Que serait la forêt tropicale sans les lianes et les nombreux épiphytes* qui ornent les arbres ? Si vous regardez bien du côté de ces plantes perchées, certaines forment de véritables petites compositions dignes du meilleur fleuriste. Les auteurs de ces curiosités ne sont pas non plus bien grandes : Ce sont des fourmis.
En effet, certaines espèces de fourmis fabriquent des fourmilières bien particulières nommées « Jardin de fourmis ». Ces petits insectes commencent par faire un nid en carton dans la paroi duquel elles vont ramener des graines de plantes épiphytes. Des expériences ont montré que ces graines ne sont pas choisies au hasard mais que nos mini jardiniers sélectionnent les espèces de plantes qui composeront bientôt leur nid. Les différentes espèces de fourmis vont donc créer des jardins de fourmis différents par leurs tailles et par les espèces végétales qui s’y développent. Certains nids sont actifs de jour, d’autres de nuit comme ceux composés d’Achméas.
La fourmilière va alors se développer dans les racines de ces plantes qui forment la
structure du nid. Il existe même, chose rarissime chez les fourmis, des jardins dans lesquels cohabitent deux espèces de fourmis, voir trois. On y note aussi parfois la présence d’autres arthropodes (araignées, chenilles). Mais, les jardins de fourmis ne servent pas que de gîte, ils assurent aussi une partie du couvert. Les fourmis vont se nourrir du nectar des fleurs et de la pulpe des fruits.
Les plantes y trouvent aussi de nombreux avantages. D’abord, les fourmis en transportant les graines aident la dispersion de celles-ci. De plus, elles les déposent dans des conditions favorables à leur germination. Les déjections des fourmis enrichissent le jardin en sels minéraux, ce qui n’est pas négligeable lorsqu’on pousse en hauteur. La présence des fourmis les protège aussi de certains insectes ravageurs et de parasites. Les avantages y sont tels que certaines plantes ne survivent pas si les
fourmis abandonnent le nid.
Les liens forts qui unissent ces insectes et ces plantes sont bénéfiques pour les deux parties, c’est ce qu’on appelle le mutualisme. La forêt guyanaise offre une diversité de relations entre les êtres vivants qui est le fruit d’une très longue histoire, d’une très longue coévolution. Après le jardin créole, anglais, japonais ou à la française, n’oubliez d’admirer les jardins de fourmis lors de vos prochaines balades.
*Epiphyte : Plante qui pousse sur une autre plante.
Références :
« La forêt tropicale humide », H. Puig, 2001, Belin, pp. 115-118.
« Le jardin des fourmis », J.Y. Collet, 2004, 13 production /France 3 / RFO Guyane : Pour aller bien plus loin, il faut vraiment voir cette vidéo qui vous offre dans le détail des relations entre les plantes et les fourmis, fruit de la recherche scientifique en Guyane. Jetez-y un œil, c’est passionnant.
« Fresque des paysages naturels guyanais : De la forêt marécageuse à la savane roche, livret 3 », R.Girault, F. Capus, A. Thiémonge et C. Pourcher, Ed. Sepanguy, 2012, Collection Nature Guyanaise, p.44.
Wow 🤩 merci, comme toujours c’est beau et passionnant !
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