, certains spécialistes auraient présenté le jus de nono comme le prochain
produit à risque après le kava (Keith-Reid, 2002b). Les vertus du jus de fruit de nono
seraient discutables, ou du moins n’auraient rien d’exceptionnel. L’avenir du nono sur le
marché européen serait incertain, le positionnement du produit étant probablement plus
délicat qu’aux États-Unis. Notons qu’aux États-Unis, Morinda s’est fait épingler en
1998 pour avoir évoqué dans sa communication les vertus médicinales du jus de nono
alors que ce produit n’a pas l’agrément de la Food and Drug Administration. Les
méthodes de vente de Morinda ont également été critiquées, notamment pas la justice
suisse, qui a alerté le public du caractère illégal de ses procédés de vente dits « boule de
neige » (Office fédéral de la justice suisse, 2001).

Si la situation actuelle de l’exploitation du nono est jugée satisfaisante par les


autorités de Polynésie française, il n’y a pas de raison particulière d’envisager des
changements. Si le succès commercial du nono ne se dément pas, le développement de
nouvelles marques, destinées en particulier aux marchés européens, peut être justifié.
Toutefois, dans la mesure où l’essentiel du succès du nono repose sur le marketing, il
serait souhaitable de commander au préalable une étude à un cabinet de conseil
spécialisé.

Compte tenu du nombre de noms de marques comportant les mots « Tahitian


Noni » déposés par Morinda Inc., le développement d’une indication géographique
paraît peu adapté. Les préparations commercialisées sur les marchés étrangers n’ont du
reste pas grand-chose à voir avec les utilisations traditionnelles de la plante (Dixon et
al., 1999). Enfin, la spécificité du nono de Polynésie devrait être démontrée, sa
qualification comme « produit de terroir » n’est peut-être pas évidente.

3.3 Le tamanu (Callophyllum inophyllum)


L’huile de tamanu (Callophyllum inophyllum) est un produit relativement
confidentiel par rapport au nono ou au kava. Le tamanu est vendu sur les sites Internet
qui proposent également du nono et, de façon plus générale, des produits originaires du
Pacifique.

D’après la dépêche de Tahitipresse annonçant la création d’un syndicat


interprofessionnel de l’huile de tamanu (Dépêche de Tahitipresse, 2003), il y aurait des
problèmes d’approvisionnement des producteurs d’huile en matière première. La
création du syndicat a pour but de surmonter ces problèmes et de parvenir à une

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V. BOISVERT © IRD éditions 2005

meilleure organisation de la filière de production, de la récolte à la distribution. Il est


également question de développer les exportations en visant les marchés internationaux,
ce qui requiert au préalable des tests de validation des vertus de l’huile et le dépôt d’une
appellation cosmétique auprès de l’INCI (International Nomenclature of Cosmetic
Ingredients). Des analyses génétiques seraient en cours et des projets de plantation à
l’étude.

Les résultats de ces diverses démarches devraient permettre de déterminer la


stratégie à adopter en matière de valorisation économique.

Dans la mesure où le tamanu n’est pas originaire de Polynésie française et où il


est répandu dans une grande partie de l’Asie du Sud-Est, du Pacifique et même en Inde,
il paraît difficile d’obtenir une appellation d’origine pour la matière première.
Cependant, s’il est prouvé que l’huile de tamanu de Polynésie française a des vertus
particulières liées à un mode de préparation traditionnel des noix, elle pourrait être
éligible pour une indication géographique. Reste à savoir si cela serait rentable et
opportun. Si l’huile de tamanu est appelée à être utilisée comme matière première dans
l’industrie cosmétique, une telle protection n’est pas forcément indiquée.

La concurrence potentielle serait importante s’il s’avérait que l’huile de tamanu


eût un avenir commercial à l’exportation. Une entreprise du Vanuatu, Industrial
Botanicals Corporation Ltd, à Santo, s’est ainsi lancée récemment dans la production
d’huile pour le marché américain (Keith-Reid, 2002a). Le dépôt d’une marque
collective pourrait être envisagé par le syndicat interprofessionel de l’huile de Tamanu
si les résultats des diverses études lancées sont concluants.

Pour tous les autres produits, il faudrait réunir des informations sur les filières de
production et les marchés potentiels, c’est-à-dire aussi bien les types de
commercialisation envisagés – médicaments, cosmétiques, compléments alimentaires,
etc. – que les aires géographiques visées et les modes de distribution. Dans une
perspective de protection des produits de Polynésie française, il faudrait s’attacher à
évaluer leur spécificité par rapport à des produits similaires venant d’autres îles du
Pacifique, voire d’autres parties du monde. Il conviendrait de façon plus générale de
mettre en avant les avantages comparatifs du territoire, ses éléments d’attractivité.

4. Conclusion : quelles orientations en matière de valorisation


économique ?

Comme nous l’avons vu, le choix d’un mode de protection pour un produit,
permettant de tirer au mieux profit de sa réputation et des investissements réalisés en
termes de qualité, nécessite une bonne connaissance des filières de production et des
marchés réels ou potentiels. Ces informations n’ont pu être collectées dans le cadre de
l’expertise, ce qui limite la portée des conclusions qui peuvent être tirées. La
recommandation majeure consiste à réaliser des études de filière et de marché pour les
produits identifiés et à mener sur cette base et avec l’aide d’un conseil en stratégie une

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Substances naturelles en Polynésie française


V. BOISVERT © IRD éditions 2005

réflexion plus générale sur les positionnements envisageables pour la Polynésie


française en matière de commercialisation de produits tirés de substances naturelles.

Pour tous les produits identifiés comme potentiellement intéressants par


l’expertise, il faut :
– Développer les recherches agronomiques, chimiques et génétiques sur les
variétés concernées de façon à démontrer leur absence de toxicité et leur
originalité par rapport à des variétés proches, et à obtenir une production de
bonne qualité. Il convient également de bien décrire et étudier les modes
d’utilisation traditionnelle de façon à les comparer et les distinguer d’éventuelles
préparations industrielles (WHO Pharmaceuticals Newsletter, 2003).
– Développer les études de filières et favoriser l’organisation des
producteurs et des interprofessions (création de syndicats, de groupements…).
– Réaliser des études de marché pour choisir en connaissance de cause un
type de positionnement du produit et des pays cibles privilégiés pour
l’exportation, ces deux éléments étant liés. Ces études devraient aussi permettre
de définir les modes de distribution les plus appropriés.
– Participer aux initiatives régionales de valorisation et de normalisation, et
à d’éventuelles actions de lobbying pour défendre les produits.
Pour limiter la vulnérabilité des systèmes de production et éviter que ne se
reproduise une crise comparable à celle du kava :
– Miser sur une diversification plutôt que sur un seul produit. Les effets de
mode sont très importants sur les marchés des produits naturels. La réaction du
marché à des effets d’annonce sur la toxicité des produits, y compris infondés ou
concernant des applications très éloignées, peut être très rapide et démesurée. Le
marché est en outre à la merci de l’évolution du cadre réglementaire dans les
pays importateurs.
– Privilégier les produits qui ont déjà un marché local et régional
(Pacifique).
– Ne pas fonder d’espoirs démesurés dans la possibilité d’un commerce
lucratif de plantes utilisées dans la pharmacopée traditionnelle. Les revenus
seraient vraisemblablement davantage à attendre de produits plus standards,
comme la vanille, que de plantes médicinales.
En 2002, aucune plante originaire du Pacifique ne figurait parmi les
18 meilleures ventes en Europe et 79 % des plantes médicinales originaires du Pacifique
étaient utilisées dans le Pacifique (Trade Forum, 2002). Le restant était exporté vers la
Chine (de l’ordre de 4 %) et les marchés occidentaux (16 %), principalement l’Europe
et les États-Unis. La valeur ajoutée se répartirait à peu près de la même façon pour
toutes les plantes médicinales, les matières premières ne représentant que 8 % du prix
de vente final du produit, les grossistes et les distributeurs réalisant respectivement des
marges de 25 et de 50 %.

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Substances naturelles en Polynésie française


V. BOISVERT © IRD éditions 2005

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Substances naturelles en Polynésie française


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juin 2005

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Substances naturelles en Polynésie française


Ch. NOIVILLE © IRD éditions 2005

Aspect juridique : droits d’accès


aux ressources biologiques
et partage des avantages

Christine NOIVILLE

1. Enjeu d’une étude juridique

Si les substances naturelles ont toujours constitué la base d’une activité


industrielle et commerciale plus ou moins soutenue (voir, en Polynésie française, le
nono, le monoï, le santal, etc.), le développement des biotechnologies a profondément
renouvelé les perspectives de leur valorisation. À la faveur de ces techniques, on sait en
effet que les ressources biologiques – et leurs composants – sont devenues une matière
première de plus en plus convoitée qui, loin de n’acquérir de valeur qu’à proportion des
transformations technologiques dont elles font l’objet, ont une valeur en soi. En
témoigne la multiplication des « bioprospections »1 engagées par des acteurs divers
(entreprises pharmaceutiques, instituts de recherche, universités, etc.), visant à
identifier, collecter, placer en banque et dans des bases de données des échantillons et
des savoirs qui les concernent pour, à terme, en tirer de nouveaux produits hautement
technologiques pour la plupart. C’est l’ensemble de la biodiversité qui est ainsi devenu
potentiellement valorisable et, du même coup, stratégique.

L’expertise collective « Substances naturelles en Polynésie française ; stratégies


de valorisation » découle de cette problématique. Sans cantonner la réflexion à
l’identification et à la valorisation de molécules susceptibles d’intéresser l’industrie des
biotechnologies, elle vise à tirer parti de ces perspectives nouvelles et, à partir de là, à
suggérer des stratégies de valorisation. Or si la définition de ces stratégies exige à cet
égard des propositions d’ordre scientifique et économique (développement de la R&D
et du tissu industriel par l’investissement local et les actions de nature à favoriser
l’initiative privée), l’analyse juridique y a également toute sa place. Elle apparaît même
déterminante et il faut expliquer pourquoi.

1 Terme qui recouvre l’exploration de la biodiversité pour l’identification de ressources génétiques et


biochimiques valorisables au plan commercial.

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Substances naturelles en Polynésie française


Ch. NOIVILLE © IRD éditions 2005

1.1 Un contexte juridique renouvelé


Avec le développement des biotechnologies, le statut juridique des ressources
biologiques s’est profondément renouvelé.

Jusqu’à la fin des années 1980, ce statut s’articulait schématiquement autour de


deux catégories juridiques, d’une part, la souveraineté nationale, et d’autre part le
« patrimoine commun de l’humanité ». En elles-mêmes, les ressources biologiques
relevaient, comme toute ressource naturelle, de la souveraineté nationale qui, à son tour,
se déclinait sous la forme de propriétés publiques et privées. Aussi, l’exploitation
directe et immédiate de ces ressources (par exemple, valorisation du nono, de la vanille
ou du santal par des filières industrielles traditionnelles comme l’industrie alimentaire
ou l’industrie de la parfumerie) n’était possible qu’avec l’accord de leur propriétaire.
Mais dès l’instant qu’elles étaient utilisées dans le cadre de la recherche ou dans le
cadre d’une valorisation indirecte et différée (collecte de différentes variétés de riz pour
mettre au point une nouvelle variété plus adaptée à tel insecte ravageur, utilisation des
molécules chimiques d’une plante pour développer un médicament, etc.), dès l’instant
que l’on cherchait à les exploiter non pas en tant que telles mais pour leur potentialité
chimique ou génétique à mener à un nouveau produit, les ressources naturelles étaient
qualifiées de « patrimoine commun de l’humanité ». Juridiquement, ce concept
signifiait qu’étant donné l’enjeu qu’elles présentaient pour toute l’humanité, tout
particulièrement en termes de recherche et de sécurité alimentaire, elles devaient
pouvoir circuler sans entraves et ne pouvaient donner prise à aucune forme
d’appropriation. Dès lors que la ressource biologique était prélevée non pas pour une
valorisation immédiate mais pour la recherche ou pour une valorisation différée, elle
était donc laissée en accès libre, et, le plus souvent, fournie gratuitement.

Pourtant, dès le milieu des années 1980, ce statut s’est trouvé en porte-à-faux
face à l’évolution du droit de la propriété industrielle, très précisément du droit des
brevets. Engagée aux États-Unis puis confortée en Europe et, enfin, au plan mondial2,
cette évolution a répondu au souci d’une grande quantité de chercheurs et d’industriels
d’obtenir le monopole d’exploitation des inventions mises au point à partir de
ressources biologiques. Au terme de cette évolution, toute ressource ou tout élément qui
en est issu (cellule, gène, etc.) est désormais protégeable par un brevet d’invention si,
une fois retravaillé, il apparaît nouveau, inventif et applicable dans un procédé
industriel. D’où une distorsion entre, d’un côté, le patrimoine commun de l’humanité,
qui postule l’absence de propriété, la liberté et la gratuité des collectes, et de l’autre côté
le brevet, qui permet une exploitation non seulement lucrative mais aussi
monopolistique des substances ainsi librement et gratuitement collectées.

C’est pour prévenir les conflits d’intérêts susceptibles de découler de cette


situation que la Convention sur la diversité biologique (CDB) du 5 juin 1992 a établi un

2 Directive n° 98/44/CE du 6 juillet 1998 relative à la protection juridique des inventions biotechnologiques
(http://europa.eu.int/eur-lex/pri/fr/oj/dat/1998/l_213/l_21319980730fr00130021.pdf) et l’Accord sur les aspects des
droits de propriété intellectuelle relatifs au commerce (accord ADPIC :
http://www.wto.org/french/tratop_f/trips_f/t_agm0_f.htm) signé en avril 1994 dans le cadre des accords de
Marrakech de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

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Substances naturelles en Polynésie française


Ch. NOIVILLE © IRD éditions 2005

nouveau statut juridique des ressources biologiques. Puisque ces dernières sont
désormais des éléments convoités et sources d’innovations protégeables par des
monopoles d’exploitation, la convention abandonne la qualification de patrimoine
commun de l’humanité et les rattache au principe de souveraineté des États sur leurs
ressources naturelles. Ce faisant, elle permet aux pays, en particulier aux pays
« mégadivers », c’est-à-dire biologiquement riches, de réglementer comme ils
l’entendent toute forme d’accès au matériel biologique se situant sur leur territoire.
L’objectif est de leur permettre de mieux en contrôler l’utilisation, d’en organiser les
échanges, mais aussi de tirer profit des richesses qui en découleront à la suite d’un
processus chimique ou biotechnologique de recherche-développement.

C’est l’article 15 de la convention qui constitue à cet égard une disposition clé. Il
énonce :

« 1. Étant donné que les États ont droit de souveraineté sur leurs ressources
naturelles, le pouvoir de déterminer l’accès aux ressources génétiques appartient aux
gouvernements et est régi par la législation nationale. […]

5. L’accès aux ressources génétiques est soumis au consentement préalable


donné en connaissance de cause de la Partie contractante qui fournit les dites ressources,
sauf décision contraire de cette Partie. […]

7. Chaque Partie contractante prend les mesures législatives, administratives ou


de politique générale appropriées [...] pour assurer le partage juste et équitable des
résultats de la recherche et de la mise en valeur ainsi que des avantages résultant de
l’utilisation commerciale et autre des ressources génétiques avec la Partie contractante
qui fournit ces ressources. Ce partage s’effectue selon des modalités mutuellement
convenues. »

En vertu de la convention, l’accès aux substances naturelles s’organise donc


désormais autour de trois grands principes corrélés entre eux : souveraineté de l’État,
consentement préalable en connaissance de cause de ce même État avant toute collecte,
partage des divers avantages résultant de l’utilisation des ressources fournies3. Avec, en
filigrane, un souci de justice et d’équité envers ceux qui ont fourni ces dernières.

La présente étude juridique s’intéressera alors à la question de savoir comment


mettre en œuvre, en droit polynésien, ce mécanisme préconisé par l’article 15 de la
convention et désigné par l’acronyme « APA » (pour « accès et partage des
avantages »). Sur le plan juridique, la valorisation des ressources biologiques ne se
limite certes pas à cette seule question. Elle dépend de mécanismes multiples et fort
variés : dispositions fiscales pour la valorisation directe, conception ou affinement de
droits de propriété intellectuelle (AOC, indications géographiques, labels, etc.) pour des
produits traditionnels issus des substances naturelles, réglementations applicables à ces
produits (pharmacie, cosmétologie, agro-alimentaire, parfums, etc.), dont certaines
rendent le développement de produits et la pénétration des marchés excessivement

3 Le traité FAO propose certes une variante, qui tente, tout en respectant ces principes, pour ce qui
concerne l’agriculture et l’alimentation, d’articuler souveraineté et accès garanti.

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Substances naturelles en Polynésie française


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compliqués. Ces questions exigeant tantôt un travail de consultant plus que d’expert, ou
étant prises en charge par d’autres membres de l’expertise collective, je me limiterai
donc à la conception de dispositions juridiques permettant à la Polynésie française de
contrôler et tirer profit de l’exploitation de sa biodiversité.

Mais avant tout, les États étant autorisés à mettre en œuvre ces principes par la
Convention sur la diversité biologique sans y être toutefois contraints, il faut se
demander s’ils sont d’ores et déjà applicables en Polynésie française et, dans la
négative, s’il est à la fois possible et opportun de les mettre en œuvre.

1.2. Un cadre juridique à concevoir


À ce jour, contrairement à une quantité non négligeable d’États qui ont saisi
cette opportunité offerte par l’article 15 de la CDB, la Polynésie ne s’est pas encore
dotée d’une réglementation spécifique à l’accès aux ressources génétiques. Le terrain
n’est pourtant pas en friche puisqu’un projet de texte est en cours d’élaboration, mais la
raison d’être de ce texte étant manifestement sous-estimée ou mal comprise par certains,
il faut insister sur son opportunité.

Absence de réglementation spécifique à l’accès aux ressources génétiques


À l’analyse, il apparaît que le droit polynésien ne prévoit pas la possibilité
offerte par l’article 15 de la CDB de soumettre l’accès aux ressources génétiques au
consentement préalable de la Polynésie et de tirer une part juste et équitable des
résultats de la recherche et de leur mise en valeur.

La Convention sur la diversité biologique est certes applicable en Polynésie


française. Elle l’est par le biais de la loi no 94-477 du 10 juin 1994 portant ratification,
en France, de la Convention sur la diversité biologique. Sur le fondement de ce texte, la
Polynésie a adopté ces dernières années de nombreuses dispositions concernant la
biodiversité en général. On pense par exemple à la délibération no 95-257 du
14 décembre 1995 relative à la protection de la nature4. Aucune disposition n’organise
toutefois l’accès à la biodiversité et le partage des avantages qui peuvent en découler5.
Par exemple, si la délibération no 95-257 du 14 décembre 1995 relative à la protection
de la nature vise, entre autres, la « biodiversité » et les « spécimens » (lesquels sont
définis comme « tout animal ou toute plante, vivant(e) ou mort(e) ainsi que toute partie
ou tout produit issu de l’animal ou de la plante), si elle évoque leur « intérêt entre

4 Voir aussi arrêté 1333 CM du 3 décembre 1997 (JOPF du 11 décembre 1997 -


http://www.mnhn.fr/biodiv/fr/4legis/specific/PF/1333CM.pdf) ; arrêté 171 CM du 9 février 1998 (JOPF du 18 février
1998 - http://www.mnhn.fr/biodiv/fr/4legis/specific/PF/171CM.pdf) ; arrêté 244 CM du 12 février 1998 (JOPF du 26
février 1998 - http://www.mnhn.fr/biodiv/fr/4legis/specific/PF/244CM.pdf) ; délibération n° 99-168 APF du 30
septembre 1999 ordonnant les dispositions à prendre en vue de la protection de la Polynésie française contre
l’introduction des insectes xylophages, parasites du cocotier (Oryctes spp., Strategus spp. et Scapanes spp.) (JOPF du
14 octobre 1999 - http://www.presidence.pf/stock/tree/pdf/7591.pdf), etc.

5 Alors même que la Polynésie, bien que ne faisant pas partie de la CEE, bénéficie d’un régime spécial
d’association en tant que territoire d’outre-mer en vue de la conservation, de l’exploitation et de la gestion durable de
la diversité biologique, et, à ce titre, de l’aide de la Communauté pour mettre en œuvre des mesures appropriées
concernant l’accès aux ressources génétiques (décision no 2001/822/CE du 27 novembre 2001,
http://europa.eu.int/eur-lex/pri/fr/oj/dat/2001/l_314/l_31420011130fr00010077.pdf)

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Substances naturelles en Polynésie française


Ch. NOIVILLE © IRD éditions 2005

autres, scientifique, génétique et économique », aucune disposition ne réglemente


précisément les conditions de collecte de ressources biologiques. Une exception est
certes à noter. Il s’agit du cas de figure dans lequel un scientifique veut capturer, cueillir
ou enlever un ou plusieurs spécimens d’espèces protégées. La délibération du
14 décembre 1995 prévoit alors qu’une autorisation devra être demandée, qui sera
accordée par « le Conseil des ministres sur proposition du ministre en charge de
l’environnement après avis conforme de la Commission des sites et des monuments
naturels, [...] à des fins strictement de recherche, [...] sur présentation d’un dossier
explicitant précisément l’utilisation et la destination finale des spécimens [...] » (art. 19).
Mais comme on le voit, cette obligation de solliciter l’accord de l’autorité publique
comporte une double limite. D’une part, elle ne concerne que les espèces protégées.
D’autre part, aucun partage des avantages au sens de l’article 15 de la CDB n’est prévu.
Le texte ne prend donc pas en compte le fait que ce qui aura pu être à l’origine une
expédition scientifique puisse déboucher, à terme, sur des résultats commerciaux. Et,
s’il énonce certes que « tout détournement des spécimens à des fins autres que
scientifiques sera passible de(s) peines [...] » (art. 19 al. 2), ce n’est pas pour empêcher
la mise au point de tels résultats commerciaux mais plutôt pour interdire toute
exploitation commerciale directe de spécimens protégés.

Aussi, en l’état actuel du droit, les opérateurs désirant prospecter en Polynésie


des ressources biologiques pour leur capacité réelle ou potentielle à servir de base au
développement de médicaments ou autres nouveaux produits n’ont ni à solliciter un
accord préalable, ni à s’engager à une contrepartie.

Cette absence de disposition spécifique à l’« APA » ne peut s’expliquer par une
absence de compétence juridique de la Polynésie française. Certes, la CDB énonce que
le pouvoir de déterminer l’accès appartient aux « États ». Toutefois, en vertu de la loi
organique no 2004-192 du 27 février 2004 portant statut d’autonomie de la Polynésie
française, les institutions polynésiennes sont dotées d’une autonomie renforcée et
disposent de larges compétences déléguées dans certains domaines, parmi lesquels
l’environnement et les ressources marines6. Les questions d’accès aux ressources
biologiques et de circulation de ces ressources relevant au premier chef de
l’environnement (terrestre ou marin), la Polynésie française a compétence pour mettre
en place un dispositif juridique réglementant l’accès aux ressources biologiques.

6 La loi abroge le précédent statut de la Polynésie française établi par la loi organique no 96-312 du 12 avril
1996 et en détermine le nouveau après la loi constitutionnelle no 2003-276 du 28 mars 2003 relative à l’organisation
décentralisée de la République, qui a notamment procédé à la réécriture de l’art. 74 de la Constitution. La loi du
28 mars 2003 a d’abord introduit une nouvelle classification juridique des collectivités d’outre-mer et précisé, par
ailleurs, pour la nouvelle catégorie des collectivités d’outre-mer, un cadre constitutionnel ouvert permettant
l’élaboration de statuts sur mesure. La réforme a d’abord défini une nouvelle classification juridique des collectivités
situées outre-mer. L’article 74 consacre une nouvelle catégorie juridique sous la locution de « collectivités d’outre-
mer » qui se substitue à celle de territoire d’outre-mer. La Polynésie française est rattachée à cette nouvelle catégorie.
Contrairement au régime de l’assimilation législative, les lois et règlements ne sont pas applicables de plein droit à
ces collectivités et requièrent une mention expresse d’extension. Par ailleurs, les « collectivités d’outre-mer »
exercent des compétences propres qui leur sont dévolues par une loi statutaire et leur permettent d’intervenir dans les
domaines qui, en métropole, relèvent de la loi. Enfin, le nouvel article 74 fixe un cadre constitutionnel souple
permettant d’élaborer des statuts « à la carte » en fonction des spécificités et des aspirations de chaque collectivité
d’outre-mer. À quoi il faut ajouter que le constituant a permis deux avancées supplémentaires : la première en faveur
de la protection des compétences propres de la collectivité puisqu’il est prévu une procédure de déclassement
permettant à la collectivité de se protéger des éventuelles immixtions du législateur, la seconde destinée à donner à la
collectivité la possibilité de participer à l’exercice de certaines compétences régaliennes.

182
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Substances naturelles en Polynésie française


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Opportunité d’une réglementation spécifique à l’accès aux ressources biologiques


Un projet de texte étant en préparation, qui vise précisément à réglementer
l’accès aux ressources biologiques de la collectivité de Polynésie (en amendant la
délibération du 14 décembre 1995 relative à la protection de la nature), on pourrait
penser que l’enjeu d’une réglementation spécifique à l’accès aux ressources biologiques
est désormais compris dans toute sa dimension, que la question est réglée et qu’elle
n’appelle aucun développement supplémentaire. Pourtant, ce texte en cours
d’élaboration paraît d’ores et déjà susciter certaines tensions. Il faut donc rappeler en
quoi il est non seulement opportun mais nécessaire.

En effet, s’en tenir au droit en vigueur n’offre pas à la Polynésie française les
moyens de tirer au mieux avantage des perspectives de valorisation de ses substances
naturelles. Il faut prendre d’autant plus soin de s’en expliquer que, pour dénier toute
nécessité d’une réglementation spécifique à l’accès à la biodiversité (Sontot, 2004),
certains estiment que la réglementation en vigueur suffit à répondre aux exigences de
l’APA. Ils font en effet valoir que l’on trouve, dans le corpus juridique existant, une
série de dispositions précisant d’ores et déjà qui est propriétaire de telle ou telle
ressource et à quelles conditions celle-ci peut être collectée et exploitée.

C’est ainsi que les substances naturelles situées sur une propriété privée ne
peuvent être prélevées qu’avec l’accord du propriétaire. Ce dernier est libre de décider
s’il accepte ou non de laisser le libre accès à son bien et dans quelles conditions7. De
même, les ressources biologiques se situant dans une aire protégée (parc naturel, parc
régional, réserve naturelle, etc.) ne peuvent être collectées qu’aux conditions fixées par
le texte instituant l’aire en question. Il s’agira la plupart du temps d’obtenir une
autorisation de recherche scientifique dans le parc.

Certains textes régissent également la collecte dans les domaines forestiers de


l’État ou le prélèvement des ressources biologiques marines en mer territoriale et dans
la zone économique exclusive. Le droit de la mer prévoit ainsi toute une série de
dispositions établissant la souveraineté ou la juridiction des États sur les ressources
situées dans ces espaces, réglementant l’accès aux ressources et définissant un régime
relatif à la recherche scientifique marine, laquelle doit être autorisée par l’État côtier8.

L’État devrait d’autant moins ajouter à cet ensemble de règles classiques issues
du droit civil, du droit de l’environnement ou du droit de la mer, qu’une telle démarche
serait à la fois peu légitime et non nécessaire.

7 Il ne sera tenu de respecter que certaines dispositions sanitaires ou écologiques, comme la protection de
d’espèces menacées (dont la cession, l’utilisation, le transport, l’exportation, etc., soumises à autorisation).

8 Convention de Montego Bay, qui s’applique à la Polynésie mais ne semble pas avoir été le support de
dispositions plus précises quant à la recherche scientifique marine, par exemple. En mer territoriale, le consentement
doit être express et l’État côtier peut imposer ses conditions ; pour la ZEE et le plateau continental, la Convention
attend de l’État côtier qu’en des circonstances normales, il donne son consentement. Signalons par ailleurs que le
Plan de gestion des espaces maritimes permet de fixer les orientations en matière d’exploitation des lagons.

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Peu légitime, d’abord, car tout investissement plus approfondi de l’État pour
organiser l’accès aux ressources biologiques nuirait aux principes libéraux tels que ceux
que s’est fixés la France : liberté de la recherche, gestion décentralisée des ressources
génétiques, promotion de mécanismes juridiques souples (Sontot, 2004). Telle est la
raison essentielle pour laquelle la Métropole n’a pas cru bon de dégager de ligne
politique et juridique plus claire en ce qui concerne l’accès à la biodiversité française. Si
le Bureau des ressources génétiques (point focal français) a travaillé à la mise en place
de règles d’accès aux ressources ex situ placées dans les grandes banques ou collections
nationales, il s’est peu intéressé à l’accès in situ, y compris dans les collectivités
d’outre-mer où la biodiversité est pourtant à la fois riche et vulnérable9.

Ensuite, il serait d’autant moins nécessaire que l’État fixe, en amont, les
conditions de prospection des substances naturelles, que les opérateurs sont de plus en
plus sensibilisés aux exigences d’équité et de partage requises par la Convention sur la
diversité biologique. D’une part, ces exigences seraient devenues politiquement
incontournables. On voit en effet émerger, dans certaines entreprises et grands centres
de recherche habitués à collecter et valoriser des substances naturelles (Novo Nordisk,
Glaxo Smith-Kline, Diversa Corp, CIRAD, etc.) des codes de conduite et autres chartes
affirmant que les opérateurs s’engagent à respecter la philosophie de la CDB. Au point
que, même en l’absence de réglementation les y contraignant, on a vu certains
opérateurs se plier à cette exigence10. D’autre part, et plus généralement, ces exemples
ne sont que les prémisses d’un phénomène plus général de normalisation internationale
des transactions portant sur la biodiversité. On voit en effet se développer, au plan
international, trois séries de travaux parallèles visant à pousser les opérateurs à respecter
la philosophie de la CDB, même lorsque l’État sur le territoire duquel ils prospectent ne
s’est pas doté de réglementation mettant en œuvre la convention.

Il s’agit d’abord des lignes directrices de Bonn sur l’accès aux ressources
génétiques et le partage juste et équitable des avantages issus de leur utilisation,
élaborées dans le cadre de la mise en œuvre de la CDB (Décision VI/24 de la
conférence des parties de Convention sur la diversité biologique, La Haye, avril 2002).
Elles indiquent aux protagonistes (fournisseurs et utilisateurs de ressources biologiques)
comment mettre en œuvre les dispositions de la CDB relatives à l’accès aux ressources
et au partage des avantages. Par exemple, elles invitent toute personne voulant collecter
à signer un accord de transfert de matériel avec une institution du pays fournisseur et
suggèrent les éléments qui devraient y figurer.

Il s’agit ensuite du futur « régime international sur l’accès et le partage des


avantages » qui va plus loin dans cette logique et cherche à promouvoir ce que l’on
appelle les « mesures d’utilisateurs » (« users’ measures ») (Nations unies, 2002) :
parce que l’élaboration d’une réglementation protectrice de leurs droits représente un
fardeau institutionnel pour les pays biologiquement riches, les opérateurs devraient se

9 À ce stade, la France n’a pas décidé si elle souhaitait exercer le droit au consentement préalable ni
formellement refusé d’exercer ce droit. Mentionnons d’ailleurs que sa position n’est pas différente, à cet égard, de
celle de la plupart des pays industrialisés (Communauté européenne, 2002).

10 Cas du contrat Yellowstone relativement atypique en ce que les deux parties sont américaines et que le
contrat n’en met pas moins en œuvre la CDB (non signée par les États-Unis).

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plier à des codes de conduite qu’ils mettraient eux-mêmes en place et qui assurerait un
partage juste et équitable des bénéfices découlant de l’utilisation des ressources
génétiques, prévoirait les conditions de règlements des différends, etc.(UNEP , 2003. À
ce titre, les industriels suisses se sont par exemple engagés à divulguer l’origine de leurs
ressources génétiques dans leurs futures demandes de brevets.

Il s’agit enfin des travaux menés par l’Organisation mondiale de la propriété


intellectuelle qui, depuis quelque temps, a mis en place une base de données relative aux
contrats portant sur des substances naturelles11. Elle cherche par là à satisfaire un double
objectif. D’une part, mettre à la disposition des opérateurs une base de données de
contrats mettant en œuvre l’APA, ce qui serait le prélude à des contrats sinon
standardisés, du moins facilement utilisables/reproductibles. D’autre part, leur faire
prendre conscience du rôle décisif que peuvent jouer à cette fin certaines clauses
relatives à la propriété intellectuelle.

Autrement dit, à travers cet ensemble, on voit s’amorcer un mouvement de


normalisation internationale, cette dernière étant destinée à assurer l’équité des
transactions portant sur les ressources biologiques. Il s’agit notamment d’encourager les
entreprises, les universités, les instituts de recherche, à utiliser le contrat en tant qu’outil
pour s’acquitter de leurs obligations telles qu’elles sont définies par la CDB, à faire en
sorte que le contrat juste devienne une pratique courante ; et, ainsi, de promouvoir de
« bonnes pratiques contractuelles » que les entreprises seraient incitées à respecter,
d’autant que cela leur garantirait une reconnaissance. Au point que l’Union européenne
envisage d’intégrer ces bonnes pratiques relatives à l’accès et au partage des avantages
dans la réflexion plus large sur la responsabilité sociale des entreprises (RSE)12.

Il faut pourtant montrer en quoi l’élaboration d’une réglementation nouvelle


spécifique à l’accès est nécessaire. D’abord, quand bien même les évolutions en cours
au plan international relèveraient de la responsabilité sociale des entreprises, aucune ne
fait peser d’obligations sur les opérateurs. Toutes sont aujourd’hui facultatives et
devraient le rester à terme puisque seuls les gouvernements africains militent pour un
accord inter-gouvernemental juridiquement contraignant, englobant l’ensemble de la
« problématique APA », l’Union européenne s’étant quant à elle jusqu’ici opposée à une
telle option. Même si elles sont pertinentes sur le fond, les évolutions en cours
paraissent donc fragiles quant à leur portée et ne suffisent donc pas à prévenir les
pratiques déloyales.

Pour l’instant, c’est donc au seul droit en vigueur qu’il faut s’en tenir. Or
plusieurs raisons exigent de le dépasser.

11. Travaux entrepris dans le cadre de l’« Intergovernmental Committee on Intellectual Property and Genetic Resources,
Traditional Knowledge and Folklore » (IGC) http://www.wipo.int/tk/en/igc

12 La responsabilité sociale et environnementale (RSE) est un concept qui signifie que les entreprises
intègrent de leur plein gré les préoccupations sociales et environnementales dans leurs activités commerciales et dans
leurs relations avec les parties prenantes. En respectant des normes et des principes directeurs adoptés au niveau
international, dont les lignes directrices de Bonn sont un exemple, et en les faisant figurer dans leurs activités de
communication en matière d’environnement, les entreprises multinationales peuvent contribuer à assurer un
fonctionnement des marchés mondiaux plus propice au développement durable (Communauté européenne, 2003).

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D’un point de vue économique, en premier lieu, s’abstenir d’organiser plus avant
les conditions de bioprospection, ce serait prendre le risque d’exposer la Polynésie,
sinon au pillage de ses ressources biologiques, au moins de l’empêcher de tirer
correctement avantage des retombées économiques de la valorisation de la biodiversité.
Il ne s’agit pas d’être obnubilé par l’échappement des ressources biologiques et de
chercher à concevoir un cadre prétendant opérer un contrôle le plus strict possible pour
prévenir ce qu’il est désormais convenu d’appeler la « bio-piraterie » : non seulement le
contrôle absolu est un leurre, mais il peut aboutir à décourager les opérations de
prospection et s’opposerait à l’objectif de valorisation de la biodiversité qui est celui de
cette expertise. Il ne s’agit pas non plus de voir dans la biodiversité une « poule aux
œufs d’or » : il faut en effet insister sur le caractère aléatoire, à long terme, etc., des
revenus tirés de la biodiversité13 et sur le fait que, du coup, le pari selon lequel ce
dispositif sera un fort moteur d’incitation à la conservation de la diversité biologique est
fragile. Il s’agit simplement de se donner les moyens de tirer au mieux profit des
éventuelles opérations de valorisation, certaines ayant montré (comme les opérations de
valorisation d’extraits végétaux au Gabon pour fabrication de produits cosmétiques14)
qu’elles pouvaient à la fois profiter aux pays fournisseurs (renforcement des
infrastructures locales de recherche) et aux prospecteurs à la condition qu’aient été
organisés juridiquement, de façon précoce, les droits et obligations de chacun. Puisque
l’objectif de cette expertise est de valoriser les ressources naturelles polynésiennes,
l’élaboration d’un cadre juridique approprié en constitue un rouage essentiel.

Il l’est d’autant plus qu’il apporte une sécurité juridique aux futurs utilisateurs
de ressources biologiques qui répugnent, au moins pour certains d’entre eux, à investir
dans des pays sans cadre juridique clair quant aux conditions d’accès à la biodiversité
(l’accès est-il autorisé ou non ? À quelles conditions ? Quelle administration saisir ?).
On rappellera, à cet égard, que les incertitudes caractérisant les procédures à suivre par
les opérateurs souhaitant avoir accès à la biodiversité sont souvent grandes (voir le cas
des collectes opérées en Guyane par l’IRD, lequel informe l’ONF de ses activités
d’inventaire et de collecte mais sans que quiconque sache bien clairement dans quelle
procédure précise se couler) et ont parfois été telles que, dans certains cas de figure,
elles ont conduit à l’abandon de projets de valorisation a priori prometteurs (voir les
démarches avortées de l’entreprise Roche au Brésil). Conçue de façon souple et flexible,
une réglementation spécifique à l’accès constitue donc non pas un frein à l’innovation
en Polynésie mais au contraire une chance d’attirer les opérateurs français et étrangers,
et donc de renforcer les perspectives de valorisation.

13 Du reste, les discussions internationales concernant l’accès et le partage des avantages tirés de
l’utilisation des ressources génétiques sont marquées par la frustration des pays du Sud riches en biodiversité. Cette
frustration s’explique par le fait que ces pays doivent supporter une grande partie du coût de la mise en œuvre – via la
mise en place de réglementations au niveau national – sans en retirer, pour l’instant, de retombées ni en termes
financier ni même de transfert de technologie. De fait, il n’y a pas encore vraiment de blockbuster connu. Par ailleurs,
il faut insister sur le fait que l’on parle beaucoup des espoirs de la BD pour le développement de cosmétiques, mais
comme le rappellent Y. Barbin et F. Demarne, en cosmétologie, les extraits naturels sont de faible valeur ajoutée (ne
valent que quelques dizaines ou centaines de francs au kg alors que, pour la pharmacie, un extrait ayant une activité
anti-cancéreuse vaudra 10 fois ou 100 fois plus cher), de faible tonnage (les besoins ne sont pas énormes) et de courte
durée de vie (étant donné la volatilité du marché des cosmétiques, le turnover des produits est très rapide).
Inversement, on peut nourrir de grands espoirs pour les molécules d’intérêt pharmaceutique, mais à long terme.

14 Voir les contrats signés entre le Gabon et de grandes entreprises, par l’intermédiaire de l’ONG
Pronatura.

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D’un point de vue écologique, une telle réglementation s’avère également


nécessaire : s’il faut valoriser les ressources biologiques, c’est en assurant leur pérennité
et, donc, en prévenant les incidences néfastes sur l’environnement de la Polynésie,
milieu biologiquement riche mais vulnérable [voir la présence d’espèces endémiques
originales et de nombreux organismes marins comme des cyanobactéries et bactéries
phototrophes dans une zone économique exclusive (ZEE) d’environ 5 000 000 km
carrés, dont environ 12 800 km carrés de lagons, mais aussi les menaces auxquelles sont
exposés par exemple des écosystèmes fragiles comme les récifs coralliens ou une
vingtaine de plantes endémiques (Gargominy, 2003)]. Parmi les collectivités d’outre-
mer, la Polynésie française est celle qui comporte le plus grand nombre d’espèces
vivantes éteintes et menacées. Dans ces conditions, l’accès à la biodiversité et sa
valorisation ne sauraient être affaire de droit privé, même lorsque la biodiversité est
située sur des propriétés privées.

Enfin, d’un point de vue politique, s’abstenir d’organiser plus précisément les
conditions de bioprospection serait risquer de voir les prospections contestées par les
communautés villageoises. On reviendra sur ce point. Plus généralement, la conception
d’un tel cadre s’inscrit « dans le sens de l’histoire ». Il faut en effet rappeler que toute
une série d’actions régionales poursuivent précisément ce but. On peut citer les travaux
(encore embryonnaires) engagés par le secrétariat général de la Communauté du
Pacifique Sud (CPS), acteur clé du développement régional et qui se présente
aujourd’hui comme le « gardien des ressources du Pacifique », des savoirs traditionnels
et des expressions de la culture de cette région. On notera plus particulièrement les
travaux du réseau « Pacinet »15, dont l’objectif consiste à doter les pays de la CPS des
moyens techniques et juridiques pour mieux connaître et conserver leur biodiversité et
mieux mettre en œuvre les droits auxquels ils peuvent prétendre en vertu de la CDB. Il
s’agirait, comme l’ont fait avant eux les pays de la Communauté andine ou ceux de
l’Organisation de l’Unité africaine, de s’engager dans la formation d’un « cartel », avec
l’idée qu’un système multilatéral pour le Pacifique présentera le double avantage de
simplifier les démarches administratives des prospecteurs et de créer un « level playing
field » pour les États du Pacifique. Il faut tout de suite préciser que ces travaux n’ont
encore, pour la plupart, mené à rien de très abouti sur le plan juridique et que l’on ne
peut donc pas se contenter ici de ces premiers développements16. Il reste que,
politiquement, ces derniers indiquent une mouvance de la région Pacifique Sud, qui
entend développer la bioprospection tout en la contrôlant pour mieux en tirer profit.

Économie, écologie, politique, sécurité juridique : parce que la collecte de


biodiversité polynésienne et les conditions de son exploitation présentent tous ces
enjeux, la question ne peut être abandonnée aux seules volontés individuelles (celles des
propriétaires privés, des chercheurs, des entreprises, etc.). Elle requiert l’intervention du
territoire, à la fois parce que les intérêts en jeu sont de nature collective (protection de
l’environnement, équité fournisseurs/utilisateurs, recherche scientifique, etc.) et
nécessitent un minimum d’arbitrage et d’administration, mais aussi parce que la
valorisation de la biodiversité polynésienne en dépend. D’où la nécessaire mise en place
d’une forme ou d’une autre de réglementation, ce à quoi on va s’atteler ici.

15 http://www.sidsnet.org/pacific/sprep/CALL_Web/PACINET_fr.htm

16 Un modèle d’accord de transfert de matériel biologique a été établi mais ne concerne que les collections
ex situ de plantes à usage agricole, à l’exclusion, par exemple, de la prospection in situ de plantes sauvages.

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2. Options possibles et recommandations

On envisagera deux options. Dans une option minimale, on indiquera les points
essentiels à prendre en compte dans une réglementation de l’accès à la biodiversité
(consentement préalable, formes des contrats, contrôle, droits de propriété industrielle,
etc.) et la façon de les traiter. On l’a dit, un projet de texte est en préparation, qui vise
précisément à réglementer l’accès aux ressources biologiques de Polynésie ; il s’agira
donc de s’appuyer sur l’existant plutôt que de tout réinventer. Mais d’une part, ce texte
ne nous a pas été communiqué ; d’autre part, pour ce qui nous en a été divulgué, il paraît
perfectible sur un certain nombre de points. Il est donc nécessaire, à un stade précoce de
son élaboration, de montrer en quoi.

Dans une option plus ambitieuse, on envisagera la prise en charge, par la


Polynésie française, d’une activité de prestation de service dans le domaine qui nous
occupe. Il s’agira notamment de réfléchir à l’établissement de collections, biothèques et
extractothèques, assumant une partie de l’activité d’extraction des substances naturelles
au profit des instituts de recherche et des entreprises. Cette option, qui paraît
prometteuse étant donné le potentiel de petites industries privées et de laboratoires de
recherche (même si l’ensemble connaît une dynamique fragile), exige une réflexion
juridique (statut des collections et biothèques, activité contractuelle de ces mêmes
institutions, etc.).

Enfin, on abordera la question des éventuels droits des « autochtones » ou


« populations locales » sur les résultats de l’exploitation des ressources biologiques.
Même si l’on avance parfois que la Polynésie française connaît une autochtonie peu
développée contrairement à la Guyane et à la Nouvelle-Calédonie, cette question paraît
incontournable. Quel que soit en effet l’état de l’autochtonie en Polynésie, la protection
des intérêts des communautés locales ne s’en pose pas moins. Faute de mission sur
place et d’informations précises, on se contentera de formuler quelques éléments de
réflexion.

2.1. Option minimale : institution d’un principe d’APA


On fixera ici la trame et les éléments clés d’un texte relatif à l’APA. Pour la
plupart, ces éléments sont maintenant relativement bien connus, d’abord parce qu’ils
sont repris dans l’ensemble des législations adoptées depuis 1992 par différents États17
(cf. annexe 1), ensuite parce qu’ils ont été listés dans les récentes lignes directrices de
Bonn18. Il s’agit notamment du principe d’accord préalable en connaissance de cause et
de la conclusion d’un contrat. Leur conception ou leur mise en œuvre suscite toutefois
des difficultés (Varella, 2004) appelant des propositions.

17 http://www.grain.org/brl/, the Biodiversity Rights Legislation section of the GRAIN website

18 http://www.biodiv.org/doc/publications/cbd-bonn-gdls-fr.pdf

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Principe d’ accord préalable en connaissance de cause


Le premier impératif consiste à établir un principe d’accord préalable en
connaissance de cause (APCC). Que signifie-t-il ? Il implique que la collecte ne peut
être réalisée qu’une fois acquis l’accord de l’autorité publique, cette dernière ayant
préalablement eu à sa disposition les éléments d’information lui permettant de préserver
ses droits sur les ressources et les bénéfices qui en seront éventuellement tirés.

Cette formalité de l’accord préalable doit obéir à deux exigences. D’une part,
celle de la clarté (quelle administration saisir ? Dans quel cas de figure, etc. ?). D’autre
part, celle de la souplesse. S’il est encore difficile, en raison du peu d’expérience
acquise, d’évaluer précisément les incidences des réglementations qui, à travers le
monde, exigent un accord préalable en connaissance de cause avant les collectes, des
critiques ont été exprimées par le secteur privé et celui de la recherche à l’égard de
certaines des procédures établies, trop lourdes, et décourageant au bout du compte
l’accès aux ressources génétiques, ce qu’il faut éviter.

Auprès de qui solliciter solliciter le CPCC ?


On ne s’arrêtera guère sur ce point car ce n’est pas ici l’essentiel. Il faut
simplement rappeler :
– Que le consentement préalable de la délégation à la recherche devrait être
recherché.
– Qu’étant donné le corpus juridique très fourni en matière de protection de
l’environnement en Polynésie (espaces protégés, espèces protégées au titre de la
CITES, récifs coralliens protégés au titre de l’IFRECOR19), les autorités
d’environnement devraient également être impliquées d’une manière ou d’une
autre. Les directeurs de parcs naturels, les syndicats composés des collectivités
territoriales comprises dans les parcs régionaux, etc., devraient avoir leur mot à
dire.
– Qu’il est important de renforcer les capacités de ces administrations pour
qu’elles consentent « en connaissance de cause ».
On s’arrêtera plus longuement sur le champ d’application de l’accord préalable
en connaissance de cause car il soulève davantage de difficultés.

Quel doit être le champ d’application de l’ accord préalable en connaissance de cause, c’est-à-
dire à quel type de collectes doit-il s’appliquer ?
À notre avis, il doit être conçu de façon large.

Si l’on a bien compris, le texte en cours d’élaboration prévoit que tout


prélèvement d’une espèce endémique nécessite une autorisation préalable. Cette
disposition, qui viendrait amender la délibération no 95-257 du 14 décembre 1995
relative à la protection de la nature, vise à combler les limites actuelles de ce texte qui,

19 L’IFRECOR (Initiative Française pour les REcifs COralliens) est une action nationale en faveur des récifs coralliens
des collectivités de l’Outre-Mer, engagée en mars 1999 sur décision du Premier Ministre

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comme on l’a vu, ne prévoit d’autorisation préalable que pour le prélèvement de


spécimens d’espèces protégées. Mais l’extension de l’obligation d’autorisation aux
seules espèces endémiques ne paraît pas satisfaisante.

D’un côté, on imagine les raisons qui ont pu conduire à ce choix. Il s’agit de ne
pas limiter, en tout cas de ne pas compliquer, l’exploitation et l’exportation de
ressources vivantes qui participent aujourd’hui à l’économie du pays, comme les fleurs
coupées ou les ressources de la pêche. Il s’agit donc de ne pas assujettir ces activités
économiques à un carcan d’obligations nouvelles, d’autant que ces activités sont
classiques et ne relèvent pas vraiment du cas de figure visé par l’article 15 de la CDB,
dans lequel des ressources génétiques donnent lieu à des activités de R&D dans un but
de valorisation différée. Mais de l’autre côté, en limitant le champ d’application du
consentement aux seules espèces endémiques, la Polynésie retient un critère qui, d’une
part, s’avère fragile car difficilement opérationnel, d’autre part risque de ne pas lui
permettre de profiter pleinement des droits qui lui sont conférés par la CDB.

En effet, si le but recherché est d’exclure les activités économiques classiques


(pêche, commerce de fleurs coupées, etc.), il ne peut être atteint qu’imparfaitement par
la notion d’espèce endémique. Cette notion couvrira en effet certaines fleurs coupées,
certains produits de pêche ou d’autres ressources spécifiques à la Polynésie, comme la
vanille, le santal ou le nono. Si le but recherché est de donner à la Polynésie les moyens
de contrôler les collectes des instituts de recherche et entreprises pharmaceutiques, il
n’est pas mieux atteint par la notion d’espèce endémique, même si cette dernière
renvoie a priori aux espèces les plus intéressantes d’un point de vue scientifique. En
effet, ces acteurs de la biologie, de la chimie ou de la biotechnologie ne concentrent pas
exclusivement leur attention sur les espèces endémiques. En Polynésie, peut-être plus
qu’ailleurs, l’évolution a ségrégué des taxons extrêmement spécifiques par rapport aux
taxons occidentaux ; bien qu’ils ne soient pas endémiques à proprement parler, ces
taxons sont sources de caractéristiques potentiellement intéressantes. Dans ces
conditions, distinguer entre l’endémique et le non-endémique, c’est donner le feu vert à
des opérations de prospection susceptibles d’aboutir au développement d’un produit sur
lequel la Polynésie ne se sera ménagé aucun droit.

En réalité, il ne faut pas tenter d’établir un critère discriminant, qui distingue les
collectes soumises à autorisation et celles qui y échappent, soit ni un critère tenant aux
ressources susceptibles d’être prélevées, ni un critère tenant aux personnes désirant
prospecter, ou au but recherché par ces dernières.

En effet, en ce qui concerne les ressources susceptibles d’être prélevées, toute


ressource in situ ou ex situ (car des collections existent en Polynésie, cf. infra),
endémique ou non, marine aussi bien que terrestre, entière ou non (cellules, ADN, etc.),
brute ou accompagnée de connaissances quant à ses vertus thérapeutiques, insecticides,
etc., est susceptible d’être valorisée à l’issue d’un processus industriel chimique ou
biotechnologique. Toutes doivent donc être soumises au principe de l’APCC.

La même exigence s’impose en ce qui concerne les personnes désirant


prospecter, étrangers aussi bien que français, entreprises privées aussi bien qu’instituts
de recherche publique. Car dans le domaine qui nous occupe ici, il n’existe pas de

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frontière nette entre le public et le privé, la recherche fondamentale et la recherche


appliquée à débouchés commerciaux.

La plupart des instituts de recherche, qu’ils soient privés ou publics,


s’investissent dans la recherche appliquée et déposent des brevets. Qu’il s’agisse du
CNRS, du MNHN, de l’IRD ou du CIRAD, une classique activité d’inventaire est
toujours susceptible de déboucher sur des recherches appliquées. Ils sont par ailleurs en
relation directe avec des entreprises privées, non seulement lorsque ces dernières
exploitent leurs brevets mais aussi plus en amont, lorsque l’institut de recherche réalise
des prospections pour leur compte. Parfois, un institut de recherche public va ainsi
servir de « paravent » pour éviter d’avoir à demander un APCC (voir l’exemple de
l’entreprise espagnole de biotechnologies Pharmamar qui, d’après nos informations, fait
opérer des plongées en Polynésie par un chercheur français qui la fournit en échantillons
biologiques, sans APCC, mais contre le financement d’une ou plusieurs thèses dirigées
par le chercheur en question). Parfois, l’institut public est engagé dans des liens
contractuels avec l’entreprise et en est un prestataire de service, chargé à la fois
d’obtenir l’APCC et de réaliser la prospection (voir par exemple les jardins botaniques
dont certaines recherches sur les ressources génétiques végétales sont financées par des
partenaires commerciaux comme Merck, Glaxo ou Pfizer). Le produit des prospections
est donné à l’entreprise qui, contre des avantages procurés à l’institut de recherche, en
acquiert l’exclusivité pour la R&D20. Quel que soit le cas de figure, on voit qu’il ne met
pas en jeu la seule recherche académique, mais aussi la recherche appliquée et le
développement industriel. Dans ces conditions, il est artificiel de tenter de distinguer
entre recherche publique et recherche privée, entre recherche fondamentale et
application commerciale, entre projets français et projets étrangers. Quelle que soit
l’hypothèse envisagée, un APCC doit être sollicité.

