Bien sûr, c’est un lieu de promenade incontournable pour les Rouennais, mais pas que. Le Jardin des plantes, havre naturel de la rive gauche, est aussi, et c’est sa mission initiale, un lieu de conservation à vocation scientifique. Depuis le XIXe siècle, 7 000 espèces y sont gardées, classées et étudiées. Parmi elles, certaines sont uniques au monde.
Un musée du vivant
« Le Jardin des plantes fonctionne comme un musée, souligne Julien Goossens, directeur du jardin. Nos œuvres sont naturelles, mais la logique est la même : nous avons nos collections, des publications, des expositions, etc. »
Ce musée du vivant a été créé en 1830. « Auparavant, il existait à l’emplacement du Champ de Mars un jardin de l’académie des sciences, embryon de jardin botanique, explique Bénédicte Percheron, auteur de Les sciences naturelles à Rouen au XIXe siècle. Muséographie, vulgarisation et réseaux scientifiques. En 1830, manquant de place, il a été transféré rive gauche, dans le parc de Trianon, alors un parc privé. Il se trouvait loin de la ville, mais présentait un potentiel important, avec la présence, déjà, de serres. Au départ il n’était pas ouvert au public. »
Aujourd’hui, dans les 85 000 mètres carrés de parc, on trouve ainsi la « biscutelle de Neustrie ». Certes, cette petite plante ne paye pas de mine, mais c’est une espèce endémique, on ne la trouve qu’en Normandie.
Également au chapitre normand, le verger conservatoire est riche de variétés anciennes – entre le XVIe et le XIXe siècle – de pommes et de poires de la région : « Président Barabé », « Pierre Corneille », « Casimir Périer »… Et il y a encore la roseraie, qui ne contient que des créations horticoles normandes.
Les orchidées sauvages, trésors du jardin
D’autres essences viennent de loin. Elles sont le témoignage encore vivant des découvertes des naturalistes du XIXe siècle, qui ramenaient ces trésors vivants d’Asie ou d’Amérique Latine.
Parmi ces plantes exotiques, il y a le « trésor » du Jardin des plantes, comme l’appelle son directeur : les 320 orchidées sauvages, ramenées de Bornéo et Sumatra (Indonésie), par un naturaliste du Nord.
Elles ont été prélevées au XIXe siècle, dans des forêts primaires qui n’existent plus de nos jours. On ne trouve désormais ces orchidées qu’en jardin botanique.
Issues de territoires au climat fort différent du temps normand, ces orchidées vivent dans des serres tropicales qui reproduisent leur milieu d’origine, chaud et humide, en permanence.
À noter que ces serres, tout comme la serre centrale, sont en rénovation depuis 18 mois. Les nouveaux aménagements seront prêts pour le festival Graines de jardin, les 18 et 19 mai 2019, l’événement des mains vertes organisé chaque printemps au Jardin des plantes.
Les palmiers aussi doivent s’accommoder d’un ciel (parfois) frais et humide. Aussi, pendant l’hiver, ils sont entreposés dans l’orangerie, avec les agrumes (dont pas moins de 60 variétés de citrons). Pendant l’été, l’orangerie vacante est le lieu d’expositions et de festivals.
Les séquoias souffrent
En revanche, parmi les arbres remarquables, les fameux séquoias sont en grande souffrance : « Du fait du dérèglement climatique, ils se dessèchent, et sont en train de mourir », constate Julien Goossens.
Un petit mot enfin sur la faune, qui n’est pas en reste, avec notamment une présence importante d’oiseaux. « Ils ont besoin de l’obscurité totale la nuit et dans la ville, c’est le seul endroit où ils peuvent la trouver. Le Jardin des plantes est un dortoir pour une quarantaine d’espèces d’oiseaux. »
En fait ici c’est un repaire de biodiversité extrêmement riche, résume Julien Goossens.
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