Afin de ne pas multiplier inutilement les lourdes formalités administratives,


après avoir posé le principe du consentement préalable en connaissance de cause, on
pourra indiquer que, par dérogation à ce principe, les activités classiques d’exploitation
et de valorisation des ressources biologiques (pêche côtière ou exploitation du jus de
nono par l’industrie alimentaire, fleurs coupées, etc.) y échappent, pour autant qu’elles
se situent bien dans une perspective d’exploitation et de valorisation directe des
ressources biologiques. Tout transfert de la ressource à titre gratuit ou onéreux, ou tout
transfert d’autres ressources qui auraient été capturées/prélevées à titre accessoire, à un
tiers qui aurait pour but d’en faire une valorisation indirecte, est interdit, sauf APCC de
l’autorité compétente. C’est ainsi qu’une entreprise pharmaceutique ne saurait récupérer
les captures annexes (algues, micro-organismes, etc.) auprès des pêcheurs sans APCC.
De même si, à partir d’une ressource commercialisée comme le nono, une entreprise
entend mener des opérations de recherches hautement technologiques (par exemple, la
synthèse d’une molécule ou l’utilisation d’un gène). Si ces différents cas de figure ne
doivent pas échapper au principe du consentement préalable, c’est pour qu’au bout du
compte, la Polynésie puisse en tirer quelques avantages, soit pour avoir fourni le
matériel à l’origine de l’innovation, soit pour compenser les pertes liées au fait que les

20 C’est le circuit classique d’une ressource : transfert gratuit du Sud vers le Nord dans le cadre de la
courtoisie académique et des bénéfices que peuvent en retirer les chercheurs du Sud, puis transfert vers les industries,
l’État fournisseur et les communautés n’étant évidemment pas au courant. Or c’est justement ce circuit qui est pour
l’essentiel à l’origine de ce que l’on nomme aujourd’hui la « biopiraterie ».

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produits pourront désormais être totalement fabriqués à l’étranger (exemple : gène


permettant d’obtenir l’arôme du santal, etc.).

Conclusion d’un contrat


Une fois les éléments entre les mains de l’autorité compétente, celle-ci peut
rejeter la demande de collecte ou l’autoriser. Dans le second cas de figure, elle doit ne
l’autoriser qu’à certaines conditions convenues avec le prospecteur. À cet effet, la
signature d’un contrat (appelé de façon générique un « Accord de transfert de matériel »
ou « ATM ») constitue le mécanisme le plus adapté. Il permet en effet de déterminer les
droits et les obligations de chacune des parties. Par exemple, l’une autorise la collecte,
l’autre s’engage à ne prélever que tel ou tel spécimen ; l’une fournit des prestations
techniques pour aider à la prospection, l’autre s’engage en contrepartie à partager les
fruits des recherches auxquels les spécimens donneront prise, etc.

Qui dit contrat dit théoriquement liberté des contractants de s’engager selon des
termes « mutuellement convenus » : c’est la liberté contractuelle. Pourtant, en ce qui
concerne la prospection de ressources biologiques, il paraît nécessaire que la loi encadre
cette liberté. Deux raisons l’expliquent. D’abord, on se trouve ici confronté à un
domaine jeune, dans lequel la pratique contractuelle n’est guère « rodée ». Que la loi
apporte quelques éclairages n’est donc pas inutile, même s’il ne s’agit pas de fixer les
termes d’un modèle unique de contrat : chaque opération d’exploitation des substances
naturelles a en effet ses spécificités, et c’est aux partenaires d’en préciser les conditions.
Ensuite, comme on l’a déjà dit, certains intérêts publics sont en jeu, qui exigent que la
loi fixe une série de dispositions auxquelles ces contrats ne peuvent déroger, que les
parties soient des personnes physiques ou morales, publiques ou privées. Cela n’a rien
de spécifique à la prospection de biodiversité, au demeurant : le contrat médical ou le
contrat de consommation doivent obéir à certaines dispositions (obligation
d’information du patient, délai de rétractation du consommateur, etc.) destinées à
protéger des intérêts. En l’occurrence, il s’agirait de protéger les intérêts de la Polynésie.

Cela étant posé, il est nécessaire de prendre parti sur plusieurs points qui, dans
les réglementations qui ont fleuri ici ou là concernant la collecte de ressources
biologiques, donnent lieu à des solutions différentes (Kate et Laird, 1999 ; Varella,
2004 ; Bellivier, 2004).

Contrat de recherche, contrat commercial ?


Un premier point concerne la question de savoir si le contrat signé avec le
prospecteur doit se limiter à organiser les opérations de prospection pour la recherche
ou s’il doit d’emblée anticiper sur les futurs éventuels développements commerciaux.
Certains ont opté en faveur du contrat de recherche et renvoyé à une étape ultérieure la
négociation d’un accord commercial. Par exemple, la Province Sud de Nouvelle-
Calédonie s’est dotée d’un « formulaire de demande d’autorisation de collecte de
matériels botaniques » par lequel toute personne autorisée à collecter s’engage à « ne
destiner aucun matériel botanique ou sous-produit, ni aucun résultat des recherches qui
seront effectuées à un usage commercial direct ou indirect, sauf agrément ou convention
particulière avec la Province Sud ». D’autres ont au contraire prévu, dès l’amont, les
dispositions relatives à la recherche mais aussi au partage des avantages s’il en existe.
Ici, le contrat fixe donc les droits et obligations du fournisseur et du prospecteur, du

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début des opérations de collecte jusqu’au but recherché, à savoir la production de


produits à partir des spécimens biologiques collectés.

Opter pour l’une ou l’autre option est délicat. La première repousse à plus tard
les négociations commerciales et permet donc d’éviter des pourparlers coûteux en temps
et en argent sur des aspects commerciaux encore purement spéculatifs. Mais en
contrepartie, elle présente le risque de ne pas suffisamment sécuriser en amont les
relations contractuelles. Quant à la seconde option, on aura compris qu’elle présente les
avantages et les inconvénients inverses.

Idéalement, c’est pourtant cette seconde option qu’il faut privilégier, car elle
présente des avantages (fixer précisément les droits et obligations de chacun, du début
des activités de prospection jusqu’à l’exploitation, et donc éviter les éventuels litiges)
qui l’emportent sur ses inconvénients. Au point que, contrairement à ce que l’on entend
parfois dire, de nombreux industriels lui sont favorables en dépit de sa lourdeur. C’est
par exemple le cas de la plupart des industriels de la pharmacie. Dans ce domaine où le
développement et la commercialisation des produits sont un parcours long et semé
d’embûches, la prévisibilité juridique et économique est essentielle. Elle exige que
soient fixés d’emblée les avantages auxquels doit s’engager l’entreprise en contrepartie
de la collecte et du développement de produits, si ces derniers pourront être protégés par
un brevet, si l’entreprise pourra le céder ou le donner en licence, à qui, etc.

Toutefois, il ne faudrait pas s’enfermer dans ce modèle unique du contrat


commercial, notamment lorsqu’il existe un enjeu immédiat, pour les deux parties, à
signer un contrat de recherche et que les négociations sur les aspects commerciaux
risquent de retarder voire de faire échouer les opérations. L’essentiel est alors de
mentionner dans le contrat de recherche que, dans le cas où le co-contractant passe du
stade de la recherche à celui de l’application industrielle ou commerciale, il s’oblige à
renégocier un nouveau contrat avec le fournisseur des ressources biologiques (clause du
type : « Toute protection d’un résultat par un titre de propriété industrielle ou toute
commercialisation d’un résultat ne saurait intervenir avant la conclusion d’un avenant
au présent contrat, définissant les droits respectifs des parties. »). Afin d’éviter tout
malentendu, le contrat doit indiquer que cette obligation vaut si un brevet est déposé ou
si un produit est commercialisé. En tout état de cause, il faut donc éviter de délivrer une
licence ou un permis de collecte à visée de recherche scientifique sans y prévoir qu’en
cas de développement d’une innovation, un accord de partage devra être négocié.

Dispositions contractuelles
S’agissant des dispositions du contrat, certaines sont des dispositions « de base »
fixant les droits et obligations des parties à propos de la prospection et de la recherche
(lieu de recherche, durée éventuelle de l’exclusivité, si l’exclusivité de collecte est
accordée au co-contractant, etc.), et ne nous intéressent pas véritablement ici : elles
relèvent de la liberté des contractants. D’autres, en revanche, sont essentielles et doivent
être prévues dans la loi. Elles seront d’ordre public, ce qui signifie que les contractants
ne pourront y déroger. Sans prétendre à l’exhaustivité, on en dressera une liste, sachant
que plusieurs options sont le plus souvent envisageables, que l’on discutera.

Accès sous condition d’utilisation durable. D’abord, il va sans dire que l’accès
aux ressources biologiques doit toujours être autorisé sous condition d’utilisation

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durable. On notera du reste que cette exigence est indirectement requise par l’article 49,
« Commerce et environnement », de l’Accord de partenariat, d’une part, entre les
membres du groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, et d’autre part la
Communauté européenne et ses États membres21.

Partage des avantages. S’agissant des avantages que le prospecteur s’engage à


partager avec le fournisseur, ou plus exactement de la contrepartie qu’il lui alloue,
plusieurs modalités sont possibles. Cette contrepartie peut être immédiate ou à long
terme, financière ou en nature.

Par bénéfices immédiats, on entend généralement les cas de figure suivants :


paiement par échantillon prélevé, versement d’un « droit d’entrée », c’est-à-dire d’une
somme correspondant au simple droit de collecter (c’est le cas de figure retenu par les
contrats, très médiatisés, entre Inbio Costa Rica et Merck), aide technique qui peut aller
de la duplication de spécimens de référence pour des établissements nationaux à un
programme d’aide à la santé publique (étude des maladies locales) ou à l’éducation ;
coopération scientifique et technologique avec les institutions locales ; concession de
bourses d’études ; consolidation des structures locales de recherche, etc.

Les bénéfices à moyen ou long terme, quant à eux, peuvent prendre une forme
largement symbolique (mention du nom du ou des fournisseurs en cas de publication),
ou une forme financière comme le reversement d’une part des bénéfices issus de la
vente des procédés et des produits qui seront éventuellement développés in fine. À cet
égard, les dispositions relatives aux droits de propriété industrielle – c’est-à-dire aux
brevets – jouent un rôle crucial dans la mise en œuvre du principe de partage des
avantages. Parfois, l’invention finale pourra donner lieu à un brevet conjoint. Le plus
souvent, l’entreprise ou l’institut de recherche sera titulaire des éventuels brevets,
l’autre percevra une part des royalties. Les droits de propriété industrielle ne sont
toutefois que l’un des nombreux mécanismes possibles de partage. D’autres contrats
prévoient ainsi que le fournisseur touchera plutôt un pourcentage des revenus de la
commercialisation des futurs produits ou que des joint-ventures seront formées pour la
création des fondations technologiques.

Chacune de ces modalités de partage a ses avantages et ses inconvénients en


fonction des cas d’espèce. On ne privilégiera donc pas l’une au détriment d’une autre.
On se contentera simplement de formuler cinq observations importantes.

Premièrement, comme on l’aura compris, si les modalités du partage doivent être


adaptées à chaque cas de figure, le principe d’un partage doit être mentionné dans le

21 « Les parties réaffirment leur engagement à promouvoir le développement du commerce international de


manière à assurer une gestion durable et saine de l’environnement, conformément aux conventions et engagements
internationaux en la matière et en tenant dûment compte de leurs niveaux respectifs de développement. Elles
conviennent que les exigences et besoins particuliers des États ACP devraient être pris en considération dans la
conception et la mise en œuvre des mesures environnementales. Compte tenu des principes de Rio et en vue de faire
en sorte que les politiques commerciales et environnementales se complètent, les parties conviennent de renforcer
leur coopération dans ce domaine. La coopération visera notamment à mettre en place des politiques nationales,
régionales et internationales cohérentes, à renforcer les contrôles de qualité des biens et des services sous l’angle de la
protection de l’environnement et à améliorer les méthodes de production respectueuses de l’environnement dans des
secteurs appropriés » (Accord 2000/483/CE, 2000)

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texte de loi comme un principe d’ordre public auquel les prospecteurs ne peuvent
déroger.

Deuxièmement, en ce qui concerne les avantages à court terme, le paiement


immédiat soit d’un droit d’entrée, soit d’une somme par échantillon prospecté paraît
idéal, mais il appelle deux observations. D’une part, il constitue de plus en plus une
exception, les entreprises étant réticentes à payer d’emblée face aux aléas qui
caractérisent les débouchés scientifiques, techniques et commerciaux de la prospection.
D’autre part, lorsque l’entreprise ou l’institut de recherche paye par extrait prélevé, on a
alors affaire à une vente de matériel biologique, laquelle paraît exclure toute perspective
ultérieure de partage des bénéfices tirés des produits éventuellement développés in fine.
Au bout du compte, une prestation en nature (aide technique, par exemple) paraît plus
appropriée.

Troisièmement, outre les avantages de court terme, il faudra toujours aménager


un partage des éventuels futurs bénéfices commerciaux. Mais, d’une part, s’en tenir à un
partage des brevets peut être dangereux car le produit final ne sera pas nécessairement
protégé par un tel mécanisme. Il faut donc toujours prévoir, par une disposition
supplémentaire, le versement d’un pourcentage des résultats commerciaux. D’autre part,
avant de rédiger les clauses concernant la propriété intellectuelle, on doit avoir bien
réfléchi aux avantages et inconvénients des différentes clauses possibles. Ainsi, prévoir
que tout brevet sera conjoint présente une difficulté ; en particulier, le brevet conjoint
n’est possible que si le fournisseur a participé à l’invention et, le plus souvent, s’il
acquitte une part des taxes nécessaires à l’entretien du brevet (sauf disposition contraire
inscrite au contrat). Inversement, il faut avoir conscience de ce qu’un simple
pourcentage sur les revenus de l’exploitation du brevet ne donne au fournisseur des
ressources biologiques aucune marge de manœuvre quant aux modalités d’exploitation
de ce brevet. Si le prospecteur l’exploite mal ou ne trouve aucun licencié pour
l’exploiter, le fournisseur n’a que très peu de latitude à l’égard de la politique
commerciale de l’entreprise ou de l’institution de recherche, surtout lorsque celle-ci ne
commercialise pas elle-même mais va simplement chercher des entreprises à qui
concéder une licence de brevet (c’est le cas, par exemple, du National Cancer Institute
américain, qui n’exploite pas lui-même ses brevets). Le contrat devrait alors reconnaître
à la Polynésie le droit de négocier directement le montant des royalties avec l’entreprise
licenciée.

Quatrièmement, le contrat devrait prévoir que, dans le cas où une question de


production de molécules bioactives à grande échelle venait à se poser, l’industriel ayant
par exemple besoin de telles molécules pour ses études cliniques ou la production
industrielle, le co-contractant s’engagerait à aider la Polynésie au développement d’une
production locale d’organismes vivants capables de fournir les molécules en quantité
suffisante et à se fournir en Polynésie.

Enfin, il faut avoir conscience de ce que toute perspective de partage à terme


risque de n’être qu’une coquille vide si les dispositions qui le prévoient ne sont pas
complétées par d’autres, qui organisent un contrôle des différentes opérations.

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Contrôle. Chacun des maillons de la chaîne allant du prélèvement au


développement d’un produit doit faire l’objet d’un contrôle par le fournisseur du
matériel, faute de quoi la perspective d’un partage devient hasardeuse.

D’abord, le contrôle doit s’exercer lors de la prospection stricto sensu. Il vise


sinon à vérifier que le prospecteur ne va pas au-delà des prélèvements autorisés
(dépassement du nombre d’échantillons fixés, prospection hors des zones prévues, etc.),
au moins à identifier précisément ce qui est collecté. Cette première étape du contrôle
est d’autant plus importante à concevoir qu’en Polynésie, il ne semble pas exister
d’ONG qui, comme c’est le cas dans certains pays, assument le rôle d’intermédiaire
entre les fournisseurs de biodiversité et les prospecteurs, précisément pour contrôler
l’activité de ces derniers. Aussi, lorsque la prospection a lieu dans une aire protégée, il
convient de faire réaliser ce contrôle par la direction des parcs. Ailleurs (en forêt, en
mer), la mobilisation d’un ou de plusieurs chercheurs locaux sera nécessaire.

Au-delà de cette première étape, le contrôle reste nécessaire, pour garder une
trace du matériel collecté et des recherches auxquelles il donne prise. Il doit se décliner
de la façon suivante :
– Contrôle des transferts successifs des spécimens collectés : parce que
l’institut de recherche ou l’entreprise peuvent transférer à des tiers les spécimens
obtenus en application du contrat, il faut contrôler ces éventuels transferts, ou
bien toute perspective de maîtrise de ses ressources par la Polynésie disparaît.
Pour ce faire, deux sortes de dispositions sont envisageables. Dans une première
hypothèse, le co-contractant est en droit de transmettre tout ou partie des
spécimens, mais à la condition qu’il fasse à son tour signer au bénéficiaire le
même accord que celui par lequel il est engagé avec la Polynésie. Cette solution
présente des avantages indéniables de souplesse et, à ce titre, elle est largement
utilisée dans la recherche académique. Elle est même nécessaire dans certains
domaines comme celui du développement de variétés agricoles, où les
ressources doivent pouvoir circuler facilement et rapidement entre les parties
prenantes. Toutefois, en dehors de ces deux cas de figure, elle présente des
limites, à la fois en termes de contrôle des transferts par le fournisseur initial et
de partage des responsabilités. Des « chaînes de contrats » se forment en effet,
qui rendent complexe l’attribution des responsabilités lorsqu’au bout du compte,
la ressource transférée n’aura pas été exploitée dans le respect des conditions
initialement fixées. Il faut donc préférer une seconde solution, dans laquelle le
prospecteur s’engage purement et simplement à ne pas transférer les spécimens
collectés. Les instituts de recherche commencent à être rompus à cette pratique.
Quant aux entreprise, il faut bien avoir conscience que la plupart d’entre elles y
sont favorables car désireuses de conserver l’exclusivité de jure ou de facto les
spécimens.
– C’est ensuite le contrôle des travaux du co-contractant qui s’impose. À
cette fin, inscrire au contrat une clause prévoyant que les recherches (depuis le
screening jusqu’au développement d’un produit) seront menées sur place serait
idéal, mais la plupart du temps cela se révèle inadapté aux contraintes techniques
des prospecteurs. On pourrait alors imaginer un contrôle en aval, opéré par les
offices de brevets, dont le rôle peut être essentiel à cet égard. Ils pourraient en
effet exiger du demandeur qu’il divulgue les ressources génétiques et
connaissances ayant contribué à la mise au point de son invention, et produise

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les documents par lesquels il a été autorisé à les utiliser. C’est ainsi que la
décision 391 du Pacte andin prévoit que chaque office de brevet des cinq pays
du pacte exige, lors du dépôt d’une demande de brevet, la copie du contrat
d’accès ainsi que la licence d’utilisation des savoirs autochtones, et prévient le
pays fournisseur. De la même manière, l’office de brevet indien se référerait à la
base de données locale pour opérer sa recherche d’antériorités et d’inventivité.
Toutefois, une telle solution n’a de portée pratique que si l’ensemble des offices
de brevets opèrent un tel contrôle et non pas seulement celui du pays fournisseur, la
plupart des brevets étant sollicités ailleurs (Office européen des brevets, US Patent and
Trademark Office, etc.). Or si l’entreprise est techniquement faisable, elle suscite une
grande réticence politique (Communauté européenne, 2002), même si des évolutions
récentes doivent être notées22.

Soyons réaliste, donc. En attendant un accord international sur ce point, le


contrôle des travaux de R&D doit être organisé de façon contractuelle. Plusieurs
dispositions peuvent être prévues :
– Au minimum, un retour régulier d’informations sur l’avancement des
travaux de recherche (obligation de prévenir la Polynésie de toute identification
de composés actifs, organisation d’audits, etc.).
– Mieux, une coopération avec les institutions locales sera organisée
lorsqu’elle est possible, de façon à intégrer ces institutions dans la recherche. Il
est en effet essentiel qu’un maximum de locaux soient associés aux travaux, à la
fois en ce qui concerne la collecte et les opérations de recherche. Sans aller
jusqu’à rendre obligatoire, comme le font certaines normes (voir la norme
fédérale en vigueur au Brésil), la participation d’une institution de recherche
nationale, elle devra être recherchée autant que possible. À la figure du contrat
liant uniquement l’autorité polynésienne au prospecteur, il faudra préférer un
contrat associant une institution locale (université, centre de recherche...) ou
régionale, comme tentent d’ores et déjà de le faire systématiquement Fidji ou
Samoa avec l’Université du Pacifique Sud.
– Lorsqu’une collaboration scientifique non prévue par le contrat est
envisagée par le co-contractant, ce dernier est tenu d’en informer la Polynésie et
de lui fournir un descriptif détaillé des termes de la collaboration.
– Enfin, on pourra, comme le prévoient certains contrats, fournir au co-
contractant des échantillons ne comprenant pas d’autre indication qu’un numéro
de code (pas de nom de spécimen ni de précisions quant à l’endroit où il a été
collecté), de sorte que si le co-contractant, après avoir testé l’échantillon,
l’estime intéressant, il est contraint de revenir vers le fournisseur pour
poursuivre et affiner ses recherches. Il ne faut toutefois pas attendre d’un tel
mécanisme plus d’efficacité que ce qu’il peut donner puisque, dans certains cas,
l’utilisation de techniques telles que le clonage pourrait dispenser le co-
contractant de revenir sur place pour se procurer de nouveaux échantillons.

22 L’idée revient en effet en force, à la fois dans les lignes directrices de Bonn et dans le régime
international en préparation. Surtout, voir la Communication de la Commission (Communauté européenne, 2003) qui
entend « encourager la divulgation du pays d’origine des ressources génétiques dans les demandes de brevets » et
empêcher, par des obligations d’information et certificats d’origine, l’utilisation de ressources génétiques obtenues
sans consentement préalable en connaissance de cause.

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Si le contrôle absolu paraît donc hors de portée, la combinaison des dispositions


mentionnées plus haut reste nécessaire pour permettre à la Polynésie de maîtriser
l’évolution des recherches auxquelles ses ressources donneront prise.

2.2. Option plus ambitieuse : l’institution de souchothèques,


voire le développement d’un pôle biotechnologique
De façon que le maximum de plus-value liée à la valorisation de la diversité
biologique reste sur place et profite à la Polynésie, il est souhaitable d’accompagner le
cadre minimal décrit plus haut d’une stratégie plus « offensive ». En pratique, il s’agirait
d’établir – voire de regrouper dans un pôle technologique – une ou plusieurs
« souchothèques » et « extractothèques » qui, non seulement opéreraient les
prospections, mais aussi l’extraction de molécules d’intérêt potentiel en lieu et place des
chercheurs et industriels. Cet ensemble assumerait donc un rôle à la fois plus actif dans
la fourniture de matériel biologique et, du même coup, serait susceptible de susciter
voire d’initier des projets de valorisation en collaboration avec le monde de la recherche
et l’industrie.

Argument général
Il ne s’agit pas de pousser l’ambition au-delà de ce que les moyens techniques et
humains de la collectivité territoriale peuvent offrir. Par exemple, le criblage (c’est-à-
dire les tests pour les essais pharmacologiques ou cosmétiques ultérieurs) exigerait des
compétences techniques difficiles à réunir en Polynésie. Concrètement, il s’agirait de
mettre en place une ou plusieurs collections capables de caractériser les organismes
collectés, de les préserver, et d’extraire les métabolites primaires ou secondaires
synthétisés par ces organismes. Aux collections taxonomiques de référence déjà
existantes s’adjoindraient ainsi des « extractothèques », dites aussi « banques de
molécules » ou « chimiothèques ».

Correspondant à l’évolution des mentalités dans les pays mégadivers, qui


veulent être « auto-suffisants » en matière de taxonomie, technologies d’identification,
etc. (voir l’exemple de Bionet, cf. supra), cette orientation présente plusieurs avantages.
En premier lieu, elle répond à une demande, en tout cas suscite l’intérêt des entreprises
de biotechnologies. Outre le fait que les biothèques et extractothèques constituent pour
elles un vivier, elles leur évitent, d’une part, les formalités liées à la demande d’APCC,
d’autre part, la réalisation de prospections à l’aveugle. Des entreprises comme Servier,
Astra Zeneca, Pharmamar ou Pierre Fabre se sont dites, dans d’autres cadres, favorables
à un tel système de mise à disposition d’une série d’échantillons déjà présélectionnés.
Ensuite, l’institution de souchothèques et extractothèques permet d’initier des projets de
R&D et d’y associer plus étroitement les locaux. Enfin, elle offre un moyen de
surmonter partiellement les problèmes de contrôle (cf. supra), les extractothèques ne
fournissant pas les souches mais des extraits. Ces derniers étant des molécules
chimiques, sauf à en faire la synthèse (cf. supra), l’industriel qui veut valoriser ces
dernières est contraint de revenir vers la souchothèque pour savoir d’où vient l’extrait.

Plus précisément, c’est l’institution de collections de micro-organismes marins


(micro-algues, bactéries, cyanobactéries, etc.) qui paraît particulièrement indiquée, et ce
pour deux raisons. En premier lieu, la Polynésie dispose d’une très riche biodiversité
marine. Le potentiel chimique et biotechnologique de cette diversité n’a encore été que

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très peu étudié alors qu’un pourcentage non négligeable pourrait semble-t-il présenter
une activité biologique (anti-tumoraux, antibiotiques, etc.) et receler des molécules
chimiques pouvant être des candidats-médicaments actifs contre le cancer, les maladies
du système nerveux central ou du système cardio-vasculaire. En second lieu, plusieurs
expériences étrangères attestent la vitalité de ce genre de souchothèques de micro-
organismes marins. On peut citer, en Australie, l’Australian Institute of Marine Science,
déjà engagé dans plusieurs collaborations. Il faut également mentionner l’Arvam,
Agence pour la recherche et la valorisation marines, qui a pour mission d’assurer un
relais entre, d’un côté, la recherche scientifique, de l’autre, les responsables de
l’environnement et du développement dans la zone océan Indien et plus
particulièrement à la Réunion. Observant que la communauté internationale porte un
intérêt croissant aux micro-algues en raison de leur implication dans les phénomènes
d’écotoxicologie marine (prévention des risques de santé publique), mais aussi en raison
de leurs potentialités pharmacologiques, l’Arvam a mis en place, avec le soutien du
département et de la région Réunion, une banque de micro-algues isolées des fonds
marins de la Réunion et des îles voisines (Phytobank). Chaque souche déposée dans la
banque est identifiée, classée et travaillée en partenariat avec différents laboratoires
(CESAC de l’Université de Toulouse-III, laboratoire de cryptogamie du MNHN de
Paris, etc.). Phytobank a déjà établi plusieurs coopérations, dont une avec Pierre Fabre.
Citons enfin l’exemple de Biolib, entreprise privée située à Tahiti même et qui, à partir
d’une collection de bactéries et cyanobactéries acquises dans les tapis microbiens
marins de Tahiti, opère deux types d’activités. D’abord, elle tire des extraits
potentiellement intéressants et les concède en licence, le plus souvent sous forme
exclusive, aux entreprises qui sont ses clientes. Ensuite, elle réalise certaines opérations
de recherche (parmi lesquelles certains criblages) pour le compte de tiers. Parce qu’il
paraît bien fonctionner, cet exemple mérite d’être étendu à d’autres types d’organismes
marins (invertébrés, spongiaires, etc.) pour lesquels l’existence d’un marché semble
manifeste.

Enjeu d’un engagement des pouvoirs publics


Pour mener à bien un projet de cette nature, deux éléments sont nécessaires.
D’une part, étant donné qu’il n’existe en Polynésie que peu de structures privées
disposant des moyens adéquats pour s’engager dans cette voie, il est nécessaire que la
collectivité assure l’interface entre les « porteurs de projets », voire qu’elle joue un rôle
« d’amorçage » en créant des structures d’incubation. La mise en place de
souchothèques ne nécessitant pas des investissements lourds, un tel engagement des
pouvoirs publics ne paraît pas hors de portée. D’autre part, il existe d’ores et déjà, en
Polynésie, des structures locales sur lesquelles, d’une manière ou d’une autre,
l’institution de souchothèques pourrait prendre appui (laboratoire « Terre-Océan » de
l’Université de Polynésie française, Institut Louis-Malardé, etc.). Ainsi, sous réserve
que son personnel et ses moyens techniques soient renforcés, l’institut Malardé pourrait
prendre en charge une partie de ces opérations de prestation de services. En effet, un
laboratoire de recherche sur les substances naturelles y a été institué en 1991, qui
s’inscrit dans la politique de développement et de promotion des ressources naturelles
de Polynésie française. Depuis 1998, l’activité du laboratoire se concentre sur l’analyse
de la composition chimique associée aux propriétés biologiques de certaines espèces
employées par les tradipraticiens de la région Pacifique. Enfin, il faudrait que ces
infrastructures existantes soient coordonnées et dynamisées. À cet égard, elles
gagneraient probablement à être rattachées à la plate-forme biotechnologique Gepsun,

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qui a démarré ses activités en 2003 et affiche précisément un objectif de valorisation des
substances naturelles par association public/privé (IRD, UPF, CIRAD, laboratoire de
cosmétologie du Pacifique Sud, Jus de fruit de Moorea, etc.), et qui pourrait être
l’interlocuteur privilégié des chercheurs et entreprises.

Quel que soit le choix réalisé, deux recommandations doivent être formulées sur
le plan juridique. Premièrement, il serait logique de rattacher la ou les souchothèques et
extractothèques au système des centres de ressources biologiques en cours de
construction. De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’une initiative de l’OCDE qui, à l’origine, vise
à regrouper les collections végétales, animales, microbiennes et humaines sous cette
même appellation23, la finalité étant double. D’abord, rationaliser le contenu des
collections existantes aujourd’hui éparses et en assurer la qualité. Ensuite, faire de ces
centres un instrument stratégique en développant leur activité de service (stockage, mise
à disposition, etc.) pour mieux en valoriser le contenu par des coopérations
scientifiques. Sur ce double fondement, un réseau de collections est en cours de
constitution sous l’égide du ministère français de la Recherche, auxquelles
l’administration entend donner une sorte de label « CRB » et une aide financière dès
lors que les collections en question accepteront de se plier à certaines règles aujourd’hui
consignées dans une « charte » (règles de conservation et de transformation des
ressources biologiques, déclaration de cette activité auprès du ministère chargé de la
Recherche, dégagement des crédits nécessaires en personnel et équipements, etc.).
Rattacher l’initiative polynésienne à ce système des CRB permettrait non seulement de
garantir aux partenaires chercheurs et industriels une « assurance qualité » mais aussi
obtenir des financements publics voire une aide au développement de coopérations
scientifiques puisqu’un Comité consultatif des ressources biologiques a été mis en place
en février 2001 avec la mission, entre autres, de développer des liens entre les CRB et
les industries de biotechnologie.

Deuxièmement, l’institution de souchothèques et extractothèques suppose


d’avoir préalablement réglé la question du statut juridique des extraits ainsi mis à
disposition. Pour l’heure, que les souchothèques soient privées (comme Biolib en
Polynésie française), publiques ou semi-publiques (comme l’Arvam), il existe en effet
un certain flou quant au statut exact des échantillons qu’elles détiennent et mettent en
circulation.

Certes, les relations juridiques bilatérales qui unissent les souchothèques et leurs
partenaires commerciaux sont généralement clairement fixées par contrat. Il s’agit le
plus souvent d’un contrat de mise à disposition de matériel (très précisément de
métabolites secondaires, ce qui évite les problèmes de réplication des souches vivantes)
qui prévoit le paiement d’un prix et, en général, un « droit de premier refus » (l’un des
partenaires s’engage vis-à-vis de l’autre à lui proposer en premier soit l’exclusivité
d’utilisation d’un extrait, soit le développement d’un produit, soit la licence d’un

23 « Ils se composent de prestataires de services et de centres de conservation de cellules vivantes, de


génomes, d’organismes, et d’informations sur l’hérédité et les fonctions des systèmes biologiques. Elles détiennent
des collections d’organismes cultivables (MO, cellules végétales, animales, humaines), de parties réplicables de ces
organismes, (génomes, plasmides, virus, ADN), des organismes viables mais pas encore cultivables, des cellules, des
tissus, ainsi que des bases de données contenant des informations moléculaires, physiologiques et structurelles sur ces
collections, et la bio-informatique qui leur est associée » (OCDE, 2001).

200
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brevet...). Il peut s’agir aussi d’un contrat de prestation de service si le partenaire veut
sous-traiter certaines recherches à la souchothèque. Quel que soit le type de contrat, il
fixe les droits et obligations de chacune des deux parties.

En revanche, le flou est grand quant aux relations juridiques qui unissent ces
partenaires au pays sur le territoire duquel les spécimens ont été prélevés. Deux
questions restent incertaines : à quelles conditions la souchothèque acquiert-elle les
échantillons et à qui profiteront les bénéfices qui en découleront ? En l’état actuel des
choses, il semble que les souchothèques opèrent comme si elles détenaient la propriété
du matériel qu’elles mettent à disposition (ce dernier n’ayant pas pour autant été acquis
de façon illégale, les autorités ayant souvent donné leur accord informel) et en captent
l’intégralité des revenus.

Or, d’une part, il n’y a aucune raison que ces structures, qu’elles soient
publiques ou privées, qu’elles soient ou non par ailleurs promues par l’autorité publique,
échappent à la future obligation de CPCC, ne serait-ce que parce que l’autorité publique
doit pouvoir évaluer les incidences écologiques de leur activité de prospection
systématique. D’autre part, il est nécessaire de se poser la question de savoir si le
principe de partage des avantages doit s’appliquer à l’activité des souchothèques, et,
dans l’affirmative, de quelle manière. Très précisément, il faut se demander si la
création d’emplois par la souchothèque constitue en soi un bénéfice qui participe de
l’intérêt général ou si la souchothèque doit également se soumettre aux mêmes
exigences de « retour d’avantages » que les entreprises ou instituts de recherche de
métropole ou de l’étranger.

Aucune solution à cette question ne s’impose de manière évidente. Pourtant, il


faudra y répondre clairement en ayant conscience de deux choses. D’abord, les
ressources des souchothèques auront été, pour la plupart, acquises sur le domaine
public, et, pour certaines, sur les recommandations ou selon des indications fournies par
les populations locales. Ensuite, ces dernières sont susceptibles de s’opposer aux
activités de valorisation si, à terme, la mise au point d’inventions ne profite pas à
l’ensemble de la population polynésienne. Cela nous conduit à un dernier point : la prise
en compte des intérêts collectifs dans le mécanisme d’APA.

2.3. Les intérêts collectifs dans le système de l’APA


Pourquoi est-il nécessaire de concevoir l’APA en fonction d’intérêts collectifs et,
d’abord, de quels intérêts collectifs parle-t-on ?

Comme on l’a déjà évoqué, le régime juridique de l’accès à la biodiversité a été


pensé par les rédacteurs de la Convention sur la diversité biologique comme une
mécanique de nature à satisfaire deux objectifs considérés comme intrinsèquement liés :
d’abord, l’équité des transactions, ensuite, l’utilisation durable de la biodiversité. Or il
faut montrer combien il est important que ce double objectif s’exprime plus finement
dans le système dont l’ossature générale a été décrite plus haut. Sauf à se heurter, à
terme, à l’opposition des populations, ce système doit prévoir une réaffectation d’une
part des avantages acquis de la bioprospection à des actions de conservation de la
biodiversité en premier lieu, aux populations locales ensuite. Le système échafaudé n’a
en effet d’avenir, au plan à la fois scientifique, technique et politique, que si les retours

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de bénéfices ne sont pas entièrement captés par les institutions de l’État mais au
contraire réaffectés pour partie.

En ce qui concerne les actions de conservation, les modalités sont multiples.


Elles vont de l’affectation de fonds aux institutions en charge de la protection de
l’environnement à la création d’un trust fund (voir la loi indienne) établi à cet effet.
L’important est que le texte relatif à l’APA en prévoie expressément le principe.

Les choses sont plus complexes s’agissant des populations locales.

D’abord, pourquoi s’interroger sur ce point ?


L’article 8 (j) de la Convention sur la diversité biologique dispose que chaque
État, « dans la mesure du possible et selon qu’il conviendra [...], sous réserve des
dispositions de sa législation nationale, respecte, préserve et maintient les
connaissances, innovations et pratiques des communautés autochtones et locales qui
incarnent des modes de vie traditionnels présentant un intérêt pour la conservation et
l’utilisation durable de la diversité biologique et en favorise l’application sur une plus
grande échelle, avec l’accord et la participation des dépositaires de ces connaissances,
innovations et pratiques et encourage le partage équitable des avantages découlant de
l’utilisation de ces connaissances, innovations et pratiques »24.

Cette disposition prend acte de ce que, parmi les inventions dont les ressources
biologiques sont le support, certaines s’appuient sur l’apport de populations autochtones
ou locales. En effet, même si ces populations ne gèrent pas de ressources génétiques à
proprement parler – elles travaillent à l’échelle d’une semence, d’une plante ou d’un
ensemble de plantes dans un contexte socioéconomique, culturel et écologique donné –,
c’est bien sur ces variétés, sur leur transformation, sur des savoir-faire (valorisation de
l’usage local d’une plante ou d’un savoir de tradipraticien, etc.) que s’appuient certains
des produits bruts et élaborés sources d’éventuels revenus marchands (médicaments,
produits alimentaires et artisanaux, etc.)25 (Aubertin, 2003). Il est donc logique que
l’État, loin de capter l’intégralité des revenus de la biodiversité, tente d’associer les
populations autochtones et locales à la « mécanique » instituée par la Convention sur la
diversité biologique (consentement à la collecte, partage des avantages qui en
découlent), et ce d’autant que ces populations et leurs pratiques sont un rouage essentiel
dans la gestion et l’utilisation durable de la biodiversité.

C’est guidés par ce souci que certains États, parallèlement aux travaux de
certaines institutions internationales26, ont prévu une participation des populations
autochtones et locales au système de l’APA. Dans cette veine, il est important de noter
que le secrétariat général de la Communauté du Pacifique vient lui -même d’élaborer un

24 Sur la réaffirmation de l’importance de cet article, voir décision VI/10 adoptée dans le cadre de la CDB.
25 Recherche collective « Quels marchés pour les ressources génétiques ? Évaluation ex post et
ex ante de l'émergence de marchés de la biodiversité » coordonnée par Catherine Aubertin (IRD) et
financée par l'IFB.
26 Voir notamment les travaux entrepris par l’OMPI à travers le Comité intergouvernemental de la
propriété intellectuelle relative aux ressources génétiques, aux savoirs traditionnels et au folklore.

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« Cadre juridique régional pour la protection des savoirs traditionnels et des expressions
de la culture ». Ce texte répond à une demande de la région, laquelle s’estime
confrontée à une exploitation accrue et à une commercialisation inappropriée de ses
savoirs traditionnels et expressions culturelles. À cet effet, il s’attelle à la question
précise de la protection et de la rémunération des savoirs, de telle sorte que les savoirs
soient protégés et que leur exploitation par des tiers profite à ceux qui en sont les
détenteurs d’origine.

La Polynésie, un cas « à part » ?


Il n’est pas rare d’entendre que la Polynésie constituerait à cet égard un cas « à
part ». Deux raisons sont généralement avancées.

D’abord, collectivité à une forte identité culturelle, la Polynésie ne connaîtrait


pas pour autant d’autochtonie marquée. Ensuite, l’architecture institutionnelle française
empêcherait de toute façon de reconnaître des droits spécifiques aux communautés
autochtones, la constitution française, qui énonce le principe de l’égalité des citoyens en
droit, ne permettant pas de reconnaître un statut particulier à ces communautés. Cela
expliquerait pourquoi, en dépit de la richesse de la biodiversité des DOM-TOM et de la
quantité de communautés traditionnelles répondant à la définition de l’article 8 j. de la
CDB, la France s’est assez peu préoccupée de la mise en œuvre de ce texte27 autrement
qu’à travers des politiques sectorielles plus globales (stratégies de conservation de la
biodiversité, indications géographiques, registres de « savoirs traditionnels », espaces
protégés, etc.).

Il reste que l’on aurait tort de négliger l’équilibre politique recommandé par les
rédacteurs de la CDB. Il s’agit en effet de ne pas se cacher deux réalités.

La première est juridique. Quand bien même il n’y aurait pas de sentiment
d’autochtonie marqué et d’autorités coutumières clairement établies, la Polynésie
comprend de toute façon, par hypothèse, des communautés locales qui participeront à la
fourniture de ressources. Or la CDB met sur un pied d’égalité les communautés
villageoises et les peuples autochtones, le droit au « partage équitable » concernant alors
toutes les communautés28. À quoi il faut ajouter que, juridiquement, un État peut fort
bien ne pas formellement établir l’existence de populations autochtones tout en leur
reconnaissant des spécificités et en leur conférant en fait certains avantages. Du reste, la
France a récemment procédé à d’importantes avancées en faveur des populations

27 Pour l’heure, l’article 8 j. n’a été retranscrit qu’indirectement dans le droit positif national, par
l’article 33 de la loi no 2000-1207 du 13 décembre 2000 d’orientation sur l’outre-mer : dans son chapitre intitulé « Du
développement de la culture et des identités outre-mer », l’article 33 dispose : « L’État et les collectivités locales
encouragent le respect, la protection et le maintien des connaissances, innovations et pratiques des communautés
autochtones et locales fondées sur leurs modes de vie traditionnels et qui contribuent à la conservation du milieu
naturel et l’usage durable de la diversité biologique » (Lefebvre, 2001).

28 Art. 8 j. : « [...] les connaissances, innovations et pratiques des communautés autochtones et locales qui
incarnent des modes de vie traditionnels présentant un intérêt pour la conservation et l’utilisation durable de la
diversité biologique [...] ».

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autochtones, visant à reconnaître et à protéger les cultures et les modes de vie


traditionnels en outre-mer29.

Une seconde réalité est d’ordre social et économique. D’une part, en Polynésie
comme ailleurs, des savoirs, certes de nature et de valeur très différente30, sont bel et
bien divulgués ou susceptibles de l’être par des villageois ou des tradipraticiens, même
si ces derniers ne se présentent pas comme tels, se regroupant en « association de
masseurs ». D’autre part, en Polynésie comme ailleurs, ces savoirs présentent ou sont
susceptibles de présenter un enjeu commercial pour les chercheurs et entreprises. D’une
manière ou d’une autre, il existera donc bien une contribution sinon active, en tout cas
passive, de la population polynésienne, au développement des futures innovations.

Or peut-on se satisfaire, pour justifier le prélèvement des ressources et


l’utilisation des savoirs, de ce que les populations locales ne s’y soient pas expressément
opposées (ce qui suppose déjà qu’elles en aient connaissance) ? Est-il acceptable que
des connaissances nouvelles établies par des chercheurs sur des éléments biologiques
prélevés soit sur le territoire de certaines populations, soit sur les indications de ces
populations, puissent être protégées par un brevet et exploitées, que les produits, du fait
de leur transformation par l’industrie, entrent dans les mécanismes commerciaux
classiques, sans que cela ne bénéficie d’une manière ou d’une autre à ceux qui ont
fourni le matériel qui en a été le support, voire des informations sur son intérêt
scientifique ? La réponse est à l’évidence négative. On aurait donc tort de négliger le
souci d’équilibre politique des rédacteurs de la CDB. Les droits de chacun – État,
prospecteurs, communautés locales et autochtones – doivent être clairement fixés, faute
de quoi un sentiment d’iniquité des transactions pourrait s’installer, générant des
conflits d’intérêts.

29 En Nouvelle-Calédonie, le statut mis en place par l’accord de Nouméa (5 mai 1998) reconnaît
l’existence d’un peuple kanak et prévoit un large transfert de compétence au gouvernement local, reconnaît le droit
coutumier notamment en matière de droit de la personne et de droit de la terre, crée un sénat coutumier et une
citoyenneté calédonienne. En Polynésie française, la même évolution est en cours cependant que des mesures sont
prises pour l’usage de la langue tahitienne et la protection du patrimoine culturel. À Wallis et Futuna, le droit
coutumier régit 99 % de la population de l’archipel ; la propriété de la terre est collective et inaliénable. En Guyane,
la situation évolue plus lentement parce que les conditions historiques, sociales et politiques sont différentes. Les
populations autochtones ne représentent que 5 % de la population et les avancées sont le résultat d’un dialogue
approfondi avec les autres communautés locales, qui revendiquent la même légitimité citoyenne. Une série de textes
de loi (décret du 14 août 1987, loi du 30 décembre 1989, décret du 16 janvier 1992) a progressivement créé un accès
prioritaire aux habitants de la forêt guyanaise. Un arrêté de 1970 protège les modes de vie traditionnels et la moitié
sud de la Guyane. Enfin, un projet de parc naturel englobant 2 millions d’hectares de la forêt guyanaise est en
création, avec pour ambition la protection de la forêt et des modes de vie traditionnels de ses habitants (Chouvin et
al., 2004).

30 Plusieurs types de savoirs sont en jeu. Certains sont individuels. Des individus produisent des savoirs qui
leur sont propres, souvent fondés sur l’intuition ou le mélange avec d’autres savoirs. Dans ce cas, l’individu est libre
de faire ce qu’il veut de son savoir. D’autres sont utilisés par des individus particuliers (shamans, guérisseurs) mais
directement liés à la collectivité. L’individu n’est alors pas propriétaire de son savoir. Il « doit des comptes » à la
collectivité, et des systèmes de contrôle très sophistiqués (cf. le vaudou) gèrent la transmission des savoirs. D’autres
encore sont des savoirs communautaires qui sont transmis de génération en génération et circulent dans la
communauté.

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Le « Cadre juridique régional pour la protection des savoirs traditionnels et des expressions de la
culture », un bon modèle pour la Polynésie française ?
Il faut alors se demander si le « Cadre juridique régional pour la protection des
savoirs traditionnels et des expressions de la culture » institué par le secrétariat général
de la Communauté du Pacifique constitue un bon modèle pour la Polynésie française.
C’est bien en effet de modèle qu’il faut parler, car ce texte n’a pas de valeur juridique en
lui-même. Étant donné que les membres de l’OMPI ne se sont pas déclarés favorables à
la mise en place d’un système régional ou international de protection des expressions de
la culture, le cadre proposé n’aurait de valeur juridique que retranscrit à l’échelle
nationale31. C’est pourquoi une « loi type » est proposée par la Communauté du
Pacifique, qui peut être reprise et modelée par les différents États et collectivités du
Pacifique.

Sur le fond, le texte paraît relativement bien construit. La démarche adoptée


consiste à créer de nouveaux droits sur les savoirs traditionnels et les expressions de la
culture aujourd’hui considérés comme faisant partie du domaine public. Ces droits sont
reconnus aux populations autochtones indépendamment de tout dépôt de demande ou
autre formalité et, même si cela n’est pas dit clairement, ils sont inaliénables (un
« propriétaire » peut en concéder un usage à un tiers sans s’en dépouiller) et
imprescriptibles (c’est-à-dire perpétuels). De façon un peu artificielle, la loi type
distingue les « droits culturels traditionnels » et les « droits moraux ».

Les droits culturels traditionnels confèrent aux propriétaires traditionnels des


droits exclusifs sur un certain nombre d’utilisations de nature « non coutumière » des
savoirs traditionnels et des expressions de la culture, qu’elles soient à des fins
commerciales ou non. Ces dernières incluent l’utilisation de savoirs traditionnels ou
d’expressions de la culture en vue de nouvelles créations et d’innovations fondées sur
ces savoirs (« œuvres dérivées »), et donc l’utilisation de connaissances concernant les
ressources biologiques. Quant aux droits moraux conférés aux « propriétaires
traditionnels », ils recouvrent les droits d’attribution, le droit de contester une attribution
erronée et le droit de protéger les savoirs traditionnels et les expressions de la culture
contre tout traitement risquant de leur porter atteinte.

Sur ce fondement, la loi type édicte trois séries de dispositions clés.

Premièrement, elle définit les procédures de consentement auxquelles doit se


plier toute personne souhaitant faire un « usage non coutumier » de savoirs traditionnels
ou expressions de la culture. Deux procédures sont possibles :
– déposer une demande auprès de « l’Autorité culturelle » qui est habilitée
à identifier les propriétaires traditionnels et qui fait office d’intermédiaire entre
les utilisateurs éventuels et les propriétaires traditionnels, ou

31 Troisième session du Comité intergouvernemental de l’OMPI de la propriété intellectuelle relative aux


ressources génétiques, aux savoirs traditionnels et au folklore, qui s’est tenue à Genève du 13 au 21 juin 2002
http://www.ip4all.ch/F/jurinfo/j10503.shtm

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– lorsque cela est possible, et pour plus de souplesse, traiter directement


avec les propriétaires traditionnels.
Dans les deux cas, le consentement préalable et éclairé des propriétaires
traditionnels doit être recueilli par écrit sous la forme d’une « autorisation
d’utilisation ». En outre, l’autorité culturelle assume un rôle de conseil auprès des
propriétaires traditionnels, les aide à formuler les conditions d’octroi des autorisations et
tient un registre des autorisations accordées.

Deuxièmement, toute utilisation d’un savoir traditionnel nécessite la conclusion


d’un accord, lequel contient au moins les deux dispositions suivantes : 1) en cas de
création d’une « œuvre dérivée » par l’utilisateur du savoir, les droits de propriété
intellectuelle lui reviennent (autrement dit, les chercheurs ou entreprises peuvent
solliciter et obtenir des brevets sur leurs inventions pharmaceutiques ou cosmétiques...).
2) Toutefois, que l’œuvre dérivée soit ou non protégée, elle doit donner lieu, dès lors
qu’elle est commercialisée, à un partage des avantages avec les propriétaires
traditionnels.

Troisièmement, la loi type prévoit la répression des délits et les poursuites


civiles à engager en cas d’atteinte aux droits culturels traditionnels et aux droits moraux.

Sur une série de points, ce texte ne résout certes pas toutes les difficultés en jeu.
Par exemple, s’agissant des conditions d’existence des droits culturels et moraux, il ne
dit pas à quelles conditions les connaissances seraient protégées : est-ce seulement si
elles sont fixées sur un support matériel, tout comme pour le droit d’auteur ? Auquel cas
il faudrait consigner les savoirs traditionnels sur des registres locaux ou des bases de
données locales. De même, le texte paraît penser tous les usages et connaissances de
manière univoque, alors que certains ont un caractère banal, d’autres sont au contraire
stratégiques. Ce sera donc aux co-contractants d’en fixer la valeur au cas par cas, le rôle
de l’autorité culturelle étant de ce point de vue essentiel. On peut aussi noter que la loi
type n’apporte pas de « solution clé en main » à l’épineuse question de l’identification
des « propriétaires traditionnels » – s’agit-il des villages situés sur l’aire géographique
où est présente la substance naturelle prospectée, des tradipraticiens ? –, même si elle
s’attache à faire en sorte que l’autorité culturelle agisse comme une structure d’arbitrage
en cas d’incertitude ou litige à ce sujet. Enfin, et plus généralement, si le texte tente
d’aménager des procédures souples et flexibles, il est difficile d’apprécier si sa mise en
œuvre compliquerait ou non la procédure d’APA à un point tel qu’il aurait des
incidences néfastes sur la coopération scientifique et technique et découragerait in fine
certaines activités de prospection.

En dépit de ces limites, le principe posé par la loi type associant les autochtones
à la procédure de CPCC et leur reconnaissant, sous une forme ou une autre, une part des
avantages paraît incontournable. Il ne tient à la Polynésie que d’adapter les dispositions
de ce texte à ses propres besoins et contraintes, chose qui ne peut être faite ici, dans
l’abstrait.

Dans cette attente, deux recommandations doivent être formulées.

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D’une part, lorsque telle ou telle population locale est associée à l’opération de
prospection, elle doit l’être par le biais de relations contractuelles claires et fiables.
Depuis quelques années, on observe en effet que la pratique consiste parfois à multiplier
les relations triangulaires intégrant, à un titre ou un autre, les populations locales dans la
structure du contrat. Or il n’est pas simple de savoir ce qui ressort concrètement, pour
les populations locales, de ces relations triangulaires. Plus généralement, la question est
celle de la valeur juridique des accords passés avec les populations locales : il s’agit en
général d’accords comme des lettres d’intention ou des Memorandum of Understanding
dont la force contraignante est souvent sujette à caution.

D’autre part, qu’un droit moral soit ou non, à terme, reconnu aux populations
locales, il convient dès aujourd’hui de s’abstenir de mettre gratuitement à la disposition
des chercheurs et industriels les savoirs locaux, notamment par le biais de bases de
données. Des avancées les plus pointues de la génétique jusqu’aux savoirs traditionnels,
les informations sur les ressources biologiques se sont en effet multipliées,
dématérialisées et sont de plus en plus souvent organisées dans des bases de données
informatiques représentant des sources d’information précieuses pour l’agriculture,
l’horticulture, l’élevage, la pharmacologie, la cosmétique, etc.32. Or si ces bases peuvent
inciter à la recherche et à la création de partenariats, y recenser les savoirs traditionnels
et les mettre en libre accès leur ôte toute valeur économique. Aussi, il faut organiser
l’accès à ces bases de données de façon minutieuse, en application d’un contrat qui
prévoit le but de l’accès, les modalités d’information du gestionnaire de la base de
données quant à la progression des travaux de recherche, le retour de bénéfice en cas
d’innovation commercialisée.

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ADPIC) signé en avril 1994 dans le cadre des accords de Marrakech de
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CHOUVIN E., LOUAFI S., ROUSSEL B., LEFEBVRE T., 2004 – Prendre en compte les
savoirs et savoir-faire locaux sur la nature ; les expériences françaises. Paris,
IDDRI.

32 Par exemple, les autorités qui octroient les brevets ont admis que les connaissances traditionnelles leur
étaient largement inaccessibles. Dans sa décision V/16, la conférence des parties à la CDB a donc « prié les Parties de
promouvoir l’établissement d’inventaires nationaux des connaissances innovations et pratiques des communautés ».
États, ONG, organisations internationales telles que l’Unesco ou l’OMS s’étaient déjà lancés dans cette entreprise, à
la fois pour éviter la déperdition des connaissances due à l’évolution des sociétés et pour nourrir les bases
documentaires des examinateurs de brevets (OMS, 2002).

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Accord 2000/483/CE de partenariat entre les membres du groupe des États d'Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique, d'une part, et la Communauté européenne et ses
États membres, d'autre part, signé à Cotonou le 23 juin 2000 - Protocoles - Acte
final – Déclarations. Journal officiel n° L 317 du 15/12/2000 : 3-353.
http://europa.eu.int/eur-
lex/lex/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:22000A1215(01):FR:HTML 8
août 2005
Arrêté 1333 CM du 3 décembre 1997 (Journal Officiel de la Polynésie française du 11
décembre 1997 -http://www.mnhn.fr/biodiv/fr/4legis/specific/PF/1333CM.pdf)
Arrêté 171 CM du 9 février 1998 (JOPF du 18 février 1998 –
http://www.mnhn.fr/biodiv/fr/4legis/specific/PF/171CM.pdf)
Arrêté 244 CM du 12 février 1998 (JOPF du 26 février 1998 –
http://www.mnhn.fr/biodiv/fr/4legis/specific/PF/244CM.pdf) ;
Délibération n° 95-257 du 14 décembre 1995 relative à la protection de la nature.
Journal Officiel de Polynésie française, 28/12/1995 : 2642-2647.
Http://www.presidence.pf/stock/tree/pdf/8686.pdf, 8 août 2005
Délibération n° 99-168 APF du 30 septembre 1999 ordonnant les dispositions à prendre
en vue de la protection de la Polynésie française contre l’introduction des
insectes xylophages, parasites du cocotier (Oryctes spp., Strategus spp. et
Scapanes spp.). Journal Officiel de la Polynésie française, 14/10/1999 -
http://www.presidence.pf/stock/tree/pdf/7591.pdf), etc
Décision 2001/822/CE du 27 novembre 2001 relative à l'association des pays et
territoires d'outre-mer à la Communauté européenne ("décision d'association
outre-mer"). Journal officiel n° L 314 du 30/11/2001 : 1 –77.
http://europa.eu.int/eur-
lex/pri/fr/oj/dat/2001/l_314/l_31420011130fr00010077.pdf, 8 août 2005
Directive n° 98/44/CE du 6 juillet 1998 relative à la protection juridique des inventions
biotechnologiques (JOCE n° L 213 du 30 juillet 1998, p. 13 et s.).
http://europa.eu.int/eur-
lex/pri/fr/oj/dat/1998/l_213/l_21319980730fr00130021.pdf
Loi no 94-477 du 10 juin 1994 autorisant la ratification de la convention sur la diversité
biologique, adoptée le 22 mai 1992 et signée par la France le 13 juin 1992 (1).
Journal Officiel, n° 134 du 11 juin 1994 page 8450.
Http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=MAEX9400036
L
Loi organique no 2004-192 du 27 février 2004 portant statut d’autonomie de la
Polynésie française. Journal Officiel n° 52 du 2 mars 2004 : 4183.
Http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=DOMX030008
5L, 8 août 2005

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Fiches ressources végétales – Groupe 1 © IRD éditions 2005

Fiches végétales groupe 1

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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 1 © IRD éditions 2005

Callophyllum inophyllum L. (CLUSIACEAE)

Accessibilité, répartition géographique et type biologique


Arbre naturalisé parfois planté, rare à peu abondant, localisé en forêt littorale sur substrat calcaire
ou basaltique, pousse aussi bien en pleine terre que sur sable corallien.
Pantropical : Asie tropicale, Afrique, Mélanésie, Polynésie.

Usages

Plante sacrée en Polynésie (SCHULTES et al., 1990)

Bois très dur, apprécié en ébénisterie ou pour la fabrication de pirogues ou de charpentes.


Plante médicinale. On utilise l’écorce, les graines, les feuilles ainsi que l’huile amère des graines et
la résine (latex). Du fruit on peut extraire un pigment utilisé comme encre pour dessiner les tapas.
À Java, l’huile de graine est revendiquée pour ses propriétés diurétiques. Aux Samoa, toutes les
parties de la plante sont considérées comme des poisons virulents, la sève et les exsudats pouvant
rendre aveugle ou causer la mort par injection.

Les applications du latex (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)

Le latex, obtenu par scarification de l’écorce, est émétique (provoque des vomissements) et
purgatif, et peut aussi être utilisé pour le traitement des blessures et des ulcères. Il peut aussi être
mélangé avec les lambeaux d’écorce et des feuilles pour confectionner des infusions, l’huile
apparaissant à la surface pouvant être utilisée pour traiter les irritations oculaires (Drury, 1873 ;
Nadkarni et al., 1999). La résine est réputée responsable de la couleur et de l’odeur de l’huile qui
est peut-être un poison : elle contiendrait de l’acide benzoïque.

Les applications de l’écorce (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)

L’écorce est astringente (11-19 % de tanins) et son jus est purgatif (Quisumbing, 1951). Elle est
utilisée en Asie pour le traitement de l’orchite (inflammation des testicules) (Quisumbing, 1951).
Associée à du jus de citron, elle peut être utile pour traiter les bromidroses des aisselles, de l’aine
ou des pieds.
L’écorce agit comme un antiseptique et un désinfectant. Par voie interne, l’écorce est expectorante,
et sert dans le traitement des bronchites chroniques et de la phtisie.
Le jus de l’écorce est astringent, purgatif, et est donné sous forme de décoction dans le traitement
des hémorragies internes.

Les applications de la racine (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)

La décoction de racine est employée pour traiter les ulcères. Elle est aussi employée en cas de point
de côté (Quisumbing, 1951).

Les applications des feuilles (d’après Dweck et al., 2002)

Les feuilles trempées dans l’eau lui donnent une couleur bleuâtre et une odeur ; cette macération
est utilisée en application sur les yeux irrités (Nadkarni et al., 1999). En infusion, prise par voie
orale, les feuilles sont aussi utilisées contre les coups de chaleur, en complément de la décoction de
racine. Au Cambodge, les feuilles sont prescrites en inhalation contre la migraine et le vertige, et

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Fiches ressources végétales – Groupe 1 © IRD éditions 2005
l’huile est utilisée contre la gale. Aux Philippines, la macération de feuilles est utilisée comme
astringent pour les hémorroïdes (Quisumbing, 1951 ; Nadkarni et al., 1999), tandis qu’aux
Philippines on l’utilise en lotion pour les yeux.
L’utilisation des feuilles par les tribus primitives de Papouasie Nouvelle-Guinée est très ancienne
dans le traitement des affections de la peau : application des feuilles chauffées sur les ulcères,
coupures, furoncles, boutons et plaies de toutes sortes.

Les applications des fruits (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)

Les fruits sont plus ou moins toxiques et seul l’endosperme des fruits encore immatures peut être
consommé. En fait, le fruit mûr est suffisamment toxique pour être utilisé comme appât contre les
rats (Burkill, 1994). L’huile des graines est utilisée contre le psoriasis et comme agent anti-
rhumatismal.

Les applications de la sève (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)

La résine de l’écorce est utilisée pour ses propriétés cicatrisantes.

Les propriétés de l’huile de tamanu (d’après DWECK et MEADOWS, 2002)

Des graines de tamanu on peut extraire jusqu’à 60 % d’huile. Cette huile (Domba oil) est utilisée
dans le traitement des rhumatismes, des démangeaisons et de la gale. Elle est aussi utilisée pour
soigner les gonorrhées.
Dans la plupart des îles des mers du Sud, l’huile de tamanu est utilisée comme analgésique (en
frictions sur les rhumatismes et les sciatiques) et pour soigner les ulcères et les vilaines blessures.
En solution alcoolique, cette huile s’est montrée efficace, en injection, contre les neurites dues à la
lèpre, au zona…
L’huile est spécialement recommandée contre toutes sortes de brûlures, coups de soleil…

Composition chimique
Deux composés principaux découverts par Lederer : l’acide calophyllique et une lactone douée de
propriétés antibiotiques, qui sont probablement à l’origine des puissantes propriétés cicatrisantes.
Les feuilles contiennent de la friedeline et des triterpènes du groupe de la friedeline, à savoir le
canophyllal, le canophyllol et l’acide canophyllique (Govindachari et al., 1967 ; Chandler et
Hooper, 1979).
Le bois et les racines contiennent des xanthones comme la mesuaxanthone B, la callophylline B, et
les caloxanthones A et B (Govindachari, 1968 ; Al-Jeboury et Locksley, 1971 ; Iinuma et al., 1994
; Iinuma et al., 1995).
L’erythrodiol-3-acetate a été isolé du bois (Sampathkumar et al., 1970).
La calophyllolide (C25H22O5), molécule comportant un groupement lactone et un groupement
methoxyl, a été isolée des noix (Bhalla et al., 1980). Par saponification, cette molécule donne
l’acide calophyllique, ces 2 molécules étant également des dérivés de la coumarine.
Des 4-phenylcoumarines et des 4-alkylcoumarines dans les graines et feuilles (Cavé et al., 1972 ;
Games, 1972). Une 4-phenylcoumarine particulière, la ponnalide, dans les graines immatures
(Adinarayana et al., 1965 ; Murti et al., 1972).
Acide callophynique ; graines (Gautier et al., 1972).
Myricetin glucoside ; fleurs (Subramanian et Nair, 1971 ; Kasim et al., 1974).

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Fiches ressources végétales – Groupe 1 © IRD éditions 2005
Composés cyanogéniques (Nair et Subramanian, 1964), tanins, saponines (Gedeon et Kinel, 1956),
pigments, flavonoïdes (Subramanian et Nair, 1965 ; Subramanian et Nair, 1971), néoflavonoïdes et
biflavonoïdes (Goh et al., 1992).
D’une autre espèce du même genre, Calophyllum lanigerum Miq., ont été
isolées des coumarines appelées canalonides, qui sont de puissants
inhibiteurs de la Transcriptase Inverse. Leur action sur le virus du sida est
étudiée par le National Cancer Institute aux États-Unis.

Propriétés pharmacologiques et toxicologiques

Vulnéraire, cicatrisant

La calophyllolide isolée de la noix et anti-inflammatoire et anti-arthritique, propriété démontrée


dans un test chez le rat ou l’arthrite, était induite par le formaldéhyde (DL50 orale chez le rat =
2,5 g/kg) (Bhalla et al., 1980). Toujours chez le rat, l’ingestion du produit est dénuée d’activité
ulcérogène jusqu’à 2 fois la dose efficace 50 (ED50 = 140 mg/kg).
La dehydrocycloguanindine, la calophylline-B, la jacareubine et la 6-deoxyjacareubine produisent,
à des degrés divers, une dépression du système nerveux central, caractérisée par une sédation, une
diminution de l’activité motrice, une perte de tonicité musculaire… chez le rat. Toutes ces
xanthones montrent une activité anti-inflammatoire à la fois en administration orale et en
administration parentérale. La jacareubine et la 6-deoxyjacareubine montrent également une
activité anti-ulcère chez le rat (Gopalkrishnan et al., 1980).
La calophyllolide isolée des graines réduit chez le rat l’inflammation par l’histamine et le
gonflement des tissus induits par les carragenanes. En combinaison avec l’inophyllide, elle réduit
l’œdème. Ces composés sont souvent cités comme agents anti-inflammatoires (Bhalla et al., 1980 ;
Saxena et al., 1982).
Des coumarines particulières, les inophyllums B et P, peuvent être utilisées dans la lutte contre
HIV-1, en inhibant la transcription reverse du virus (Patil et al., 1993 ; Kawazu et al., 1998 ; Spino
et al., 1999).
Certaines pyranocoumarines peuvent être utilisées dans la lutte contre le cancer (McKee et al.,
1998 ; Itoigawa et al., 2001).

Intérêt industriel
Existence de brevets dans les domaines cosmétique (Boucher et al., 1999) et médical, en particulier
comme agents antiviraux (Jenta et al., 2000 ; Kashman et al., 2002).

Mode d’obtention
Cueillette et mise en culture.
Admission dans la sélection restreinte

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Fiches ressources végétales – Groupe 1 © IRD éditions 2005

Bibliographie

ADINARAYANA D., SESHADRI T.R., 1965 - Chemical components of the Indian seeds of
Calophyllum inophyllum. The structure of a new 4-phenylcoumarin, ponnalide. Bull. Nat.
Inst. Sci. India, 31 : 91.
AL-JEBOURY F. S., LOCKSLEY H.D., 1971 - Xanthones in the heartwood of Calophyllum
inophyllum : a geographical survey. Phytochemistry, 10 : 603.
BHALLA T. N., SAXENA R. C. , NIGAM S. K., 1980 - Calaphyllolide – a new non-steroidal anti-
inflammatory agent. Indian Journal of Medical Research, 72 : 762-765.
BOUCHER C., MOUSNY B., SMITS J.-J., 1999 - Calophyllum oil extracted at ambient temperature
has UV protecting, antiradical, antioxidant, antiaging and therapeutic properties, Patent.
BURKILL H. M., 1994 - The useful plants of West tropical Africa. Vol. 2, Royal Botanic Gardens
Kew, Kew (UK), 636 p.
CAVÉ A., DEBRAY M., HENRY G., KUNESCH G., POLONSKY J., 1972 - The structure of a novel 4-
alkylcoumarin isolated from Calophyllum inophyllum. Comptes Rendus de l'Académie des
Sciences (Paris) - Série C, 275 : 1105
CHANDLER R. F., HOOPER S. N., 1979 - Friedelin and associated triterpenoids. Phytochemistry,
18 : 711-724.
DRURY C. H., 1873 - The useful plants of India with notices of their chief medicinal value in
commerce, medecine and the arts. Higginbotham, Madras (India).
DWECK A. C., MEADOWS T., 2002 - Tamanu (Callophyllum inophyllum) - the African, Asian,
Polynesian and Pacific Panacea. International Journal of Cosmetic Science, 24(6) : 341-
348.
GAMES D. E., 1972 - Identification of 4-phenyl and 4-alkylcoumarins in Mammea americana L.,
Mammea africana G. Don and Calophyllum inophyllum by gas chromatography/mass
spectrometry. Tetrahedron Letters, 13(31) : 3187-3190.
GAUTIER J., KUNESCH G., POLONSKY J., 1972 - Structure of calophynic acid, a novel constituent of
[seeds of] Calophyllum inophyllum. Tetrahedron Letters, 13(27) : 2715-2718.
GEDEON J., KINEL F. A., 1956 - Saponins and sapogenins.2. Arch. Pharm. (Weinheim), 289 : 162.
GOH S. H., JANTAN I., WATERMAN P. G., 1992 - Neoflavonoid and biflavonoid constituents of
Calophyllum inophylloide. Journal of Natural Products, 55(10) : 1415-1420.
GOPALKRISHNAN C., SHANKARANARAYANAN D., NAZIMUDEEN S. K., VISWANATHAN S.,
KAMESWARAN L., 1980 - Anti-inflammatory and CNS depressantactivities of xanthones
from Calophyllum inophyllum and Mesua ferrea. Indian Journal of Pharmacy, 12(3) : 181-
191.
GOVINDACHARI T. R., 1968 - Chemical components of the heartwood of Calophyllum inophyllum.
Part 1. Isolation of mesuaxanthone B and a new xanthone, calophyllin B. Indian Journal of
Chemistry, 6 : 57.
GOVINDACHARI T. R., VISWANATHAN N., PAI B. R., RAO R., SRINIVASAN M., 1967 - Triterpenes
of Calophyllum inophyllum Linn. Tetrahedron, 23(4) : 1901-10.
IINUMA M., TOSA H., TANAKA T., YONEMORI S., 1994 - Two new xanthones in the underground
part of Calophyllum inophyllum. Heterocycles, 37 : 833-838.
IINUMA M., TOSA H., TANAKA T., YONEMORI S., 1995 - Two xanthones from roots of
Calophyllum inophyllum. Phytochemistry, 38(3) : 725-728.
ITOIGAWA M., ITO C., TAN H. T. W., M. KUCHIDE, TOKUDA H., NISHINO H., FURUKAWA H., 2001
- Cancer chemopreventive agents, 4-phenylcoumarins from Calophyllum inophyllum.
Cancer Letters, 169(1) : 15-19.
JENTA T. R., LIN Y. M., XU Z. Q., ANDERSON H., FLAVIN M. T., WILLIAMS M., 2000 - Scalable
method for the isolation of anti-HIV agents from the tropical plant calophyllum, Patent.

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Fiches ressources végétales – Groupe 1 © IRD éditions 2005
KASHMAN Y., CARDELLINA J. H., SOEJARTO D., BOYD M. R., CRAGG G. M., MCMAHON J. B.,
FULLER R. W., GUSTAFSON K. R., 2002 - Calanolide and related antiviral compounds,
compositions, and uses thereof, Patent N° US2002086898 A1.
KASIM S. M., NEELAKANTAN S., RAMAN P. V., NAIR A. G. R., 1974 - Structure of the myricetin
glucoside from the flowers of Calophyllum inophyllum. Current Science, 43(15) : 476-477.
KAWAZU K., NITODA T., KANZAKI H., 1998 - An analytical method of inophyllums A, B, C, D, E,
and P, anti-HIV constituents of Calophyllum inophyllum by HPLC. Scientific Reports of
the Faculty of Agriculture, Okayama University, (87) : 13-16.
MCKEE T. C., COVINGTON C. D., FULLER R. W., BOKESCH H. R., YOUNG S., CARDELLINA J. H.,
KADUSHIN M. R., SOEJARTO D., STEVENS P. F., CRAGG G. M., BOYD M. R., 1998 -
Pyranocoumarins from tropical species of the genus Calophyllum: a chemotaxonomic
study of extracts in the National Cancer Institute collection. Journal of Natural Products,
61(10) : 1252-1256.
MURTI V. V. S., KUMAR P. S. S., SESHADRI T. R., SAMPATH KUMAR P. S., 1972 - Structure of
ponnalide. Indian Journal of Chemistry, 10(3) : 255-257.
NADKARNI K. M., NADKARNI A. K., 1999 - Indian Materia Medica with Ayurvedic, Unani-Tibbi,
Siddha, allopathic, homeopathic, naturopathic and home remedies. Vol. 2/, Popular
Prakashan Private Ltd., Bombay (India).
NAIR A. G. R., SUBRAMANIAN S. S., 1964, -Eucocyanidin from the seed coat of Calophyllum
inophyllum Linn. Current Science, 33 : 336-337.
PATIL A. D., FREYER A. J., EGGLESTON D. S., HALTIWANGER R. C., BEAN M. F., TAYLOR P. B.,
CARANFA M. J., BREEN A. L., BARTUS H. R., JOHNSON R. K., et al., 1993 - The
inophyllums, novel inhibitors of HIV-1 reverse transcriptase isolated from the Malaysian
tree, Calophyllum inophyllum Linn. Journal of medicinal chemistry, 36(26) : 4131-4138.
QUISUMBING E., 1951 - Medicinal Plants of the Philippines. Manila, Philippine Islands, Manila
Bureau of Printing, Techical Bulletin 16, 1234 p.
SAMPATHKUMAR P. S., MURTI V. V. S., SESHADRI T. R., 1970 - Occurrence of erythrodiol-3-
acetate in the sapwood of Calophyllum inophyllum. Indian Journal of Chemistry, 8 : 105.
SAXENA R.C., NATH R., PALIT, NIGAM S.K., BHARGAVA K.P., 1982 - Effect of calophyllolide, a
nonsteroidal anti-inflammatory agent, on capillary permeability. Planta Medica, 44(4) :
246-248.
SCHULTES R. E., RAFFAUF R. F., 1990 - The Healing Forest - Medicinal and toxic plants of the
Northwest Amazonia. Dioscorides Press, Portland, Oregon (USA), 484 p.
SPINO C., DODIER M., SOTHEESWARAN S., 1999 - Anti-HIV coumarins from calophyllum seed oil.
Bioorganic and Medicinal Chemistry Letters, 8(24) : 3475-3478.
SUBRAMANIAN S. S., NAIR A. G. R., 1965 - Flavonoids of the flowers of Calophyllum inophyllum.
Bull. Natl. Inst. Sci. India, 31 : 39.
SUBRAMANIAN S. S., NAIR A. G. R., 1971 - Myricetin-7-glucoside from the andracium of the
flower of Calophyllum inophyllum. Phytochemistry, 10 : 1679-1680.

Rédacteur : F. DEMARNE

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Gardenia taitensis DC. (RUBIACEAE)

Statut IUCN
Cultivée en Polynésie française, pas de statut IUCN.

Accessibilité, répartition géographique et type biologique


Arbuste à petit arbre ; largement répandue dans toutes les îles du Pacifique Sud ; pas de problèmes
d’accessibilité en raison de son statut.

Usages
Parfumerie ; cosmétiques.
La sève serait utilisée en médecine traditionnelle (Wilkinson et Elevitch, 2000).

Composition chimique
Les principaux composés oxygénés qui constituent la concrète de Gardenia taitensis sont le linalol
(4,4 %), le salicylate de méthyle (2,5 %), le (Z)-3-hexenyl benzoate (2,2 %), l’alcool
dihydroconiferyl (1,1 %), le (Z)-3-hexenyl salicylate (0,7 %), le benzoate de benzyle (6,2 %), le
dihydroconiferyl acetate (12,2 %), le 2-phenylethyl benzoate (6,2 %), le salicylate de benzyle
(2,5 %), le benzoate de géranyle (2,1 %) et le salicylate de 2-phényléthyle (2,2 %). L’identification
de nombreux dihydroconiferyl esters semble être unique à cette espèce (Claude-Lafontaine et al.,
1992).
Triterpénoïdes (Davies et al., 1992).

Propriétés pharmacologiques et toxicologiques


Plante dépourvue de toxicité (Pétard, 1986).

Intérêt industriel
Parfumerie.

Mode d’obtention
Cueillette ; petites plantations de jardin ; haies.
Admission dans la sélection restreinte

Bibliographie
CLAUDE-LAFONTAINE A., RAHARIVELOMANANA P., BIANCHINI J. P., SCHIPPA C., AZZARO M.,
CAMBON A., 1992 - Volatile Constituents of the Flower Concrete of Gardenia taitensis
DC. Journal of Essential Oil Research, 4(4) : 335-343.
DAVIES N. W., MILLER J. M., NAIDU R., SOTHEESWARAN S., 1992 - Triterpenoids in bud exudates
of Fijian Gardenia species. Phytochemistry, 31(1) : 159-162.
PÉTARD P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie et Raau Tahiti. Ed. rev. et augm. Papeete, Haere Po
No Tahiti, 345 p.
WILKINSON K. M., ELEVITCH C. R., 2000 - Nontimber Forest Products for Pacific Islands. An
introductory guide for producers. 30 p.

Rédacteur :F. DEMARNE

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Ilex anomala Hook. & Arnott (AQUIFOLIACEAE)

Synonymes
Ilex marquensensis F. Br.
Ilex taitensis (A. Gray) J. W. Moore

Statut IUCN
Non menacé.

Accessibilité, répartition géographique et type biologique


Arbre indigène caractéristique des vallons et crêtes d'altitude en forêt de nuages.
Distribution géographique Marquises, Société et Hawaï.

Usages
Traditionnellement utilisé par les Tahitiens comme masticatoire pour lutter conte la fatigue (à
rapprocher du maté, Ilex paraguariensis A.St.-Hil.)

Composition chimique
Peu connue ; travaux anciens.
Elle est à comparer avec celle de Ilex paraguensis qui fournit le célèbre « maté » d’Amérique du
Sud (de nombreux ouvrages traitent de cette plante).
Caféine : 4 % (drogue sèche).
Huile essentielle.
Tanin.
Gomme résine.

Propriétés pharmacologiques et toxicologiques

Propriétés pharmacologiques

La caféine a une action sur le système nerveux et sur le système cardiovasculaire.


– Sur le système nerveux central : la caféine est un stimulant cortical qui maintient l’état d’éveil,
facilitant l’idéation, qui diminue l’état de fatigue. Des doses très fortes peuvent induire de la
nervosité, des tremblements, de l’insomnie. Elle stimule le centre respiratoire bulbaire, accroissant
la sensibilité de celui-ci à l’action du dioxyde de carbone.
– Sur le système cardio-vasculaire : la caféine développe une action inotrope positive, une
tachycardie et une augmentation du débit cardiaque, une légère action vasodilatatrice périphérique,
une discrète activité diurétique.

Toxicologie

Aucune étude à ma connaissance.

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Intérêt industriel

Dans le domaine du médicament

Introduction dans la liste des plantes médicinales de la « pharmacopée » en raison de propriétés


stimulantes au même titre que les drogues à caféine (café, thé, cola, guarana, maté…).
Introduction dans la liste des drogues du Cahier de l’agence no 3 avec comme indications 47, 83,
85, 86, 151, par voie orale ; 30, 86, par voie locale.
« Traditionnellement utilisé » :
– 47 : dans les diarrhées légères
– 83 : dans les états de fatigue passagers
– 85 : pour faciliter la perte de poids en complément de mesures diététiques
– 151 : pour favoriser l’élimination rénale de l’eau
– 30 : en usage local, comme traitement d’appoint adoucissant et pour calmer les démangeaisons
des affections de la peau, en cas de crevasses, écorchures, gerçures et contre les piqûres
d’insectes
– 86 : en usage local, pour faciliter la perte de poids en complément de mesures diététiques.

Dans le domaine agroalimentaire


En raison de sa teneur en caféine, pourrait être utilisé dans des boissons stimulantes (du type
« Coca-Cola », « guarana », « thé ») ou boissons dites « énergisantes ».

Contraintes réglementaires
Pour respecter la législation française, la teneur en caféine des boissons « stimulantes » ou
« énergisantes » ne doit pas dépasser 150 mg/L (la législation n’est pas harmonisée dans l’Union
européenne ; certains pays accepte jusqu’à 300 mg/L).
Remarque. La caféine est inscrite sur la liste des substances et procédés dopants interdits (arrêté
du 7.10.94). L’analyse d’un échantillon urinaire est considérée comme positive pour une
concentration supérieure à 12 µm/L.

Itinéraire de production
Mode d’obtention : cueillette.
Contrôle qualité.
En appliquant les techniques et protocoles connus pour les autres drogues à caféine (monographies
de Pharmacopée européenne et Pharmacopée française), la mise au point du contrôle de cette
drogue paraît relativement aisée.
Admission dans la sélection restreinte

Orientations
Favorables après résultat de l’analyse toxicologique mais encore beaucoup de travail pour finaliser
la production.

Bibliographie
AGENCE DU MÉDICAMENT, 1997 – Médicaments à base de plantes : septembre 1997. Paris, Agence
du médicament, Les cahiers de l’agence n°3, 81 p.

Rédacteur : I. FOURASTÉ

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Morinda citrifolia L. (RUBIACEAE)

Accessibilité, répartition géographique et type biologique


Arbuste à petit arbre naturalisé.
Abondant et répandu. Végétation ouverte littorale et mésique de basse altitude, sur tous substrats.
Distribution géographique : Australes, Gambier, Marquises, Société, Tuamotu

Usages

Fruit

Gingivites
Tuberculose
Anthelmintique (hommes et animaux).
Purgatif
Consommation alimentaire +/– régulière ; en cas de famine uniquement sur certaines îles.

Fleurs

Problèmes oculaires.

Feuilles

Traitement des teignes, des furoncles


Rhumatismes et douleurs rhumatismales
Problèmes inflammatoires en application externe
Refroidissements et neuralgies faciales (application externe)
Refroidissements du torse et toux (application externe)
Inflammation buccale (par mastication)
Traitement des saignements internes, gonflements et problèmes hépatiques par application externe
Traitement des ulcères
Traitement de la goutte
Consommation alimentaire +/– régulière.

Écorce

Astringent dans le traitement de la malaria.

Racine

Traitement de l’hypertension.

Composition chimique

Feuille

Diterpènes : E-phytol.
Triterpènes : cycloarténol.
Stéroïdes : stigmasta-4-en-3-one, stigmasta-4-22-dien-3-one, β-sitostérol, stigmastérol, campesta-
5,7,22-trien-3β-ol.
Iridoïdes : citrifolinin A, citrifolinin A-1, citrifolinoside.

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Fruit

Iridoïdes : asperulosidic acid, 6-O-(β-D-glucopyranosyl)-1-0-octanoyl-β-D-glucopyranose,


aucubine.
Acides gras libres et combinés (trisaccharides).
Avonoïdes : rutine.
Coumarines : scopolétine.
Les composés auxquels avait été attribuée l’activité : xéronine et préxéronine, n’ont jamais été
identifiés. En l’état actuel des travaux, leur existence est hautement improbable.

Racine

Anthraquinones : damnacanthal, morindone, rubiadin, rubiadin methyl ether, anthraquinone


glucoside, methoxy-formyl-hydroxyanthraquinone.

Propriétés pharmacologiques et toxicologiques

Feuille

Activité antituberculeuse in vitro (composés lipophiles).


Inhibition de UVB-induced activator protein-1 (iridoïdes).
Inhibition Cox-1 (faible).
Activité nématicide.

Fruit

Inhibition de la transactivation AP-1 et de la transformation cellulaire dans la tumorogenèse


(iridoïdes).
Activité anti-inflammatoire par inhibition de la Cox-1 (faible) et de la Cox-2 (forte).
Activité anticancéreuse sur carcinome Lewis-Lung implantée chez la souris (via stimulation du
système immunitaire, voie IP), diminuée par l’administration d’immunosuppresseurs.
Pas de cytotoxicité sur cellules KB ou LLC in vitro.
Simulation de la production de médiateurs : TNF-α, interféron-γ, interleukines, oxyde nitrique.
Prévention de la formation d’adduct du DMBA sur l’ADN in vitro probablement par
l’intermédiaire de l’activité anti-oxydante, cancer du sein sur souris. L’action se manifeste aux
stades primaires de la cancérogenèse.
Activité antibactérienne (faible) sur diverses souches.
Activité hépato-protectrice après intoxication au CCl4 sur le rat.

Racine

Inhibition Cox-1 (forte).


Inhibition des tyrosine-kinases, augmentation de la fragmentation de l’ADN irradié par UV et de
l’apoptose en résultant (damnacanthal).
Activité antivirale (sur HIV).
Activité hypotensive.

Tige

Activité antimalariale in vitro.

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Pharmacocinétique

Une étude sur le rat ou la scopolétine était utilisée comme traceur d’absorption du jus. Ne
s’agissant probablement pas d’un principe actif significatif, l’intérêt en est quasi nul.

Études cliniques

Une étude de phase I est en préparation à l’Université d’Hawaii, organisée par le National Center
for Complementary and Alternative Medicine (NCCAM) dans le traitement des néoplasmes et
néoplasmes métastasés.
Elle utilise des gélules de 500 mg d’extrait sec de jus. Les buts sont essentiellement de déterminer
la dose maximale tolérée, définir la toxicité et collecter des informations préliminaires en termes
d’efficacité.
Une étude clinique contre placebo (38 et 30 cas) sur des fumeurs a été effectuée pour étudier l’effet
anti-oxydant du jus de morinda sur la capacité anti-oxydante du plasma (radicaux superoxydes et
lipides péroxydés).
L’absorption de jus de morinda augmente fortement la capacité anti-oxydante du plasma.
Une étude contre placebo aurait été conduite à la Mount Sinai School of Medicine sur
l’hypertension. Les résultats seraient positifs, mais nous n’avons pas de compte rendu de cette
étude. De plus, le faible nombre de patients impliqués (9) rend les conclusions aléatoires.

Intérêt industriel

Fruit

Commercialisé à grande échelle comme supplément alimentaire, principalement aux États-Unis,


sous forme de jus de fruit pasteurisé mais aussi de jus séché ou d’extrait sec.

Valorisation potentielle
La production de fruit devrait se pérenniser, surtout avec l’ouverture du marché européen. La
valorisation comme boisson ou aliment à propriété anti-oxydante est à développer.
L’aspect thérapeutique, dépendant des études en cours, semble plus aléatoire, pour des raisons à la
fois réglementaire et scientifique. En effet, la quasi-totalité des effets observés est à relier au
pouvoir anti-oxydant ou à l’aspect immuno-stimulant. Il s’agit là de propriétés biologiques non
spécifiques, et non de propriétés thérapeutiques spécifiques.

Contraintes réglementaires
Une autorisation européenne du Scientific Comitee on Food (S.C.F.) pour la commercialisation
d’un produit (Tahitian noni juice, Morinda Inc.) a été accordée en décembre 2002.
Cette autorisation, obtenue sur présentation d’un dossier principalement toxicologique, permet de
conclure à la non-toxicité du produit étudié.
Cette première autorisation devrait permettre l’obtention d’autres autorisations par la procédure
simplifiée de l’équivalence substantielle.
Une demande de commercialisation a été déposée en 2003 en Grande-Bretagne par la société US
Neways International pour un jus de noni.

Brevets relatifs au morinda

Nous avons identifié 63 brevets relatifs, au moins partiellement, au morinda. Ils touchent tous les
domaines : fabrication, formulation, activité biologique, cosmétologie, alimentation humaine ou
animale…

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La plupart des brevets sont originaires des États-Unis, du Japon ou de Chine. La grande majorité a
été déposée en 2000 et 2001.
Une analyse complète de leur validité (technique et juridique) serait nécessaire avant tout travail de
développement sur ce produit.
Une étude des dépôts de marques relatifs au morinda serait également utile dans la perspective
d’une valorisation à long terme.
Morinda citrifolia n’entre pas dans la réglementation des médicaments à
base de plantes. En revanche, en raison de l’acceptation par les Pays-Bas
d’un complément alimentaire à base de morinda, l’introduction dans cette
catégorie de produit paraît possible.

Itinéraire de production
Mode d’obtention : cueillette, essais de culture.
Admission dans la sélection restreinte

Bibliographie

AALBERSBERG W. G. L., HUSSEIN S., SOTHEESWARAN S., PARKINSON S., 1993 - Carotenoids in
the leaves of Morinda citrifolia. Journal of Herbs, Spices and Medicinal Plants, 2(1) : 51-
54.
ANCOLIO C., AZAS N., MAHIOU V., OLLIVIER E., DI GIORGIO C., KEITA A., TIMON DAVID P.,
BALANSARD G., 2002 - Antimalarial activity of extracts and alkaloids isolated from six
plants used in traditional medicine in Mali and Sao Tome. Phytotherapy Research, 16(7) :
646-649.
BRENDLER T., GRUENWALD J., JAENICKE C., 2001 - Herb-CD4 Herbal remedies. Medpharm
Scientific Publishers. Stuttgart, Germany.
COMMISSION DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES, 2003 - Décision de la Commission du 5 juin 2003
relative à l'autorisation de mise sur le marché de "jus de noni" (jus du fruit de Morinda
citrifolia L.) en tant que nouvel ingrédient alimentaire, en application du règlement (CE) n°
258/97 du Parlement européen et du Conseil (2003/426/CE). Journal officiel n° L 144 du
12 juin 2003
DAULATABAD C. D., MULLA G. M., MIRAJKAR A. M., 1989 - Ricinoleic acid in Morinda citrifolia
seed oil. Journal of the Oil Technologists' Association of India, 21(2) : 26-27.
DITTMAR A., 1993 - Morinda citrifolia L.- Use in indigenous Samoan medicine. Journal of Herbs,
Spices and Medicinal Plants, 1(3) : 77-92.
DIXON A. R., MCMILLEN H., ETKIN N. L., 1999 - Ferment This: The Transformation of Noni, a
Traditional Polynesian Medicine (Morinda Citrifolia, Rubiaceae). Economic Botany,
53(1) : 51-68.
EUROPEAN COMMISSION, HEALTH AND CONSUMER PROTECTION DIRECTORATE-GENERAL,
DIRECTORATE C – Opinion of the Scientific Commitee on Food on Tahitian NoniR Juice
(expressed on 4 december 2002). Scientific Committee on Food, SCF/CS/NF/DOS/18
ADD 2 Final, 11 December 2002.
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of Morinda citrifolia and their effects on Drosophila. Phytochemistry, 41(2) : 433-438.
HIRAZUMI A., FURUSAWA E., 1999 - An immunomodulatory polysaccharide-rich substance from
the fruit juice of Morinda citrifolia (noni) with antitumour activity. Phytotherapy Research,
13(5) : 380-387.

222
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Fiches ressources végétales – Groupe 1 © IRD éditions 2005
HIRAZUMI A., FURUSAWA E., CHOU S. C., HOKAMA Y., 1994 - Anticancer activity of Morinda
citrifolia (noni) on intraperitoneally implanted Lewis lung carcinoma in syngeneic mice.
Proceedings of the Western Pharmacology Society, 37 : 145-6.
HIWASA T., ARASE Y., CHEN Z., KITA K., UMEZAWA K., ITO H., SUZUKI N., 1999 - Stimulation of
ultraviolet-induced apoptosis of human fibroblast UVr-1 cells by tyrosine kinase inhibitors.
FEBS Letters, 444(2-3) : 173-176.
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LEACH A. J., LEACH D. N., LEACH G. J., 1988 - Antibacterial activity of some medicinal plants of
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LEVAND O., LARSON H. O., 1979 - Some chemical constituents of Morinda citrifolia. Planta
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LI Y. F., GONG Z. H., YANG M., ZHAO Y. M., LUO Z. P., 2003 - Inhibition of the oligosaccharides
extracted from Morinda officinalis, a Chinese traditional herbal medicine, on the
corticosterone induced apoptosis in PC12 cells. Life Science, 72(8) : 933-942.
LIU G., BODE A., MA W.Y., SANG S., HO C.T., DONG Z., 2001 - Two novel glycosides from the
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mouse epidermal JB6 cell line. Cancer Research, 61(15) : 5749-5756.
MACKEEN M.M., ALI A.M., ABDULLAH M.A., NASIR R.M., MAT N.B., RAZAK A.R., KAWAZU K.,
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nematode, Bursaphelenchus xylophilus. Pesticide Science, 51(2) : 165-170.
MALA S., SINGH J., SRIVASTAVA M., 1993 - A new anthraquinone glycoside from Morinda
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inflammatory properties of an aqueous extract from Morinda citrifolia (noni). Proceedings
of the Western Pharmacology Society, 45 : 76-78.
MORÓN RODRIGUEZ F.J., MORÓN PINEDO D., 2004 - Mito y realidad de Morinda citrifolia L.
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RUSIA K., SRIVASTAVA S.K., 1989 - A new anthraquinone from the roots of Morinda citrifolia
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constituents from the hexane fraction of Morinda citrifolia Linn. (Rubiaceae). Phytotherapy
Research, 16(7) : 683-685.
SANG S., HE K., LIU G., ZHU N., CHENG X., WANG M., ZHENG Q., DONG Z., GHAI G., ROSEN
R.T., HO C.T., 2001 - A new unusual iridoid with inhibition of activator protein-1 (AP-1)
from the leaves of Morinda citrifolia L. Organic Letters, 3(9) : 1307-1309.
SANG S., LIU G., HE K., ZHU N., DONG Z., ZHENG Q., ROSEN R.T., HO C.T., 2003 - New unusual
iridoids from the leaves of noni (Morinda citrifolia L.) show inhibitory effect on ultraviolet
B-induced transcriptional activator protein-1 (AP-1) activity. Bioorganic & medicinal
chemistry, 11(12) : 2499-2502.

223
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 1 © IRD éditions 2005
SANG S.M., CHENG X.F., ZHU N., STARK R.E., BADMAEV V., GHAI G., ROSEN R.T., HO C.T.,
2001 - Flavonol glycosides and novel iridoid glycoside from the leaves of Morinda
citrifolia. Journal of Agricultural and Food Chemistry, 49(9) : 4478-4481.
SANG S.M., CHENG X.F., ZHU N.Q., WANG M.F., JHOO J.W., STARK R.E., BADMAEV V., GHAI G.,
ROSEN R.T., HO C.T., 2001 - Iridoid glycosides from the leaves of Morinda citrifolia.
Journal of Natural Products, 64(6) : 799-800.
SANG S.M., HE K., LIU G.M., ZHU N.Q., WANG M.F., JHOO J.W., ZHENG Q.Y., DONG Z.G., GHAI
G.T., ROSEN R.T., HO C.T., 2001 - Citrifolinin A, a new unusual iridoid with inhibition of
Activator Protein-1 (AP-1) from the leaves of noni (Morinda citrifolia L.). Tetrahedron
Letters, 42(10) : 1823-1825.
VICKERS A., 2002 - Botanical medicines for the treatment of cancer: Rationale, overview of current
data, and methodological considerations for phase I and II trials. Cancer Investigation,
20(7-8) : 1069-1079.
WANG M., KIKUZAKI H., CSISZAR K., BOYD C.D., MAUNAKEA A., FONG S.F.T., GHAI G., ROSEN
R.T., NAKATANI N., HO C., 1999 - Novel trisaccharide fatty acid ester identified from the
fruits of Morinda citrifolia (Noni). Journal of Agricultural and Food Chemistry, 47(12) :
4880-4882.
WANG M., KIKUZAKI H., JIN Y., NAKATANI N., ZHU N., CSISZAR K., BOYD C., ROSEN R.T., GHAI
G., HO C.T., 2000 - Novel glycosides from noni (Morinda citrifolia). Journal of Natural
Products, 63(8) : 1182-1183.
WANG M.Y., SU C., 2001 - Cancer preventive effect of Morinda citrifolia (Noni). Annals of the
New York Academy of Sciences, 952 : 161-168.
WANG M.Y., WEST B.J., JENSEN C.J., NOWICKI D., SU C., PALU A.K., ANDERSON G., 2002 -
Morinda citrifolia (Noni): a literature review and recent advances in Noni research. Acta
Pharmacologica Sinica, 23(12) : 1127-1141.
YAMAGUCHI S., OHNISHI J., SOGAWA M., MARU I., OHTA Y., TSUKADA Y., 2002 - Inhibition of
angiotensin I converting enzyme by noni (Morinda citrifolia) juice. Nippon Shokuhin
Kagaku Kogaku Kaishi = Journal of the Japanese Society for Food Science and
Technology, 49(9) : 624-627.
YOUNOS C., ROLLAND A., FLEURENTIN J., LANHERS, M. C., MISSLIN, R., MORTIER, F., 1990 -
Analgesic and behavioural effects of Morinda citrifolia. Planta Medica, 56(5) : 430-434.

Rédacteur : Y. BARBIN

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Piper methysticum G. Forst. (PIPERACEAE)

Synonyme
Piper wichmanni C. DC.
Autres synonymies, anciennes (Lebot et Cabalion, 1986).

Statut IUCN
Plante cultivée ou naturalisée, sans statut IUCN.

Accessibilité, répartition géographique et type biologique


Variétés de Polynésie française :
– 14 variétés connues autrefois à Tahiti mais déjà quasi disparues à cette époque (Cuzent, 1983
[1860]).
– 19 cultivars encore utilisés aux Marquises en 1935 (Brown, 1935).

Usages
Usage rituel et médicinal, consommation traditionnelle sous forme de boisson (Lebot et Cabalion,
1986 ; Lebot et al., 1992).
Consommation néo-traditionnelle au Vanuatu, dans les villes, et en Nouvelle-Calédonie (André,
1999 ; Chanteraud, 1994, 1999, 2001).

Composition chimique
Polynésie française :
– 4 cultivars traités par Lebot et Levesque (1989).
– Études par Isabelle Lechat-Vahirua à Papeete (institut Malardé).

Propriétés pharmacologiques et toxicologiques

Principale utilisation
Comme anxiolytique à base d’extrait de kava (synergie entre les principes actifs, kavalactones ou
kavapyrones, ce qui justifie l’utilisation d’extraits naturels), ou de D,L-kavaïne (pas de synergie en
ce cas).

Principal reproche
Le kava présenterait un risque de toxicité hépatique.
Les causes possibles en seraient les suivantes :
– présence de piperméthysticine (hépatotoxique in vitro) dans des médicaments issus de lots de
« peelings » (épluchures de bas de tiges) importés des îles Fidji ;
– absence ou réduction forte dans les extraits de kava à l’alcool ou à l’acétone du glutathion présent
dans la boisson traditionnelle (où il aurait un rôle protecteur par ses effets antioxydants et la
conjugaison des p-OH-kavaquinones formées au cours du métabolisme) ;
– débordement des défenses hépatiques chez des patients fragiles ou fragilisés (causes précédentes
et/ou causes idiosyncrasiques au niveau de l’équipement du foie en cytochromes) ;
– recherches récentes à ce sujet en Nouvelle-Calédonie et à Futuna sur crédits du secrétariat d’État
à l’outre-mer, SEOM (Cabalion et al., 2003 ; Warter, 2003).

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Intérêt industriel
Base de production d’extraits de kava à visée anxiolytiques.

Brevets

L’Oréal : usages cosmétiques du kava.


Pernod-Ricard : intérêt du kava dans le sevrage des éthylomanes.

Contraintes réglementaires
En Polynésie : arrêté de 1927 qui interdit la culture, la préparation, la détention, la circulation, la
consommation, le don, l'échange ou la vente de Kava aux marquises. Il a été abrogé par un arrêté
en Conseil des Ministres en 2001 (662 CM du 16 mai) à l'initiative du Service du développement
rural.
Pharmacopées de pays industrialisés : usage pharmaceutique interdit en l’an 2002 dans de
nombreux pays industrialisés, Allemagne, France, Japon, etc, mais reste autorisé aux États-Unis.
Totalement interdit dans certains pays, comme le Canada.
Changement en cours : levée récente de l’interdiction de l’usage alimentaire du kava (parlement du
pays de Galles, 2003).
Pas d’interdiction de la consommation traditionnelle ou néo-traditionnelle (sauf aux Marquises,
voir arrêté susmentionné).
Commentaires de Mme FOURASTÉ
Deux décisions de police sanitaire ont été prises au niveau français
a) JO de la République française, du 12 janvier 2002 : Décision du 8
Janvier 2002 portant suspension de la mise sur le marché, à titre gratuit ou
onéreux, de la délivrance et de l’utilisation à des fins thérapeutiques du
kava (Kava-kava, piper methysticum) et de produits en contenant, sous
toutes formes, à l’exception des médicaments homéopathiques à des
dilutions égales ou supérieures à la cinquième centésimale
hahnemannienne.
b) JO de la République française : Décision du 13 mars 2003 portant
interdiction de la mise sur le marché, à titre gratuit ou onéreux, de la
délivrance et de l’utilisation à des fins thérapeutiques du kava ( kava-kava,
Piper methysticum) et de produits en contenant, sous toutes formes, à
l’exception des médicaments homéopathiques à des dilutions égales ou
supérieures à la cinquième centésimale hahnemannienne.
Ces deux décisions ont été prises à la suite de l’estimation par le groupe
européen de pharmacovigilance d’un rapport bénéfice/risque négatif. Des
décisions analogues ont été prises en Europe (Espagne, Portugal, Irlande,
Allemagne, Royaume-Uni ) et hors d’Europe (Canada et Australie). La
FDA n’a pas pour l’instant pris de mesures restrictives à l’égard de cette
plante, mais a également informé les consommateurs du risque encouru.
De ce fait, l’utilisation du kava en tant que médicament ou en tant que
complément alimentaire paraît compromise pour de nombreuses années.

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Il ne semble pas raisonnable, dans ces conditions, d’encourager la
production de kava dans un but autre que BOISSON CONVIVIALE
LOCALE.

Itinéraire de production
Bouturage uniquement.

Orientations
Le kava présente actuellement deux intérêts principaux, en pharmacie comme anxiolytique naturel,
et en alimentaire comme boisson conviviale dans le Pacifique.
Après la découverte en Allemagne et en Suisse de cas de toxicité hépatique attribués au kava, de
nombreuses recherches ont eu lieu pour mieux connaître l’état de la question et les causes
éventuelles de ces phénomènes. Un lobbying mené à Bruxelles par les pays du Pacifique a
également permis à un groupe d’experts consultants de donner un avis en faveur de l’usage de cette
plante (Gruenwald et al., 2003). On peut penser que l’interdiction du kava dans les années 2001 et
suivantes est, au moins partiellement ou indirectement, le produit d’un lobbying en sens inverse,
mais également l’application du principe de précaution.
Aucun cas d’hépatite fulminante n’a pu être trouvé dans le Pacifique et il est raisonnable de penser
que la boisson à la manière traditionnelle n’est pas menacée et conservera son marché dans le
Pacifique et peut-être ailleurs. En ce qui concerne le marché pharmaceutique, des recherches
complémentaires restent nécessaires (rôles du glutathion, éventuellement du sélénium, des p-OH-
kavaquinones, exploration des cytochromes hépatiques liés à la métabolisation du kava...) pour
établir un nouveau rapport bénéfice/risque du kava en pharmacie (Warter, 2003), ou plus
généralement en santé incluant les effets des utilisations de type alimentaire (Cabalion et al., 2003).
Par ailleurs les posologies pourraient être revues à la hausse.
Conclusion. Il paraît judicieux de conseiller à la Polynésie française de ne pas abandonner ses
recherches agronomiques et chimiques sur les variétés de kava local, pour produire une matière
première originale et de qualité destinée au marché local du kava convivial, au marché américain
(qui reste ouvert), et enfin de préparer un probable retour du kava sur le marché pharmaceutique
[selon des modalités peut-être différentes de celles actuellement connues et qui restent à préciser,
(Cabalion et al., 2003 ; Warter, 2003)]

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Bibliographie
ANDRÉ M., 1999 - Le phénomène Kava en Nouvelle-Calédonie. Maîtrise de Sciences Sanitaires et
Sociales, Faculté de Médecine de Brest, 100 p.
BROWN F.B.H., 1935 - Flora of South Eastern Polynesia. III. Dicotyledons. Bernice P. Bishop
Museum Bulletin, 130 :1-386.
CABALION P., BARGUIL Y., DUHET D., MANDEAU A., WARTER S., RUSSMANN S., TARBAH F.,
DALDRUP TH., 2003 – « Kava in modern therapeutic uses: to a better evaluation of the
benefit/risk relation. Researches in New Caledonia and in Futuna ». 5th European
Symposium of Ethnopharmacology, Valencia, Spain, 8th-10th May 2003.
CABALION P., LAROCHE S., EDO L. - Enquêtes auprès des consommateurs de kava en Nouvelle-
Calédonie (données non publiées).
CHANTERAUD A., 1994 - L'émergence du Kava en Nouvelle-Calédonie : du fait social au
phénomène culturel. DEA d'Anthropologie Temps, Espace et Sociétés dans la Pacifique
insulaire, Université Française du Pacifique, 1114 p.
CHANTERAUD A., 1999 - La Saga du Kava du Vanuatu à la Nouvelle-Calédonie, Essai de
géographie culturelle. Doctorat en Géographie Culturelle, Université de Paris IV-
Sorbonne, 331 p.
CHANTERAUD A., 2001 - La saga du Kava, du Vanuatu à la Nouvelle-Calédonie. CRET &
DyMSET (U. Bordeaux 3, CNRS), coll. Iles et archipels n° 29, 288 p.
CUZENT G., 1860 réed. 1983 - Archipel de Tahiti ; recherches sur les productions végétales.
Édition revue, augmentée et illustrée, Eds Haere po no Tahiti, 208 p.
GRUENWALD J., MUELLER C., SKRABAL S., 2003 - In-depth Investigation into EU Member States
Market Restrictions on Kava Products.
LEBOT V., CABALION P., 1986 - Les Kavas du Vanuatu, Piper methysticum Forst. Travaux &
Documents de l’ORSTOM, 205 : 234.
LEBOT V., LEVESQUE J., 1989 - The origin and distribution of Kava (Piper methysticum Forster,
Piperaceae) : a phytochemical approach. Allertonia, 5 : 223-280
LEBOT V., MERLIN M., LINDSTROM L., 1992 - Kava, the Pacific Drug. Yale Univ. Press., New
Haven & London, 255 p.
WARTER S., 2003 - Étude de populations exposées au Kava en Nouvelle-Calédonie et à Futuna ;
contribution à la connaissance de la toxicité du Kava. Thèse d’exercice Médecine
générale, Université de Strasbourg I, 267 p.

Rédacteur : P. CABALION

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Santalum insulare DC. var. insulare (Tahiti)


Santalum insulare var. marchionense (Skottsb.) Skottsb. (Marquises)
Santalum insulare var. margaretae (F. Br.) Skottsb. (Rapa)
Santalum insulare var. raiateense (J. W. Moore) Fosberg & Sachet
(Raiatea, Moorea)
Santalum insulare var. raivavense F. Br. (Raivavae, Australes)

Ces variétés représentent le polymorphisme de l’espèce de la Polynésie française.


J.-F. Butaud (SDR Tahiti) prépare actuellement une thèse sur la distribution, la taxonomie du
complexe en Polynésie française.

Statut IUCN
Gravement menacé d’extinction à vulnérable.

Accessibilité, répartition géographique et type biologique


Toutes les variétés, sauf celle des Marquises sont relictuelles et ont un statut allant de CR à VU.
Aux Marquises, les populations sont localement de quelque importance et sont plus ou moins
accessibles et disponibles, au moins pour une première étude chimique.
Ces variétés occupent les formations ouvertes de croupes et de crêtes de moyenne à haute altitude.

Usages
Massages : poudre de santal dans de l’huile de noix de coco.
Autres espèces du genre :
– Santalum spicatum : graines alimentaires (Australie).
– Santalum album : inflammation du système urinaire (Kom E), insolation, douleurs abdominales.

Composition chimique
Pour toutes les variétés : huile essentielle dans le bois, α et β santalol (60 %).
Var. marchionense : sesquiterpènes, α et β-santaldiol.

Autres espèces du genre

Santalum spicatum :
– Huile grasse (graine) : acide ximenynique (# 50 %), ac. oléique, ac.
stéarique, ac. linolénique.
Santalum album :
– Huile essentielle (3 à 5 % dans le bois) : α-santalol (50 %) et β-santalol
(20 %), epi-β-santalol, α-bergamotol, α-bergamotal.

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Fiches ressources végétales – Groupe 1 © IRD éditions 2005

Propriétés pharmacologiques et toxicologiques

Autres espèces du genre

Santalum acuminatum : inhibition du relargage de 5-hydroxytryptamine


par les plaquettes.
Santalum album : l’huile essentielle présenterait une action sur le système
cardio-vasculaire.

Intérêt industriel
L’huile essentielle de toutes les variétés de Santalum insulare est signalée comme un substitut
acceptable de l’huile essentielle de santal blanc.

Valorisation potentielle
L’huile essentielle de santal blanc des Indes est en voie de raréfaction sur le marché international
pour des raisons politiques (restriction de la production et de l’exportation par l’Inde) et
phytosanitaires (maladie spike disease). Bien qu’une autre huile de santal ne puisse lui être
directement substituée (par exemple celle d’Australie ou de Nouvelle-Calédonie), il existe une
possibilité indéniable d’introduction sur le marché pour cette huile, qui pourrait l’être dans de
nouvelles formules.
Une étude à long terme est en cours (UPF/SDR/CIRAD) sur le santal de Polynésie :
Points étudiés :
– Multiplication par graines
– Inventaire des populations
– Études chimiques et génétiques aux Marquises.
Points en cours d’étude :
– Études chimiques et génétiques.
Points restant à étudier :
– Multiplication végétative
– Déterminisme de la composition de l’huile essentielle
– Techniques culturales
– Études de la descendance
– Acceptabilité par les utilisateurs (substitution, nouvelle matière première…).
Il s’agit d’un programme de recherche et de valorisation à très long terme (plusieurs dizaines
d’années) qui demande un effort soutenu mais dont les débouchés potentiels seront sans doute
stables, car à l’abri des effets de mode.
Du fait de la longueur de ce programme, le recours à la biotechnologie, en particulier pour la
multiplication, doit être privilégié.
Il conviendrait aussi de s’interroger sur les raisons de la baisse de la
production en Inde. C’est une espèce préférant les milieux pauvres, et sa
croissance dans ces milieux pourrait être vite ralentie (Geneviève Michon,
écologue IRD, comm. pers.).

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Fiches ressources végétales – Groupe 1 © IRD éditions 2005

Contraintes réglementaires
Vérifier l’absence des molécules allergènes listées au 7e amendement de la directive européenne
sur les produits cosmétiques.
Aucune place pour le santal en tant que médicament ou complément
alimentaire

Itinéraire de production

Mode d’obtention

Distillation de l’huile essentielle sur le territoire.

Mode de commercialisation

Auprès des industriels des matières premières aromatiques travaillant avec les parfumeurs.

Contrôle qualité

Faire reconnaître la qualité de l’huile essentielle par une norme spécifique AFNOR/ISO.

Bibliographie
ALPHA T., RAHARIVELOMANANA P., BIANCHINI J.P., FAURE R., CAMBON A., JONCHERAY L., 1996
- α-Santaldiol and β-santaldiol, two santalane sesquiterpenes from Santalum insulare.
Phytochemistry, 41(3) : 829-831.
BANERJEE S., ECAVADE A., RAO A.R., 1993 - Modulatory influence of sandalwood oil on mouse
hepatic glutathione S-transferase activity and acid soluble sulphydryl level. Cancer Letters,
68(2-3) : 105-9.
BENENCIA F., COURREGES M.C., 1999 - Antiviral activity of sandalwood oil against herpes simplex
viruses-1 and -2. Phytomedicine, 6(2) : 119-123.
BIANCHINI J.-P., BOUVET J.-M., BUTAUD, J.-F., RAHARIVELOMANANA P., VERHAEGEN D. &
BARON V., 2003 - Caractérisation du Santal des Marquises. Projet de Recherche du
Ministère de l'Outre-Mer, UPF-SDR-CIRAD.
BOUVET J.-M., BUTAUD, J.-F., CARDI C., NASI R., TASSIN J., VERHAEGEN D., 2002 – « Molecular
and morphometric diversity in Santalum insulare and Santalum austrocaledonicum.
Autécologie et Phytosociologie des Santals de Polynésie française ». In : Regional
Workshop on Sandalwood Research, Development and Extension in the Pacific Islands
and Asia, 07-11 October 2002, Nouméa, New Caledonia.
BUTAUD J.-F., TETUANUI W., 2002 – « Le santal en Polynésie française ». In : Regional Workshop
on Sandalwood Research, Development and Extension in the Pacific Islands and Asia, 07-
11 October 2002, Nouméa, New Caledonia.
BUTAUD J.-F., 2002 – « Autécologie et Phytosociologie des Santals de Polynésie française ». In :
Regional Workshop on Sandalwood Research, Development and Extension in the Pacific
Islands and Asia, 07-11 October 2002, Nouméa, New Caledonia.
BUTAUD J.-F., 2002 – « Conservation et valorisation de la biodiversité des santals de Polynésie
française par l'étude de leurs métabolites secondaires ». In : Regional Workshop on
Sandalwood Research, Development and Extension in the Pacific Islands and Asia, 07-11
October 2002, Nouméa, New Caledonia.

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Fiches ressources végétales – Groupe 1 © IRD éditions 2005
BUTAUD, J.-F., RAHARIVELOMANANA P., BIANCHINI J.-P., BARON V., 2003 - A new chemotype of
Sandalwood (Santalum insulare Bertero ex A. DC.) from Marquesas Islands. Journal of
Essential Oil Research, 15(5) : 323-326.
BUTAUD J.-F., RAHARIVELOMANANA P., BIANCHINI J.-P., BARON V., 2002 – « Marquesas Islands
sandalwood concrete and biodiversity conservation of a forest species ». 33rd International
Symposium on Essential Oils, 4-7 September 2002, Lisboa, Portugal.
JONES G. P., BIRKETT A., SANIGORSKI A., SINCLAIR A. J., HOOPER P. T., WATSON T., RIEGER V.,
1994 - Effect of feeding quandong (Santalum acuminatum) oil to rats on tissue lipids,
hepatic cytochrome P-450 and tissue histology. Food and Chemical Toxicology, 32(6) :
521-525.
LIU Y., LONGMORE R.B., 1997 - Dietary sandalwood seed oil modifies fatty acid composition of
mouse adipose tissue, brain, and liver. Lipids, 32(9) : 965-969.
ROGERS K.L., GRICE I.D., GRIFFITHS L.R., 2001 - Modulation of in vitro platelet 5-HT release by
species of Erythrina and Cymbopogon. Life Sciences, 69(15) : 1817-1829.
SCARTEZZINI P., SPERONI E., 2000 - Review on some plants of Indian traditional medicine with
antioxidant activity. Journal of Ethnopharmacology, 71(1-2) : 23-43.
SYKES W.R., 1981 - Sandalwood in the Cook Islands. Pacific science, 1980 publ 1981, 34(1) : 77-
82

Rédacteur : Y. BARBIN

232
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Fiches ressources végétales – Groupe 1 © IRD éditions 2005

Tephrosia purpurea (L.) Pers. var. piscatoria (Ait.) Fosberg (FABACEAE)

Synonymes
T. purpurea sensu Zepernick
T. piscatoria Aiton.

Accessibilité, répartition géographique et type biologique


Espèce cultivée et naturalisée dans plusieurs îles de la Polynésie où elle est localement abondante ;
plus généralement, dispersée en station sèche de basse et moyenne altitude aux Marquises et dans
la Société.
Distribution géographique : Australes, Gambier, Marquises, Société.

Usages
Employée comme ichtyotoxique dans de nombreuses régions du Pacifique (Nishimoto, 1969 ;
Pétard, 1986).

Composition chimique
Roténoïdes, surtout dans les racines.

Graines

Flavonoides pongamol, karanjine and lanceolatine B, flavonoides prénylées (purpuritenin and


purpureamethide).

Racines

Purpurénone, bêta-hydroxychalcone ; (+)-purpurine ; déhydroisoderricine, et (–)-maackiaine.


Pseudosemiglabrin et (–)-semiglabrin (Sinha et al., 1982 ; Ventakata Rao et Ranga Raju, 1984).

Fleurs et fruits

7,4'-dihydroxy-3',5'-diméthoxyisoflavone ; (+)-téphropurpurine ((+)-purpurine, pongamole,


lancéolatine B, (–)-maackiaine, (–)-3-hydroxy-4-méthoxy-8,9-méthylène-dioxyptérocarpane et (–)-
médicarpine, tous actifs sur quinone réductase ; composés non actifs : 3'-méthoxy daidzeine,
desmoxyphylline B and 3,9-dihydroxy-8-meéhoxycoumestane (Chang et al., 1997).

Propriétés pharmacologiques et toxicologiques

Propriétés ichtyotoxiques et insecticides

La roténone et ses dérivés, les roténoïdes, ont la propriété d’asphyxier le poisson. En fait, ils
agissent sur tous les animaux en bloquant la respiration à l’intérieur des cellules au niveau des
mitochondries, mais les animaux à sang chaud sont protégés par leur revêtement cutané qui
empêche la résorption du poison, alors que les animaux à sang froid (insectes, poissons, serpents) y
sont particulièrement sensibles.

Activité nématicide (Bansode et Kurundkar, 1989)

Les parties aériennes fournissent un excellent « engrais vert » (Joshi et al., 2000).

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Fiches ressources végétales – Groupe 1 © IRD éditions 2005

Activité allélopathique des extraits aqueux de feuilles sur parthenium

L’inhibition significative de la vitesse de germination et de la croissance de la plantule permet


d’envisager l’emploi de cet extrait simple comme herbicide peu honéreux et biodégradable « weed
control » (Damme et al., 1994).
Activités anti-ulcéreuses démontrées sur le rat des extraits aqueux de racines, en raison des
propriétés cytoprotectives de la drogue (Deshpande et al., 2003).
Propriétés antitumorales marquées, démontrées par induction in vitro de la quinone réductase des
composés isoflavoniques isolés des fruits et fleurs.(Chang et al., 1997).

Intérêt industriel
Valorisation possible comme insecticide et ichtyotoxique.
Les drogues à roténone sont employées en assez grande quantité comme insecticide en
phytopharmacie, sous forme de poudre végétale, pour lutter contre les chenilles, pucerons et autres
doryphores, présentant le grand avantage d’être inoffensives pour l’homme. La tendance est de les
associer aux pyréthrines, autres insecticides végétaux, afin de combiner leurs actions, les effets de
ces derniers étant plus rapides mais aussi plus fugaces.
La roténone se dégrade rapidement dans le milieu (3 à 6 j.), ce qui lui vaut un regain d’intérêt
comme pesticide biologique. Son emploi dans des conditions strictes et réglementées est autorisé
en agriculture biologique dans certains pays. Ce marché, sans être énorme, est consistant à l’échelle
du marché des plantes médicinales et devrait se développer du fait de la croissance des productions
biologiques (Tamm et al., 2000) ; et ce bien que les roténones (avec d’autres pesticides) aient été
associées à la maladie de Parkinson. Des études récentes ont cependant montré que l’injection de
doses élevées (1-12 mg/kg) de roténone à des rats provoque chez l’animal des symptômes
« parkinson –like », suscitant des réserves sur son emploi. Les doses utilisées dans l’expérience
sont cependant très au-dessus des doses susceptibles d’être trouvées chez l’homme consommant
des aliments traités. La question est loin d’être tranchée et la réglementation devrait encore évoluée
(Giasson et Lee, 2000).
Admission dans la sélection restreinte

Composition chimique bien connue de l’espèce (études menées pour la plupart sur des échantillons
récoltés en Inde). Comme c’est généralement le cas pour les tephrosia, présence de dégueuline et
dérivés au lieu de roténone.
Il serait intéressant de mesurer la teneur en roténoïdes de la variété de Polynésie française.
Ses propriétés nématicides, allélopathiques, et comme engrais vert, en font un excellent produit
phytosanitaire (lutte antivectorielle, agriculture…).
Les insecticides « biologiques », biodégradables, sont spécialement intéressants pour l’agriculture
en milieu insulaire, par exemple les îles Loyauté en Nouvelle-Calédonie, pour éviter de polluer la
lentille d’eau douce sous-jacente, fragilisée par des produits phytosanitaires à forte rémanence.

Bibliographie
BANSODE P.T., KURUNDKAR B.P., 1989 - Efficacy of organic amendments and plant extracts in
management of root-knot of brinjal. Indian Journal of Plant Pathology, 7(2) : 160-163.
CHANG L.C., GERHAUSER C., SONG L., FARNSWORTH N.R., PEZZUTO J.M., KINGHORN A.D., 1997
- Activity-guided isolation of constituents of Tephrosia purpurea with the potential to
induce the phase II enzyme, quinone reductase. Journal of Natural Products, 60(9) : 869-
873.

234
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 1 © IRD éditions 2005
DAMME V. VAN, MEYLEMANS B., DAMME P. VAN, 1994 - Survey on weed management practices
in upland crops in the dry zone of Sri Lanka. Mededelingen Faculteit Landbouwkundige en
Toegepaste Biologische Wetenschappen, Universiteit Gent, 59(3b) : 1345-1350.
DESHPANDE S.S., SHAH G.B., PARMAR N.S., 2003 - Antiulcer activity of Tephrosia purpurea in
rats. Indian Journal of Pharmacology, 35(3) : 168-172.
GIASSON B.I., LEE V.M.-Y., 2000 - A new link between pesticides and Parkinson's disease. Nature
Neuroscience, 3(12) : 1227-1228.
JOSHI S.D., JADHAV A.S., PATIL M.B., KURUNDKAR B.P., 2000 - Effect of organic amendment and
fly ash on root-knot disease of tomato. Journal of Maharashtra Agricultural Universities,
25 (1): 84-85.
NISHIMOTO S. K., 1969 - Plants used as fish poisons. Newsletter of the Hawaiian Botanical Society,
3 : 20 -28.
PÉTARD P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie et Raau Tahiti. Ed. rev. et augm. Papeete, Haere Po
No Tahiti, 345 p.
VENTAKATA RAO E., RANGA RAJU N., 1984 - Two flavonoids from Tephrosia purpurea.
Phytochemistry, 23(10) : 2339-2342.
SINHA B., NATU A.A., NANAVATI D.D., 1982 - Prenylated flavonoids from Tephrosia purpurea
seeds. Phytochemistry, 21(6) : 1468-1470.
TAMM L., SPEISER B., WYSS E., NIGGLI U., 2000 - Use of Rotenon in Organic Agriculture: FiBL
Statement. 2 p.

Rédacteur : C. MORETTI

235
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 1 © IRD éditions 2005

Vanilla tahitensis J. W. Moore (ORCHIDACEAE)

Synonyme
Synonyme de V. planifolia Andr., probablement un cultivar particulier ou hybride de cette espèce
avec une autre. Il semble actuellement que plusieurs groupes de botanistes et de généticiens
travaillent sur la question (mais pas de références bibliographiques).

Statut IUCN
Pas de statut, plante cultivée.

Accessibilité, répartition géographique et type biologique


Vanilla tahitensis n’est cultivée qu’en Polynésie. Plusieurs cultivars sont répertoriés et font
désormais l’objet d’une collection vivante, maintenue par les services de l’agriculture du territoire
(Dron, 2002).
Liane herbacée charnue, volubile, naturalisée à basse et moyenne altitude (anciennes plantations ou
en station secondaire).

Usages
Gousse ; aliment ; épice.
Sève : Comores ; médicinal ; hémostatique ; cicatrisant.

Composition chimique
Gousse : glucosides, vanilline, aldehyde p-hydroxybenzoique, p-anisaldehyde, acide p-
hydroxybenzoique, acide vanillique, acide anisique, alcool anisique (Rives, 2000).
Des alcaloïdes, des polyphénols et des traces de leucoanthocyanes.

Propriétés pharmacologiques et toxicologiques


Toxicité ; vanillisme (Bùi-Xùan-Nhùan, 1954).

Intérêt industriel
Agro-alimentaire comme arôme typé, sur un marché ciblé.

Itinéraire de production
Culture déjà établie à Tahiti et dans les îles Sous-le-Vent (Huahine, Raiatea, Tahaa…).

Mode d’obtention
Multiplication végétative par bouture. Attention aux problèmes de transmission des maladies
virales.
Admission dans la sélection restreinte

Bibliographie
BÙI-XÙAN-NHÙAN, 1954 – « Le vanillisme ». In G.Bouriquet (ed.) : Le vanillier et la vanille dans
le monde, Paul Lechevalier : 647-661.
DRON M., 2002 - Rapport d'évaluation de la composante scientifique du projet vanille du Service
de Développement Rural à Raiatea (période 1998-2002), 31 p.
RIVES M.J., 2000 - Étude des profils aromatiques des différentes variétés de Vanilla tahitensis.
École Nationale Supérieure d'Agronomie de Toulouse, 51 p
Rédacteur : F. DEMARNE

236
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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

Fiches végétales groupe 2

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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

Astelia nadeaudii Drake (Asteliaceae)

Synonyme
A. raiateensise J. W. Moore.

Statut IUCN, accessibilité, abondance


Non menacé.
Peu à moyennement accessible, jamais abondante, dispersée au sol ou en épiphyte moyenne,
en station héliophile. Suffisamment abondante pour de premières analyses.

Usages
Non décrits pour cette espèce.

Autres espèces du genre

Astelia solandri et Astelia trinerva : fruits alimentaires en Nouvelle-


Zélande.

Composition chimique
Non décrite pour cette espèce.

Autres espèces du genre :

Astelia solandri et A. trinerva : acides gras essentiels (dans les


graines) : acide γ-linolénique.
Astelia banksii : saccharose et monosaccharides non déterminés
(racines), pas d’oligo-saccharides.

Pharmacologie et toxicologie
Non décrites pour cette espèce.

Contraintes réglementaires
Du fait des réglementations européennes et du marché, l’utilisation en alimentation semble à
exclure.

Orientations
Les fruits de certaines espèces sont riches en huile grasse contenant 25 % d’acide γ-
linolénique.

Valorisation potentielle
L’intérêt actuel pour les huiles ω3 et ω6 en cosmétologie et en alimentation en fait une
source originale et substitutive, principalement pour la cosmétologie.
Une étude préalable de la composition lipidique des fruits est à réaliser (prestation de service
possible).
L’intérêt de cette ressource est à relativiser car elle est peu à
moyennement accessible, et jamais abondante. Mais il est possible
d’effectuer des prélèvements afin de procéder à de premières
analyses.

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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

Bibliographie

CAMBIE R.C., FERGUSON L.R., 2003 - Potential functional foods in the traditional Maori diet.
Mutation Research, Fundamental and Molecular Mechanisms of Mutagenesis, 523-
524 : 109-117.
MORICE I.M., 1975 - Seeds fats of further species of Astelia. Phytochemistry, 14(5-6) : 1315-
1318
SIMS I.M., 2003 - Structural diversity of fructans from members of the order Asparagales in
New Zealand. Phytochemistry, 63(3) : 351-9.

Rédacteur : Y. BARBIN

239
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

Maytenus vitiensis (A. Gray) Ding Hou (CELASTRACEAE)

Statut IUCN, accessiblité, abondance


Indigène, donc pas de statut, néanmoins, ni jamais très abondante, ni répandue, localement
menacée par l’extension de Miconia.
Abondance moyenne, formations mésiques de basse altitude ou en grandes vallées (Société).

Usages
Non décrits pour cette espèce.

Composition chimique, propriétés pharmacologiques


Espèce non étudiée.

Autres espèces du même genre

Maytenus illicifolia : activité anti-ulcéreuse (Brésil), analgésique,


traitement des troubles gastro-intestinaux au sens large, anémie,
cancer de la peau. Activité emménagogue, contraceptive, abortive.

Composition chimique
Non décrite pour cette espèce.

Autres espèces du genre

Maytenus boaria : sesquiterpènes : β-agarofuranes (graines, parties


aériennes).
Maytenus sp. : nor-triterpénoïdes de type quinone-méthide
(tingénone, hydroxytingénone, pristimérine).
Maytenus macrocarpa : nor-triterpènes – macrocarpines A, B, C, D.
Maytenus canariensis : nor-triterpénoïdes de type quinone-méthide,
sesquiterpènes – β-agarofuranes.
Maytenus illicifolia : triterpènes – friedéline, friedélan-3β-ol,
mayténine ; sesquiterpènes – β-agarofuranes (cangorines F, G, H, I,
J) ; maytansinoids (maytansine, maytanprine, maytanbutine).
Présence variable selon l’origine géographique. Flavonoïdes
(hétérosides de kaempférol).
Maytenus cuzcoina : sesquiterpènes – β-agarofuranes
Maytenus heterophylla : triterpènes. Dérivés catéchiques.
Agarofurane, alcaloïdes.
Maytenus arbutifolia : triterpènes. Dérivés catéchiques.
Maytenus ovata : maytansine et dérivés.
Maytansinoids : maytansine et dérivés.

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

Pharmacologie et toxicologie

Autres espèces du genre

Maytenus sp. : activité répulsive d’insectes, anti-feedant, régulation


du développement (nor-triterpènes quinones).
Maytenus aquifolium : activité anti-ulcéreuse sur rat (extrait, ulcère à
l’indométhacine et de stress). Activité analgésique (faible).
Maytenus macrocarpa : activité cytotoxique sur cultures de cellules
cancéreuses (nor-triterpènes).
Maytenus canariensis : activité cytotoxique (nortriterpène quinone
méthides). Activité antibiotique.
Maytenus cuzcoina : activité inhibitrice du développement des
tumeurs (agarofurans).
Maytenus heterophylla : activité antibiotique (S. aureus, P.
aeruginosa, C. albicans).
Maytenus arbutifolia : activité antibiotique (S. aureus, P. aeruginosa,
C. albicans).
Maytenus illicifolia : activité estrogénique et utérotrophique. Pas
d’embryotoxicité ni d’altération du système reproducteur.

Intérêt industriel
Les macrolides de la famille de la maytansine présentent une activité anti-cancéreuse (poison
du fuseau) largement étudiée mais dont l’intérêt par rapport à d’autres familles de composés
de mécanisme d’action similaire (par exemple, vinca alcaloïdes) semble assez faible.
La maytansine seule a été abandonnée faute d’activité en phase II.
Une molécule (anticorps monoclonal humanisé combiné à maytansine) est en cours de
développement (phase 1 terminée, Immunogen Inc, États-Unis) dans le traitement des
cancers du pancréas, du poumon et colorectal.
La recherche de nouveaux dérivés de maytansine pourrait présenter un intérêt dans cet axe
de recherche.
Les sesquiterpènes du groupe des β-agarofuranes présentent généralement une activité
insecticide et anti-feedant de niveau variable, ainsi qu’une activité cytotoxique pour certains
d’entre eux.
Des activités de suppression de la résistance aux médicaments anti-cancéreux de cellules en
culture et de sensibilisation des Leishmania aux traitements anti-parasitaires ont été mises en
évidence.
Une activité anti-HIV a été démontrée pour certains dérivés.

Orientations
Études phytochimique et pharmacologique des espèces de ce genre à approfondir.
Source possible de molécules à activités thérapeutiques intéressantes.
Données significatives sur le genre, orientation recherche complémentaires chimie et
cancer + sida.
Les débats entre experts ont montré que certains d’entre eux doutent
maintenant des possibilités d’exploitations des molécules du type
maytansine et de leur valorisation.

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005
Autres espèces du genre

• Maytenus pertinax
Statut IUCN : non évalué, mais paraît très rare. Endémique de Rapa,
formations mésiques de basse altitude.
Accessibilité : très mauvaise (éloignement de Rapa).
Usages : non décrits pour cette espèce.
• Maytenus crenata
Statut IUCN : non menacé.
Accessibilité : abondant et répandu, accessibilité moyenne.
Endémique des Marquises et peut-être présent dans la Société. En
formations mésiques ± ouvertes de basse altitude.
Usages : pas d’usage connu de l’espèce.

Bibliographie
ALARCON J., BECERRA J., SILVA M., MORGENSTERN T., JAKUPOVIC J., 1995 - β-Agarofurans
from seeds of Maytenus boaria. Phytochemistry, 40(5) : 1457-1460.
Avilla J., Teixido A., Velazquez C., Alvarenga N., Ferro E., Canela R., 2000 - Insecticidal
activity of Maytenus species (Celastraceae) nortriterpene quinone methides against
codling moth, Cydia pomonella (L.) (Lepidoptera : Tortricidae). Journal of
Agricultural and Food Chemistry, 48(1) : 88-92.
BERSANI AMADO C.A., MASSAO L.B., BAGGIO S.R., JOHANSON L., ALBIERO A.L.M.,
KIMURA E., 2000 - Antiulcer effectiveness of Maytenus aquifolium spray dried
extract. Phytotherapy Research, 14(7) : 543-545.
BRENDLER T., GRUENWALD J., JAENICKE C., 2001 - Herb-CD4 Herbal remedies. Medpharm
Scientific Publishers. Stuttgart, Germany.
BUFFA FILHO W., CORSINO J., BOLZANI DA S.V., FURLAN M., PEREIRA A.M., FRANCA S.C.,
2002 - Quantitative determination for cytotoxic Friedo-nor-oleanane derivatives from
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performance liquid chromatography. Phytochemical Analysis, 13(2) : 75-78.
CESPEDES C.L., ALARCON J., ARANDA E., BECERRA J., SILVA M., 2001 - Insect growth
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(Celastraceae). Zeitschrift Fur Naturforschung C a Journal of Biosciences, 56(7-8) :
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CHAVEZ H., CALLO N., ESTEVEZ-BRAUN A., RAVELO A.G., GONZALEZ A.G., 1999 -
Sesquiterpene polyol esters from the leaves of Maytenus macrocarpa. Journal of
Natural Products, 62(11) : 1576-1577.
CHAVEZ H., RODRIGUEZ G., ESTEVEZ-BRAUN A., RAVELO A.G., ESTEVEZ-REYES R.,
GONZALEZ A.G., FDEZ-PUENTE J.L., GARCIA-GRAVALOS D., 2000 - Macrocarpins
A-D, new cytotoxic nor-triterpenes from Maytenus macrocarpa. Bioorganic and
Medicinal Chemistry Letters, 10(8) : 759-762.
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Naturforschung. Section C, Biosciences, 58(1-2) : 47-52.
CORDEIRO P.J.M., VILEGAS J.H.Y., LANCAS F.M., 1999 - HRGC-MS analysis of terpenoids
from Maytenus ilicifolia and Maytenus aquifolium ("espinheira santa"). Journal of
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005
FRANCA S.C., DUARTE I.B., PEREIRA A.M.S., CARVALHO D., QUEIROZ M.E.C., 1999 -
Triterpenes and phenolics in callus of Maytenus aquifolium Mart. Acta Hort. (ISHS),
502 :363-368
GONZALEZ A.G., ALVARENGA N.L., RAVELO A.G., JIMENEZ I.A., BAZZOCCHI I.L., 1995 -
Two triterpenes from Maytenus canariensis. Journal of Natural Products, 58(4) :
570-573.
GONZALEZ A.G., ALVARENGA N.L., RAVELO A.G., JIMENEZ I.A., BAZZOCCHI I.L., CANELA
N.J., MOUJIR L.M., 1996 - Antibiotic phenol nor-triterpenes from Maytenus
canariensis. Phytochemistry, 43(1) : 129-132.
GONZALEZ A.G., JIMENEZ I.A., BAZZOCCHI I.L., RAVELO A.G., 1994 - Structure and absolute
configuration of a sesquiterpene from Maytenus boaria. Phytochemistry, 35(1) : 187-
189.
GONZALEZ A.G., JIMENEZ I.A., RAVELO A.G., LUIS J.G., BAZZOCCHI I.L., 1989 - β-
Agarofurane sesquiterpene esters from Maytenus canariensis. Phytochemistry,
28(1) : 173-175.
GONZALEZ A.G., TINCUSI B.M., BAZZOCCHI I.L., TOKUDA H., NISHINO H., KONOSHIMA T.,
JIMENEZ I.A., RAVELO A.G., 2000 - Anti-tumor promoting effects of sesquiterpenes
from Maytenus cuzcoina (Celastraceae). Bioorganic and Medicinal Chemistry, 8(7) :
1773-1778.
GONZALEZ F.G., PORTELA T.Y., STIPP E.J., DI STASI L.C., 2001 - Antiulcerogenic and
analgesic effects of Maytenus aquifolium, Sorocea bomplandii and Zolernia
ilicifolia. Journal of Ethnopharmacology, 77(1) : 41-47.
ITOKAWA H., SHIROTA O., ICHITSUKA K., MORITA H., TAKEYA K., 1993 - Oligo-nicotinated
sesquiterpene polyesters from Maytenus ilicifolia. Journal of Natural Products,
56(9) : 1479-1485.
ITOKAWA H., SHIROTA O., MORITA H., TAKEYA K., IITAKA Y., 1994 - Cangorins F-J, five
additional oligo-nicotinated sesquiterpene polyesters from Maytenus ilicifolia.
Journal of Natural Products, 57(4) : 460-470.
KENNEDY M.L., CORTES-SELVA F., PEREZ-VICTORIA J.M., JIMENEZ I.A., GONZALEZ A.G.,
MUNOZ O.M., GAMARRO F., CASTANYS S., RAVELO A.G., 2001 -
Chemosensitization of a multidrug-resistant Leishmania tropica line by new
sesquiterpenes from Maytenus magellanica and Maytenus chubutensis. Journal of
Medicinal Chemistry, 44(26): 4668-4676.
KUO Y.H., KING M.L., CHEN C.F., CHEN H.Y., CHEN C.H., CHEN K., LEE K.H., 1994 - Two
new macrolide sesquiterpene pyridine alkaloids from Maytenus emarginata:
emarginatine G and the cytotoxic emarginatine F. Journal of Natural Products,
57(2) : 263-269.
MONTANARI T., BEVILACQUA E., 2002 - Effect of Maytenus ilicifolia Mart. on pregnant
mice. Contraception, 65(2) : 171-175.
MUHAMMAD I., EL SAYED K.A., MOSSA J.S., AL SAID M.S., EL FERALY F.S., CLARK A.M.,
HUFFORD C.D., OH S., MAYER A. M., 2000 - Bioactive 12-oleanene triterpene and
secotriterpene acids from Maytenus undata. Journal of Natural Products, 63(5) :
605-610.
MUNOZ O., GALEFFI C., FEDERICI E., GARBARINO J.A., PIOVANO M., NICOLETTI M., 1995 -
Boarioside, a eudesmane glucoside from Maytenus boaria. Phytochemistry, 40(3) :
853-855.
ORABI K.Y., AL QASOUMI S.I., EL OLEMY M.M., MOSSA J.S., MUHAMMAD I., 2001 -
Dihydroagarofuran alkaloid and triterpenes from Maytenus heterophylla and
Maytenus arbutifolia. Phytochemistry, 58(3) : 475-480.

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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005
PULLEN C.B., SCHMITZ P., HOFFMANN D., MEURER K., BOETTCHER T., VON BAMBERG D.,
PEREIRA A.M., DE CASTRO FRANCA S., HAUSER M., GEERTSEMA H., VAN WYK A.,
MAHMUD T., FLOSS H.G., LEISTNER E., 2003 - Occurrence and non-detectability of
maytansinoids in individual plants of the genera Maytenus and Putterlickia.
Phytochemistry, 62(3) : 377-387.
QUEIROGA C.L., SILVA G.F., DIAS P.C., POSSENTI A., DE CARVALHO J.E., 2000 - Evaluation
of the antiulcerogenic activity of friedelan-3beta-ol and friedelin isolated from
Maytenus ilicifolia (Celastraceae). Journal of Ethnopharmacology, 72(3) : 465-468.
SCHANEBERG B.T., GREEN D.K., SNEDEN A.T., 2001 - Dihydroagarofuran sesquiterpene
alkaloids from Maytenus putterlickoides. Journal of Natural Products, 64(5) : 624-
626.
SHIROTA O., MORITA H., TAKEYA K., ITOKAWA H., 1994 - Cytotoxic aromatic triterpenes
from Maytenus ilicifolia and Maytenus chuchuhuasca. Journal of Natural Products,
57(12) : 1675-1681.
SPIVEY A.C., WESTON M., WOODHEAD S., 2002 - Celastraceae sesquiterpenoids: biological
activity and synthesis. Chemical Society Reviews, 31(1) : 43-59.
TOLCHER A.W., OCHOA L., HAMMOND L.A., PATNAIK A., EDWARDS T., TAKIMOTO C.,
SMITH L., DE BONO J., SCHWARTZ G., MAYS T., JONAK Z.L., JOHNSON R., DEWITTE
M., MARTINO H., AUDETTE C., MAES K., CHARI R.V., LAMBERT J.M., ROWINSKY
E.K., 2003 - Cantuzumab Mertansine, a Maytansinoid Immunoconjugate Directed to
the CanAg Antigen : a Phase I, Pharmacokinetic, and Biologic Correlative Study.
Journal of Clinical Oncology, 21(2) : 211-222.
VILEGAS W., SANOMMIYA M., RASTRELLI L., PIZZA C., 1999 - Isolation and structure
elucidation of two new flavonoid glycosides from the infusion of Maytenus
aquifolium leaves. Evaluation of the antiulcer activity of the infusion. Journal of
Agricultural and Food Chemistry, 47(2) : 403-406.

Rédacteurs : B. WENIGER ET Y BARBIN

245
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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

Melicope spp. (Rutaceae)

Statut UICN, accessibilité, abondance


Toutes les espèces de Polynésie française sont endémiques et relèvent des catégories IUCN
sensibles.

Autres espèces du genre

Melicope hivaoensis : espèce non étudiée.


Melicope lucida : espèce non étudiée.
Melicope nukuhivensis : espèce non étudiée.
Melicope revoluta : espèce non étudiée.
Melicope tahitensis : espèce non étudiée.

Intérêt général des espèces du genre Melicope


D’après la dernière révision du genre par T. G. Hartley (2001), cent soixante-sept espèces
précédemment distribuées dans les genres Melicope et Euodia constituent désormais le genre
Melicope. Les espèces précédemment incluses dans le genre Melicope, une vingtaine, sont
relativement bien étudiées du point de vue chimique, mais restent très décevantes du point de
vue pharmacologique.
Voici les constituants le plus fréquemment rencontrés :

a) Flavonoïdes

Flavones polyoxygénées, méthylflavones, méthoxyflavones.


Intérêt : pour certaines d’entre elles en tant que substances dissuasives vis-à-vis d’insectes,
en tant que larvicides par rapport aux larves de Aedes aegypti (Hung Ho et al., 2003).

b) Alcaloïdes (plus d’une cinquantaine ont été isolées d’espèces du genre)

• De type furoquinoléine (skimmianine, kokusaginine…)


Intérêt : chimiotaxonomiques car spécifiques des Rutaceae.
Pharmacologique : cytotoxicité.
À partir des feuilles de M. semecarpifolia ont été isolés 19 composés
présentant une activité cytotoxique, in vitro, vis-à-vis de lignées cellulaires P-
388, HT-29 et A549. La confusamétine a une action plus forte que la
mithramycine pris pour référence (ED50 = 0,03 µg/ml et 0,06 µg/ml
respectivement).
Anti-agrégant plaquettaire.
Activité moyenne de la dictamnine, évolitrine et ptéleine sur l’agrégation
plaquettaire chez le lapin.

• De type quinoléine (15 composés des feuilles de M.


semecarpifolia)
La confusadine présente des propriétés anti-agrégant plaquettaire (Chen et
al., 2002).

• De type bisquinoléine (feuilles de M. pteleifolia)

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005
• De type acridone
Intérêt insecticide: propriétés dissuasives et antiappétantes (Haasalani, 1984).

c) benzofuranes

d) acétophénones (une dizaine de molécules)

e) coumarines

f) huile essentielle

Orientations
Plantes à alcaloïdes, acétophénones et à huiles essentielles.
Activité insecticide.

Les espèces de la Polynésie française sont trop rares pour les


considérer comme candidates à une utilisation, mais les probables
propriétés de ces espèces justifieraient des campagnes de récoltes
pour des sondages sur des petites quantités de matière végétale,
accompagnées de mesures de sauvegarde ex situ. Ces récoltes
pourraient être envisagés pour M. lucida (Société), M. hivaoaensis et
M. revoluta (Marquises).

Bibliographie

CHEN J.J., CHANG Y.L., TENG C.M., SU C.C., CHEN I.S., 2002 - Quinoline alkaloids and anti-
platelet aggregation constituents from the leaves of Melicope semecarpifolia. Planta
medica, 68(9) : 790-793
HAASALANI A., 1984 - Structure- activity studies of acridone feeding deterrents.
Schriftenreihe der GTZ, 161 : 75-79
HARTLEY T.G., 2001 - On the taxonomy and biogeography of Euodia and Melicope
(Rutaceae). Allertonia, 8(1) : 1-319.
HUNG HO S., WANG J., SIM K.Y., EE G.C.L., IMIYABIR Z., YAP K.F., SHAARI K., HOCK GOH
S., 2003 - Meliternatin : a feeding deterrent and larvicidal polyoxygenated flavone
from Melicope subunifoliolata.. Phytochemistry, 62(7) 1121-1124

Rédacteur : I. FOURASTÉ

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

Myrsine collina Nadeaud (Myrsinaceae)

Synonyme
Rapanea collina (Nadeaud) Mez.

Statut IUCN, accessiblité, abondance


Non menacé.
Endémique de Tahiti, mais le matériel des îles Sous-le-Vent mérite une comparaison
taxonomique approfondie.
En formations fermées à ± ouvertes de basse et moyenne altitude.
Accessibilité : moyenne, ± abondante.

Usages
Pas d’usage connu des espèces considérées.

Composition chimique
Genre : benzoquinones (dont rapanone1), anthraquinones.

Rapanone

– M. africana (racine, plante entière)


– M. capitellata (fruit)
– M. guaianensis (bois du tronc : rapanone)
– M. seguinii (racine, écorce : hydroquinone diglucosides)
– M. semiserrata (fruit)
– M. stolonifera (fruit : rapanone)
Lignanes : M. salicina (feuille), M. seguinii (feuille = (+)-isolarisiresinol 3a-O-sulfate).
Acides terpéno-benzoïques : M. seguinii (feuille), voir structure ci-après :

1
La rapanone est cytotoxique et présente une activité abortive et anti-fertilité chez la souris.

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

Flavonoïdes : M. africana, M. seguinii (feuille).


Saponines triterpéniques :
– M. africana (feuille et tronc)
– M. seguinii (parties aériennes)
– M. pellucida (tronc)
– M. salicina (feuille)
Espèces : non étudiées à notre connaissance.

Pharmacologie et toxicologie
Genre : antibactérien. Forte activité surtout sur E. coli, K. pneumoniae, Proteus vulgaris,
Staphyllococcus sp., Salmonella sp., Bacillus sp.
– M. africana (fruit, feuille, graine, racine)
– M. capitellata (écorce).
Stimulant utérin, antifertilité : M. africana (parties aériennes, graine)
Spermicide : M. africana (parties aériennes)
Laxatif : M. africana (fruit)
Leishmanicide : M. pellucida (écorce)
Anthelminthique : faible activité
Insecticide : composés antiappétants et larvicides de Rapanea
melanophloeos
Anti-protéase HIV (50 microg/ml) : M. australis (parties aériennes)
(Wan et al., 1996)
Activité anti-inflammatoire des acides terpéno-benzoïques
(Mizushina et al., 2000)
Activité anti-inflammatoire et antioxydante de la rapanone (Ospina et
al., 2001)
Activité abortive et anti-fertilité de la rapanone (Calle et al., 2000)
Activité cytotoxique de la rapanone (Cordero et al., 2004)
Activité cytotoxique des saponines (M. salicina) (Bloor et Qi, 1994)
Activité antifongique et molluscicide des saponines (Ohtani et al.,
1993)
Inhibition de la phospholipase D par les saponines (M. australis)
(1996).

Espèces : non étudiées à notre connaissance.

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

Autres espèces du genre

• Myrsine falcata Nadeaud


Synonyme : Rapanea falcata (Nadeaud) Mez ; Myrsine collina var.
falcata (Nadeaud) S. L. Welsh ; Rapanea collina var. falcata
(Nadeaud) M. L. Grant.
Notes sur la bio-écologie de la ressource :
– endémique de Tahiti
– crêtes de moyenne et haute altitude.
Statut IUCN : non menacé.
Accessibilité : bonne, assez répandu localement.
• Myrsine fasciculata (J. W. Moore) Fosberg & Sachet
(Myrsinacées)
Synonyme : Rapanea fasciculata J. W. Moore.
Notes sur la bio-écologie de la ressource : endémique de la Société,
Raiatea. Maquis ouvert à lande à Cyperaceae-Metrosideros.
Statut IUCN : non menacé.
Accessibilité : moyenne, pas vraiment commune, mais localement
abondante.
• Myrsine fusca (J. W. Moore) Fosberg & Sachet (Myrsinacées)
Synonyme : Rapanea fusca J. W. Moore.
Notes sur la bio-écologie de la ressource : endémique de la Société,
Bora Bora, Moorea, Raiatea ; crête de moyenne à haute altitude.
Statut IUCN : non menacé.
Accessibilité : moyenne, peu répandue à localement abondante.
• Myrsine grantii var. grantii Fosberg & Sachet (Myrsinacées)
Notes sur la bio-écologie de la ressource : identifié à Hiva Oa,
sommet du mont Temetiu, îles Marquises ; endémique Fatu Hiva,
Hiva Oa, Ua Huka ; typique des forêts d’altitude (cloud zone) ; crête
d’altitude élevée, en station ± ouverte.
Statut IUCN : non menacée (Hiva Oa) ou non évaluée (Fatu Hiva).
Accessibilité : faible (milieu et îles), peu répandue à assez commune
(au moins à Hiva Oa).
• Myrsine grantii var .toviiensis Fosberg & Sachet (Myrsinacées)
Statut IUCN, accessiblité, écologie : endémique de Nuku Hiva aux
Marquises ; crêtes de haute altitude.
Statut IUCN : non menacé.
Accessibilité : faible (milieu et île), jamais abondante ni répandue.
• Myrsine niauensis Fosberg & Sachet
Accessiblité, écologie : endémique de Niau aux Tuamotu ; en forêt à
Pisonia-Pouteria sur karst.
Statut IUCN : non menacé.
Accessibilité : faible (île) mais disponibilité importante, commune en
forêt.

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005
• Myrsine taitensis A. Gray (Myrsinacées)
Synonyme : Rapanea taitensis (A. Gray) Mez.
Accessiblité, écologie : endémique de Tahiti, en forêt de pente et de
crête de haute altitude.
Statut IUCN : non menacé.
Accessibilité : moyenne, peu abondante à localement commune,
jamais rare.
• Myrsine ovalis var. wilderi Fosberg & Sachet (Myrsinacées)
Notes sur la bio-écologie de la ressource : endémique de Makatea
(Tuamotu) ; en forêt de karst à Pisonia-Pouteria.
Statut IUCN : non menacé.
Accessibilité : faible (milieu et île), peu commune.

Orientations
Recherche
Intérêt chimiotaxonomique : plusieurs espèces endémiques non étudiées –nombreuses
activités biologiques démontrées dans le genre ; constituants chimiques originaux et a priori
intéressants.
Éventuellement passage en groupe 2 pour taxons accessibles et statut IUCN favorable.
Valorisation : pas de valorisation à court terme, études scientifiques préalables.

Bibliographie
BLOOR S.J., QI L., 1994 - Cytotoxic saponins from New Zealand Myrsine species. Journal of
Natural Product, 57(10) :1354-1360.
CALLE J., OLARTE J., PINZON R , OSPINA L.F., MENDOZA M.C., OROZCO M.J., 2000 -
Alterations in the reproduction of mice induced by rapanone. Journal of
Ethnopharmacology, 71(3) : 521-525
CORDERO C.P., GOMEZ-GONZALEZ S., LEON-ACOSTA C.J., MORANTES-MEDINA S.J.,
ARISTIZABAL F.A., 2004 - Cytotoxic activity of five compounds isolated from
Colombian plants. Fitoterapia, 75(2) :225-227.
MIZUSHINA Y., MIYAZAKI S., OHTA K., HIROTA M., SAKAGUCHI K., 2000 - Novel anti-
inflammatory compounds from Myrsine seguinii, terpeno-benzoic acids, are
inhibitors of mammalian DNA polymerases. Biochimica et Biophysica Acta,
1475(1): 1-4
OHTANI K, MAVI S, HOSTETTMANN K., 1993 - Molluscicidal and antifungal triterpenoid
saponins from Rapanea melanophloeos leaves. Phytochemistry, 33(1) :83-86.
OSPINA L.F., CALLE J., ARTEAGA L., PINZON R., ALCARAZ M.J., PAYA M., 2001 - Inhibition
of acute and chronic inflammatory responses by the hydroxybenzoquinonic
derivative rapanone. Planta Medica, 67(9) :791-795.
WAN M, BLOOR S, FOO LY, LOH BN, 1996 - Screening of New Zealand Plant Extracts for
Inhibitory Activity against HIV-1 Protease. Phytotherapy Research,10(7): 589-595.

Rédacteur : B. WENIGER

251
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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

Neonauclea forsteri (Seemann) Merrill (RUBIACEAE)

Statut UICN, abondance, accessibilité


Abondante et répandue dans la Société.

Usages
Non décrits pour cette espèce.

Autres espèces du genre

Neonauclea calycina : traitement des tumeurs.

Composition chimique
Non décrite pour cette espèce.

Autres espèces du genre :

Neonauclea zeylanica. Alcaloïdes (dans le bois) : neozeylanicine


(groupe naphtyridine).
Neonauclea sessilifolia. Coumarines : scopolétine. Anthraquinones :
chrysophanol. Stérols : hétérosides de stigmastérol, bêta-sitostérol.
Divers : paeonol, acide dihydrobenzoïque, dérivés d’acide quinique.
Alcaloïdes indoliques (dans les racines) : neonaucleosides A, B et C.
Secoiridoides et dérivés : loganine, secologanine, grandifloroside,
sweroside (une quinzaine de dérivés…).
Neonauclea calycina. Anthraquinones (dans le bois) : damnacanthal,
morindone, rubiadine 1-méthyl-éther, nordamnacanthal,
damnacanthol, lucidine-3-O-primeveroside, morindone-6-O-
primeveroside.

Pharmacologie et toxicologie
Non décrites pour cette espèce.

Autres espèces du genre :

Neonauclea calycina. Inhibition (forte) de la topo-isomérase II par le


damnacanthal et la morindone.

Composition chimique
Non décrite pour cette espèce.
Études phytochimique et pharmacologique à approfondir.
Des alcaloïdes indoliques, probablement présents du fait de molécules « précurseurs »
(sécologanine), seraient à rechercher.

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

Orientations
Les bois de certaines espèces de Neonauclea sont de bonne qualité et utilisés comme bois
d’œuvre. Cette piste de valorisation est à creuser avec l’aide d’un organisme spécialisé.
Source possible de molécules à activités thérapeutiques intéressantes (responsables de la
durabilité des bois en particulier).

Bibliographie
ATTA U.R., VOHRA I.I., CHOUDHARY M.I., DE SILVA L.B., HERATH W.H.M.W.,
NAVARATNE K.M., 1988 - Neozeylanicine: a novel alkaloid from the timber of
Neonauclea zeylanica. Planta Medica, 54(5) : 461-462.
CAPURON R., 1972 - The forest flora of Madagascar. Adansonia, 12(3) : 375-388.
ITOH A., TANAHASHI T., NAGAKURA N., NISHI T., 2003 - Two chromone-secoiridoid
glycosides and three indole alkaloid glycosides from Neonauclea sessilifolia.
Phytochemistry, 62(3) : 359-69.
KANG W., HAO X., LI G., 2002 - [Study on the constituents from Neonauclea sessilifolia].
Zhong Yao Cai, 25(12) : 875-877.
PARI G., LESTARI S.B., 1993 - Chemical analysis of several wood species from North
Sulawesi. Jurnal Penelitian Hasil Hutan, 11(1) : 7-11.
TOSA H., IINUMA M., ASAI F., TANAKA T., NOZAKI H., IKEDA S., TSUTSUI K., YAMADA M.,
FUJIMORI S., 1998 - Anthraquinones from Neonauclea calycina and their inhibitory
activity against DNA topoisomerase II. Biological and Pharmaceutical Bulletin,
21(6) : 641-642.

Rédacteur : B. WENIGER

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

Pittosporum orohenense J. W. Moore (Pittosporaceae)

Statut IUCN, accessibilité, abondance


Menacé à gravement menacé d’extinction.
Pittosporum orohenense J. W.Moore : identifiée aux îles de la Société. Endémique, peu
accessible, quelques stations sur les plus hauts sommets de Tahiti, très rare.
Pittosporum rapense F. B. : identifiée sur l’île Rapa. Endémique et rare.

Usages
Pas d’usage connu de l’espèce.

Composition chimique
Espèces : non étudiées à notre connaissance.
Genre. Saponines triterpéniques : P. tobira (fruit), P. phillyraeoides, P. undulatum (feuille).
Glycolipide : P. tobira.
Caroténoïdes : P. tobira (graines).
Hétérosides sesquiterpéniques : P. pentandrum.
Terpènes dans la famille.

Pharmacologie et toxicologie
Genre. HIV protéase inhibition : P. anomalum (feuille). Spermicide : P. neelgherrense
(parties aériennes). Antiviral : P. tobira (pl. entière), P. phylliroeoides (fruit, feuille).
Tidiabétique : Pittosporum sp. Antifongique : P. formosum (pl entière), P. tobira (pl.
entière). Antitumoral (glycolipide).

Orientations
Données significatives en chimie et biologie.

Intérêt chimiotaxonomique
Valorisation : pas de valorisation à court terme, étude scientifique préalable.
La grande vulnérabilité de ces espèces interdit toute récolte importante, cependant leurs
probables propriétés biologiques justifieraient des campagnes de récolte accompagnées de
mesures de conservation ex situ et in situ.

Bibliographie
BARONE D., SALVETTI L., GUARNIERI D., D'ARRIGO C., 1995 - In vivo antitumor activity of
CIDI, a glycolipide from Pittosporum tobira. Pharmacological Research, 31(1) : 137
D'ACQUARICA I., DI GIOVANNI M.C., GASPARRINI F., MISITI D., D'ARRIGO C., FAGNANO N.,
GUARNIERI D., IACONO G., BIFULCO G., RICCIO R., 2002 - Isolation and structure
elucidation of four new triterpenoid estersaponins from fruits of Pittosporum tobira.
Tetrahedron, 58(51): 10127-10136
ERRINGTON S.G., JEFFERIES P.R., 1988 - Triterpenoid sapogenins of Pittosporum
phillyraeoides. Phytochemistry, 27(2): 543-545.

254
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005
FUJIWARA Y., HASHIMOTO K., MANABE K., MAOKA T., 2002 - Structures of tobiraxanthins
A1, A2, A3, B, C and D, new carotenoids from the seeds of Pittosporum tobira.
Tetrahedron Letters, 43(24): 4385-4388.
HIGUCHI R., KOMORI T., KAWASAKI T., LASSAK E.V., 1983 - Triterpenoid sapogenins from
leaves of Pittosporum undulatum. Phytochemistry, 22(5): 1235-1237.
RAGASA C.Y., RIDEOUT J.A., TIERRA D.S., COLL J.C., 1997 - Sesquiterpene glycosides from
Pittosporum pentandrum. Phytochemistry, 45(3): 545-547.
Rédacteur : Y BARBIN

255
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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

Premna serratifolia L. (Lamiaceae, anciennement Verbenaceae)


Premna taitensis Schauer
La révision de ce groupe pour la région reste à faire. On peut garder, pour le moment, les
deux espèces comme distinctes.

Synonymes
Pour la Polynésie, de Premna serratifolia L.
L’espèce voisine est Premna taitensis Schauer de Polynésie, variété qui se rencontre aux îles
de la Société mais semble difficiles à distinguer de Premna serratifolia (Smith, 1991).
Des synonymies complémentaires concernent la répartition asiatique de cette espèce (Pételot,
1953), mais elles seront également à vérifier lors d’une future révision du genre.

Statut IUCN, accessibilité, abondance


Non menacé.
Premna serratifolia, espèce polymorphe, qu’il est inutile de vouloir diviser en taxons
infraspécifiques, est présente à basse altitude, en buissons depuis l’Afrique de l’Est à Ceylan,
de par l’Asie du Sud-Est, les îles Ryukyu (Japon), Taiwan, la Malaisie et l’Australie
tropicale, et dans le Pacifique jusqu’aux Tuamotu (Smith, 1991).
En formation littorale sur substrat corallien et à basse altitude sur basalte, plutôt en station
ouverte de crête ou de croupe mésique, mais aussi en sous-bois peu dense de forêt de grandes
vallées.

Usages

Usages médicinaux.

Maux de ventre, d’estomac

Fidji. Le jus des feuilles écrasées est un remède pour les maux stomacaux (Smith, 1991) ; les
feuilles et la tige de Premna taitensis entrent également dans un remède de l’appendicite
(Cambie et Ash, 1994).

Maux de tête, douleurs, fièvres

Fidji. Le jus des feuilles écrasées est un remède ingéré contre les maux de tête (Smith,
1991). Les feuilles et tiges broyées de Premna taitensis et d’Epipremnum pinnatum (L.)
Engler sont données contre les « douleurs » (Cambie et Ash, 1994). Les feuilles
d’Epipremnum pinnatum sont également recommandées seules contre les maux de tête
névralgiques (Cambie et Ash, 1994).
Kiribati. Les feuilles ou les écorces de racines de Premna obtusifolia sont indiquées contre
les maux de tête (Zepernick, 1972).
Papouasie Nouvelle-Guinée. Premna taitensis entre dans un remède des maux de tête,
appendicite (Cambie et Ash, 1994). Les feuilles de Premna taitensis sont médicinales
(Cambie et Ash, 1994).
Polynésie française, Tubuai. Un remède complexe contenant Premna taitensis var
rimatarensis est indiqué contre une maladie interne non identifiée (Zepernick, 1972).

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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005
Polynésie française. L’infusion de feuilles est appliquée contre les otalgies et ingérée contre
les céphalées (Pétard, 1986) ; indication antipyrétique apparemment inconnue des anciens
Tahitiens (Pétard, 1986), mais les racines sont considérées (aujourd’hui) comme fébrifuges
(Pétard, 1986).
Samoa. Les bourgeons foliaires de Premna taitensis var rimatarensis entrent dans un
remède contre les maux de tête (Zepernick, 1972). En cas de douleurs générales, on peut
recommander Premna taitensis var rimatarensis (Zepernick, 1972). Premna serratifolia est
utilisée comme remède contre les fièvres (Whistler, 1992).
Tonga. Des bains de vapeur à partir des feuilles de Premna taitensis sont recommandés
contre les maux de tête et les fièvres (Cambie et Ash, 1994).
Tuvalu. L’écorce ou les feuilles de Premna serratifolia entrent dans des remèdes contre les
maux de tête (Whistler, 1992).

Fractures, contusions, blessures, asthme, polyarthrite rhumatoïde,


inflammation

Fidji. L’écorce entre dans des remèdes composés pour traiter les fractures osseuses (Smith,
1991). Contre les suites de coups, contusions et blessures, un remède complexe contenant les
feuilles de Premna taitensis est pris en bains de vapeur (Zepernick, 1972). La décoction
d’écorces de Premna taitensis est donnée contre la polyarthrite rhumatoïde et les
inflammations ou œdèmes (Cambie et Ash, 1994).
Niue. Premna serratifolia est utilisée contre l’asthme (Whistler, 1992).
Polynésie française. Premna taitensis est une plante médicinale en Polynésie française et
ailleurs dans le Pacifique (Cambie et Ash, 1994).
Samoa. Le jus d’expression des feuilles d’un tout jeune pied de Premna taitensis var
rimatarensis est un remède à prendre par voie orale en cas de blessure (Zepernick, 1972),
feuilles et écorces en cataplasme contre les problèmes cutanés et les blessures (Whistler,
1992). Le jus d’expression des écorces d’un individu âgé de Premna taitensis var
rimatarensis est donné en cas de blessures (Zepernick, 1972) et de difficultés respiratoires
telles que l’asthme (Zepernick, 1972). L’infusion de feuilles et d’écorces de Premna
serratifolia entre dans des remèdes contre les inflammations cutanées (Whistler, 1992).
Tonga. L’infusion de feuilles est donnée contre les inflammations (Whistler, 1992).

Infections, ORL et problèmes cutanés

Fidji. Les feuilles de Premna taitensis var rimatarensis sont broyées, exprimées, et le jus
obtenu est instillé en cas d’inflammation oculaire (Zepernick, 1972). Le jus des feuilles de
Premna taitensis serait un remède des douleurs et irritations oculaires (Cambie et Ash,
1994). Le jus des feuilles de Premna taitensis serait actif contre la sinusite ; idem pour la
décoction d’écorces. La décoction de feuilles de Premna taitensis est donnée contre la
diarrhée (Cambie et Ash, 1994).
Niue. Les feuilles de Premna taitensis sont réputées antituberculeuses (Cambie et Ash,
1994).
Samoa. Les feuilles entrent dans un remède complexe à prendre par voie orale en cas de
problèmes cutanés (Zepernick, 1972). Idem en cas d’abcès à percer, mais on se sert de
feuilles jeunes ou non (Zepernick, 1972). Les jeunes feuilles entrent dans un remède contre
la gonorrhée (Zepernick, 1972). Des parties non identifiées de Premna taitensis var

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005
rimatarensis entrent dans un remède fluide complexe pour bains oculaires (Zepernick,
1972).
Wallis et Futuna. À Futuna, on prépare une pommade oculaire avec les feuilles broyées de
Premna taitensis var rimatarensis (Zepernick, 1972). Idem en cas d’inflammation de
l’oreille externe. Idem en cas d’inflammation nasale. Idem en cas d’inflammation du cou,
mais le remède est à ingérer.

Stérilité/ fertilité

Fidji. Barnes et al. (1975) n’ont pu mettre en évidence aucune activité anticonceptionnelle
dans des extraits de feuilles, d’écorces et de tiges, obtenus par extraction par solvants et
donnés aux rats par voie alimentaire (Cambie et Brewis, 1997). Un remède complexe
contenant des écorces de Premna taitensis var. taitensis est donné par voie orale aux femmes
stériles (Zepernick, 1972). Le jus des feuilles de Premna taitensis est donné aux femmes
avant accouchement/ et pendant l’accouchement pour faciliter ce dernier (Cambie et Ash,
1994). Les écorces de Premna taitensis sont recommandées contre la stérilité féminine
(Cambie et Ash, 1994).
Samoa. Un remède complexe contenant des feuilles de Premna taitensis var. taitensis est
donné par exemple en cas d’aménorrhée (Zepernick, 1972) ; usage abortif aussi ; un usage
abortif est fait aussi des écorces de la même espèce.
Wallis et Futuna. À Futuna, les feuilles de Premna taitensis var. rimatarensis servent à la
préparation d’une pommade médicinale, utilisée contre une maladie non identifiée
probablement liée à la notion de mariage (Zepernick, 1972).

Autres

Asie. Les racines de Premna serratifolia L. sont utilisées dans l’ex-Indochine dans les
affections gastriques ; en Inde, la racine est considérée comme l’une des cinq racines
majeures et utilisée comme fébrifuge ; la décoction des feuilles étant employée contre les
rhumatismes ; en Indonésie les feuilles sont considérées comme galactogènes (Pételot,
1953). Voir aussi Dymock (1890 réimpression 1972).
Fidji. Le jus des feuilles de Premna taitensis est donné aux convalescents (Cambie et Ash,
1994) ; idem pour l’écorce. La racine de Premna taitensis serait active contre le cancer
(Cambie et Ash, 1994).
Pacifique Sud. Compilation partielle des indications de Premna serratifolia :
emménagogue, asthme et traitement post-partum, douleurs osseuses profondes, fractures
osseuses, appendicite, rhumatismes, œdèmes, céphalées, diarrhée, blessures, migraines,
inflammations testiculaires causées par des hernies ; feuilles pour irritations et inflammations
oculaires (Anon., 1998 reprenant Whistler 1992 et Weiner, 1984).
Samoa. Les feuilles de Premna taitensis var. rimatarensis servent à la préparation d’un
remède complexe pour chasser la maladie (Zepernick, 1972). Premna taitensis est
médicinale aux îles Samoa (Cambie et Ash, 1994).
Tonga. Le décocté de racines de Premna taitensis entre dans un tonique général (Cambie et
Ash, 1994).
Wallis et Futuna. Est de Futuna : pour traiter la maladie ‘avaga caractérisée par un
comportement anormal, comme dans les délires ou les psychoses, syndrome généralement
consécutif à un deuil et non associé à un comportement irrationnel ; d’abord massages
prolongés à l’eau et non à l’huile, puis application de jeunes feuilles de Premna taitensis

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005
après manducation, obtention d’un volume de la taille d’une noisette qui est diluée dans un
verre d’eau. Le produit obtenu sert à badigeonner le patient qui ne doit pas se laver jusqu’à
guérison. L’odeur forte du liniment est aussi censée chasser les esprits à l’origine de la
maladie. Sert aussi à soigner les enfants fiévreux (Biggs, 1995).

Usages en cosmétique / parfumerie

Polynésie française. Tahiti : malgré son odeur nauséeuse, l’inflorescence de Premna


obtusifolia servait autrefois aux Tahitiennes à confectionner avec un côte de feuilles de
cocotier et des corolles de fleurs de tiaré un ornement appelé horo pour leur chevelure
(Pétard, 1986 ; Teai et al., 1998), une publication de l’Université de Polynésie française,
laboratoire du Pr Bianchini.

Usage de la fibre : pouvoir calorifique du bois

Dans le Pacifique. Premna serratifolia est considéré comme l’un des meilleurs bois de
chauffe, à haut pouvoir calorifique.

Composition chimique
La racine de Premna integrifolia contiendrait une huile éthérée
aromatique (Pételot, 1953).
La racine de Premna integrifolia contiendrait une matière colorante
jaune (Pételot, 1953).
L’écorce de tronc de Premna integrifolia contiendrait deux
alcaloïdes, la premnine et la ganiarine. La premnine est
sympathomimétique chez la grenouille, avec diminution de force de
contraction du cœur et dilatation de la pupille (Pételot, 1953).
Sesquiterpènes, diterpènes, hétérosides flavoniques, iridoïdes,
dipeptide, lignane, norlignane, phytostérols, hétéroside stéroïdique,
polyisoprénoïde, alcanols (Anon. 1998).
Feuilles : lutéoline, premnalatine (bisnorlignane) et ß-sitostérol
(Dasgupta et al., 1984, Cambie et Brewis, 1997).
Feuilles : verbascoside, iridoïde hétérosidique de Premna corymbosa
var. obtusifolia (Otsuka et al., 1993).
Bois : sesquiterpènes et diterpènes (Hegnauer 1990 ; Cambie et
Brewis, 1997).
Écorces : aphélandrine (alcaloïde) (Dasgupta, 1984 ; Cambie et
Brewis, 1997).
Tiges : treize composés isolés d’un extrait MeOH de tronc de
Premna corymbosa var. obtusifolia, dont le premnafolioside et
d’autres composes phénoliques (Yuasa et al., 1993).
Bourgeons floraux : composés volatils (Teai et al., 1998).

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Pharmacologie et toxicologie
Les racines présentent une activité antimicrobienne (Cambie et Ash,
1994).
Barnes et al. (1975) n’ont pu mettre en évidence aucune activité
anticonceptionnelle dans des extraits de feuilles, d’écorces et de
tiges, obtenus par extraction par solvants et donnés aux rats par voie
alimentaire (Cambie et Brewis, 1997).
Étude de l’activité antidiabétique de Premna integrifolia (Alamgir et
al., 2001) ; activité hypoglycémique moyenne de Premna integrifolia
(Kar et al., 2003).
Premnazole, alcaloïde antiinflammatoire.
Activité anti-inflammatoire de Premna integrifolia commentée
(Prasad, 1970).
Traitement du diabète sucré en Inde par Premna integrifolia
(Shankaran et al., 1963).
Indications ayurvédiques de Premna integrifolia (Agnimantha) :
flatulence, fièvres, arthrite, « désobstruant » hépatique.
Antimigraineux ( ?) : ancien développement de Premna taitensis
comme anti-migraineux (États-Unis, G.-B. et Hollande).

À noter dans d’autres espèces du genre Premna :


Premmna tomentosa L. : activités antinociceptives et hypnotiques
trouvées dans l’extrait méthanolique de feuilles (Devi et al., 2003a)
et activités antinociceptives dans un extrait de racines de Premna
herbacea (Narayanan et al., 2000), feuilles (à comparer avec les
indications de P. serratifolia contre la douleur) ; activités
immunomodulatrices et cytoprotectrices de l’extrait de feuilles de
Premna tomentosa (Devi et al., 2003b).
Aussi activité cytotoxiques de terpénoïdes de Premna spp. (littérature
asiatique) et activité de diterpènes sur Leishmania aethiopica
(Habtemariam, 2003). Usage d’un Premna sp. à Bornéo comme
antipaludique (Leaman et al., 1995).

Itinéraire de production
Suffisamment abondant pour études préliminaires.

Orientations
Espèce particulièrement intéressante à étudier scientifiquement, mais priorité 2 ou 3 pour ses
activités hépatoprotectrices, antiseptiques, antiparasitaires (terpènes), anti-inflammatoires,
motivant déjà de nombreux travaux, notamment en Asie. Donc, inutile de se lancer dans
cette voie.

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

En revanche, un point spécial en priorité 1, mérite une attention


toute particulière : il s’agit des indications répétées et convergentes
dans le Pacifique de la médecine traditionnelle contre la douleur,
corroborées par des résultats de travaux mettant en évidence des
activités antinociceptives dans des Premna spp. asiatiques et par
l’existence d’un développement ancien (fin XIXe siècle) d’une
préparation testée autrefois de manière pseudo-clinique contre la
migraine, ce qui constitue une piste de recherche que l’on pourrait
classer en priorité 1, d’autant plus que l’une des deux espèces
entrant dans le remède (cf. annexe en fin de texte) était citée sous le
nom de Premna taitensis. Il faudrait envisager une recherche
préliminaire rapide pour savoir si le sujet mérite d’être étudié plus
avant.

Bibliographie
ALAMGIR M., ROKEYA B., HANNAN J.M.A., CHOUDHURI M.S.K., 2001 - The effect of
Premna integrifolia Linn. (Verbenaceae) on blood glucose instreptozotocin induced
type 1 and type 2 diabetic rats. Pharmazie, 56(11) : 903-904
ANON., 1998 - Medicinal Plants in the South Pacific. WHO Regional Publications, Western
Pacific Series n° 19, WHO, Manila, 254 p.
BARNES C.S., PRICE J.R., HUGHES R.L., 1975 - An examination of some reputed antifertility
plants. Lloydia, 38(2) : 135-140.
BIGGS B., 1985 - Contemporary Healing Practices in East Futuna. In: C. Parsons (ed.)
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Studies : 108-128
CAMBIE R.C., ASH J., 1994 - Fijian Medicinal Plants. Australia, CSIRO, 365 p.
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DASGUPTA B., SINHA N.K., PANDEY V.B., RAY A.B., 1984 - Major alkaloid and flavonoid of
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DEVI P.K., SAI RAM M., SREEPRIYA M., ILAVAZHAGAN G., DEVAKI T. (2003b) -
Immunomodulatory effects of Premna tomentosa extract against Cr (VI) induced
toxicity in splenic lymphocytes: an in vitro study. Biomedicine and
pharmacotherapy, 57(2) : 105-108.
DEVI P.K., SREEPRIYA M., BEVAKIT T., BALAKRISHNA K., 2003a - Antinociceptive and
hypnotic effects of Premna tomentosa L. (Verbenaceae) in experimental animals.
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DYMOCK W., WARDEN C.J.H. , HOOPER D., 2005 - Pharmacographia indica, a history of the
principal drugs of vegetable origin. New Delhi, Srishti, 2005, 3 Vols., xliv, 1884 p.
HABTEMARIAM S., 2003 - In vitro antileishmanial effects of antibacterial diterpenes from two
Ethiopian Premna species: P. schimperi and P. oligotricha. BMC Pharmacology 3 :
6.
HEGNAUER R., 1990 - Chemotaxonomie der Pflanzen : eine Übersicht über die Verbreitung
und die systematische Bedeutung der Pflanzenstoffe. 9, Nachträge zu Band 5 und
Band 6 : Magnoliaceae bis Zygophyllaceae. Basel, Bikhäuser Verlag, 786 p.
KAR A., CHOUDHARY B.K., BANDYOPADHYAY N.G., 2003 - Comparative evaluation of
hypoglycaemic activity of some Indian medicinal plants in alloxan diabetic rats.
Journal of ethnopharmacology, 84(1) : 105-108.

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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005
LEAMAN D. J., ARNASON J.T., YUSUF R., SANGAT-ROEMANTYO H., SOEDJITO H.,
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Apo Kayan, East Kalimantan, Indonesian Borneo: a quantitative assessment of local
consensus as an indicator of biological efficacy. Journal of Ethnopharmacology,
49(1) : 1-16.
NARAYANAN N., THIRUGANASAMBANATHAN P., VISWANATHAN S., KANNAPPA REDDY M.,
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OTSUKA H., WATANABE E., YUASA K., OGIMI C., TAKUSHI A., TAKEDA Y., 1993 - A
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PÉTARD P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie et Raau Tahiti. Ed. rev. et augm. Papeete,
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PÉTELOT P.A., 1952-54] - Les plantes médicinales du Cambodge, du Laos et du Viêtnam.
Tome II. Saïgon, Archives des recherches agronomiques au Cambodge, au Laos et au
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SMITH A.C., 1991 - Flora Vitensis Nova. A new Flora of Fiji (Spermatophytes only), Vol. 5.
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TEAI T., BIANCHINI J.P., CLAUDE-LAFONTAINE A., CAMBON A., 1998 - Volatile constitutents
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WEINER M.A., [1984] - Secrets of Fijian Medicine. 141 p.
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Verlag von Dietrich Reimer, Berlin, 307 p.

Rédacteur : C. CABALION

262
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Sigesbeckia orientalis L. (Asteraceae)


Nom vernaculaire : Amia (Tahiti), Niou (Marquises).

Statut UICN, accessibilité, abondance


Herbacée adventice abondante aux Marquises ou aux Australes (vieilles introductions ayant
reculé ou disparu devant des vagues plus récentes à Tahiti, parfois cultivée dans les jardins
traditionnels), rare à Tahiti (Pétard, 1986).
Végétation rudérale de basse à moyenne altitude, en station ouverte, mésique à humide.
Distribution géographique : Australes, Gambier, Marquises, Société.

Usages
Usage médicinal contre la teigne, la gale, les maladies de peau, les ulcères, la tension, les
coups, l’arthrite, ou comme antidote contre des poisons (Perry, 1980).

Composition chimique
L’huile des graines contient 20 % d’acides, coronarique (16 %) et vernolique (4 %) (Ansari
et al., 1987), à côté des acides gras habituels.
Glucoside diterpénique : darutoside.
Lactones sesquiterpéniques (orientin).
Lactones sesquiterpéniques, germacranolides, melampolides (orientalide), dérivés de
géranylnérol, ent-pimarènes, darutigénol, (Baruah et al., 1979 ; Barua et al., 1980 ; Zdero et
al., 1991).
Un des experts signale que plusieurs acides, nommés acide
siegesesterique (I) et acide siegesetherique, ont été isolés des parties
aériennes. Ils présentent une structure chimique nouvelle : acides
ent-17-acétoxy-18-isobutyryloxy-16(alpha)-kauran-19-oïque et ent-
17-éthoxy-16(alpha)-(-)-kauran-19-oïque. (Da et al., 1997). D’autres
composés connus ont été isolés : acide ent-16-bêta-17-dihydroxy-
kauran-19-oïque, glucoside de bêta-sitostérol, héneicosanol, méthyl-
et bêta-sitostérol.

Pharmacologie et toxicologie
À la Réunion, on l’utilise à l’extérieur comme vulnéraire pour soigner les entorses, les
contusions, pour panser les plaies, comme succédané de l’arnica (Pétard, 1986).
Effet anti-exudatif pour soigner les rhumatismes (Do Trung et Ha Ngoc, 2001).
En Chine, des extraits sont anti-inflammatoires et analgésiques dans le traitement de
l’arthrite (Kosuge et al., 1985).
Un des experts signale les activités suivantes : activité anti-
allergique de la plante entière par inhibition de la production
d’immunoglobulines E (Hwang et al., 2001). Propriétés
antiradicalaires de l’extrait butanolique de la plante (Kang et al.,
2003).

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005
Intérêt industriel
Les huiles de graines pourraient être utilisées comme stabilisants dans les plastiques (Ansari
et al., 1987).
Les propriétés anti-allergiques, anti-inflammatoires, antiradicalaires démontrées convergent
vers des applications en dermo cosmétique.
Les experts considèrent cependant qu’en raison de son aire de
répartition assez large, il sera prudent avant d’entreprendre toute
initiative de R&D de bien vérifier si des recherches avancées
n’auraient pas été menées d’en d’autres régions du monde,
accompagnées de prises de brevets sur les propriétés démontrées.

Bibliographie
ANSARI M.H., SUHAIL A., AHMAD F., AHMAD M., OSMAN S.M., 1987 - Co-occurrence of
coronaric and vernolic acids in Compositae seed oils. Fett Wissenschaft Technologie,
89(3): 116-118.
BARUA R.N. SHARMA R.P. THYAGARAJAN G., HERZ W., GOVINDAN S.V., 1980 - New
melampolides and darutigenol from Sigesbeckia orientalis. Phytochemistry, 19(2):
323-325.
BARUAH R.N., SHARMA R.P., MADHUSUDANAN K.P., THYAGARAJAN G., HERZ W., MURARI
R., 1979 - A new melampolide from Sigesbeckia orientalis. Phytochemistry, 18(6) :
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DO TRUNG D., HA NGOC T., 2001 - Acute antiinflammatory effect of the antirheumatic drug
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GUO DA., ZHANG Z.G., YE G.Q., LOU Z.C., 1997 – [Studies on liposoluble constituents from
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HWANG W.J., PARK E.J., JANG C.H., HAN S.W., OH G.J., KIM N.S., KIM H.M., 2001 -
Inhibitory effect of immunoglobulin E production by jin-deuk-chal (Siegesbeckia
orientalis). Immunopharmacology and Immunotoxicology, 23(4) :555-563
KANG D.J., YUN C., LEE H.S., 2003 - Screening and comparison of antioxidant activity of
solvent extracts of herbal medicines used in Korea. Journal of Ethnopharmacology,
87(2-3) : 231-236.
KOSUGE T., YOKOTA M., SUGIYAMA K., YAMAMOTO T., MURE T., KUROKI Y., KOSE T.,
YAMAZAWA H., 1985 - Studies on bioactive substances in the Chinese Materia
Medica used for arthritic diseases in traditional Chinese medicine. I. Anti-
inflammatory and analgesic effect of Chinese Materia Medica used for arthritic
diseases. Yakugaku Zasshi, 105(9) : 845-847.
PERRY L.M., METZGER J., 1980 - Medicinal plants of East and Southeast Asia: attributed
properties and uses. Cambridge, MA., MIT Press, 620 p.
PÉTARD P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie et Raau Tahiti. Ed. rev. et augm. Papeete,
Haere Po No Tahiti, 345 p.
ZDERO C., BOHLMANN F., KING R. M., ROBINSON H., 1991 - Sesquiterpene lactones and
other constituents from Siegesbeckia orientalis and Guizotia scabra. Phytochemistry,
30(5) : 1579-1584.

Rédacteur : F. DEMARNE

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Tacca leontopetaloides (L.) Kuntze (Taccaceae)

Synonyme
Tacca pinnatifida J. R. & G. Forst.

Statut UICN, accessibilité, abondance


Rare à peu abondante, localement parfois très abondante (station) ; depuis l’Asie du Sud-Est
à travers le Pacifique jusqu’aux Tuamotu ; géophyte (tubercule, parties aériennes feuilles et
inflorescences caduques).

Usages
Source d’amidon.
Les tubercules sont réputés laxatifs dans les îles Cook et Rarotonga (Whistler, 1985 ;
Holdsworth, 1991).
L’amidon de Tacca leontopetaloides a été traditionnellement consommé en Mélanésie puis il
a servi pendant des décennies d’ingrédient épaississant du secteur alimentaire britannique.
Très populaire en Australie vers 1850, la farine était censée aider à la croissance des jeunes
enfants. La toxicité de cet amidon semble donc improbable, si le procédé d’extraction reste
identique à ce qu’il était. Voir aussi les différents usages modernes de cette farine, dans les
autres remarques.
Aliment traditionnel impopulaire au Vanuatu, comme le sagou, les deux étant obtenus au
terme d’une préparation très laborieuse. Délaissés et devenus obsolètes depuis l’introduction
au XIXe siècle du manioc. Le Tacca leontopetaloides, ou arrow root en anglais, a été
largement cultivé au Vanuatu par les missions presbytériennes dans un but
d’autofinancement. Cet amidon était exporté en Grande-Bretagne et dans les colonies
britanniques comme ingrédient dans la fabrication de biscuits. La fin de ce commerce initié
par l’église presbytérienne date des années 1960 (Weightman, 1989).
Une compagnie australienne produit toujours les « Arnott’s Milk Arrowroot », biscuits bien
connus au Vanuatu et en Nouvelle-Calédonie dont l’emballage porte toujours le mot « arrow
root », mais l’utilisation actuelle de cette farine n’est pas mentionnée.

Composition chimique
Pourrait contenir des saponines toxiques au vu de ce qui existe dans d’autres espèces de
tacca (Mimaki et al., 2001 ; Yokosuka et al., 2002a ; Yokosuka et al., 2002b) et au vu aussi
des informations de Pétard sur le sujet (Pétard, 1986).
Contient des saponines stéroïdiques (Abd El Aziz et al., 1990).

Pharmacologie et toxicologie
Les extraits aqueux peuvent se révéler des produits de désinfection des eaux contre les
formes larvaires (cercaires) de certains parasites (Elsheikh et al., 1990).
Activité molluscicide (Abd El Aziz et al., 1990 ; Abdel Aziz et al., 1990 ; Elsheikh et al.,
1990 ; Vasanth et al., 1990) utilisable dans la lutte contre la malaria.

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Orientations
Retenue dans sélection restreinte.

C’est le « arrow root » polynésien. À l’instar de ce qui se fait en Guadeloupe, il pourrait être
intéressant de produire localement un aliment type « tapioca », ou « arrow root » destiné aux
enfants et nourrissons, à faible teneur en gluten (teneur à vérifier). Une plante intéressante
comme « new food ».

Bibliographie
ABD EL AZIZ A.M.E., BRAIN K.R., BLUNDEN G., CRABB T., BASHIR A. K., 1990 - Steroidal
sapogenins from Tacca leontopetaloides. Planta Medica, 56(2) : 218-221.
ABDEL AZIZ A., BRAIN K., BASHIR A.K., 1990 - Screening of Sudanese plants for
molluscicidal activity and identification of leaves of Tacca leontopetaloides (L.) O.
Ktze (Taccaceae) as a potential new exploitable resource. Phytotherapy Research,
4(2) : 62-65.
ELSHEIKH S.H., BASHIR A.K., SULIMAN S.M.N EL WASSILA M., 1990 - Toxicity of certain
Sudanese plant extracts to cercariae and miracidia of Schistosoma mansoni.
International Journal of Crude Drug Research, 28(4) : 241-245.
HOLDSWORTH D. K., 1991 - Traditional medicinal plants of Rarotonga, Cook Islands. Part II.
International Journal of Pharmacognosy, 29(1) : 71-79
MIMAKI Y., YOKOSUKA A., KURODA M., SASHIDA Y., 2001 - Cytotoxic activities and
structure-cytotoxic relationships of steroidal saponins. Biological and
Pharmaceutical Bulletin, 24(11) : 1286-1289.
PÉTARD P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie et Raau Tahiti. Ed. rev. et augm. Papeete,
Haere Po No Tahiti, 345 p.
VASANTH S., GOPAL R. H., RAO R. B., 1990 - Plant anti-malarial agents. Journal of Scientific
and Industrial Research, 49(2) : 68-77.
WEIGHTMAN B., 1989 - Agriculture in Vanuatu, a historical review. Cheam, The British
friends of Vanuatu, 320 p.
WHISTLER W.A, 1985 - Traditional and Herbal Medicine in the Cook Islands. Journal of
Ethnopharmacology, 13(3) : 239-280.
YOKOSUKA A., MIMAKI Y., SAKAGAMI H., SASHIDA Y., 2002a - New diarylheptanoids and
diarylheptanoid glucosides from the rhizomes of Tacca chantrieri and their cytotoxic
activity. Journal of Natural Products, 65(3): 283-289.
YOKOSUKA A., MIMAKI Y., SASHIDA Y., 2002b - Spirostanol saponins from the rhizomes of
Tacca chantrieri and their cytotoxic activity. Phytochemistry, 61(1): 73-78.

Rédacteur : F. DEMARNE

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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

Terminalia glabrata G. Forst. f. var. brownii F. R. Fosberg & M. H.


Sachet (Combretaceae)
L’espèce est divisée par Fosberg & Sachet (1981) en cinq variétés réparties entre les îles
Cook, Marquises, Société, Australes et Tuamotu (Smith, 1985,).
À comparer avec Terminalia catappa L., car il n’existe pratiquement pas de documentation
sur la variété concernée par cette fiche.
Synonyme exclu : Terminalia glabrata sensu A. Gray, syn. de Terminalia littoralis
Seemann.

Statut IUCN
Faible risque à vulnérable.

Accessibilité

Répartition

Polynésie : Terminalia glabrata et variétés, Terminalia catappa.


Monde tropical y compris aujourd’hui la Polynésie française.
En 1845, il est probable que le seul autaraa disponible était Terminalia glabrata Forster,
tandis que l’autaraa correspondant à Terminalia catappa L. (Grépin et Grépin, 1980) n’était
pas encore introduit ou disséminé en Polynésie.
Cette dualité se retrouve dans la phytonymie tahitienne actuelle (Pétard, 1986) :
– autaraa maohi (Terminalia glabrata et sa variété endémique : Terminalia glabrata var
brownii F. R. Fosberg & M. H. Sachet).
– autaraa popaa, Terminalia catappa L., espèce introduite, et dans la phytonymie
marquisienne : maii, koai, kouaii (Terminalia glabrata Forster et sa variété endémique), maii
haoi (T. catappa).

Usages

Usages médicinaux

Application sur la peau : aperçu de ces usages dans le monde dans Cabalion (1999) ;
Polynésie française : contre l’érysipèle, F de T. glabrata + boutons de Gardenia taitensis
(Pétard, 1986).

Autres usages

Nouvelle-Calédonie :
– Feuilles, écorces, fruits de Terminalia catappa sont astringents, fébrifuges (Rageau, 1973).
– Feuilles, écorces, fruits de Terminalia catappa sont astringents, antidiarrhéiques (Rageau
1973).
– Les feuilles de Terminalia catappa seraient sudorifiques (Rageau, 1973).
– Les feuilles de Terminalia catappa seraient antirhumatismales (Rageau, 1973).
– Les feuilles de Terminalia catappa seraient utilisées pour soigner certaines affections
gastro-intestinales ou hépatiques (Rageau, 1973).

267
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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005
Polynésie française :
– Contre la dysenterie : autara (Terminalia glabrata) (Comeiras, 1845)
– Contre la syphilis, 3 recettes composées (Grepin et Grepin, 1980)
– Contre la gonococcie, 1 recette composée (Grepin et Grepin, 1980)
– Contre l’urétrite gonococcique de gravité variable, 4 recettes composées (Grepin et Grepin,
1980)
– Contre les bronchites : feuilles et jeunes pousses (Pétard, 1986)
– Contre l’enflure des testicules et du ventre provoquée par la lymphangite, remède raau hua
e rahi e topu comportant les jeunes pousses (Pétard, 1986)
Reste du monde :
Revue non effectuée ici, très nombreuses indications de nature diverse.

Usages alimentaires
Graine oléagineuse comestible

Nouvelle-Calédonie : de Terminalia catappa L. (Badamier), arbre originaire de Malaisie,


communément planté dans les jardins, donne un fruit à amande oléagineuse, comestible
(Rageau, 1973).
Pacifique Sud : l’amandier de l’Inde, Terminalia cattapa L. (sic), présent dans la plupart des
territoires du Pacifique Sud, donne une amande comestible très fréquemment utilisée
(Massal et Barrau, 1956).
Polynésie française : amandes comestibles, de 0,4 à 1 g représentant 5 % du poids des fruits
séchés (8 à 15 g). Une fois grillées, ces amandes remplacent les amandes ou noisettes. Il faut
casser un millier de fruits pour obtenir un kg d’amande. L’amande contient environ 50 % de
son poids en huile comestible (Pétard, 1986). Ces données doivent être cependant
considérées en tenant compte des problèmes de phytonymie tahitienne actuelle signalés plus
haut.

Composition chimique
Présence de tanin mise à profit jusqu’en 1945 en Polynésie française dans le tannage des
cuirs (Pétard, 1986).
Les composés pigmentés que sont violaxanthine, violéoxanthine, époxide de lutéine, lutéine,
deux isomères de la lutéine et de la cryptoxanthine, sont identifiés dans des extraits de
feuilles de Terminalia catappa (leaves). Concentration plus faible après saponification.
Conservateur nécessaire pour éviter l’oxydation (Lopez-Hernandez et al., 2001).
Dix-huit composés identifiés dans les extraits de feuilles de Terminalia catappa au CO2
supercritique, dont trois majoritaires : acétate d’éthyle, 6,10,14-triméthyl-2-pentadécanone et
phytol. Le (E,E)-2,4-decadienal joue un rôle odorant significatif, « odeur huileuse » malgré
sa faible concentration, de même qu’une ionone à odeur florale et fruitée (Mau et al., 2003).
Extrait aqueux de Terminalia catappa ; tanins présents, dont la punicalagine et la punicaline
(Lin et al., 2001).
Présence de squalène dans les extraits au CO2 supercritique d’organes divers lyophilisés de
Terminalia catappa, relativement importante, 12,29 %, dans les extraits de feuilles
sénescentes (« feuilles abscissiques »), moindre dans les feuilles adultes, pratiquement nulle
dans les jeunes feuilles, nulle dans les graines (Ko et al., 2002).

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

Pharmacologie et toxicologie
Pour comparaison éventuelle avec T. catappa :
Activité antimutagène et cytotoxiques in vitro sur hépatomes
humains d’un extrait CO2 supercritique de feuilles de Terminalia
catappa (Ko et al., 2003).
Activité antidiabétique d’extraits de fruits de Terminalia catappa à
l’éther de pétrole, au MeOH et à l’eau sur rats traités à l’alloxane, et
régénération du pancréas par les extraits au MeOH et à l’eau
(Nagappa et al., 2003).
Activité antibactérienne su Gram+ et Gram- (S. aureus et E. coli)
d’extraits de racines de Terminalia catappa (Pawar et Pal, 2002).
Activité antibactérienne et antifongique d’extraits de Terminalia
catappa (Goun et al., 2003).
Activité antinociceptive, mais ni antihyperalgésique ni anti-
inflammatoire, des jeunes feuilles de Terminalia catappa
(Ratnasooriya et al., 2002).
Activité antiradicalaire d’un extrait aqueux de Terminalia catappa ;
activité la plus forte parmi les tanins présents : la punicalagine et la
punicaline (Lin et al., 2001).
Extraits au CO supercritique d’organes divers lyophilisés de
Terminalia catappa. Activité antioxydante et antiradicalaire des
feuilles (Ko et al., 2002).
Activité antioxydante d’extraits MeOH de feuilles jeunes (vertes),
adultes (jaunes) et mortes (rouges) de Terminalia catappa. Étude du
pouvoir réducteur, antiradicalaire et chélateur en fonction du solvant
utilisé, méthanol, acétate d’éthyle, dichlorométhane, pentane (Chyau
et al., 2002).
Activités antioxydantes d’autant plus marquées que les feuilles de
Terminalia catappa extraites sont âgées (Mau et al., 2003).
Inhibition dose-dépendante par un extrait EtOH de feuilles de
Terminalia catappa sur la variation falciforme d’érythrocytes induite
par une solution à 2 % de métabisulfite de Na. Augmentation du
temps de coagulation. Intérêt potentiel pour traiter les affections
caractérisées par cette forme d’érythrocytes falciformes (Mgbemene
et Ohiri, 1999).

Intérêt industriel
Secteur de la pharmacie. Activités originales, telles que la protection du pancréas et celle
des hématies contre induction de la forme falciforme (priorité 3).
Secteur de la dermato-cosmétique. Inhibition d’enzymes cutanées, si des extraits de
feuilles de Terminalia glabrata var. brownii donnaient des activités similaires à celles

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005
o
décrites dans le brevet français n 96 15793 (dépôt 20.12.1996) et dans le brevet WO
98/27956, notamment sur phospholipaseA2 et phosphodiestérase (extrait aqueux). (priorité
1).
Secteur des compléments alimentaires. Développement des activités probables
antiradicalaires, antixydantes et chélatrices d’extraits de feuilles de Terminalia glabrata var.
brownii (priorité 2).

Mode de protection
Problème éventuel : association de Terminalia catappa avec un champignon endophyte,
Cryptococcus neoformans var. gattii sérotype C , en Colombie (Escandon et al., 2002).
Pas d’altérations après 100 jours de jeunes pousses de Terminalia catappa infectées de
Cryptococcus neoformans var. gattii, sérotype C, en Colombie (Huerfano et al., 2001).

Orientations
Priorité 1, dermatocosmétique, voir « Intérêt industriel ».

Bibliographie
CABALION P., 1999 - Terminalia catappa L. in traditional medicines for skin ailments and
comments. Rapport non publié.
CHYAU C.C., TSAI S.Y., KO P.T., MAU J.L., 2002 - Antioxidant properties of solvent extracts
from Terminalia catappa leaves. Food chemistry, 78(4) : 483 – 488.
COMEIRAS J.R.A. de, 1845 - Topographie médicale de l'archipel de la Société. Thèse de
docteur en médecine, Faculté de médecine de Montpellier, 120 p.
ESCANDON P, HUERFANO S, CASTANEDA E., 2002 - [Experimental inoculation of Terminalia
catappa seedlings with an environmental isolate of Cryptococcus neoformans var.
gattii serotype C]. Biomedica, 22(4) : 524-528.
GOUN E, CUNNINGHAM G, CHU D, NGUYEN C, MILES D., 2003 - Antibacterial and antifungal
activity of Indonesian ethnomedical plants. Fitoterapia, 74(6) : 592-596.
GRÉPIN F., GRÉPIN M., 1980 - La médecine tahitienne traditionnelle. Paris : Direction des
centres d’expérimentations nucléaires, Service mixte de contrôle biologique, 151 p.
HUERFANO S., CASTANEDA A., CASTANEDA E., 2001 - Experimental infection of almond
trees seedlings (Terminalia catappa) with an environmental isolate of Cryptococcus
neoformans var. gattii, serotype C. Revista iberoamericana de micología, 18(3) :
131-132.
KO T.F., WENG Y.M., LIN S.B., CHIOU R.Y., 2003 - Antimutagenicity of supercritical CO2
extracts of Terminalia catappa leaves and cytotoxicity of the extracts to human
hepatoma cells. Journal of agricultural and food chemistry, 51(12) : 3564-3567.
KO T.F., WENIG Y.M., CHIOU R.Y.Y., 2002 - Squalene content and antioxidant activity of
Terminalia catappa leaves and seeds. Journal of agricultural and food chemistry,
50(19) : 5343-5348.
LIN C.C., HSU Y.F., LIN T.C., 2001 - Antioxidant and free radical scavenging effects of the
tannins of Terminalia catappa L. Anticancer research, 21(1A) : 237-243.
LOPEZ-HERNANDEZ E., PONCE-ALQUICIRA E., CRUZ-SOSA F., GUERRERO-LEGARETTA I.,
2001 - Characterization and stability of pigments extracted from Terminalia catappa
leaves. Journal of food science, 66(6) : 832-836.
MASSAL E., BARRAU J., 1956 - Plantes alimentaires du Pacifique Sud. Nouméa, CPS,
Document Technique No. 94, 91 p.

270
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005
MAU J.L., KO P.T., CHYAU C.C., 2003 - Aroma characterization and antioxidant activity of
supercritical carbon dioxide extracts from Terminalia catappa leaves. Food research
international, 36(1) : 97-104.
MGBEMENE C.N., OHIRI F.C., 1999 - Anti-sickling potential of Terminalia catappa leaf
extract. Pharmaceutical biology. 37(2) : 152-154.
NAGAPPA A.N., THAKURDESAI P.A., VENKAT RAO N., SINGH J., 2003 - Antidiabetic activity
of Terminalia catappa Linn fruits. Journal of ethnopharmacology, 88(1) : 45-50.
PAWAR S.P., PAL S.C., 2002 - Antimicrobial activity of extracts of Terminalia catappa root.
Indian Journal of Medicinal Sciences, 56(6) : 276-278.
RAGEAU J, 1973 - Les plantes médicinales de la Nouvelle-Calédonie. Paris, ORSTOM,
(Travaux et Documents de l'ORSTOM (FRA), No 23), 139 p.
RATNASOORIYA W.D., DHARMASIRI M.G., RAJAPAKSE R.A.S., DE SILVA M.S.,
JAYAWARDENA S.P.M., FERNANDO P.U.D., DE SILVA W.N., NAWELA A.J.M.D.N.B.,
WARUSAWITHANA R.P.Y.T., JAYAKODY J.R.C., DIGANA P.M.C.B., 2002 - Tender
leaf extract of Terminalia catappa antinociceptive activity in rats. Pharmaceutical
biology, 40(1) : 60–66.
SMITH A.C., 1991 - Flora Vitensis Nova. A new Flora of Fiji (Spermatophytes only), Vol. 5.
National Tropical Botanical Garden, Hawaii, 626 p.

Rédacteur : C. CABALION

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005

Wikstroemia coriacea Seemann (Thymelaeaceae)


Il y a eu un réel problème nomenclatural sur ce nom : le type représente une Rubiacée. Le
premier nom disponible pour la région est W. coriacea Seemann. W. foetida a été largement
utilisé à tort, la synonymie doit donc s’établir ainsi :

Synonymes
– W. coriacea Seemann
– Daphne foetida auct. pl. non s. typi.
– W. foetida auct. pl. non s. str.
NB. Il existe un genre Wikstroemia dans les Asteraceae et Wikstroemia dans les
Ternstroemiaceae.
Ces deux noms de genres sont des homonymes, l’un est un nom à rejeter, l’autre un
homonyme postérieur. Wikstroemia Endl. (Thymel.) est un nom à conserver.

Statut IUCN
Non menacé, moyennement accessible et ± répandu.

Autres espèces du genre présentes en Polynésie française

Wikstroemia caudata J. W. Moore, endémique de Raiatea.


Wikstroemia johnplewsii Wagner & Lorence, endémique des
Marquises.
J. J. Halda (2000) propose le nom Daphne confusa nomen nov. pour
ce taxon. Cette publication confidentielle (Acta Mus. Richnov en
Tchéquie) n’étant pas accessible lors de la rédaction de la fiche
produit, nous n’avons pas pu vérfier les arguments qui permettent à
l’auteur de replacer cette espèce (et donc probablement le genre
Wikstroemia) dans le genre Daphne. En tous les cas, cela ne modifie
pas la correction du nom dans le genre Wikstroemia.

Accessibilité (répartition géographique et type biologique)


Arbuste indigène croissant dans les stations ouvertes de végétation mésique à ombrophile de
basse à haute altitude aussi sur substrat corallien de motu.
Distribution géographique : Australes, Marquises, Société.

Usages
Toxique.

Usage médicinal

Les guérisseurs l’employaient comme purgatif drastique, vomitif, vésicant et narcotique


permettant de traiter la blennorragie, la syphilis, les empoisonnements par certains poissons.
Dans le cas d’urétrite, les feuilles sont utilisées en association avec Amaranthus gangeticus
(sommités) et Lindernia crustacea (plante entière).

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Fiches ressources végétales – Groupe 2 © IRD éditions 2005
Plantes du genre :
– L’écorce sert à fabriquer du papier.
– Le bois est une source d’encens.
Wikstroemia sp est employée comme ichtyotoxique à Hawai sous le nom de akia (Heizer,
1953).

Composition chimique
La variété W. foetida var. oahuensis Gray (connue actuellement sour le nom W. oahuensis)
contient plusieurs lignanes : wikstromol, daphnorétine, pinorésinol, syringarésinol.

Pharmacologie et toxicologie
Le wikstromol a présenté une activité antitumorale vis-à-vis de cellules P-388 (leucémie
lymphocytaire) (Torrance et al., 1979).
De plus, le syringarésinol est une molécule à activité anti- agrégante plaquettaire (Bruneton).
Le glucoside de pinorésinol est une molécule à activité antihypertensive (Bruneton).
À noter l’ntérêt des lignanes et de leurs dérivés dans la prévention des cancers de la prostate,
de l’utérus et du sein.

Contraintes réglementaires
Aucune si considéré comme une matière première nécessaire à l’extraction.

Orientations
Toxique.
Pourrait être une source de molécules à activités thérapeutiques intéressantes .Les molécules
isolées peuvent présenter un intérêt. Études phytochimique et pharmacologique.

Bibliographie

HEIZER R.F., 1953 - Aboriginal Fish Poisons. Anthropological Papers, 33-42(38) : 225-283
TORRANCE S., HOFFMANN J.J., COLE J.R., 1979 - Wikstromol, antitumor lignan from
Wikstroemia foetida var. oahunensis Gray and Wikstroemia uva-ursi Gray
(Thymeleaceae). Journal of Pharmaceutical Sciences, 68(5) 664-665.

Rédacteur : I. FOURASTÉ

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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Fiches végétales groupe 3

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Allophylus rhomboidalis (SAPINDACEAE)

Synonymes
Des noms comme A. cobbe, marquesensis, rapensis, ternata et timorensis circulent pour
cette entité taxonomique qui reste à étudier dans un champ plus large, au niveau du Pacifique
entier. La convention retenue en l’absence d’une révision, est de prendre le nom le plus
ancien pour la région, il s’agit de A. rhomboidalis.

Accessibilité, répartition géographique


Basse et moyenne altitude, accessible à difficilement accessible.
Le plus souvent dispersée et peu abondante.

Statut IUCN
Vulnérable à non menacé.

Usages
Pas d’usage connu de l’espèce.

Composition chimique
Genre : présence de flavonoïdes et de coumarines.
Espèce : non étudiée à notre connaissance.

Pharmacologie et toxicologie
Genre : antihépatotoxique, relaxant musculaire (forte activité), antiviral, antioxydant.
Espèce : non étudiée à notre connaissance.

Orientations
Recherche : intérêt chimiotaxonomique, espèce non étudiée.
Valorisation : pas de possibilité de valorisation à court et moyen terme.
Non prioritaire.

Rédacteur : B. WENIGER

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Alstonia costata (APOCYNACEAE)


A. costata est le bon nom pour le complexe d’espèces du Pacifique sud (Fidji, Société et
Marquises) (Sidiyasa, 1998), mais comme pour Alyxia, trop de taxons y ont été rassemblées.
Il est probable que seront distinguées au moins comme ssp. de A. costata, les taxons des
Marquises et de Raiatea.

Synonymes
Statut taxonomique non clarifié entre :
– Alstonia marquisensis
– Alstonia elliptica
– Alstonia costata var. costata

Statut IUCN
– A. costata sensu stricto est une espèce non menacée et facile d’accès,
abondant à peu commun de moyenne et haute altitude.
– A. marquisensis, si l’on maintient le taxon, est peu commun, d’accessibilité
moyenne.
– A. elliptica, accessibilité aisée, peu commun mais suffisant pour analyses
préliminaires.

Composition chimique
Genre : nombreux travaux publiés sur les alcaloïdes mono et bis indoliques.
Espèce : non étudiée à notre connaissance.

Pharmacologie et toxicologie
Genre : nombreux travaux publiés sur les activités biologiques des alcaloïdes indoliques
(antimicrobienne, antiplasmodiale, antitumorale).
Espèce : non étudiée à notre connaissance

Orientations
Recherche : intérêt chimiotaxonomique. Espèce non étudiée. L’étude comparative du
contenu alcaloïdique des 3 supposées espèces A. elliptica ,A marquisensis et A. costata est à
faire.
Valorisation : les alcaloïdes des Alstonia ont des propriétés biologiques que l’on peut
qualifier de sévères, qui ne présentent pas selon nous de possibilité de valorisation à court et
moyen terme.

Bibliographie

SIDIYASA K., 1998 - Taxonomy, phylogeny, and wood anatomy of Alstonia (Apocynaceae).
Blumea, Suppl.11: 230p.

Rédacteur : C. MORETTI

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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Alyxia stellata var. stellata (APOCYNACEAE)


Problème taxonomique, 3 variétés au statut non définitif, seule la variété-type prise en
compte ici
Localisée mais abondante sur les crêtes de moyenne et haute altitude à Tahiti et Moorea,
plateau de Temehani à Raiatea

Usages
Parfum.
Les écorces et le bois râpés sont mis à macérer dans de l’huile de coco pour parfumer celle-ci
(Pétard 1986).
Utilisation possible d’extrait d’écorce comme agent antiviral associé (demande de brevet
européen EP0568001, 1993, peu pertinent et pas délivré).

Composition chimique
Pas d’information

Pharmacologie et toxicologie
Pas d’information

Bibliographie

PÉTARD P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie française et raau Tahiti. Ed. revue et
augmentée par Koenig D.& K., Koenig R., Koenig D. (eds.), Cordonnier G. (ill.),
Tahiti, Editions Here po no Tahiti, 354 p.

Rédacteur : Y. BARBIN

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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Argusia argentea (L.f.) Heine (BORAGINACEAE)

Synonymes
Argusia argentea (L.f.) G. Murata
Messerschmidia argentea I.M. Johnston
Tournefortia argentea L.f.

Accessibilité, répartition géographique


Espèce pionnière dans les atolls, grâce à ses graines capables de flotter en gardant leur
capacité germinative.
Bord de mer, plante halophile (Smith, 1991)
Plages coralliennes des Tuamotu, rare à Tahiti (Pétard, 1986).
Répartition (Smith, 1991) : côtes d’Afrique de l’Ouest, côtes de l’Asie tropicale jusqu’aux
îles Ryukyu, côtes de l‘Australie du nord, régions côtières des Iles du Pacifique tropical.
Noms océaniens : (Cambie et Ash, 1994 ; Zepernick, 1972 ; Sterly, 1970)
Maladie des graines : southern blight of Tournefortia argentea L.f. (TFRI, 2002)

Usages
Ciguatera et antidote
– Cook : bourgeons foliaires + coco sec, broyés : extrait appliqué en cas de
douleurs locales, ‘rhumatismes’
– Fidji : liquide d’expression des racines [+ autres plantes, (Smith, 1991)] :
remède contre rhumatismes touchant les muscles et les articulations (Weiner, 1984)
(NB : voir NC, probablement symptômes de la ciguatera) (Zepernick, 1972)
– Nouvelle-Calédonie : décocté de feuilles anti-ciguatera, d’où le nom d’
‘arbre à gratte’ en NC (Pétard, 1986), en fait en Nouvelle-Calédonie le nom est
‘faux-tabac’.
– Nouvelle-Calédonie : Remède le plus populaire contre la ciguatera, d’où
difficulté à en trouver sur Nouméa. Infusion ou décoction de feuilles anti-prurit
(Rageau, 1973 ; Bourret, 1981)
– Nouvelle-Calédonie : décoction d’écorces contre ciguatera très forte
(Bourret, 1981)
– Nouvelle-Calédonie : écorces et feuilles contre les éruptions cutanées,
notamment suites de ciguatera (Sterly, 1970)
– Polynésie française : décocté de feuilles réputé dépuratif, jeunes pousses
appliquées sur piqûres nohu (Pétard, 1986) [= rascasses, poisson-pierre, stone-fish,
etc)
– Pacifique, nombreux archipels : décocté de feuilles ou infusion d’écorces =
remède populaire contre la gratte (ciguatera).
– Polynésie : infusion de feuilles contre intoxications alimentaires (Whistler,
1992)
– Samoa : infusion de feuilles de Hoya australis + feuilles d’Argusia argentea
contre problèmes stomacaux (Whistler, 1992).
– Tonga : infusion de feuilles contre ciguatera, et piqûres de nofu et kopoa, =
rascasses (Whistler, 1992)
– Vanuatu : décocté d’écorces contre le prurit à la suite de ciguatera (Sterly,
1970).

278
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Partum et post-partum, fertilité ou anticonception


– Fidji : liquide d’expression des racines dans un remède contre les faiblesses
post-partum et comme galactogène (Weiner, 1984).
– Kiribati (ex Iles Ellice) : jus des fruits verts dilué d’eau douce, chaque matin
pendant trois jours comme abortif ou anticonceptionnel (Cambie et Ash, 1994)

Anti-infectieux, anti-mycosique
– Fidji et Pacifique : écorce contre la teigne tonsurante et toute mycose
cutanée (Cambie et Ash, 1994)
– Fidji : parties de plante non citées dans un remède contre infections
maternelles post-partum (Weiner, 1984).
– Polynésie française : décocté de feuilles réputé dépuratif, serait
spécifiquement anti-staphylocoques (Pétard, 1986).
– Samoa : contre les furoncles dans l’oreille externe ou les narines (Cambie et
Ash, 1994).
– Tonga : infusion de feuilles contre. plaies infectées, et piqûres de nofu et
kopoa, = rascasses (Whistler, 1992).

Toux, tuberculose
– Kiribati (ex Iles Ellice) : jus d’expression de feuilles ou de racines écorcées
en cas de toux avec hémoptysie et douleurs au ventre (Zepernick, 1972)

Antipyrétique
– Nouvelle-Calédonie : jus des feuilles mâchées avec nourriture contre fièvres
périodiques (Bourret, 1981)
– Samoa : antipyrétique (Cambie et Ash, 1994)
– Samoa : liquide d’expression de feuilles de Scaevola sericea et d’Argusia
argentea per os contre les frissons de fièvre (Zepernick, 1972).

Anti-hémorragique
– Tokelau : comme anti-hémorragique par application de feuilles sur blessures
saignant fortement (Zepernick, 1972) ; jus extrait des racines instillé en cas de
douleurs auriculaires (Zepernick, 1972)
– Tuvalu : application comme anti-hémorragique sur coupures (Cambie et
Ash, 1994).

Composition chimique
Espèce halophile : sels minéraux : sodium, calcium
alcaloïdes (Ogihara et al., 1997)

Pharmacologie et toxicologie
feuilles : activité antimicrobienne (Cambie et Ash, 1994)
feuilles ocytociques (Benoit et al., 2000).
Etude de certains remèdes réputés actifs sur la ciguatera, dont Argusia argentea, en cours àu
centre IRD de Nouméa dans l’équipe de Dominique Laurent par Raphaële Boydron,
doctorante.

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Orientations
Intérêt en dermatocosmétique ?

Bibliographie
BENOIT E., LAURENT D., MATTEI C., LEGRAND A.M., MOLGO J., 2000 - Reversal of pacific
ciguatoxin-1B effects on myelinated axons by agents used in ciguatera treatment.
Cybium, 24(3): 33-40.
BOURRET D., 1981 - Bonnes plantes de Nouvelle-Calédonie et des Loyauté. Nouméa, Les
Éditions du Lagon, 107 p.
CAMBIE R.C., ASH J., 1994 - Fijian Medicinal Plants. Australia, CSIRO, 365 p.
CAMBIE R.C., BREWIS A.A., 1997 - Anti-fertility plants of the Pacific. Australia, CSIRO, 181
p.
OGIHARA K., MIYAGI Y., HIGA M., YOGI S., 1997 - Pyrrolizidine alkaloids from
Messerschmidia argentea. Phytochemistry, 44(3): 545-547.
PÉTARD P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie française et raau Tahiti. Ed. revue et
augmentée par Koenig D.& K., Koenig R., Koenig D. (eds.), Cordonnier G. (ill.),
Tahiti, Editions Here po no Tahiti, 354 p.
RAGEAU J, 1973 - Les plantes médicinales de la Nouvelle-Calédonie. Paris, ORSTOM,
(Travaux et Documents de l'ORSTOM (FRA), No 23), 139 p.
SMITH A.C., 1991 - Flora Vitiensis Nova : a new Flora of Fiji (spermatophytes only).
National Tropical Botanical Garden, Hawaii, Vol. 5, 626 p.
STERLY J., 1970 - Heilpflanzen der Einwohner Melanesiens: Beiträge zur Ethnobotanik des
südwestlichen Pazikik. Hamburg: Arbeitsstelle fur Ethnomedizin, 341 p.
TFRI, 2002 – Annual report. Taiwan Forestry Research Institute, 111 p.
WEINER A., 1984 - Secrets of Fijian Medicine. 141 p.
WHISTLER W.A., 1992 - Polynesian Herbal Medicine. Lawai, Kauai, Hawaii, National
Tropical Botanical Garden, 238 p.
ZEPERNICK B., 1972 - Arzneipflanzen des Polynesier (plantes médicinales des Polynésiens).
Verlag von Dietrich Reimer, Berlin, 307 p.

Rédacteur : P. CABALION

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Asplenium gibberosum (ASPLENIACEAE)

Synonymes
Loxoscaphe gibberosa ;
Davallia gibberosa
Nom vernaculaire : Rimu Ahu

Accessibilité, répartition géographique


Fougère terrestre, connue dans tout le Pacifique Sud. Peu commune en station ripicole en
forêt hygrophile et ombrophile de moyenne à haute altitude, en particulier dans les îles
Australes et de la Société.

Usages
Ornemental
Des espèces du genre Davallia sont très étudiées mais rien sur celle-ci.
Usages d’autres espèces : voir aussi à Asplenium nidus.

Composition chimique
Chimie d’autres espèces :
Flavonoïdes :
Asplenium bulbiferum, Nouvelle-Zélande: Les feuilles contiennent des flavonoïdes
antioxydant tels que des hétérosides du kaempférol (Cambie et al., 2003)
Asplenium foreziense, A. incisum :
Hétérosides du flavonol (Iwashina et al., 2000).
Asplenium normale : 8 hétérosides flavoniques sont isolés, 6 identifiés, apigenin 7-O-
dirhamnoside et 7-O-glucosylrhamnoside, luteolin 7-O-dirhamnoside et 7-O-
glucosylrhamnoside, genkwanin 4'-O-glucosylrhamnoside, vicenin-2. (Iwashina et al.,
1990).
Asplenium prolongatum :
Hétérosides du kaempférol (Mizuno et al., 1990)
Une remarquable accumulation de lanthanides (La and Ce) a été observée principalement
dans des genres en phase de diversification, notamment Asplenium. (Ozaki et al., 2000)

Pharmacologie et toxicologie
Peu d’informations

Orientation
Genre intéressant pour la recherche (source d’une enzyme chez Asplenium nidus, espèce
réputée médicinale au Vanuatu) ; accumulation de lanthanides dans le genre Asplenium : voir
dans les espèces de ce genre en Polynésie, pour éventuel intérêt en ‘phytomining’).
Non prioritaire

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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
Bibliographie

CAMBIE R.C., FERGUSON L.R., 2003 - Potential functional foods in the traditional Maori diet.
Mutation Research, 523-524: 109-117.
IWASHINA T., LOPEZ-SAEZ J.A., HERRERO A,. KITAJIMA J., MATSUMOTO S., 2000 - Flavonol
glycosides from Asplenium foreziense and its five related taxa and A. incisum.
Biochemical Systematics and Ecology, 28(7): 665-671.
IWASHINA T., MATSUMOTO S., OZAWA K., AKUZAWA K., 1990 - Flavone glycosides from
Asplenium normale. Phytochemistry, 29(11): 3543-3546.
MIZUNO M., KYOTANI Y., IINUMA M., TANAKA T., IWATSUKI K., 1990 - Kaempferol 3-
rhamnoside-7-[6-feruloylglucosyl (1-->3)rhamnoside] from Asplenium
prolongatum. Phytochemistry, 29(8): 2742-2743.
OZAKI T., ENOMOTO S., MINAI Y., AMBE S., MAKIDE Y., 2000 - A survey of trace elements
in pteridophytes. Biological Trace Element Research, 74(3): 259-273.

Rédacteurs : F. DEMARNE et P. CABALION

282
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Asplenium nidus L. (ASPLENIACEAE)
Nom vernaculaire : Oaha.

Statut IUCN
Non menacé.

Accessibilité, répartition géographique


Fougère pantropicale épiphyte, terrestre ou saxicole de basse altitude, présente partout en
Polynésie. En forêt tropicale humide.
Mais confusion possible avec A. australasicum qui la remplace à moyenne et haute altitude
en particulier dans les Marquises, la Société et les Australes. Les deux espèces sont presque
toujours assez abondantes, sauf localement dans certaines vallées où elles sont surexploitées
(voir l’exemple de Tahiti).

Usages
Tahiti, ornemental (Pétard, 1986).
Vanuatu, activité oestrogénique, contraceptif, abortif, facilite la délivrance (Bourdy et al.,
1996).
Taïwan, complément de compostage de déchets organiques industriels (Chang et al., 1999)

Composition chimique
Pas d’information pour cette espèce.
Voir pour le genre à Asplenium gibberosum.

Pharmacologie et toxicologie
Sensibilisation cutanée après Skin Prick Test chez 3,2 % des patients testés (Kanerva et al.,
2001).
Activité oestrogénique plus ou moins démontrée (Bourdy et al., 1996).
Possibilité de culture in vitro (Fernandez et al., 1991 ; Fernandez et al., 1993 ; Fernandez et
al., 1997 ; Fernandez et Revilla, 2003).
Germination de spores, éclats de souches, multiplication végétative à partir de la fronde
(Wee et al., 1992).
Asplenium nidus : serait une source intéressante de thymidine-AMP phosphotransférase.

Orientation
Genre intéressant pour la recherche (source d’une enzyme chez Asplenium nidus, espèce
réputée médicinale au Vanuatu) ; accumulation de lanthanides dans le genre Asplenium : voir
dans les espèces de ce genre en Polynésie, pour éventuel intérêt en ‘phytomining’).
Non prioritaire.

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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Bibliographie
BOURDY G., FRANCOIS C., ANDARY C., BOUCARD M., 1996 - Maternity and medicinal plants
in Vanuatu. II. Pharmacological screening of five selected species. Journal of
Ethnopharmacology, 52(3) : 139-143
CHANG C.T., LEE C.H., CHIOU C.S., JENG F.T., 1999 - Recovery assessment of lumber mill
wastes: composting product field test. Resources, Conservation and Recycling,
25(2) : 133-150.
FERNANDEZ H., BERTRAND A., SANCHEZ TAMES R., 1991 - Micropropagation of Asplenium
nidus-avis. Acta Horticulturae (ISHS), 289 :113-114
FERNANDEZ H., BERTRAND A., SANCHEZ TAMES R., 1993 - In vitro regeneration of
Asplenium nidus L. from gametophytic and sporophytic tissue. Scientia
Horticulturae, 56(1): 71-77.
FERNANDEZ H., BERTRAND A., SANCHEZ TAMES R., 1997 - Plantlet regeneration in
Asplenium nidus L. and Pteris ensiformis L. by homogenization of BA treated
rhizomes. Scientia Horticulturae, 68(1-4) : 243-247.
FERNANDEZ H., REVILLA M.A., 2003 - In vitro culture of ornamental ferns. Plant Cell Tissue
and Organ Culture, 73(1) : 1-13.
KANERVA L., ESTLANDER T., PETMAN L., MÄKINEN-KILJUNEN S., 2001 - Occupational
allergic contact urticaria to yucca (Yucca aloifolia), weeping fig (Ficus benjamina),
and spathe flower (Spathiphyllum wallisii). Allergy ; 56(10) : 1008-1011.
PÉTARD P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie française et raau Tahiti. Ed. revue et
augmentée par Koenig D.& K., Koenig R., Koenig D. (eds.), Cordonnier G. (ill.),
Tahiti, Editions Here po no Tahiti, 354 p.
WEE Y.C., SENTHIL-POONKODI R.K., ONG B.L., 1992 - Frond-bud propagation of Asplenium
nidus L. Journal of Horticultural Science, 67(6) : 813-815

Rédacteur : F. DEMARNE et P. CABALION.

284
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Boerhavia diffusa L. (NYCTAGINACEAE)

Synonymes
Boerhavia diffusa var. pubescens Seem., nom. nud., nom botanique apparaissant dans la
littérature, mais non accepté en nomenclature, faute de description latine.
Il paraît actuellement difficile de pouvoir retenir des usages pour les multiples usages d’un
nom comme celui de B. diffusa pour lequel il est impossible de lier de manière non
ambivalente des propriétés particulières à des plantes non clairement déterminées, en
l’absence de données précises sur la provenance géographique et sur l’examen d’échantillons
botaniques de référence. La proposition de Whitehouse visant à conserver ce nom avec un
type conservé est actuellement en suspens, puisqu’elle ne figure ni dans le code de 2000, ni
n’a été publiée depuis dans Taxon. Dan Nicolson (comm. pers.) confirme qu’une proposition
visant à stabiliser la nomenclature reçoit généralement l’agrément du Comité éditorial. Dans
cette mesure, il faudra alors considérer B. diffusa comme une plante entièrement différente,
le type sera des Iles Vierges, proche, sinon identique à B. coccinea et donc bien distincte du
B. diffusa au sens de Fosberg, plante de l’Asie.
Il y a en Polynésie française au moins deux taxons distincts : B. acutifolia (Choisy) J. Moore,
indigène depuis l’Indonésie jusqu’en Polynésie française (c’est une espèce du groupe B.
diffusa au sens de Fosberg), peu commune actuellement, et B. tetrandra G. Forst.,
endémique de la Polynésie orientale [voir note p. 1 « Fréquente sur les atolls » (Pétard, 1986)
et souvent citée sous le synonyme B. diffusa var. tetrandra]. Il est impossible pour la région,
en l’absence de récoltes correctement déterminées, d’attribuer à l’une ou à l’autre de ces
deux espèces, les propriétés figurant dans la bibliographie. Pour des raisons d’abondance, ce
serait plutôt B. tetrandra, mais ce n’est pas scientifique comme démarche. B. diffusa n’est
donc pas présente en Polynésie et les données concernant les usages et les citations
bibliographiques hors Polynésie du nom B. diffusa sont donc à prendre en compte avec une
grande réserve.

Statut IUCN
Non menacé.

Accessiblité et répartition géographique


Répartition pantropicale (Smith, 1981), fréquente sur les atolls (Pétard, 1986).

Usages

En médecine traditionnelle, activité diurétique :


– racines diurétiques en Polynésie française, aussi en Inde (Pétard, 1986).
– parties aériennes diurétiques en Australie (Lassak et McCarthy, 1983)
activité antispasmodique racines (Pétard, 1986)
– remède contre coliques hépatiques et néphrétiques, règles douloureuses, en
Inde (Pétard, 1986)
– expectorant antiasthmatique en Australie (Lassak et McCarthy, 1983)
– racine émétique, en Inde (Lassak et McCarthy, 1983).

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Alimentation
– Aux îles Fidji, les racines, les jeunes tiges et les feuilles sont réputées
comestibles (Smith, 1981).
– En Polynésie française, les feuilles sont comestibles. Notion d’aliment de
famine, p.ex. personne en panne sur un îlot désert en attente de secours (Pétard,
1986).

Toxique

À doses trop élevées, risque de vomissements et sueurs abondantes (Pétard, 1986).

Réservoir de virus des plantes

Au Brésil, la plante est un réservoir du « Groundnut ringpot virus (GRSV) », une espèce du
genre Tospovirus, famille des Bunyaviridae qui est un agent du « spotted wilt » du tabac.
L’éradication de la plante aux alentours des cultures de tabac est un moyen de protection
(Nunes et al., 2002).

Composition chimique

Racines
– principe aromatique (Pétard, 1986)
– gomme (Pétard, 1986)
– huile volatile (Pétard, 1986)
– composition chimique (Gupta et Mond, 1998)

Plante
– punarnavine, alcaloïde soluble dans l’eau (Lassak et McCarthy, 1983)
– composition minérale en Cu, Fe, Mg, Mn et Zn (Smith et al.,1996)

Pharmacologie et toxicologie

Activité antiamibienne
– activité antiamibienne d’un remède de 5 constituants dont un extrait de
Boerhavia diffusa (Sohni et Bhatt, 1996).
– antiamibienne sur Entamoeba histolytica d’un extrait de Boerhavia diffusa
seul et inclus dans un remède indien de 5 constituants ; effets sur divers enzymes de
l’amibe (Sohni et al., 1995).

Activité antimicrobienne

Abo et Ashidi (1999)

Activité immunomodulatrice
– activité immunomodulatrice d’un remède de 5 constituants dont un extrait de
Boerhavia diffusa (Sohni et Bhatt, 1996).
– extrait éthanolique de racines : activité immunosuppressive (Mehrotra et al.,,
2002).

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Orientation
Plante comestible selon diverses traditions, un début de connaissance scientifique de la
composition minérale et organique, mais effets toxiques traditionnellement reconnus à haute
dose, donc développement industriel limité.

Bibliographie
ABO K.A., ASHIDI J.S., 1999 - Antimicrobial screening of Bridelia micrantha, Alchornea
cordifolia and Boerhavia diffusa. Afr. J. Med. Sci., 28(3-4) : 167-169.
GUPTA J., MOND A., 1998 - Chemical constituents of Boerhavia diffusa Linn. Roots. Indian
J. Chem. Sect. B. Organic chemistry, including med. chem., 37(9) : 912-917.
LASSAK E.V., MCCARTHY T., 1983 - Australian Medicinal Plants. Australie, North Ryde :
Methuen Australia, 240 p.
MEHROTRA S., MISHRA K.P., MAURYA R., SRIMAL R.C., SINGH V.K., 2002 -
Immunomodulation by ethanolic extract of Boerhavia diffusa roots. International
Immunopharmacology, 2(7) : 987-996.
NUNES E SILVA J., PIO-RIBEIRO G., ANDRADE G.P., 2002 - Eficiencia de medidas de controle
integrado contra o vira-cabeca do fumo em Arapiraca, Alagoas. Fitopatologia
brasileira, 25(4) : 664-667.
PÉTARD P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie française et raau Tahiti. Ed. revue et
augmentée par Koenig D.& K., Koenig R., Koenig D. (eds.), Cordonnier G. (ill.),
Tahiti, Editions Here po no Tahiti, 354 p.
SMITH A.C., 1981 - Flora Vitiensis Nova : a new Flora of Fiji (spermatophytes only).
National Tropical Botanical Garden, Hawaii, Vol. 2, 810 p.
SMITH G.C., CLEGG M.S., KEEN C.L., GRIVETTI L.E., 1996 - Mineral values of selected
foods common to southern Burkina Faso and to Niamey, Niger, West Africa.
International Journal of Food Science and Nutrition, 47(1) : 41-53.
SOHNI Y.R., BHATT R.M., 1996 - Activity of a crude extract formulation in experimental
hepatic amoebiasis and in immunomodulation studies. Journal of
Ethnopharmacology, 54(2-3) : 119-124.
SOHNI Y.R., KAIMAL P., BHATT R.M., 1995 - The antiamoebic effect of a crude druf
formulation of herbal extracts against Entamoeba histolytica in vitro and in vivo.
Journal of Ethnopharmacology, 45(1) : 43-52.

Rédacteur : P. CABALION

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Cassytha filiformis L. (LAURACEAE)

Accessibilitié et répartition géographique


Pantropical, parasite, abondant en Nouvelle Calédonie, Polynésie française, tiges filiformes
herbacées de couleur verte ou jaune orange, bord de mer jusque 350 m alt. (Smith, 1981).
Noms locaux (Rageau, 1973 ; Pétard, 1986 ; Smith, 1981 ; Whistler, 1992 ; Cambie et Ash,
1994).

Usages

En médecine traditionnelle

Contractions musculaires
– Australie : hémorroïdes (Pétard, 1986).
– Cook : infusion de tiges écrasées contre une maladie caractérisée par des
convulsions et des crispations (Whistler, 1992).
– Fidji : dans l’archipel des Yasawas (Iles Fidji), un extrait est pris après
accouchement pour expulser le placenta (Smith, 1981).
– Fidji : préparation à partir de la plante entière diluée dans de l’eau froide
contre les indigestions, les accouchements difficiles… (Cambie et Ash, 1994).
– Fidji : préparation à partir de la plante entière contre les hémorroïdes
(Cambie et Ash, 1994).
– Fidji : préparation à partir de la plante entière pour provoquer les
menstruations (Weiner, 1984).
– Nouvelle Calédonie : jus gluant extrait de la « fausse-cuscute » de variété
verte per os pour régulariser le péristaltisme intestinal dérangé à la suite d’émotions
(Bourret, 1981).
– Nouvelle Calédonie : jus gluant extrait de la « fausse-cuscute » de variété
rouge, très astringent, comme antihémorragique cutané (Bourret, 1981).
– Nouvelle Calédonie : jus gluant extrait de la « fausse-cuscute » de variété
verte per os (une pelote de liane dans un litre d’eau) comme laxatif et comme
ocytocique déclenchant les contractions du muscle utérin (Bourret, 1981).
– Nouvelle Calédonie : réputée emménagogue, elle faciliterait les
accouchements en activant les contractions utérines. Elle renferme un alcaloïde
tétanisant, la laurotétanine (Rageau, 1973).
– Nouvelle Calédonie : en décoction contre les hémorroïdes. Elle renferme un
alcaloïde tétanisant, la laurotétanine (Rageau, 1973).
– Polynésie française : en association avec Hibiscus tiliaceus contre les
hémorroïdes (Pétard, 1986).
– Tonga : infusion de tiges écrasées contre les dysménorrhées et les
hémorragies post-partum (Whistler, 1992).
Bile (paludisme ?)
– Australie : affections bilieuses (Pétard, 1986).
– Indes : fièvre bilieuse (Pétard, 1986).
– Nouvelle Calédonie : en décoction contre les affections bilieuses (Rageau,
1973).

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Fièvres
– Fidji : préparation à partir de la plante entière diluée dans de l’eau froide
comme antipyrétique (Cambie et Ash, 1994).
– Nouvelle Calédonie : jus gluant extrait de la « fausse-cuscute » de variété
rouge dilué dans de l’eau se boit comme fébrifuge et pour compléter l’action anti-
solaire par voie externe (Bourret, 1981).

Soins ou protection peau, muqueuses, phanères


– Indes : pansement des ulcères, soins des yeux (Pétard, 1986).
– Nouvelle Calédonie : jus gluant extrait de la « fausse-cuscute » de variété
rouge dilué dans de l’eau en application cutanée contre coups de soleil, impétigo,
cloques dues au latex de Semecarpus spp. Massage résolutif, pansement des brûlures
et resserrement de la peau (Bourret, 1981).
– Nouvelle Calédonie : jus gluant extrait de la « fausse-cuscute » de variété
rouge dilué dans de l’eau se boit pour compléter action anti-solaire.
– Nouvelle Calédonie : jus gluant extrait de la « fausse-cuscute » de variété
rouge dilué dans de l’eau en pré shampoing anti-pelliculaire (Bourret, 1981)
– Afrique : contre la perte des cheveux.

Anti-inflammatoire
– Micronésie : traitement des piqûres de méduses (Weiner, 1984)
– Nouvelle Calédonie : jus gluant extrait de la « fausse-cuscute » de variété
rouge dilué dans de l’eau en application cutanée contre coups de soleil (Bourret,
1981)
– Nouvelle Calédonie : jus gluant extrait de la « fausse-cuscute » de variété
rouge dilué dans de l’eau se boit comme fébrifuge et pour compléter action anti-
solaire (Bourret, 1981)
– Nouvelle Calédonie : en décoction (per os) contre les uréthrites, les
rhumatismes, en usage externe contre les brûlures (Rageau, 1973).
– Papouasie-Nouvelle-Guinée : contre les sinusites (Cambie et Ash, 1994).
– Sénégal : urétrites (Pétard, 1986)

Autres usages thérapeutiques


– Polynésie française : autrefois utilisé en médecine infantile, semble
aujourd’hui inusité (Pétard, 1986).
– Chine : la plante entière est considérée comme diurétique (Lauraceae de
Chine, manuscrit).

Alimentation
– Polynésie : fruits parfois consommés par les enfants (Whistler, 1992)

Autres
– la plante entière sert dans la fabrication traditionnelle de papier Chine
(Lauraceae de Chine, manuscrit).

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Composition chimique
Mucilages dans toutes les parties de la plante (Pétard, 1986)
Alcaloïdes, en faible teneur, Laurotétanine (Rageau, 1973)
Un spécimen de Cassytha filiformis récolté au Queensland contenait de la cassythine (=
cassyfiline), son dérivé O-méthylé et de la cassithidine.
Présence de nanténine
Cassyfiline (Tomita et al., 1965)
Alcaloïdes : cathafiline et cathaformine, aporphines à groupe méthoxycarbonylé, ainsi que
six autres alcaloïdes, actinodaphnine, cassythine, isoboldine, cassameridine, cassamedine et
lysicamine (Wu et al., 1997)
Cassyformine = oxoaporphine, filiformine, (+)-diasyringaresinol qui est un lignane, ainsi que
14 composés connus, dont les suivants, cathafiline, cathaformine, actinodaphnine, N-
methylactinodaphnine, prédicentrine et ocotéine sont isolés et caractérisés de l’extrait MeOH
de plante fraîche de Cassytha filiformis (Chang et al., 1998).
Alcaloïdes aporphiniques : neolitsine, dicentrine, cassythine (= cassyfiline) et
actinodaphnine. Données RMN complètes de la cassythine et de l’actinodaphnine (Stevigny
et al., 2002).
Pharmacologie et toxicologie
Faible teneur en alcaloïdes toxiques, la laurotétanine, provoquant des crampes parfois
mortelles (Cambie et Ash, 1994). Laurotétanine = alcaloïde tétanisant (Rageau, 1973)
Les composés suivants : cathafiline, cathaformine, actinodaphnine, N-méthylactinodaphnine,
prédicentrine et ocotéine ont présenté une activité antiagrégante plaquettaire significative
(Chang et al., 1998)1.
Aporphines à activité antiagrégante plaquettaire et vasoralaxante (Wu et al.,, 1998)
Essais des alcaloïdes connus de Cassytha filiformis en cytotoxicité : neolitsine active sur
cellules HeLa et 3T3 cells. Cassythine et actinodaphnine : la plus forte activityé sur cellules
Mel-5 et HL-60 (Stevigny et al., 2002).
L’ocotéine est un antagoniste compétitif de la phényléphrine (alpha 1-adrenoceptor) et
provoque donc une vasorelaxation (Chang et al., 1997).
Itinéraire de production
Methods and cuttings for mass propagation of plant parasites, US patent 20030029078
Orientations
De par la présence d’alcaloïdes dans cette plante, Cassytha filiformis devrait faire l’objet
d’un travail de synthèse bibliographique. Ses mucilages ne semblent pas étudiés
chimiquement. Etant donné les activités mentionnées, il est difficile de recommander le
développement à court terme de cette espèce. A long terme ce serait peut-être un candidat à
la mise au point d’un médicament vasorelaxant (anti-hémorroïdaire). La réputation
antiinflammmatoire du suc d’expression de la plante en application cutanée mériterait aussi
des recherches à moyen terme sur diverses cibles de l’inflammation ou de la peau.

1
La réputation antihémorragique de la plante ne peut donc s’expliquer par cette activité – P. Cabalion.

290
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Bibliographie

BOURRET D., 1981 - Bonnes plantes de Nouvelle-Calédonie et des Loyauté. Nouméa, Les
Éditions du Lagon, 107 p.
CAMBIE R.C., ASH J., 1994 - Fijian Medicinal Plants. Australia, CSIRO, 365 p.
CHANG C.W., KO F.N., SU M.J., WU Y.C., TENG C.M., 1997 - Pharmacological evaluation
of ocoteine, isolated from Cassytha filiformis, as an alpha 1-adrenoceptor antagonist
in rat thoracic aorta. Japanese Journal of Pharmacology, 73(3) : 207-214.
CHANG F.R., CHAO Y.C, TENG C.M., WU Y.C., 1998 - Chemical constituents from Cassytha
filiformis II. Journal of Natural Product, 61(7) : 863-866.
PÉTARD P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie française et raau Tahiti. Ed. revue et
augmentée par Koenig D.& K., Koenig R., Koenig D. (eds.), Cordonnier G. (ill.),
Tahiti, Editions Here po no Tahiti, 354 p.
RAGEAU J, 1973 - Les plantes médicinales de la Nouvelle-Calédonie. Paris, ORSTOM,
(Travaux et Documents de l'ORSTOM (FRA), No 23), 139 p.
SMITH A.C., 1981 - Flora Vitiensis Nova : a new Flora of Fiji (spermatophytes only).
National Tropical Botanical Garden, Hawaii, Vol. 2, 810 p.
STEVIGNY C., BLOCK S., DE PAUW-GILLET M.C., DE HOFFMANN E., LLABRES G., ADJAKIDJE
V., QUETIN-LECLERCQ J., 2002 - Cytotoxic aporphine alkaloids from Cassytha
filiformis. Planta Medica, 68, 11 : 1042-1044, 2002.
TOMITA M., LU S.T., WANG S.J., 1965 - [Studies on the alkaloids of Formosan lauraceous
plants. VII. Alkaloids of Cassytha filiformis Linne. Structure of a new aporphine-
type alkaloid « cassyfiline ».] Yakugaku Zasshi, 85(9) : 827-831.
WEINER A., 1984 - Secrets of Fijian Medicine. 141 p.
WHISTLER W.A., 1992 - Polynesian Herbal Medicine. Lawai, Kauai, Hawaii, National
Tropical Botanical Garden, 238 p.
WU Y.C., CAHO Y.C., CHANG F.R., CHEN Y.Y., 1997 - Alkaloids from Cassytha filiformis.
Phytochemistry, 46(1) : 181-184.
WU Y.C., CHANG F.R., CHAO Y.C., TENG C.M., 1998 - Antiplatelet and vasorelaxing actions
of aporphinoids from Cassytha filiformis. Phytotherapy Research, 12(S.1) : 39-41

Rédacteur : P. CABALION

291
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Cerbera manghas L. (APOCYNACEAE)

Statut IUCN
Non menacé.

Accessibilité et répartition géographique


Plante indigène de Polynésie ; se rencontre également en Nouvelle-Calédonie et en
Indonésie.
Est considérée ailleurs comme un arbuste associé à la mangrove.
Fait partie des plantes de bords de mer au Japon (Ile d’Iriomote) (Masuda et al., 2002).

Usages
L’écorce de tiges et les feuilles, à faible dose, sont utilisées en médecine traditionnelle
comme purgatifs drastiques.
Le fruit mûr est responsable d’empoisonnements accidentels (enfants surtout), volontaires
(suicides) ou criminels. Deux fruits mûrs suffisent à entraîner la mort.
Remarque
Plante toxique, dénommée « Suicide tree » dans de nombreux pays
où il est employé à cette fin (Indes, Malaisie). Autrefois plante
d’épreuve (Polynésie française).

Composition chimique

Cardénolides
– 17β-neriifolin (Chang et al., 2000)
– (-)-14-hydroxy-3β-(3-O-methyl-6-desoxy-α-L-rhamnosyl)-11α,12α-epoxy-
(5β, 14β, 17βH)-card-20 (22)-enolide (Chang et al., 2000)
– (-)-14-hydroxy-3β-(3-O-methyl-6-desoxy-α-L-glucopyranosyl))-11α,12α-
epoxy-(5β, 14β, 17βH)-card-20 (22)-enolide (Chang et al., 2000)
– 10-O-Benzoyltheveside (Yamauci et al., 1990)

Lignanes
– (-)-olivil (Chang et al., 2000)
– (-)-cycloolivil (Chang et al., 2000)
– (+)-cycloolivil (Lee et al., 1998)
– (-)-carinol (Lee et al., 1998)

Terpénoïdes
– 10-carboxyloganine (Abe et al., 1996)
– Cyclopentano-normonoterpenoid β-D-glucosides (Abe et al., 1996)
– Cyclopentano-dinormonoterpenoid β-D-glucosides (Abe et al., 1996)

292
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Pharmacologie et toxicologie

Activité estrogénique

Trois cardénolides (dont deux nouveaux) isolés par bioguidage des racines de C. manghas
ont montré une activité oestrogénique vis à vis de la lignée de cellules Ishikawa (Chang et
al., 2000).

Toxicologie clinique

En cas d’intoxication, l’utilisation d’anticorps-antidigoxine semble pouvoir être utilisée. Des


essais réalisés vis à vis de Thevettia peruviana (autre Apocynaceae à dérivés digitaliques) ont
montré une très grande efficacité (Eddleston et Persson, 2003).

Cytotoxicité et activité anticancereuse

L’extrait méthanolique à 10µg/mL de C. manghas inhibe très fortement la croissance des


cellules leucémiques humaines K562 (Masuda et al., 2002).
Trois cardénolides (dont deux nouveaux) isolés par bioguidage des racines de C. manghas
ont montré une activité antiproliférative vis à vis d’une lignée de cellules cancéreuses de
colon humain (Col 2) (Chang et al., 2000).
Olivil, (-)-carinol et (+)-cycloolivil ont montré une activité vis à vis de cultures de cellules
mammaires de souris ayant développé des lésions prénéoplasiques induites par le 7,12-
diméthylbenz(a)anthracène (Lee et al., 1998).

Toxicité

Pas d’études récentes connues.

Intérêt industriel

Aucun dans l’état actuel.

Orientations
La toxicité aiguë de la plante interdit sa commercialisation en l’état.
Seule l’obtention de molécule à activité thérapeutique peut conduire à une relance de l’intérêt
de cette plante comme matière première.

Bibliographie
ABE F., YAMAUCHI T., 1996 - 10-Carboxyloganin, normonoterpenoid glucosides and
dinormonoterpenoid glucosides from the leaves of Cerbera manghas (Studies on
Cerbera. 10). Chemical and Pharmaceutical Bulletin, 44(10): 1797-1800.
CHANG L.C., GILLS J.J., BHAT K.P., LUYENGI L., FARNSWORTH N.R., PEZZUTO J.M.,
KINGHORN A.D., 2000 - Activity-guided isolation of constituents of Cerbera
manghas with antiproliferative and antiestrogenic activities. Bioorganic & Medicinal
Chemistry Letters, 10(21) : 2431-2434
EDDLESTON M., PERSSON H., 2003 - Acute plant poisoning and antitoxin antibodies Journal
of Toxicoly, Clinical Toxicology, 41(3) : 309-315.
LEE S.K. et al., 1998 - Evaluation of the Antioxydant Potential of Natural Products.
Combinational Chemistry and High throughput Screening, 1(1): 35-46.

293
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
MASUDA T., OYAMA Y., YONEMORI S., TAKEDA Y., YAMAZAKI Y., MIZUGUCHI S., NAKATA
M., TANAKA T., CHIKAHISA L., INABA Y., OKADA Y., 2002 - Flow cytometric
estimation on cytotoxic activity of leaf extracts from seashore plants in subtropical
Japan : isolation, quantification and cytotoxic action of (-)-deoxypodophyllotoxin.
Phytotherapy Research, 16(4) : 353-358.
YAMAUCI T., ABE F., WAN A.S.C., 1990 - Cerbera Part 10. 10-O-benzoyltheveside and 10-
dehydrogeniposide from the leaves of Cerbera manghas. Phytochemistry, 29(7) :
2327-2328.

Rédacteur : I. FOURASTÉ

294
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Chamaesyce fosbergii J. Florence (EUPHORBIACEAE)

Synonyme
Euphorbia fosbergii (J. Florence) R. Gowaerts (2000).

Statut IUCN
Non menacé.

Accessibilité et répartition géographique


Endémique.
Australes, Société, Tuamotu, abondant et répandu sur les atolls, moins sur les îles hautes à
basse altitude.

Usages
Non signalé.

Composition chimique
Non connue.

Pharmacologi et toxicologie
Non étudiées.

Orientations
Plante endémique non étudiée, non prioritaire.

Remarque
Le cas échéant, la documentation ethnopharmacologique et
chimique sera à chercher aussi dans la littérature du genre
Euphorbia.

Rédacteur : I. FOURASTE

295
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Claoxylon collenettei Riley (EUPHORBIACEAE)

Bio-écologie de la ressource
Répartition : endémique de Rapa (Australes).
Ecologie : pas vraiment rare en forêt de basse altitude, entre 110 et 300 m d’altitude, avec
Fitchia rapensis, Metrosideros sp., Corokia colennettei, dans des ravin frais ou sur des
pentes exposées.

Usages
Construction : pirogues et habitations

Composition chimique
Genre : présence de triterpènes : ac. bétulinique, friedéline (C. polot)
Screening phytochimique : coumarines, hétérosides flavoniques, saponines, tanins
Espèce non étudiée à notre connaissance

Pharmacologie et toxicologie
Genre : non étudiée à notre connaissance
Espèce : non étudiée à notre connaissance
Autre espèce du genre : Claoxylon ooumuense Fosberg et Sachet
(EUPHORBIACEAE)
Répartition : endémique de Nuku Hiva (Marquises).
Usages : pas d’usage connu de l’espèce

Orientations
Recherche, intérêt chimiotaxonomique : genre entier non étudié, avec 3 espèces endémiques
de Polynésie française.
Non prioritaire.

Rédacteur : B. WENIGER

296
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Cocculus orbiculatus (L.) DC. (MENISPERMACEAE)

Synonymes
Menispermum orbiculatum L. ;
Cocculus trilobus (Thunberg) DC.,
Menispermum trilobum Thunberg
Cocculus ferrandianus Gaudichaud.
Cocculus trilobus (Thunberg) DC., est resté quelques années le nom correct de ce taxon
(Wagner et al., 1990), qui reprenait les recommandations de L.L. Forman, spécialiste des
Menispermaceae indomalésiennes. Retour à C. orbiculatus comme nom correct2.
D’autres synonymies existent hors région Pacifique3.
Elles ne concernent pas la Polynésie, mais sont utiles sur un plan réglementaire.

Statut IUCN

Vulnérable en Polynésie française.

Accessibilité et répartition géographique


Toujours dispersée et rare dans les Australes : Raivavae, Rapa, Rurutu et Tubuai, en station
ouverte mésique.
Étude scientifique commentée de l’aire de répartition : non trouvée (plante de la flore indo-
malésienne qui semble avoir été introduite aux Etats-Unis).
Phytopathologie touchant les feuilles (Lee et Kim, 2002).
Présent à Hawaï.

Usages
Non signalés.

Composition chimique
Notamment des alcaloïdes :
– magnoflorine (Nakano, 1956)
– cocolobine (Ito et al., 1969)
– érythrinanes (Ju-Ichi et al., 1978)
– sinococuline, morphinane antitumoral (Itokawa et al., 1987)
– isosinoculine, morphinane antitumoral (Itokawa et al., 1995)
– bisbenzylisoquinoléines : isotrilobine, trilobine, isotrilobine-N-2-oxide,
nortrilobine (Chen et al., 1991)

2
http://ravenel.si.edu/botany/pacificislandbiodiversity/hawaiianflora/supplement.htm
3
http://www.forest.go.th/Botany/Flora/species%20list/volume5/Menispermaceae.htm et
http://www.csdl.tamu.edu/FLORA/bonapfams/bonxxmns.htm

297
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Pharmacologie et toxicologie

Activité antibactérienne

Sur 80 extraits de plantes médicinales coréennes, quatre espèces dont Cocculus trilobus
présentent une forte activité inhibitrice sur la sortase, une transpeptidase qui coupe des
protéines de surface de bactéries Gram-positives, (sortase obtenue par PCR à partir du
chromosome du Staphylococcus aureus ATCC 6538p.) L’extrait le plus actif était une
fraction acétate d’éthyle de l’extrait de rhizome de Cocculus trilobus (IC = 1.52 g ml) (Kim
et al., 2002)

Cytotoxicité

(Itokawa et al., 1987 ; Itokawa et al, 1995)

Contraintes réglementaires
Fortes contraintes réglementaires en raison d’un risque avéré de confusion avec des espèces
toxiques du genre Aristolochia.
Les espèces du genre Aristolochia présentent des risques élevés de néphrotoxicité,
carcinogénèse et mutagénicité. Or des remèdes chinois importés sans autorisation officielle
ont provoqué en Belgique (Nortier et Vanherweghem , 2002), en France et au Royaume-Uni
des cas de nephrotoxicité (‘chinese herb nephropathy’ ou ‘CHN’) et carcinogénèse. Le nom
chinois Fang ji porte en effet à confusion et désigne non seulement les racines de
Aristolochia fangchi, mais aussi celles de Stephania tetrandra et de Cocculus orbiculatus
(syn : Cocculus trilobus).
Pour éviter ces confusions et donc les risques induits, et en l’absence de procédures de
contrôles de qualité suffisants, la plupart des pays de l’Union Européenne ont interdit
l’utilisation, la vente et l’importation d’espèces pouvant être confondues avec des
Aristolochia spp., dont Cocculus orbiculatus / trilobus4.

Orientations
Pour éviter les risques de néphrotoxicité dus à l’acide aristolochique et de ses dérivés, les
espèces du genre Aristolochia sont interdites en usage médicinal. Plusieurs genres de
Menispermaceae qui sont parfois adultérées par des Aristolochia spp. Ont été interdites
également dans la plupart des pays européens, ce qui empêche toute utilisation d’extraits de
Cocculus spp. en médecine/pharmacie occidentales. Les activités des alcaloïdes de Cocculus
justifieraient cependant des recherches pharmacologiques sur substances pures, ce qui est ici
hors sujet.

Bibliogaphie
CHEN H.S., LIANG H.Q., LIAO S.X., 1991 - [Studies on the chemical constituents of the root
of Cocculus Trilobus DC]. Yao Xue Xue Bao, 26(10) :755-758.
FORMAN L., GREEN P.S., MORAT PH (ED.), 1998 – Flore de Nouvelle-Calédonie. Paris,
Muséum d’histoire naturelle, 91 p.

4
http://www.emea.eu.int/pdfs/human/hmpwp/002300en.pdf

298
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
ITO K., FURUKAWA H., SATO K., TAKAHASHI J., 1969 - [Studies on the alkaloids of
menispermaceous plants. CCL. Structure of coclobine, a new biscoclaurine alkaloid
from Cocculus trilobus DC]. Yakugaku Zasshi. 89, 8 : 1163-1166.
ITOKAWA H., NISHIMURA K., HITOTUYANAGI Y., TAKEYA K., 1995 - Isosinoculine, a novel
antitumor morphinane alkaloid from Cocculus trilobus. Bioorganic & Medicinal
Chemistry Letters, 5(8) : 821-822.
ITOKAWA H., TSURUOKA S., TAKEYA K., MORI N., SONOBE T., KOSEMURA S., HAMANAKA
T., 1987 - An antitumor morphinane alkaloid, sinococuline, from Cocculus trilobus.
Chemical and Pharmaceutical Bulletin, 35(4) : 1660-1662.
JU-ICHI M., ANDO Y., YOSHIDA Y., KUNITOMO J., SHINGU T., FURUKAWA H., 1978 -
[Alkaloids of Cocculus trilobus DC. Isolation and structure of erythrinan alkaloids
(author's transl.)] Yakugaku Zasshi, 98(7) : 886-890
KIM S.W., CHANG I.M., OH H.B., 2002 - Inhibition of the bacterial surface protein anchoring
transpeptidase sortase by medicinal plants. Bioscience, biotechnology &
Biochemistry, 66(12) : 2751-2754.
LEE H.B., KIM C.J., 2002 - First report of zonate leaf spot of Cocculus trilobus caused by
Cristulariella moricola in Korea. Plant pathology, 51(6) : 799
NAKANO T., 1956 - Studies on the alkaloids of menispermaceous plants. CXXXXI. Isolation
of magnoflorine from Cocculus trilobus DC. Pharmacological Bulletin, 4(1) : 69-70.
NORTIER J.L, VANHERWEGHEM J.L. 2002 - Renal interstitial fibrosis and urothelial
carcinoma associated with the use of a Chinese herb (Aristolochia fangchi).
Toxicology, 181-182 :577-580.
WAGNER L. W., HERBST D.R., SOHMER S.H., 1990 - Manual of the flowering plants of
Hawai’i. Honolulu, University of Hawaii Presse and , 2 vol., 988 et 1853 p.

Rédacteur : P CABALION

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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Coprosma spp. (RUBIACEAE)


Genre bien représenté avec toutes les espèces endémiques :
– C. cookei (Rapa)
– C. esulcata (Marquises : Nuku Hiva et Ua Pou)
– C. nepheliphila (Marquises : Nuku Hiva)
– C. orohenensis (Société : Tahiti)
– C. rapensis (Rapa)
– C. reticulata (Marquises : Nuku Hiva)
– C. setosa (Société : Raiatea)
– C. taitensis (Société : Moorea, Raiatea, Tahiti)
– C. velutina (Australes)

Statut IUCN
Toutes les espèces sont vulnérables sauf C. taitensis qui est non menacé.

Bio-écologie de la ressource
Plutôt en formation ouverte, abondant à très rare, pente et crêtes de moyenne à haute altitude.

Usage
Non signalé

Composition chimique
Genre : peu ou pas étudié

Pharmacologie et toxicologie
Genre : peu ou pas étudié

Orientations proposées
Absence totale de données significatives, mais du fait de son aire de distribution limitée et
des nombreuses espèces endémiques, ces espèces méritent une étude chimique au moins
préliminaire.
Non prioritaire.

Rédacteur : C. MORETTI

300
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Cymbopogon refractus (R. Br.) Camus (POACEAE)5

Synonymes
Andropogon refractus R. Br.
Cymbopogon nardus sensu B.E.V. Parham seulement dans des ouvrages concernant la flore
des Iles Fidji.
Andropogon tahitensis Nadeaud (Pétard, 1986 ; Lemaître, 1995).

Accessibilité et répartion géographique


Australes et Société : naturalisée à basse altitude en formation graminéenne ouverte ou dans
la lande à Dicranopteris linearis, mais jamais abondante ni envahissante comme ailleurs
dans le Pacifique.
Espèce originaire d’Australie, présente aujourd’hui dans le Pacifique jusqu’aux Iles de la
Société et Hawaï (Smith, 1979).
Envahissante, terrains secs, bords de route, Bora Bora, Raiatea, Tahiti (récoltes par Welsh,
1998).
Envahissante en pâturages aux Iles Hawaï.
Commerce des graines interdit aux Etats-Unis.
Noms communs : barbwire grass (aussi barbed wire grass), soap grass, ramga,
othangithangi, thoyangiyangi (Fidji); aretu monoi, aretu noanoa (Polynésie Française),
(Welsh, 1998) ; aretu (Lemaître, 1995).

Une espèce similaire, C. nardus (L.) Rendle (noms communs


kamapue, citronella grass) est connue de Niue (Sykes, 1970).

Usages

Usages médicinaux
– Fidji : la plante sert à la préparation d’infusions (Smith, 1979). Une infusion
médicinale contre les névralgies et les rhumes est préparée avec les feuilles, à odeur
citronnée. La première extraction doit être jetée et ce n’est que la seconde qui est
utilisée (Parham, 1943 d’après Cambie et Ash, 1994)
– Fidji : un bain de vapeur de cette herbe est utilisé contre les rhumes et les
troubles pulmonaires (Parham, 1943 d’après Cambie et Ash, 1994)
– Fidji : un bon remède contre les maux de tête consiste à dormir sur un
oreiller rempli de la plante séchée (Parham, 1943 d’après Cambie et Ash, 1994)
– Tahiti : Le suc de cette graminée est employé en association avec d’autres
plantes dans le traitement des orgelets et des panaris (Pétard, 1986).

Usage en parfumerie
– Polynésie : d’après le nom vernaculaire aretu monoi cité par Welsh, cette
plante entrerait dans une recette de monoi.

5
http://www.hear.org/pier/species/cymbopogon_refractus.htm

301
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Composition chimique
Contient des composés cyanogénétiques (Hegnauer, 1963 d’après Cambie et Ash, 1994)
(NB : cela expliquerait la raison pour laquelle le premier extrait issu de l’infusion est jeté, si
l’on suppose que les hétérosides cyanogénétiques sont rapidement solubles dans l’eau
bouillante).
Espèce tolérante à l’arsenic, Australie (Ashley et Lottermoser, 1999)
Pourrait peut-être produire une huile essentielle, comme d’autres espèces du même genre,
mais l’espèce ne semble pas avoir été étudiée en Australie, d’où elle est originaire, ni en
Polynésie Française.

Pharmacologie et toxicologie
Présence d’hétérosides cyanogénétiques (Hegnauer, 1963 d’après Cambie et Ash, 1994).

Intérêt industriel
Présence très probable de terpènes, sujet apparemment non étudié jusqu’à présent. La
bibliographie sur le genre Cymbopogon est ultra-abondante. Pas d’intérêt immédiat.

Orientations
A priori peu intéressante par comparaison avec d’autres espèces du même genre.

Bibliographie

ASHLEY P.M., LOTTERMOSER B.G., 1999 - Arsenic contamination at the Mole River mine,
northern New South Wales. Australian Journal of Earth Sciences, 46(6) : 861-874.
CAMBIE R.C., ASH J., 1994 - Fijian Medicinal Plants. Australia, CSIRO, 365 p.
HEGNAUER R., 1963 - Chemotaxonomie der Pflanzen : eine Übersicht über die Verbreitung
und die systematische Bedeutung der Pflanzenstoffe, vol. 2 : Monocotyledoneae.
Basel, Bikhäuser Verlag, 540 p.
LEMAÎTRE Y., HAUDREICOURT A.G. (pref.), 1995 - Lexique du Tahitien contemporain :
tahitien-française, français-tahitien. Paris, ORSTOM, 205 p.
PÉTARD P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie française et raau Tahiti. Ed. revue et
augmentée par Koenig D.& K., Koenig R., Koenig D. (eds.), Cordonnier G. (ill.),
Tahiti, Editions Here po no Tahiti, 354 p.
SMITH A.C., 1979 - Flora Vitiensis nova: a new flora of Fiji. Lawai, Kauai, Hawaii : Pacific
Tropical Botanical Garden. 5 v.
SYKES W.R., 1970 - Contributions to the flora of Niue. Department of Scientific and
Industrial Research (DSIR) Bulletin 200, 321p.
WELSH S.L., 1998 - Flora societensis : a summary revision of the flowering plants of the
Society Islands: Mehetia, Tahiti, Moorea, Tetiaroa (iles du vent); Huahine, Raiatea,
Tahaa, Bora Bora, Tupai, Maupiti, and Mopelia (iles sous le vent). Orem, Utah :
420 p.

Rédacteur : P. CABALION

302
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Davallia solida (G. Forst.) Sw. (DAVALLIACEAE)

Statut IUCN
Non menacé, plante indigène non endémique.

Accessibilité et répartion géographique


Assez commune, facile d’accès.

Usages
Traitement de la ciguatera (rhizome, Vanuatu).
Analgésique
Purgative
Autre espèce du genre : Davallia mariesii (Japon)
Traitement des rhumes, neuralgies, cancer de l’estomac (Corée)
Traitement des lumbagos, rhumalgies, odontalgies, tinnitus (Chine)

Composition chimique
Xanthones : mangiferin, D xylopyranosyl-1,3,6,7-tetrahydroxyxanthone glucopyranosyl-
2,6,4’-trihydroxybenzophenone
Autres espèces du genre
Davallia mariesii
Hétérosides de flavanes-3-ol de degrés de polymérisation divers
Acides phénoliques et hétérosides (acide caféique, coumarique,
gentisique, vanillique, protocatéchique )
Gamma-lactone : davallialactone
Flavonoïdes : hétéroside d’eriodyctiol
Hétéroside de sesquiterpène (norcarotane) : marioside
Hétéroside de chromone
Triterpènes
Acide aminé : tryptophane
Davallia divaricata
Hétérosides de flavanes-3-ol de degrés de polymérisation divers

Pharmacologie et toxicologie
Liaison aux P-glycoprotéines cytosoliques (diminution de la résistance des cellules aux
agents de chimiothérapie)
Suppression de l’hyperexcitabilité des neurones induite par la ciguatera (in-vitro)

Autre espèce du genre : Davallia mariesii


Inhibition de protéine-kinase C

303
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Orientations
Une autre espèce du genre Davallia : D. fejeensis a été étudiée pour la production de fronde
coupée comme feuillage horticole. Davallia mariesii est également signalée comme plante
horticole au Japon.
En fonction de l’aspect de la fronde de D. solida (D. denticula var. elata, syn. : D. epiphylla,
est certainement un autre candidat, mais plus rare et le plus souvent sur les crêtes de
moyenne et haute altitude) cette piste serait à explorer.

Rédacteur : Y. BARBIN

304
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Dryopteris hirtipes (Blume) O. Kuntze (DRYOPTERIDACEAE)

Synonyme

Dryopteris fatuhivensis E. Br.

Accessibilité et répartion géographique


Indigène dans le Pacifique central et oriental, présente aux îles Marquises : Fatu Hiva, Hiva
Oa, Nuku Hiva, Ua Huka.
Fougère herbacée terrestre, peu commune de moyenne à haute altitude, le plus souvent en
forêt humide.

Usages
Aucune information

Composition chimique
Aucune information

Pharmacologie et toxicologie
Aucune information

Orientation
Aucune données significatives
Non prioritaire

Rédacteur : F. DEMARNE

305
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Erythrina variegata L. (FABACEAE)

Synonyme
Erythrina indica Lam.

Accessibilité et répartion géographique


Pas de problèmes particuliers vu son statut de plante cultivée, naturalisée.

Usages
Sédatif nerveux, fébrifuge, antiasthmatique, antiépileptique, antimicrobien, traitement du
trachome, de l’éléphantiasis
Tronc : astringent, fébrifuge, troubles du foie, épilepsie, sédatif nerveux, antiasthmatique,
collyre
Feuilles : diurétiques, stomachiques, douleurs articulaires
Une lectine d’Erythrina cristagalli couplée à la toxine botulinique est en développement
préclinique pour le traitement des douleurs chroniques chez Allergan.

Composition chimique

Graine
– Alcaloïdes : hypaphorine, erythraline, erysopine, erisotine, erysovine,
erysotrine, erysodine. Hypaphorine, choline, erythrocarine, erythratidine,
erymelanthine, demetoxy-carbonyl-erymelanthine
– Lectines.

Racine
– Isoflavonoïdes : indicanines A, B et C, robustic acid, daidzein, 8-prenyl
daidzein, cajanin, 5,4’-di-O-methylalpinumisoflavone, warangalone, 5,7,4’-
trihydroxy-6,8-diprenylisoflavone, erycristagallin, erythrabyssin, phaseollin,
phaseolidin, cristacarpin, erystagallin A, erysubin F, folitenol, orientanol B, C, F,
sigmoidin K, dimethylallyl-6a-hydroxyphaseollidin.
– Flavanone : isobavachin
– Phenoxychromones : eryvarin A, C, D, F et G
– Phénols : eryvariestyrene, eryvarinol A et B

Tronc
– Cire : alkyl phenolates, alkyl ferulates
– Stérols : stigmastérol et hétéroside, sitostérol, campestérol, citrostadiénol
– Triterpènes : erythrodiol, acide oléanolique
– Cinnamate : erythrinassinate B
– Dérivés basiques : stachydrine, erysovine
– Alcaloïdes (isoquinolines) : erysotrine, erysodine, erythraline, erysopine,
erysovine, erysonine, erypitine, erysodienone, erythratidine, epi-erythratidine,
hydroxy-epi-erythratidine, erysotine, hypaphorine, hypaphorine methyl ester,

306
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
– Flavonoïdes (isoflavonoïdes) : abyssinone V, erycristagallin, hydroxy-
6,3’,5’-triprenylisoflavonone, cristacarpin, erythrinin B, euchrenone b9 et b10,
eryvarin A et B, laburnetin, alpinimisoflavone, wignteone, warangalone, erythrin A,
B et C, osajin, alpinum isoflavone, indicanine D et E, genistein, wighteone,
dimethylalpinumisoflavone, 8-prenyl erythrinin C, erysenegalensein C

Feuille
– Isoflavonoïdes : genistein, 2’-hydroxygenistein

Fleur
– Alcaloïdes (isoquinolines) : erythritol, erysotrine, erythrartine. Hypaphorine,
choline.
– Acides gras : acide caprique, docosanoic methyl ester
– Stéroïdes : acetoxy-B-norcholest-5-ene, 29-nor-cycloartenol, β-sitosterol-
arachidate

Pharmacologie et toxicologie

Graine
– Activité antinéoplasique sur leucémie L1210 (alcaloïdes), activité
hypotensive avec arrêt cardiaque à l’augmentation de la dose. Activité curarisante
des alcaloïdes ?.

Racine
– Activité antibiotique sur S. aureus résistant à la methicilline (erycristagallin,
orientanol B)
– Activité antibactérienne sur bactéries cariogènes (erycristagallin)
– Alcaloïdes : activité relaxante des muscles lisses, dépression du SNC,
cholérétique, anticonvulsivante, blocage neuromusculaire
– Toxicologie : les graines sont signalées toxiques. De l’HCN serait présent
dans toutes les parties de la plante.
– DL50 IP alcaloïdes totaux du tronc : 128 mg/kg (rat)
– Activité cytotoxique par des inhibiteurs de protéinases (inhibiteurs de
chymotrypsine) d’origine protéique.

Tronc
– Blocage des échangeurs Na+/H+ (isoflavonoïdes), activité cytotoxique
(isoflavones / wighteone).

Feuille
– Activité sédative, non analgésique (extrait aqueux).
– Inhibition de la phospholipase A2 (isoflavonoïdes).

Parties aériennes
– Activité anticancéreuse

307
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Orientations
Les isoflavones inhibitrices de phospholipase A2 ont été développées par Schering-Plough
pour leurs propriétés anti-inflammatoires. Ce développement a été stoppé. Il n’a pas été pris
de brevet sur ce produit.
Une lectine d’Erythrina cristagalli couplée à la toxine botulinique est en développement
préclinique pour le traitement des douleurs chroniques chez Allergan.
Cette espèce déjà bien étudiée n’est pas prioritaire pour la Polynésie française.

Bibliographie

CHATTERJEE G.K., GURMAN T.K., NAG CHAUDHURY A.K., PAL S.P., 1981 - Preliminary
pharmacological screening of Erythrina variegata Var Orientalis (syn. E. indica)
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CHAWLA H. M., SHARMA S. K., 1993 - Erythritol, a new isoquinoline alkaloid from
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Ethnopharmacology, 38(2-3): 181-188.
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356.
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NKENGFACK A. E., WAFFO A. K., AZEBAZE G. A., FOMUM Z. T., MEYER M., BODO B.,
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phenylcoumarin from root bark of Erythrina indica. Journal of Natural Products,
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308
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
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SATO M., TANAKA H., FUJIWARA M., YAMAGUCHI R., ETOH H., TOKUDA C., 2003 -
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SHARMA S. K., CHAWLA H. M., 1993 - Steroids and fatty acids from Erythrina variegata var.
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SINGH H., CHAWLA A. S., JINDAL A. K., CONNER A. H., ROWE J. W., 1975 - Investigation of
Erythrina spp. VII. Chemical constituents of Erythrina variegata var. orientalis bark.
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SOTO HERNANDEZ M., JACKSON A. H., 1994 - Erythrina alkaloids: isolation and
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TANAKA H., HIRATA M., ETOH H., SHIMIZU H., SAKO M., MURATA J., MURATA H.,
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TANAKA H., HIRATA M., ETOH H., WATANABE N., SHIMIZU H., AHMAD M., TERADA Y.,
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TELIKEPALLI H., GOLLAPUDI S. R., KESHAVARZ SHOKRI A., VELAZQUEZ L., SANDMANN R.
A., VELIZ E. A., RAO K. V. J., MADHAVI A. S., MITSCHER L. A., JAGANNADHA RAO
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WAFFO A. K., AZEBAZE G. A., NKENGFACK A. E., FOMUM Z. T., MEYER M., BODO B.,
HEERDEN F. R. V., VAN HEERDEN F. R., 2000 - Indicanines B and C, two
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YAMAGUCHI O., KIMURA M., ARAKI M., YAMASAKI M., KIMURA Y., NAKAJIMA S., TAKAGI
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specific isolectins from Erythrina variegata seeds. Journal of Biochemistry, 114(4):
560-566.

Rédacteur Y. BARBIN

309
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Fagraea berteroana A. Gray ex Benth. var. berteroana


(LOGANIACEAE)

Synonyme
Fagraea berteriana est une variante orthographique pour berteroana.

Statut IUCN
Non menacé

Accessibilité et répartion géographique


Peu abondante, localisée.
Indigène ou naturalisé, (parfois ornementale en jardin) non endémique, croupes mésiques de
basse et moyenne altitude.
Autre variété Fagraea berteroana A. Gray ex Benth. var.
marquesensis (Loganiaceae)

Statut taxonomique douteux, apparemment non vraiment différent de la variété-type.

Accessibilité
Plus répandue dans la Société ou les Marquises que dans les Australes.

Usages
Médecine : écorce séchée en infusion contre les thromboses après l’accouchement (Tonga)
(Singh et al., 1984)
Médecine : en infusion contre les malaises du matin de la femme enceinte (Tonga) (Ostraff
et al., 2000)
Médecine : en cas de bronchites.

Remarque
Usages. Espèce à fleurs odorantes, blanches puis jaunes à maturité,
utilisées dans le Pacifique, au moins de la Nouvelle-Calédonie à la
Polynésie Française et aux Iles Hawaï pour la confection de colliers
odorants (‘lei’, qui existe comme nom de famille aux Iles Tonga).
Parfum différent selon l’évolution de la fleur. Aux Iles Hawaï, les
fleurs étaient vendues 10 cents pièce, d’où le nom : ‘pua kenikeni’ ou
‘pua à 10 cents’. Les individus présents à Hawaï, île de Oahu, côté
au vent, sont taillés pour faciliter la cueillette (Hayashi et al., 1995).

Utilisations traditionnelles dans le Pacifique (Barrull, 2000).

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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Composition chimique
Genre : monoterpènes type iridoïdes (F. blumei, F. fragrans) : écorce, bois, feuilles
(Cuendet et al., 1997; Kun-Anake et Ragvatin, 1976)
– alcaloïdes monoterpéniques (F. fragrans) : feuilles, fruit (Kun-Anake et
Ragvatin, 1976)
– phénylpropanoïdes : ac. caféique, coumarique (F. gracilipes) : bois (Cambie
et al., 1990)
– flavonoïdes (F. obovata) : feuilles (Qasim et al., 1987)
– lignanes (F. racemosa) : racine (Okuyama et al., 1995)
Espèce : non étudiée à notre connaissance

Remarque
Composés volatils de fleurs de F. berteroana collectées à Hawaï,
étudiées au Japon. Etude d’une université et d’une industrie de la
parfumerie japonaises (Hayashi et al., 1995)

Hydrodistillation de fleurs blanches, nouvellement écloses :


– rendement 0,03%
– une centaine de substances visibles,
– principaux constituants :
• (E)-β-ocimène : 5,06 %
• benzoate de méthyle : 11,97 %
• acétate de benzyle : 16,37 %
• acide myristique : 3,48 %
• salicylate de benzyle : 4,00 %

Analyse head-space du parfum de la fleur nouvellement éclose (blanche) :


Fleur blanche Fleur jaune
Nouvellement éclose âgée de 2 à 3 jours :
28 substances 25 substances
(E)-β-ocimène 22,54 % 51,11 %,
benzoate de méthyle 41,99 % 25,09 %
acétate de benzyle 21,33 % 6,71 %

Les auteurs concluent que l’essence de Fagraea berteroana a un potentiel comme matière
première de l’industrie des “flaveurs et fragrances’.
Le rendement de l’hydrodistillation classique est faible, mais pourrait être amélioré par
d’autres techniques.
Attraction des mâles de la mouche des fruits (‘oriental fruit fly’, Bactrocera dorsalis) par
deux phénylpropanoïdes de la fleur de Fagraea berteroana (Nishida et al., 1997)
Deux composés de l’extrait éthanolique de fleurs attirent sélectivement les individus mâles
de la mouche des fruits, le trans-3,4-diméthoxycinnamoyl alcool et/ou son acétate, (dans un
moindre mesure la forme aldéhydique) pour synthèse d’une phéromone sexuelle, l’alcool
trans-coniférylique.

311
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Pharmacologie et toxicologie
Genre : - antioxydant (F. blumei) : écorce (Cuendet et al., 1997)
- antibactérien (F. fragrans) : feuilles (Nakanishi et al., 1965)
- antifongique (F. fragrans) : bois (Hong et Abdul, 1983)
- antimalarique (F. racemosa) : feuilles (Leaman et al., 1995)
- analgésique, relaxant musculaire (F. racemosa) : racine (Okuyama et al., 1995)
Espèce : absence d’activité mutagénique (test d’Ames) (Ostraff et al., 2000)
Remarque
Recherches en cours à Nouméa (IRD – Université de Nouvelle
Calédonie - Province des Iles Loyauté) : divers extraits d’écorce non
actifs sur essais antibactériens ou antifongiques, activité moyenne
sur virus de la dengue, pas d’activité sur Boophilus microplus (tique
de bovins), activité moyenne sur xanthine oxydase (Barrul, 2000).

Orientations
Recherche : Intérêt chimiotaxonomique, espèce non étudiée.
La famille des Loganiacées est connue pour être une source de préparation de
curares.
Valorisation : pas de possibilité de valorisation à court et moyen terme.
Non prioritaire

Bibliographie
BARRULL A., 2000 - Etude de deux plantes aromatiques des Iles Loyauté, Alyxia stellata
(J.R. et G. Forster) Roemer et Schultes, Fagraea berteriana A. Gray. Université des
Sciences et Techniques de St Jérôme, Aix-Marseille III, DEA Synthèse et
modélisation de molécules Bioactives, 104 p.
CAMBIE R.C., LAL A.R., RICKARD C.E.F., TANAKA N., 1990 - Chemistry of Fijian plants. V.
Constituents of Fagracea gracilipes A. Gray. Chemical and Pharmaceutical Bulletin,
38(7) : 1857-1861.
CUENDET M., HOSTETTMANN K., POTTERAT O., DYATMIKO W., 1997 - Iridoid glucosides
with free radical scavenging properties from Fagraea blumei. Helvetica Chimica
Acta, 80(4): 1144–1152.
HAYASHI S., KAMEOKA H., HASHIMOTO S., FURUKAWA K., ARAI T., 1995 - Volatile
compounds of Fagraea berteriana Flowers, Journal of Essential Oil Research, 7(5):
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HONG L.T., ABDUL-RAZAK M.A., 1983 – Anti-fungal properties of methanol extractives
from some tropical hardwoods. Malaysian Forester, 46(1) : 138-139.
KUN-ANAKE A., RAGVATIN C., 1976 - Bitter glucoside from the leaves of Kangrau. Bull dept
med sci 18(1): 1-11.
LEAMAN D.J., ARNASON J.T., YUSUF R., SANGAT-ROEMANTYO H., SOEDJITO H.,
ANGERHOFER C.K., PEZZUTO J.M., 1995 - Malaria remedies of the Kenyah of the
Apo Kayan, East Kalimantan, Indonesian Borneo: a quantitative assessment of local
consensus as an indicator of biological efficacy. Journal of Ethnopharmacology,
49(1): 1-16

312
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
NAKANISHI K., SASAKI S.I., KIANG A.K., GOH J., KAKISAWA H., OHASHI M., GOTO M.,
WATANABE J.M., YOKOTANI H., MATSUMURA C., TOGASHI M., 1965 -
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pharmacological screening. Chem. Pharm. Bull., 13(7): 882-890.
NISHIDA R., SHELLY T.E., KANESHIRO K.Y., 1997 - Acquisition of female-attracting
fragrance by males of the oriental fruit fly from a Hawaiian lei flower, Fagraea
berteriana. Journal of Chemical Ecology, 23(10): 2275-2285.
OKUYAMA E., SUZUMURA K., YAMAZAKI M., 1995 - Pharmacologically active components
of Todopon Puok (Fagraea racemosa), a medicinal plant from Borneo. Chemical
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SINGH Y. N., IKAHIHIFO T., PANUVE M., SLATTER C., 1984 - Folk medicine in tonga. A study
on the use of herbal medicines for obstetric and gynaecological conditions and
disorders. Journal of Ethnopharmacology, 12(3): 305-329.

Rédacteur : B. WENIGER

313
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Ficus prolixa G. Forst. var. prolixa (MORACEAE)


(Florence, 1997)

Synonymes
Ficus obliqua sensu Seem. (Smith, 1981)
Ficus umbilicata Bureau ex Drake (Florence, 1997)
Ficus marquesensis F. Br. (Florence, 1997)
Ficus prolixa var subcordata auct., Corner 1965, pro parte, non Corner 1960 (Florence,
1997). Cela signifie que pour les récoltes de ce taxon au Iles Marquises, la définition de
Corner 1965 tombe en synonymie avec Ficus prolixa G. Forst. var. prolixa et que seul ce
nom est à conserver.

Statut IUCN
Espèce non menacée

Accessibilité et répartition géographique


Répartition de Ficus prolixa G. Forst.
Micronésie, Vanuatu, Nouvelle-Calédonie jusqu’aux Tuamotu, Marquises et Iles de la
Ligne. Le matériel des Iles Fidji appartient à la variété prolixa (Smith, 1981).
Nouvelle-Calédonie, Lifou : le banian, hmana (en langue drehu, île de Lifou) a de petits
fruits ronds et rouges. Mûrs, ils deviennent orange (octobre-novembre). Ils attirent les
roussettes (Thilë), les oiseaux (Waco). Ailleurs dans le Pacifique, forte fréquentation de cet
arbre par les oiseaux et les roussettes
Palau (Micronésie) : nom vernaculaire lulk, pousse sur plateaux coralliens.
Polynésie française : noms vernaculaires (Florence, 1997).
Ponape (Pacifique Ouest) : nom vernaculaire à Ponape ou Pohnpei : aiau

Usages

Hémorragies
– Guam : Les guérisseurs locaux utilisent parfois le latex dans des remèdes
contre les hémorragies internes ou externes.

Infections, inflammations, catarrhe


– Cook : le jus d’expression des racines aériennes est frit dans le lait de coco et
consommé contre la catarrhe (Whistler, 1992).
– Polynésie française : cette espèce est une des plantes médicinales les plus
utilisées. D’après Nadeaud (1864) l’écorce interne de ce banian a des propriétés
contre la catarrhe qui ne cèdent qu’à celles de Wikstroemia foetida (Thymeleaceae)
(Whistler, 1992).

Autres usages médicinaux


– Etats fédérés de Micronésie, Atoll d’Ulithi : les feuilles sont d’usage
médicinal (G. Wiles, pers. comm.).
– Mariannes : le latex a un usage médicinal.

314
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Usages rituels ou religieux


– Guam : les esprits taotaomona des Anciens résideraient sous cet arbre, nunu
en chamorro ; pour cette raison ces arbres sont rarement abattus.

Artisanat : usage de la fibre ligneuse ; pêche, fouets, liens végétaux, tapa


– Etats fédérés de Micronésie : à Ulithi, Ifaluk et Kosrae et peut-être dans
d'autres îles, des leurres de pêche sont confectionnés avec l'écorce de Ficus prolixa.
A Puluwat, le bois est utilisé dans des pièges à poisson et les racines aériennes dans
les pêches à la senne. Aux Iles Kiribati, les racines, qui se plient facilement, sont
utilisées dans la confection des filets d'épuisettes et parfois de cannes à pêche
(Merlin, 2002).
– Etats fédérés de Micronésie, Atoll d’Ulithi : les racines aériennes servent
parfois à la fabrication de fouets.
– Nouvelle-Calédonie, Lifou : la partie supérieure de l’écorce est noire,
blanche en dessous. C’est la partie blanche qui sert de liens pour attacher des bois
entre eux. Les petites racines aériennes servent de fouet.
– Polynésie française : l’écorce était une des principales sources de fibres pour
la confection des habits tissés ou tapa. Usage aujourd’hui restreint aux Iles
Marquises, pour le tourisme (Pétard, 1986 ; Florence, 1997).
– Polynésie française : les écorces battues donnaient un tissu de fibres non
tissées, agglutinées grâce à la présence de latex. Ces tissus étaient imperméables à
l’eau et leur abandon vers 1840 aurait contribué à la propagation de la tuberculose.
Ces tapas brun-clair servaient à recouvrir les lits et à envelopper les grandes idoles
des marae (Pétard, 1986). Les tapas très agréables à porter ou utiliser, ne
s’imprégnaient pas de sueur.
– Polynésie française : le oraa est une variété de figuier sauvage dont l’écorce
donne une excellente étoffe grise, la plus résistante qui soit et très estimée.

Usage du latex
– Nouvelle-Calédonie, Lifou : la partie supérieure de l’écorce est noire,
blanche en dessous. C’est la partie blanche qui sert de liens pour attacher des bois
entre eux. On peut fabriquer des balles de cricket avec le latex. Les petites racines
aériennes servent de fouet. Une dame de l’île de Lifou fabrique régulièrement les
balles de cricket les plus réputées, pour les clubs de ce sport en Nouvelle-Calédonie,
pratiqué essentiellement par les femmes mélanésiennes.
– Polynésie française : le latex de banian est utilisable pour la préparation du
caoutchouc (Pétard, 1986).

Composition chimique
Espèce non étudiée

Pharmacologie et toxicologie
Espèce non étudiée

315
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Orientations
La chimie et l’activité biologique de cette plante n’ont apparemment fait l’objet d’aucune
publication. Les possibilités anti-infectieuses de cette espèce seraient intéressantes à
explorer, peut-être en recherchant des composés prénylés qui sont assez courants dans les
Moraceae.
Exploitation artisanale aux Marquises (tapa) et en Nouvelle-Calédonie (balles de cricket), qui
est actuellement le principal intérêt de cette espèce.

Bibliographie

DITTMAR A., 1998 - Zur traditionellen Heilkunde Samoas. Charakteristika und


Strukturierungen des Heilpflanzenuniversums. Egelsbach, Frankfurt, München:
Verlag Dr. Hänsel-Hohenhausen. Diss. Univ. Frankfurt 1998. (Deutsche
Hochschulschriften 1153)
FLORENCE J., 1997 - Flore de la Polynésie française : 1. Cannabaceae – Cecropiaceae -
Euphorbiaceae - Moraceae - Piperaceae - Ulmaceae – Urticaceae. ORSTOM,
Paris, Faune et Flore Tropicales, No 34, 393 p.
MERLIN M., 2002 - Traditional Uses of Plants for Fishing in Micronesia, Global Symposium
on Women in Fisheries. SPC Women in Fisheries information Bulletin, 11 : 27-31.
MORISSON J., JAUNEZ B. (trad.), 1989 - Journal de James Morrison, second maître à bord de
la « Bounty ». 3e ed., Papeete, Société des études océaniennes, XXIII-200 p.
PÉTARD P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie française et raau Tahiti. Ed. revue et
augmentée par Koenig D.& K., Koenig R., Koenig D. (eds.), Cordonnier G. (ill.),
Tahiti, Editions Here po no Tahiti, 354 p.
SMITH A.C., 1981 - Flora Vitiensis Nova : a new Flora of Fiji (spermatophytes only).
National Tropical Botanical Garden, Hawaii, Vol. 2, 810 p.
WHISTLER W.A., 1992 - Polynesian Herbal Medicine. Lawai, Kauai, Hawaii, National
Tropical Botanical Garden, 238 p.
ZEPERNICK B., 1972 - Arzneipflanzen des Polynesier (plantes médicinales des Polynésiens).
Verlag von Dietrich Reimer, Berlin, 307 p.

Rédacteur : P. CABALION

316
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Geniostoma quadrangulare Fosberg (LOGANIACEAE)

Statut IUCN
Non évalué dans les Tubuai où il est très rare, plus répandu à Rapa.

Accessibilité et répartition géographique


Difficile
Iles Tubuai et Rapa

Usages
Pas d’usage connu des espèces.

Composition chimique
Genre : glucoside benzénique (G. antherotrichum).
Espèces : non étudiées à notre connaissance

Pharmacologie et toxicologie
Genre : inhibition de la protéase HIV (G. rupestre) : dose 500µg/ml, résultat « equivocal ».
Espèces : non étudiées à notre connaissance

Orientations
Recherche : Intérêt chimiotaxonomique : espèces non étudiées
La famille des Loganiacées est connue pour être une source de préparation de
curares.
Valorisation : pas de possibilité de valorisation à court et moyen terme
Non prioritaire.
Autre espèce du genre : Geniostoma rapense Fosberg
(LOGANIACEAE)
Accessibilité : peu accessible mais moyennement abondant
Identifié sur l’Ile Rapa.

Rédacteur : B. WENIGER

317
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Glochidion emarginatum J.W. Moore (EUPHORBIACEAE)


et autres espèces du genre présentes en Polynésie française.

Accessibilité et répartition géographique


Endémique des îles de la Société à Raiatea
Facilement accessible mais peu répandu en formation de maquis de moyenne altitude
Non menacé

Autres espèces du genre


Glochidion longfieldiae (Riley) F. Br. (EUPHORBIACEAE)
Accessibilité : endémique de Rapa, en forêt mésique ou plus humide
de moyenne altitude
Statut IUCN : peu accessible, non menacé
Glochidion marchionicum F. Br. (EUPHORBIACEAE)
Accessibilité : Iles Marquises, endémique. Abondant à peu répandu
en forêt mésique ou en savane arborée de basse à moyenne altitude
Statut IUCN : non menacé, accessible aisément
Glochidion moorei P.T.Li (EUPHORBIACEAE)
Synonymes : Glochidion salicifolium J.W. Moore
Accessibilité : facile, souvent localisé. Endémique de Raiatea
(Société). Formations mésiques ± ouvertes de basse à moyenne
altitude.
Statut IUCN : non menacé
Glochidion myrtifolium J.W. Moore (EUPHORBIACEAE)
Accessibilité : facile, abondante à peu commune. Endémique des îles
de la Société à Raiatea, formations mésiques ± ouvertes de basse à
moyenne altitude.
Statut IUCN : non menacé
Glochidion nadeaudii J.Florence (EUPHORBIACEAE)
Accessibilité : facile, abondante, souvent localisée. Endémique des
îles de la Société à Moorea, formations mésiques de crête de
moyenne altitude.
Statut IUCN : non menacé.
Glochidion rapaense J.Florence (EUPHORBIACEAE)
Accessibilité : peu accessible, dispersée, jamais abondant localement.
Endémique des Australes à Rapai, croupes mésiques à basse altitude
Statut IUCN : non menacé.
Glochidion taitense Baill. (EUPHORBIACEAE)
Accessibilité : endémique îles de la Société à Tahiti. Accessibilité
moyenne, ± dispersée à commune localement. Forêt des grandes
vallées à basse et moyenne altitude, plus rarement en forêt de nuages
de haute altitude
Statut IUCN : non menacé

318
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
Glochidion temehaniense J.W. Moore (EUPHORBIACEAE)
Accessibilité : accessibilité moyenne. Endémique aux îles de la
Société à Raiatea, Huahine et Tahaa. Formations mésiques ±
ouvertes de crêtes de basse et moyenne altitude, ou forêt de basse
qltitude en grandes vallées
Statut IUCN : non menacé
Glochidion tooviianum J.Florence (EUPHORBIACEAE)
Accessibilité : accessibilité moyenne, dispersé. Endémique de Nuku
Hiva. En formation ouverte de haute altitude
Statut IUCN : LR (low risk) non menacé
Glochidion wilderi J.Florence (EUPHORBIACEAE)
Accessibilité : peu accessible. Endémique des Tuamotu, Makatea,
Mangareva. Formations ouverte sur karst érodé (Makatea) ou en
formation mésique ± ouverte de basse altitude (Mangareva)
Statut IUCN : peu menacé à Makatea, gravement à Mangareva.

Usages
Pas d’usage connu des espèces considérées.

Composition chimique
Genre : sesquiterpènes (G. obovatum) : feuilles
coumarines (G. rubrum) : tronc
lactones (G. acuminatum ; G. zeylanicum)) : feuilles
flavonoïdes : glochiflavanosides (G. zeylanicum) : feuilles
lignanes (G. obovatum ; G. zeylanicum) : feuilles
triterpènes : glochidol et dér.( G. acuminatum, ; G. eriocarpum ; G. heyneanum ;
G. hongkhongense ; G. macrophyllum ; G. mooni ; G. puberum ; G. rubrum) : racine,
écorce de racine, feuilles.
tanins (G. rubrum) : feuilles
alcaloïdes absents.
Espèces : non étudiées à notre connaissance

Pharmacologie et toxicologie
Genre : antitumoral (G. heyneanum) : parties aériennes
diurétique (G. heyneanum) : parties aériennes
inhibition sécrétion histamine (G. heyneanum) : parties aériennes
hypotenseur (G. hohenackeri) : parties aériennes
hypoglycémiant (G. hohenackeri) : parties aériennes
activité SNC (G. ramiflorum) : écorce
antiviral (G. subsessile) : parties aériennes
toxicité poisson (G. velutinum) : écorce
antagoniste ester phorbol (G. triandrum) : feuille
Espèces : non étudiées à notre connaissance

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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Interêt industriel
Aucun actuellement.

Orientations
Recherche : intérêt chimiotaxonomique : espèces non étudiées
Nombreuses activités biologiques démontrées dans le genre
Valorisation : pas de possibilité de valorisation à court terme
Non prioritaires.

Rédacteur : B. WENIGER

320
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Guettarda speciosa L. (RUBIACEAE)

Statut IUCN
Non menacé.

Accessibilité et répartition géographique


Abondant sur substrat corallien : Australes, Société et Tuamotu, plus rare sur substrat
volcanique aux Marquises et Société à basse altitude. Arbre commun dans le Pacifique dans
les formations littorales coralliennes, sables ou cailloutis.

Usages
Huile essentielle (Kennedy et al., 2000)
L’écorce sert à soigner les rhumatismes ; on l’emploie aussi comme anti-diarrhéique et
fébrifuge (Pétard, 1986)
Divers usages médicinaux en Indonésie, en Micronésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, Iles
Fidji et à Tahiti (Cambie et Ash 1994) ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie (Rageau, 1973),
Samoa.

Composition chimique
Curieusement, la chimie de cette espèce très banale reste pratiquement inconnue.

Pharmacologie et toxicologie

Intérêt industriel
Le bois de Guettarda speciosa est résistant aux termites (Yaga et al., 1985)

Orientations
Pas de données significatives
Non prioritaire

Bibliographie
CAMBIE R.C., ASH J., 1994 - Fijian Medicinal Plants. Australia, CSIRO, 365 p.
KENNEDY R.R., THANGARAJ T., 2000 - Correlation between flower morphological characters
and essential oil yield. Journal of Medicinal and Aromatic Plant Sciences, 22(1B):
579-581
PÉTARD P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie française et raau Tahiti. Ed. revue et
augmentée par Koenig D.& K., Koenig R., Koenig D. (eds.), Cordonnier G. (ill.),
Tahiti, Editions Here po no Tahiti, 354 p.
RAGEAU J, 1973 - Les plantes médicinales de la Nouvelle-Calédonie. Paris, ORSTOM,
(Travaux et Documents de l'ORSTOM (FRA), No 23), 139 p.
YAGA S., KINJO K., 1985 - On the termite-resistance of Okinawan timbers IX. Termiticidal
substance from the wood of Guettarda speciosa L. Mokuzai Gakkaishi Journal of the
Japan Wood Research Society, 31(8): 684-687

Rédacteur : F. DEMARNE

321
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Heliotropium anomalum Hook. et Arn. var. anomalum


(BORAGINACAEA)

Synonymes
Lithospermum incanum G. Forst. (pour l’espèce, sans précision du taxon infra-spécifique).

Statut IUCN
Nn menacé

Accessibilité et répartition géographique


Moyenne, jamais très abondante.
Espèce (sans précision de taxon infra-spécifique) indigène de Polynésie orientale et Hawaii.
Caractéristique de la zone littorale sur sables coralliens.

Usages
Médecine : Heliotropium anomalum var. argenteum (variété propre aux îles Hawaii), voie
orale, pour nettoyer l’utérus après l’accouchement.
Autres : valeur esthétique

Composition chimique
Espèce : non étudiée à notre connaissance

Pharmacologie et toxicologie
– genre : hépatotoxique (H. amplexicaule, H. digynum, H. europaeum, H.
indicum, H. lasiocarpum, H. popovii) : parties aériennes, plante entière, graine
– antioxydant, antiradicalaire (H. amplexicaule, H.filifolium, H. megalanthum,
H. sinuatum ) : parties aériennes, résine surtout
– antifongique (H. amplexicaule, H. digynum) : parties aériennes
– antibactérien (H. campechianum, H. curassavicum, H. ellipticum, H.
longiflorum, H. subulatum) : parties aériennes, plante entière
– antiviral (H. curassavicum, H. subulatum) : parties aériennes
– mutagène (H. curassavicum) : plante entière abortif (H. europaeum) : parties
aériennes
– antimalarique (H. europaeum) : fleur
– stimulant utérin (H. indicum) : racine
– cicatrisant (H. indicum) : plante entière
– relaxant musculaire (H. kotschyi) : feuille
Espèce : non étudiée à notre connaissance

Orientations
Recherche : Intérêt chimiotaxonomique : espèce non étudiée.
Nombreuses données chimiques dans le genre : alcaloïdes pyrrolizidiniques, flavonoïdes,
quinones.
Bonnes activité antimicrobienne, mais probablement due aux alcaloïdes pyrrolizidiniques.

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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
Indices de toxicité nombreux: hépatotoxicité, génotoxicité, maladie veino-occlusive, dues
aux alcaloïdes pyrrolizidiniques.
Non prioritaire, sauf pour agent antimicrobien par voie externe.
Valorisation : pas de possibilité de valorisation à court terme.

Bibliographie
CARBALLO M., MUDRY M.D., LARRIPA I.B., VILLAMIL E., D’AQUINO M., 1992 - Genotoxic
action of an aqueous extract of Heliotropium curassavicum var. argentinum.
Mutation Research, 279(4): 245-253.
CONSTANTINIDIS T., HARVALA C., SKALTSOUNIS A. L., 1993 - Pyrrolizidine N-oxide
alkaloids of Heliotropium hirsutissimum. Phytochemistry, 32(5): 1335-1337.
CULVENOR C.C., EDGAR J.A., SMITH L.W., KUMANA C.R., LIN H.J., 1986 - Heliotropium
lasiocarpum Fisch and Mey identified as cause of veno-occlusive disease due to a
herbal tea. The Lancet, 327(8487): 978
GUNTERN A., IOSET J.-R., QUEIROZ E. F., FOGGIN C. M., HOSTETTMANN K., 2001 -
Quinones from Heliotropium ovalifolium. Phytochemistry, 58(4): 631-635.
LAKSHMANAN A. J., SHANMUGASUNDARAM S., 1994 - Helibractinecine, a pyrrolizidine
alkaloid from Heliotropium bracteatum. Phytochemistry, 36(1): 245-248.
LAKSHMANAN A. J., SHANMUGASUNDARAM S., 1995 - Ester alkaloids of Heliotropium
bracteatum. Phytochemistry, 40(1): 291-294.
MOHABBAT O., YOUNOS M.S., MERZAD A.A., SRIVASTAVA R.N., SEDIQ G.G., ARAM G.N.,
1976 - An outbreak of hepatic veno-occlusive disease in north-western Afghanistan.
The Lancet, 308(7980): 269-271.
REDDY J.S., RAO P.R., REDDY M.S., 2002 - Wound healing effects of Heliotropium indicum,
Plumbago zeylanicum and Acalypha indica in rats. Journal of Ethnopharmacology,
79(2): 249-251.
REINA M., GONZALEZ-COLOMA A., GUTIERREZ C., CABRERA R., HENRIQUEZ J.,
VILLARROEL L., 1997 - Bioactive saturated pyrrolizidine alkaloids from
Heliotropium floridum. Phytochemistry, 46(5): 845-853.
SINGH B., SAHU P.M., SINGH S., 2002 - Antimicrobial activity of pyrrolizidine alkaloids from
Heliotropium subulatum. Fitoterapia, 73(2): 153-155.
TORRES R., VILLARROEL L., URZUA A., MONACHE F. D., MONACHE G. D., GACS-BAITZ E.,
1994 - Filifolinol, a rearranged geranyl aromatic derivative from the resinous exudate
of Heliotropium filifolium. Phytochemistry, 36(1): 249-250.
URZUA A., VILLARROEL L., TORRES R., TEILLIER S., 1993 - Flavonoids in the resinous
exudate of Chilean Heliotropium species from Cochranea section. Biochemical
Systematics and Ecology, 21(6-7): 744.

Rédacteur : B. WENIGER

323
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Hernandiaceae

Synonymes
Hernandia nymphaeifolia (Presl) Kubitzki
Hernandia moerenhoutiana Guill. subsp. Moerenhoutiana
Hernandia moerenhoutiana Guill. subsp. samoensis (Hoch.) Kubitzki
Hernandia nukuhivensis F. Br.

Accessibilité et répartition géographique


H. nymphaeifolia : indigène dans le Pacifique, non menacée, mais pas vraiment banale en
formation littorale sur sables coralliens sur les îles volcaniques, plus rare sur les atolls.
Les autres espèces sont des espèces de l’intérieur des terres, à basse et moyenne altitude :
– H. moerenhoutiana ssp. moerenhoutiana, dans les îles de la Société : en forêt
humide des grandes vallée à basse altitude, rare et dispersée, commune avec les îles
Cook ; la ssp. samoensis est connue aux Australes, Raivavae, Rurutu et Tubuai où
elle est rare, d’écologie comparable, se limitant en formation ripicole des derniers
ravins boisés.
– H. nukuhivensis est la plus commune de ces espèces, endémique et largement
répandue dans les îles hautes des Marquises, de moyenne à haute altitude, en forêt
riveraines et ripicole, non menacée.

Composition chimique
Hernandia nymphaeifolia espèce étudiée
Hernandia moerenhoutiana subsp. moerenhoutiana non étudiée
Hernandia moerenhoutiana subsp. samoensis non étudiée
Hernandia nukuhivensis non étudiée

Intérêt général des espèces du genre Hernandia

Espèces caractérisées du point de vue chimiotaxonomique par la présence d’alcaloïdes de


types benzyl-isoquinoléine ou aporphine et de lignanes de type podophyllotoxine.
a) les alcaloïdes de type benzyl isoquinoléine
– Certaines molécules ont potentiellement des propriétés pharmacologiques
intéressantes (ex. Higénamine = stimulant cardiaque). Une seule est utilisée en
thérapeutique : la papavérine (obtenue actuellement uniquement par synthèse).
b) les alcaloïdes de type aporphine
– Très vaste groupe de substances rencontrées principalement chez les
Annonaceae, Lauraceae, Magnoliaceae, Monimiaceae, Menispermaceae,
Racunculaceae.
– Souvent toxiques, seulement deux molécules sont utilisées : la boldine et
l’apomorphine.
– La boldine est utilisée comme protecteur hépatique, spasmolytique,
cholérétique et stimulant de la sécrétion gastrique.

324
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
– L’apomorphine est obtenue par synthèse totale ou à partir de la morphine.
C’est un agoniste dopaminergique D2. Le chlorhydrate d’apomorphine inscrit à la
liste I des substances vénéneuses est utilisé dans la maladie de Parkinson.
c) les lignanes de type podophyllotoxine.
– Substance très toxique (Liste 1 des substances vénéneuses), la
podophyllotoxine et ses dérivés sont des poisons du fuseau. Ils inhibent la
polymérisation de la tubuline, stoppent la division cellulaire au début de la métastase.
Ses seules indications sont, en usage externe, le traitement des condylomes externes ;
en industrie, l’obtention de dérivés semi-synthétiques moins toxiques.
d) huile essentielle
– La présence d’huile essentielle est mentionnée dans plusieurs Hernandia.
Parmi les constituants, le camphre est signalé.

Orientation
Pour être intéressante, une espèce de Hernandia devrait contenir de la podophyllotoxine à un
taux supérieur à 10 % car Podophyllum hexandrum (drogue utilisée pour l’obtention de la
molécule) fournit 6 à 12% d’une résine contenant 40% de podophyllotoxine.

Rédacteur : I. FOURASTÉ

325
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Homalanthus nutans (G. Forst.) Guill. (EUPHORBIACEAE)

Synonymes
Croton nutans G. Forst.
Stillingia nutans Geiseler

Accessibilité et répartition géographique


Bonne, jamais abondante.
Indigène de Polynésie, depuis le sud-ouest du Pacifique jusque dans la Société.
Grandes vallées-à basse altitude à crêtes de haute altitude.

Usages
– Médecine : fruit (Vanuatu), voie orale, abortif
– Médecine : feuille (Vanuatu), voie orale, facilite l’accouchement
– Médecine : tige (Samoa), fièvre jaune, voie orale
– Médecine : tige (Samoa), cicatrisant

Composition chimique
Espèce : prostratine (diterpène), bois du tronc

Pharmacologie et toxicologie
Espèce : Principaux articles concernant l’activité contre le virus de l’HIV.

Mode de protection
Prostratin : brevet appartenant au US Dep. Of Health & Human Services, US Army et
Brigham University.

Orientations
Le genre Homolanthus (H. nutans, H. acuminatus) a fait l’objet d’une publicité considérable
dans la presse, avec la mise en évidence de propriétés anti-HIV, présentées comme un succès
de l’ethnopharmacologie (remède traditionnel comme antiviral à Samoa).

326
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
Principe actif identifié (prostratine), protégé par brevet, a fait l’objet d’un accord particulier :
“Reuters Health, December 13, 2001
NEW YORK (Reuters Health)——After 10 years of research and negotiations,
ethnobotanist Dr. Paul Cox delivered on a financial promise when the AIDS ReSearch
Alliance of America (ARA) agreed Thursday to return 20% of any commercial revenues
from a promising anti-HIV compound called prostratin to the people of Samoa.
Prostratin is the first compound ever licensed by the National Cancer Institute (NCI) for
development by a non-profit research institution. ARA officials said that the
organization planned to move prostratin through toxicology studies and into a phase I
clinical trial within 12 months. If the early development work proves successful, ARA
would seek an industry partner for prostratin in about two years.”
Recherche et Valorisation : non prioritaire.

Bibliographie
GULAKOWSKI R.J., MCMAHON J.B., BUCKHEIT R.W. JR., GUSTAFSON K.R., BOYD M.R.,
1997 - Antireplicative and anticytopathic activities of prostratin, a non-tumor-
promoting phorbol ester, against human immunodeficiency virus (HIV). Antiviral
Research, 33(2): 87-97.
GUSTAFSON K.R., CARDELLINA J.H. 2ND, MCMAHON J.B., GULAKOWSKI R.J., ISHITOYA J.,
SZALLAZI Z., LEWIN N.E., BLUMBERG P.M., WEISLOS O.S., BEUTLER J.A., et al.,
1992 - A nonpromoting phorbol from the samoan medicinal plant Homalanthus
nutans inhibits cell killing by HIV-1. Journal of medicinal chemistry, 35(11):1978-
1986.
KORIN Y.D., BROOKS D.G., BROWN S., KOROTZER A., ZACK J.A., 2002 - Effects of
prostratin on T-cell activation and human immunodeficiency virus latency. Journal
of Virology, 76(16): 8118-8123.

Rédacteur : B. WENIGER

327
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Homalium mouo H. St John (FLACOURTIACEAE)

Statut IUCN
Non menacé

Accessibilité et répartition géographique


Arbre endémique de Makatea, très répandu sur le plateau, puisque espèce structurante de la
forêt.

Composition chimique
Remarques :
Cet Homalium contient-il de l’homaline ? Pas de réponse dans la
doc.
Les alcaloïdes du type homaline susceptibles d’être présents dans
cette espèce ne semblent pas présenter d’intérêt particulier.

Orientation
Non prioritaire

Rédacteur : F. DEMARNE

328
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Lepidium bidentatum Montin (BRASSICACEAE)

Statut IUCN
Indigène, non menacée.

Accessibilité et répartition géographique


Répandue dans le Pacifique sud jusqu’en Nouvelle Calédonie , aussi aux Hawaii. Pas de
problème d’accessibilité en Polynésie française ; sur substrat corallien, en brousse adlittorale
à Scaevola-Timonius ou cocoteraie, très commune à peu répandue ; herbacée à sous-
arbrisseau.

Usages
Alimentaire ; salade (Pétard, 1986).
Médicinal ; vulnéraire ; cicatrisant (Pétard, 1986).
Une autre espèce, Lepidium meyenii (Maca), semble plus connue, en particulier pour ses
propriétés libido-stimulantes (Balick et Lee, 2002).

Composition chimique
Non connue

Orientation
Non prioritaire

Bibliographie
BALICK M.J., LEE R., 2002 - Maca: from traditional food crop to energy and libido stimulant.
Alternative Therapies in Health and Medicine, 8(2): 96-98
PÉTARD P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie française et raau Tahiti. Ed. revue et
augmentée par Koenig D.& K., Koenig R., Koenig D. (eds.), Cordonnier G. (ill.),
Tahiti, Editions Here po no Tahiti, 354 p.

Rédacteur : F. DEMARNE

329
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Macaranga attenuata J. W. Moore/ Macaranga venosa J. W. Moore


(EUPHORBIACEAE)

Accessibilité et répartition géographique


M. attenuata : endémique Soc. : Moorea et Raiatea
M. venosa : endémique Soc. : Raiatea, Tahaa et Tahiti
Ecologie : les deux espèces sont d’écologie comparable, M. attenuata peut-être un peu plus
xérophile, plutôt sur les hauts de pente, M. venosa aussi sur les flancs, mais toujours dans les
grandes vallées.
M. attenuata est moins commun que M. venosa, mais les deux espèces sont considérées
actuellement comme non vulnérables.

Composition chimique
Les deux espèces ne sont pas étudiées
Intérêt général des espèces du genre Macaranga : 280 espèces constituent le genre, qui est
très peu étudié.
Les constituants les plus fréquemment rencontrés sont des dérivés aliphatiques des latex de
type Gutta percha :
– Triterpènes et des saponines triterpéniques (M. tanarius)
– Flavonoïdes : isoflavones et roténones (M. indica)
flavanones et chalcones (M. peltata)
– Tanins (M. peltata)
Le genre Macaranga ne semble pas contenir de phorbols toxiques.

Orientations
Aucune notion sur la toxicité
Aucune mention d’activité pharmacologique
Pas de données significatives
Non prioritaire

Rédacteur : I. FOURASTÉ

330
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Meryta choristantha Harms (ARALIACEAE)

Bio-écologie de la ressource
Endémique des Australes à Rapa
En formation mésique de crête de basse altitude

Statut IUCN
Vulnérable

Accessibilité et répartition géographique


Peu accessible (Rapa), rare et dispersé

Usages
Pas d’usage connu de l’espèce.

Composition chimique
Genre - présence d’une gomme exsudant du tronc de M. sinclairi constitués de 95 %
d’arabinogalactane et de 2% de protéine
- triterpènes de type oléane des parties aériennes de Meryta lanceolata (endémique
de Tahiti)
Espèce : non étudiée à notre connaissance

Pharmacologie et toxicologie
Genre : non étudié à notre connaissance
Espèce : non étudiée à notre connaissance

Orientation
Non prioritaire, mais intérêt pharmacochimique du genre.
Etude botanique du genre Meryta en cours au Muséum à Paris (Thèse de F. Tronchet)

Rédacteur : B. WENIGER

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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Miconia calvescens DC. (MELASTOMATACEAE)

Synonyme
M. magnifica (Hort.) Triana
Taxonomie (Meyer, 1996 ; 1997).
Taxonomie des espèces brésiliennes, voir les références suivantes : (Almeida et Vasconcelos
Neto, 1995 ; Caprara, 1998 ; Pereira et Goldenberg, 1996 ; Judd, 1994 ; Judd et al., 1994a,
1994b ; Leite et Takaki, 1999 ; Lorenzi, 1998 ; Martins et al., 1996 ; Oliveira et al., 1996 ;
Pereira, 1962/1965 ; Pereira et Andrade, 1995a, 1995b ; Pereira et Mantovani, 1998, 2000 ;
Pereira et al., 1999 ; Queiros 1982, 1983, 1986 ; Randi, 1982).
La phylogénie du groupe des Miconiae est traitée par (Almeda et al., 2003), tandis que la
phylogénie de Miconia en relation avec la présence de composés phénoliques a été vue par
(Baldwin et Schultz, 1998).

Statut IUCN
Pas de statut, étant donné qu’il s’agit d’une espèce introduite en Polynésie française.

Accessibilité et répartition géographique


Énorme, c’est une plante invasive. La physiologie de l’espèce est traitée par : (Newell et al.,
1993 ; McDonald, 1993 ; Medeiros et al., 1997), ses relations avec le monde animal (Levey,
1990 ; Dalling et Wirth, 1998 ; Wunderle, 1998 ; Schmid, 2002) et ses relations avec les
fungi au Brésil (Grandi et al., 1999) qui identifient 65 fungi dans des litières de feuilles de M.
cabussu, 15 espèces étant citées pour la première fois au Brésil, enfin une espèce nouvelle est
décrite.

Usages

Ornemental

voir Meyer (1997).

Médicinal traditionnel

Pas d’information sur Internet, il faut donc consulter la littérature sur les Miconia spp. en
général, et tenter d’y trouver des renseignements sur Miconia calvescens (voir Duke's
Phytochemical and Ethnobotanical Databases6) :
– Miconia calvescens : rien ;
– M. minutiflora : tumeurs,
– M. wildenowii : Infusions,
– M. willdenowii ; fièvres,
– Miconia (3 spp.) : pas de nom, pas d’usage médicinal, topique ou alimentaire,
chez les Mayas Huastèques au Mexique (Alcorn, 1984).

6
http://www.ars-grin.gov/duke

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Composition chimique
Biomasse : Miconia sp. (Prado et De Moraes, 1997)
Eléments minéraux : Al en ppm dans les feuilles (Jansen et al., 2002)
Miconia acinodendron 66 100 (Chenery, 1948)
Miconia ciliata 16 500 (Chenery, 1948)
Miconia dodecandra 5 280 (Cuenca et Herrera, 1987)
Miconia ferruginata 4 310 (Harisadan, 1982)
Miconia nervosa 9 160 (Chenery, 1946)
Miconia pohliana 6 630 (Harisadan, 1982)
Miconia stephantera 6 899 (Mazzorra et al., 1987)
Miconia sp. forte (Alexander, 2001)

Miconia sp. : relation entre l’aluminium et la silice dans les feuilles (Britez et al., 2002)
Composés organiques :
- Miconia myriantha : composes phénoliques (Li et al., 2001)
- Miconia rubiginosa : étude de plantes brésiliennes à huiles essentielles
- Miconia trailii : flavonones hétérosidiques (Zhang et al., 2003)
- Miconia spp. Phylogénie et composés phénoliques (Baldwin et Schultz, 1998)
- primine : CAS N° 119-38-0, découverte en 1900, isolée et nommée en 1927, structure
élucidée et synthétisée en 1967.
- Miconia spp.: cf (Schmid, 2002, indirectement)

Pharmacologie et toxicologie
Miconia impetiolaris et Miconia hondurensis du Panama testés sur cibles du cancer, sans
résultats cités (Calderon et al., 2000)
Miconia lepidota et sp. : Primine, miconine : origine, isolement (Berger, 2001)
Miconia myriantha : un extrait à l’acétate d’éthyle de Miconia myriantha restaure des
fonctions manquantes à la suite de mutations dans une lignée de cellules d’ovaire de Hamster
de Chine (Taylor et al., 1998)
Miconia myriantha : composés phénoliques inhibant l’aspartic protease de Candida (Li et
al., 2001)
Miconia rubiginosa : activité analgésique d’extraits (Spessoto et al., 2003)
Miconia sp. :
- usage médical de la primine (connue de divers Miconia spp.) sur des carcinomes
(Melo et al., 1974) primine, miconine : origine, isolement, synthèse de dérivés
benzoquinoniques, bisbenzoquinoniques et bases de Schiff correspondantes, tests d’activité
sur levures (4 lignées) et cellules cancéreuses (2 lignées) (Berger, 2001)
- primine : CAS N° 119-38-0, découverte en 1900, isolée, nommée en 1927.
Structure élucidée et synthétisée en 1967, activité allergène, une des plus fortes connues.

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Contraintes réglementaires
En Polynésie française :
« Interdiction d'importation nouvelle, de multiplication et de plantation,
interdiction de transfert d'une ile a l'autre de tout plant entier, fragment de plant,
bouture, fruit et graine »7.

Un comité technique de lutte contre les espèces menaçant la biodiversité a été créé8.
Au Queensland (Australie): toutes espèces de Miconia sont interdites d’introduction et leur
destruction est obligatoire, sous peine d’amende9.

Orientations
Plusieurs, paradoxalement :
– Etude phytochimique indispensable : priorité haute
– Présence de composés phénoliques certaine
– Présence très probable de benzoquinones, plus ou moins apparentées à la
primine, composé très allergène dont la présence doit être recherchée.
– Recherche notamment d’activité cytotoxiques et d’activités analgésiques
(selon voies déjà entrouvertes)
– Etude de la composition minérale indispensable : priorité haute
– Miconia calvescens pourrait se révéler hyper-accumulatrice d’aluminium,
comme de nombreuses Melastomataceae et comme d’autres espèces pionnières. Voir
ce point et rechercher si d’autres éléments plus intéressants (métaux lourds ou terres
rares) sont présents également.
– Hydrodistillation : des essais sont en cours sur des espèces brésiliennes, en
faire de même (priorité haute)

Remarque
L’exploitation de l’une ou l’autre des ressources potentielles de M.
calvescens ne peut que réduire les coûts du contrôle de cette peste en
Polynésie française.

Bibliographie
ALCORN J.E., 1984 - Huastec Mayan Ethnobotany. Univ. Of Texas Press, Austin, 982 p.
ALEXANDER E.E., 2001 - Aluminium (Al) Resistance and tolerance in Trees of a Rainforest
in Central Guyana.
ALMEDA F., GOLDENBERG R., MICHELANGELI F., PENNEYS D., RENNER S.S., 2003 –
« Miconia, 1531 species names, 1061 readily distinguishable entities ». In: 4th

7
Arrêté 244 CM du 12 février 1998 inscrivant certaines espèces végétales envahissantes sur la liste des espèces menaçant la
biodiversité (JOPF du 26 février 1998 – http://www.mnhn.fr/biodiv/fr/4legis/specific/PF/244CM.pdf)

8
Arrêté n° 1151 CM du 31 août 1998 portant organisation et missions du comité interministériel de lutte contre le miconia et
les autres espèces végétales menaçant la biodiversité de Polynésie française http://www.presidence.pf/stock/tree/pdf/7802.pdf
9
http://www.mountmorgan.com/weedpests.html

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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
Biennial Meeting of the Systematics Association (The systematics of large and
species-rich taxa), Dublin.
ALMEIDA S., VASCONCELOS NETO J., 1995 – « Evidências do uso de Miconia
cinnamomifolia como alimento por antas (Tapirus terrestris) em Floresta Atlântica ».
In: XLVI Congresso Nacional de Botânica, Ribeirão Preto.
BALDWIN I.T., SCHULTZ J.C., 1988 - Phylogeny and the patterns of leaf phenolics in gap- and
forest-adapted Piper and Miconia understory shrubs. Oecologia 75 : 105-109.
BALDWIN I.T., SCHULTZ J.C., 1988 - Phylogeny and the patterns of leaf phenolics in gap- and
forest-adapted Piper and Miconia understory shrubs. Oecologia, 75 : 105-111.
BERGER J.M., 2001 - Isolation, Characterization and synthesis of bioactive natural products
from rainforest Flora. Virginia Polytechnic and State University, Ph.D. Chemistry,
210 p.
BRITEZ R.M., WATANABE T., JANSEN S., REISSMANN C.B., OSAKI M., 2002 - The
relationship between aluminium and silicon accumulation in leaves of Faramea
marginata (Rubiaceae). New Phytologist, 156(3) : 437-444
CALDERON I.A., ANGERHOFFER C.K., PEZZUTO J.M., FARNSWORTH N.R., FOSTER R.,
CONDIT R., GUPTA M.P., SOEJARTO D.D., 2000 - Forest plot as a tool to demonstrate
the pharmaceutical potential of plants in a tropical Forest of Panama. Economic
Botany, 54(3): 278-294.
CAPRARA A.C., 1998 – « Caracterização física, química e anatômica e qualidade da madeira
de casca-de-arroz (Miconia cinnamomifolia Mart. ex DC. Naud.) ». In: Congresso
Florestal Do Paraná, 2, Curitiba. Annales : Curitiba, Instituto Florestal do Paraná :
583-594
CHENERY E.M. 1948 - Aluminium in the plant world. Part I, General survey in dicotyledons.
Kew Bulletin, 1948: 173–183.
CHENERY E.M., 1946 - Aluminium in trees. Empire Forestry Review, 25: 255–256.
CUENCA G, HERRERA R., 1987 - Ecophysiology of aluminium in terrestrial plants, growing
in acid and aluminium-rich tropical soils. Annales de la Société Royale Zoologique
de Belgique, 117(Supplement 1): 57–74.
DALLING J.W., WIRTH R., 1998 - Dispersal of Miconia argentea seeds by the leaf-cutting ant
Atta colombica. Journal of Tropical Ecology, 14(5) : 705-710.
GRANDI R.A.P., MILANEZ A.I., GUSMÃO L.F.P., 1999 – « Hyphomycetes associados a folhas
de Miconia cabussu Hoehne e Tibouchina pulchra Cogn. (Melastomataceae)
provenientes da reserva biológica da Serra de Paranapiacaba ». In: 2a. Reunião sobre
Pesquisa Ambiental na SMA, 1 : 18.
HARIDASAN M., 1982 - Aluminium accumulation by some cerrado native species of central
Brazil. Plant and Soil, 65: 265–273.
JANSEN S., WATANABE T., SMETS E., 2002 - Aluminium Accumulation in Leaves of 127
Species in Melastomataceae, with Comments on the Order Myrtales. Annals of
Botany, 90(1): 53-64.
JUDD W.S., 1994 - Miconia skeaniana (Melastomataceae: Miconieae), a new species from
eastern Cuba. Sida Contributions to Botany, 16(2): 225-231.
JUDD W.S., SKEAN J.D.JR., 1994a - Miconia alainii (Melastomataceae: Miconieae), a new
species from Hispaniola. Novon 4 : 112-115.
JUDD W.S., SKEAN J.D.JR., 1994b - Taxonomic studies in the Miconieae (Melastomataceae).
VI. Miconia santanana, a new species from Hispaniola. Brittonia, 46(2) : 99-104.
LEITE I.T. DE A., TAKAKI M., 1999 – « Aspectos fisioecológicos da germinação de sementes
de Miconia cinnamomifolia (DC.) Naud ». In: Congresso Nacional de Botânica, 50,
Blumenau (1999) : 132.

335
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
LEVEY D.J., 1990 - Habitat-dependent fruiting behaviour of an understory tree, Miconia
centrodesma, and tropical treefall gaps as keystone habitats for frugivores in Costa
Rica. Journal of Tropical Ecology, 6 : 409-420.
LI X.C., JACOB M.R., PASCO D.S., ELSOHLY H.N., NIMROD A.C., WALKER L.A., CLARK
A.M., 2001 - Phenolic compounds from Miconia myriantha inhibiting Candida
aspartic proteases. Journal of natural products, 64(10) : 1282-1285.
LORENZI H., 1998 - Arvores brasileiras: manual de identificação e cultivo de plantas
arbóreas nativas do Brasil. Editora Plantarum, Nova Odessa, Vol. 1, 367 p.
MARTINS A.B., SEMIR J., GOLDENBERG R., MARTINS E., 1996 - O gênero Miconia Ruiz et
Pav. (Melastomataceae) no Estado de São Paulo. Acta Botanica Brasilica, 10(2):
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MAZORRA M.A., SAN JOSE J.J., MONTES R., GARCIA MIRAGAYA J., HARIDASAN M., 1987 -
Aluminium concentration in the biomass of native species of the Morichals (swamp
palm community) at the Orinoco Llanos, Venezuela. Plant and Soil, 102: 275–277.
MCDONALD E.P., 1993 - Light effects on physiological characteristics of tropical tree and
shrub species of Miconia. Dissertation. Ph.D. Duke University, Durham, N.C.
(USA), 261 p.
MEDEIROS A.C., LOOPE L.L., CONANT P., MCELVANEY S., 1997 - Status, ecology, and
management of the invasive tree Miconia calvescens DC. (Melastomataceae). Bishop
Museum Occasional Papers No. 48 : 23-35
MELO A.M., JARDIM M.L., DE SANTANA C.F., LACET Y.; LOBO FILHO J., DE LIMA I.L.O.G.,
1974 - First observations on the topical use of Primin, Plumbagin and Maytenin in
patients with skin cancer. Revista do Instituto de Antibioticos (Recife), 14(1-2): 9-16.
MEYER J.Y., 1996 - Status of Miconia calvescens (Melastomataceae), a dominant invasive
tree in the Society Islands (French Polynesia). Pacific Science, 50 : 66-76.
MEYER J.Y., 1997 – « Epidémiologie de l’invasion par Miconia calvescens et raisons d’un
succès spectaculaire ». In: Proceedings of the First Regional Conference on Miconia
Control, 26-29 août 1997, 23 p.
NEWELL E.A., MCDONALD E.P., STRAIN B.R., DENSLOW J.S., 1993 - Photosynthetic
responses of Miconia species to canopy openings in a lowland tropical rainforest.
Oecologia, 94(1) : 49-56.
OLIVEIRA R.R. DE, PEREIRA T.S., DELAMONICA P., LIMA D.F., 1996 – « Utilização de
Miconia cinnamomifolia (DC.) Naud. (Melastomataceae) como indicadora da idade
de florestas secundárias no Rio de Janeiro ». In: Congresso Nacional de Botânica,
47, Nova Friburgo: 365.
PEREIRA E., 1962/1965 - Flora do Estado da Guanabara, IV. Melastomataceae. II.
Miconieae. Gênero Miconia. Arquivos do Jardim Botânico do Rio de Janeiro, 18 :
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PEREIRA T.S., ANDRADE A.C.S., 1995a - Efeito da temperatura na germinação de sementes
de jacatirão (Miconia cinnamomifolia (DC.) Naud.). Informativo ABRATES,
Brasília, 5(2): 191.
PEREIRA T.S., ANDRADE A.C.S., 1995b - Maturação fisiológica de Miconia cinnamomifolia
(DC.) Naud. Informativo ABRATES, Brasília, 5(2): 167.
PEREIRA T.S., GOLDENBERG R., 1996 – « Biologia reprodutiva de Miconia cinnamomifolia
(DC) Naudin e de M. saldanhaei Cogn. (Melastomataceae) na Reserva Bioógica de
Poço das Antas ». In: XLVII Congresso nacional de Botanica, Nova Friburgo. Livro
de Resumos do XLVII Congresso nacional de Botanica : 406.
PEREIRA T.S., MANTOVANI W., 1998 – « Estratégias de estabelecimento de Miconia
cinnamomifolia (DC.) Naud. - jacatirão - no gradiente de sucessão da Mata Atlântica
no Rio de Janeiro ». In: Congresso Nacional de Botânica, 49 : 317.

336
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
PEREIRA T.S., MANTOVANI W., 2000 – « Maturação e dispersão de Miconia cinnamomifolia
(DC.) Naud ». In: Congresso Nacional de Botânica, 51 : 175-176
PEREIRA T.S., MATOS D.M. DA S., MANTOVANI W., 1999 – « Estrutura e dinâmica de uma
população de Miconia cinnamomifolia (DC.) Naudin (jacatirão) no gradiente de
sucessão secundária da Reserva Biológica de Poço das Antas, RJ ». In: Congresso
Nacional de Botânica, 50 : 200-201.
PRADO C.H.B.A., DE MORAES J.A.P.V., 1997 - Photosynthetic capacity and specific leaf
mass in twenty woody species of Cerrado vegetation under field conditions.
Photosynthetica, 33(1–4): 103-112.
QUEIROZ M.H. DE, 1982 – « Aspectos preliminares de beneficiamento e germinação de
Miconia cinnamomifolia (De Candolle) Naudin - jacatirão-açu ». In: Congresso
Nacional sobre essências nativas, Campos do Jordão, Publicado na Silvicultura em
São Paulo, 16A(1): 318-322.
QUEIROZ M.H. DE, 1983 - Influência da luz na germinação de Miconia cinnamomifolia (De
Candolle) Naudin - jacatirão-açu. Insula, Florianópolis, 13: 29-37.
QUEIROZ M.H. DE, 1986 – « Armazenamento de sementes de jacatirão-açu: Miconia
cinnamomifolia (D. C. Naud.) ». In: Congresso Florestal Brasileiro, 5. Publicado na
Silvicultura, 11(41) :70
RANDI A.M., 1982 – Estudo preliminar sobre inibidores de germinação em frutos de Miconia
cinnamomifolia e Ocotea puberula. Silvicultura, 16(1):238-242.
SCHMIDT V., 2002 - The rôle of fruit colour in avian fruit selection : an objective approach.
Oldenburg Univ., Diss. (Thèse), 84 p.
SPESSOTO M.A., FERREIRA D.S., CROTTI A.E., SILVA M.L., CUNHA W.R., 2003 - Evaluation
of the analgesic activity of extracts of Miconia rubiginosa (Melastomataceae).
Phytomedicine, 10(6-7): 606-609.
TAYLOR W.H., SINHA A., KHAN I.K., MCDANIEL S.T., ESKO J.D., 1998 - Primers of
Glycosaminoglycan Biosynthesis from Peruvian Rain Forest Plants. Journal of
Biological Chemistry, 273(35): 22260-22266.
WUNDERLE J.M. JR., 1998 - Avian Resource Use in Dominican Shade Coffee Plantations.
Wilson Bulletin (Wilson Ornithological Society), 110(2): 255-265.
ZHANG Z.Z., ELSOHLY H.N., LI X.C., KHAN S.I., BROEDEL S.E., RAULLI R.E. JR., CILHAR
R.L., WALKER L.A., 2003 - Flavanone Glycosides from Miconia trailii. Journal of
Natural Product, 66(1): 39-41.

Rédacteur : P. CABALION

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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Moringa oleifera Lamarck (MORINGACEAE)

Accessibilité et répartition géographique


Introduite, mais peu commune en Polynésie Française

Usages
Très nombreux, toutes les parties sont utilisées
Jeunes fruits, fleurs, jeunes feuilles : légumes
Feuilles : activités cicatrisante, galactologue, anti-oxydant alimentaire, traitement des
diarrhées et des douleurs stomacales, purgatives.
Fleurs : activités stimulante, aphrodisiaque, diurétique, cholagogue.
Graines : purification de l’eau, anti-pyrétiques, traitement des rhumatismes et de la goutte
par voie externe, alimentation. Traitement de la constipation, des vers intestinaux, des
dyspepsies, inflammation de la peau, œdème, diabète, tumeurs abdominales, lumbago.
Racines : diurétiques, anti-rhumatismales, traitement de l’asthme, anti-microbienne
(glucosinolates), traitement de l’épilepsie, de la fièvre, de l’hypertension, des
refroidissements. En usage externe : gingivites, morsures de serpents, abcès, inflammation,
rhumatismes, plaies
Fruits : anthelmintiques.
Cette espèce introduite mais peu commune en Polynésie Française (connue en deux stations
à Tahiti et Raiatea) est exploitée dans d’autres régions du monde, notamment pour la
désinfection de l’eau. Cette propriété pourrait s’avérer être intéressante pour l’amélioration
des conditions sanitaires dans les communes isolées. ou essais de plantation pourraient être
réalisés à peu de frais

Composition chimique

Feuilles
– Flavonoïdes : quercétine (et hétérosides), kaempférol (et hétérosides)
– Acide ascorbique
– Glucosinolates (principalement 4-(a-L-rhamno-pyranosyloxy)-
benzylglucosinolate)
– Dérivés cinnamiques : 3 et 5-caffeoylquinic acid
– Thiocarbamates : niazinin A et B, niazimicin, niazinminin A et B

Fleurs
– Flavonoïdes : quercétine, kaempférol, rhamnétine ; isoquercitrine,
kaempferitrine

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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Graines
– Glucosinolates (principalement 4-(a-L-rhamno-pyranosyloxy)-
benzylglucosinolate), jusqu’à 9 % de la graine dégraissée
– β-D-glucosyl-2,6-dimethyl benzoate
– Huile grasse (22-38 %) : acide oléique (65 –75 %), ac. stéarique, ac
palmitique, ac béhénique, ac eicosanoique, ac lignocérique, tocophérols α, β, γ (50-
300 mg/kg), stérols (campestérol, stigmastérol, clerstérol, δ5-avénastérol, β-
sitostérol, methylene-cholesterol, cholestérol, stigmastanol, campestanol,

Racines
– Glucosinolates (principalement 4-(a-L-rhamno-pyranosyloxy)-
benzylglucosinolate), glucotropaeoline
– Alcaloïdes : moringine (benzylamine), moringinine, pterygospermine,
spirochin
– Sitostérol, cires et résines

Tiges
– Glucosinolates (principalement 4-(a-L-rhamno-pyranosyloxy)-
benzylglucosinolate)
– Stérols : Β-sitostérol
– Gomme : polyuronide insoluble dans l’eau
– Alcaloïdes : moringine

Pharmacologie et toxicologie

Feuilles
– Activité antioxydante : DPPH (β-carotène-acide linoléique), antiulcéreuse,
anti-bactérienne (S . aureus), hypo-cholestérolémiante (cholestérol total, rat),
galactologue
– Activité spasmolytique et hypotensive (in-vitro et in-vivo) : thiocarbamates
– Régulation des hormones thyroïdiennes (-T3, +T4) chez la ratte =>
traitement de l’hyperthyroïdie ?
– Activité anti-inflammatoire aigüe (mais non chronique) et cicatrisante
– Risque d’allergie par contact répété

Graine
– Désinfection de l’eau (activité anti-bactérienne et floculante) : polypeptide
non-identifié

Ecorce
– Activité anti-fongique et anti-tuberculeuse
– Inhibition de la spermatogénèse

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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Fruits
– Activité hypotensive
– Activité hypocholestérolémiante (baisse cholestérol total, LDL, VLDL,
triglycérides)
– Allergie par l’écorce des jeunes fruits

Racine
– Activité antibiotique et antifongique (pterygospremine)

Orientations
Bois : fabrication de la pâte à papier
Ecorce : tanins pour le tannage des cuirs
Graine : production de l’huile à des fins alimentaires (proche de l’huile d’olive), industrielles
ou cosmétiques

Rédacteur : Y. BARBIN

340
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Phyllanthus pacificus Muell. Arg. (EUPHORBIACEAE)


[environ 600 espèces dans le genre Phyllanthus]

Statut IUCN
Non menacé

Accessibilité et répartition géographique


Sous-arbrisseau à arbuste, endémique des îles Marquises
Peu commune à commune localement, plus généralement dispersée en formation ouverte
mésique à ombrophile de croupe, crêtes et pentes de basse à haute altitude

Orientations
Pas de données significatives, non prioritaire.
A étudier cependant dans l’avenir.
Certaines espèces de la famille des Euphorbiaceae présentent un intérêt alimentaire,
médicinal ou industriel

Rédacteur : I. FOURASTÉ

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Pisonia grandis R. Br. (NYCTAGINACEAE)


[35 espèces dans le genre]

Synonymes
Ceodes grandis (R. Br.) D. Q. Lu (1996)

Statut IUCN
Non menacé

Accessibilité et répartition géographique


Indigène
Grand arbre des sables coralliens, plus rare sur substrat volcanique.
Très fréquent aux Tuamotu, moins commune aux Iles Marquises dans les collines
(supra)littorales ; plus rare aux Iles de la Société.

Usages
Plante médicinale tahitienne : propriétés émollientes de l’écorce en association avec de
l’écorce de pomme-cannelle et du monoï
Plante alimentaire
Jeune feuille comestible pour l’homme (« lettuce tree » pour cultivars albinos [Mabberley] )
Feuilles adultes = fourrage pour le bétail
Plante industrielle
Bois sec, blanc, très léger, sert à la construction de radeaux.

Pharmacologie et toxicologie
Des extraits de feuilles de P. grandis ont montré des propriétés analgésique, anti-
inflammatoire et diurétique significatives. Des réponses doses dépendantes ont été
démontrées (Anbalagan et al., 2002).

Intérêt industriel
En alimentaire : étude à faire
Bois de construction
Comme médicament : aucun dans l’état actuel des connaissances.

Orientation
Etude à poursuivre.
Aucune information récente sur la composition chimique

Bibliographie
ANBALAGAN N., RAJINIKANTH K.N., GNANASAM S.K., LEONARD J.T., BALAKRISHNA K.,
RAMACHANDRAN S., SRIDHAR S.K., 2002 - Analgesic, antiinflammatory and diuretic
activities of Pisonia grandis. Natural Product Sciences, 8(2): 97-99.

Rédacteur : I. FOURASTÉ

342
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Psydrax odorata (G. Forst.) N. Hallé et J. Florence (RUBIACEAE)

Synonyme
Canthium odoratum G. Forst., C. kohenua F. Br.

Accessibilité et répartition géographique


Arbrisseau à arbuste de végétation ouverte mésique à xérique de basse altitude
Rare à ± abondante, localisée

Usages
Plante médicinale tahitienne : propriétés astringentes de l’écorce ; les racines auraient des
propriétés purgatives drastiques
Plante industrielle : les fleurs très parfumées entrent dans la fabrication du monoï et la
confection de couronnes et de colliers.

Composition chimique

Intérêt général des espèces du genre Psydrax

Espèces caractérisées du point de vue chimiotaxonomique par la présence d’alcaloïdes,


d’iridoïdes, de glucosides diphénylpropanioïdes
Plusieurs espèces du genre ont été étudiées.
Des alcaloïdes peptidiques ont été isolés de Canthium arnoldianum (Dongo et al., 1989) et
de C. euryoides.
Des iridoïdes tel le 6-O- B-D- apiofuranosyl-mussaenosidic acid, à partir de Canthium
berberifolium (Achenbach et al., 1980; Achenbach et al., 1981 ; Kanchanapoom et al.,
2002).
Des dérivés diphénylpropanoïdes ont été isolés de Psydrax livida (=Canthium huillense)
(Rockenbach et al., 1992; Nahrstedt et al., 1995 ; Gunasegaran et al., 2001 ; Kanchanapoom
et al., 2002).
Des dérivés stéroliques et triterpéniques (Achenbach et al., 1981).
Des parties aériennes ont été isolées :
Des iridoïdes dont les esters méthylés du
– 6-0-benzoylshanzhiside,
– 8-benzoylshanzhiside
– 6-O-benzoyl-6’-O- acétylshanzhiside
– 6 ,6’-O,O-dibenzoylshanzhiside
Des alcaloïdes dont
– des alcaloïdes monoterpéniques : pectrodorine et isoplectrodorine
– des alcaloïdes cyclopeptidique : N-desmethylmyrianthine C (Gournelis et al.,
1989)

343
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Pharmacologie et toxicologie
Aucune étude à notre connaissance

Orientations
Plusieurs études parcellaires, uniquement chimiques, ne permettant pas d’orienter les
investigations dans un domaine précis.
Etude à poursuivre. Seule l’obtention de molécule à activité thérapeutique peut conduire à
une relance de l’intérêt de cette plante.

Bibliographie
ACHENBACH H., WAIBEL R., RAFFELSBERGER B., ADDAE-MENSAH I., 1981 - Iridoid and
other constituents of Canthium subcordatum. Phytochemistry, 20(7): 1591-1595.
ACHENBACH, HANS, WAIBEL R., ADDAE-MENSAH I., 1980 - Shanzhisin methyl ester
gentiobioside, a new iridoid - isolation and synthesis. Tetrahedron Letters, 21(38):
3677-3678.
DONGO E., AYAFOR J.F., SONDENGAM B.L., CONNOLY J.D., 1989 - A new peptide alkaloid
from Canthium arnoldianum. Journal of natural products, 52(4): 840-843.
GOURNELIS D., SKALTSOUNIS A.L., TILLEQUIN F., KOCH M., PUSSET J., LABARRE S., 1989 -
Plantes de Nouvelle-Caledonié CXXI. Iridoïdes et Alcaloïides de Plectronia
odorata. Journal of natural products, 52(2) : 306-316.
GUNASEGARAN R., SUBRAMANI K., AZANTHA PARIMALA P., RAMACHANDRAN NAIR A. G.,
RODRIGUEZ B., MADHUSUDANAN K. P., 2001 - 7-O-(6-O-Benzoyl-[beta]--
glucopyranosyl)-rutin from leaves of Canthium dicoccum. Fitoterapia, 72(3): 201-
205.
KANCHANAPOOM T., KASAI R., YAMASAKI K., 2002 - Iridoid and phenolic diglycosides from
Canthium berberidifolium. Phytochemistry, 61(4): 461-464.
NAHRSTEDT A., ROCKENBACH J., WRAY V., 1995 - Phenylpropanoid glycosides, a furanone
glucoside and geniposidic acid from members of the rubiaceae. Phytochemistry,
39(2): 375-378.
ROCKENBACH J., NAHRSTEDT A., WRAY V., 1992 - Cyanogenic glycosides from PS Psydrax
and Oxyanthus species[a/t]. Phytochemistry, 31(2): 567-570.

Rédacteur : I. FOURASTÉ

344
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Rauvolfia sachetiae

Statut IUCN
Gravement menacé d’extinction

Usages
Non décrits pour cette espèce
Autres espèces du genre : Rauvolfia vomitoria.
Traitement de l’agitation, des palpitations, de l’insomnie, de
l’épilepsie, des désordres psychiques.

Composition chimique
Non décrits pour cette espèce
Autres espèces du genre : Rauvolfia vomitoria.
Alcaloïdes indoliques :
- 43 alcaloïdes dans l’écorce du tronc (groupe de l’heteroyohimbine :
raubasine et dihydroindol, reserpilin, isoreserpilin…),
- 44 dans la racine (groupe de l’heteroyohimbine : raubasine et
dihydroindol, reserpilin, reserpin, rescinnamin, ajmalin, serpentin,
tetraphyllin… ),
- 19 dans les feuilles (groupe de l’oxindole : carapanaubine et de
l’heteroyohimbine : aricin, isoreserpilin),
- 4 dans le fruit

Flavonoïdes : heterosides de kaempferol


Stérols, acide gallique, alcool terpénique, acide ursolique

Pharmacologie et toxicologie
Autres espèces du genre : Rauvolfia vomitoria.
Nombreuses, voir celles des principaux alcaloïdes réserpine(effet
sympatholitique) et ajmaline (effet antiarrythmique et sédatif central).

Intérêt industriel
Genre de plantes largement étudié pour la chimie et la pharmacologie (surtout R. serpentina
et R. vomitoria), y compris par culture in-vitro.
Si l’étude d’un rauvolfia endémique présente un intérêt, il semble plus théorique que
pratique. La possibilité de trouver des molécules très originales semble faible.

Rédacteur : Y. BARBIN

345
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Reynoldsia marchionensis F. Br. (ARALIACEAE)


Reynoldsia verrucosa Seem. (ARALIACEAE)

Synonymes
R. tahitensis Nadeaud

Statut IUCN
Reynoldsia marchionensis : non menacé
Reynoldsia verrucosa : non menacé

Bio-écologie de la ressource
Reynoldsia marchionensis (Araliaceae) : endémique des Iles Marquises.
Reynoldsia verrucosa Seem. (Araliaceae) : endémique des Iles de la Société.

Usages
Pas d’usage connu de l’espèce

Composition chimique
Genre : aucune donnée d’ordre chimique
Espèce : non étudiée à notre connaissance

Pharmacologie et toxicologie
Genre : aucune donnée concernant des activités biologiques
Espèce : non étudiée à notre connaissance

Intérêt industriel
Aucun actuellement.

Orientations
Recherche : intérêt chimiotaxonomique : espèces et genre non étudiée
Présence de saponines « adaptogènes » dans la famille (ginseng).
Non prioritaire dans un premier temps.
Valorisation : pas de valorisation à court terme, étude scientifique préalable.

Rédacteur : B. WENIGER

346
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Rhus taitensis Guill. (ANACARDIAACEAE)

Synonyme
R. simarubifolia (simarubaefolia)

Statut IUCN
Non menacé

Accessibilité et répartition géographique


Commune à Tahiti

Usages
non décrits
Autre espèce du genre :
Rhus glabra : Activité anti-infectieuse
Rhus javanica : Activité anti-infectieuse et anti-inflammatoire

Composition chimique
non décrite
Autre espèce du genre
Rhus retinorrhoea :
Biflavanone : di-o-methyltetrahydroamentoflavone
Flavonoïdes : ériodyctiol, dérivés d’apigénine, naringénine,
quercétine, lutéoline
Rhus vernicifera :
Phytocyanine : stellacyanine
Catechols olefiniques : urushiols
Flavonoïdes : fustine, quercétine, butéine, sulfuretine, garbanzol,
fisetine
Polysaccharides
Rhus javanica :
Acides phénoliques : syringique, protocatéchique, gallique et dérivés
Triterpènes : semialactone, isofouquierone peroxyde, fouquierone
Rhus glabra :
Hétérosides d’acide phénol
Trihydroxyaurone
Catéchines
Methyl gallate, acide gallique, methoxy dihydroxybenzoique acide

347
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
Rhus typhina :
Hétérosides d’acide phénol
Trihydroxyaurone
Catéchines
Rhus alata, R. semialata, R. punjabensis :
Urushiols
Xanthones prenylées
Rhus pyroides :
Bichalcone
Rhus semialata :
Urushiols
Xanthones prenylées
Triterpène : alpha-hydroxy beta 19-dammara-20,24-dien-26-oic acid
Dérivé d’acide benzoïque, flavonoïdes
Rhus trichocarpa :
Elaeocarpusin (acide ascorbique + geraniin)
Rhus succedanea
Elaeocarpusin (acide ascorbique + geraniin), dérivés d’hydroquinone

Remarque
Un nouveau Triterpène du type lupane isolé des extraits ethero
pétrolique des feuilles (Aysen Yürüker et al., 1998).

Pharmacologie et toxicologie
Autres espèces du genre :
Rhus retinorrhoea :
activité antimalarique (biflavanone)
Rhus coriara :
activité antioxydante
Rhus javanica :
activité antioxydante,
captage de NO => activité anti-inflammatoire et anti-infectieuse ?
Rhus vernicifera :
activité cytotoxique sur cultures de cellules cancéreuses humaines,
sur culture Hela et CT26, activité antioxydante (liée aux
flavonoïdes ?).
Sulfuretine et fisetine : activité cytotoxique sur divers souches de
cellules humaines
Activité antileucopéniante
Urushiols : activité cytotoxique sur divers lignées cellulaires
humaines, activité allergénique (dermatite de contact)

348
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
Rhus glabra et Rhus typhina :
activité antinéoplasique, induction d’interféron
Rhus glabra :
activité antimicrobienne
Rhus pyroides :
activité antifeedante faible sur cricket
Rhus semialata :
inhibition d’activité IkappaBalpha kinase (arthrite, dérivé d’acide
benzoïque), inhibition d’activité alpha-glucosidase
Rhus succedanea :
activité cytotoxique et antioxydante
Rhus hirta :
Activité antioxydante (extrait méthanolique, DPPH, superoxyde
scavenging, DCF/AAPH)

Toxicologie : non décrite sur l’espèce


Autres espèces du genre :
DL 50 par voie IP de 250 à 3600 mg/kg sur rongeurs suivant les
espèces testées
Fort pouvoir allergisant de la plupart des espèces de Rhus par contact
au niveau de la peau ou des muqueuses : développement de
dermatites de contact

Orientations
Les voies de valorisation en cosmétologie et alimentation sont totalement exclues du fait du
pouvoir allergisant constaté sur les autres espèces du genre.
L’utilisation pharmaceutique semble peu probable du fait du manque d’originalité de la
composition chimique des autres espèces du genre.

Bibliographie
YURUKER A., ORJALA J., STICHER O., RALI T., 1998 - Triterpenes from Rhus taitensis.
Phytochemistry, 48(5): 863-866.

Rédacteur : Y. BARBIN

349
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Streblus anthropophagorum (Seem.) Corner (MORACEAE)

Statut IUCN
Non menacé

Accessibilité, répartition géographique et type biologique


Arbre des formations humides d’altitude, caractéristique de la forêt de nuages à Moorea,
Raiatea et Tahiti, assez commun dans cette dernière au-dessus de 800 m ; plus rare aux
Marquises à Nuku Hiva et Ua Pou et à Rapa aux Australes.

Usages

Composition chimique
Non connue

Pharmacologie et toxicologie
Streblus asper, une autre espèce, est connue pour de nombreuses propriétés médicinales.

Orientation
Non retenue
Une autre espèce du genre Streblus existe en Polynésie, à Rapa :
Streblus pendulinus (Endl.) F. Muell.

Rédacteur : F. DEMARNE

350
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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Thespesia populnea (L.) Solander ex Correa (MALVACEAE)

Synonymes
Hibiscus populneus L. (Smith, 1981)
Hibiscus bacciferus Forster f. (Zepernick, 1972)
Thespesia macrophylla Blume (Zepernick, 1972)
Thespesia populnea Solander ex Parkinson [mauvaise citation des auteurs du nom,
(Zepernick, 1972)].

Statut IUCN
Non menacé en Polynésie Française dans l’ensemble, sauf localement, par surexploitation du
bois.

Accessibilité et répartition géographique


Répartition : arrière-plages de l’espace indo-malésien et Pacifique tropical ; peu commune à
commune aux Marquises en forêt supra-littorale à Pisonia-Sapindus (au moins jusque vers
300 m d’altitude ; c’est le ‘miro’ (Hooper, 1985).
Nouvelle-Calédonie : Bois de rose arbre de bord de mer (Rageau, 1973)
Vanuatu : confiné en littoral, juste au-dessus de la laisse des marées hautes, sur rivages
sableux ou rocheux, moins fréquemment dans les marécages (Wheatley, 1992).
De l’Afrique orientale à la Polynésie orientale (WHO, 1998) ; pantropical et subtropical
(Smith, 1981).
Envahissante après introduction en Floride10
- multiplication par graines ou par boutures
- germination optimale entre 25 et 35°C, en moins d’une semaine si les semences sont
scarifiées ; bonne conservation à sec à T° ordinaire et en chambre froide ; test en Nouvelle
Calédonie : jusqu’à 75% de germination après 3 ans au sec ; scarification du côté renflé,
semis en surface et pointe enfoncée dans le milieu de culture, sur sable ou mélange sable-
tourbe ; repiquage au stade cotylédonaire ; une trentaine de graines par fruit, souvent
attaquées par des larves d’insectes ; traitement 3 mn dans eau de Javel et Mercryl, puis 3 mn
dans Bénomyl à 0,5 g/l, graines saines dures à conserver (ORSTOM, 1985).
Phytopathologie à Scytalidium dimidiatum (ElShafie et Ba-Omar, 2002).
Noms vernaculaires dans le Pacifique : Cambie et Brewis (1997).
Nombreux noms vernaculaires ou communs, de l’Afrique à la Polynésie orientale en passant
par l’Asie tropicale et l’Australie.

10
http://www.hibiscus.org/species/tpopulnea.php

351
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Usages

Usages médicinaux : Appareil génito-urinaire, fertilité


– Cook : les fruits de miro broyés dans un remède complexe pour traiter les
problèmes du tractus urinaire (Whistler, 1992).
– Fidji : une solution épaisse préparée à partir de l’écorce interne est donnée
pour un symptôme post-coïtal, incluant une perte d’appétit (Weiner, 1984).
– Fidji : le jus d’expression de la tige est administré en cas de syndrome
rassemblant une concentration d’urine (‘urines colorées’) et une perte d’appétit
(Weiner, 1984).
– Fidji : la macération de l’écorce est indiquée contre la gonorrhée, les
concentrations d’urine (Cambie et Ash, 1994).
– Hawaï : le jus gluant obtenu de l’écorce est donné au moment de
l’accouchement pour lubrifier les parties (Whistler, 1992). Les graines servent dans
une préparation abortive (Zepernick, 1972).
– Polynésie française : les fruits verts entrent dans un traitement externe des
fausses couches (Pétard, 1986).
– Polynésie française : les fruits verts entrent dans un remède des pertes
blanches avec troubles nerveux (Pétard, 1986).
– Polynésie française : les écorces fraîches entrent dans un remède contre les
calculs urinaires (Pétard, 1986).
– Polynéqsie française, Marquises : les fruits entrent dans un traitement à
long terme pour favoriser l’hygiène génitale des jeunes femmes (Zepernick, 1972).
– Samoa : pour abréger des règles trop longues (Zepernick, 1972).
– Samoa : Les jeunes feuilles dans une recette abortive complexe (Zepernick,
1972).

Diabète
– Fidji : une solution préparée à partir de l’écorce est donnée contre le diabète
(Weiner, 1984).
– Fidji : la macération de l’écorce est indiquée contre le diabète (Cambie et
Ash, 1994).

Lutte contre les parasites


– Fidji : la macération de l’écorce est indiquée contre la dysenterie (Cambie et
Ash, 1994).
– Fidji : l‘écorce entre dans un remède complexe contre les vers intestinaux
(Cambie et Ash, 1994).
– Fidji : la décoction d’écorces et de fruits entre dans un remède cutané contre
la gale (Cambie et Ash, 1994).
– Polynésie française : écorces de Thespesia populnea dans un remède
complexe contre des enflures probablement d’origine filarienne (Hooper, 1985).
– Polynésie française : les écorces fraîches entrent dans un remède contre les
lymphangites ; c’est un sudorifique énergique employé contre les fièvres et
l‘inflammation (Pétard, 1986).

352
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
Lutte contre les infections (bactéries, fungi, virus)
– Cook : les fruits de miro broyés dans un remède complexe pour traiter les
enflures abdominales (Whistler, 1992).
– Fidji : une solution épaisse préparée à partir de l’écorce interne est donnée
contre les maladies vénériennes (Weiner, 1984).
– Fidji : la plante sert dans un remède employé en cas de diarrhée et de
douleurs au ventre (Weiner, 1984).
– Fidji : l’écorce est utilisée en cas d’infection pelvienne (Cambie et Ash,
1994).
– Fidji : le décocté d’écorce est utilisé en cas d’infection cutanée (Zepernick,
1972).
– Fidji : la macération de l’écorce est indiquée contre le muguet (Cambie et
Ash, 1994).
– Fidji : L’huile dans laquelle sont macérés de fruits verts est appliquée à Fidji
contre le tokelau, mycose due à Trichophyton concentricum (Pétard, 1986).
– Fidji : l’écorce est utilisée en cas d’ulcères tropicaux (Cambie et Ash, 1994).
– Fidji : une embrocation faite avec le fruit est appliquée contre la teigne
(Cambie et Ash, 1994).
– Fidji : la décoction de feuilles est indiquée en cas de refroidissements ou de
rhumes, et pour les convalescences (Cambie et Ash, 1994).
– Fidji : l'écorce de tronc est médicinale, parfois pour préparer un liquide à
boire contre le muguet (Smith, 1981).
– Nouvelle-Calédonie : Le suc du fruit vert et décoction d’écorce de Thespesia
populnea servent à préparer un remède contre certains dermatoses (Rageau, 1973).
– Nouvelle-Calédonie : La décoction d’écorce, astringente et dépurative, de
Thespesia populnea est utilisée pour soigner la dysenterie (Rageau, 1973).
– Nouvelle-Calédonie : La décoction d’écorce, astringente et dépurative, de
Thespesia populnea est utilisée pour soigner certaines affections cutanées ainsi que le
muguet (mycose buccale à Candida albicans Rob.) (Rageau, 1973).
– Papouasie Nouvelle-Guinée : les feuilles sont appliquées directement pour
faciliter la guérison des ulcères cutanés (Weiner, 1994).
– Polynésie française : écorces de Thespesia populnea dans un remède
complexe, p.os. et par voie externe contre des éruptions cutanées sur le corps et les
jambes (Hooper, 1985).
– Polynésie française : écorces de Thespesia populnea dans un remède
complexe contre une maladie vénérienne caractérisée par des abcès au pénis et des
éruptions à la bouche (Hooper, 1985).
– Polynésie française : les fruits verts entrent dans un remède des pertes
blanches avec troubles nerveux (Pétard, 1986).
– Polynésie française : les écorces fraîches entrent dans un remède contre les
lymphangites ; c’est un sudorifique énergique employé contre les fièvres et
l‘inflammation (Pétard, 1986).
– Samoa : l’infusion d’écorce est utilisée contre les infections buccales
(Whistler, 1992).
– Samoa : les feuilles entrent dans un remède anti-infectieux remontant de la
bouche ou des oreilles vees le cerveau (Zepernick, 1972).
– Tonga : l’infusion d’écorce est utilisée contre les infections buccales et
parfois pour traiter les affections oculaires (Whistler, 1992).

353
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
Lutte contre le ’cancer’
– Fidji : la tige entre dans un remède complexe contre le cancer des seins
(Cambie et Ash, 1994).
– Polynésie française : les fruits verts entrent dans un remède contre les
fibromes et tumeurs diverses (Pétard, 1986).

Inflammations, intoxications
– Niue : un extrait du fruit sert à préparer une purge et est appliqué contre les
inflammations testiculaires (Yuncker ex Cambie et Ash, 1994).
– Nouvelle-Calédonie : le suc du fruit vert et décoction d’écorce de Thespesia
populnea servent à préparer un remède contre la gratte ou ciguatera (Rageau, 1973).
– Nouvelle-Calédonie : le suc du fruit vert et décoction d’écorce de Thespesia
populnea servent à préparer un remède contre les morsures de scolopendre (Rageau,
1973).
– Papouasie-Nouvelle-Guinée : les feuilles sont appliquées directement pour
faciliter la guérison des blessures (Weiner, 1994).
– Polynésie française : écorces de Thespesia populnea dans un remède
complexe contre des enflures probablement d’origine filarienne (Hooper, 1985).
– Polynésie française : écorces de Thespesia populnea dans un remède
complexe contre des enflures localisées au cou et à la tête (Hooper, 1985).
– Polynésie française, Tahiti : le latex jaune qui exsude des pédoncules est un
remède populaire contre les piqûres de scolopendre (Pétard, 1986).
– Polynésie française : les écorces fraîches entrent dans un remède pour les
plaies envenimées (Pétard, 1986).
– Polynésie française : les écorces fraîches entrent dans un remède contre les
lymphangites ; c’est un sudorifique énergique employé contre les fièvres et
l’inflammation (Pétard, 1986).
– Samoa : le jus de la plante dans un remède per os contre les inflammations
cutanées (Zepernick, 1972).
– Wallis et Futuna : à Futuna, l’écorce est traitée dans la préparation d’un
remède contre les inflammations du scrotum : anti-inflammatoire, anti-filarien
(Zepernick, 1972).

Autres
– Asie : (Pételot, 1952 ; Perry, 1980 ; Cambie et Ash, 1994).
– Australie : (Lassak et McCarthy ex Cambie et Ash, 1994).
– Fidji : les écorces broyées entrent dans un remède complexe réputé, pour les
convalescents (Cambie et Ash, 1994).
– Fidji : l’écorce est utilisée en cas d’indigestion, perte d’appétit des enfants et
diabète (Cambie et Ash, 1994).
– Hawaï : les fleurs mâchées sont données aux bébés comme laxatif doux
(Whistler, 1992).
– Nouvelle-Calédonie : la décoction d’écorce, astringente et dépurative, de
Thespesia populnea est utilisée pour soigner les hémorroïdes (Rageau, 1973).
– Polynésie française : (Whistler, 1992).
– Polynésie française, Tahiti : les capsules vertes sont appliquées sur le front
contre la migraine (Pétard, 1986).

354
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
– Polynésie française : les graines très jeunes, encore tendres, entrent dans un
remède contre les céphalées (Pétard, 1986)
– Samoa : l’infusion d’écorce est utilisée contre les maux de ventre et la
diarrhée infantile (Whistler, 1992) et en remède per os de 2e intention pour les suites
de blessures (Zepernick, 1972).
– Tonga : une potion préparée avec les feuilles mûres et l’écorce est donnée
aux bébés qui font leurs dents et de la fièvre et qui ont aussi un excès de salivation
(Weiner, 1992 ; Weiner ex Cambie et Ash, 1994).
– Wallis et Futuna : à Futuna, l’écorce de Thespesia populnea provenant
d’arbres est traitée dans la préparation d’une potion contre les maux d’estomac, la
toux, les rhumatismes et pour la convalescence (Biggs, 1995).

Usage de la fibre et préparation d’extraits tinctoriaux


– Ex Indochine : le bois donne une solution jaune-orange qui teint le coton en
brun foncé, inutilisable pour la soie (Pételot, 1952).
– Fidji : bois très durable, utilisé pour la confection de balanciers de pirogue,
de pièces coudées, d’épieux, de manches de couteaux, etc...(Smith, 1981).
– Polynésie française : le suc de l’écorce du tronc servait à teindre les tapas
des nouveaux-nés (Pétard, 1986).
– Polynésie française : le jus extrait des racines servait à colorer et parfumer le
monoï (Pétard, 1986).
– Vanuatu : bois plus dur que celui du bourao, utilisé en sculpture
traditionnelle, aussi dans la construction (Wheatley, 1992).

Usage comme aliment du bétail


– Socotora (corne de l’Afrique) : feuilles consommées par les chèvres
(Ceccolini, 2002) ; 12.09 mg g de protéines en poids sec de feuilles (Das et al,.
2002).

Composition chimique
(Cambie et Ash, 1994)
Fleurs, fruits et racines : thespesine [(+)-gossypol ]
Feurs : matière colorante : populnine (kaempferol 7-glucoside), populetin (une
tetrahydroxyanthraquinone), populneol, herbacetine, populnetine et des hétérosides de
quercetol et de gossypetine
Gaines : l’huile contient de l’acide epoxyoléique
Fuilles : le populneol, alcool benzylique à caractéristiques de γ-resacetophénone, est présent
de même que des flavonoïdes, kaempférol, quercétol, isoquercétol, rutine, 3-glucoside- et 3-
rutinoside du kaempférol.
Il existe de nombreuses références à des recherches anciennes
– Cambie et Brewis (1997) : deux substances sesquiterpénoïdiques,
hémigossypol, 6-méthoxy- hémigossypol
– Das et al. (2002) : 12.09 mg g de protéines en poids sec de feuilles
– Milbrodt et al. (1997) : la quinone suivante, mansonone = 7-hydroxy-2,3,5,6-
tetrahydro-3,6,9-trimethylnaphtho[1,8-b,c]pyran-4,8-dione, est isolée du bois de
cœur.

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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
– Inbaraj et al. (1999) : quinones, mansonone-D (MD), mansonone-H (MH),
thespone (TP) et thespesone (TPE), extraites du bois de cœur
– (Who, 1998) id à (Cambie et Ash, 1994) sauf sur points suivants : (-)-
gossypol, DL-gossypol [NB : peut-être erreurs de compilation]
– gossypetine, isoquercitrin, β-carotène, alcool cérylique, glucoside du
cyanidol, lupenone, lipides, β-sitostérol, thespésone, thespone

Pharmacologie et toxicologie
Activités biologiques : antibactérien, antifongique, anti-levures, anti-implantation,
antispasmodique (WHO, 1998)
Le fruit contient une substance active contre les entérobactéries (Bhat et al., 1952 ; Pételot,
1954 ; ex Cambie et Ash, 1994). Cette substance serait thermostable et active en pH acide et
pH basique (Pételot, 1954) et contrairement au (-)-gossypol ou thespesine (cf ci-dessus) il est
inactif comme agent anticonceptionnel (Cambie et Ash, 1994) Idem chez les rats mâle, le
(+)-gossypol est inactif (Waller et al., 1983). (Benhaim et al., 1994) ont probablement étudié
l’effet l’effet anti-inflammatoire du gossypol de synthèse et non celui d’un extrait de
Thespesia populnea. Activité inhibitrice de divers extraits sur la stéroïdogénèse, in vitro
(Kavimani et al., 1999).
Forte teneur des thylacoïdes des feuilles en substances absorbant fortement dans l’UV
proche (380-410 nm) (Das et al., 2002).
La mansonone ou 7-hydroxy-2,3,5,6-tetrahydro-3,6, 9-trimethylnaphtho [1,8 bc] pyran-4,8-
dione est un allergène présent dans le bois et qui peut toucher chroniquement les ébénistes
(Hausen et al., 1997).
Activité antioxydante d’extraits aqueux et méthanolique d’écorces mises en evidence par
inhibition des enzymes suivantes : (GPX), glutathione S-transferase (GST), glutathione
reductase (GRD), superoxide dismutase (SOD) et catalase (CAT) avec diminution de la
peroxydation des lipides (LPO) (Ilavarasan et al., 2003).
Cytotoxicité in vitro des quinones de bois de coeur sur cellules MCF-7 (human breast
adenocarcinoma) : elle suit l’ordre MD > TP > MH et TPE [mansonone-D = MD,
mansonone-H = MH, thespone =TP et thespesone = TPE] (Inbaraj et al., 1999). Activité
fortement cytotoxique d’un extrait de Thespesia populnea sur des cellules K562 (human
leukaemia cells) (Masuda et al., 2002).
Activité vulnéraire per os et par voie topique d’un extrait aqueux de fruits (Nagappa et
Cheriyan, 2001).
Activité antihépatotoxique d’un extrait éthanolique p.os. administré à des rats (test CCl4)
présence dans l’extrait d’un flavanoïde rare,le 7-O-rhamnoglucoside du quercetol
(Shirwaikar et al., 1995).
Activité hypertensive a été trouvée dans un extrait de feuilles récoltées aux Iles Samoa ; cet
extrait serait par ailleurs actif sur Salmonella typhimurium (Cambie et Ash, 1994).

Intérêt industriel
Usage du bois en marquetterie, ébénisterie (ce qui rend la ressource assez rare, par éventuelle
surexploitation dans les îles).
Phytoremédiation d’hydrocarbures pétroliers, le Thespesia populnea supporte des salinités
jusque 2% et des taux de diesel jusque 10 000 mg/kg de sol. En termes de phytoremédiation

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Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
cette espèce et Cordia subcordata sont les plus performantes pour traiter les sols contaminés
(Sun et al., 2000).

Orientations
Plante indiscutablement d’intérêt médicinal (quelques approches objectivées sur la
cytotoxicité ; l’activité anti-inflammatoire est à examiner en détail selon les différentes
formes du gossypol présentes ; l’espèce est de réputation antiinfectieuse, trop peu étudiée
récemment au laboratoire, sauf peut-être en Asie, et probablement d’intérêt cosmétique
d’une part grâce aux substances absorbant dans l’UV proche (protection anti-solaire si le
spectre pouvait être élargi), d’autre part en fonction des indications en médecine
ayurvédique, notamment sur le psoriasis. Serait à placer en priorité haute pour son intérêt à
court terme en dermato-cosmétique.

Bibliographie
AKHILA A., RANI K., 1993 - Biosynthesis of gossypol in Thespesia populnea. Phytochemistry,
33(2): 335-340.
BENHAIM P., MATHES S.J., HUNT T.K., SCHEUENSTUHL H, BENZ C.C., 1994 - Induction of
neutrophil Mac-1 integrin expression and superoxide production by the medicinal
plant extract gossypol. Inflammation, 18(5): 443-458.
BHAT J.V., MEHTA S., GEORGE M., 1952 - Studies on Indian Medicinal Plants I. An
antibacterial substance from the fruit of Thespesia populnea Soland. J. Univ.
Bombay, Sect. B., 21(32): 15-20.
BIGGS B., 1995 – « Contemporary Healing Practices in East Futuna ». In: Parson C.D.F.
(ed.): Healing Practices in the South Pacific. Honolulu: The Institute for Polynesian
Studies : 108-128.
CAMBIE R.C., ASH J., 1994 - Fijian Medicinal Plants. Australia, CSIRO, 365 p.
CAMBIE R.C., BREWIS A.A., 1997 - Anti-fertility plants of the Pacific. Australia, CSIRO, 181
p.
CECCOLINI L., 2002 - The homegardens of Soqotra island, Yemen: an example of
agroforestry approach to multiple land-use in an isolated location. Agroforestry
systems, 56(2) : 107-115.
DAS A.B., PARIDA A., BASAK U.C., DAS P., 2002 - Studies on pigments, proteins and
photosynthetic rates in some mangroves and mangrove associates from Bhitarkanika,
Orissa. Marine biology, 141(3) : 415-422.
ELSHAFIE A.E., BA-OMAR T., 2002 - First report of Albizia lebbeck dieback caused by
Scytalidium dimidiatum in Oman. Mycopathologia, 154(1): 37-40.
HAUSEN B.M., KNIGHT T.E., MILBRODT M., 1997 - Thespesia populnea dermatitis.
American Journal of Contact Dermatitis, (4): 225-228.
HOOPER A., 1985 – « Tahitian Healing ». In: Parson C.D.F.(ed.) : Healing Practices in the
South Pacific. Brigham Young University, Hawaii Campus : 158-198.
ILAVARASAN R., VASUDEVAN M., ANBAZHAGAN S., VENKATARAMAN S., 2003 - Antioxidant
activity of Thespesia populnea bark extracts against carbon tetrachloride-induced
liver injury in rats. Journal of Ethnopharmacology, 87(2-3): 227-230.
INBARAJ J., GANDHIDASAN R., MURUGESAN R., 1999 - Cytotoxicity and superoxide anion
generation by some naturally occurring quinones. Free Radical Biology and
Medicine, 26(9-10): 1072-1078.
KAVIMANI S., ILANGO R., KARPAGAM S., SURYAPRABHA K., JAYKAR B., 1999 - Anti-
steroidogenic activity of floral extract of Thespesia populnea Corr. in mouse ovary.
Indian Journal of Experimental Biology, 37(12): 1241-1242.

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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005
MASUDA T., OYAMA Y., YONEMORI S., TAKEDA Y., YAMAZAKI Y., MIZUGUCHI S., NAKATA
M., TANAKA T., CHIKAHISA L., INABA Y., OKADA Y., 2002 - Flow cytometric
estimation on cytotoxic activity of leaf extracts from seashore plants in subtropical
Japan: isolation, quantification and cytotoxic action of (-)-deoxypodophyllotoxin.
Phytotherapy Research,16(4): 353-358.
MILBRODT M., KONIG W. A., HAUSENT B. M., 1997 - 7-Hydroxy-2,3,5,6-tetrahydro-3,6,9-
trimethylnaphtho[1,8-B,C]pyran-4,8-dione from Thespesia populnea.
Phytochemistry, 45(7): 1523-1525.
NAGAPPA A. N., CHERIYAN B., 2001 - Wound healing activity of the aqueous extract of
Thespesia populnea fruit. Fitoterapia, 72(5): 503-506.
ORSTOM, 1985 - Etude de la germination et de la conservation des semences d’essences
forestières d’intérêt économique, 2e rapport de convention. ORSTOM Nouméa,
429p.
PERRY L.M., 1980 - Medicinal plants of East and South East Asia. MIT Press, Cambridge,
Massachussetts, 620 p.
PÉTARD P., 1986 - Plantes utiles de Polynésie française et raau Tahiti. Ed. revue et
augmentée par Koenig D.& K., Koenig R., Koenig D. (eds.), Cordonnier G. (ill.),
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PÉTELOT A. (1954) Les plantes médicinales du Cambodge, du Laos et du Viêtnam, Tome III
Archives des recherches agronomiques au Cambodge, au Laos et au Viêtnam,
N° 22 : 347 p.
PÉTELOT A., 1952-54] - Les plantes médicinales du Cambodge, du Laos et du Viêtnam,
Tome I. Archives des recherches agronomiques au Cambodge, au Laos et au
Viêtnam, N° 14 : 408 p.
RAGEAU J, 1973 - Les plantes médicinales de la Nouvelle-Calédonie. Paris, ORSTOM,
(Travaux et Documents de l'ORSTOM (FRA), No 23), 139 p.
SHIRWAIKAR A., VASANTH KUMAR A., KRISHNANAND B.R., SREENINVASAN K.K., 1995 -
Chemical Investigation and antihepatotoxic activity of Thespesia populnea.
International Journal of Pharmacognosy, 33(4): 305-310.
SMITH A.C., 1981 - Flora Vitiensis Nova : a new Flora of Fiji (spermatophytes only).
National Tropical Botanical Garden, Hawaii, Vol. 2, 810 p.
SUN W.H., LO J., JONES R.K., ROBERT F. M., TANG C.S., 2000 – “Evaluation of coastal trees
for the phytoremediation of petroleum contaminated soils in Hawaii. Proceedings of
SoilRem 2000 (International Conference of Soil Remediation), October 15-19,
Hangzhou, China.
WALLER D.P., BUNYAPRAPHATSARA N., MARTIN A., VOURNAZOS C.J., AHMED M.S.,
SOEJARTO D.D., CORDELL G.A., FONG H.H., RUSSELL L.D., MALONE J.P., 1983 -
Effect of (+)-gossypol on fertility in male hamsters. Journal of Andrology, 4(4): 276-
279.
WEINER A., 1984 - Secrets of Fijian Medicine. 141 p.
WHEATLEY J.I., 1992 - A Guide to the Common Trees of Vanuatu. Department of Forestry,
Port Vila, Vanuatu, 307 p.
WHISTLER W.A., 1992 - Polynesian Herbal Medicine. Lawai, Kauai, Hawaii, National
Tropical Botanical Garden, 238 p.
WHO, 1998 - Medicinal Plants in the South Pacific. Manila, WHO Regional Publications,
Western Pacific Series N0.19, 254 p.
ZEPERNICK B., 1972 - Arzneipflanzen des Polynesier (plantes médicinales des Polynésiens).
Verlag von Dietrich Reimer, Berlin, 307 p.

Rédacteur : P. CABALION

358
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Vaccinium cereum (L. f.) G. Forst. (ERICACEAE)

Statut IUCN
Non menacé

Accessibilité et répartition géographique


Endémique des îles de la Société (Meyer et Florence, 1999) pour la variété-type et la var.
raiateense ; la var. adenandrum est endémique des Marquises. Sous-arbrisseau à petit
arbuste des pentes et crêtes de moyenne et haute altitude, en station ouverte, dispersé à
commune sur les crêtes de haute altitude (surtout à Tahiti).

Usages
Baies comestibles (peu sucrée).

Composition chimique
Non connue.

Pharmacologie et toxicologie
Non étudiée.

Orientations
Non prioritaires.

Bibliographie
MEYER J.Y., FLORENCE J., 1999 - Mont Mauru (Tahiti, Society Islands) and Toovii Ridges
(Nuku Hiva, Marquesas Islands), Two Natural Areas of Ecological Interest in
French Polynesia. Proposed as PABITRA Sites.
http://www.botany.hawaii.edu/pabitra/sydney/PSC8_30.htm

Rédacteur F. DEMARNE

359
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Substances naturelles en Polynésie française


Fiches ressources végétales – Groupe 3 © IRD éditions 2005

Zanthoxylum pinnatum (J.R. Forst.& G. Forst.) W.R.B. Oliv.


(RUTACEAE)
[913 espèces dans le genre]
Z. pinnatum n’est apparemment pas présent en Polynésie française ; ce qui est considéré
comme tel à Rapa paraît être différent et se rattacherait au taxon de la Société : Z. nadeaudii,
endémique de Moorea, Raiatea, Tahaa et Tahiti.

Statut IUCN
Vulnérable à non évalué.

Accessibilité et répartition géographique


Z. nadeaudii est dispersé en formation mésique de crête de moyenne à haute altitude, jamais
abondant et toujours dispersé.

Usages
Non signalé.

Composition chimique
Huile essentielle (feuilles) (Brophy et al. 2000) :
– 2-undecanone (54.3%)
– 2-tridécanone (31.7%)

Orientation
Non prioritaire
A étudier : famille de végétaux à alcaloïdes et à huiles essentielles.

Bibliographie
BROPHY J.J., GOLDSACK R.J., FOOKES C.J.R., HUTTON I., 2000 - Composition of the leaf oils
of the Australian and Lord Howe Island species of Zanthoxylum (Rutaceae) . Journal
of Essential Oil Research, 12(3), 285-291.

Rédacteur : I. FOURASTÉ

360
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Papouasie
Eiao
POLYNÉSIE FRANÇAISE
nouvelle Guinée Nuku Hiva Ua Huka
Polynésie IL
Française E Ua Pu Hiva Oa
10 ˚S S
M
Nouvelle Zélande A
R Q Fatu Hiva
U I
S E S

A R C H Napuka
I P E
Ahe Manihi L
D E
Takaroa S
Mataiva Rangiroa T U Puka Puka
Arutua A
Belllingshausen V E Tikehau Apataki M
O
S LE NT
Makatea Kaukura Fangatau T
SOU U
Scilly I L E S Bora Bora Raroia Fakahina
Maupiti Huahine Fakarava
Mopellia Tahaa Makemo
Raiatea Moorea Tabakoto
Anaa Hikueru
Matao Tahiti Amanu
A R ILE Mehetia Pukarua
S DU VENT Hao
C H Reao
I P
E L
D Nikutavake
E É
L A S O C I É T
Hereheretue
20 ˚S
Tureia
A R C H
I P E îles du duc
Maria L D E de Gloucester Marutea
S
A U Moruroa îles
S T Actéon
Rimatara Rurutu R A Tematangi
L Fangataufa Maria
E
S
Tubuai Mangareva
Raivavae I L
E S
G A M
B I E R

0 500 km

Rapa
150˚ O 140˚ O 130˚ O
La collection Développer l'utilisation durable des substances naturel-
« Expertise collégiale » les, faire de la protection de la biodiversité une activité
propose des ouvrages rentable pour mieux la promouvoir tout en favorisant le
développement des territoires concernés : il y a là, dans
destinés à aider
le contexte actuel, des enjeux importants pour la
les acteurs du Polynésie française.
développement dans
En effet, la Polynésie française bénéficie d'un potentiel
leurs choix intéressant par sa diversité (marine et terrestre) et ses
stratégiques. Chaque spécificités, liées notamment à l'insularité. C'est ce
volume est rédigé par qu'atteste le succès de quelques-uns de ses produits
un groupe de mondialement connus : perles, monoï, jus de nono,
chercheurs qui vanille.
rassemble et Mais la mise en valeur de ce potentiel demeure encore
synthétise les analyses limitée ; son inventaire lui-même reste très partiel. Pour
scientifiques utiles en préciser les dimensions réelles, cette expertise
pour répondre à des collégiale s'est attachée à évaluer scientifiquement la
ressource, tout en mettant en évidence les substances
questions
d'intérêt et les orientations de recherche prioritaires.
opérationnelles liées Les conditions socio-économiques, juridiques et tech-
au développement des niques de la mise en valeur de cette ressource sont
pays du Sud. analysées ici aux fins de fournir des éléments de
(partie analytique jointe connaissance et des recommandations utiles à la
sur CD-ROM) définition par la Polynésie d'une politique originale de
valorisation de ses substances naturelles.

A major challenge for French Polynesia in the present


situation is to develop sustainable use of natural
substances, make the protection of biodiversity a profi-
table activity to better promote it, while at the same time
furthering the development of the territories concerned.
French Polynesia possesses a wide diversity of marine
and terrestrial species, largely because the territory
consists of many scattered islands. Such diversity
represents a valuable potential, as illustrated by the
Gouvernement de success of such world-famous products as Polynesian
Polynésie française
pearls and vanilla, monoi and noni juice. However, the
potential has not so far been exploited to any great
extent, and has not even been fully catalogued. This
15 €
expert group review was designed to discover the
ISSN 1633-9924 / ISBN : 2-7099-1587-1 extent of the potential, make a scientific assessment of
the resource, pinpoint substances with economic
potential and indicate priority directions for research. It
also includes analysis of the socio-economic, legal and
technical conditions for their utilisation. This purpose of
the review is to supply useful facts and make recom-
mendations for defining an original policy for French
Polynesia's economic use of natural substances.

IRD Éditions : 213, rue La Fayette - 75480 Paris cedex 10


Diffusion : IRD, 32, avenue Henri-Varagnat - 93143 Bondy cedex
fax : 01 48 02 79 09 courriel : diffusion@bondy.ird.fr

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